5
Préface de Mme. Kristina Köhler, membre du
parlement allemand
Liberté et responsabilité
Les bases de la politique ordonnatrice de
l’économie sociale de marché
Discours prononcé à l’occasion de la présentation de
la version française du « Lexique de l’économie so-
ciale de marché » le 12 juillet 2007 à Tunis, Tuni-
sie.
Si quelqu’un essayait de vous vendre un livre qui
vous explique comment un plongeur devient mil-
lionnaire, vous le lui accorderez certes que peu de
crédit. Si, par contre, le vendeur expliquait dans un
livre comment il est devenu lui même d’un simple
plongeur, millionnaire, et s’il vous laissait le soin
d’en tirer les conclusions, vous seriez peut-être plus
intéressé.
Le « Lexique de l’économie sociale de marché »
dont la version française vous est présentée au-
jourd’hui, n’est pas un livre sur le plongeur devenu
millionnaire. Ce n’est pas une narration, c’est un
livre qui informe, qui analyse. Et pourtant, derrière
les différents articles sur « la politique économique
de A à Z » se cache une histoire à succès : l’histoire
d’un pays qui à la fin de la Seconde Guerre mon-
diale a été totalement détruit et qui, pourtant,
compte aujourd’hui parmi les pays les plus riches
du monde.
Certes, ce livre ne vous donnera pas une recette
miracle pour une politique économique réussie.
Toutefois, le « Lexique de l’économie sociale de
marché » peut constituer une base pour un dialo-
gue sur la politique ordonnatrice. Et le fait que vous
soyez venu aussi nombreux ce soir, témoigne de
votre intérêt pour ce sujet.
Il est donc tout à fait utile de présenter cet ordre
économique et social – notamment parce que mon
parti, l’Union chrétienne-démocrate, le CDU, a con-
tribué considérablement à l’introduction d’un ordre
économique basé sur l’économie de marché après la
Seconde Guerre mondiale.
« Liberté et responsabilité – les bases de la politi-
que ordonnatrice de l’économie sociale de marché »
ce titre contient deux valeurs qui à elles seules
donneraient suffisamment de matière pour une dis-
cussion. Car la « liberté » et la « responsabilité » ne
peuvent être considérées hors de leur contexte
culturel.
Je commencerais donc mon intervention avec la de-
scription d’une certaine vision de l’homme à la-
quelle je me sens attachée – comme beaucoup
d’Allemands – en tant que chrétienne-démocrate.
Cela ne veut pas dire que l’économie sociale de
marché ne peut pas être approuvée ou légitimée
par une autre vision de l’homme, une autre vision
du monde.
I.
Notre engagement pour l’économie sociale de mar-
ché est basé sur la profonde conviction que chaque
individu a le droit au libre épanouissement de sa
personnalité et qu’il doit, en même temps, assumer
la responsabilité pour son prochain et pour la socié-
té. C’est cette vision de l’homme qui guide nos va-
leurs que sont la liberté, la solidarité et la justice.
Un des pères fondateurs de l’économie sociale de
marché de l’après-guerre, le ministre de l’économie
Ludwig Erhard, a expliqué son soutien à l’économie
de marché par une phrase qui n’a rien perdu de sa
validité. Selon lui, le sens profond de l’économie
sociale de marché réside dans le fait que le principe
de la liberté sur le marché est lié à l’harmonisation
sociale et à la responsabilité morale de chaque indi-
vidu envers la société.
Est-ce que nous avons réussi ce pari grâce à
l’économie sociale de marché?
Laissons parler les faits. Premièrement, l’Allemagne
compte aujourd’hui non seulement parmi les pays
les plus riches de la planète, elle est aussi un des
pays qui s’occupe le plus de ses citoyens. Tous ceux
incapables de s’occuper d’eux-mêmes, parce qu’ils
sont vieux ou malades ou sans travail, ont droit à
des prestations qui leurs permettent de couvrir
leurs besoins de base.