Epistémologie et sociologie des sciences économiques. Vérité, langage, (in)exac:tude et pluralisme en économie Ma#hieu Montalban • L’épistémologie a souvent pris pour modèle la physique pour définir les critères de scien=ficité, ainsi qu’expliquer l’histoire des sciences • L’économie s’en est aussi inspirée, car volonté d’être une science « dure », cohérente, « exacte » et prédic=ve • Est-­‐ce per=nent ou simplement possible? • Quels problèmes posent l’économie et les méthodes mises en œuvre perme#ent-­‐elles de les résoudre? • La mul=plica=on des paradigmes, nécessité ou faiblesse? Plan • I. Le problème de l’objet et de la finalité des sciences économiques • II. Ces implica:ons sur la vérité et l’(in)exac:tude des méthodes et prédic:ons – Modélisa=on – Économétrie et problèmes de mesure des concepts et de valida=on des modèles – Économie expérimentale – Approches historiques et ins=tu=onnelles • III. Le nécessaire et difficile main:en du pluralisme I. LE PROBLÈME DE L’OBJET ET DE LA FINALITÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES Sciences économiques/économie poli:que • Défini=on : – science qui étudie le comportement humain en tant que rela=on entre les fins et moyens rares à usage alterna=f (Robbins) – Produc=on, consomma=on et répar==on des richesses • Dans la déf (1), l’objet inclut tout comportement humain… peu spécifique, voire vague • Dans (2), difficulté de définir et mesurer la richesse. Ex : la produc=on des fonc=onnaires, produc=on domes=que, du football amateur vs professionnel etc… défini=on largement conven=onnelle Une science à visée poli:que • L’économiste conseiller du Prince : la difficulté de séparer le norma=f du posi=f Posi=f = ce qui est (science, expliquer le « réel ») ; norma=f : ce qui doit être (normes et valeurs, morale/éthique) • Une science ou un art ? l’économie comme « médecine » de la société? Art du gouvernement? Une science à visée interven=onnelle • La difficulté de séparer les fins et les moyens : la fin ne jus=fie pas les moyens ; tout « moyen » est poli=que (ex : impôts) • Théorème d’impossibilité de Arrow : pas de fonc=on d’u=lité collec=ve => tout choix suppose un arbitrage des intérêts privés et aucune procédure n’est op=male Un objet compliqué et complexe • Compliqué : – De nombreux facteurs influençant une variable (ex : le cours d’une ac=on …) – Des objets éventuellement « grands » (la macroéconomie), difficiles à saisir d’un coup d’œil • Complexe : – Rétroac=ons possibles, non-­‐linéarité, historicité – La somme des ac=ons individuelles n’est pas forcément le comportement du système (individualisme vs holisme) ; phénomènes systémiques (macroéconomie) – Le futur influence le présent via les an=cipa=ons – Le monde social est structuré à plusieurs dimensions : phénoménales, subjec=ves et structurelles Objet complexe • L’effet des théories sur la réalité étudiée (performa=vité) : prophé=es auto-­‐réalisatrices ou auto-­‐invalidantes • Mais alors, peut-­‐il y avoir une théorie économique « neutre » (axiologiquement)? Conséquences : • Difficulté d’avoir des modèles valides • Difficultés de vérifica=ons empiriques • Accumula=on de paradigmes aux fondements contradictoires et mul=plicité des méthodes • Tension centrale : – Réduc=onnisme logique : modélisa=on ; avoir un modèle cohérent et élégant (« vérité cohérence ») – Vs « réalisme » cri=que et historicisme : préférer la per=nence plutôt que la cohérence formelle (« vérité correspondance ») II. DES AMBIGUÏTÉS DU LANGAGE EN ÉCONOMIE POUR CERTAINS CONCEPTS Une bonne théorie suppose des concepts précis • Mais nombre de concepts économiques sont dans la langue vernaculaire (ex : marché, capital, prix etc…) • Le concept de marché : moyen de rencontre de l’O et la D via la fixa=on d’un prix… • Mais alors quid de – Marché matrimonial – Marché poli=que – Shadow price et marchés d’ac=fs naturels? => pas de prix, mais on parle de marché… « Capital » • Là aussi concept mul=forme, quasi-­‐impossible à mesurer