LA PHILOSOPHIE
MALGRÉ EUX
AGONE 48, 2012
Ce que des auteurs infréquentables ont à dire
à ceux qui ne veulent pas leur ressembler
§
Jacques Bouveresse
§
L’ironie contre le bel
esprit philosophique
§
Sophie Djigo
§
Bouveresse & Bourdieu, critiques de la posi-
tion scolastique
§
Bruno Ambroise
§
Une
autre philosophie allemande
§
Christian
Bonnet
§
Bouveresse, historien critique de
la philosophie
§
Jean-Matthias Fleury
§
Le philosophe & le démon de Karl Kraus
§
Thierry Dis ce polo
§
Les armes de Wittgen-
stein
§
Jean-Jacques Rosat
§
Bouveresse
dans le rationalisme français
§
Claudine
Tiercelin
Histoire radicale : Victor Serge, Sur la gestion
bureaucratique du cinéma *Dwight Mac -
donald, Le cinéma soviétique : une histoire & une
élégie *Daniel Sauvaget, Un film américain
stalinien, Mission to Moscou (1943)
REVUE AGONE
NUMÉRO COORDONNÉ PAR
Jean-Jacques Rosat
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Thierry Discepolo
COMITÉ DE LECTURE : Miguel Chueca (Université Paris Ouest Nanterre),
Sylvain Laurens (Université de Limoges), Julian Mischi (INRA), Philippe
Olivera (Lycée Diderot, Marseille), Étienne Pénissat (CNRS), Jean-Jacques
Rosat (Collège de France)
RUBRIQUES
«HISTOIRE RADICALE » : Charles Jacquier
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : Natacha Cauvin
COMITÉ ÉDITORIAL : Sandra Barthélémy, Gilles Le Beuze, Raphaël Monnard,
Anne-Lise Thomasson
© 2012, Éditions Agone, BP 70072, F-13192 Marseille cedex 20
Les auteur-e-s qui publient dans la revue développent librement une opinion
qui n’engage qu’eux/elles-mêmes.
www.agone.org
ISBN 978-2-7489-0153-5 ISSN 1157-6790
Couverture Faber • Maquette Gilles Le Beuze
LA PHILOSOPHIE MALGRÉ EUX
SOMMAIRE
007. Éditorial : Jean-Jacques Rosat
011. Bouveresse dans le rationalisme français, Claudine Tiercelin
Après avoir dégagé quelques incarnations du rationalisme dont Bouveresse
se démarque, j’indique quelques aspects qui ancrent son œuvre dans la tra-
dition de l’Aufklärung (mais en la renouvelant), avant d’insister sur ce qui
me semble plus distinctif de ce rationalisme dans lequel parviennent mira-
culeusement à cohabiter des sources philosophiques, littéraires et scienti-
fiques : Cournot, Vuillemin, Carnap, Peirce, Wittgenstein, Russell, Frege,
Sellars, Bolzano, Boltzmann ou Helmholtz, mais aussi Descartes, Kant,
Schopenhauer, Fichte, Husserl, Cavaillès, Canguilhem, les pragmatistes
James, Putnam, ou encore des écrivains comme Valéry, T.S. Eliot, et, plus
que tout peut-être, Lichtenberg, Kraus et Musil. Puis je me concentre parti-
culièrement sur l’examen de ce rationalisme à l’aune des liens de Bouveresse
avec la tradition « analytique », et avec Wittgenstein en particulier.
035. Le démon de Karl Kraus & le philosophe du Collège de France
Thierry Discepolo
Si l’immunité du philosophe de la connaissance aux penchants irrationa-
listes et au modèle tyrannique de Kraus ne fait pas de doute, l’intérêt pour
ses outils trouve son sens dans la prise de conscience par le rationaliste
des limites de l’Aufklärung. Contre les tentations élitistes de certains enthou-
siastes naïfs (la liberté naîtra de la lucidité acquise par la seule science et
le seul exercice de la raison), Bouveresse tient la satire et l’ironie pour indis-
pensables : le monde intellectuel n’est pas moins violent et injuste que les
autres mondes sociaux ; on ne peut y défendre l’honnêteté intellectuelle
et l’exigence de justice sociale et économique sans accompagner l’exercice
AGONE
Histoire, Politique & Sociologie
numéro 48, 2012
4LA PHILOSOPHIE MALGRÉ EUX
de la raison et les luttes pour un monde égalitaire par l’exercice d’une
contre-violence au moins équivalente à la violence de l’attaque dont sont
l’objet ces valeurs inséparables aux yeux du démocrate armé.
057. Bouveresse et Bourdieu, critiques de la position scolastique
Bruno Ambroise
Bouveresse revendique un certain héritage bourdieusien et considère
Bourdieu non seulement comme un sociologue important, mais égale-
ment comme un interlocuteur de plein droit sur le plan philosophique.
