Entre 2001-2002 et 2009-2010, la proportion de fumeurs parmi les 14-19 ans a baissé d’un quart
pour atteindre 22%. Ce développement réjouissant ressort de l’enquête suisse sur le tabagisme
(monitorage sur le tabac, TMS). Ce n’est toutefois pas une raison pour relâcher nos efforts; et
c’est pour ça que les milieux de la prévention ne sont pas les seuls à souhaiter que la Suisse
ratifie la Convention de l’OMS sur le tabac. Cette convention-cadre vise à endiguer la consom-
mation de tabac et définit les principes de régulation du marché des produits du tabac pour une
amélioration de la santé publique. La Suisse l’a déjà signée en 2004, ce qui montre sa volonté de
vouloir l’appliquer en Suisse aussi.
L’OMS a aussi publié un document international sur les politiques en matière d’alcool qui décrit la
situation actuelle de la consommation d’alcool et de ses dégâts sanitaires; ce document propose
des mesures efficaces pour réduire ces dégâts. Ce plan d’action adopté par les 53 pays de la
région Europe de l’OMS dont la Suisse souligne que la politique de ces pays en matière d’alcool
ne parvient pas à faire face à la gravité des dégâts dus à la consommation d’alcool. La politique
de fixation des prix et la limitation de la publicité pour les boissons alcooliques font partie, entre
autres, des mesures permettant de limiter les dommages dus à la consommation d’alcool.
Fin-janvier 2012, le Conseil fédéral a soumis aux Chambres fédérales deux projets de lois pour
réviser entièrement la législation sur l’alcool. Dans son message, le Conseil fédéral souligne
entre autres que ces nouvelles lois contribueraient à diminuer la consommation problématique
d’alcool et ses conséquences, ainsi qu’à protéger la jeunesse. Cette déclaration se base entre
autres sur l’introduction d’un «régime de nuit» pour la vente d’alcool qui compléterait utilement
l’interdiction des offres d’appel pour les spiritueux. Mais dans leur ensemble, les modifications
proposées protègent surtout les intérêts de l’économie au détriment de la santé publique. Il
n’est ainsi pas prévu d’introduire de mesures préventives pourtant connues pour être efficaces,
comme la régulation du prix de vente; les prescriptions en matière de publicité pour les spiritu-
eux sont même assouplies.
Il faut espérer que le parlement assumera son rôle et établira un équilibre entre les intérêts écono-
miques et une prévention efficace.
Tendances de consommation et politique
des dépendances:
Rapport de monitorage d’octobre 2011 à mars 2012
2
1.
Etudes et tendances de consommation
Monitorage sur le tabac: la consommation de tabac des adolescent-e-s et des
jeunes adultes
Le rapport1 traite des habitudes des fumeurs entre 14 et 19 ans entre 2001-02 et 2009-2010. Il
expose entre autres les raisons qui poussent ou non les jeunes à fumer, ainsi que les habitudes
de consommation de l’environnement social. Dans les années 2001-02, 29% de la population âgée
entre 14 et 19 ans fumait; dans les années 2009-10, ce ne sont plus que 22%. Ce recul s’observe
particulièrement en Suisse romande. Ces 10 dernières années, par contre, le nombre de ciga-
rettes fumées en moyenne est resté relativement constant. Les adolescent-e-s qui fument tous
les jours fument en moyenne 11.1 cigarettes par jour, celles et ceux qui ne fument pas tous les
jours fument en moyenne 1.5 cigarette par jour. Les fumeurs et les fumeuses comme les person-
nes qui ne fument pas considèrent que les non-fumeurs bénéficient d’une meilleure image que
les fumeurs.
Monitorage sur le tabac: opinions sur les mesures législatives
Ce rapport2 informe sur l’opinion des habitants de la Suisse âgés de 14 à 65 ans à l’égard de la
publicité pour le tabac. Selon ce rapport, en 2010, deux tiers des personnes âgées de 14 à 65 ans
considéraient que la publicité minimise la dangerosité de la consommation de tabac. La majo-
rité des personnes interrogées est aussi d’avis que la publicité pour le tabac incite les jeunes à
commencer à fumer et augmente la consommation des fumeurs et des fumeuses. Alors que les
adolescent-e-s et les jeunes adultes entre 14 et 24 ans considèrent que la publicité pour le tabac
n’a qu’une influence moindre sur la consommation de tabac, il n’en va pas de même des person-
nes âgées de plus de 34 ans; et les personnes avec une formation supérieure sont plus nombreu-
ses que la moyenne à considérer que la publicité pour le tabac en augmente la consommation.
