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SOMMAIRE
s’explique sans doute, comme il le soupçonne, par le fait que, bien que
« de langue allemande, une langue qu’on a l’habitude de considérer comme
particulièrement philosophique », la tradition à laquelle il a consacré une
bonne partie de ses travaux « n’a guère été considérée, dans le meilleur des
cas, que comme une simple excroissance bizarre ou un appendice tout à fait
mineur de la grande tradition philosophique allemande, alors qu’elle cor-
respond en réalité à un courant de pensée tout à fait spécifique et auto-
nome, qui s’est défini largement par son opposition à la tradition allemande
et en particulier à l’idéalisme allemand ».
123. L’ironie contre le bel esprit philosophique, Sophie Djigo
Loin de pratiquer la confusion des genres entre philosophie et littérature,
l’œuvre de Bouveresse offre la preuve par l’exemple que les philosophes ont
tout intérêt à se saisir du pouvoir d’élucidation et de diagnostic de certains
ouvrages de la littérature. Sur ce point, Bouveresse est l’un de ceux qui ont
ouvert une voie dans la philosophie française. Mais ce qui l’intéresse par-
ticulièrement dans cette tradition littéraire qu’il affectionne, en particulier
Musil et son héros cacanien, c’est à quel point ce ton, ironique ou satirique,
est approprié à la philosophie, notamment à la défense du rationalisme. Ce
rapport très particulier à la littérature, aussi bien dans son style de pensée
philosophique que dans ses préoccupations, distingue Bouveresse dans le
paysage philosophique français contemporain, marqué pour le moins par
un certain lyrisme.
141. Les armes de Wittgenstein, Jean-Jacques Rosat
« Quand j’écris sur Wittgenstein, dit Bouveresse, il se produit sans doute
une sorte de processus d’identification. Je n’ai pas eu à me forcer pour
adopter son style de pensée et ses réactions. J’ai trouvé avec lui le philo-
sophe qui vous semble avoir donné le mode d’expression optimal à des
idées dont vous sentez que ce sont aussi les vôtres. » Quelles ont pu être
les affinités de « réactions » entre un Viennois rencontrant la philosophie
à Iéna et Cambridge à la veille de la Première Guerre mondiale et un Franc-
Comtois la découvrant à Paris au début des années 1960 ? Qu’est-ce qui a
fait du « style de pensée » du premier le « mode d’expression optimal » des
idées qui ont surgi dans l’esprit du second lors de son entrée dans l’arène
philosophique et tout au long des cinquante années qui ont suivi ? Quelles
assonances entre leurs volontés ? Quelles similitudes entre leurs combats ?
163. Ce que des auteurs infréquentables ont à dire à ceux qui ne veulent
pas leur ressembler, Jacques Bouveresse
C’est de l’hommage rendu involontairement à Spengler par certains de ses
continuateurs qui s’ignorent, que j’aurais aimé vous parler plus longuement.