Les greffes de cor
Indications
L’opacité peut être la consé-
quence d’une infection à mi-
crobes ou à virus dont la maman
aurait souffert pendant sa gros-
sesse, ou d’une anomalie du
développement de l’enfant dans
le ventre de sa mère, ou encore
une affection héréditaire dû à un
gène présent dans la lignée fami-
liale et transmettant ce que l’on
appelle une dystrophie cor-
néenne.
Toutes ces affections ont pour
résultat d’empêcher les images
de se former normalement au
niveau de la rétine, donc d’être
transmise au cerveau, et le résul-
tat est la menace d’une cécité
très difficile à traiter si la
transparence de la cornée
n’est pas restituée très tôt dans
la vie du bébé.
Difficultés
Cela explique deux aspects qui
différencient les greffes chez l’en-
fant de celles effectuées chez
l’adulte : d’une part, elles doivent
être pratiquées de façon presque
urgente si on veut avoir une
chance de redonner une vision
utile à l’enfant, d’autre part elles
sont souvent très difficiles à réali-
ser, car on opère chez un nouveau
né, avec tout ce que cela com-
porte comme difficultés sur le
plan anesthésique et technique.
Il faut aussi savoir que les ano-
malies qui ont entraîné l’opacifi-
cation de la cornée a pu, et cela
Dr. P DE LAAGE DE MEUX,
Fondation
Ophtalmologique
A de Rothschild, Paris
Les enfants, dès leur plus
jeune âge, peuvent aussi
avoir besoin d’une greffe
de cornée.
En effet, certaines
anomalies congénitales,
c’est à dire présentes à la
naissance, ont parfois pour
conséquence une opacité
plus ou moins complète de
la cornée compromettant
la vision de ces nouveaux-
nés, comme peut le faire
une cataracte congénitale.
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née chez les enfants
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est fréquent, entraîner en même
temps des anomalies associées au
niveau de l’œil, et qu’il va falloir
traiter dans le même temps opé-
ratoire.
La surveillance post opératoire
est également plus délicate que
chez l’adulte, car les enfants font
souvent des réactions inflamma-
toires rapides et sévères.
Ils font aussi des rejets plus fré-
quents que l’adulte, et l’œil est
soumis en permanence au risque
de traumatisme et de frottement.
Enfin, le très jeune enfant ne se
plaint pas, en tout cas pas de
façon claire, ce qui oblige à des
examens plus fréquents, souvent
sous anesthésie générale.
C’est dire l’importance d’une
excellente coopération entre le
médecin et les parents, qui doi-
vent avoir bien compris l’impor-
tance de tous ces facteurs, dont
chaque élément est essentiel
pour la réussite de l’opération.
Préparation
Chez le très jeune enfant, la perte
de vision devient rapidement
irréversible, ou du moins de
rééducation très aléatoire, après
l’âge de un mois et demi. Par
ailleurs, les médecins anesthé-
sistes considèrent que lorsque
cela est possible il est préférable
d’attendre l’âge de un mois avant
d’endormir un bébé.
Il en résulte que le meilleur
moment pour opérer une opacité
cornéenne obturante se situe vers
la cinquième semaine. C’est ce
que nous faisons donc chaque
fois que cela est possible.
Un examen local de l’œil est réa-
lisé le mieux possible sur l’enfant
éveillé, et un examen général est
pratiqué par le médecin pédiatre
et l’anesthésiste avant l’opération
pour s’assurer que l’affection cor-
néenne ne s’accompagne pas
d’une autre anomalie, cardiaque
ou rénale notamment.
Le choix du greffon a aussi son
importance, et le chirurgien
demande à la banque des yeux,
quand cela est possible, un gref-
fon particulièrement riche en
cellules endothéliales, de prélè-
vement récent, et de transpa-
rence parfaite, facteurs qui sont
relativement peu importants
pour une greffe d’adulte, car on
dispose d’un certain temps pour
une réhabilitation parfaite, mais
qui pour un enfant sont essen-
tiels pour les raisons que nous
avons exposées plus haut.
