25
avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
24 avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
sont la garantie du bonheur des peuples et
l’édification du monde sur de nouvelles
bases de justice sociale et nationale est le
seul chemin pour la collaboration paci-
fique des États et des peuples. Nous vou-
lons, après avoir obtenu notre
liberté et celle de notre nation,
garder le souvenir de la soli-
darité internationale du camp
et en tirer la leçon suivante :
Nous suivrons un chemin
commun, le chemin de la com-
préhension réciproque, le
chemin de la collaboration à
la grande œuvre de l’édifica-
tion d’un monde nouveau, libre
et juste pour tous. Nous nous
souviendrons toujours des
immenses sacrifices sanglants
de toutes les nations qui ont
permis de gagner ce monde
nouveau. En souvenir de tout le
sang répandu par tous les peu-
ples, en souvenir des millions de nos frères
assassinés par le fascisme nazi, nous jurons
de ne jamais quitter ce chemin. (…)
de cité, en ces temps où la "qualité
d’homme" est partout bafouée, en ces
temps où bien des hommes
ont la mémoire courte, nous
avons voulu conclure par un
extrait du serment fait au camp
de Mauthausen, par les dépor-
tés, lors de leur libération.
(…) Le séjour de longues années
dans les camps nous a convain-
cus de la valeur de la fraternité
humaine. Fidèles à cet idéal,
nous faisons le serment, soli-
dairement et d’un commun
accord, de continuer la lutte
contre l’impérialisme et les exci-
tations nationalistes. Ainsi que
par l’effort commun de tous les
peuples, le monde fut libéré de
la menace de la suprématie hit-
lérienne, ainsi il nous faut considérer cette
liberté reconquise comme un bien commun
à tous les peuples. La paix et la liberté
Au terme de cette étude, comme pour
faire écho aux premières lignes de notre
introduction, il s’avère que la connais-
sance des noms de rues, des plaques
commémoratives, n’est pas véritable-
ment le reflet de cette période, où Résis-
tants et juifs – pour des raisons diffé-
rentes – ont payé de leur vie l’occupation
nazie et la collaboration de Vichy.
Néanmoins, ces gardiens de la mémoire
remplissent-ils encore leur fonction ?
Ou du moins sont-ils suffisants ? Ne
serait-ce pas le rôle des enseignants que
de transmettre cette mémoire ? Les Résis-
tants et déportés, eux, ont compris l’en-
jeu. De l’école à l’université en passant
par le collège et le lycée, ils témoignent
inlassablement, à travers leur propre
vécu, du combat mené, des humilia-
tions infligées, de la mort systématisée.
En ces temps où, au "pays des droits de
l’Homme et de la Liberté", le racisme, la
xénophobie, l’antisémitisme ont droit
Le serment de Mauthausen
Annexes
Liste des Boulonnais
internés
Auray Claude-Yves
Bertrand Léon
Borgna Yvonne
Brevier Eugène
Briclot Roger
Carbonnier Paul
Lagache Georges
Legou Raymond
Meyer Fernand
Ny (Madame)
Pichon Guillaume
Roguez Henri
Liste des Boulonnais
déportés pour faits
de Résistance
Ackerman Edmond
Lecaillon Arthur
Allain Jean-Marie
Leclercq André
Ameuil Alexandre
Lemoine Georges
Armando Esprit
Lusson Robert
Bacque Robert
Maillet René
Benard André
Marche André
Buisson Jean
Ny Raymond
Bouton Yvon
Pablo Gilbert
Boursin Marcel
Pasquier Charles
Breuzin Georges
Paté André
Buret Albert
Pennégués Grégoire
Burette Léopold
Pouligen Ervard
Crocq Vincent
Prince Auguste
David Raymond
Rivié Georges
Delaval Constant
Sachot Julien
Doumeng Alphonse
Sauciat Eugène
Dupuy Edmond
Schall Henri
Dusoewoir Roger
Schwarzentruber Camille
Estradère Pierre
Servera Jean
Forget Georges
Taverdet Eugène
Fruh André
Tétard Raymond
Gineste Pierre
Thomas Madeleine
Giraud Pierre
Thomas Jean
Giraud Robert
Tremen Arsène
Grimaud Louis
Troisième Gilbert
Groussin Marie
Vanoverbecque Jacques
Guilbert Marcel
Vecci Giuseppe
Hivert Marcel
Vivier Louis
Laborie André
Walser Pierre
Landrieux Léon
Weens Marcel
Liste des internés
des usines Renault
Bonhoure Georges
Chavanne Georges
Clauss Marcel
Escat André
Goussot Émile
Komites Andreas
Lathuillere Arthur
Lesommer Lucien
Mastain Fernand
Orsini Jean
Ovei René
Ringot Jacques
Riousse Paul
Sezille de Mazancourt Émile
Souissa Marklouf
Spitz David
Wascat Auguste
C’est en quelque sorte sous la protec-
tion de ce groupe de femmes que Louise
Pleskoff a pu survivre à l’enfer concen-
trationnaire.