correctement… – Néoclassique : facteur de produc=on, capital « gelée » (machines, « capital fixe », ou=ls, maisons etc) ; capital humain ; capital intangible ; capital naturel etc… mais comment mesurer tout ça? – Marx : rapport social dans lequel l’argent est inves= pour faire plus d’argent par l’emploi de la force de travail – Pike#y : iden=fie richesse, patrimoine et capital • Donc ici, 3 théories, 3 concepts différents, qui se mesurent différemment • …mais dont découle les no=ons d’inves=ssement, d’amor=ssement etc… Or, ces concepts sont nécessaires pour déduire ensuite le produit na=onal net!!! III. DE LA SCIENTIFICITÉ DE QUELQUES MÉTHODES ET THÉORIES EN ÉCONOMIE A. La modélisa:on et sa place en économie • La modélisa=on repose sur une méthode hypothé=co-­‐déduc=ve ; c’est une formalisa=on d’une théorie Hypothèses/théories Variables exogènes/ endogènes/rela:ons/ paramètres Etude des propriétés du système Prédic:on Principe : le modèle comme monde « réduit » (ou métaphore?) • Simplifier la « réalité » à quelques hypothèses et rela=ons, considérées comme fondamentales • Assurer la cohérence de la théorie • Faire des prédic=ons testables • Eviter les modèles « compliqués » pour comprendre « ce qu’il se passe » (clarifier) • Le but : « une expérience de pensée », ou une pe=te histoire? • « Ce qui est simple est faux, ce qui complexe est inu=lisable » (P. Valéry) La ques:on du réalisme des hypothèses et le falsifica:onnisme en économie • La posi=on de Friedman : l’instrumentalisme • (1)L’empirie ne peut qu’infirmer une théorie, pas la confirmer (Popper) • (2) Les hypothèses sont forcément fausses, l’important est de pouvoir faire de bonnes prédic=ons. Une bonne hypothèse est fausse, on a besoin de simplifier pour généraliser . On fait « comme si » (as if) • (3) On ne =ent compte que des classes de phénomènes qui nous intéressent ; si des implica=ons de la théorie existent en dehors des phénomènes étudiés, on n’en =ent pas compte Cri:ques de la vision friedmanienne • Une science cherche aussi l’explica=on. Si n’importe quelle explica=on permet de prédire correctement, cela pose problème • Une bonne hypothèse doit être simple, mais jusqu’à quel degré? • Une hypothèse aux an=podes de ce qu’on sait du comportement humain peut-­‐elle servir à une théorie ? • Ne tenir compte que des prédic=ons de phénomènes qui ne nous intéressent pas rend la théorie irréfutable et empêche toute représenta=on « unifiée » Un bon modèle = • On comprend ce qu’il se passe quand on bouge une variable exogène (pas une usine à gaz) • Il peut expliquer beaucoup avec peu (« élégant » ; rasoir d’Occam) • On peut l’adapter facilement en le modifiant à peine • Il permet des prédic=ons valides Normalement, le test empirique est nécessaire ensuite • Mais : – On peut faire des modèles purement théoriques (ex : équilibre général) – On peut avoir des modèles aux équilibres mul=ples, ou qui prédisent des comportements chao=ques – Des « théorèmes » vrais seulement dans les condi=ons définies : difficile voire impossible de généraliser à des situa=ons réelles – Un modèle peut être valides à un moment, faux à un autre : localisme/rela=visme vs universalisme – Plus généralement, les modèles ne sont valides que de façon « interne ». Ils peuvent avoir une faible per=nence empirique U:lisa:on • On étudie les propriétés du modèle, notamment de l’équilibre (unicité?, stabilité? Op=malité?...) • Puis, on étudie l’effet d’une varia=on d’une variable exogène sur les variables endogènes et l’équilibre • Modèles sta=ques compara=ves vs dynamiques De l’u:lité des modèles « faux » • Ex 1 : l’équilibre général de concurrence pure et parfaite ⇒ u=lisé comme référence pour montrer « l’écart » à la réalité ⇒ Ou pour référence à laquelle la réalité doit se conformer du fait de propriétés intéressantes (S=gler : « Ce n’est pas la théorie qui est fausse, mais la réalité ») ⇒ Mais : un puzzle qu’on s’est construit soi-­‐même ; pas de prédic=on claire testable Ex 2 : le modèle du blé de Ricardo ou