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l’adénosine et l’érythropoïétine, des techniques de
cardioprotection mécaniques comme l’aspiration du
thrombus et la thrombectomie, ou le refroidissement
endovasculaire, se révèlent inconstants dans leur effet
bénéfique7-10. Tirer parti des mécanismes endogènes qui
préparent le cœur à se protéger lui-même de ces
conséquences délétères constitue une autre stratégie
thérapeutique pour prévenir les lésions d’ischémie-
reperfusion7. L’une des méthodes dans cette optique, le
postconditionnement ischémique local, consiste en de
brèves séquences d’ischémie et de reperfusion de
l’artère coronaire à l’origine de l’infarctus induites par
le ballonnet de la sonde d’angioplastie11. Toutefois,
l’effet protecteur du postconditionnement ischémique
local en cas d’infarctus du myocarde n’est pas constant,
et la sécurité de la technique soulève des
préoccupations en raison de l’apparition d’autres
lésions myocardiques, de la détérioration du
fonctionnement de l’organe et de la possible
microembolisation du thrombus12, 13.
Le conditionnement ischémique à distance (CID) est
une nouvelle technique non effractive consistant en de
brefs épisodes de gonflement et de dégonflement d’un
brassard de tensiomètre enserrant un membre éloigné
du coeur14. Le mécanisme par lequel le CID protège le
myocarde contre les conséquences néfastes de
l’ischémie-reperfusion n’est pas élucidé, quoique
certains prétendent que le conditionnement à distance
transmet un signal cardioprotecteur au cœur par une
voie neurohormonale15-17. Le stimulus peut être
appliqué avant (préconditionnement), pendant
(perconditionnement) ou tout juste après
(postconditionnement) l’incident ischémique11. Étant
donné que l’infarctus du myocarde est imprévisible, le
préconditionnement n’est effectué que durant des
interventions non urgentes au cours desquelles des
lésions d’ischémie-reperfusion myocardique peuvent
survenir, notamment le pontage aortocoronarien ou
l’intervention coronarienne percutanée (ICP)18.
L’adoption du CID à titre de traitement d’appoint au
traitement de référence de l’infarctus du myocarde en
milieu de soins de courte durée peut améliorer
l’évolution de l’état de santé du patient.
La technologie
Le dispositif autoRIC (CellAegis Devices inc., Toronto,
Ontario) est un système non effractif portable qui offre
le CID automatisé comme option de rechange à
l’utilisation manuelle du brassard de tensiomètre
standard19. Le système se compose d’un dispositif de
commande amovible, d’un socle de charge et d’un
manchon à usage unique pour le patient. Par
l’intermédiaire du manchon enserrant le bras, le
dispositif assure le CID par des séquences de cinq
minutes de gonflement et de dégonflement du manchon
jusqu’à 40 minutes au total. Le processus est
compatible avec les traitements de référence actuels, et
il peut avoir lieu dans l’ambulance, à l’hôpital ou à
domicile sous la supervision d’un professionnel de la
santé. Le système automatisé promet d’être plus facile à
utiliser et plus fiable que l’utilisation manuelle du
brassard de tensiomètre standard20, et il y a peu de
risque que le bras demeure en compression ou que le
traitement s’interrompe si le professionnel de la santé
est occupé à autre chose.
Stade de la règlementation
En février 2013, Santé Canada a homologué le système
autoRIC de CellAegis dans la classe 3 des instruments
médicaux21. C’est le seul dispositif sur le marché à
offrir le CID automatisé. Son usage est autorisé chez
l’adulte de plus de 18 ans subissant un infarctus du
myocarde aigu ou une opération cardiothoracique ou un
examen cardiothoracique interventionnel. Le système
autoRIC est en libre circulation dans l’Union
européenne en vertu du marquage CE (conforme aux
exigences) depuis juillet 2012, mais il est absent du
marché des États-Unis19, 22.
Groupe cible
La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC estime
à 70 000 le nombre d’infarctus du myocarde aigus
chaque année au Canada23. En 2009, on a dénombré
51 847 hospitalisations au motif d’un infarctus du
myocarde aigu au pays, au cout moyen de 8 984 $24. Le
nombre d’hospitalisations grimpera vraisemblablement
au fil du vieillissement de la population canadienne. Le
cout supplémentaire de la hausse des hospitalisations
en 2020 est évalué à 54 millions de dollars24. En 2009,
l’infarctus du myocarde a entrainé 15 111 décès au
Canada6.
Practique courante
Le traitement de l’infarctus du myocarde est centré sur
le rétablissement de la circulation sanguine en direction
du cœur par l’élimination de l’obstruction de l’artère
coronaire dans les 12 heures de l’apparition des
symptômes1, 25,26. Pour ce faire, l’on procède à une ICP
ou à la thrombolyse en administrant un médicament qui
dissout le caillot sanguin. L’ICP, qui n’est pas une
opération, se déroule en salle de cathétérisme cardiaque.