La Méditerranée entre plage et civilisations, le dialogue des cultures

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Culture en Méditerranée ou cultures de la Méditerranée
PROGRAMME
La Méditerranée des historiens (apport de BRAUDEL ; Henri PIRENNE Mahomet et Charlemagne, PUF;
Jacques BERQ Mémoires des deux rives, SEUIL, 1989)
Le regard des anthropologues sur la Méditerranée (idée que ce n’est pas un objet en soi, naturel, il
s’agit plus d’un parti pris, initié par les historiens) (les limites d’une identité méditerranéenne)
Les stéréotypes suggérés par l’idée de Méditerranée (bleu, azur, soleil, détente, paresse, sieste,
vengeance, machisme…). La question de l’honneur et de la honte, qui renvoie à la femme, point de
vue sur la femme méditerranéenne, la question du clientélisme pour interroger une catégorie
politique, la question du patriarcat et de la matrimonialité. Anthropologie de la Méditerranée, G.
ALVERA, A. BLOK, C. B… ; La Méditerranée des anthropologues sous la direction de M. TOZI ; texte de
Germaine TILLON Le harem et les cousins
La Méditerranée en récit et en images (CAMUS Le premier homme ; l’inspiration méditerranéenne)
La Méditerranée entre plage et civilisations, le dialogue des cultures, du point de vue géopolitique.
La question des malheurs et des représentations en Méditerranée
Le débat politique autour de la Méditerranée
Préambule
La Méditerranée s’impose à nous comme un défi à la recherche, à la fois pbtq dans sa manière d’être
posée, et comme un objet familier. S’agit-il d’une mer, d’un lac intérieur ? S’agit il s’une civilisation ?
Pb de la définition. S’agit-il d’une fiction ? Elle s’impose à nous en tant que donnée géographique, un
espace dans lequel une mémoire universelle s’est constituée. L’humanité s’y est constituée. Nos
mythes ont eu pour espace de constitution la Méditerranée, que ce soient les mythes grecs, à
l’origine de notre culture (incluant les musulmans d’Occident, l’islam occidental du Caire au Maroc).
Espace qui a servi de scène aux religions monothéistes : à travers les grands livres de la foi,
description de l’espace méditerranéen. Des lieux, des arbres, des plantes, un climat etc.… L’olivier,
grenadier, figuier, palmier sont des plantes qui peuplent la Méditerranée, informant de la texture du
Paradis. L’odyssée, HOMERE
Un espace qui nous est familier, mais qui se construit aussi comme une frontière : 3 continents : Asie,
Afrique, Europe. Sur le plan académique, depuis XIXe, elle apparait comme un espace de
confrontation professionnelles entre plusieurs disciplines (anthropologie anglo-saxonne fin 1950s60s
comme espace de construction de l’altérité à l’intérieur de l’Europe, les Américains arrivaient avec la
guerre, les anthropologues avec eux vont décrire une altérité radicale, représentée par l’Andalousie,
le Péloponnèse ou le sud de l’Italie. Beaucoup de recherches vont substituer la Méditerranée éd à
des investigations dans le lointain (Pacifique).
Histoire du concept de la Méd., de ses multiples redéploiements culturels, pointés les arrangements
cherchant à exclure/inclure les enjeux.
Un des pb posé par la Méditerranée sur le plan de la construction : elle est un espace à la fois proche
et lointain, à la fois des altérités radicales au sud de l’Europe, construites par l’histoire ou
l’anthropologie, mais elle n’a pas toujours fonctionné sous le vocable de la séparation. La
Méditerranée fut pensée comme une unité, le centre du monde (époque de l’Empire romain,
domination anglo-française au XIXe, Méditerranée hispano-portugaise avant le basculement vers
l’Atlantique). La Méditerranée est devenue un pont et non plus une frontière avec la colonisation :
blessure quelque part, dans les relations entre anciens pays colonisateurs et anciens pays colonisés.
Vers 1840, France occupe Algérie, la Méditerranée est promue comme une référence à célébrer (cf.
texte de Fustel de Coulanges).
Stigmatisation qui mobilise le patriarcat, et jsq 1975-76, idée selon laquelle l’Europe
méditerranéenne est une Europe sous-développée. Stigmatisation de Grèce, Espagne, Portugal par
exemple comme pays à part dans l’Europe, qui ne se sont démocratisés qu’au milieu des 1970s.
Définition de la frontière culturelle de l’Europe en excluant les pays du sud de la Méd.
Entre célébration et stigmatisation, entre frontière et pont, a basculé vers la cristallisation, la
stigmatisation après la construction européenne, qui a déplacé cette frontière culturelle du sud de
l’Europe vers le sud de la Méditerranée, pas seulement au niveau du regard sur l’autre, de l’altérité,
construction d’une fracture institutionnelle au travers des accords de Schengen et de la fermeture
des frontières européennes qui vont transformer radicalement la Méditerranée, passant d’un statut
de lac à celui de cimetière engloutissant des milliers de candidats à l’immigration.
Une frontière (culturelle, politique, géo) renforcée avec le 11 septembre, qui va instituer, presque
institutionnaliser cette idée d’incompatibilité culturelle entre islam et Europe.
La Méditerranée continuera à survivre comme un espace de loisirs : ses hésitations, ses difficultés de
mettre en place je ne sais plus quoi. Là où les politiques ont échoué, les tours opérateurs, agences de
voyage ont réussi à proposer un produit méditerranéen, de plus en plus marchandisé sous la forme
de voyages mais aussi de produits, de terroirs.
Entre les 2 thèses frontière/trait d’union, on peut avoir une double posture sur le plan politique et
culturel à la fois :
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une posture mythologique : espace de la révélation, de l’Odyssée (jardin des Hespérides se
trouve à Tanger) ; elle consolide cette idée de trait d’union, gommant les différences, ou du
moins les minimisent.
Une posture plus critique, discours néo anthropologique : un tissu de singularités et de
différences, d’incompatibilités et de différences, d’enjeux géopolitiques importants… la
reconnaissance d’un espace sous tensions permet d’interroger de façon sereine toute une
série de défis.
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grands défis :
Les défis démographiques (dont défi migratoire, om le discours mélange réalités du
moment, celles prévues par la prospective et les peurs). (baisse de la natalité, voire récession
démographique cf. Libye). Là où le pb se pose // à ce défi, c’est dans la distribution de la
pyramide d’âge au sein des pays. Ils vont faire face en même temps à 3 pbs démo :
 pb de type vieille nation (doublement de leur pop de +65ans), continuant à avoir des pbs
de sous développés, dans mesure où ont du mal à gérer le développement du pays alors
que faible démographie. Pb au niveau de la tranche d’âge 25-35 ans : la croissance démo
des 1970s-80s est en train de générer un gonflement en valeur absolue de cette tranche
d’âge : 50 millions de demandeurs d’emplois, donc élément de tension.
Tension démo et migratoire ne peut être envisagé comme une bombe démo, plutôt un pb de
répartition dans les tranches d’âge. Opposition des pays jeunes/vieux.
 Pb géopolitque : tensions migratoires. Méditerranée comme point de passage entre
plusieurs sociétés, effet grossissant dont effets dramatiques dont nous avons été nourris
ces dernières années par les médias : victimes qui traversent la Méditerranée dans
embarcations de fortune, venant d’horizons de plus en plus lointains (Asie). Effet
tragique des images. Malgré le caractère des migrations, elle ne concerne que 2,5% de la
pop mondiale qui est en situation de migration, qui habite dans un pays où elle n’est pas
née : 160 millions. Parmi eux, il faut compter les réfugiés politiques, climatiques, victimes
des guerres ce qui relativise l’ampleur de la question migratoire. Volume actuel :
déplacement annuel de 5 millions de personnes
La migration a changé de nature et de façon de faire : elle est de moins en moins une
migration de pauvreté (ce n’est pas par hasard que le discours politique a changé : carte
bleue européenne, destinée aux bac+3, immigration choisie). Ce n’est pas une migration
d’installation définitive, mais souvent de transit (vers EU) ou pendulaire.