Après être passée par le sinistre bloc 10,
elle est envoyée avec ses compagnes,
à Birkenau. 120 Grâce à leur aide, elle
trouve un emploi au Revier, l’infir-
merie.
Je dormais dans un bloc pour les infirmières
et on m’avait donné le travail de porter les
morts de la journée. Le soir, auprès d’une
baraque, un camion venait les chercher et
on devait les charger sur le camion. 121
Marcel Lorenter, lui, est enrôlé dans dif-
férentes formations de commandos.
Notamment, il a travaillé dans celui
appelé "Canada".
C’est là où on triait les affaires de tous les
gars qui avaient été déportés. On triait
pour les Allemands, les vêtements, l’or, les
chaussures, tout… 122
Dans le système des camps nazis tout
est récupéré. Non seulement les biens
des déportés, dès leur arrivée au camp,
mais également les dents en or préle-
vées sur les victimes, les cheveux etc.
C’est en ce sens qu’on peut
dire que les nazis se servaient
des hommes et des femmes
comme main-d’œuvre mais
aussi comme matière pre-
mière, sans oublier le rôle de
cobayes que certains avaient
lors d’expériences pseudo-
médicales.
Marcel Lorenter essaie de se
souvenir d’une journée type
passée au camp.
Le matin : l’appel. Ils nous comp-
taient. Après on était rassemblés
pour prendre un jus et on allait
se laver. Après on partait en
commando au travail. Il fallait
défiler au pas de l’oie, comme des soldats.
On sortait du camp. Il y avait de la musique
qui jouait dans ce lieu sinistre. La jour-
née commençait. On travaillait toute la
matinée. À midi, ils nous donnaient une
espèce de soupe. Il fallait tenir avec ça.
Moi qui pesais 81 kilos, quand j’ai été
libéré j’en pesais 43. J’avais le typhus quand
les Russes sont arrivés. L’après-midi on
rentrait à 5 heures. On marchait au pas
de l’oie, en musique toujours. On se met-
tait au garde-à-vous et ils pendaient des
détenus devant nous… pour l’exemple.
Après dislocation on avait droit à une
soupe d’eau chaude avec une espèce de
rondelle de saucisson et 200 grammes de
pain. Et c’était tout. 123
Un autre membre de la famille Lorenter
a été déporté.
Mon frère Charles était à Birkenau. Il
avait été déporté avant moi en janvier
1944. Il a été descendu pendant l’évacua-
tion par les SS. Il a essayé de s’enfuir… ils
l’ont descendu. Il avait vingt ans. 124
En janvier 1945, en effet, à l’approche
des armées soviétiques, l’évacuation
du camp est ordonnée. À cette époque
le camp compte plus de 60 000 déte-
nus. 125 À l’exception d’environ 5 000
– malades, incapables de marcher –,
tous sont dans l’obligation de faire "la
marche de la mort" durant laquelle beau-
coup meurent de fatigue, sous les coups
des SS ou en essayant de s’en-
fuir. 126 C’est le cas de Charles
Lorenter. Les autres sont libé-
rés le 27 janvier 1945 par les
Russes. C’est le cas de Louise
Pleskoff et Marcel Lorenter.
Les parents de Robert Cré-
ange sont également dépor-
tés à Auschwitz. Raymonde
et Pierre Créange partent de
Drancy par le convoi n° 34
en date du 18 septembre
1942. 127
Il est fort probable que Ma-
dame Créange ait été gazée
dès son arrivée au camp.
Quant à Pierre Créange, il a
pu survivre quelque temps avant de suc-
comber à l’impitoyable machine à détruire
les hommes.
On a su très peu de choses sur la vie de
mon père à Auschwitz. C’était un homme
qui n’avait jamais fait de travail manuel.
