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PREAMBULE
Un échec, une régression… Si on voulait faire un jeu de mots un peu provocateur, on
pourrait dire que l’année 2007-2008 est une année noire pour la diversité dans les médias.
Disons plutôt que c’est une année ratée, une année pour rien… pire une année de
stagnation, voire même de régression… Un croche-pied à l’Histoire au moment où s’installe
à la Maison Blanche le premier président noir des Etats-Unis ! De l’autre côté de l’Atlantique,
l’impensable s’est produit. En France, l’impensable n’a jamais été aussi palpable. Même le
CSA a dû (enfin !) sortir ses griffes pour exprimer son mécontentement. Son récent rapport
confirme ce qu’Averroes dénonce depuis dix ans : les écrans et les pages des journaux sont
trop pâles ! L’année dernière, dans son rapport, le Club Averroes se félicitait des progrès
accomplis dans certaines rédactions. La symbolique nomination d’Harry Roselmack au 20
heures de TF1 avait drainé derrière elle quelques vocations qui trouvèrent leurs places dans
les rédactions. Hélas, cet élan s’est brisé net. Comme si la question était réglée. Cette
année, le Club Averroes regrette l’immobilisme des responsables des grands médias. Nous
fustigeons ce retour en arrière.
En 2008, la Commission Copé fut mise sur pied pour élaborer le projet de loi relatif à la
communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision. L’espoir était
alors permis d’envisager une meilleure prise en compte de la diversité par le pôle public
audiovisuel. Malheureusement, la problématique de la diversité n’a fait l’objet d’aucun débat.
Un comble ! Il faut signaler qu’aucun professionnel de la diversité ne figurait dans ladite
commission. Avec la récente élection de M. Barack Obama, un soudain intérêt s’est enfin
manifesté à la faveur de l’amendement du député UMP Frédéric Lefebvre, afin que figurent
en bonne place dans la loi « des obligations légales de diversité ».
A la télévision, les embauches de journalistes ou de techniciens sont à compter sur les
doigts de la main. Pire, certaines chaînes se sont livrées à ce qu’on peut appeler, avec
provocation certes, « une purification ethnique ». Plutôt que de combattre la discrimination
parfois dénoncée par les syndicats, les responsables ont choisi d’exclure les rares
représentants de la diversité.
On aurait pu espérer que le lancement des chaînes de la TNT allait offrir des opportunités ?
La déception s’est imposée très rapidement à la vue des embauches opérées alors par les
nouvelles chaînes. Pire, les chaînes de la TNT qu’elles soient nationales ou régionales font
encore moins bien que les chaînes hertziennes classiques2.
Même constat général pour les radios aussi bien publiques que privées. Les voix manquent
de couleur. Ce n’est pas faute d’avoir approché les managers de ces médias. Ils reçoivent
gentiment les membres du Club Averroes mais montrent les plus grandes difficultés à mettre
en musique leurs promesses. Alors que leur convention avec le CSA les y oblige, une
grande part d’entre elles ne rendent aucun rapport sur ce sujet, au risque de démobiliser
celles qui remplissent légalement leurs obligations.
Dans la presse écrite, rien n’a changé non plus. Les journalistes y sont toujours prompts à
dénoncer une télévision ou un personnel politique trop blanc mais n’imagent pas un instant à
porter un regard critique sur leur propre univers. Pourtant, non seulement la diversité est
encore un rêve dans la presse écrite mais les rédactions en chef continuent à utiliser certains
journalistes qui en sont issus (surtout les pigistes) comme des « fixeurs » bons qu’à servir de
2 Voir document « Câble, satellite, TNT : l’autre grande famille de la télé » en annexe.