Défi écologique, énergétique : elle intéresse des produits potentiellement qui constitue une
raison de constituer un espace méditerranéen (énergies comme pétrole ou gaz), source de
tensions, conflits, voire guerre (et sources d’énergie renouvelable, qui se trouvent dans le
sud de la Méditerranée et de l’Europe : éolien et solaire). Objet d’attention actuel : énergies
fossiles (gaz pétrole), trait d’union matérialisé par pipe lines. Compétiteurs nouveaux sont
entrés en jeu : la Chine, qui a pris pied en Méditerranée en achetant un port grec, et l’Inde et
le Brésil à travers des coopérations très étroites sur les produits agroalimentaires.
Autre produit de tension : l’eau, le sud en manque énormément. Génère un stress énorme.
Séquence sur l’objet méditerranéen : si elle s’impose à nous en tant qu’héritage, donnée géo, elle
s’impose aussi comme défi qui met à l’épreuve nos différences, et qui nous met au défi de gérer des
intérêts contradictoires, pas seulement vertical (Nord/Sud) l mais aussi horizontal (Nord/nord ou
sud/sud).
 Méfiance//discours unifiant, sur les héritages communs, l’identité commune qui ne mettent
pas en avant sa fragilité.
Il faut accepter d’aborder la Méditerranée à partir de es dimensions complexes, à traiter de ses
incompatibilités, la « frontière des interdits » entre des civilisations (coutumes alimentaires).
Comment rendre audible un discours sur la complexité ?
Première partie : La Méditerranée par les historiens
Un exemple de complexité. Le chantre de la Méditerranée, celui qui l’a pensée comme acteur
historique, c’est Fernand BRAUDEL : thèse La Méditerranée sous Philippe II, un livre de méthodologie
historique, qui pose des questions qui vont influencer la vision des géographes, voire des
économistes. Point de départ de son étude sur la Méditerranée: une question = cmt et pk P2 roi
d’Espagne a fait basculer le commerce de la puissance ibérique de la Méditerranée à l’Atlantique,
créant par là une nouvelle configuration.
1930s, proche du positivisme, enquête historiographique pour déterminer la part de responsabilité
qu’a eu P2 dans cette prise de décision. Essaie d’analyser les raisons du changement de politique
étrangère de l’empire espagnol et comment ce changement s’est opéré.
Ce projet va se transformer d’un projet sur les acteurs à un projet sur l’acteur, en l’occurrence, la
Méd. Il va considérer qu’elle est un personnage à étudier en tant que telle, ce n’est pas une scène
mais un acteur, qui englobe les trajectoires des acteurs humains, et qui les prédétermine. La décision
de l’Espagne de basculer son commerce vers l’Atlantique est liée à des dimensions économiques,
culturelles, politiques, qui ont leur origine dans la Méditerranée.
 Redéfinition du projet.
Grâce au climat scientifique de l’époque avant G (analyse systémique s’impose à cette époque aux
EU), il adopte le concept de système.
Il doit résoudre 2 pbs de définition.
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Pb spatial : comment d »limiter l’espace spatial méditerranéen
Pb temporel : comment saisir la totalité de la société méditerranéenne dans le temps ?
(notion du temps long, notion braudélienne) temps long = géologique de la Méditerranée,
temps moyen = politique de la Méditerranée, temps court = temps présent.
Le concept de système va l’aider à configurer l’espace méditerranéen, il définit le système comme un
principe organisateur d’un groupe social déterminé. C’est aussi un ensemble de rapports, de
relations durables reliant différentes partie de cet ensemble humain, et qui participe à sa stabilité et
sa durabilité. Cette notion de système peut aussi bien expliquer la dynamique de courant, les
échanges géothermiques entre rives nord et sud que la dynamique des flux migratoires ou de
commerce à l’intérieur de la Méd.
Il n’y a pas que le littoral qui est méditerranéen. 2 présupposés : le groupe méditerranéen humain est
multiple, et il est unité de base ( ?). En même temps, chaque groupe est un fait social total (il exerce
une multiplicité de fonctions politiques, culturelles, économiques, religieuses). A cette idée de
groupe, correspond celle de sous-système.
 Méditerranée = système global (un ensemble d’éléments qui organisent des relations
régulières entre eux ce qui produit une dynamique de conservation de ce système). Il
comprend des sous-systèmes qui reproduisent à leur niveau cette dynamique. Socle de ces
sous-système est géologique, pas humain, il est constitué par des sortes de péninsules,
relativement individualisées (5péninsules). Péninsule ibérique, italienne, les Balkans, turque,
Afrique du Nord.
 Chacune constitue un écosystème autonome. BRAUDEL utilise une double perspective :
- Verticale. Verticalement, chacune est constituée de trois autres écosystèmes : écosystème
montagnard, des plateaux, des plaines. Chacun a des spécificités identitaires qui le
rapprochent du même écosystème de la péninsule voisine. Ex. dans société montagne :
rapport particulier au politique (dissidence), à la religion (différente du reste), tendance à
endogamie, rapport particulier à la langue (patois).
- Horizontale : ouverture maritime. (cabotage, ports naturels, on élimine le relief). On peut
alors construire ses affinités entre ces différentes péninsules qui peuvent sembler isolées.
Création de cette histoire de la Méd.
On continue à développer la définition de la Méditerranée. La pensée braudélienne : on a du mal à
en sortir. Elle a eu un impact sur la manière de concevoir la temporalité en histoire, de définir la
Méd.
Deuxième partie : la Méditerranée vue par les anthropologues
On est plus proche de la question culturelle. L’anthropologie commence là où s’arrêtent les clés de
compréhension sociologiques, pour rendre compte, décrire une altérité absolue sans les moyens
habituels. Cette altérité absolue est née en Angleterre, clandestinement en France.
Dans les 1980s : l’anthropologie n’était pas le fait de professionnels, mais de voyageurs, de religieux.
Le 1er anthropologue pro : LEVY STRAUSS.
Il s’agit de rendre compte de toutes les dimensions d’une société, partant du fait que les sociétés ne
sont pas différenciées. Il s’agit d’en rendre compte à partir d’une observation in situ.
Marcel MAUSS, Essai sur le don.
1959 : naissance de l’anthropologie méditerranéenne. 1ers textes sur ce thème. PUTT- RIVERS
Anthropologie de la Méditerranée, raconte que, ayant fait sa thèse sur l’honneur et la honte en
Méditerranée, il se présente pour le publier, et un anthropologue de Manchester, lui dit que c’est
pas la peine. La Méditerranée n’est pas un cadre pour faire de l’anthropologie lui a-t-on répondu
quand il s’est présenté en Italie pour faire ses études. Familiarité qui rend impossible tout travail sur
la Méd. Les américains n’ont pas ce pb : les premiers travaux sur le sujet sont américains.
Frontière Europe Nord/Sud qui rend impossible tout regard anthropologique. Ce phénomène a rendu
possible le regard de l’anthropologie sur soi même. L’anthropologie n’est plus une discipline qui
s’affaire à traiter de l’altérité, mais peut s’inscrire dans une démarche de terrain pour poser des
questions plus profondes, anthropologiques, sur la manière dont s’organise la société à partir de
caractéristiques primaires.
Difficulté à imposer la Méditerranée comme projet d’étude. La thèse a quand même été publiée, elle
a interpellé le monde des anthropologues sur des caractéristiques particulières des sociétés
constitutives de la Méd.
1959 : château en Autriche, se sont réunis en conférence pour étudier la légitimité ou la non
légitimité de prendre la Méditerranée comme objet d’étude anthropologique.
