Bulletin Médical A.D.I.M-N.C. - BP 14 999 98803 Nouméa cedex Tél. : (687) 78 71 73 e.mail : [email protected] e.mail : [email protected] Web : http://www.bmc.nc Calédonien & Polynésien N° 63 - Juin 2013 la surdité LA PrIse eN ChArge ACtueLLe DéPIstAge NéoNAtAL De LA surDIté les obésités ou L'INtérêt Du Mètre rubAN Édito Sommaire Chers amis, • agenCe sanitaire & soCiale en nouvelle-Calédonie Au cours de ces premières années du 21e siècle, encore conditionnées par la grande aventure épistolaire de l’humanité depuis Gutenberg, votre BMC était resté assez conservateur. Elaboration du programme de prévention primaire des pathologies de surcharge 2013-2017 de la Nouvelle-Calédonie ................................ 04 Aujourd’hui déjà bien entré dans la deuxième décennie du siècle, il était temps de suivre l’évolution mondiale. A l’instar de Newsweek qui a cessé sa parution papier, et de la disparition annoncée des éditions froissables, remplacées par moultes tablettes et autres smartphones, nous vous offrons le premier numérique numéro de votre vieux BMC ! • assoCiation MédiCale Malgré l’adolescence que nous revendiquons pourtant, nous n’avons tout de même pas encore de page (virtuelle) sur Facebook, mais qui sait un jour ? Dépistage néonatal de la surdité au CHT de Nouméa. Evaluation clinique de l’audition chez l’enfant .............................................. 14 Premier numéro, mais beaucoup de données médicales intéressantes et étonnantes, comme ces 38% des suicides mondiaux dans le Pacifique Ouest, ou parfois peu connues, comme ces implants cochléaires posés et suivis dans le service d’ORL au CHT Gaston Bourret de Nouméa. « L’homme augmenté » cher à certains philosophes, est ainsi déjà parmi les "nouzot" … incroyable mondialisation ! Chirurgie de l'oreille moyenne ................................................................................. 06 Prothèses à Ancrage Osseux et Implants cochléaires ........................... 10 L’implant cochléaire ........................................................................................................ 12 Audioprothèses, des solutions d'appareillages ........................................... 13 Communiqué : L’ASAMAD dispose d’un nouveau service SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) .......................................... 15 Prise en charge de l’obésité la filière calédonienne .................................. 16 Suicide en Nouvelle-Calédonie ............................................................................... 22 • la vie des assoCiations Les boucs-émissaires et le harcèlement moral ........................................... 26 Un combat planétaire qui nous tient à cœur localement aussi, celui contre l’obésité, commence à être pris à bras le corps par de nombreuses instances du pays, dont l’ASS-NC. Grâce à elle vous trouverez tous les chiffres (inquiétants) de cette épidémie aussi néo-calédonienne, et une importante réflexion stratégique future, élaborée avec de nombreux intervenants du territoire. Des volontaires medicaux formes pour des missions d’urgence .................................................................................. 28 A ce titre le BMC tient à remercier les politiques et les syndicats pays, qui, dans leur grande sagesse, n’ont absolument pas tenu compte dans leur détaxe de la « Vie Chère », de la liste de produits alimentaires « bons pour la santé », liste que la Fédération des Professionnels de Santé leur avait fourni. A ce titre, la rédaction tient à applaudir la palme d’or qui revient aux moins 10% du pot de mayonnaise de 890 grs, sans oublier le podium des 13 biscuits salés et 20 gâteaux sucrés, et j’en passe. Changement climatique et santé........................................................................... 31 Ah si ! UN « légume congelé » « poêlée paysanne », ça doit être sacrément consommé ça, et aussi UN « produit diététique », des biscuits fourrés au chocolat...Tout un symbole du travail d’alerte, que tel le sieur Snowden, il nous faudra encore et encore lancer… Bonne lecture à tous Eric Lancrenon Directeur de la publication : E Lancrenon Secrétaire de Rédaction : P. Nicot. Conception, Maquette, Mise en page : JNProd *** Comité de Rédaction de Nouméa pour le B.M. n° 63 B. Rouchon, J M Tivollier, F. Vangheluwe. *** Les articles signés sont publiés sous la seule responsabilité de leurs auteurs. *** Consultable et téléchargeable sur le site www.bmc.nc 2 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 • aCtualités : du CÔté de la CPs PaCiFiQue La CPS soutient les pays dans leurs efforts pour éliminer la tuberculose dans le Pacifique ............................................................................ 30 Agence sanitaire & sociale en Nouvelle-Calédonie Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 3 Agence sanitaire & sociale en Nouvelle-Calédonie elaboration du PrograMMe de Prévention PriMaire des Pathologies de surCharge 2013-2017 de la nouvelle-Calédonie Du 23 au 25 avril 2013, un séminaire « mange mieux, bouge plus » a été proposé par l’Agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie pour construire le programme de prévention primaire des pathologies de surcharge 2013-2017 pour la Nouvelle-Calédonie. Ce séminaire a réuni plus de 80 participants de tous horizons, aux profils sociaux-professionnels très diversifiés, conjuguant ainsi des cultures, des niveaux de connaissances et des attentes variés. le Contexte éPidéMiologiQue : Données issues du Baromètre santé 2010/1989 adultes (18 à 67 ans) prévention primaire des pathologies de surcharge est de coordonner et de fédérer les actions de terrain en constituant un comité de pilotage et des groupes de travail, avec les acteurs concernés dans les différents secteurs (santé, éducation, sports, consommateurs, acteurs économiques et société civile). Les ressources internes : l’équipe du programme de prévention primaire des pathologies de surcharge est constituée d’un chef de projet, d’un assistant et d’une diététicienne (équivalent temps plein). La surcharge pondérale : un problème majeur de santé publique en Nouvelle-Calédonie Données issues de l’enquête bucco-dentaire 2012 : - 32% des enfants sont en surcharge à 6 ans (11% obèses), - 40% en surcharge à 9 ans (17% obèses), - 42% en surcharge à 12 ans (20% obèses). rétrosPeCtive, le 1er PrograMMe PPs 2008-2012 Fin 2007, face à l’évolution préoccupante des pathologies liées à la surcharge dans la population, l’Agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie a mis en place le 1er programme de prévention primaire des pathologies de surcharge 2008-2012. Trois axes stratégiques ont été adoptés par le comité de pilotage : ☛ Sensibiliser la population à la problématique de la surcharge pondérale ☛ Agir sur l’environnement pour le rendre plus favorable à l’adoption de modes de vie sains ☛ Evaluer l'impact global du programme pour améliorer son efficacité Le mode opératoire : la coordination d’une démarche multisectorielle. La principale mission du programme de 4 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 l’élaboration du PrograMMe 2013-2017 Un séminaire de travail a été organisé en avril 2013 pour élaborer le 2ème programme de prévention primaire des pathologies de surcharge 2013-2017 en tenant compte des résultats de l’évaluation du 1er programme 2008-2012 et de l’engagement des partenaires pour les 5 prochaines années. Le programme 2013-2017 sera le fruit d’un processus participatif, coordonné par l’Agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie auquel auront concouru les acteurs de la santé, de l’éducation, du sport, les consommateurs, les acteurs économiques et la société civile, notamment. Le public : 83 invités, professionnels partenaires du programme de prévention des pathologies de surcharge (des secteurs de la santé, de l’éducation, du sport), consommateurs, acteurs économiques et de la société civile) ont participé au séminaire. « Idées-forces » du sémInaIre 1) Promouvoir l’activité physique et sportive, nouvel axe stratégique. 2) Elaborer un plan de communication à 5 ans. • Favoriser le marketing social comme modèle de changement comportemental. • Accompagner les stratégies de communication d’actions terrain. Agence sanitaire & sociale en Nouvelle-Calédonie 3) Promouvoir une alimentation équilibrée. • Impliquer les familles. • Sensibiliser les femmes, nouvelle cible prioritaire (dès le désir de grossesse et les femmes enceintes). • Mobiliser le secteur agro-alimentaire en faveur de messages positifs sur les denrées alimentaires produites localement. • Impliquer les industries agro-alimentaires et les importateurs, dans l’émergence d’une nouvelle dynamique pour un environnement plus favorable à adopter un mode de vie plus sain. 4) Structurer un réseau multidisciplinaire néo-calédonien. • Développer la prise en charge précoce et pluridisciplinaire de la surcharge pondérale, chez l’adulte. • Développer le dépistage des facteurs prédictifs du surpoids et de l’obésité et leur prise en charge, chez l’enfant. 5) Assurer une coordination territoriale. • Mettre en place une nouvelle gouvernance intégrant le modèle du processus participatif. • Créer une plate-forme collaborative, un espace de travail qui centralise tous les outils liés à la conduite de projet, la gestion des connaissances ou au fonctionnement d’une organisation et les met à la disposition des acteurs. 6) Evaluer les actions engagées et le programme. Réaliser un baromètre santé « jeunes » en complément du baromètre santé « adultes » (18-67 ans). le séMinaire en iMages… Le séminaire a été ouvert par Mme Sylvie ROBINEAU (présidente du CA de l’ASSNC, Membre du gouvernement de la NC). Neuf ateliers de travail ont été organisés pendant 3 jours. Pendant tous les ateliers, les échanges ont été nombreux et constructifs. éléMents Fondateurs du PrograMMe 2013-2017 Les représentants des provinces Nord et Iles (secteur de la santé) n’ont pas hésité à faire le déplacement. La qualité des exposés a été saluée. Afin d’être cohérents par rapport aux messages de santé diffusés par le programme, les différents ateliers étaient entrecoupés de séquences « activité physique ». Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 5 Association Médicale Chirurgie de l'oreille Moyenne Soirée de l'Association Médicale de Nouvelle-Calédonie du 2 Avril 2013 Dr Philippe BAILLOT Jusqu'au début des années 80, avec l'apparition des implants cochléaires et si l'on excepte la chirurgie de la maladie de Ménière (drainage du sac endo-lymphatique - Georges Portman), la chirurgie de l'oreille s'adressait essentiellement à l'oreille moyenne. Le but de ce travail est d'en présenter les aspects actualisés les plus importants. breF raPPel anatoMo-PhysiologiQue L'oreille moyenne est située dans l'os temporal, au niveau de sa portion pétreuse. Elle associe, dans sa constitution, la caisse du tympan, cavité creusée dans le rocher, le système tympanoossiculaire avec la membrane tympanique, qui constitue la paroi externe de la caisse du tympan, puis la chaîne des osselets associant le marteau enchâssé dans le tympan, l'enclume et enfin l'étrier, en relation par sa platine au niveau de la fenêtre ovale avec les liquides de l’oreille interne de la cochlée. L'oreille moyenne présente des annexes, la trompe d'Eustache, dont le rôle est d'assurer l'équi-pression entre la caisse du tympan et l'air extérieur et la cavité mastoïdienne ou mastoïde, qui constitue un réservoir tampon gazeux. Le rôle de l'oreille moyenne est d'assurer la transmission et l'amplification des sons, à savoir des vibrations sonores venant stimuler la membrane tympanique. Ce rôle mécanique rend compte de la place offerte ici à la chirurgie. La surdité liée à une atteinte de l'oreille moyenne sera une surdité dite de transmission. les Questions essentielles Il convient, en la matière, de répondre aux trois questions suivantes : - Qui opérer ? - Quand opérer ? - Comment conduire l'acte opératoire ? Les candidats à la chirurgie seront les patients porteurs de pathologies constituant avant tout des atteintes dangereuses et/ ou invalidantes. Il s'agit ici : - de patients porteurs de cholestéatome, d'otite chronique évoluant vers la labyrinthisation, avec atteinte progressive de l'oreille interne et surdité de perception, - de patients posant le problème de surdité majeure avec impact fonctionnel invalidant, - de patients posant le problème d'une otorrhée chronique, rebelle, gênant tant sur le plan du risque infectieux, que sur le plan de l'inconfort au quotidien. - Enfin, bien sûr dans d'autres cas, les indications seront représentées par des atteintes à retentissement fonctionnel ou social gênant. 6 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 La décision de la programmation de l'acte opératoire sera conditionnée, quant à elle, par différents facteurs : - L'âge du patient peut constituer l'un d'eux. Il y a, en ce qui concerne l'enfance, la date butoir de 6 ans, qui théoriquement constitue l'âge mûr pour la sphère ORL ; cette notion est bien sûr relative, il y a des enfants plus jeunes dont la pathologie grave nécessite un passage à l'acte chirurgical précoce et d'autres qui devront attendre plus longtemps avant d'être opérés, car la situation de la sphère ORL est par trop instable et risque de conduire à des récidives de la pathologie, remettant en question les résultats d'une intervention chirurgicale. - Le bon fonctionnement de la trompe d'Eustache ainsi que la présence d'une oreille sèche constituent classiquement les critères permettant d'indiquer l'acte opératoire. Enfin, à quel stade d'atteinte et/ou d'évolution faut-il proposer l'intervention chirurgicale : Cela sera fonction bien entendu des risques apparents évolutifs de l'atteinte, d'un point de vue infectieux ou en relation avec le retentissement possible sur l'oreille interne, dans le cadre de vaste perforation ou de pathologie agressive de type cholestéatome. Les choix techniques dépendront, quant à eux, de différents éléments : Le bilan préopératoire, par exemple en matière d'imagerie, devra être adapté au type de pathologie et à la présence supposée de complications ou d’extension spécifique ; en d'autres termes, le bilan TDM par exemple ne saurait être un examen systématique mais doit rester un examen complémentaire. Notons ici l'apport plus récent de l'IRM, qui a des indications tout à fait intéressantes dans le suivi des cholestéatomes opérés et en particulier dans l'appréciation de l'état des cavités de l'oreille moyenne en cas d'opacité suspecte au bilan TDM. Le choix des voies d'abord et options techniques : Il sera souvent une affaire d'école et d'habitude personnelle. L'option et le choix du mode anesthésique devrait dépendre de la pathologie rencontrée, du but fonctionnel de l'intervention et du terrain d'application, mais malheureusement on ne peut que regretter le caractère extrêmement limité de l'enseignement et de la diffusion de la pratique de l'anesthésie locale dans ce type d'intervention en France. Association Médicale Enfin, en ce qui concerne les aides à la chirurgie, différents acquis technologiques récents sont mis à disposition : Le monitoring nerveux, incontournable dans la chirurgie de l'oreille interne, à type d'implantation cochléaire par exemple. Il est