Il était poète. Il a d’ailleurs son nom ins-
crit au Panthéon sur la liste des écrivains
morts pour la France. On a su qu’il avait
été à un moment affecté à un commando
de bûcherons, lui qui n’avait pour ainsi
dire jamais touché un marteau de sa vie
ou un tournevis, ça n’était évidemment
pas l’idéal. En plus, il était très myope et
un jour un SS, d’une gifle, lui a cassé ses
lunettes. Donc, il n’était plus bon à rien.
On nous a dit qu’il avait été immédiatement
gazé. Les personnes qui étaient avec lui
nous ont raconté qu’il avait toujours
conservé un excellent moral et qu’il encou-
rageait les autres déportés, finalement, à
tenir le coup, à résister. Qu’il leur faisait
des cours également. Il avait, avant guerre,
créé à Boulogne une université populaire,
qu’il avait appelée université Henri-Bar-
busse, où étaient dispensés différents cours
pour les ouvriers, pour tous ceux qui sou-
haitaient avoir une certaine instruction
qu’ils n’avaient pu acquérir. Mon père était
socialiste, un des responsables de la SFIO
à Boulogne. Après la guerre nous avons
simplement vu des gens qui avaient connu
mon père à Auschwitz et qui nous ont,
entre autres, rapporté deux poèmes qu’il
avait écrits à Auschwitz et qui ont été
publiés dans différentes anthologies. 128
Le bilan de la déportation pour la com-
munauté juive boulonnaise est édifiant.
Sur les cent-quatre vingt-huit juifs dépor-
tés nous n’avons connaissance que de
trois survivants : Louise Pleskoff, Marcel
Lorenter et Jean Kardesch. À l’excep-
tion de deux juifs déportés pour fait de
Résistance, tous les autres ont été assas-
sinés en vertu de concepts racistes au
rang desquels l’antisémitisme consti-
tuait un élément fondamental de la doc-
trine nazie.
Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que
l’extermination ou "la solution finale
de la question juive" pour reprendre la
terminologie nazie, n’aurait pu avoir
lieu ou tout du moins aurait eu une
ampleur moindre si l’État français et ses
représentants n’avaient pas collaboré
avec l’occupant.
120 Birkenau et Auschwitz, II, annexe d’Auschwitz qui se trouve à environ trois kilomètres.
121 Témoignage de Marcel Lorenter.
122 Témoignage de Marcel Lorenter.
123 Témoignage de Marcel Lorenter.
124 Témoignage de Marcel Lorenter.
125 Léon Poliakov, op. cit., p. 33.
126 "A Auschwitz, l’évacuation a lieu le 18 janvier. Les détenus sont dirigés vers différents
camps : Dachau, Buchenwald, Bergen-Belsen… dans des conditions si inhumaines que 50 à
90 % d’entre eux, selon les convois, périssent, en cours de route", in L’Impossible oubli – La dépor-
tation dans les camps nazis, édité par la FNDIRP, Paris, 1980, p. 81.
127 CDJC Liste originale des déportés juifs de France.
128 Témoignage de Robert Créange.
Fait-divers au Lager et Exil. Sous ce dernier titre, un choix de poèmes de Pierre Créange vient
d’être publié (janvier 1993).