Technique
La technique opératoire elle
même est basiquement la même
que pour un adulte. La cornée est
prélevée avec un trépan de 8 mil-
limètres et demi de diamètre, et
il est inséré dans une trépanation
de la cornée malade de 8 milli-
mètres de diamètre. Cette petite
différence de dimension assure
une excellente contention du
greffon dans l’œil qui le reçoit. Le
fil utilisé pour maintenir le gref-
fon en place mesure une dizaine
de millièmes de millimètre de
diamètre.
Mais chez le petit enfant, toutes
les étapes sont plus délicates à
réaliser que chez l’adulte en rai-
son de la nature immature des
tissus de l’œil du nouveau né, et
aussi - et surtout- , en raison des
autres anomalies, souvent asso-
ciées, qui compliquent les gestes
à effectuer. Cela impose des pré-
cautions opératoires qui allon-
gent le temps de l’intervention
pour en prévenir les risques.
C’est pourquoi ces interventions
sont faites en milieu très spécia-
lisés, dont l’équipe médicale est
Le même œil, après greffe de la cornée.
Opacité congénitale de la cornée
avant l’opération.
Comment faire pour
léguer ses yeux ?
• Ecrire ou téléphoner à la
BANQUE FRANÇAISE DES YEUX
6, quai des Célestins - 75004 Paris
Téléphone : 01 42 77 19 21
Qui vous enverra un formulaire à remplir,
puis vous fera une carte que vous garderez
avec vos papiers.
• Remplir un formulaire de legs de l’ASNAV,
disponible chez votre ophtalmologiste.
ASNAV - 92038 La Défense
Comment faire pour
léguer ses organes ?
• Ecrire ou téléphoner à
ÉTABLISSEMENT FRANÇAIS DES GREFFES,
5 rue Lacuée - 75012 Paris
Téléphone : 01 44 67 55 50
N° vert : 0 800 20 22 24
Qui vous délivrera une carte
de donneur d’organes.
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constituée de spécialistes des dif-
férentes parties de l’œil, cornée,
cristallin et rétine entre autres.
Cette équipe comprend aussi des
anesthésistes et des réanimateurs
parfaitement formés aux tech-
niques spécialement adaptées
aux enfants.
Elle comprend également un per-
sonnel infirmier entraîné à l’in-
dispensable nursing pédiatrique,
et aussi au contact direct avec les
parents avant et après l’opéra-
tion, contact qui doit être patient
et rassurant.
Après
l’opération
En effet la période post opéra-
toire sera capitale pour l’avenir
de l’œil opéré.
Il faut enseigner aux parents à
mettre les médicaments dans
l’œil de leur enfant, ce qui n’est
pas toujours évident, d’autant
qu’il s’agit de gouttes ou de pom-
mades et que l’enfant n’aime pas
du tout cela ! Il faut aussi leur
expliquer ce qu’il est normal
d’observer dans les suites opéra-
toires, ou au contraire ce qui doit
les inquiéter et faire consulter
leur ophtalmologiste traitant
rapidement. Par exemple, les
parents sont prévenus de la
nécessité d’amener l’enfant en
urgence si l’œil devenait rouge, si
l’enfant refusait d’ouvrir l’œil, ou
si la pupille changeait de forme.
En dehors de ces problèmes par-
ticuliers, l’enfant est examiné le
premier, le second, le quatrième,
le septième, le dixième et le
quinzième jour après l’opération.
Il est revu ensuite sous anesthé-
sie générale vers la cinquième
semaine post opératoire. On voit
que cette prise en charge est
lourde et longue. Il faudra
encore, un peu plus tard, enlever
les points de suture au cours
d’une nouvelle anesthésie géné-
rale, selon un calendrier établi de
façon précise, et qui dépend de
l’âge de l’enfant.
En conclusion
En conclusion, on peut dire que
la greffe de cornée, qui peut sau-
ver la fonction visuelle dans de
nombreux cas chez l’enfant, pose
toujours des problèmes difficiles
à résoudre.
La coopération et la compréhen-
sion des parents est essentielle à
toutes les étapes du traitement,
car si la réussite anatomique de
l’opération est en elle même aléa-
toire, il faut savoir qu’elle n’est
que la première étape de la res-
tauration de la vision, l’étape
suivante étant confiée à l’équipe
orthoptiste et neuro ophtalmolo-
giste qui vont prendre en charge
la rééducation visuelle.
Les greffes de cornées chez les enfants
(suite)
Informations pratiques
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