1961 : rencontre PUTT-RIVERS et J. G. Peristiany (Université de Chicago), Honneur valeur et honte de
la société méditerranéenne.
A partir de cette date, les ouvrages et les études vont se multiplier. Beaucoup de critiques.
Concentration sur des thèmes comme honte, honneur, patriarcat, coalition, alliance, mafia. Induction
de causalités non démontrées entre la Méditerranée et ces comportements ; dénonciation de
stéréotypes auxquelles la Méditerranée est réduite, et notamment le fait de dire que ces sociétés
fonctionnent avec pour moteur l’honneur, avec ce que cela implique de violence pour le défendre.
Romans, films accentuent ces stéréotypes. Impression d’une altérité absolue.
Sorte de mirage anthropologique : un agglomérat de stéréotypes touristiques et savants, cautionné
et élaboré par des chercheurs venus du Nord, une Méditerranée bien particulière cantonnée à cette
frange européenne.
Les seules œuvres anthropologiques qui utilisent l’adjectif « européen » sont des recherches situées
sur la rive gauche. La Méditerranée se limite à la Grèce, l’Italie, l’Espagne.
Simplification. Il généralise en partant de petits groupes.
Un ensemble de traits stéréotypés qu’on peut difficilement accepter dans une recherche en
anthropologie. Amplification de ces stéréotypes.
2e critique : beaucoup de ces travaux abordent la Méditerranée de façon péremptoire, comme une
figure imposée, comme un creuset culturel, où se sont construits des hybridations, des métissages.
Cette approche est une approche un peu bonne enfant : « le mirage des Andalousies ». Il y a
plusieurs vécus : andalous, provençal, catalans… qui sont pris comme traits caractéristiques de toute
la Méd. Ce paradigme andalous devient un paradigme structurant d’une réalité qui en fait ne
correspond pas tout à fait à cela. Il se développe alors un discours nostalgique sur la Méditerranée
perdue. Aspérités gommées, arrangements avec cette historicité rebelle qui n’est pas aussi lisse
qu’on pourrait le prétendre.
Concept de métissage ou de créolisation.
Nous empêche de rendre compte des différences, des incompatibilités.
Critiques appellent à une anthropologie qui fait l’inventaire à la fois des ressemblances mais aussi des
différences. Termes d’affinités qui restituent une place importantes aux concepts de discontinuités et
de différence. Précaution : donner une place aux conflits, à la tension, aux discontinuités, pour parler
ensuite d’identité méditerranéenne, qui serait selon P-R rendue possible par cette proximité qu’ont
les Méditerranéens avec les céréales, les olives, le vin, le rapport à l’animal.
3e critique : elle vient essentiellement des anthropologues méditerranéens eux-mêmes. POUR EUX
cette anthropologie est essentiellement anglo-saxonne. Elle comporte une dimension folkloriste et
stigmatisante, elle serait soupçonnée de colonialisme, de culture colonialiste, qui colporterait
quelque chose qui a trait au mépris.
2 mots pour l’anthropologie française : 3 acteurs ont fait l’anthropologie :
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les géographes, les historiens-géo comme BRAUDEL. Y. LACOSTE, dimension géopolitique de
la Méd. Ce courant va produire une grande synthèse dans laquelle la Méditerranée apparaît
comme un axe de civilisation, un berceau du commerce, un grand agent médiateur entre les
peuples, les sociétés, et surtout un point de jonction, de transit culturel, un entre 2 qui met
en contact dans une fonction poncive 3 masses continentales (Asie, Afrique, Europe ; ariens,
sémites, berbères). La Méditerranée serait un lit nuptial de l’Orient et de l’Occident. C’est un
courant des 1930s-40s, qui date d’avant l’anthropologie. Ce courant va déboucher sur une
sorte d’humanisme méditerranéen qui minimise les antagonismes et les différences de façon
arbitraire. L’une des organisations les plus actives est le SIAM (agronomes de la
Méditerranée depuis 1960) : la seule structure qui réfléchit sur la petite agri, le foncier en
Méditerranée … en prenant toujours un rapport avec le plus dénominateur commun.
Les essayistes. La civilisation des 2 rives : cet auteur a été un grand défenseur d’un
humanisme méditerranéen. Il appelle à un renouvellement voire une réactivation du temps
andalous. Il n’est pas le seul à avoir cette nostalgie envers le temps andalous. Objet de
discussions d’un milieu parisien cultive qui à partir de cette démarche participera à la
redéfinition de la politique arabe de la France, d’autant plus que ce courant trouve des
appuis chez de grands romanciers comme CAMUS, qui vont la penser comme un horizon de
création littéraire.
Les idéologues. Idéologie méd. Paul BALTA. Nécessité d’une reconnaissance d’une unité du
monde méditerranéen, la justifiant non pas par la proximité, les flux d’échanges, les point
stratégiques, mais psq selon eux il existe une civilisation originelle partagée par tous que les
péripéties historiques ont brouillé et altéré. Vision un peu utopique d’une Méditerranée
matricielle. Méditerranée comme un socle, voire un réservoir de significations, qui aurait une
fonction structurante. Déterminisme fort. Se rapproche d’une méthode géo-morphologique.
Observer les collectivités rurales en Algérie ou les communautés de pêcheurs au sud de
Portugal fonctionnerait comme une archive. Chaque société avancée préfigure ce que sera la
société non avancée.
Etat de la recherche actuelle : la prochaine fois.
Espagne met en avant cette idée de convergence des cultures. Apparition des associations qui
célèbrent l’idée de la convivencia (cohabitation harmonieuse, symbiotique entre les 3 cultures), qui
contrastent avec l’histoire, sorte d’idéalisation de l’histoire autour de ce concept. Tolède = symbole,
qui avait abrité un centre imminent au Moyen Age, dédié aux copistes moines qui copiaient les
manuscrits arabes, et dédiés à la traduction de l’arabe en latin (textes en agro, maths…). Idée
d’Andalousie à restaurer, pour faire vivre cette symbiose qui historiquement n’est pas si parfaite,
voire violente au contraire.
Les idiologues qui travaillent sur cette question de syncrétisme des cultures, d’hybridation des
cultures. Mobilisation de ressources anthropologiques, qui ont un « air de famille méditerranéen »,
avec des trajectoires de similarités.
L’état actuel de la recherche, par rapport à une culture de la Méd, fabriquant des items autour de ce
thème.
1er constat renvoie à l’idée d’une crise de la catégorie méditerranéenne. Il y a une discussion
sérieuse, au-delà de la critique adressée à une certaine idéologie des 60s en ‘l’accusant
d’ethnocentrisme ou de production d’une anthropologie stigmatisante qui renverrait la
Méditerranée à une ère sous développée, des critiques simplistes. On peut accepter le fait que la
Méditerranée en tant qu’objet d’une socio, histoire, géo particulière ne se justifie pas toujours.
Quand on se place au niveau de l’anthropologie culturelle, l’observation de la Méditerranée révèle
d’une façon assez brutale la crise de l’anthropologie en tant que matière, discipline, la nécessité de
son questionnement. L’anthropologie n’a pas brillé par sa neutralité à sa naissance, sa curiosité
envers les sociétés lointaines fut longtemps animée par le colonialisme, vecteur de cette curiosité. La
découverte de l’anthropologie par les sociétés libérées dans les 60s va construire, révéler un discours
anticolonial puis post colonial, qui va renier la légitimité de ce type de savoir. L’anthropologie traitant
des sociétés archaïques était inscrite dans une démarche évolutionniste, européano-centriste.
Critique qui révèle les limites de l’anthropologie globale, une discipline qui a contribué d’une certaine
manière à l’entreprise coloniale.
