Karl Marx, Manuscrits de 1844
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Anekdota
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- bien qu'on les utilise tacitement - l'envie mesquine des uns et la colère réelle des autres semblent avoir
organisé une véritable conspiration du silence.
C'est seulement de Feuerbach que date la critique humaniste et naturaliste positive. Moins il est tapageur, plus
l'effet des œuvres de Feuerbach est sûr, profond, ample et durable, et ce sont, depuis la Phénoménologie et la
Logique
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de Hegel, les seuls écrits où soit contenue une révolution théorique réelle.
Quant au dernier chapitre du présent ouvrage, l'analyse critique de la dialectique de Hegel et de sa philosophie en
général, je l'ai tenu, à l'opposé des théologiens critiques
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de notre époque, pour absolument nécessaire, car ce genre
de travail n'a pas été fait - ce qui est un manque de sérieux inévitable, car même critique, le théologien reste théologien;
donc, ou bien il doit partir de postulats déterminés de la philosophie comme d'une autorité, ou bien si, au cours de la
critique, et du fait des découvertes d'autrui, il lui vient des doutes sur ses postulats philosophiques, il les abandonne
lâchement et sans justification, il en fait abstraction, il ne manifeste plus que d'une manière négative, dénuée de
conscience et sophistique son asservissement à ceux-ci et le dépit qu'il éprouve de cette sujétion.
[Il] ne l'exprime que d'une façon négative et dénuée de conscience, soit qu'il renouvelle constamment l'assurance
de la pureté de sa propre critique, soit que, afin de détourner l'œil de l'observateur et son œil propre du nécessaire
règlement de comptes de la critique avec son origine - la dialectique de Hegel et la philosophie allemande en général -,
de cette nécessité pour la critique moderne de s'élever au-dessus de sa propre étroitesse et de sa nature primitive, il
cherche plutôt à donner l'illusion qu'en dehors d'elle-même, la critique n'aurait plus affaire qu'à une forme bornée de la
critique - disons celle du XVIII° siècle - et à l'esprit borné de la masse. Enfin, lorsque sont faites des découvertes -
comme celles de Feuerbach - sur la nature de ses propres postulats philosophiques, ou bien le théologien critique se
donne l'apparence de les avoir lui-même réalisées, et qui plus est il le fait en lançant, sous la forme de mots d'ordre,
sans pouvoir les élaborer, les résultats de ces découvertes à la tête des écrivains encore prisonniers de la philosophie.
Ou bien il sait même se donner la conscience de son élévation au-dessus de ces découvertes, non pas peut-être en
s'efforçant ou en étant capable de rétablir le juste rapport entre des éléments de la dialectique de Hegel qu'il regrette de
ne pas trouver dans cette critique [de Feuerbach] ou dont on ne lui a pas encore offert la jouissance critique, mais en les
mettant mystérieusement en avant, contre cette critique de la dialectique hégélienne, d'une manière déguisée,
sournoise et sceptique, sous la forme particulière qui lui est propre, ainsi par exemple la catégorie de la preuve médiate
contre celle de la vérité positive qui a son origine en elle-même. Le critique théologique trouve en effet tout naturel que,
du côté philosophique, tout soit à faire, pour qu'il puisse se montrer bavard sur la pureté, sur le caractère décisif, sur
toute la critique critique, et il se donne l'impression d'être le vrai triomphateur de la philosophie, s'il a par hasard le
sentiment qu'un élément de Hegel manque chez Feuerbach, car notre critique théologique, bien qu'il pratique l'idolâtrie
spiritualiste de la “ Conscience de soi ” et de l' “ Esprit ”, ne dépasse pas le sentiment pour s'élever à la conscience.
A bien y regarder, la critique théologique - bien qu'au début du mouvement elle ait été un véritable moment du
progrès - n'est en dernière analyse rien d'autre que la pointe et la conséquence logique poussées jusqu'à leur
caricature théologique de la vieille transcendance de la philosophie et en particulier de Hegel. A une autre occasion, je
montrerai dans le détail cette justice intéressante de l'histoire, cette Némésis historique, qui destine maintenant la théo-
logie, qui fut toujours le coin pourri de la philosophie, à représenter aussi en soi la décomposition négative de la
philosophie -c'est-à-dire son processus de putréfaction.
Par contre, dans quelle mesure les découvertes de Feuerbach sur l'essence de la philosophie rendent toujours
nécessaire - tout au moins pour leur servir de preuve - une explication critique avec la dialectique philosophique, cela
ressortira de ce que je vais exposer.
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Anekdota sur neuesten deutschen Philosophie und Publizistik. ZürichWinterthur 1843. Ce recueil édité par Ruge contenait tous
les articles refusés par la censure à la rédaction des Annales allemandes. Parmi eux figuraient les “ Vorläufige Thesen zur
Reform der Philosophie ” de Feuerbach, qui présentaient, sous forme d'aphorismes, les principales idées développées ensuite
dans la Philosophie de l'Avenir.
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La Phénoménologie de l'Esprit avait paru en 1807, La Science de la Logique en 1812.
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Marx fait ici allusion aux collaborateurs de Bruno Bauer à l'Ailgemeine Literatur Zeitung, qui groupait les éléments idéalistes de la
gauche hégélienne.