utile dans la pratique de la chirurgie du cholestéatome (chirurgies en technique fermée), mais par ailleurs de peu d'intérêt dans la pratique de la chirurgie otologique standard. L'utilisation de l'endoscope est un apport intéressant dans le contrôle de l'extension des pathologies avec migration épidermique et rétraction tympanique. Quant à la chirurgie naviguée, robotisée, elle est aujourd'hui encore au stade expérimental. la Pathologie inFeCtieuse Les infections aiguës : leur prise en charge est parfois nécessaire en urgence avant la survenue de complications dans la cadre des otites moyennes aiguës, hyperalgiques, avec bombement tympanique. Dans les pathologies de type suppuratif, la paracentèse sous anesthésie a toujours sa place. Dans la mastoïdite aiguë, d'évolution défavorable sous traitement médical, une mastoïdectomie associée à un geste de drainage transtympanique peut être indiquée. Notons que ces gestes opératoires, banals autrefois, sont devenus extrêmement rares de nos jours du fait de la prise en charge médicale anticipée et plus efficace. Les infections chroniques : Ces pathologies ont vu leur concept évoluer avec le temps. Plus que le germe, qui n'est pas spécifique, c'est à l'heure actuelle l'hôte qui, par son profil immuno-histologique, semble conditionner l'évolution vers la chronicité et ceci parfois dès la première infection. On sépare les infections à tympan fermé des infections à tympan ouvert et parmi ces dernières, les otites moyennes chroniques simples des otites moyennes chroniques cholestéatomateuses. Les infections à tympan fermé : La pathologie emblématique est bien sûr, l'otite séreuse ou séromuqueuse caractérisée par un épanchement séro-muqueux dans la caisse du tympan, en relation avec une atteinte tubaire, dont l'origine est liée à la survenue de pathologies infectieuses rhino-pharyngées multiples, sur un terrain anatomique et/ou immunologique fragilisé. La présence d'un épanchement et l'association à un déficit ventilatoire de l'oreille moyenne vont contribuer à altérer l'audition. De plus, la présence installée d'un foyer d'inflammation chronique au niveau de l'oreille moyenne va constituer souvent le point de départ de complications inflammatoires ou infectieuses régionales et il n'est pas rare, dans ce cadre, d'observer des pathologies bronchiques évoluant sur un mode chronique. En cas d'échec du traitement médical, il faut traiter l'otite séreuse par la mise en place d'un dispositif substitutif ventilatoire, représenté par un aérateur transtympanique. L'indication fait l'objet de consensus : soit dans le cadre d'une pathologie évoluant depuis 3 mois ou plus, soit dans le cadre d'une pathologie induisant un déficit auditif important, ou des modifications anatomiques avec rétraction tympanique majeure ou enfin une évolution émaillée de nombreux épisodes infectieux aigus. Le type de drains à poser peut varier : En principe, des drains type diabolos ou bobines seront indiqués car ils ont l'avantage d'une expulsion spontanée et d'une fermeture secondaire réalisée généralement sans difficulté ; dans l'hypothèse où le matériel est mal toléré et/ou le port de longue durée est souhaité, des drains type T.Tubes en silicone souple pourront être choisis. Des gestes annexes indiqués dans le même temps sont discutés et en particulier, la pratique d'une adénoïdectomie (intervention sur les végétations) n'a jamais fait la preuve de son efficacité et fait même plutôt l'objet d'un consensus international défavorable. Dans le cadre des pathologies à tympan fermé, nous évoquerons aussi la possibilité évolutive vers une otite fibro-adhésive, dite autrefois séroadhésive, qui constituerait le processus évolutif ultime d'un dysfonctionnement tubaire avec la rétraction tympanique qui vient mouler le système tympanoossiculaire, en impactant souvent sa résistance anatomique. Ces otites adhésives sont associées à la présence de poches de rétraction, qui sont de différents types et qualifications, on parle alors de : - Poches de rétraction fixées ou non fixées, c'est-à-dire réversibles sous l'effet de certains traitements médicaux, - Poches de rétraction contrôlables par des systèmes optiques microscopiques ou endoscopiques, - Poches de rétraction non contrôlables, constituant alors de véritables équivalents cholestéatomateux avec toute leur gravité. La constatation d'une otite fibro-adhésive avec, en particulier, présence de poche fixée et non contrôlable, constitue un impératif chirurgical surtout si un retentissement auditif, en particulier sur l'oreille interne, est associé. C'est une chirurgie de dissection difficile car il faudra, bien entendu, éradiquer la totalité des plans épidermiques invaginés dans toutes les parties de l'oreille moyenne et tenter de prévenir la récidive par l'interposition de lames de Silastic dans la caisse du tympan, tandis qu'une chirurgie de renforcement tympanique utilisant volontiers les greffons cartilagineux sera souvent proposée. les otites Moyennes ChroniQues a tyMPan ouvert - Otite chronique «simple» : Elle peut s'observer sur un mode actif, caractérisé par des poussées de réchauffement infectieux, accompagnée d'écoulement ou « otorrhée » ; le corollaire en est la perforation tympanique antérieure (ou tubaire) ou centrale, assortie ou non d'altération de la chaîne des osselets (évoquée par l'audiogramme, confirmée en per-opératoire). Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 7 Association Médicale - Ailleurs, il s'agit d'une pathologie stabilisée, observée au stade de «séquelles» tympaniques et/ou ossiculaires. Les interventions chirurgicales pourront dès lors associer : * Mastoïdectomie : en cas d'otorrhée rebelle. * Myringoplastie (tympanoplastie de type I) : en cas de perforation tympanique. * Ossiculoplastie : - Tympanoplastie de type II : quand l'étrier est présent ; il faut alors interposer entre le tympan et l'étrier, un élément de continuité. - Tympanoplastie de type III : quand l'étrier a disparu ; la reconstruction devra assurer la connexion entre la membrane tympanique réparée ou non et la fenêtre ovale de l'oreille interne par un dispositif, le plus souvent une prothèse. Les tympanoplasties sont pratiquées par voie endaurale, c'est-à-dire par l'intérieur du conduit auditif externe ou par voie postérieure, qui est la voie la plus habituelle. Cette voie d'abord postérieure passe un petit peu en arrière du sillon rétroauriculaire, permettant d'exposer le muscle temporal à la surface duquel un prélèvement d'aponévrose sera souvent réalisé, pour permettre la reconstruction de la membrane tympanique. Ce matériau est d'excellente qualité pour une reconstruction standard. Dans les reconstructions de grande taille, perforations subtotales par exemple, un matériau plus solide est souhaitable ; du périchondre prélevé à la face postérieure du pavillon pourra être utilisé. Enfin, parfois et en particulier sur les perforations récidivées ou sur les perforations associées à d'importants problèmes d'insuffisance tubaire, des greffons composites ou cartilagineux pourront être utilisés, reprenant ainsi la classique technique de greffe «en palissade» décrite dès les années 70 par Hermann, en Allemagne. Les reconstructions ossiculaires, quant à elles, utiliseront chaque fois que possible les reliquats ossiculaires du patient luimême car il s'agit du meilleur matériau. En cas d'absence de reliquat ossiculaire utilisable, des minigreffons osseux pourront être réalisés à partir de la corticale 8 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 mastoïdienne ou bien on aura recours à des prothèses du commerce ; soit prothèse en hydroxyapatite, matériau proche de l'os et de la céramique, soit prothèse en titane, type prothèses de Kurz. Dans ces cas particuliers, l'utilisation de prothèse en titane imposera la réalisation d'une interface cartilagineuse entre tympan et prothèse pour miniminer le risque d'extrusion de prothèse. La poudre d'os sera utilisée dans le même but pour les prothèses en hydroxyapatite. les otites ChroniQues CholestatoMateuses Il s'agit d'otites chroniques dites dangereuses. Elles correspondent à des pseudo-tumeurs épidermiques à action enzymatique ostéolytique. Elles constituent en fait un passage de l'épiderme de l'oreille externe vers les cavités de l'oreille moyenne, qui normalement n'hébergent que la muqueuse respiratoire. Hormis les rares cholestéatomes congénitaux (<5%), on considère aujourd'hui que le passage transtympanique de l'épiderme du conduit est dû à l'association d'un dysfonctionnement tubaire et d'un profil cellulaire immunohisto-chimique anormal. La conséquence est une brèche tympanique marginale supérieure ou postérieure, conduisant à la migration de l'épiderme puis à l'ostéite, responsable de l'otorrhée fétide caractéristique de la maladie. Non traitée, l'agression tissulaire est sans limite, visant de proche en proche les osselets de l'oreille moyenne, l'oreille interne (canaux semi-circulaires, labyrinthe), le nerf facial, les espaces cérébro-méningés... La chirurgie est ici incontournable : il faut éradiquer le cholestéatome, c'est-à-dire enlever tout l'épiderme ayant envahi l'oreille moyenne et prévenir sa récidive. Deux approches sont possibles ici. - Conservatrice : La gestion du cholestéatome se fait par pratique d'une mastoïdectomie et conservation de la paroi postérieure du conduit auditif (INTACT CANAL WALL de Sheehy), qui est ouvert partiellement (POSTERIOR TYMPANOTOMY de C. JANSSEN). C'est la technique dite «fermée», préservant l'anatomie physiologique et reconstruisant une frontière entre l'oreille moyenne muqueuse et l'oreille externe cutanée. - Radicale : La paroi osseuse postérieure du conduit auditif externe est enlevée et une cavité dite autrefois « d'évidement pétromastoïdien » est réalisée ; en réalité, la caisse du tympan est réaménagée par mise en place d'un greffon et l'on pratique une tympanoplastie dite en « technique ouverte ». La caisse du tympan, réduite en volume, est en continuité directe avec l'extérieur par sa portion greffée tympanique, de même que la cavité de mastoïdectomie, qui s'ouvre dans le conduit auditif. Le but est ici d'éviter la récidive en simplifiant l'éradication. L'inconvénient est celui d'une cavité, parfois instable, toujours vulnérable, en particulier vis-à-vis de l'eau (impact thermique direct sur les structures de l'oreille interne). Association Médicale Enfin, au-delà de la gestion propre du cholestéatome, la reconstruction des structures détruites de l'oreille moyenne répondra aux mêmes règles tympanoplastiques que celles évoquées dans l'otite chronique simple. D'autres processus pathologiques peuvent ouvrir le champ à des indications chirurgicales au niveau de l'oreille moyenne. Pathologies degeneratives : l'otosPongiose (ou otosclérose) Cette maladie est une ostéo-dystrophie de la capsule otique, c'est-à-dire du labyrinthe osseux dans sa partie cochléaire, dont l'atteinte est spécifiquement retrouvée sous la forme de foyers osseux embryonnaires instables, proches de la fenêtre ovale mais parfois également au niveau des osselets eux-mêmes. Ce tissu osseux instable va faire l'objet de remaniements, préludes à des ankyloses secondaires. Des travaux scientifiques ont établi, dans les années 80, l'intérêt du blocage de ces remaniements d'origine enzymatique par des traitements médicaux utilisant le Fluor. Ils semblent aujourd'hui tombés dans l'oubli, mais méritent parfois d'être essayés. Quant à l'atteinte de la maladie otospongieuse, il faut rappeler qu'elle est 2 fois sur 3 retrouvée dans un contexte génétique, 2 fois sur 3 chez la femme, 2 fois sur 3 exprimée à une période spécifique de sa vie génitale (puberté, grossesse, ménopause) et 2 fois sur 3 de façon bilatérale ; le plus souvent l'atteinte est une ankylose de l'étrier dans la fenêtre ovale du labyrinthe, dite ankylose stapédo-vestibulaire (blocage partiel ou total). Une fois le diagnostic évoqué (anomalies impédancemétriques, audiométriques et bilan TDM explorant la fenêtre ovale), l'exploration chirurgicale confirmera la pathologie. Le but du traitement sera d'assurer la mise en communication des mouvements vibratoires du système tympano-ossiculaire avec les liquides de l'oreille interne. Ceci passe par la réalisation d'une ouverture de la platine de l'étrier, cette perforation permettant de mettre en place une prothèse ou piston, qui sera attachée à la longue apophyse de l'enclume et assurera le rôle mécanique attendu. Indication opératoire à partir de 25 à 30% de déficit auditif. Des techniques multiples existent : - Platinotomie plutôt que platinectomie partielle ou totale, comme c'était le cas autrefois, - Utilisation du laser pour réaliser cette platinotomie, - Différentes variétés de pistons, - Les colmatages en périphérie du piston implanté peuvent être utilisés pour prévenir les fistules péri-lymphatiques. - L'utilisation de greffons veineux au niveau de l'orifice de platinotomie, en accord avec la technique de Causse, semble donner les résultats les plus physiologiques. Les résultats auditifs sont excellents, dès lors que l'indication et la réalisation de l'acte sont bien conduites. Des complications temporaires à type de vertiges peuvent être observées. Le risque de ces interventions est représenté par la labyrinthisation, avec atteinte déficitaire auditive de l'oreille interne, liée à un traumatisme opératoire. la Pathologie trauMatiQue On peut observer ici des perforations tympaniques traumatiques à la suite par exemple d'un Blast ou d'un traumatisme direct par objet perforant ou encore secondaire à une gifle. L’atteinte auditive devra systématiquement être évaluée par la pratique d'un audiogramme. L'oreille, si elle n'est pas le siège d'un processus inflammatoire trop important, devra être essentiellement laissée au sec. Il n'y a pas d'indication opératoire immédiate, sauf exception. La réparation spontanée est la règle. La cicatrisation devant se faire au plus tard entre 3 et 4 semaines, mais souvent plus précocement. Les traumatismes de l'oreille moyenne peuvent associer la survenue de rupture ou de traumatisme ossiculaire ; dans ce cas là, le bilan audiométrique sera évocateur et l'exploration de l'oreille moyenne permettra d'identifier la lésion et la réparer, selon une tympanoplastie classique. Enfin, parfois, les traumatismes pourront induire la présence d'une fistule péri-lymphatique dont le diagnostic sera souvent évoqué à postériori, devant la persistance des troubles associant acouphènes, vertiges, surdité de perception fluctuante. Le contexte traumatique précessif pourra faire évoquer le diagnostic et l'exploration chirurgicale le confirmer, avec fermeture de la brèche par un greffon conjonctif. L'ensemble de ces réparations pouvant, bien entendu, être conduit sans problème sous anesthésie locale. les MalForMations Congenitales Elles peuvent ouvrir le champ à certaines explorations chirurgicales de l'oreille moyenne. En la matière, il faut savoir que le plus souvent, la priorité est donnée à la reconstruction morphologique avec pratique d'une otopoïèse, c'est-à-dire reconstruction totale du pavillon auriculaire en cas d'aplasie majeure. Cette reconstruction fait appel à des lambeaux cutanés et aponévrotiques ainsi qu'à des implants cartilagineux prélevés sur le patient lui-même. L'oreille controlatérale étant le plus souvent saine et normoentendante, l'option fonctionnelle est en fait rarement prise. Dans le cas de problèmes fonctionnels majeurs, les bilans et en particulier l'imagerie pourront permettre d'évaluer la situation et de discuter la place de la chirurgie. ConClusion Les indications de la chirurgie de l'oreille moyenne sont nombreuses et variées. Leurs concepts techniques ont évolué. Certains principes de base restent vrais. Certains principes techniques ont été élaborés de longue date, d'autres bénéficient des progrès, sans cesse accrus, de la technologie biomédicale. Cette chirurgie est à présent réglée, mais reste toujours confrontée à de difficiles problèmes, en rapport avec la problématique de la gestion tubaire, dont on n'a toujours pas la clef, ainsi que celle des pathologies de terrain. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 9 Association Médicale Prothèses à anCrage osseux et iMPlants CoChléaires Soirée de l’AMNC du 2 avril 2013. Jean-François Hervé : Service ORL-Chirurgie Cervico-Faciale - Stomatologie - Unité d’Implant Cochléaire - CHT Gaston Bourret La surdité est un réel handicap aux retentissements sociaux et professionnels majeurs. En premier lieu la restauration de l’audition s’effectue par la reconstruction chirurgicale du système tympanoossiculaire puis par le port d’appareillage auditif conventionnel ou prothèse auditive. Si ces moyens s’avèrent insuffisants ou inaccessibles, des dispositifs, implantables chirurgicalement, peuvent être proposés. Prothèse à anCrage osseux La prothèse BAHA® (Bone Anchorage Hearing Aides) est basée sur le principe de l’ostéo-intégration. Les sons sont captés et amplifiés par un appareil auditif qui les transforme en vibrations. Ces vibrations sont transmises à un pilier métallique et à une vis intra-osseuse. Cette vis en titane de 5 mm de long est similaire à un implant dentaire et se pose chirurgicalement dans l’os temporal en arrière et au dessus du pavillon de l’oreille. La prothèse, de la taille d’un morceau de sucre, peut être dissimulée dans les cheveux. Les otites moyennes chroniques exsudatives échappant à tout traitement chirurgical ou les cavités d’évidemment pétromastoïdien sont une excellente indication. Le principal inconvénient provient de l’interface entre revêtement cutané et pilier qui provoque de fréquentes réactions inflammatoires, imposant des soins cutanés très stricts. Le système à ancrage osseux : BAHA® de Cochlear™ Ces désagréments semblent corrigés grâce à un système concurrent développé depuis quelques années appelé BoneBridge®. Cet appareil profite de la technologie de l’implant cochléaire. Un audio-processeur externe placé sur le cuir chevelu, en arrière de l’oreille, transmet les signaux sonores à une partie implantée dans l’os. Les 2 parties sont maintenues par attraction magnétique. Prothèse d’oreille Moyenne Dans certains cas de surdité mixte, il est possible de transmettre les sons directement aux osselets par une petite masselotte fixée le plus souvent sur le stapes (étrier) ou l’incus (enclume). Cet appareil appelé Vibrant Soundbridge® nécessite une intervention chirurgicale pour sa pose. Le Vibrant Soundbridge® de Medel™ iMPlant CoChléaire Avec l’implant cochléaire, la technologie médicale atteint les rêves les plus invraisemblables des séries télévisuelles de sciences fictions des années 70. Cet appareil électronique a pour but de remplacer les 3 parties de l’oreille, dont l’oreille interne, stimulant directement le nerf auditif par une série d’électrodes. Ces électrodes sont intégrées dans un porte-électrodes mesurant environ 0,8 mm de diamètre et placées dans l’organe noble qu’est la cochlée. Une partie externe dotée d’un microphone, semblable à une prothèse auditive de type contour d’oreille dépourvue d’embout intracanalaire, reçoit les sons et les transforme en informations numériques. Ces informations sont transmises par voie transcutanée à l’implant cochléaire constitué d’un processeur et d'électrodes, généralement au nombre de 22. Ces électrodes envoient des stimuli électriques au nerf auditif remplaçant ainsi les cellules ciliées. Le système Bonebridge® de Medel™ 10 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 L’indication de l'implant cochléaire est la surdité profonde ou cophose bilatérale au delà de toute ressource d’appareillage conventionnel. Association Médicale 12 implants cochléaires ont été posés en Nouvelle-Calédonie, au sein de l’Unité d’Implantation Cochléaire du CHT Gaston Bourret depuis 3 ans. Cette intervention chirurgicale se déroule sous anesthésie générale, dure environ 3 heures et nécessite une hospitalisation de 2 jours (sortie le lendemain de l’opération). L’appareil est activé 1 mois après la pose. Une vingtaine de patients porteurs d’implant cochléaire résident sur le territoire et peuvent bénéficier des soins de l’équipe pluridisciplinaire de l’unité. Implant électroacoustique de Medel™ Implant Cochléaire de Cochlear™ (partie implantée) Processeur de sons Implant Cochléaire de Cochlear™ (partie externe) 1 Processeur de sons 2 Antenne de l’implant 3 Porte électrodes dans la cochlée 4 Fibres nerveuses auditives iMPlant éleCtroaCoustiQue La solution électroacoustique combine une prothèse conventionnelle et un implant cochléaire. Sa principale indication est représentée par les presbyacousies sévères non appareillables par prothèse auditive conventionnelle. Il permet d’amplifier et de profiter d’un reliquat auditif sur les basses fréquences par un composant acoustique et de stimuler les fibres nerveuses distales de la cochlée responsables de la perception des hautes fréquences grâce à un implant cochléaire. iMPlant de tronC Cérébral Enfin, lorsque le nerf auditif n’est plus fonctionnel, comme dans les suites opératoires d’une intervention pour neurinome de l’acoustique, des équipes spécialisées proposent d’implanter des électrodes directement sur le tronc cérébral afin de restaurer une audition. Dans le domaine de la surdité, la médecine bénéficie des progrès fantastiques des recherches technologiques. Nous assisterons probablement à une miniaturisation extrême de ces dispositifs implantables qui permettent déjà ce qui semblait impossible dans les années 70. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 11 Association Médicale l’iMPlant CoChléaire Soirée de l’AMNC du 2 avril 2013. Docteur Véronique GREZARD - PH ORL- CHT Gaston Bourret Après une brève présentation de l’implant cochléaire (IC), nous détaillerons le bilan pré-implantatoire, le suivi post-IC et nous évoquerons l’expérience de l’Unité d’Implantation Cochléaire (UIC) du CHT. Presentation L’IC est une prothèse électrique implantable qui transforme les informations sonores (acoustiques) en micro-impulsions électriques. Il est composé de deux parties : - la partie externe amovible capte les sons grâce au microphone ; le processeur vocal réalise le codage des informations en impulsions électriques qui sont transmises, via l’antenne, au travers de la peau, jusqu’à la partie interne, - la partie interne implantée comporte un récepteur qui récupère le message et le transmet aux électrodes qui stimulent ainsi directement les premiers relais ganglionnaires. - une évaluation sociale : vérification de la prise en charge, de la reconnaissance de handicap, évaluation des conditions de vie (présence d’électricité par exemple)…, - une consultation en pédiatrie qui vérifiera en particulier les vaccinations anti haemophilus et anti pneumococcique (risque méningé), - une imagerie (TDM et IRM), - une vidéonystagmographie (chez les adultes) qui oriente le choix du côté à implanter, - une consultation avec le chirurgien ORL qui vérifiera qu’il n’y a pas de contre-indication anatomique et prendra en charge d’éventuelles otites séromuqueuses avant l’opération. L’information sera répétée ; des livrets explicatifs seront remis à la famille ; une rencontre avec un patient implanté sera organisée. suivi Post-iC L’activation, c’est-à-dire la mise en marche de la partie externe, a lieu environ un mois après la chirurgie. Le régleur définit alors un programme qui déterminera le codage du message sonore par le processeur. Ce programme doit être ensuite très régulièrement vérifié et adapté selon l’évolution du patient : c’est ce qui est réalisé durant les séances de réglages réunissant un régleur et une orthophoniste. La rééducation orthophonique doit être intensive chez l’enfant (au moins trois séances hebdomadaires) ; chez l’adulte, une séance par semaine suffit généralement. L’IC est indiqué : - dans les cas de surdité de perception congénitale profonde (et alors, si possible avant 2 ans), - pour les surdités sévères ou évolutives lorsque le score d’intelligibilité verbale est inférieur à 50% à 60 dB avec un appareillage conventionnel. bilan Pre-iMPlantatoire L’indication d’implantation ne peut être retenue qu’au terme d’un bilan très complet comportant : - une évaluation audiométrique complète sans et avec appareils afin de vérifier que les critères audiométriques sont bien respectés, - un bilan orthophonique qui évaluera en particulier les interactions parents/enfants, le (les) mode(s) de communication utilisé(s), les compétences langagières (entre autres : présence ou non des pré-requis à la communication pour les plus petits), les performances auditives ; chez les plus grands et les adultes, on testera aussi les compétences en lecture labiale, la qualité de la voix et de la parole, - une évaluation psychologique : observation de la relation avec l’entourage, attentes réalistes de la famille, absence de trouble psychologique « grave », 12 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Le suivi psychologique n’est pas systématique ; il se fera à la demande. resultats Nous n’entrerons pas ici dans les détails. Les résultats sont, bien évidemment, variables. Notons que certains adultes parviennent à téléphoner avec leur IC. Pour d’autres, l’intelligibilité verbale s’améliore grandement mais nécessite encore le soutien de la lecture labiale. Chez l’enfant sourd profond congénital, les résultats perceptifs sont en général rapidement évidents après quelques mois ; en revanche, l’évolution linguistique est plus variable. Le facteur prédictif essentiel d’une bonne évolution reste l’âge à l’implantation (< 2 ans voire 18 mois). l’uiC de nouMea L’UIC du CHT de Nouméa a ouvert en janvier 2010. Elle repose sur une équipe pluridisciplinaire dans le cadre d’un partenariat public/privé. Elle s’appuie sur une convention passée avec l’UIC du CHU Association Médicale Purpan de Toulouse. Les indications retenues par l’UIC nouméenne sont validées par l’équipe toulousaine ; par ailleurs, cette dernière assure la formation continue grâce à une très grande disponibilité et réactivité face à nos interrogations et grâce à des missions qui permettent la venue sur le Territoire du binôme de réglage et/ou du chirurgien. L’UIC de Nouméa participe au Registre National des IC (registre EPIIC). Salle de réglage, UIC Nouméa Onze patients ont été implantés depuis l’ouverture, six enfants et cinq adultes. Deux patients ont été implantés dans d’autres centres mais sont suivis ici. Au total, compte-tenu des onze « anciens « implantés dont l’UIC a repris le suivi, vingt-quatre personnes sont régulièrement reçues dans le service (seize enfants et huit adultes). En conclusion, signalons que l’évolution actuelle tend vers l’implantation bilatérale, de manière simultanée ou séquentielle. Elle permet une meilleure localisation spatiale et une meilleure intelligibilité verbale dans le bruit. AUDIOPROTHèSES, DES SOLUTIONS D'APPAREILLAGES Soirée de l’AMNC du 2 avril 2013 En 1977 le premier cabinet d’audioprothèse est ouvert à Nouméa. Initiateur des classes spécialisées pour enfants malentendants, des vacations en Province Nord et Province des îles, on y pratiquera dés 2004 les premiers bilans audiométriques des patients relevant de BAHA (prothèses à encrage osseux implantées au service ORL des docteurs P. Piller et JF Hervé). La nécessité d’appareiller par voie aérienne reste conditionnée par une gène sociale conversationnelle marquée et une perte auditive mesurée de 30%. Les aides auditives stéréophoniques permettent de retrouver tout ou partie de l’intelligibilité lors de conversation dans des ambiances bruyantes. Le port régulier de ses aides à raison d’un minimum de cinq heures par jour stabilise la surdité du malentendant en augmentant la compréhension. La technologie numérique permet une miniaturisation extrême du matériel prothétique et une correction personnalisée des plus performantes. Un équipement bilatéral correcteur de l’audition a un coût variant de 190.000 CFP et 440.000 CFP. Le remboursement par les organismes de couverture sociale est compris entre 25% et 100% du montant facturé. Le matériel proposé permet également une meilleure audition au téléphone, à la télévision et au cinéma. Le médecin généraliste qui reçoit un patient appareillé se plaignant d’un manque d’intelligibilité doit l’orienter vers son audioprothésiste pour un réglage qui sera gratuit. Le larsen des audioprothèses relève d’une prescription de nouveaux embouts auditifs. Dans le domaine de la prévention des surdités, des embouts sur empreintes donnent d’excellents résultats dans les nuisances sonores industrielles (PICB : protection individuelle contre le bruit) ou de quartier, la chasse, les musiques très amplifiées, les ronflements de conjoints et dans le cas de protections tympaniques ou du conduit auditif externe face aux risques induits par l’eau douce ou l’eau de mer. L’aide auditive conventionnelle est une solution efficace pour les patients atteints d’acouphènes associés à une perte auditive. Sans perte auditive les acouphéniques peuvent avoir recours à des Masqueurs d’acouphènes (petite prothèse génératrice de bruit blanc). Les avancées technologiques dans le domaine de la programmation et du numérique permettent à l’audioprothésiste de trouver des solutions d’appareillage de plus en plus efficaces et couvrant la majeure partie des surdités. Cette profession de plus en plus technique garde cependant une action très sociale en favorisant la communication afin de briser l’isolement aux conséquences parfois déplorables. J.PAUL BELHOMME Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 13 Association Médicale déPistage néonatal de la surdité au Cht de nouMéa. evaluation clinique de l’audition chez l’enfant. Soirée de l’AMNC du 2 avril 2013. Docteur Véronique GREZARD - PH ORL- CHT Gaston Bourret L’audition est indispensable à l’acquisition du langage oral de l’enfant. Le dépistage précoce de la surdité, en permettant la mise en place rapide d’une prise en charge adaptée, limite le retentissement péjoratif du déficit. déPistage néonatal de la surdité au Cht de nouMéa Par ailleurs, les très grands prématurés (<33 SA) bénéficient d’un suivi jusqu’à l’âge de 3 ans dans le cadre du protocole CALEPAGE. Les PEAP quant à eux correspondent à des potentiels de brève latence consécutifs au passage des ondes électriques le long du nerf auditif et jusqu’aux relais du tronc cérébral. Ils permettent : - de déterminer le seuil d’audition objectif, sur les fréquences aiguës uniquement, - d’apprécier la maturation des voies auditives chez le nourrisson, - le cas échéant, de contribuer au diagnostic topographique du déficit : atteinte de transmission ou de perception, endo ou rétrocochélaire. La prévalence de la surdité permanente néonatale est d’environ 1/1000 naissances. Dans la population à risque (grande prématurité, souffrance fœtale aiguë, fœtopathies, à CMV en particulier, ATCD familiaux de surdité…) elle passe à 1/100 des naissances. D’où l’intérêt certain du dépistage. Au CHT, un dépistage existe depuis mars 2006, dans la population des nouveau-nés à risque seulement. Je me rends en effet deux fois par semaine en néonatalogie pour réaliser des tests de dépistage par recherche des otoémissions acoustiques provoquées (OEAP). Cet examen consiste à stimuler l’oreille par l’intermédiaire d’une sonde placée dans le conduit auditif externe ; alors, les cellules ciliées externes se contractent générant ainsi une énergie vibratoire puis acoustique transmise de manière rétrograde et recueillie par un microphone dans le conduit auditif externe. La présence des OEAP indique un bon fonctionnement cochléaire ; leur absence ne permet pas de tirer de quelconques conclusions. Dans ce dernier cas, l’examen sera répété ; face à un nouvel échec, il sera complété par un enregistrement des potentiels évoqués auditifs précoces (PEAP). Notons que les OEAP n’explorent pas les voies auditives ni le cortex ; elles ne dépistent donc pas les surdités de perception dites « rétrocochléaires ». C’est pourquoi les enfants à haut risque de surdité rétrocochléaire, en particulier les cas de souffrance fœtale aiguë et embryo-foetopathies à CMV, bénéficient de PEAP systématiques. 