2e révélation de la Méditerranée sur l’anthropologie dans son ensemble : idée de critère de
différence disciplinaire. L’anthropologie impliquait le concept de distance, non pas seulement géo,
mais culturelle aussi, pour connaître anthropologiquement, il faut que cette distance culturelle existe
réellement. Les sociétés européennes, donc développées, sont inconnaissables
anthropologiquement. Cela va changer ces derniers temps (on va faire une ethnographie de l’Etat par
exemple, mais plus tard 80s-90s). territoires de l’anthropologie des 1970s rendent possible une
anthropologie des autres territoires considérés jsq là comme insusceptibles d’être
anthropologiquement étudiés.
L’anthropologie a connu l’arrivée de nouveaux terrains (européens), objets. Suppose de « faire le
terrain », une manière étrangère aux politistes, aux sociologues, fabriquer soi même ses faits,
connaître une société comme un fait social total, définir une place à l’observateur dans l’entreprise
de recherche, l’observateur n’est pas extérieur = démarche anthropologique.
Les interrogations sur la Méditerranée comme objet d’anthropologie ont amené à se poser des
questions sur la discipline elle-même.
Tout ce débat autour de la Méditerranée débouche au tournant des 90s sur un renouvellement de la
vision de la Méditerranée : on est passé de cette critique simpliste qui accuse l’anthropologie
d’européocentrisme à une conception de la Méditerranée comme cadre de comparaison. Facilité car
le champ de l’anthropologie est de plus en plus démocratisé. Elle n’est plus le monopole de
l’Angleterre et EU : d’autres chercheurs sont passés du folklorisme (recensement des traditions) vers
une réflexion anthropologique.
La Méditerranée des anthropologues ; l’anthropologie de la Méditerranée: deux livres.
Peregrine HORDEN, Nicholas PURCELL, the corrupting sea, study of mediteranean history, 2000 : livre
sur histoire méditerranéenne, sur une unité de la Méditerranée, qui existe mais qui doit être
démontrée par l’histoire. Un nouveau cahier de charges a été fixé aux sciences sociales qui
s’intéressent à la Méditerranée, et il est centré autour de 2 idées :
-
Idée que les similarités observées ne signifient pas une parenté, elles sont aussi nombreuses
que les différences.
La légitimité de procéder à des comparatismes à l’intérieur de la Méd.
3e partie :
3 concepts qui rendent compte de façon incertaine, parfois réaliste, de ce qu’on peut appeler une
ère culturelle méditerranéenne, qui renvoie à l’idée de famille qu’on peut observer en Méditerranée,
au-delà des stéréotypes, permet de suivre le tracé des ressemblances (pas des similarités), avec cette
précaution de ne pas prendre en charge cette ère culturelle comme un creuset unique de fabrication
d’identité culturelle. 3 institutions traitées par les politologues, qui rendraient compte d’une identité
méditerranéenne :
3e partie Des stéréotypes au concept analytique d’une culture de la Méditerranée
Familialisme, patriarcat, clientélisme, concept d’honneur et de honte.
Pourquoi choisir 3 concepts : une question de temps, et ils concentrent, d’abord ils ont des liens
entre eux, tout un ensemble de stéréotypes sur la Méditerranée. Condensé de stéréotypes, qu’on
retrouve dans films, récits, langage, images : Méditerranée s’entend sur le Midi, Corse, Carpates,
Andalousie. Le méditerranée est coléreux machiste bluffeur, a un « sens du nez » de l’honneur quoi,
se résume de façon rapide : le coup de boule de Zidane, un méditerranéen qui a frappé un autre
méditerranéen : acte irrationnel, il sort avec un carton rouge, on perd la coupe du monde. Insulte sur
la famille, relève de l’affect, des passions. ELIAS La civilisation des mœurs, la civilisation moderne,
capitaliste s’est construite autour d’une domestication des passions, des instincts, tout cela renvoie à
l’humanité, à l’archaïsme. Par rapport à cette image civilisée, la Méditerranée apparaît comme
gentiment « exceptionnelle », à travers une domination de l’instinct.
Chacun des 3 stéréotypes (patriarcat, honneur, clientélisme) opère dans une discipline.
1er concept : parenté, patriarcat, parentalité : en Méditerranée, la famille est sacrée. Famille
particulière, à savoir patriarcale. Un stéréotype a toujours un fondement réel, mais il opère par
simplification et homogénéisation. Il élimine toute complexité. Il y a une part de vérité.
Toute une série d’images en découle : solidarité familiale, mafia, omerta.
La structure du commerce italien s’est construite autour d’entreprises familiales, de petite et
moyennes entreprises. Jeu politique : parenté construite ou fantasmée. Il n’y a pas que la famille de
sang, par le lait aussi, la réinvention de la fraternité familiale, par la guerre par exemple. Fabrication
d’une image figée d’une réalité qui est plus complexe que ce que l’on en retient.
Un des textes fondateurs de cette idée d’un particularisme méditerranéen autour de la famille,
parenté : Germaine TILLION, La reine et les cousins, Seuil, 1966. Dans un style simple, parfois
simpliste, elle, dans un projet relativement féministe, va, à partir d’une généralisation des ses
observation sur l »Algérie et d’une enquête historique couvrant la préhistoire élaboré la théorie
suivante : le statut dégradé de la femme en Méditerranée (pas droit vote, habillées en noir) a des
causes profondes, qu’on peut aller chercher dans l’histoire de cette zone. Le discours était un
discours de dénonciation de la situation des femmes. ELLE oppose 2 systèmes de parenté :
-
La république des beaux frères, qui caractérise le renouveau monde (le monde anglo-saxon
essentiellement)
La république des cousins, qui caractérise l’ancien monde (la Méditerranée)
Thèse : au paléolithique (immigration Kenya-> Méditerranée), les premières inventions techniques
(pièges, armes) amènent à l’accroissement du nb d’hommes et une pénurie du gibier, ce qui va
donner lieu à une mise en place des 1e frontières entre groupes, et la naissance de territoires de
chasse. Mais en même temps, ces sociétés primitives vont inventer l’exogamie pour pallier à
l’insuffisance de la maternité naturelle et lui substituer une maternité sociale. Avec l’invention de
l’agriculture (bien sûr, sa thèse est généraliste et simpliste) et l’élevage, et la sédentarisation qui s’en
est suivie, l’homme peut désormais abuser de la nature, garder ses femmes, plus besoin de les
échanger, et même prendre celle du voisin, avoir des enfants, le nombre fait la force. Société
individualiste conquérante, prohibant la limitation des naissances et l’échange des femmes, l’inceste,
obsédée par la virginité et l’adultère féminin. Le monde méditerranéen peut désormais vivre entre
soi, garder les filles de la famille pour les garçons de la famille. Cette volonté aboutira au voile,
harem, claustration, phénomène très antérieur à l’islam. La civilisation méditerranéenne est aussi
bien juive, chrétienne que musulmane. Cela participe d’une construction beaucoup plus large d’une
typologie qui renvoie à l’existence d’une famille ou d’un type de parenté méditerranéen.
Ce discours est relayé par l’anthropologie de la famille, qui fait remarquer qu’un certain nombre de
sociétés méditerranéenne sont organisées sur la base de groupes de filiation plus souvent
patrilinéaires (passant par le père) que matrilinéaire. Cette filiation définit la transmission des biens
matériels et immatériels, de titres et de statuts. Aujourd’hui, les papiers de la succession, le courrier
relatif à la succession sont mis au nom de l’aîné des garçons lorsqu’il y en a plusieurs = une lointaine
référence à cette question de patrilinéarité. Dans cette façon de faire, cette réalité, se retrouve
historiquement dans le genos grec, unité familiale élargie, la gens romaine, l’ikhss (irss pour la
prononciation) berbère ou dans les lignages féodaux et royaux. La notion de parenté est aussi
caractérisée par l’importance, à côté de la parenté de sang, d’autres formes de parenté électives,
choisies : l’adoption, très pratiquée dans l’Antiquité, mais aussi la parenté de lait dans la mesure où 2
personnes ayant partagé le lait d’un même sein sont liés par un lien fraternel qui fait jouer l’inceste
et qui l’étend à toute la fratrie de sang, ce qui créé de gros pbs dans certains pays. Ces formes de
parenté électives, par le lait, par la guerre, par l’adoption, sont sources de solidarités et d’alliances,
et fondent des pactes qui permettent d’organiser les factions politiques ou les réseaux éco parfois
même illégaux, comme c’est le cas de la mafia.