le modèle de Solow • Des modèles de croissance à un seul bien • Prédisent un état sta=onnaire à long terme du fait de rendements décroissants sans progrès technique… (irréaliste?) • Ergo : la croissance auto-­‐entretenue nécessite un progrès technique pour être durable • Mais : généralisable à plus d’un bien? Résultat qui paraît raisonnable à généraliser B. L’économétrie et problèmes de mesure des concepts et de validation des modèles • Il existe plusieurs méthodes empiriques en économie • Mesurer est un problème, notamment pour certains concepts • Les mesures : sta=s=ques (&comptabilité na=onale) et économétrie • Récemment, développement de l’économie expérimentale alors qu’on croyait cela impossible • Quels fondements épistémologiques à ces méthodes? Le problème de mesure de certains concepts: l’exemple du produit na:onal (net) • Pour toutes les sta=s=ques, il existe des problèmes : – Ce sont des produc=ons humaines (collecte peut poser problème) – Disponibilité des données • Désigne la produc=on de richesses nouvelles pendant une année sur un territoire déterminé. Les richesses sont les choses u=les et agréables aux hommes • Pbm : – Collecte des données (toujours imparfaite) – Ce qui est u=le est une conven=on sociale – Comment addi=onner des richesses hétérogènes? => on prend leur valeur monétaire => suppose que la valeur des biens reflète leur u=lité (marginale) – Quid des produc=ons non-­‐marchandes et/ou non monétaires? Intégrées par conven=on à leur valeur marchande ou leur coût de produc=on – Produit net : suppose de mesurer correctement l’amor=ssement du capital fixe. Gros problème car difficulté à mesurer le capital fixe • Conclusion : une mesure en par=e conven=onnelle et imparfaite, même si elle a un sens Principes de base d’économétrie • Principes de base d’économétries • On va régresser par les MCO ou MCG les Xi par rapport à y pour es=mer les βi • Si les βi sont significa=vement différents de 0 et du bon signe (et de la bonne valeur) et que le R2 est suffisamment élevé, on dira que le modèle théorique est un modèle valide • Les εi sont les résidus, càd la par=e non-­‐ expliquée de Y par le modèle théorique Problèmes épistémologiques • Apparemment, démarche popperienne… • …en fait, non : – Problème des variables proxy et de l’imprécision des sta=s=ques – Les « mauvais » résultats peuvent être liés à des problèmes de spécifica=on (en niveau? En croissance? Variable omise?...) – À par=r de quel niveau de R2 falsifie-­‐t-­‐on? 0,98? 0,8? 0,5? En pra=que, on conserve souvent des modèles à R2 très bas, si les variables sont significa=ves – Intégra=on de variables de contrôle : modèle « ouvert », « réalisme cri=que » – Inu=lisable si le modèle est chao=que (imprécision des stats) • On tente de prouver des causalités par des corréla=ons : – impossible, même avec les tests dits de « causalité à la Granger » – Difficulté de traiter les causalités mul=ples, malgré des techniques • Problèmes de la prédic=on : – Difficile de prévoir les retournements de tendance ou les modifica=ons des paramètres (« changement de modèle ») – Cri=que de Lucas Des modèles réfutés empiriquement mais conservés • De nombreux exemples : – – – – – Prévision de chute du capitalisme de Marx Paradoxe de Leon=eff (invalida=on d’HOS) Monétarisme (V non constante ; souvent PY augmente avant M…) Théorie des cycles réels … • En réalité, comme les modèles ne sont jamais exacts (et très loin de l’être), on devrait tous les abandonner dans une op=que popperienne • Pourquoi sont-­‐ils conservés? – Difficulté de faire le bon test empirique et d’avoir les bonnes données – Des théories valides à certains moments ou dans certaines condi=ons et pas dans d’autres – Chaque modèle présente un mécanisme, qui est vraisemblable – Raisons norma=ves? – Raisonnable d’avoir différents modèles/paradigmes avec des objets complexes Exemple 1 : la TQM • Exemple 2 : expliquer la probabilité d’innover • Ici, modèle micro-­‐économétrique, basé sur un échan=llon de firmes • Habituellement, l’innova=on mesurée par un brevet (cri=quable) et expliquée par les dépenses de RD, la demande, la concurrence, l’inser=on dans des réseaux, la localisa=on géographique, les ressources spécifiques de l’entreprise etc… • Pbm : – On accepte en général des modèles avec des pseudo-­‐R2 faibles : dangereux d’en a|rer des poli=ques économiques De l’irréfutabilité de certains modèles/théories • Ex : la théorie de l’u:lité • Théorie de l’u=lité : l’agent maximise son u=lité (bien être) sous contrainte des prix et revenu. L’u=lité d’un bien est croissante à taux décroissante • Pbm 1 : – l’u=lité n’est pas observable – Empiriquement, on pourra toujours jus=fier la théorie de l’u=lité en ajoutant des composantes à la fonc=on. On peut toujours dire qu’un agent a fait un choix selon son intérêt • Transposée sur le marché du travail, il s’agit d’étudier la quan=té de travail offerte en fonc=on du salaire (arbitrage travail/loisir). La hausse du salaire (prix du travail) a un effet théoriquement ambigu (effet de subs=tu=on/effet revenu) Si toujours effets de subs=tu=on>effets revenu w/p Quan=té de L Si toujours effets revenu>effets de subs=tu=on w/p Quan=té de L Si effets revenu>effets de subs=tu=on à par=r d’un seuil w/p Quan=té de L • Tout est possible • Donc problème : – Quelque soit l’évolu=on de l’offre de travail en fonc=on du salaire réel, on ne pourra pas dire que le modèle est faux, notamment le modèle de l’u=lité sous-­‐jacent – La théorie de l’u=lité : « noyau dur » à la Lakatos? • Façon de « résoudre » le problème : – Tester si la pente est posi=ve ou non, mais pas la théorie de l’u=lité sous-­‐jacente Plus graves : des théories incohérentes qu’on con:nue à u:liser • Exemple : la théorie du capital agrégé dans la théorie néoclassique (controverse de Cambridge) • On a démontré que la détermina=on de la valeur du capital est incohérente et qu’elle reme#ait en cause les résultats de nombreux modèles mainstream • Mais on la garde (ex : croissance endogène) car on n’en a pas d’autre qui fasse consensus ou parce qu’on prétend que c’est valide économétriquement • Pbm : – une incohérence ne peut être sauvée empiriquement – Il n’y en a pas d’autre ou on ne veut pas en chercher d’autre? C. L’économie expérimentale • Principe des expérimenta=ons, dans les sciences dures : – Situa=on expérimentale où on « contrôle » tout, et on cherche à démontrer une hypothèse ou une théorie – On fait varier un paramètre expérimental ceteris paribus – On compare avec un contrôle • Difficultés en économie : le ceteris paribus est impossible à avoir dans de nombreux cas • Mais développement récent dans des situa=ons par=culières Principe • Iden=que qu’en psychologie • On simule « en laboratoire », avec des personnes réelles, des situa=ons pour lesquelles la théorie économique (souvent la théorie des jeux) a fait des prédic=ons • On explique les règles aux par=cipants, on regarde ce qu’il se passe • Ex : tester le dilemme du prisonnier Limites • Pas extensibles à tous les phénomènes économiques (macro) pour des raisons éthiques et pra=ques évidentes • L’importance du contexte et des effets de présenta=on • On ne réfute pas le plus souvent : par ex, on montre qu’environ 50% des par=cipants ne suivent pas les prédic=ons de la théorie dans le dilemme du prisonnier, donc falsifica=on, mais on la « conserve » malgré tout car pas inu=le D. Les méthodes historicistes ou post factum : l’épistémologie institutionnaliste • L’ins=tu=onnalisme et l’école historique reposent sur un noyau dur méthodo, aux fondements ontologiques (réalisme cri=que): – La reconnaissance de la spécificité historique : indétermina=on de fait, car économie = science sociale – Le monde social est ontologiquement structuré : un niveau structurel, un niveau empirique et un niveau subjec=f ; la réalité n’est pas que ce qui est apparent Les méthodes de l’ins:tu:onnalisme historique • L’abduc=on comme mode de raisonnement : on cherche les structures sous-­‐jacentes pouvant