14 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Leur réalisation est parfois laborieuse car l’enfant doit rester calme ; leur interprétation est rendue plus difficile en cas d’otites séro-muqueuses qui s’avèrent relativement fréquentes même chez le tout petit. evaluation CliniQue de l’audition Chez l’enFant L’évaluation clinique de l’audition reste primordiale, les examens objectifs venant la compléter. Même si l’examinateur sait quelle(s) technique(s) utiliser selon les tranches d’âge, il devra toujours s’adapter en fonction des capacités de l’enfant (stade de développement psychomoteur, acuité visuelle, capacités motrices, éventuel trouble de l’attention…) et de son comportement (enfant timide et « inhibé », enfant agité…). Il devra savoir aussi répéter les évaluations si nécessaire. Le moment de la journée est un paramètre important, surtout chez le tout-petit : s’il dort profondément, seules les réactions à forte intensité pourront être obtenues ; la période d’endormissement est en général propice à un bon examen. Que cherche-t-on à observer ? De la naissance à 3 mois, on observe, suite à diverses stimulations : - la présence ou non de certains réflexes (Moro, réflexe cochléopalpébral), - les modifications du rythme respiratoire, - les modifications de la succion nutritive ou non nutritive. À partir de 6 mois, on recherche le réflexe d’orientation investigation (ROI). Association Médicale Pour la stimulation, divers « outils » sont utilisés : le babymètre, les jouets sonores, les boîtes de Moatti, le xylophone… COMMUNIQUÉ L’ASAMAD* dispose d’un nouveau service SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) depuis le 16 Octobre 2012 (inscrit au COSS du 07 Juin 2011). Le SSIAD s’inscrit dans l’offre globale de soins proposée par l’ASAMAD sur Nouméa et Grand Nouméa (Commune de Paita, Dumbéa, Mont Dore et Nouméa). Nos Objectifs Babymètre, boîtes de Moatti, jouets sonores, xylophone Dès que possible, on réalisera une audiométrie conditionnée. Elle permet d’obtenir une courbe audiométrique, complète ou non selon les conditions d’examen, en champ libre (audition globale) et/ou en conduction osseuse (au vibrateur) et/ou en conduction aérienne (au casque). Deux techniques sont utilisées selon l’âge et les capacités de l’enfant : - la recherche du reflexe d’orientation conditionné ou roC : réalisable une fois que le ROI est acquis. L’enfant est conditionné à se tourner vers une récompense (dessin animé, image fixe, train qui tourne, guignol dans une boîte qui s’allume…) chaque fois qu’il entend le stimulus sonore. - le conditionnement volontaire : théoriquement possible dès l’âge de trois ans ; en pratique, c’est variable. Ici, l’enfant est conditionné à déclencher lui-même le dessin animé (qui défile durant un temps très court) chaque fois qu’il entend le stimulus. L’examinateur contrôle en fait la mise en marche grâce à une pédale. On peut aussi utiliser d’autres matériels de conditionnement : boulier, encastrements divers. Enfin, l’examen est complété dans la mesure du possible par une audiométrie vocale. Lorsque l’enfant est capable de répéter, on réalise une audiométrie vocale « classique » en utilisant des listes de mots pré-établies. Pour le plus petit, on pratique un test de désignation d’images en faisant varier l’intensité de la voix (après avoir vérifié que les mots utilisés sont bien connus de l’enfant). en ConClusion, notons que les tests objectifs électrophysiologiques constituent un soutien considérable au diagnostic de surdité, en particulier chez le jeune enfant, cependant ils ne peuvent se substituer à l’évaluation clinique. Dans les cas difficiles, le diagnostic de déficit auditif s’appuie sur un faisceau d’arguments. - Améliorer la prise en charge globale de la personne âgée et /ou handicapée à domicile. - De prévenir ou différer l’entrée à l’hôpital ou dans un établissement d’hébergement. - De raccourcir, lorsque cela est possible, la durée des séjours hospitaliers. - D’optimiser l’offre gérontologique sur Nouméa et Grand Nouméa. Pour Bénéficier du SSIAD - Etre assuré CAFAT pris en charge 100%. - Ou être ressortissant de l’aide médicale Sud titulaire d’une carte A ou ALM. - Etre en principe bénéficiaire des services de l’ASAMAD (service prestataire ou mandataire). Les Actes pratiqués Les soins de « nursing » prescrits par le médecin traitant ou hospitalier, recouvrent les soins d’hygiène et de confort ainsi que les soins techniques (AMI) injections, pansements, changement de sonde, préparation des médicaments, surveillance des constantes, bilans sanguins etc... Un forfait complémentaire couvrant en fonction des besoins, les perfusions ainsi que les pansements lourds et complexes. Les Modalités de prise en charge Pour obtenir l’accord préalable du contrôle médical de la CAFAT, il faut lui fournir une prescription de « nursing » accompagnée du bilan pour soins infirmiers à domicile dûment rempli recto verso par le médecin traitant ou hospitalier. Dès la réception de cet accord, les régimes de protection sociale assurent le financement des soins dispensés sous forme de forfait mensuel proratisé. L’équipe est composée d’un infirmier coordinateur, d’infirmières et aides-soignantes, d’un service administratif. Le SSIAD fonctionne 7 jours sur 7, y compris les jours fériés. Pour tout renseignement : appelez le SSIAD au 77.12.97 ou 72.24.26, adresse mail : [email protected]. *ASAMAD : Association pour le Service d'Aide au Maintien à Domicile Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 15 Association Médicale Prise en Charge de l’obésité la filière calédonienne Soirée de l’AMNC du 30 avril 2013. Dr Dominique MÉGRAOUA : Pilote du programme diabète - Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie [email protected] - www.ass.nc Le surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé (définition OMS). L'obésité n’a été reconnue comme une maladie qu’en 1997 par l’OMS. deux aPProChes : - L’approche quantitative cherche à mesurer l’excès de masse grasse par le calcul de l’indice de masse corporel (IMC), rapport du poids (en Kg) à la taille (en m) au carré. Chez l’adulte, le surpoids est défini par un IMC > 25, l’obésité par un IMC > 30 (normes OMS). - L’approche qualitative s’intéresse à la répartition du tissu adipeux chez l’adulte grâce à la mesure du périmètre abdominal à l’aide d’un mètre ruban. Il existe deux formes d’obésité fonction de la répartition de la masse grasse. L’obésité est dite androïde (ou abdominale), hypertrophique (taille des cellules augmentée, nombre normal) si elle se fait au niveau de la ceinture. L’obésité est dite gynoïde, hyperplasique (nombre de cellules augmenté, taille normale) si elle se fait au niveau des fesses et des hanches. L’obésité abdominale est une accumulation de graisse en excès au niveau de la ceinture abdominale, définie par un tour de taille > 88 cm pour la femme et > 102 cm pour l’homme. Chez l’enfant, la surcharge pondérale est définie par un IMC ≥ 97° percentile de la distribution pour la classe d’âge (RollandCachera). Au-dessus, une courbe en pointillés délimite le surpoids de l’obésité. La courbe de corpulence est différente chez le garçon et la fille. Elle n’est pas linéaire. L’IMC augmente de 0 à 1 an, diminue de 1 à 6 ans. À 6 ans il y a un rebond d’adiposité. L’IMC augmente Le ratio tour de taille sur taille est un nouvel indice encore plus prédictif du risque cardio-métabolique que le tour de taille. La normale est inférieure à 0,5. Il devrait devenir le standard international. Le message grand public : « Maintenir un tour de taille inférieur à la moitié de sa taille ». ensuite de 6 ans à la fin de la puberté. Pour les enquêtes en population, les courbes de croissances IOTF établies par l’OMS sont utilisées. 16 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 éPidéMiologie en nouvelle Calédonie : - Chez l’adulte les données du Baromètre Santé conduit par l’Agence sanitaire et sociale en 2010 montrent que 54,9% de la population est en surpoids, incluant 27,6% d’obésité. Association Médicale Il existe de grandes variations selon les communautés d’appartenance déclarées. Pays (2005) Obésité États-Unis 30,6% Nouvelle Calédonie 2010 27,60% Mexique 24,2% Royaume-Uni République Slovaque 22,4% Grèce 21,9% Australie 21,7% Nouvelle-Zélande 20,9% Canada 14,9% France 9,4% Pays American Samoa Distribution du surpoids (et de l’obésité) en fonction de la communauté d’appartenance déclarée. Distribution du surpoids (et de l’obésité) en fonction de l’âge. 23% Année 2004 Obésité % H F Total 69.3 80.2 74.6 Cook Islands 2003 57.4 65.7 61.4 Fiji 2002 20.6 37.1 29.6 Kiribati 2006 41.7 58.9 50.6 Marshall Islands 2002 37.9 52.2 - Nauru 2004 72.3 77.2 - Nouvelle Calédonie 2010 24.8 30.4 27.6 PNG 2007 5.1 8.7 6.8 Polynésie Française 2010 - - 40.0 Samoa 2002 45.4 66.3 54.8 Solomon Islands 2006 25.8 40.4 32.8 Tokelau 2005 71.0 77.5 74.7 Tonga 2004 61.3 76.8 69.1 Wallis et Futuna 2009 57.4 73.9 66.1 L’obésité abdominale concerne 52,2% des femmes et 40,2% des hommes. Comparaisons internationales : Pays (2005) Surpoids États-Unis 65,7% Mexique 62,3% Royaume-Uni 62% Australie 58,4% République Slovaque 57,6% Grèce 57,1% Nouvelle-Zélande 56,2% Nouvelle Calédonie 2010 54,90% Canada 47,4% France 37,5% Distribution de l’obésité abdominale (en rouge) en fonction de la communauté d’appartenance déclarée. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 17 Association Médicale Ratio tour de taille/taille Distribution de l’obésité abdominale (en rouge) en fonction de l’âge. - Chez l’enfant, les données de l’Enquête d’évaluation de la santé orale conduit par l’Agence sanitaire et sociale en 2012 montrent qu’à 6 ans 32,18% des enfants sont en situation de surpoids incluant 11,37% d’enfants obèses, à 9 ans 40,49% des enfants sont en surpoids incluant 16,95% d’enfants qui sont obèses, à 12 ans 42,08% des enfants sont en surpoids dont 20,17% d’enfants obèses. Filles etat staturo-pondéral Garçons N % Groupe 6 ans 346 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 249 97 Groupe 9 ans 370 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 211 97 Groupe 12 ans 594 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 342 64 71,97 28,03 57,03 28,03 56,44 43,56 N Total % N % 375 721 240 64 135 36 489 232 403 773 249 61,79 135 36 460 59,51 232 32,18 606 1200 353 59,43 241 40,57 695 505 Test chi2 P=0,02 67,82 32,18 ns ns 57,92 42,08 Filles N % Garçons Total N N % 373 % Groupe 6 ans 343 716 Ratio tour de taille/taille Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 247 72,01 259 69,44 506 70,67 96 27,99 114 30,56 210 29,33 Groupe 9 ans 394 Ratio tour de taille/taille Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 239 66,02 298 75,63 537 71,03 123 33,98 96 24,37 219 28,97 Groupe 12 ans 606 Ratio tour de taille/taille Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 393 64,85 395 66,5 213 35,15 199 33,5 362 ns 756 594 Test chi2 P=0,005 1200 ns 788 65,67 412 34,33 Ratio tour de taille sur taille en fonction du sexe A 9 ans, les filles ont significativement plus souvent un ratio tour de taille sur taille supérieur à la norme que les garçons. Province Iles Ratio tour de taille/taille N Nord % N Sud % 137 N 523 Total NC % N % Groupe 6 ans 75 Ratio tour de taille/taille 56 74,67 98 71,53 365 69,79 519 70,61 Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 19 25,33 39 28,47 158 30,21 216 29,39 Groupe 9 ans 80 Ratio tour de taille/taille 60 75 121 72,46 356 69,94 537 71,03 Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 20 25 46 27,54 153 30,06 219 28,97 248 841 167 509 735 756 Groupe 12 ans 111 Ratio tour de taille/taille 82 73,87 179 72,18 527 62,66 788 65,67 1200 Ratio tour de taille/taille supérieur à la norme 29 26,13 69 27,82 Test chi2 ns ns P=0,003 314 37,34 412 34,33 Distribution de la surcharge pondérale en fonction du sexe Ratio tour de taille sur taille en fonction de la Province La prévalence de la surcharge pondérale augmente fortement entre 6 et 9 ans et augmente moins entre 9 et 12 ans. étiologies : L’origine de l’obésité est endogène dans moins de 5% des cas (syndromes endocriniens, génétiques) avec ralentissement de la croissance, et exogène dans plus de 95% des cas avec accélération de la croissance. Province Iles etat staturo-pondéral N Groupe 6 ans 61 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 45 16 Groupe 9 ans 65 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 47 18 Groupe 12 ans 111 Normo-pondéré Surpoids ou obèse 83 28 Nord % N 134 73,77 26,23 % N Total NC % 526 N % 721 Test chi2 P=0,05 101 75,73 343 65,21 489 67,82 33 24,23 183 34,79 232 32,18 167 72,31 27,69 Sud 541 773 105 62,87 308 56,93 62 37,13 233 43,07 460 59,51 232 32,18 248 1200 841 P=0,03 P<0,0001 74,77 151 60,89 461 54,82 695 57,92 25,23 97 39,11 380 45,18 505 42,08 Distribution de la surcharge pondérale en fonction de la Province La prévalence de la surcharge pondérale est statistiquement plus élevée en Province Sud par rapport aux autres Provinces dans les trois groupes de l’échantillon. 