Une alimentation riche en vitamine C diminuerait le risque de cataracte La cataracte est une cause fréquente de troubles de la vue chez les personnes âgées. Peu d’études relatives aux facteurs de risques susceptibles de retentir sur le développement de cette affection ont été réalisées en Europe. Si certains auteurs ont voulu incriminer le régime alimentaire et sa composition en substances anti-oxydantes dans la survenue de cataractes, les résultats des études publiées sont contradictoires. Si les expérimentations conduites chez l’animal ont mis en évidence un rôle protecteur de la vitamine C, les études épidémiologiques rapportées jusqu’ici n’ont jamais permis d’aboutir à une conclusion aussi claire chez l’homme. Une étude cas témoins espagnole a été conduite sur une population méditerranéenne dans le but d’analyser les relations éventuelles entre le risque de cataracte et la prise alimentaire de vitamines anti-oxydantes ou de minéraux comme le zinc et le sélénium. L’étude comprenait 677 sujets âgés de 55 à 74 ans (âge moyen 66 ans), dont 334 sujets témoins ne présentant pas d’opacité du cristallin à l’examen ophtalmologique. Les malades inclus avaient une cataracte uni- ou bilatérale, quel qu’en soit le type. Les participants étaient tous originaires de la région de Valence en Espagne. Chacun des deux groupes comportait la même proportion d’hommes et de femmes. Un questionnaire permettait d’analyser les habitudes alimentaires ainsi que le mode de vie des participants à cette étude. Les concentrations circulantes des vitamines C, E et A, ainsi que de 4 composés de type caroténoïde : le β-carotène, l’α- carotène, la β-cryptoxanthine et le lycopène, ont été mesurées sur des prélèvements sanguins effectués à jeun. Le régime alimentaire de la population étudiée était particulièrement riche en vitamine C, avec une ingestion quotidienne moyenne de 157±77 mg/j. Au sein de cette cohorte, les sujets dont la consommation en vitamine C était la plus élevée présentaient un risque plus faible de cataracte, les effets bénéfiques les plus marqués étant observés au-delà de 135 mg/jour. Cette observation était confirmée par la mesure des concentrations sanguines en vitamine C qui, lorsqu’elles étaient supérieures à 49µmol/L, s’accompagnaient d’une diminution de 64% du risque de cataracte. Par ailleurs la vitamine E comme le sélénium n’avaient qu’un effet bénéfique marginal. En revanche, des concentrations modérément élevées de lycopène (> 0.30 µmol/L) étaient associées à une augmentation du risque de 46%. En ce qui concerne la vitamine A, un effet protecteur était observé pour des concentrations sanguines comprises entre 2,5 et 2,8 µmol/L, mais une augmentation du risque apparaissait au-delà de cette concentration. Ces données, obtenues sur une population caractérisée par un régime alimentaire relativement riche en vitamine C, essentiellement en raison de la consommation régulière d’agrumes, viennent renforcer la notion d’un effet protecteur des anti-oxydants dans le processus de vieillissement et d’opacification du cristallin, et plus particulièrement de celui de la vitamine C. G. Hamon Consultant scientifique Concentration sanguine en anti-oxydants Odds ratio IC à 95% Valeur de p Vitamine C (µmol/L) ≤ 49 > 49 1 0,34 — 0,23- 0,50 0,0001 Vitamine A (µmol/L) ≤ 2,50 2,50 à 2,80 2,80 à 7,99 1 0,64 1,52 — 0,39- 0,99 1,02- 2,35 — 0,05 0,04 Lycopène (µmol/L) ≤ 0,30 > 0,30 1 1,43 — 1,02- 2,06 — 0,04 Association entre concentration sanguine en anti-oxydants et risque de cataracte (après ajustement sur l’âge, le sexe, consommation calorique, prise d’alcool et tabagisme, niveau d’éducation et saison des mesures) Valero MP, Fletcher AE, De Stavola BL, Vioque J and Alepuz VC. Vitamin C is associated with reduced risk of cataract in a mediterranean population. J. Nutr, 2002, 132: 1299-1306 ©2002 Successful Aging SA Af 56-2002