Le bilan de la
déportation pour
la communauté juive
boulonnaise est
édifiant. Sur les cent-
quatre vingt-huit juifs
déportés nous n’avons
connaissance que
de trois survivants
De la Résistance à la déportation
La paix et la liber
sont la garantie du
bonheur des peuples
et l’édification du
monde sur de
nouvelles bases de
justice sociale et
nationale est le seul
chemin pour la
collaboration
pacifique des États
et des peuples
27
avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
26 avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
Feldman Joseph
Krasnopolski Riwka
Nachmann Ruth
Frank Findrich
Krasnopolski Yukka
Oczeret Noémie
Frisch Joseph
Krassinski Samuel
Ortemberg Chaja
Padawer Chana
Rosch David
Smolanski Joseph
Padawer Cheindel
Rosch Alexandre
Soukalski Fanny
Padawer Esther
Rosen Martin
Soukalski Maurice
Padawer Ethel
Rosenberg Nadina
Stourdze Samy
Padawer Ita
Rosner Salomon
Stourdze Tony
Padawer Mindel
Rubin Emmanuel
Tokar Anna
Padawer Moisché
Rubin Esther
Vainberg David
Pinkus Dagobert
Saltman Nathan
Weill Marcelle
Pleskoff Louise
Schlemenson Cécile
Weiss Hélèna
Pojzman Esther
Schlosser Élias
Welsa Paul
Pojzman Jean
Schlosser Esther
Winternitz Ernest
Pojzman Rachel
Schlosser Feiga
Woestyn Joseph
Poysman Esther
Schlosser Maurice
Wolfinger Elie
Poysman Jean
Schwartz Berthe
Wolfinger Kuba
Poysman Rachel
Schwartz Désiré
Wolfinger Laura
Prock Alexandre
Schwartz Léopold
Wolfnuger Bertha
Prock Fanny
Schwarzentruber Camille
Zeitline Appolinaire
Prock Joseph
Segelstein Hélène
Zeitline Catherine
Rabinovitch Marc
Segelstein Ignas
Zeitline Vladistas
Sources
Archives municipales de Boulogne-
Billancourt
- H 101
- H 105
- D 13
- D 20
- Q 254
- DCM de novembre 1937 à janvier 1947.
Archives nationales
- 72 AJ 190
• Centre de documentation juive contem-
poraine
- Liste originale des déportés juifs de
France établie par la Gestapo
• Fédération nationale des déportés et
internés résistants et patriotes
- Jean Buisson, Évocations, janvier 1991
• Association du musée de la Résistance
d’Ivry-sur-Seine
- Comptes rendus d’activités du groupe
FTPF-FFI de la MOI, commandant
Manouchian, en 1943
- Tract du comité populaire des usines
Renault, mars 1942
- Le Métallo, deux numéros, octobre et
novembre 1942
• Société historique des usines Renault
- Liste des ouvriers internés et/ou dépor-
tés
- Bulletins n° 19 et n° 20, décembre 1979
et juin 1980 sur l’"Action de Résistance
du groupe OCM des usines Renault au
cours de l’Occupation."
Enquête orale
- Robert Créange : 14 juin 1991
- Marcel Lorenter : 17 juin 1991
- André Vincent-Olivier : 17 juin 1991
- Raymond Legou : 19 juin 1991
- Louise Pleskoff : 21 juin 1991
- Gilbert Mayeux : 3 juillet 1991.
Sigles et abréviations
- AM : Archives municipales
- AN : Archives nationales
- AMR : Association du musée de la
Résistance
- CDJC : Centre de documentation juive
contemporaine
- DCM : Délibération du conseil muni-
cipal
- FNDIRP : Fédération nationale des
déportés et internés résistants et patriotes
- SHUR : Section d’histoire des usines
Renault.
Tableau chronologique des convois de déportation
Date de
départ N° du convoi Lieu de départ Camp de
destination Nombre de
déportés
5.6.42
22.6.42
25.6.42
28.6.42
17.7.42
19.7.42
22.7.42
24.7.42
27.7.42
29.7.42
3.8.42
5.8.42
17.8.42
19.8.42
21.8.42
24.8.42
26.8.42
28.8.42
11.9.42
18.9.42
21.9.42
25.9.42
28.9.42
9.11.42
9.2.43
11.2.43
13.2.43
2.3.43
23.3.43
25.3.43
21.6.43
18.7.43
31.7.43
28.10.43
20.11.43
3.2.44
29.4.44
15.5.44
30.5.44
31.7.44
Total
2
3
4
5
6
7
9
10
11
12
14
15
20
21
22
23
24
25
31
34
35
37
38
44
46
47
48
49
52
53
55
57
58
61
62
67
72
73
75
77
Compiègne
Drancy
Pithiviers
Beaune-la-Rolande