18 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Dans les grandes lignes, la cause fondamentale de l’obésité et du surpoids est un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. Au-delà, le stockage des graisses s’effectue via une régulation simultanée non seulement de la lipolyse mais aussi de la thermogenèse et du métabolisme oxydatif. Dans le détail, des facteurs contrôlent le stockage, la mobilisation et l’utilisation de l’énergie en excès dans les adipocytes. Le contrôle transcriptionnel des voies métaboliques de l’énergie cellulaire chez les mammifères est obtenu par l’action coordonnée de nombreux facteurs de transcription et de co-régulateurs qui lui sont associés, intégrant les signaux d’origine alimentaire, métabolique et endocrinienne afin de contrôler l’expression des gènes cibles. La chimie du cerveau peut changer très vite. Normalement notre corps est préparé à dire stop quand nous avons assez mangé. Association Médicale Mais il n’en est pas toujours ainsi lorsque nous mangeons quelque chose de « bon ». Lorsque nous mangeons les graisses saturées de la malbouffe, notre cerveau est bombardé par les acides gras, et nous devenons résistants à la leptine qui contrôle l’appétit : notre cerveau ne vous dit pas d'arrêter de manger. Ce mécanisme se déclenche dans le cerveau, bien avant qu'il y ait des signes d’obésité. Un cercle vicieux de surconsommation alimentaire est ainsi créé… Un processus de déstockage des graisses (lipolyse) existe, mais il est de moins en moins stimulé chez les sédentaires. Pour qu’il conserve toute son efficacité, il faut pratiquer une activité physique régulière (quotidienne) : les graisses stockées sont ainsi brûlées par le muscle. La prédisposition génétique : de multiples gènes hétérogènes sont impliqués. Seuls certains s’expriment en interaction avec un environnement permissif « adipogénique ». Si les 2 parents sont obèses, le risque pour l’enfant d’être obèse est de 75%. Si 1 parent est obèse, il est de 45 à 50%. Si aucun parent n’est obèse, il tombe à moins de 10%. Un tiers des adultes obèses l’étaient déjà dans l’enfance. Un enfant obèse avant la puberté a entre 20 et 50% de risque de le rester. Après la puberté, le risque s’élève à 50 voire 80%. Le mode de vie influe sur les facteurs génétiques. Une hypothèse est que le corps a été habitué depuis des millénaires à devoir faire face au manque. La sélection naturelle aurait alors favorisé des personnes capables de stocker en période d'abondance pour faire face aux périodes de disette. Ces personnes seraient donc les moins adaptées à une abondance régulière. Le cercle vicieux de l’épigénétique : au cours du développement, vient s'ajouter à l'héritage génétique inscrit dans les gènes, une programmation par des processus épigénétiques, elle-même sous l'influence d'une multitude de facteurs environnementaux. À commencer par l'environnement intra-utérin. Certaines influences de l'environnement subies par les générations antérieures sont véhiculées grâce à des marques épigénétiques (méthylations de l’ADN) non effacées d'une génération à l'autre et responsables d'effets transgénérationnels. Alors qu'une souris rendue obèse par un régime riche en énergie perd facilement et rapidement son excès de poids sous régime normal, l'homme devenu obèse semble beaucoup plus réfractaire, comme si certains gènes étaient définitivement "verrouillés" ou comme si des tissus clés avaient subi des détériorations irréversibles. Le traitement de l'obésité installée devra s'attaquer aussi au déverrouillage. D'intenses efforts de recherche sont en cours pour comprendre la complexité de ces interactions entre l'épigénétique, la génétique et l'environnement pour évaluer leur réversibilité potentielle. Les facteurs épigénétiques expliquent le phénomène d’anticipation : apparition plus précoce et plus sévère de l’obésité avec les générations. Du fait de l'importance et de l'augmentation de la proportion de femmes en surpoids pendant la grossesse, il devient urgent de s'intéresser autant à ces fœtus qu'aux foetus de petit poids ou de mères diabétiques. Améliorer l'environnement auquel le fœtus est exposé au cours de son développement devient aussi important que tout autre effort de santé publique visant à l'amélioration de la santé en général. Quelques principes de physiologie de l’alimentation : les protéines donnent le sentiment de satiété. Les lipides donnent la saveur et le bon goût aux aliments (palatabilité). Les glucides ou sucres « appellent les sucres », en stimulant le pancréas, déclenchant la sécrétion d’insuline, faisant baisser secondairement le taux de glycémie et créant la sensation de faim. Les « régimes » : toutes les diètes font grossir, on ne peut pas se mettre en régime de famine et tromper l’organisme, il s’adapte… et c’est l’effet yo-yo ! Les facteurs de risque de gain pondéral à l’âge scolaire : - L’inactivité physique est probablement un des facteurs de risque les plus importants chez l’enfant (mode de vie sédentaire). Il existe une forte corrélation entre obésité et temps passé à regarder la TV, jouer à l’ordinateur et aux jeux vidéo. - La consommation alimentaire a subi une augmentation des apports énergétiques totaux, avec une faible diminution de la consommation de graisses et de produits laitiers, et une très forte augmentation de la consommation de boissons sucrées. - Les facteurs environnementaux familiaux : • Facteurs socio-économiques montrant une relation inverse entre niveau socio-économique et obésité (enfants de mère obèse et revenus faibles ; enfants de mère célibataire ; enfants de parents sans emploi). • Statut pondéral des parents : l’obésité maternelle est le facteur le plus prédictif. Elle est associée à une levée de toute inhibition vis-à-vis de l’alimentation, de l’inquiétude relative au poids, de l’inquiétude relative à la santé. Elle est corrélée avec le temps de la mère passé devant la TV (sédentarité de l’environnement). • Mode d’alimentation : chez le jeune adulte une augmentation de 75% de la taille du plat principal conduit à une augmentation de consommation de 53%. • Structure et rôle de la famille. Physiopathologie : Tout commence in utero. Un surpoids de la mère affecte déjà le métabolisme du fœtus et de l’embryon, en annonçant des troubles du métabolisme pour l’enfant et le futur adulte. Un IMC élevé de la maman avant la grossesse prédispose statistiquement à des bébés plus gros, et dont le foie est plus riche en graisse, ainsi qu'à un risque augmenté de troubles du métabolisme. De faibles apports en graisse dans l’alimentation ont un rôle prépondérant dans la survenue de l’obésité. Les apports lipidiques doivent être d’au moins 50% des apports quotidiens jusqu’à 6 mois et décroître progressivement à 35% à l’âge de 2 ans selon les recommandations officielles. Le lait maternel contient environ 55% de lipides. En effet, au cours de cette période précoce, l’organisme s’adapte pour prévoir l’environnement à venir. En cas de régime pauvre en lipides, le métabolisme va se programmer pour faire face aux déficits et ne sera pas préparé à faire face à des apports élevés en lipides ultérieurement. A 2 ans, un excès de protéines dans l’alimentation a un rôle également prépondérant dans la survenue de l’obésité. Les dérèglements du sommeil causent plusieurs modifications neuroendocriniennes obésogènes causant la surconsommation des aliments. Une durée inférieure à 6 heures de sommeil est reconnue comme étant à risque de prise de poids. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 19 Association Médicale Les hormones sont des éléments majeurs de la régulation de la prise alimentaire. L’insuline et la ghréline interviennent en stimulant l'appétit. La leptine, chef d’orchestre, agit sur le contrôle de l’appétit et de la dépense énergétique. Le tissu adipeux est un organe à part entière qui sécrète quantité de facteurs et d’hormones conduisant à inflammation, athérosclérose, thrombose, dyslipidémie athérogène, hypertension artérielle et diabète. L’obésité abdominale est le facteur de risque aggravant le plus puissant de survenue d’un infarctus du myocarde (part attribuable du risque de 63,4% - étude Interheart). dépistage : - Chez l’enfant, il est important de calculer l’IMC (établi à partir de mesures simples -poids, taille- recueillies en pratique courante) à l’aide d’une roulette spécifique pour construire les courbes de corpulence (Rolland-Cachera) dans les carnets de santé, et repérer le rebond d’adiposité (plus il est précoce, plus le risque de devenir obèse est élevé), un éventuel changement de couloir vers le haut. Entre 5 et 8 ans, les enfants ayant une corpulence normale paraissent plutôt minces, ce qui rend difficile de repérer un surpoids. - Chez l’adulte, il s’agit de peser régulièrement les patients, de calculer l’IMC et de mesurer le périmètre abdominal. traitement : - Objectifs : stabilisation du poids chez l’enfant ou en cas de surpoids simple de l’adulte ; stabilisation puis perte de poids en cas d’obésité de l’adulte. - Principes de base : déculpabiliser le patient, donner des objectifs précis, rappeler souvent les règles hygiénodiététiques, responsabiliser sans inquiéter, accepter de revenir en arrière, impliquer l’entourage, encourager les actions d’accompagnement. - Bénéfices de la perte de poids : la mortalité baisse surtout si présence d’une comorbidité (diabète, maladie cardiovasculaire) ; la morbidité (tension artérielle, glycémie, triglycérides) recule avec une baisse de 10% du poids ; la prévention des complications passe par le maintien de la perte de poids à long terme. - Moyens : l’éducation thérapeutique est la pierre angulaire avec alimentation équilibrée, activité physique régulière et soutien psychologique. En cas de besoin, médicaments ou chirurgie. - Chez l’adulte, le conseil bref peut provoquer un changement chez le patient qui y est prêt. Il s’agit d’évaluer, d’informer et de conseiller, de se mettre d’accord, d’aider, d’organiser. - Chez l’enfant, la prise en charge doit être pluridisciplinaire globale et concertée conjuguant les compétences de chacun, incluant une éducation thérapeutique spécifique, prenant en compte l’enfant et sa famille. Il s’agit de travailler sur les changements à apporter. On part concrètement des distorsions alimentaires et des habitudes de vie de la famille, pour donner des conseils pratiques et réalistes. - En cas de blocage, il est intéressant d’analyser les obstacles aux changements (temps, argent, trajet,…). - Soutien psychologique : pour aider le sujet à modifier éventuellement les conduites notamment alimentaires inappropriées. Mais surtout lorsque les difficultés psychologiques sont au premier plan. Une prise en charge type réseau en 3 niveaux : . Premier recours pour les situations simples et la coordination : médecin généraliste, pédiatre, PMI . Second recours à améliorer avec pour intervenants : diététiciennes (libérales et ASSNC), éducateurs sportifs, psychologues, assistantes sociales, infirmières scolaires . Troisième recours : les équipes des médecins spécialistes nutrition/endocrinologie (CHT ou libéraux), du centre médical spécialisé du CHT (Col de la Pirogue), de centres chirurgicaux bariatriques des Cliniques (BDC et Magnin). - Un projet pilote associant Syndicat des médecins libéraux / CAFAT / Centre d’Education Diabétique et Diététique (ASS NC) devrait voir le jour d’ici la fin 2013. - Remarques : de la même manière que les personnes en surpoids sont stigmatisées dans de nombreuses situations professionnelles ou personnelles, les patients ont plus de dédain pour les médecins en surpoids ou obèses, qu’ils 20 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Association Médicale estiment moins crédibles et dont ils ont moins de chances de suivre les conseils, selon une équipe de chercheurs de l’université de Yale, aux Etats-Unis. Mais aussi, les médecins se montrent moins amicaux et font preuve de moins d'empathie envers les patients obèses, et le manque d'empathie peut affecter l'efficacité du traitement, selon des chercheurs de l’université John Hopkins à Baltimore. Prévention : C’est certainement le pan le plus important de la stratégie ! - Individuelle : Limiter l’apport énergétique provenant de la consommation de graisses totales. Consommer davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de céréales complètes et de noix. Limiter sa consommation de sucre. Avoir une activité physique régulière. Limiter le stress. Privilégier le sommeil. Préparation à la grossesse, prise en charge des femmes enceintes en excès de poids et accompagnement de la femme après la naissance. - Collective : Les pratiques alimentaires ne sont pas la somme de choix individuels. Elles s'inscrivent dans un réseau de contraintes matérielles (prix, temps, travail) et dans un tissu de représentations et de fonctions sociales et symboliques (valeur de la faim/de la voiture, image de soi en NC). Les personnes ne peuvent prendre efficacement des précautions que s’ils ont les moyens d’avoir un mode de vie sain. Au niveau de la société, il est donc important d’aider les individus à suivre les recommandations moyennant un engagement politique durable et la collaboration de nombreux acteurs publics et privés, de donner à tous, notamment aux plus pauvres, un accès facile et abordable aux moyens de pratiquer une activité physique régulière et d’avoir un régime alimentaire sain. Il faudrait « repenser » la ville. L’industrie agro-alimentaire peut jouer un rôle important de promotion des régimes alimentaires sains en réduisant la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés, en proposant à tous les consommateurs des produits sains et nutritifs à un prix abordable, en pratiquant un marketing responsable, en proposant des aliments sains et en favorisant la pratique d’exercice physique sur le lieu de travail. en conclusion : Le surpoids et l’obésité représentent un problème de santé publique majeur en Nouvelle-Calédonie en 2013. L’accroissement des pathologies liées à l'obésité risque de faire peser un fardeau sans précédent sur le système de santé dans les décennies à venir. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 21 Association Médicale le suiCide en nouvelle-Calédonie Soirée AMNC du 05/03/2012 - Dr Benjamin Goodfellow*; Dr Jean-Yves Charlot** *psychiatre au CHS AB, Nouméa, NC, coordinateur du projet d'enquête OMS START Nouvelle-Calédonie. - **psychiatre au Centre Hospitalier Spécialisé Albert Bousquet, responsable de l’Unité d’Accueil et d’Orientation des Urgences Psychiatriques, Nouméa, Nouvelle-Calédonie Concernant le suicide et les tentatives de suicide en Nouvelle-Calédonie les auteurs se proposent de dresser un bref état des lieux puis de présenter un projet d’enquête épidémiologique sur le suicide. 