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d'étrangeté chez les spectateurs, le terme que Brecht utilise pour définir la distanciation
en allemand est Verfremdung ou Verfremdungseffekt qui signifie : effet d'étrangeté.
Le théâtre épique a pour but de faire réfléchir librement le spectateur, on ne l'oblige
pas à avaler tout cru ce qui se déroule sur la scène. Le spectateur se doit de juger,
d'observer et de critiquer et on le force parfois à prendre des décisions, le théâtre
épique chercher à éveiller l'activité intellectuelle de son public. Brecht croit que sans la
participation active du spectateur, la représentation est incomplète. De plus, le public
se doit d'être attiré dans l'histoire : «Afin que le public ne soit surtout pas invité à se
jeter dans la fable comme dans un fleuve pour se laisser porter indifféremment ici ou
là, il faut que les divers événements soient noués de telle manière que les nœuds
attirent l'attention.»
Il y a plusieurs façons de captiver cette attention du spectateur, tout d'abord, par
l’acteur, ce dernier ne doit pas être trop associé à son personnage, les spectateurs
doivent voir le comédien qui joue le personnage. Le comédien ne doit pas vivre son
personnage, mais plutôt le jouer, l'acteur raconte plus son personnage qu'il ne le joue.
Par contre, il ne faut pas croire que le comédien ne jouera pas les émotions intenses du
personnage, le comédien au théâtre épique ne reste pas de glace, il est seulement
important que ses sentiments personnels ne deviennent pas ceux du personnage. Le
seul moment où l’acteur a le droit de s’identifier à son personnage est lors des
répétitions, lorsqu’il travaille sur son personnage et se demande, par exemple,
comment son personnage réagirait dans telle situation, qu'est-ce qu'il répondrait à telle
affirmation, ce qui aide son personnage à se construire. Le personnage se construit
beaucoup avec l’observation, l’acteur observe les gestes, les réactions d’autrui, pour
s’aider à former son personnage, tout en passant par un stade de réflexion, pour que le
comédien n’imite pas ce qui a déjà été fait, mais qu'il crée plutôt sa propre version.
Aussi, il est très important pour le comédien de bien connaître son sujet, le contexte
historique et tout ce qu'y tourne autour de la pièce, s'il ne veut as faire qu'une banale
imitation de ce qui a déjà été fait. Un acteur ne peut pas rien montrer ni donner de piste
Brecht, Bertol. 1978. Petit organon pour le théâtre. Paris : L'Arche. P. 89