Pithiviers
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Pithiviers
Beaune-la-Rolande
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Pithiviers
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Drancy
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Sobibor
Sobibor
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Auschwitz
Kaunas-Reval
Auschwitz
Auschwitz
1
2
3
6
4
1
4
2
2
7
3
1
2
1
4
2
2
1
3
4
2
2
3
1
2
4
6
4
2
6
4
1
2
1
2
2
1
1
1
2
104
Liste des déportés
des usines Renault
Adriant Louis
Leborgne Georges
Allegot Marcel
Lamare Fernand
Ambrosini Lucien
Lebrun Louis
Andro Roger
Leclerc Auguste
Arboissiere Pierre
Le Gouez Jean
Artois Éloi
Le Guernevé Lucien
Barik Mendel
Le Maitre Constant
Baudin Jean
Lenoach Marcel
Benbounan Maurice
Lepercq Alice
Berangé René
Leriche Jacques
Beranger Jacques
Lonardi Hugo
Biette Ernest
Martin Alexis
Blais Robert
Martin Georgette
Boccard Louis
Mertens Charles
Bonnot Honoré
Metral Robert
Bouchet Marcel
Manière Noël
Boudin André
Morel Robert
Bouvier René
Moyse Raymond
Brasselet Léon
Naulot Julien
Bruniau Louis
Navarron Raymond
Cabrere Noël
Nicolleau René
Capet André
Obrecht Roger
Chagnaud Raymond
Pavy Maurice
Coulaud Suzanne
Perot Roger
Cuzin René
Petit Gaston
Delplanque Ferdinand
Plais René
Desmars Julien
Pober Olivier
Devaud André
Poussange Julien
De Vreese André
Quiqueret Gilbert
Dravert Joseph
Ragot Fernand
Dupiers Guy
Regnault Maurice
Fontalbat André
Rosenbund Jacob
Formant Fleurisse
Royer Edouard
Gérard Louis
Sallou Marcel
Ghazarian Chazar
Schmitz Georges
Girardot Henri
Sechter Robert
Gluzman Suzanne
Sibiet René
Drandeau René
Tac Charles
Greemberg Paul
Thorel Maurice
Guinchan Georges
Touzet Rémi
Hannoset Robert
Vautrin Maurice
Hollander Edmond
Vincenti Vincent
Jacobskind Marcel
Wainfeld Serge
Juillien Paul
Zygel Aron
Kalifat Édouard
Liste des fusillés
de la cascade
Bellanger Fernand 21 ans
Bernard Jacques 24 ans
Bernard Roger 20 ans
Bezet P
Birette C.
Blanchet H 28 ans
Bouvelle C
Buchaillot P.
Chalard Robert
Counil R.
Delporte Jacques 17 ans
Desfarges J.
Desmet Arthur 20 ans
Dudraisil Elie Jean 21 ans
Duret M.
Faugeras René
Gante Bernard
Gay J.
Guilbert M.
Hemery Guy 21 ans
Hemon F.
Huchard Michel-Henri 21 ans
Lorioz G.
Magisson Robert 19 ans
Restignat Jacques 18 ans
Rouillon Pierre 20 ans
Sarrabeyrousse Pierre 18 1/2 ans
Schlosser Jacques 22 ans
Thibairencq Maurice 19 ans
Trapletti G.
Vannini L.
Verdeaux Roland 19 ans
Verdier G.
Veron Jacques 24 ans
Weczerka P. 24 ans
Liste des juifs
boulonnais déportés
Ackerman Edmond
Ganelski Annette
Kremski René
Baumann Golda
Ganelski Maurice
Kremski Ruchla
Baumer Philippe
Ganelski Sam
Krys Erna
Baumer Fritz
Ganelski Suzanne
Krys Isidor
Baumer Sarah
Geld Martin
Krys Peter
Baumsztejn Zenaïda
Geller Gérard-Cyrla
Lange Sarah
Bercovici Salomon
Gintzburger Jean
Lerner Élise
Berger Jacob
Gluzman Paul
Lerner Myriam
Berline Gitel
Gluzman Suzanne
Lerner Rose
Billig Bertha
Goldenstein Lipa
Lerner Salomon
Bloch Honoré
Grinfeld Irène
Lerner Samuel
Bloch Boris
Grunn Taubu
Levy Alfred
Bloch Olga
Guttmann Abraham
Levy André
Bloch Pauline
Guttmann Berthe
Levy Elsa
Bloch Raphaël
Heilborn Herbert
Levy Gaston
Bloch Raymond
Heilborn Rosa
Levy Marcus
Bloch Zlota
Honigman Bernard
Lindermann Isaac
Braun Herman
Jakubowiez Mordché
Lindermann Léon
Bruchfeld Étienne
Jarno-Filstein Symcha
Lindermann Ruth-Marie
Bruchfeld François
Joseph Max
Lindermann Thérèse
Bruchfeld Kiner
Juer Catherine
Lorenter Charles
Buch Israël
Juer Markus
Lorenter Marcel
Buch Lucienne
Kardesch Charles
Lustyk Joël
Buch Rose
Kardesch Gilda
Mallermann Ignace
Cazes Léon
Kardesch Hélène
Margolin Marianne
Créange Pierre
Kardesch Hermann
Margolin Olga