Dans le système de parenté qualifié de méditerranéen, le glissement est facile vers l’idée que ce
système est patriarcal. Le patriarcat désigne une forme d’organisation sociale fondée sur la détention
de l’autorité par les hommes. Un des premiers modèles de la relation gouvernant/gouverné.
Idée que la famille est dominée par l’image du père. Modèle parfait d’une parenté endogamique,
caractérisé par la prédominance des personnes ou individus masculins. S’opère le glissement vers le
patriarcat à parti de là. DE ce fait, il fait l’objet d’usages débordant largement le champ des sciences
sociales, il participe au concept, à la construction de représentation et de pratiques qui mettent
l’accent sur la dénonciation ou la célébration de formes exclusives d’autorité masculine, qui s’exerce
naturellement dans la famille, mais peuvent désigner métaphoriquement toutes les formes
d’autorité masculines, dans l’entreprise ou au niveau de l’Etat, càd le modèle de l’autorité paternelle.
Lequel modèle mobilise aussi des images religieuses (suspense), l’archétype de référence étant le
patriarche Abraham. Explication de l’autoritarisme en Méditerranée, l’existence de certains
phénomènes sociaux, qui peut aller de la discrimination salariale contre les femmes à la non
reconnaissance du nombre de grossesses dans le calcul de la retraite.
2e concept : le clientélisme. Facteur explicatif du particularisme méditerranéen qui renvoie à une
sorte de combinat, où l’on retrouve l’idée d’informel politique, des rapports de patronage, la
corruption, l’opacité, le non respect des formes…
JF MEDARD, politologue : le rapport de clientèle, du phénomène social à l’analyse politique, revue
française de ScPo, 1976 : = un rapport qui lie un patron et un client, dans une relation inégale,
impliquant un échange de services contre loyauté. La relation de clientèle est différente du
népotisme, qui lui, renvoie à un lien familial.
Historiquement, c’est un rapport déjà observé à Rome : le client, celui qui obéit, est souvent un
individu de position sociale modeste, qui se met sous la protection d’un patron riche, qui lui assure
une aide matérielle régulière en échange de services diverses : appui électoral, accompagnement au
forum (pour montrer la puissance du patron), soutien lors des procès…
Le contrat de métayage au Maghreb (contrat entre un proprio foncier et un agri sans terre qui porte
sur le travail de la terre, le proprio fournit la terre, voire la semence et l’attelage et le métayer fournit
le travail) : le proprio transforme cette relation contractuelle en une relation presque de parenté, le
patron assurant la survie de l’individu, sorte de servage. En parallèle de cette relation presque de
clientèle, se construit une relation : l’ouvrier va s’engager pour son patron, le défendre, le soutenir…
La littérature de scpo a consacré beaucoup de place à cette relation pour expliquer le
fonctionnement des relations de pouvoir dans les sociétés méditerranéennes. (suspense) elle
formule un parti pris par rapport à cette relation, et la considère comme une relation corrompue, ou
pour le moins pré-moderne, voire archaïque. (grand suspense).
Le phénomène a été observé dans les communautés paysannes de l’Europe du sud et de l’Afrique du
nord essentiellement. La relation a régi l’accès des couches subalternes aux ressources foncières que
les notables locaux monopolisaient. On le retrouve aussi accompagnant l’émergence de pouvoirs
locaux, élus ou cooptés, relation de clientèle qui permet à ces notables de se constituer une clientèle
fidélisée qui leur permet d’affirmer leur prestige et leur condition. Cette relation est souvent une
relation de réciprocité, d’interdépendance. Service contre loyauté, service contre service, même si le
rapport est inégal. Souvent associée à ce qu’on peut appeler un dispositif de domination nobiliaire,
petit notable rural/urbain qui va servir de relais avec l’Etat-Nation en construction. Le rayonnement
local des ces patrons leur permet aussi de servir d’intermédiaire avec l’Etat central. Il transforme en
les adaptant ces décisions impersonnelles et déterritorialisées en décisions adaptées et recevables
par la collectivité locale. Ce type de rapport de pouvoir, considéré comme pré-moderne et opaque,
survivance d’un ordre social traditionnel, était considéré comme utile mais appelé à disparaître
devant l’avancée de la rationalisation bureaucratique et de la transparence. De nombreux travaux en
ScPo le relient de moins en moins à une seule aire géographique autour de la Méditerranée. Le
clientélisme est appréhendé comme une forme personnalisée d’exercice du pouvoir, capable de se
nicher dans les institutions les plus modernes. On a ainsi observé que l’accroissement des ressources
publiques et la nécessité de procéder à leur allocation au niveau local, consolide y compris à l’échelle
des grandes métropoles la relation de clientèle. Les rapports de clientèle peuvent désormais être des
rapports sur la forme des relations entre forces politiques et associations, syndic, comme entre
individus. La permanence du clientélisme au sein même du processus de modernisation politique a
conduit les sciences sociales à élargir le champ d’application de cette notion et à l’utiliser chaque fois
qu’on est en présence d’un usage discrétionnaire des ressources publiques, et d’une relation inégale
entre partenaires politiques, et ce, sans que ça ne devienne un marqueur d’un particularisme
méditerranéen.
4e partie : La question de la religion dans le monde méditerranéen
La religion = fait culturel total, qui pose plusieurs problèmes.
Problématique : depuis 2-3ans, il ya un ensemble de groupes qui essaient de traiter les phénomènes
religieux, mais pas seulement en le rapport de clientèle, à partir de la pbtq qui est celle de la non
contradiction entre le processus de sécularisation (repli des grandes religions institutionnalisées) et
expansion du religieux (persistance).
Double dimension du religieux, en tant que rapport au sacré et rapport à l’absolu, et aussi en tant
que rapport à l’inconnu. Principale manifestation de cet inconnu : la mort. Le religieux s’assure une
présence massive dans le monde. Manifestation de ce renouveau : expansion des religions partout
dans le monde (nouvelles religions, sectes selon les lieux).
Cette crise des institutions religieuses implique de nouveaux comportements religieux. Cf. H. LEGER
Idée, paradoxe entre crise des institutions religieuses et la globalisation du religieux, dans la mesure
où les individus opèrent dans une sorte de supermarché du religieux, par choix éclectiques entre
différentes obédiences et se construisent des cheminements religieux en dehors des églises.
= cadre de réflexion qui permet de caractériser des phénomènes d’idéologisation du religieux, mais
aussi des nouvelles pratiques religieuses (syncrétiques, combinaison-bricolage de religion, à partir
d’une quête non plus communautaire mais individuelle du religieux).
Comment appliquer ce schéma à la Méditerranée ? Sachant que le discours dominant concernant la
Méditerranée et le religieux : la religion se pense comme une frontière étanche entre l’islam et la
chrétienté. Exclusivisme des monothéismes.
La Méditerranée = creuset des monothéismes, et en même temps forts antagonismes entre eux : un
autre paradoxe.
Il existe DES fêlures au sein d’un monothéisme.
Plan du cours
-
Homogénéité religieuse : la Méditerranée chrétienne, musulmane… Une homogénéité en
question.