30 suicides et 300 tentatives de suicides sont dénombrés par la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales et par le Centre Hospitalier Territorial de Nouméa respectivement chaque année. Les profils des personnes qui se suicident et des personnes qui tentent de se suicider sont très différents. Les tentatives de suicide se produisent chez un profil de personne proche de ce qui se trouve en France métropolitaine. Les suicides se produisent le plus fréquemment chez des hommes jeunes ce qui contraste avec la France où le suicide est une fonction de l’âge. Ce profil particulier pourrait correspondre à ce qui se retrouve ailleurs dans le pacifique. L’Organisation Mondiale de la Santé, Bureau du Pacifique Occidental fédère depuis 2005 de nombreux pays de la zone pacifique autour d’une enquête épidémiologique, l’enquête START (Suicide Trends in At Risk Territories, Tendances du suicide dans les pays à risque). Il s’agit d’une enquête épidémiologique prospective et d’intervention portant sur les suicides et les tentatives de suicides. Les auteurs argumentent sa mise en œuvre en Nouvelle-Calédonie. Entre fait social et passage à l’acte aux déterminants psychopathologiques le suicide est un fait qui marque tout groupe humain dans lequel il se produit. Il marque parce que le décès d’une personne ne passe jamais inaperçu mais également parce qu’il bouscule la morale de ce groupe. On peut même penser que c’est le cas dans toutes les cultures du monde. Le suicide provoque des remises en questions sociales et morales à chaque fois qu’il se produit. C’est le cas en Nouvelle-Calédonie qui a vu récemment l’émergence du suicide comme question de société. Cette question est apparue face à une recrudescence de cas dans des proportions proches de l’épidémie. Nous vous proposons dans le texte qui suit d’envisager un état des lieux sur ce qui est connu du suicide en Nouvelle-Calédonie, puis nous vous exposerons un projet d’étude qui pourra jeter quelque lumière sur les zones d’ombre qui sont nombreuses encore aujourd’hui dans ce pays en ce qui concerne le suicide. les Constats Le suicide en Nouvelle Calédonie représentait 30 décès par an jusqu’en 2011 (en 2010, 45 suicides dénombrés), soit 13,6 suicides aboutis par 100 000 habitants par an [1]. Ce chiffre est comparable à celui de la France métropolitaine (15.9/100 000 en 2010) [1] qui est le 3e pays d’Europe à être le plus concerné, l’Europe ayant l’un des plus fort taux de suicides par habitant dans le monde [2]. Le chiffre calédonien est probablement sous-estimé du fait d’une sous déclaration des cas. Il augmente d’année en année et concerne surtout les hommes jeunes. On dénombre au Centre Hospitalier Territorial (CHT) 300 tentatives de suicides par an ce qui concentre la majorité des tentatives de suicide en Nouvelle-Calédonie, qui pourrait totaliser jusqu’à 400 tentatives par an. Il y a depuis quelques années en Nouvelle-Calédonie une préoccupation sociale et politique autour du suicide, ainsi que de la part des professionnels de la psychiatrie et notamment le Dr Jean-Yves Charlot et son équipe qui ont mis en place un recueil standardisé des données médicales de base au CHT pour les tentatives de suicide depuis 2010. Les données d’âge et de sexe sont exposées dans la figure 1. 22 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Figure 1 : Répartition du nombre de suicidants selon le sexe et la tranche d'âge entre février 2010 et février 2012, chez 522 patients en Nouvelle-Calédonie Le premier élément frappant est que la population concernée par les suicides et celle concernée par les tentatives de suicide n’est pas la même. Le profil de personnes qui tentent de se suicider et qui sont prises en charge au CHT est proche de ce qui se trouve dans les pays occidentalisés, et de la France métropolitaine [3]. Il s’agit le plus souvent de jeunes femmes souvent d’origine calédonienne. Le moyen le plus utilisé est l’intoxication médicamenteuse volontaire. Dans 41% des cas il s’agit de récidives et dans un cas sur deux des antécédents psychiatriques sont retrouvés [4]. L’enquête Santé mentale en population générale : images et réalités (SMPG) [5] réalisée en 2006-2008 en Nouvelle-Calédonie révélait que 11,9% des personnes interrogées sur Nouméa et le Grand Nouméa avait fait une tentative de suicide au cours de leur vie et 4,2% en « brousse et îles ». En Australie en 2007 [6] 3,2% des personnes de 16 à 85 ans avait fait une tentative de suicide au cours de leur vie. En Nouvelle-Zélande [7] 4,5% des personnes de 16 ans et plus avaient tenté de mettre fin à leurs jours au cours de leur vie. Il faut noter que l’enquête SMPG interrogeait les personnes au dessus de 18 ans et qu’entre 16 et 18 ans l’incidence des tentatives de suicide est élevée. Nos chiffres seraient donc sous évalués par rapport à ceux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Association Médicale Le profil des personnes qui aboutissent dans leur suicide est par contre très différent de ce qui se retrouve dans les pays occidentalisés et en France métropolitaine où l’âge est un facteur déterminant : les personnes âgées de sexe masculin se suicident plus. Comme le montre la figure 2 en Nouvelle-Calédonie ce sont des hommes jeunes, voire très jeunes puisque dans certains cas il s’agit de mineurs. Le moyen le plus utilisé est de loin la pendaison (50% des cas) suivi de l'arme à feu. suicide de type anomique tel que décrit par Durkheim [9]. Les auteurs rapportent en effet une perte de l’adhésion aux valeurs culturelles traditionnelles et normatives des jeunes générations assorties d’une perte d’espoir rendue aigue à cette époque par la diminution des opportunités d’évolution sociale du fait de facteurs économiques et politiques aux îles Samoa Occidentales pendant les années 1970-80. Un phénomène du même ordre a été décrit en Micronésie [10]. Un autre argument en faveur de l’hypothèse de l’homme jeune vivant en milieu rural est donné par l’enquête Santé mentale en population générale : images et réalités (SMPG) [5]. D’après cette enquête le risque suicidaire est fortement associé (p<0,001) à la classe d’âge 18-29 ans en « Brousse et Iles », beaucoup plus qu’à Nouméa et Grand Nouméa ou il est associé aussi mais à un degré statistique moindre. La majorité des cas se retrouvent en Province Sud où la population se concentre, mais lorsqu’on rapporte ces chiffres à la population des provinces les taux sont très inégaux [1]: En Nouvelle-Calédonie les quelques cas de suicides dans lesquels nous avons pu recueillir des informations chez l’entourage révèlent l’absence d’antécédents psychiatriques et des parcours sociaux sans ruptures. Les signes avant-coureurs lorsqu’ils existaient étaient très tardifs et non repérés par l’entourage. Ces quelques cas soulèvent ainsi des questions délicates quant à la possibilité de repérage et de prévention du suicide dans les populations à risque. Il est évident que les informations à notre disposition sont fragmentaires. Un travail d’autopsie psychologique systématique dans les cas de suicides permettrait d’apporter des éléments de réponse. • Province Nord : 19.9 / 100 000 hab. de 2006 à 2010, et 6.5 / 100 000 hab. en 2011, • Province Iles Loyauté : 19.5 / 100 000 hab. de 2006 à 2010 et 11.4 / 100 000 hab. en 2011, • Province Sud 14.2 / 100 000 hab. de 2006 à 2010 et 15.4 / 100 000 hab. en 2011. L’autopsie psychologique permet en effet de recueillir auprès de certaines personnes de l’entourage familial et soignant les données socio démographiques et culturelles ainsi qu’une analyse diagnostique psychiatrique de la personne décédée. Cette analyse diagnostique repose sur un questionnaire diagnostique structuré adapté pour être renseigné auprès d’un tiers. Les chiffres des Provinces Nord et Iles Loyauté sont très variables d’une année sur l’autre. En effet il suffit d’un nombre faible de suicides pour faire varier ce taux dans des proportions importantes dans ces provinces de faible démographie. Malgré tout les tendances relevées font suspecter des taux anormalement élevés. Le taux dans la Province Sud, la plus peuplée, est modérément élevé mais pourrait cacher des disparités. Ainsi certaines sous populations pourraient être particulièrement touchées et définir un profil socio démographique du suicidé. L’hypothèse du jeune homme vivant en milieu rural est considérée avec attention du fait des taux élevés en Provinces Nord et Iles. Malheureusement les données à notre disposition ne nous permettent pas de la retenir pour l’instant. Il faudrait en effet pour cela un relevé plus approfondi des caractéristiques socio démographiques des personnes qui se suicident. La part des facteurs sociodémographiques et psychopathologiques reste donc à établir en Nouvelle-Calédonie. Durkheim [9] insistait sur le fait que la « vésanie » (maladie mentale) ne pouvait rendre compte de la masse des suicides en Europe au XIXe siècle. A ce jour il semble que la question soit encore l’objet de querelles de spécialistes, d’autant que les frontières entre le normal et le pathologique en matière de santé mentale sont en mouvement. Il est reconnu que la présence d’une pathologie mentale augmente considérablement le risque suicidaire, mais est-ce que la maladie mentale pourvoie pour autant une part élevée du total des suicides ? Sans prétendre apporter une réponse définitive à cette question pour la Nouvelle-Calédonie il est clair qu’une étude épidémiologique prospective sur le suicide apporterait des réponses décisives pour la compréhension du phénomène et pour sa prévention. Figure 2 : Répartition du nombre de décès par suicide selon le sexe et la tranche d’âge en 2010. Source : DASS. Situation sanitaire en Nouvelle Calédonie 2010. Cette hypothèse est considérée car elle correspond à une réalité dans certains pays du pacifique insulaire. Les îles Samoa Occidentales ont connu dans les années 1970-1980 une épidémie de suicide chez les hommes jeunes. Cette épidémie a été expliquée [8] par une conjonction de facteurs démographiques, économiques et socio-culturels particuliers au contexte des Samoa Occidentales à cette époque. Les nouveaux cas de suicide de cette époque relèveraient plutôt, d’après Macpherson [8] du l’enQuête start (suIcIde Trends In aT rIsk TerrITorIes : Tendances du suIcIde dans les Pays à rIsque) L’Organisation Mondiale de la Santé constate que la région Pacifique Occidentale concentre 38% des suicides dans le monde [11]. Le Bureau du Pacifique Occidental de cette organisation (WHO-PRO), a mis la prévention et la recherche sur le suicide en tête de ses prérogatives et propose depuis 2005 à tous les pays de la région Pacifique de se joindre à un réseau international Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 23 Association Médicale de recherche et de prévention sur le suicide : le réseau START. 28 sites internationaux (dont la Polynésie Française), la majorité située dans la région Pacifique, se sont déjà joints au réseau. Cette adhésion se traduit par la mise en place d’une enquête épidémiologique interventionnelle : l’enquête START. Cette enquête porte sur le suicide abouti et la tentative de suicide. Elle propose un recueil approfondi des données liées à la tentative de suicide, un protocole de prévention secondaire du suicide ainsi qu’un travail d’autopsie psychologique réalisé auprès des proches des personnes décédées par suicide. L’analyse des données et la supervision scientifique est réalisée par l’Institut Australien de Recherche et de Prévention du Suicide (AISRAP) à, Brisbane, sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé. Méthodologie La méthodologie START [11] repose sur quatre composants différents. Ils sont proposés de manière à ce que chaque site mette en place le ou les composants qui lui seraient utiles ou dont la mise en place soit réalisable en fonction des ressources et des priorités du territoire concerné. Il est à noter que le projet a été conçu pour des pays à moindres ressources. Composant 1 : Monitoring : relevé des cas de suicides et des tentatives de suicide avec recueil des données de base sociodémographiques et diagnostiques. Composant 2 : Intervention, essai clinique randomisé sur la base d’une intervention brève et d’un suivi régulier (Brief Intervention and Contact, BIC) chez les sujets ayant fait une tentative de suicide: Assignation aléatoire des sujets entre : • un groupe contrôle recevant le traitement tel qu’il est délivré habituellement et recontacté téléphoniquement au bout de 18 mois : Groupe TAU (Treatment As Usual) • un groupe traité comme d’habitude et soumis en plus au BIC : un entretien de psychoéducation (intervention brève), puis rappels téléphoniques à 1, 2, 3, 4, 7, 11 semaines, 4, 6, 12 et 18 mois. Groupe TAU + Composant 3 : Autopsie psychologique réalisée auprès des proches et soignants de la personne décédée par suicide. Description socio anthropologique du territoire considéré. Composant 4 : Suivi longitudinal des personnes ayant réalisé une tentative de suicide « médicalement grave » et ayant suivi l’intervention mentionnée au composant 2. Cette méthodologie est centrée sur l’intervention brève et le contact ou BIC. Elle est l’héritage d’une enquête précédente réalisée par l’OMS, l’enquête WHO-SUPRE-MISS qui montrait une efficacité du dispositif dans les populations testées. Le BIC est un outil non thérapeutique, c'est-à-dire qu’il peut être utilisé par des non thérapeutes : personnels socio-éducatifs, bénévoles. Il est conçu pour être complémentaire aux soins de type psychothérapeutiques et permet de répartir la prise en charge entre plusieurs professionnels, d’alléger ainsi la charge des soignants et faire face à moindre coût à l’augmentation du taux de tentatives de suicide. 24 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 Une collaboration avec l’association d’écoute téléphonique (numéro vert) de Mme C. COUSIN, le Point Ecoute est envisagée. Le protocole d’intervention de START repose en effet en partie sur le rappel téléphonique. Il s’agira donc d’aider le développement de cette association pour la prise en compte du suicide ou d’y associer un organe de gestion spécifique de la crise suicidaire. La recherche START en Nouvelle-Calédonie est un projet d’envergure car elle a pour objectif d’être exhaustive. Il s’agira en effet de pouvoir atteindre le maximum des personnes ayant fait une tentative de suicide et des familles dont un des membres s’est suicidé sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie. Pour atteindre cet objectif cette enquête repose sur un socle : la déclaration par l’ensemble des médecins de Nouvelle-Calédonie de tous les cas de suicide et de tentative de suicide à l’équipe d’enquête. Il sera fait une information officielle à l’ensemble des médecins de Nouvelle-Calédonie concernant les modalités de cette déclaration. En toute probabilité il s’agira, pour les tentatives de suicides, d’adresser les coordonnées du ou de la patient(e) à l’équipe d’enquête. Pour les suicides, le médecin certificateur du décès sera soit contacté à réception du certificat par la DASS, soit ce médecin pourra contacter directement l’équipe d’enquête afin de transmettre les coordonnées de la famille du défunt. Dans tous les cas il ne sera pas demandé aux médecins de remplir des questionnaires d’enquête. Il est important de signaler que l’intérêt ici n’est pas que déclaratif. Avoir une équipe d’enquête en seconde ligne, même si le rôle de celle-ci n’est pas de soigner, pourra être une source de réconfort dans certaines situations pour les soignants, les patients et les familles. Elle est un témoin supplémentaire qui peut servir à relayer une demande d’aide, de soutien ou à signaler une situation préoccupante dans des contextes de souffrance aigüe où l’on peut penser que certaines familles se trouvent parfois démunies. Un autre aspect important est la confidentialité. Le protocole d’enquête fait l’objet d’un examen minutieux de la part de diverses instances éthiques dont certaines en France métropolitaine: Comité de protection des personnes (CPP), le Comité consultatif sur le traitement de l'information en matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIRS) ainsi que le Comité Ethique de la Nouvelle-Calédonie. Le point sensible est bien sûr dans le traitement de données qui seront nominatives, par exemple lorsqu’un médecin certificateur communique le nom de la personne décédée par suicide afin de retrouver sa famille pour pratiquer une autopsie psychologique. D’une