expliquer ce qui est observé et les condi=ons nécessaires • L’usage d’idéaux-­‐types (« structures sous-­‐jacentes ») • « l’ins=tu=onnalisme méthodologique » : ni holisme, ni individualisme • Évolu=onnisme et historicisme • Enquêtes de terrain et travail qualita=f (entre=ens, observa=on par=cipante etc…) • Rechercher des rela=ons valides et réalistes/per=nentes pour une époque donnée et un endroit donné et/ou rechercher des lois d’évolu=on Limites : • Méthodes plus interpréta=ves et post factum que prédic=ves…mais la connaissance de l’histoire et des structures permet raisonnablement d’extrapoler/prévoir un peu • Pas de lois universelles ou presque, donc difficile d’avoir un modèle général • On ne teste pas vraiment des hypothèses claires, pas aisément falsifiables, on interprète des tendances et on essaye d’extrapoler des évolu=ons à par=r du présent et du passé • Structuralisme = risque de déterminisme, alors qu’au contraire on insiste sur le fait que l’Histoire est « ouverte » Conséquences de ces « failles » des sciences économiques : • Accumula=on de paradigmes et non succession, malgré des révolu=ons (marginaliste ; keynésienne etc) • Chaque programme de recherche con=nue de son côté • Parfois des programmes de recherche oubliés reviennent à la mode (néo-­‐ricardianisme) IV. Le nécessaire et difficile main:en du pluralisme • Les limites des méthodes et des théories économiques devraient laisser penser que : – L’économiste doit être modeste – Pas de modèle ou méthode meilleur que les autres, tout est une ques=on d’u=lisa=on raisonnée et de distancia=on par rapport à la théorie et l’obhet – Avoir plusieurs modèles pour un même phénomène n’est pas forcément un mal – Les modèles comme « métaphores » ou « histoires » plus ou moins plausibles de l’effet de certaines variables sur d’autres => le pluralisme apparaît comme nécessaire pour progresser et discuter…pourtant il est menacé Comment l’expliquer : le champ scientifique (Bourdieu 1976) • Comme tout champ, un habitus spécifique, un illusio et un intérêt : • Structure dominants/dominés, qui dépend des ressources et structures en capital • Un illusio commun dans la « vérité » universelle de la Science • Le mythe du chercheur « désintéressé » => en fait, intéressé par la Science et par des rétributions « symboliques » et narcissiques (compétition d’ego, conatus) • => Une compétition pour le prestige et la reconnaissance des pairs, reconnaissance qui est un capital social valorisable et accumulable • Les conditions d’existence d’une structure dominants/dominés et d’une controverse : • Complexité de l’objet et de l’interprétation des résultats • Implications éthiques, économiques et politiques des thèses défendues Les possibilités de maintien d’un paradigme dominant non-validé • Les problèmes des dissidences/hérésies/hétérodoxies : • Le mainstream définit les questions de recherche et méthodes « pertinentes », donc « scientifiques » • Attaquer le mainstream = remettre en cause le bien-fondé des positions (et intérêts), de l’honnêteté et de la crédibilité des dominants = remettre en cause (les gardiens de) la Science • « Discipline » (scientifique) = respecter les « canons de l’orthodoxie » • Accès différentiel au capital social et économique => accumulation de capital • « Valeur » différente de la parole du fait du capital symbolique & social • Peer review et classement des revues favorisent les dominants • La légitimité « naturelle » de l’accès au capital politique, économique et aux médias pour les dominants ; illégitimité pour les dominés (publication vs publicité) • Les ambiguïtés du pluralisme : un moyen pour exister pour les dominés, mais le pluralisme n’affecte en rien le mainstream (soit il le légitime car il prouve son « ouverture », soit il s’en moque, soit les hérétiques n’ont pas d’identité) • Les tendances à faire de la dissidence un sous-champ où se reproduisent les mêmes compétitions pour le prestige, couplées à une quête de « pureté » face au mainstream