-
Interroger les mots pour dire la complexité religieuse en Méditerranée.
Acteurs et symboles de cette complexité : surtout du point de vue historique, renvoyant
presque tous à l’Andalousie.
- Que se passe t-il actuellement en Méditerranée quand on parle de pratiques mixtes,
syncrétiques, qui traversent un peu les zones étanches de chaque religion ?
1. La fêlure du monothéisme
Le discours dominant = celui de l’exclusivisme des religions, des monothéismes, qui fonctionne avec
une double dimension (une communauté étanche, différente des autres ; non-acceptation, refus
absolu de la double loyauté). Monolâtrie = adoration d’un seul dieu ; monothéisme = d’abord
construit par le judaïsme, confirmé par le christianisme : reconnaissance d’un seul dieu à l’exclusion
de tout autre dieu. Impossibilité de reconnaître l’autre monothéisme.
La fêlure s’est construite autour d’une distinction forte entre les religions.
Dans le discours : pas de prise en charge de l’importance beaucoup plus grande des schismes à
l’intérieur de chaque monothéisme.
L’islam en Méditerranée ne renvoie pas une image homogène et unique. Une image entre au moins
3 sous-systèmes religieux musulmans, si l’on exclut les dernières modalités arrivées au XIXe (babisme
par exemple) : sionisme ; kharidjisme et le chiisme.
Le chiisme est très présent au Liban et en Turquie.
Le kharidjisme est très minoritaire en Islam, pratiquement en l’an 644, se retrouve dans des
communautés, en Tunisie, dans le sud Algérie
Le sionisme est présent un peu partout sur le pourtour méd. A l’intérieur se construisent beaucoup
de formes de religiosité.
Une bonne partie de l’Afrique du Nord était chrétienne jsq VIIe siècle après JC.
On peut retenir 2 christianismes, qui tant sur le plan des dogmes que sur celui de la liturgie, des
rituels, avant même le protestantisme, avant même le schisme entre l’Eglise de Constantinople et
celle de Rome : on se retrouve avec une 10aine d’églises orientales, notamment syriennes,
libanaises, coptes, arméniennes aussi.
Pour le judaïsme : pas de grand schisme, mais deux grandes communautés, qui ne diffèrent pas sur le
plan des rites vraiment : les ashkénazes (Europe de l’Est) et les sépharades (Espagne, Portugal,
Afrique du Nord jsq Yémen).
Construction d’une religiosité liée au culte des saints, des sanctuaires, et à des pratiques très
constantes, récurrentes, de pèlerinage.
2. Quels sont les mots pour exprimer cette difficulté ?
Secte.
Porosité au niveau des pratiques. La sociologie des religions utilise au moins deux grands concepts
pour rendre compte de cette réalité complexe :
-
-
Concept de syncrétisme : dans l’histoire des religions, on l’utilise pour qualifier des religions
de confessions composites, où l’on peut repérer des empreintes d’autres confessions.
Ex. Religions pratiquées aux Caraïbes, au Brésil…
Derrière un discours intransigeant se développe toujours un discours de récupération. Ce
syncrétisme peut même déboucher sur une nouvelle religion. Quand on parle de syncrétisme
culturel, quand il s’agit de la composition d’une culture à partir de plusieurs empreintes.
Concept de « hybridation » : l’hybride est une sorte de croisement entre deux espèces mais
sans que l’on puisse donner naissance à une nouvelle lignée : un mélange non fécond. Tient
compte de ces recompositions ponctuelles culturelles.
3. Les acteurs et les symboles de cette complexité
3 acteurs sont originaires d’Andalousie ; 3 façons de dire le même drame.
Mudéjar, morisques, marranes, ‘alj (hanj).
Les mudéjar étaient des musulmans qui sont restés sous la domination (reconquête a commencé au
XIe) chrétienne. Après la reconquête espagnole XII-XVIe, ils vont être convertis de force à partir de
milieu XVIe. Ils vont créer dans les villes espagnoles des quartiers particuliers (Mellah=quartier juif)
appelé jederi (quartier des juifs) ou quartier des morts. Au moment de leur expulsion, milieu XVIe on
leur demande de devenir chrétien ou de s’exiler. S’est construit sous la domination chrétienne un
islam particulier. Intéressants au niveau de leur art et architecture, caractérisés par usage de brique
rouge cuite, et usage de la faïence, des arabesques. Ils disposaient d’un statut particulier, placés sous
autorité chrétienne et parlaient castillan. Mais à partir du début XVIe, ils vont devoir choisir. Ces gens
qui sont partis vont changer de nom : on va les appeler les morisques. Départs massifs qui culminent
le 4 MARS 1609 : édit d’expulsion des Morisques, pour une petite partie de la France. Seules vont
rester les femmes morisques mariées à des chrétiens. Vont au Maghreb, les textes parlent de
300 000 personnes.
Les morisques signifient un peu les morts. Actuellement, les morisques, leur trace est gardée dans le
nom : des noms comme Marciano, Toletano, Guedira…
Les marranes : la même population que les morisques mais il s’agit de juifs. Un mot très péjoratif,
employé pour désigner les chrétiens de 2e main, chrétiens forcés. Obligé de se convertir ou de
mourir. Beaucoup se sont convertis tout en continuant à pratiquer en cachette. Le mot renvoie à
cette suspicion. On retrouve des familles au Portugal, au Brésil…
Les ‘alj : qui sont les descendants des captifs (prisonniers lors des courses, piraterie de l’époque,
corsaires) chrétiens qui vont se convertir à l’islam durant XVIe-XVIIe.
4. Historiquement, quels sont les types de gestion de cette complexité ?
Il y a au moins deux situations dans lesquelles la religion se conçoit elle-même :
-
-
Quand la religion se conçoit de façon relativement forte en tant qu’Eglise, au sens générique,
toute institution religieuse qui vise à s’assurer du monopole de production des biens
religieux.
Configuration d’une Eglise faible
Dans tous les cas, chaque église, quel que soit le niveau de concentration religieux, ne peut
empêcher l’émergence de pratiques marginales. Stratégie d’intégration, de normalisation. En Islam,
pas de processus de canonification, béatification, l’accès au statut de saint dépend de la capacité à
mobiliser des fidèles, la réussite populaire du saint qui lui permet de changer de statut et de passer
de celui de marginal à celui de saint. Stratégie d’exclusion : l’histoire des 3 religions s’est peuplée de
procès d’exclusion, sorcellerie, de violence…
Quel est le rapport des Etats à cette complexité 2 configurations politiques :
-
La 1e, pas nécessairement tolérante, la configuration impériale, mais qui laisse la possibilité
au syncrétisme d’exister par exemple. On en a plusieurs exemples : le cas de l’Empire
ottoman, napoléonien (quand il traite de la présence juive en France).
La pratique impériale ottomane, qui se retrouve aussi dans la pratique impériale chinoise, a
aménagé très tôt des statuts aux communautés religieuses et ethniques, pas de
contradiction avec la pluralité des communautés = système des Millet (vient de milla :
obédience, croyance). Dans ce système, l’empereur est protecteur (empereur est d’une
religion, il est musulman sunnites dans le cas de l’empire ottoman), a le devoir de protéger
les autres communautés religieuses (juives, chrétiennes, musulmans non sunnites). Pour les
musulmans non sunnites, Ce devoir n’entraîne pas un statut particulier, il reste sujet
musulman de l’empereur, ne sont soumis qu’à la taxation canonique. Par contre pour les non
musulmans qui professent une religion du libre (chrétiens et juifs seulement ; pas de
reconnaissance des autres religions) sont protégés et dénommés les gens de la « dhimma » :
en contrepartie d’une taxation supérieure à celle des musulmans, ils bénéficient d’une
protection qui leur donne la possibilité de s’organiser en communautés et de gérer leur lieux
de cultes eux-mêmes et tous les problèmes communautaires de statut personnel (mariage,
divorce, succession). L’empereur s’accommode d’une présence de collectivités tout à fait
autonomes. Autre contrepartie : une forme de discrimination vestimentaire et résidentielle.