C’est qu’il est tout à fait conscient que les philosophes n’échappent pas,
contrairement à ce qu’ils aiment croire, aux champs sociaux et aux enjeux
sociaux que ceux-ci déterminent : ils y participent en ne croyant parti-
ciper qu’à des enjeux intellectuels ; et qu’en outre la façon me dont
Bourdieu a construit sa théorie sociologique rejoint des positions philo-
sophiques défendues par Bouveresse, notamment à travers sa lecture de
Wittgenstein. C’est ainsi en deux sens que Bouveresse a héride Bourdieu :
comme sociologue, et tout particulièrement du champ intellectuel, ce der-
nier lui a apporté un certain nombre de connaissances sur le monde social
et sur la philosophie, en tant qu’elle s’y inscrit ; comme épistémologue
Bourdieu a développé une démarche méthodologique proche de celle que
Bouveresse adoptera.
079. Jacques Bouveresse, historien critique de la philosophie
Jean-Matthias Fleury
Il se pourrait que le désintérêt tenace à l’égard des recherches historiques
de Bouveresse ait des raisons profondes, dans la mesure ses travaux inter-
rogent finalement la plupart des objectifs et des présupposés habituelle-
ment admis en la matière par le champ académique français. À la suite de
Carnap et surtout de Russell, Bouveresse considère en effet que la question
de la recherche de la vérité est absolument centrale dans le travail d’analyse
historique, ce qui implique une forme de rapport critique à la tradition phi-
losophique beaucoup plus développé qu’il ne l’est habituellement dans les
études hexagonales. De ce point de vue, Bouveresse se situe d’ailleurs éga-
lement en rupture à l’égard du courant de la philosophie rationaliste systé-
matique, initié par Gueroult et poursuivi par des auteurs comme Vuillemin
et Granger, dont Bouveresse s’estime, à beaucoup d’autres égards, l’héritier.
103. Une autre philosophie allemande, Christian Bonnet
Le paradoxe, dont lui-même s’amuse, qui veut que Jacques Bouveresse soit
régulièrement présenté comme un spécialiste de la philosophie anglo-
saxonne, quand la plupart des auteurs auxquels il s’est intéressé et qui ont
nourri sa flexion sont des philosophes et des écrivains de langue allemande,
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SOMMAIRE
s’explique sans doute, comme il le soupçonne, par le fait que, bien que
« de langue allemande, une langue qu’on a l’habitude de considérer comme
particulièrement philosophique », la tradition à laquelle il a consacré une
bonne partie de ses travaux « n’a guère été considérée, dans le meilleur des
cas, que comme une simple excroissance bizarre ou un appendice tout à fait
mineur de la grande tradition philosophique allemande, alors qu’elle cor-
respond en réalité à un courant de pensée tout à fait spécifique et auto-
nome, qui s’est défini largement par son opposition à la tradition allemande
et en particulier à l’idéalisme allemand ».
123. L’ironie contre le bel esprit philosophique, Sophie Djigo
Loin de pratiquer la confusion des genres entre philosophie et littérature,
l’œuvre de Bouveresse offre la preuve par l’exemple que les philosophes ont
tout intérêt à se saisir du pouvoir d’élucidation et de diagnostic de certains
ouvrages de la littérature. Sur ce point, Bouveresse est l’un de ceux qui ont
ouvert une voie dans la philosophie française. Mais ce qui l’intéresse par-
ticulièrement dans cette tradition littéraire qu’il affectionne, en particulier
Musil et son héros cacanien, c’est à quel point ce ton, ironique ou satirique,
est approprié à la philosophie, notamment à la défense du rationalisme. Ce
rapport très particulier à la littérature, aussi bien dans son style de pensée
philosophique que dans ses préoccupations, distingue Bouveresse dans le
paysage philosophique français contemporain, marqué pour le moins par
un certain lyrisme.
141. Les armes de Wittgenstein, Jean-Jacques Rosat
« Quand j’écris sur Wittgenstein, dit Bouveresse, il se produit sans doute
une sorte de processus d’identification. Je n’ai pas eu à me forcer pour
adopter son style de pensée et ses actions. J’ai trouvé avec lui le philo-
sophe qui vous semble avoir donné le mode d’expression optimal à des
idées dont vous sentez que ce sont aussi les vôtres. » Quelles ont pu être
les affinités de « réactions » entre un Viennois rencontrant la philosophie
à Iéna et Cambridge à la veille de la Première Guerre mondiale et un Franc-
Comtois la découvrant à Paris au début des années 1960 ? Qu’est-ce qui a
fait du « style de pensée » du premier le « mode d’expression optimal » des
idées qui ont surgi dans l’esprit du second lors de son entrée dans l’arène
philosophique et tout au long des cinquante années qui ont suivi ? Quelles
assonances entre leurs volontés ? Quelles similitudes entre leurs combats ?
163. Ce que des auteurs infréquentables ont à dire à ceux qui ne veulent
pas leur ressembler, Jacques Bouveresse
C’est de l’hommage rendu involontairement à Spengler par certains de ses
continuateurs qui s’ignorent, que j’aurais aimé vous parler plus longuement.
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