
Revue Médicale Suisse
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3 décembre 2014 2317
L’indication et le choix du traitement à visée définitive
sont adaptés à la morphologie de la voie urinaire, la forme,
le volume et la localisation de la pierre ainsi qu’aux souhaits
du patient. L’objectif reste la fragmentation du calcul et l’éva-
cuation aussi complète que possible. Le traitement d’un
calcul non obstructif, asymptomatique, sans répercussion
sur la fonction rénale, est une indication relative.
Dans le choix au recours à une technique spécifique, trois
facteurs sont considérés : la charge lithiasique (nombre et
taille des calculs), la localisation et la densité du calcul (ta-
bleau 2). Selon le tableau clinique, la lithotripsie extracor-
porelle (ESWL), la néphrolitholapaxie percutanée (NLPC),
l’urétéroscopie rigide et l’urétérorénoscopie flexible sont
utilisées. Dans les cas complexes, une approche multimo-
dale associant plusieurs techniques opératoires simultanées
et/ou consécutives est possible afin d’optimiser la prise en
charge.
Lithotripsie extracorporelle
Le procédé appelé lithotripsie extracorporelle (ESWL)
se base sur la destruction focalisée du calcul par l’action
d’on des de choc générées à distance par un lithotriteur
placé au contact du patient. Depuis l’introduction du pre-
mier lithotriteur de Dornier, en 1983, l’ESWL est considérée
comme le traitement de choix dans les situations suivan-
tes : calculs mesurant entre 5 et 20 mm et localisés dans les
cavités rénales, l’uretère proximal ou distal, les calculs de
l’uretère moyen étant d’accès difficile en raison des sur-
projections osseuses.4
La technique opératoire inclut deux étapes : 1) le repérage
par échographie et fluoroscopie et 2) la fragmentation du
calcul par des ondes de choc réglées en fonction des carac-
téristiques du ou des calculs. Les lithotriteurs de dernière
génération intègrent un système de ciblage sélectif qui cou-
ple le déclenchement des tirs au foyer de focalisation uni-
quement en présence du calcul à l’aide d’une sonde de re-
pérage échographique placée à la tête de tirs.
Le taux de succès de l’ESWL varie entre 30 et 76% en fonc-
tion du lithotriteur, de la densité du calcul, de sa localisation,
de la charge lithiasique et de l’expérience de l’opérateur. Les
effets secondaires les plus fréquents sont l’hématurie et les
douleurs consécutives à la migration des fragments. L’héma-
tome rénal ou sous-capsulaire survient très rarement, mais
peut montrer des images impressionnantes. Généralement,
il se résout spontanément. La répétition des séances d’ESWL
est considérée comme la cause de l’installation d’une hyper-
tension artérielle ou d’un diabète à long terme.5
Les contre-indications sont les troubles de la coagula-
tion, l’anti-agrégation plaquettaire, la grossesse, l’infection
urinaire, des malformations orthopédiques ou rénales, les
tumeurs rénales et l’obésité morbide qui empêche la foca-
lisation.
Malgré un rapport bénéfice/risque favorable, le rôle de
l’ESWL est mis en discussion dans certaines indications au
profit des traitements endoscopiques, minimalement inva-
sifs. Ces derniers sont en plein essor. Par la visualisation en
direct du processus de fragmentation et d’élimination des
calculs, ces instruments offrent la possibilité de déterminer
avec précision la charge lithiasique résiduelle à la fin de
l’intervention, un avantage indéniable sur l’ESWL en présen-
ce de traitements itératifs.
Néphrolitholapaxie percutanée
La néphrolitholapaxie percutanée (NLPC) est la techni-
que de choix pour les calculs de grande taille (L 20 mm)
situés dans le système pyélo-caliciel.6 D’un point de vue
technique, la mise en place d’une sonde urétérale par voie
rétrograde permet de dilater le système pyélo-caliciel, ce
qui facilite l’accès percutané du rein sous contrôle échogra-
phique et/ou fluoroscopique. Le site de ponction est choisi
non seulement en fonction de la localisation et du volume
du calcul, mais aussi de la situation anatomique. Différents
générateurs d’ondes de fragmentation sont utilisés : les gé-
nérateurs à ultrasons, le lithotripteur pneumatique (litho-
clast) ou le laser Holmium-YAG. Le choix du système dépend
de la charge lithiasique et du diamètre du néphroscope.
La NLPC classique nécessite une dilatation du trajet per-
cutané jusqu’à Charrière 30 (= 1 cm). La fragmentation et
l’extraction des calculs de gros volume en sont grandement
facilitées (figure 1).
Plus récemment, des instruments de plus petit diamètre
sont apparus sur le marché et trouvent leur place dans la
pratique quotidienne. Ceux-ci réduisent le risque de sai-
Tableau 1. Indication à un drainage en urgence et à
une fragmentation et ablation du calcul
Indications à un drainage en urgence
• Pyélonéphrite obstructive
• Obstruction d’un rein unique ou obstruction bilatérale
• Insuffisance rénale aiguë
• Oligoanurie
• Douleurs résistant aux antalgiques
Indications opératoires électives
• Taille L 6 mm
• Croissance rapide du calcul
• Calcul coralliforme
• Douleurs récidivantes
• Altération de la fonction rénale
• Pyélonéphrite obstructive
• Rein unique avec obstruction
• Infections récidivantes
• Comorbidités14 (immunosuppression)
• Situation personnelle (travail, voyage)
Taille/localisation Uretère distal Uretère moyen Uretère proximal Rénal
l 1 cm URS rigide ou ESWL URS rigide ESWL ESWL ou URS flexible
1-2 cm URS rigide URS rigide URS rigide ou ESWL ESWL ou URS flexible
L 2 cm URS rigide URS rigide URS rigide NLPC
Tableau 2. Interventions recommandées en fonction de la taille et de la localisation d’un calcul urinaire10
ESWL : lithotripsie extracorporelle ; URS : urétéroscopie ; NLPC : néphrolitholapaxie percutanée.
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