Ceci atteste de nombreuses possibilités offertes aux communautés pour participer à la
gestion de l’Empire à travers des métiers (finance pour les Juifs) ou des fonctions politiques.
L’Edit ou plutôt la manière dont Napoléon va traiter la question juive en France : décret qui
institue pour la première fois en 1806 qui permet aux juifs de s’organiser en communautés et
d’avoir une représentation auprès du pouvoir (équivalent du CRIF actuel).
-
La 2e : l’Etat-Nation. Une de ses caractéristiques, c’est la correspondance entre un territoire
et une organisation politique qui procèderait d’une entité nationale, laquelle serait la
résultante d’une homogénéité ethnique, qui transcende, linguistique, religieux, et qui finit
par aboutir à des formes de citoyenneté qui transcendent toutes ces appartenances. Un
travail d’identité nationale relativement violent car il procède par intégration et assimilation
de toutes les formes de loyauté périphérique. On a 2 possibilités : quand l’Etat Nation a une
religion (les formes de religiosité particulières sont évacuées, il ne reste que la religion de
l’Etat, ex. Grèce, Espagne) ; quand il n’en a pas (en principe) (on retrouve des formes
impériales de gestion du pluralisme).
Aujourd’hui, l’EN est la forme dominante en Méditerranée (transition avec la 2e partie) Ne laisse
aucune marge à l’expression religieuse que celle de la religion nationale. Dans ce contexte de
reconfiguration nationale ou les pluralismes religieux sont traités uniquement par des héritages
honteux (cas de l’Egypte, pays musulmans dont 10% de la population est constituée de coptes) et
non pas intégrés. Cristallisation de l’identité nationale et de puritanisme religieux qu’on peut
observer en Méd.
Religions en méditerranée
Religions : monothéisme est religion très exclusiviste
Gens traversent des frontières car détresses absolue ou pour reconduire des pratiques devenues
impossibles chez eux.
Trois monothéismes ont produit religion de proximité. Recours aux saints.
Eglise d’orient a mis en place des mécanismes de reconnaissance : canonisation ou béatification. =
reconnaissance du pouvoir d’intermédiation de ces personnages
Pas de tels processus dans l’islam= formules différentes
Constante des 2 religions : Réussite temporelle du saint atteste de sa sainteté
Chez les juifs : tous les saints sont des rabbins
Islam n’associe pas la connaissance des textes, de la religion, à la sainteté au contraire : des clercs
religieux peuvent devenir saints (distinction science religieuse et connaissance de dieu dans l’islam)
(processus plus ésotérique/initiatique)
Islam : sainteté peut être associé à des personnages tout à fait inédits (ex : les fous de dieu : qui ont
pratiques en marge de la société, ex : qui agressent des gens)
Idée d’unicité également commune aux trois religions
Idée de communautés -> donne une toponymies ou topographie
Différents types de gestions des religions :
- Gestion par les Eglises
- Gestion impériale du pluralisme religieux (Napo) (Empire turc avec pluralisme religieux et
ethnique)
- Gestion de l’Etat-nation (propose une conception nationale de la religion et crée conditions
de congruence entre religion et laïcité) (généralement ils produisent une religion nationale
même si ils nient cela ex : France) ce dispositif est actuellement totalement en crise parce
que les religions se globalisent
Les pratiques actuelles :
Pas de tendance à la convergence des religions mais certaines possibilités de transgression des
frontières
Principaux foyers de dévotion partagés : méditerranée orientale (de l’égypte aux balkans et MO,
voire aussi turquie)
Maghreb : dévotion partagée juifs et musulmans
Europe : dévotion partagée dans des sanctuaires reconstitués, soit en situation de retour (ex : pieds
noirs) ou de migration
Maghreb : phénomène de la sainteté très répandu, aussi bien urbain que rural, concernant autant
judaisme que islam
Benami dans son recensement, compte une centaine de marabouts juifs, dont 20% sont fréquentés
par les deux communautés
Culture religieuse juive sépharade très proche de celle des marocains musulmans : saints (tastiki)
fréquentés alternativement par des musulmans et des israélites
Musulmans leur reconnaissaient des vertus particulières
Départ massif des juifs maghrébins dus à leur naturalisation sous colonisation française en Algérie et
plus tard à un exode vers la Palestine ou vers le canada et la France, a réduit considérablement cette
communauté. Reconstitution des circuits de pèlerinage en Israël. Choc cultures ashkénazes et
sépharades fait émerger un désir de retour vers terres d’origines. Depuis vingtaines d’années, retour
organisation pèlerinage vers les saints qui existent au Maroc et en Tunisie.
 Configurations inédites de dévotion partagée, communauté des pèlerins +/- 30 000
personnes
 Saints les plus importants sont svt ruraux
Ambiance d’inimité avec conflit israélo-palestinien, mais pour entretien des cimetières, obligé
d’engager des servants de religions différentes.
Coopération lors des pèlerinages également
Besoins réciproques et complémentarité -> coopération, mais pas de cohabitation exemplaire
Possibilité de passage d’une croyance à une autre à un moment donné malgré tout
Dés invasion musulmane de Jérusalem, les églises ont été considérées comme des lieux de prière
(ex : Sainte Sophie à Istanbul ou Cordoue ou Séville)
Autre moment de confrontation : empire ottoman, ainsi que guerres balkaniques
Départ massif des chrétiens d’orient
Personnage de la vierge est traité presque de la même façon et donc thèse continuité théologique de
la religion possible
Seule femme citée dans le coran
En 1983, apparition de la vierge qui devient objet d’une dévotion aussi bien de la part des
musulmans que des chrétiens, en Egypte depuis les années 60, régulières apparition de la vierge ->
construction d’églises, hétéroclite du point de vue de l’appartenance confessionnelle (coptes et
musulmans s’y côtoient)
Pour les musulmans st George est assimilé à la figure coranique du khidr (sorte de saint), il est
identifié comme celui qui accompagne Moïse
Caractère protéiforme de ce saint, qui a souvent permis de l’associer à des figures saintes juives et
chrétiennes, comme St Eli pour judaïsme et St George pour le christianisme.
Hidrelles (musulman)// Eli (juif)
Méditerranée dans la littérature
50s et 60s méditerranée très présente dans le cinéma
Homère : dans l’Odyssée, la limite de la méditerranée c’est le détroit
Fruits d’Or autochtones : citronniers (alors que pas de la région !!)
Odyssée est représentation d’un espace avec des lieux/des produits
Platon : l’Atlantide
2 moments pour évocation méditerranée en littérature :
Avant le 19ème siècle : récits de voyages (mis en scène au moment des croisades ou du pèlerinage à la
Mecque) Méditerranée appréhendée comme une parenthèse dangereuse. Ecrits traduisent crainte
face à une grande masse liquide.
Invention bateau à vapeur -> changement de ton des récits de voyages : méditerranée devient un
territoire apprivoisé
Louis Enault la med, ses îles et ses bords , « passé de la méditerranée remonte aux premiers jours du
monde » « nulle part la terre et la mer ne conspire avec un plus merveilleux accord »
Paul Valery et Albert Camus
film FACES
Film franco-suisse. Gérard Maximin. Histoire d’un projet culturel en Méditerranéen, de rendre
compte du conflit israélo-palestinien à partir d’un reportage photographique. La somme de ces
portraits va être exposée dans le monde. Le film raconte le retour des photographes et d’un cinéaste
sur les lieux de la prise de photo pour essayer de les montrer aux divers protagonistes, dont les
réactions nous sont rapportées.