part toute les informations nominatives seront détruites une fois l’ensemble des données recueillies et avant leur analyse. D’autre part ces informations nominatives seront transmises à un médecin. En effet le coordinateur de l’enquête est psychiatre. La confidentialité de ces informations sera sous sa responsabilité. Si le médecin certificateur est en présence de la famille il faudra qu’il prévienne celle-ci qu’elle pourra être contactée par un enquêteur et que les informations seront confidentielles. Une information officielle sera bien sûr également faite concernant la date du début de la recherche. Nous espérons pouvoir démarrer le plus tôt possible en 2013. Il est envisagé, pour des raisons de Association Médicale délais de financement, que les composants de l’enquête soient mis en place de façon échelonnée. Par exemple, le composant 1 et le composant 3 dans un premier temps puis les composants 2 et 4. Ceci sera bien entendu communiqué dans l’information officielle. Il est mondialement reconnu que la prévention et la prise en charge du suicide comme d’une façon plus générale la prise en charge de la santé mentale est un des domaines de la santé où le bénéfice attendu à moyen égal est le plus important. Le service rendu touche l’espérance de vie, la qualité de vie et la capacité au travail des patients. Nous pouvons modifier le destin de milliers de gens en souffrance avec très peu d’investissements comparé à d’autres spécialités. En santé mentale, comme pour le reste de la santé, il importe de ne pas investir des fonds de façon aveugle sur des programmes de prévention et de soins non testés et non validés. La recherche START est ainsi un pari sur l’avenir car elle permet de comprendre où les investissements seront les plus utiles et donc au final d’économiser nos ressources. Un élément important qui découle du caractère de recherche du projet est qu’il va faire émerger, par rapport au suicide, des questions et des réponses inédites ayant un caractère fondamentalement local. C’est l’exemple de Polynésie Française qui a vu la naissance de l’association SOS Suicide, du Centre de Prévention du Suicide et d’un projet de recherche sur une méthode de prévention reposant sur le massage traditionnel aux plantes médicinales locales. On ne peut pas encore anticiper ce qui émergera pour la Nouvelle-Calédonie mais il s’agira sans doute de choses originales. Le peuple de la Nouvelle-Calédonie recèle de ressources encore inconnues. Références bibliographiques [1] DASS-NC,1.3.7Unaspectdelapathologiementale:lesuicide.http://www.dass.gouv.nc/portal/page/portal/dass/librairie/fichiers/21548028.PDF, 2011:p.1-5. [2] MentalHealth:SuicidePreventionSUPRE,inOrganisationMondialedelaSanté2011, http://www.who.int/mental_health/prevention/suicide/suicideprevent/en/index.html. [3] Beck,F.,etal.,TentativesdesuicideetpenséessuicidairesenFranceen2010.BulletinEpidemiologiqueHebdomadaire,2011.47-48:p.488-492. [4] Charvy,P.,AcceuildessuicidantsauCentreHospitalierTerritorialdeNouméa:particularitéssocio-démographiques,inThèsepourleDiplomed'Etatde DocteurenMédecine.2012,Universitéd'Angers:Angers.p.38. [5] Calandreau,F.,SantémentaleenNouvelle-Calédonie:imagesetréalités,rapportdel'enquêteOMS.2009:Nouméa. [6] Johnston,A.K.,J.E.Pirkis,andP.M.Burgess,SuicidalthoughtsandbehavioursamongAustralianadults:findingsfromthe2007NationalSurveyofMental HealthandWellbeing.AustNZJPsychiatry,2009.43(7):p.635-43. [7] OakleyBrowne,M.A.,J.E.Wells,andK.M.Scott,TeRauHinengaro:TheNewZealandMentalHealthSurvey.2006,Wellington:MinistryofHealth; http://www.health.govt.nz/publication/te-rau-hinengaro-new-zealand-mental-health-survey.p.124. [8] Macpherson,C.andL.Macpherson,SuicideinWesternSamoa:ASociologicalPerspective.Culture,YouthandSuicide:PapersfromtheEast-WestCenter Conference,1985:p.36-73. [9] Durkheim,E.,LeSuicide.1897,Paris:PUF. [10] Rubinstein,D.H.,SuicideInMicronesia.Culture,YouthandSuicide:PapersfromtheEast-WestCenterConference,1985:p.88-111. [11] SuicideTrendsinAtRiskTerritories,inhttp://www.wpro.who.int/mnh/START/en/index.html,WorldHealthOrganization,WesternPacificRegion. Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 25 La vie des associations les bouCs éMissaires et le harCèleMent Moral Ghylaine Manet, psychanalyste, hypnothérapeute, diplômée EMDR-Europe, Sophrologue-analyste©, auteur de " RESPIREZ LA VIE " comprendre que nous nous construisons essentiellement grâce à l'imitation. Leur propriété est de s’activer de la même manière quand on fait une action ou quand on observe quelqu'un d'autre faire la même action. La victimisation peut perdurer au cours de la vie de cet enfant devenu adulte. De bouc-émissaire enfant, il sera peut-être l'adulte persécuteur dans le monde du travail. ce n'est pas le mal que font certains qui est néfaste, c'est le silence des autres. Martin Luther King C omment le thérapeute peut-il aider la victime? omment arrêter la spirale du harcèlement moral ? disParaître PlutÔt Que de Parler Pour se sauver Que ce soit l'enfant ou l'adulte, que ce soit dans les cours de récréation, à l'école, dans la famille ou dans les entreprises, la victime a toujours le même comportement, les mêmes sensations, la même souffrance et la même impuissance. Nous avons tous le souvenir d'enfants qui s'isolent dans la cour de récréation. Ils subissent de la part de leurs camarades une violence psychologique qui s'exprime par les insultes, des sarcasmes, mais aussi par l'exclusion du groupe. La famille n'est pas toujours un refuge pour ces enfants. Peutêtre, sans le vouloir, les parents ont favorisé dans la fratrie un autre enfant. Il est peut-être aussi l'objet de brimades à la maison. L'école systèmique de Palo Alto a mis en évidence la place du « patient désigné », le bouc émissaire, comme fonction obligatoire d'un groupe en dysfonctionnement. Il aurait donc sa fonction nécessaire à la cohésion du groupe et au règlement des conflits. C'est le cas rencontré, trop souvent dans le cabinet, des attouchements sexuels subis d'un des membres de la famille: on sait, on se tait, un enfant est sacrifié sur l'autel de la famille. La violence aujourd'hui est omniprésente dans les films et les jeux vidéos. Les enfants tuent virtuellement les avatars, sans émotion. Les séries policières nous offrent 37 morts par semaine environ. Le jeu du foulard apparu dernièrement a soulevé l'émotion dans la société. On compte environ 1 000 décès par an et 80 000 tentatives de suicides. Les brimades, les violences psychologiques dans l'enfance peuvent développer chez certains le plaisir, la pulsion de persécuter les autres à l'école ou dans la vie sociale. Le texte de Sigmund Freud (1919) : « un enfant est battu » met à jour l'excitation du fantasme que crée le spectacle de l'enfant battu par le père pour celui qui veut être aimé du père. « S'il bat l'enfant c'est qu'il le hait et qu'il n'aime que moi ». C'est le point de départ du mécanisme du masochisme et du sadisme qui fait partie de notre développement psychique. Les découvertes des neurones miroirs en 1996 par Giacomo Rizzolatti, neurologue de l'université de Parme permettent de 26 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 La victime s'enferme dans le silence et s'isole progressivement. Elle se noie sous nos yeux indifférents. Si personne ne vient à son secours, elle s'enfonce dans une spirale qui peut l'amener à la dépression et même au suicide. Disparaître plutôt que de parler pour se sauver. Et c'est le voeu du persécuteur qu'il soit individuel ou qu'il soit aidé par des complices. CoMMent aider la viCtiMe ? En premier lieu, il est recommandé de ne pas agir seul. Le harcèlement est complexe, on a besoin de ciconscrire le problème avec des sensibilités et de moyens multipliés, de la justice pour être efficace et protéger la victime de s'être dévoilée. La phase suivante est de contacter la victime, de la mettre en confiance : entreprise difficile car c'est justement ce qu'elle a perdu : confiance en soi et sentiment de sécurité. Elle se méfie de tout, habituée aux jeux de manipulation et de séduction du ou des persécuteurs. Le danger est dans la victimisation, dans le sentiment de honte et de culpabilité qu'entraîne cette situation, et dans l'acceptation. Cet ensemble de sentiments est la vraie pierre qui conduit à la noyade. le Choix d'une théraPie individuelle globale Le cabinet du thérapeute professionnel et expérimenté pour les victimes est un lieu protégé. Les enfants et les adultes peuvent parler en confiance et en sécurité. Les victimes viennent pour un tout autre motif qu'elles donnent : pour un enfant, les problèmes scolaires, une énurésie, une prise de poids, des cauchemars ; pour un adulte, ce sont des insomnies, des douleurs chroniques, un état dépressif. Dans une deuxième phase, quand la relation thérapeutique s'est installée, la victime livre son secret. Le thérapeute l'aide à démonter le mécanisme qui s'est mis en place peu à peu, insidieusement, à son insu. La victime a le droit de se défendre. teChniQues sPéCiFiQues du théraPeute Pour la victime, énumérons les techniques employées qui vont renforcer sa combativité, son moi profond, ses ressources personnelles : techniques comportementales de sophrologie et d'hypnose dans un premier temps pour supprimer l'angoisse devant l'agresseur; respiration abdominale antistress ; le training autogène de Schultz avec une technique conditionnée hypnotique d'un geste qui va couper la montée de l'angoisse, ajoutée à la visualisation d'un paysage sécurisant; le développement d'une bulle étanche devant les agressions. Toutes ces techniques pour être efficaces doivent être répétées quotidiennement, ce qui induit l'enregistrement de ces techniques mises au point avec le sujet lui-même. Ajoutons d'autres techniques plus « sophistiquées » comme les techniques d'hypnose Ericksonienne : le conte « Le vilain La vie des associations petit canard » de Hans Andersen écrit en 1842 est un excellent canevas d'hypnose pour petits et grands ; la correction de scène avec une télécommande magique qui reprend les scènes de harcèlement. Et nous proposons pour l'EPST, l'état de stress post-traumatique le protocole des mouvements oculaires pour désensibiliser les scènes traumatiques et les reprogrammer (technique EMDR mise au point par Francine Shapiro en 1987). Et enfin nous développons l'énergie vitale, la force morale, l'affirmation de soi ici et maintenant et la recherche des ressources personnelles, avec une relaxation dynamique debout. La sophrologie analytique et comportementale developpe l'ancrage physique et mental, avec ce message spécifique : « j'ai le droit d'exister ici et maintenant, j'ai le droit de réussir mon chemin d'évolution, je suis libre ». On y ajoute un geste particulier de karaté accompagnant la visualisation d'une cible à détruire, par exemple la peur transformée en un animal repoussant. Ainsi la thérapie globale et plurielle utilisant le corps, l'affectivité, la conscience et l'inconscient permet de réhabiliter la personne dans sa totalité physique psychique et mentale. Oui, il faut beaucoup de courage pour briser la loi du silence « l'omertà ». La peur d'être pris dans l'engrenage du processus mortifère laisse souvent la victime isolée. Aujourd'hui, la Justice a reconnu l'ampleur du problème social de ce phénomène. la justiCe Prend en CoMPte le harCèleMent Moral Les lois changent grâce à la mobilisation de la société et des écrivains comme Marie-France Hirigoyen auteur du « Le harcèlement moral », publié en 1998 et « Malaise dans le travail » en 2001. En 2011, un arrêté du conseil d'État en Métropole a essayé de combler le vide juridique portant sur les obligations des fonctionnaires. En Nouvelle Calédonie des lois ont également été votées. L'association juridique pour l'égalité en droit (l’AJED) institue la journée nationale le 30 septembre 2013, pour dire non au harcèlement. L'Histoire de l'humanité est une succession de meurtres et d'expression de la haine et de la jalousie. La bible date de 1400 avant J.C et les écrits égyptiens datent de 3 000 av J.C. La bible plus récente mais mieux connue de notre culture nous raconte ces épisodes : Adam et Eve ont eu plusieurs enfants dont Caïn et Abel (Genèse 4). Sur la demande d'Adam, Cain, l'agriculteur a offert les produits de son champ de céréales et Abel son plus beau mouton. Dieu a préféré l'offrande d'Abel. Caîn en a ressenti de la haine et de la jalousie. Il a tué son frère. Alors, Dieu le maudit. Il le condamna à l'errance éternelle. (Genèse, 25), Isaac, fils d'Abraham a eu deux fils : Jacob et Ésaü. Jacob cuisine un plat de lentilles, Ésaü l'aîné rentre de la chasse fatigué et affamé. Il demande le plat de lentilles qui flatte ses narines. Jacob le lui refuse. « Si tu me donnes ton droit d'aînesse, je te donne mes lentilles ». « J'accepte le marché ». Ésaü dévora ce plat de lentilles et perdit son droit d'aînesse. Ésaü, qui était roux, signe particulier, nourrit pendant 20 ans une haine terrible pour Jacob. Et la mythologie égyptienne nous raconte aussi l'histoire cruelle de deux frères Seth et Osiris. Seth régnait sur le désert et Osiris sur les terrains fertiles d'Egypte. La haine et la jalousie de Seth le poussèrent à tuer son frère Osiris Le désert étant une terre rouge, Seth est assimilé à un diable roux. Il reste encore dans certaines provinces françaises une certaine méfiance des hommes roux. Y a-t-il un lien avec ces histoires millénaires ? Le pharaon Ramsès II,(1250 av J.C) aurait eu les cheveux roux. Une découverte archéologique récente montre qu'il se teignait les cheveux avec du henné pour renforcer son pouvoir sur ses sujets. Des femmes et des hommes sont à l'écart du groupe familial pour leur couleur de peau ou leur origine pour leur morphologie, un détail comme les cheveux roux. Il suffit d'être différent, atypique pour devenir le bouc émissaire d'un groupe et porter toute la responsabilité des problèmes du groupe. René Girard philosophe français a écrit en 1972: la Violence et le sacré où il nous découvre sa théorie principale le désir mimétique et en 1982, le bouc émissaire, analyse des persécutions des juifs au XIIIe siècle en Europe accusés d'infanticides. Tout désir est l'imitation du désir d'un autre. Notre désir est toujours suscité par le désir qu'un autre a d'un objet. L'objet du désir est désiré par un autre et c'est cet autre qui est le plus important pour l'être qui désire. Prenons un exemple banal. Ce n'est pas la femme que Pierre désire, c'est la femme que Paul désire, c'est la même femme mais désirée par un autre que lui. Et c'est ce désir-là qui le fascine. Pierre désire le désir de Paul. Ce qui attire Pierre c’est de posséder ce qui fait l'existence et la personnalité de Paul. Cette femme n'a de valeur que parce que Paul la désire. Ainsi Paul devient le rival de Pierre et il est un obstacle pour posséder cette femme. Cette rivalité est contagieuse. La violence menace à tout instant. « Si deux individus désirent la même chose, il y aura bientôt un troisième et quatrième ». Le processus fait facilement boule de neige. L'objet est vite oublié, les rivalités mimétiques se propagent, et le conflit mimétique se transforme en antagonisme généralisé : le chaos, « la guerre de tous contre tous » de Hobbes (le léviathan 1651 avec cette phrase célèbre : l'homme est un loup pour l'homme). Et « le tous contre tous peut se transformer en un tous contre un pour sauver le groupe ». La communauté s'unit contre un individu unique. La victime responsable de la crise a ramené la paix. C'est l'origine des rituels, des mythes, des tabous dans toutes les civilisations. ConClusion Un jour ou l'autre, chacun d'entre nous peut devenir le bouc émissaire d'un groupe, de sa famille (lors d'un décès et d'un héritage). Curieusement certains qui se croyaient à l'abri deviennent l'objet de violences verbales et gestuelles ou l'objet d'une mise au placard professionnelle. Le phénomène du bouc émissaire n'est donc pas une question d'éducation mais de nature. C'est la culture par l'éducation et le développement de la conscience qui nous permet d'évacuer la haine, la violence, la jalousie. Heureusement la conscience progresse et l'obscurantisme et la xénophobie tendent à reculer. Gardons notre vigilance. Observons les changements de comportement de ceux qui nous entourent. Peut-être ont-ils besoin de notre aide ? Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 27 La vie des associations des volontaires MediCaux ForMes Pour des Missions d’urgenCe les Missions de la PiroPs La création en 2007 de la Délégation Régionale Océan Pacifique Sud - PIROPS s’inscrit dans la stratégie de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles et humaines de la CroixRouge française. Lorsqu’un pays est durement frappé par une catastrophe naturelle ou un conflit armé, la Croix-Rouge a vocation à intervenir dans l’urgence. Ses programmes visent à secourir, protéger, alimenter et soigner les victimes dans le respect des sept principes fondateurs du Mouvement : humanité, indépendance, neutralité, impartialité, volontariat, unité et universalité. 3 Missions PrinCiPales n Apporter une aide humanitaire en cas de catastrophe dans les îles du Pacifique en coordination avec les acteurs institutionnels de Nouvelle-Calédonie. n Améliorer les capacités de réponse et de préparation des pays du Pacifique en renforçant les Croix-Rouge soeurs du Pacifique sud. n Être acteur de la sécurité civile sur le territoire de la NouvelleCalédonie et de Wallis et Futuna. 4 doMaines d’intervention n L’eau et l’assainissement n La logistique et la distribution n Les soins de santé primaire n Les abris d’urgence. se ForMer Pour devenir volontaire à la PiroPs Grâce à ses moyens humains et un stock de prépositionné de matériel, la PIROPS a la capacité de porter assistance aux personnes victimes de catastrophes naturelles dans les pays du Pacifique sud. Sur les 5 dernières années, c’est plus de 200 volontaires qui ont été formés dans le pacifique, entraînés aux techniques de réponse aux urgences humanitaires. Aujourd’hui l’équipe des volontaires de la Pirops présente et disponible sur le territoire compte environ 60 volontaires. Cette année la plate-forme recrute des médecins et infirmiers pour renforcer l’équipe médicale actuelle. Pour cela la Pirops propose une formation « Basic Health Care », Soins de Santé Primaire, qui est destinée aux professionnels médicaux (infirmiers, médecins, pharmaciens…) souhaitant devenir volontaire Croix-Rouge à la PIROPS ; Elle permet entre autre de renforcer leurs connaissances médicales humanitaires et de développer leur savoir-faire en phase d’urgence suite à une catastrophe. Les futurs volontaires Médicaux de la PIROPS intégreront alors un réseau de volontaires se préparant aux missions d’urgence (jusqu’à 4 semaines dont déplacements). Un recrutement* est nécessaire pour participer à cette formation de 10 jours. Cette année elle aura lieu du 04 Novembre au 13 novembre inclus, la formation étant prise en charge par la PIROPS - Croix-Rouge Française. *envoyer un CV et une lettre de motivation à l’adresse : [email protected] - renseignements 23 12 72 28 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 En formation BHC Nov 2011 Exercice Pirops en formation continue La vie des associations les réCentes Missions de la PiroPs Cyclone EVAN : un des plus puissants phénomènes cycloniques de ces dernières années dans le Pacifique Sud. treMbleMent de terre et tsunaMi aux iles saloMon Après le passage du cyclone tropical Evan, successivement à Samoa, à Wallis et à Fidji, la solidarité nationale et internationale s’est organisée et la PIROPS a répondu à l’appel lancé par la Croix-Rouge Fidjienne. En effet dans les régions les plus exposées, y compris dans les parties Ouest et Nord de l’île principale de Viti Levu (villes de Nadi, Lautoka, Navua, Ba, Rakiraki), de nombreuses maisons ont été endommagées et des camps de fortune se sont installés. En coordination avec la IFRC (Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) et la FIJI Red Cross (FRC), la PIROPS a déployé le 22 décembre 2012 une équipe watsan (Eau et Assainissement) composée de Karine, Adrien et Yves, tous les trois formés pour les missions d’urgence. A bord d’un CASA, avion militaire mis à disposition dans le cadre des accords FRANZ, une station complète de potabilisation d’eau ainsi que 210 bâches tarpaulins ont été ainsi acheminées. L’équipe a distribué de l’eau potable auprès de la population des villages environnant la région de BA. Deux volontaires PIROPS, Pascal et Richard, ont pris la relève début janvier 2013 pour deux semaines de mission. Ils prirent en charge la formation des bénévoles locaux sur l’utilisation du matériel. Mercredi 6 février à 12h12 heure locale, un puissant tremblement de terre sous-marin de magnitude 8.0 s'est produit à 60 kilomètres de la commune de Lata (Province de Temotu). Il a généré un tsunami et une quarantaine de répliques ont eu lieu dans les provinces de Malaita. La délégation de la Croix-Rouge française présente aux Iles Salomon et la PIROPS sont venues en aide à la Salomon Island Red Cross (SIRC). Des actions d’urgence telles que la distribution de biens de premières nécessités et d’abris temporaires, la distribution d’eau, la promotion à l’hygiène, le rétablissement des liens familiaux, le soutien psychologique ont été mis en place par les organisations dont la Croix-Rouge locale. Deux stations de purification d’eau NOMAD ont permis de fournir de l’eau aux communautés sinistrées. Karine, volontaire PIROPS spécialisée en eau et assainissement, s’est rendue à Lata pour venir en soutien des équipes de la SIRC et pour coordonner les actions de la Croix-Rouge sur le terrain. Choléra au tChad Rencontre avec la population lors des évaluations Installation du camp choléra de Mongo Le cyclone Evan a frappé l’île de Wallis le samedi 15 décembre 2012, laissant là aussi d’importants dégâts, sans toutefois faire de victime. Mobilisé par le Haut Commissariat, la Formation PIROPS a déployé un volontaire logistique/relief au sein de l’équipe de coordination de la sécurité civile. Cette équipe a été déployée par CASA le lundi 17 décembre. 21 kits shelter, 235 tarpaulins, complétés par 70 bâches supplémentaires le 27 décembre, ont été sollicités par la Sécurité Civile auprès de la PIROPS et acheminés aussi par avion. La population tchadienne est touchée en 2011 par une épidémie de Choléra. En Septembre et Octobre 2011, deux équipiers Watsan (Eau et Assainissement) de la PIROPS, Sylvie-Aline et Romain, seront partis en mission pendant 3 semaines à Forage et stokage d’eau pour le camp Mongo. Une de leurs missions choléra de Mongo principales aura été de travailler sur l’approvisionnement en eau potable d’un camp Choléra pour permettre le suivi sanitaire nécessaire avec la préparation de solutions chlorées et de SRO (Sel de Réhydratation Orale). Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 29 Actualités : Du côté de la CPS Pacifique Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique la CPs soutient les Pays dans leurs eFForts Pour éliMiner la tuberCulose dans le PaCiFiQue Le thème retenu pour la Journée mondiale de la tuberculose 2013 – Plus de tuberculose de mon vivant – nous interpelle et nous invite à passer la vitesse supérieure. triennal qui doit permettre d’améliorer le diagnostic et le traitement de la tuberculose et de mettre à la disposition du programme national de lutte contre la tuberculose l’infrastructure dont il a tant besoin. « À Kiribati, la prévalence de la tuberculose atteint des niveaux très élevés, avec plus de 300 cas pour 100 000 habitants. Cela dit, les chiffres s’améliorent progressivement et nous espérons ramener la prévalence à un niveau plus maîtrisable d’ici à la fin du projet », a déclaré le docteur Takeieta Kienene, Conseiller principal du programme national de lutte contre la tuberculose de Kiribati. En 2012, la CPS a tout mis en œuvre pour renforcer la recherche opérationnelle, notamment en promouvant la collaboration avec d’autres programmes de santé. Une infirmière du programme de lutte antituberculeuse de Kiribati effectuant un test de dépistage du diabète lors d'une visite à domicile. Les États et Territoires insulaires océaniens détectent et guérissent plus de cas de tuberculose que par le passé. D’après les estimations de l’OMS, 16 534 nouveaux cas de tuberculose ont été détectés dans le Pacifique en 2011. « Les résultats sont toutefois plus mitigés selon les différents pays. Dans certains d’entre eux, le nombre de cas de tuberculose est monté en flèche ces dernières années, tandis que dans d’autres, les chiffres sont en baisse », a déclaré Mme Kerri Viney, Conseillère (lutte contre la tuberculose) par intérim au Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS). « La CPS prête son concours aux pays océaniens engagés en faveur de l’élimination de la tuberculose dans la région, en collaboration avec des partenaires régionaux et des bailleurs de fonds. L’action de la CPS est multiple : nous veillons à ce que les moyens affectés soient suffisants pour une prise en charge efficace de la tuberculose, nous apportons notre soutien technique si nécessaire et nous appuyons les recherches menées pour améliorer la prise en charge de la tuberculose et réduire son incidence. » Ainsi, la CPS a prêté assistance au Ministère de la santé et des services médicaux de Kiribati en vue de l’élaboration d’un projet 30 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63 « Les personnes atteintes de tuberculose souffrent aussi d’autres maladies, en particulier du diabète. Nous nous efforçons de favoriser une prise de conscience de l’association tuberculose-diabète dans l’espoir d’améliorer les soins aux patients », a indiqué Mme Viney. Un certain nombre de projets de recherche visant à améliorer la prise en charge de la tuberculose et du diabète sont en cours à Kiribati, aux Îles Marshall et aux États fédérés de Micronésie. L’ensemble de ces projets et activités sont menés en collaboration étroite avec les pouvoirs publics nationaux, l’OMS, les Centres de lutte contre la maladie des États-Unis et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Pour tout complément d’information, veuillez prendre contact avec Kerri Viney, Conseillère (lutte contre la tuberculose) par intérim au sein de la Division santé publique de la CPS ([email protected]). Actualités : Du côté de la CPS Pacifique Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique PubliCations ChangeMent CliMatiQue et santé Une partie de la 36e édition d’Inform’ACTION, le bulletin d’information du Réseau océanien de surveillance de la santé publique (ROSSP) produit par la CPS, est consacré au changement climatique et à la santé. En septembre dernier, l’OMS, la CPS et l’Université nationale des Fidji ont organisé conjointement à Nadi (Fidji) le premier colloque régional sur le changement climatique et la santé dans le Pacifique. Les actes de ce colloque, couronné de succès, seront également publiés dans le prochain numéro d’Inform’ACTION (IA 37). plusieurs partenaires, à Palau, afin de sensibiliser les Océaniens aux impacts sanitaires du changement climatique. Vous pouvez consulter le bulletin en ligne à l’adresse suivante : http://www.spc.int/phs/ Pour tout complément d’information, veuillez prendre contact avec Christelle Lepers, chargée de l’information de la communication (surveillance de la santé publique) au sein de la Division santé publique de la CPS ([email protected]). Le dernier numéro d’Alerte au SIDA est disponible sur le site de la Division santé publique de la CPS : http://www.spc.int/hiv/ (sous la rubrique PASA bulletin). Il existe des liens évidents entre le changement climatique, la santé et le ROSSP. Sur les huit maladies ciblées par le Réseau, quatre (dengue, leptospirose, fièvre typhoïde et choléra) peuvent être tributaires des phénomènes climatiques. Le premier article, signé Lachlan McIver de l’OMS, illustre bien ce problème. Cet article expose les résultats des évaluations menées par douze États et Territoires insulaires océaniens (ÉTIO) sur la vulnérabilité sanitaire des populations et les mesures d’adaptation à prendre face au changement climatique. On y trouve une liste des principaux risques sanitaires liés aux changements climatiques pour chaque ÉTIO, ainsi que des informations sur les mesures d’adaptation engagées ou prévues par ces pays. À titre d’exemple, les Fidji participent à un projet pilote mondial mené dans sept pays, intitulé « Projet pilote pour la protection de la santé humaine face aux effets du changement climatique », qui est présenté par Sheetal Singh du ministère de la Santé des Fidji. Les maladies à transmission vectorielle (notamment la dengue) sont souvent classées dans la catégorie des risques sanitaires liés aux changements climatiques. Éric D’Ortenzio et Laurent Guillaumot, de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, donnent leur point de vue sur la question dans leur article intitulé Changement climatique et extension des maladies à transmission vectorielle : mythe ou réalité ? Dans un autre article, le docteur Élodie Descloux présente une étude réalisée en Nouvelle-Calédonie par des experts et des chercheurs, qui ont analysé l’influence du climat sur la dynamique des épidémies de dengue en Nouvelle-Calédonie entre 1971 et 2010, et qui ont élaboré des modèles pour comprendre et anticiper les risques. Il inclut des articles sur les responsables des services de santé qui s’inquiètent de la propagation d’une souche pharmacorésistante de la gonorrhée dans le monde et la lutte contre la gonorrhée dans le Pacifique, les laboratoires de biologie médicale, une étude qualitative Vivre avec le VIH aux Fidji, le Congrès 2012 : santé sexuelle, santé génésique et droits des adolescents dans le Pacifique, ainsi que des notes de synthèses sur la Conférence internationale sur le sida (AIDS 2012) Vivre avec le VIH aux Fidji et la Conférence de Washington. Pour tout complément d’information, veuillez prendre contact avec Jacinta Isaacs, Chargée de la communication stratégique au sein de la Division santé publique de la CPS ([email protected]). Le dernier article portant sur le changement climatique et la santé expose brièvement un projet mis en œuvre en 2011 par Bulletin Médical N°63 - Juin 2013 31 Pacifique 6(6 =(**05: =(**05:*65;9,4(3(+0,: +07/;i90,;i;(56:76306*68<,3<*/, (*,33<3(09,/(,467/03<: ) )*. =(**05 (5;075,<46*6**08<, *651<.<i =(3,5; .9077, 96<.,63,69,03365:9<)i63, /i7(;0;, ) 7(703364(=09<: Demandez le calendrier vaccinal à votre médecin 32 Juin 2013 - Bulletin Médical N°63