Monitorage sur le tabac: impact des mises en garde sur les paquets de cigaret-
tes et opinions à l’égard de l’augmentation des prix
La première partie du rapport3 est consacrée à la prise en compte par les fumeurs des avertisse-
ments écrits et graphiques imprimés sur les paquets de cigarettes. En 2010, 26% des fumeurs
et fumeuses de 14 à 65 ans indiquaient remarquer souvent à toujours les avertissements impri-
més. Selon leurs propres indications, ces avertissements imprimés ont conduit 8% de fumeurs
et fumeuses à réduire leur consommation de tabac. Les personnes qui fument et celles qui ne
fument pas considèrent que les avertissements graphiques et photographiques ne motivent pas
1 Radtke 2011a.
2 Krebs 2011.
3 Radtke 2011b.
3
les fumeurs à cesser de fumer, mais confortent les non-fumeurs dans leur abstinence.
La seconde partie du rapport traite de l’augmentation du prix des cigarettes (de CHF 7.20 à CHF
8.10). 36% des personnes âgées de 14 à 65 ans sont très favorables à cette augmentation de
prix et 23% sont plutôt favorables. Ce sont les adolescent-e-s qui fument tous les jours qui sont
le plus opposé-e-s à l’augmentation du prix des cigarettes.
Consommation d’alcool en Suisse
En 2010, la consommation totale de boissons alcooliques en Suisse avait de nouveau légèrement
reculé4. Elle s’éleve à l’équivalent de 8.5 litres d’alcool pur (8.6 litres en 2009). C’est surtout la
consommation de bière qui a reculé. La consommation de cidre et de spiritueux est restée prati-
quement stable. La consommation de vin a par contre légèrement augmenté par rapport à l’an-
née précédente.
Consommation de médicaments en Suisse
Le rapport5 de l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) examine à la fois la consommation et
les coûts des médicaments en Suisse. La base de données provient de l’Enquête suisse sur la
santé 2002 et 2007, ainsi que de données de l’assurance maladie obligatoire entre 1998 et 2009.
A côté des médicaments contre un taux de cholestérol et une pression sanguine trop élevés, une
attention particulière est accordée à certains médicaments psychotropes.
On observe une augmentation de la consommation régulière de médicaments entre 2002 et 2007.
La proportion des personnes ayant consommé un médicament durant les sept jours précédant
l’enquête est ainsi passée de 40.8% à 46.3% an. Ce sont les antidouleurs qui sont le plus souvent
consommés. Les femmes consomment plus souvent des médicaments que les hommes et la
consommation de médicaments augmente nettement avec l’âge. La consommation de médica-
ments est plus élevée en Suisse romande que dans les autres régions du pays.
Rapport SINUS 20116
En 2010, l’alcool a joué un rôle dans 13% de tous les accidents graves de personnes. Ce pour-
centage n’a pratiquement pas changé durant les 10 dernières années. 570 usagers et usagères
de la route ont été grièvement blessé-e-s dans des accidents dans lesquels de l’alcool était en
jeu; 63 personnes ont été tuées dans de tels accidents. Les jeunes conducteurs et les hommes
en état d’ébriété sont impliqués plus que la moyenne dans des accidents graves. Les pertes de
maîtrise du véhicule et les accidents individuels durant la nuit sont particulièrement fréquents.
67% des blessures graves sont provoquées de nuit lors d’accidents impliquant de l’alcool (en
comparaison de 20% de tous les accidents).
4 Régie fédérale des alcools 2011.
5 Roth 2011.
6 Bureau suisse de prévention des accidents 2011.
4
Monitoring de l’état de santé de la population migrante en Suisse7
A côté d’autres éléments, le monitorage de la santé effecten 2010 auprès de la population
immigrée a aussi porté sur le comportement des immigré-e-s en matière de santé. La consom-
mation d’alcool et de tabac en faisait partie. Les résultats de cette enquête auprès des immi-
gré-e-s seront ensuite comparés à la population résidente des pays d’origine considérés dans le
monitorage: Portugal, Turquie, Kosovo et Serbie.
Les immigré-e-s consomment nettement moins d’alcool que la population suisse. Avec 15.5%,
le taux d’abstinence des Suissesses est substantiellement plus bas que celui des Portugaises
(51.8%), des Turques (75.4%), des Kosovares (87.7%) et des Serbes (47.2%). Chez les hommes
aussi le taux de Suisses abstinents (7.6%) est largement plus bas que celui des Portugais (16.4%),
des Turcs (51.1%), des Kosovars (47.1%) et des Serbes (30.6%).
17.2% des Portugais indiquent boire de l’alcool deux fois par jour (en mangeant). C’est aussi ce
que font 3% des Suisses, alors que ces proportions sont encore plus basses chez les autres
immigré-e-s. 14.4% des Suisses et 16% des Portugais, ainsi que 7.4% des Suissesses et 5.8%
des Portugaises indiquent consommer de l’alcool une fois par jour, significativement plus que les
immigré-e-s provenant de Turquie, de Serbie et du Kosovo.