Afin de montrer qu'au-delà de leurs différences, les Palestiniens et les Israéliens sont assez
semblables pour se comprendre, JR et Marco ont lancé, sans demander aucune autorisation, la plus
grande exposition de 'street art' de tous les temps, en collant dans plusieurs villes des deux côtés du
mur, des portraits photographiques géants d'Israéliens et de Palestiniens exerçant le même métier !
Les caméras suivent leurs aventures mouvementées.
Séance 09/11/10 :
PERISTIANY : anthropologue, Honneur et honte, les valeurs de la société méditerranéenne. Honor
and shame, values of mediteranean society
Pete RIVERS : The people of the sirak (de la montagne), 1961
Honneur Et Baraka.
Honneur a été vu comme une caractéristique, associé au concept de prestige, courage et protection.
Il a qch à voir avec le patronage et le clientélisme. Sans concept, honneur, le patron n’aurait aucune
obligation // client : c’est pour et par l’honneur que se construisent un certain nombre de relations.
Selon RIVERS, honneur pas seulement une définition de la réputation d’un homme, mais surtout celle
du groupe dans lequel il vit.
Au-delà de cette dimension politique, qui explique les obligations et les loyautés
gouvernants/gouvernés, le concept d’honneur a toujours été associé à la pbtq du genre (gender) :
l’honneur est un discriminant sexuel, autour de lui se construit la distinction homme/femme. En
Méditerranée, le dépositaire de l’honneur, c’est l’homme, l’honneur est une vertu masculine, qui est
déposée chez la femme, qui est le siège de cet honneur.
Paradoxe : honneur est masculin, mais le siège, c’est la femme. La femme est le point vulnérable de
la gent masculine, car elle peut être la source de la honte.
Honte et pudeur féminine. Dans cette perspective, la respectabilité des hommes prend source dans
la défense de leur honneur, et donc de leur famille, ce qui implique un strict contrôle des femmes par
les membres masculins de la famille.
Dans son étude sur le village andalous, RIVERS a observé que la honte (honneur en négatif) était un
mécanisme par lequel la réputation était préservée face à la communauté des commérages, tandis
que les hommes possédaient naturellement une forme d’honneur liée à leur genre, les femmes au
contraire devaient éviter tout comportement condamnable, ou qui pourrait mettre en péril la vertu
des autres.
En quelque sorte, la femme est une personne à risque.
Critiques de cette façon de voir la Méditerranée, de mettre en avant l’honneur. Dans 1970s, on a
reproché à cette anthropologie de porter les stigmates d’un néo-orientalisme, quand bien même
l’objet étudié n’est pas oriental, qui privilégie la dimension exotique du phénomène. 2000s : on a
commencé à la déconnecter de son rapport rigide à la question du genre.
2 exemples de figure :
-
-
Celle de la Vierge est une vraie figure partagée, culte de la vierge dans islam. On a observé
des apparitions de la Vierge en plusieurs endroits en terre d’islam comme en terre
chrétienne. La dévotion mariale s’est installée chez les musulmans, qui peuvent se rendre
dans des sanctuaires chrétiens pour lui rendre hommage. Il existe des sanctuaires
musulmans mariales (ce ne sont pas des mosquées).
La Vierge et l’islam
Figure de Saint Georges : c’est même plus qu’une figure, c’est un conglomérat de
personnages. Figure du khibr. Le concept de saint. Il peut prendre la figure de plusieurs saints
importants. Un être protéiforme.
Enquête 2010 : sur la question des valeurs et des représentations en Méditerranée. Fondation ANNA
LINDH ? Volonté des Etats représentés par MAE dans un board et second board regroupant des chefs
d’associations
Les valeurs sont des préférences collectives. Groupes de personnes les reconnaissent comme
idéales : frugalité, orgueil, autonomie, patrie, obéissance sont des exemples (à compléter ces 2
phrases). Les valeurs ne réfèrent pas seulement à des idéaux, elles aussi et surtout des fonctions
pratiques, c’est pq elles intéressent la socio, elles guident inspirent, stimulent et sont à l’origine de
jugements, choix opinions politiques.
Enquête 13126 personnes, échantillon méditerranéen, représentatif de 13 pays euro-méditerranéens
du pourtour méditerranéen. Enquête par questionnaire, institut GALLOP Suède, Allemagne,
Angleterre, France, Espagne, Hongrie, Grèce, Bosnie Herzégovine, Syrie, Liban, Egypte, Maroc,
Turquie.
4 thématiques
Il y a un parti pris politique de cette enquête. Variables indépendantes : âge, lieu de résidence,
niveau alphabétisation, type de religion, genre, etc …
Quel sens a la Méditerranée ? La Méditerranée a-t-elle un sens pour les personnes interrogées ?
Effectivement, elle fait sens chez 4 répondants sur 5, mais sens différents. Un régime alimentaire
sain, une zone hospitalière, une zone de conflit en même temps. 80% des gens questionnées
l’associent à une vertu positive. 80,5% pensent que la Méditerranée est un héritage commun.
Quand on prend des valeurs comme l’hospitalité et le conflit, des valeurs plus précises. La manière
d’organiser et présenter les données, de faire des associations peut dévoiler des aspects biaisés, très
différents. La seule garantie, c’est d’envisager toutes les possibilités d’interprétation, de prendre en
charge les moyennes générales, les écarts types, ou des catégories préconstruites.
Les pays les plus pour cette association, Méditerranée comme espace hospitalier : Allemagne, Suède,
Angleterre.
Les pays les plus sceptiques : Turquie, Syrie, France, Egypte.
L’expérience des 1ers est touristique.
Les seconds : familiarité, expérience particulière de la Méditerranée. Les pays ne se considèrent pas
eux-mêmes comme méditerranéens, c’est le cas de l’Egypte.
Sur la question des conflits : ignorance des conflits comme étant des conflits méditerranéen.
Exemple le conflit israélo-palestinien.
Deuxième point : les interactions en Méditerranée: question : dans les 3 derniers mois, ont-ils eu des
relations avec un ressortissant d’un pays du pourtour méditerranéen, si oui, comment ?
http://www.euromedalex.org/fr/trends/a-propos
4 répondants sur 6, notamment pays sud-est méditerranéen, ont des parents en Europe et ont
interagi avec eux. Résultats contrastés entre les pays d’immigration (Turquie 61% d’interaction) et les
autres.
Un européen sur 3 a visité un pays du pourtour sud méditerranéen. Les Suédois se sont déplacés le
plus, puis les Allemands, les Français.
Turquie est un des premiers pays touristiques (Suède, Allemagne).
Au-delà du contact, y a-t-il du lien ?
Les contacts interpersonnels sont moins fréquents que les déplacements.
Les interactions sont superficielles, elles sont marchandes et touristiques, l’idée d’une Europe
forteresse est vérifiée.
3e point : les valeurs et représentations : quelles sont les valeurs qu’ils pensent transmettre à leurs
enfants, quelles sont celles qu’ils pensent que les autres pays européens transmettent à leurs
enfants, quelles sont les valeurs qu’ils pensent que les pays sud et est méd transmettent à leurs
enfants.
Décalage énorme entre comment chaque pays se pense, et comment il pense son voisin immédiat.
Très forte résistance du palier national (de l’identité nationale).
Cohérence quand les résultats correspondent à ceux du voisin.
La question de la religion : la religion serait la valeur principale des pays du sud : seul point cohérent,
pays du nord et sud, mais la fonction n’est pas la même.
Valeur centrale : solidarité familiale.
Les pays du sud pensent que ce n’est pas une valeur des pays du nord, et que ce n’est pas à diffuser.
Paradoxe. A l’intérieur de l’UE, la valorisation de la solidarité familiale est très forte chez les suédois,
mais ils pensent que le reste de l’Europe ne les véhicule pas.
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