En ce qui concerne l’ivresse ponctuelle (plus de cinq verres chez les hommes et plus de quatre
verres chez les femmes), 17.9% des Suisses, 13.4% des Portugais et 11.9% des Serbes, ainsi
que 11.8% des Suissesses indiquent avoir ce mode de consommation environ une fois par mois.
Les Portugais et les Serbes ne se distinguent pas des Suisses dans ce domaine. Les proportions
sont toutefois nettement plus basses chez les Turcs et les Kosovars, ainsi que chez les immigré-e-
s. L’ivresse ponctuelle occasionnelle (moins d’une fois par mois) concerne 36.8% des Suisses et
32.2% des Suissesses. En la matière, les proportions sont ainsi bien plus élevées dans la popu-
lation autochtone que dans la population immigrée.
Les immigrés consomment nettement plus de tabac que les Suisses; il y a moins de différences
entre les Suissesses et les immigrées dans ce domaine. 21.7% des Suisses fument chaque jour.
C’est le cas de 55.2% des Turcs. De leur côté, les Serbes et les Portugais sont 37.5% et 39.2% à
fumer, soit significativement plus que les Suisses. Les Suissesses sont 19.5% à fumer tous les
jours et ne se distinguent en cela pas des Kosovares et des Portugaises; la proportion est plus
élevée chez les Serbes (37.1%) et les Turques (29.5%).
Evaluation des besoins en offre de traitement pour les personnes ayant un
problème d’alcool
L’évaluation des besoins8 effectuée dans le cadre du Programme national alcool 2008-2012 (PNA)
avait pour but d’obtenir une vue d’ensemble du système existant pour traiter les personnes ayant
des problèmes d’alcool. Il s’agissait aussi d’identifier les lacunes existantes et de définir les possi-
bilités d’optimisation.
7 Arbeitsgemeinschaft BASS, ZHAW, ISPM, M.I.S Trend 2011.
8 Schaub 2011.
5
La situation actuelle au niveau cantonal et fédéral peut généralement être considérée comme
bonne. Des déclarations très différentes ont été faites en ce qui concerne les nécessités de chan-
gement, mais c’est une amélioration de la collaboration et de la mise en réseau des différents
acteurs qui a été la plus demandée. Il a aussi été demandé d’améliorer les offres spécifiques
pour les groupes cibles, de promouvoir la transdisciplinarité, ainsi qu’une meilleure transparence
dans le financement des offres.
Lalcool dans l’Union européenne
Le rapport9 décrit la situation de l’Union européenne concernant la consommation d’alcool et
ses conséquences, ainsi que les mesures efficaces de prévention pour réduire les dégâts provo-
qués par l’alcool. Il s’appuie pour cela sur les données recueillies en 2011 et les études scienti-
fiques les plus récentes en la matière. Dans l’Union européenne, qui est la région du monde où
l’on consomme le plus d’alcool, la consommation annuelle par habitant de plus de 15 ans est de
12,5 litres d’alcool pur. Ce qui représente 3 boissons alcooliques par jour. L’alcool y est le troi-
sième facteur de risque de maladie et de décès après le tabagisme et l’hypertension artérielle.
10% des décès parmi la population de 15 à 64 ans est attribuable à l’alcool. Les décès dus à la
consommation problématique d’alcool ont augmenté de 28% et coûtent à la société 2 à 3% du
produit national brut, ce qui représente plus de 300 euros annuels par personne. Les mesures
politiques efficaces en matière d’alcool sont les mesures sur les prix, l’accessibilité et la publi-
cité. Pourtant seuls quelques pays européens ont mis en place des mesures appropriés.
Etat du phénomène de la drogue en Europe
Le rapport annuel10 de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) montre
une image contradictoire des tendances de la consommation de drogues en Europe. La consom-
mation de drogues «conventionnelles» comme la cocaïne et le cannabis reste stable à un niveau
élevé et n’augmente pas; elle aurait même tendance à reculer dans certains segments. Mais on
constate par ailleurs aussi des évolutions dangereuses et inquiétantes comme l’augmentation de
la disponibilité de drogues synthétiques, la rapide apparition de nouvelles substances (en 2010,
41 nouvelles substances ont ainsi été annoncées au Système européen d’alerte précoce, c’est
plus que jamais et il n’y a pas d’indications de recul) et la consommation de substances multi-
ple qui est largement répandue. Le modèle de consommation dominant en Europe est la combi-
naison de drogues illégales et d’alcool, parfois aussi avec des médicaments et des substan-
ces non contrôlées. Cela constitue un important défi pour de nombreux Etats, car ils manquent
souvent de stratégies politiques complètes dans le domaine de la consommation de substan-
ces psychoactives.
9 Anderson 2012
10 Observatoire européen des drogues et des toxicomanies 2011.
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