Créange Raymonde
Kardesch Jean
Marum Eva
Damsky André
Kardesch Oscar
Marx Salomon
Dji-Tsang-Tson Estera
Keller Hersch
Mechtasinof Marie
Duldig Bella
Kirschenbaum Hélèna
Minster Aron
Eitches Abraham
Klausner Marci
Mitelmann Abraham
Eitches Zechiel
Klausner Marguerite
Mitelmann Maurice
Englard Benjamin
Kochricht Sophie
Midlarski Wolf
Feldman Michel
Kouper Eugène
Misrachi Philippe
Feldman Élisabeth
Krasnopolski Jude
Nachmann Élisabeth
De la Résistance à la déportation : annexes
Des jeunes
Boulonnais
à Auschwitz
29
avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
28 avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
Témoignage
Pour Raymond Soulas, l’histoire aurait pu
s’arrêter en août 1944. Le jeune homme
qui dirige un groupe de résistants dans le
Cantal est fait prisonnier alors qu’il essaie
de ralentir avec ses hommes une garnison
allemande en route vers la Normandie où
les alliés viennent de débarquer. Six de ses
compagnons sont tués au combat. Lui-
même échappe de peu à l’exécution. Heu-
reusement, je parlais allemand, se souvient
l’ancien résistant, entré dans un réseau en
1943 à 24 ans, peu de temps après sa sortie
de Polytechnique. J’ai pu négocier, établir
une liaison avec le maquis et prouver que les
prisonniers allemands que nous avions étaient
bien traités. Le commandant a alors décidé
de nous emmener avec la colonne jusqu’à
Clermont-Ferrand. Le 20 août, il quitte la
capitale auvergnate dans un convoi en direc-
tion de l’Allemagne. Avec un autre résis-
tant, il s’évade en sautant du train mais
c’est pour être repris peu de temps après.
Première étape, premier contact avec l’ab-
surde : Buchenwald, le 10 septembre 1944.
Nous étions très nombreux, entassés dans les
baraques. Les Allemands, menacés par les
alliés, avaient vidé beaucoup de prisons et de
camps en France. La plupart des déportés
qui arrivaient étaient renvoyés dans des kom-
mandos de travail dans lesquels on construi-
sait des usines souterraines pour mettre la
production de guerre à l’abri des bombarde-
ments alliés. À cette époque, les nazis pen-
sent encore pouvoir contenir et repousser
l’offensive alliée. Raymond Soulas va rapi-
dement partir avec d’autres Français pour
le commando de Langestein-Zwieberge,
où une usine d’aviation est en cours de
construction. Dès notre arrivée, nous avons
été soumis à un régime extrêmement dur.
Nous travaillions 12 heures par jour avec
pour seule nourriture un café le matin, une
soupe et un morceau de pain le soir, explique
l’ancien résistant en décrivant la brutalité
des SS et des chefs d’équipe, des civils sou-
vent plus violents que les soldats en uni-
forme. Au fil des mois, nous sommes devenus
de plus en plus faibles. Il faisait aussi de plus
en plus froid. Cela devenait insoutenable de
rester debout pour les appels interminables
qui avaient lieu matin et soir, de parcourir la
distance qui séparait le camp du chantier.
À bout, épuisés, ceux qui finissent par être
envoyés à l’infirmerie, pour la plupart, n’en
reviennent pas. La dysenterie fait des ravages.
Début 45, la mortalité est devenue de plus en
plus élevée. J’ai eu la chance d’être admis à l’in-
firmerie au mois de mars. Cela m’a permis de
conserver le peu de forces qui me restaient et
de tenir jusqu’à la libération du camp par les
Américains. Mais aussi de ne pas être déporté
plus à l’Est par les tortionnaires fuyant
l’avancée des alliés. Sur les 4 500 déportés
qui restaient à cette époque, 3 000 ont été
emmenés. Beaucoup sont morts. D’autres,
à bout de forces, abandonnés au milieu des
cadavres, succomberont avant que l’armée
américaine ne leur apporte les premiers
soins. Les GI étaient stupéfaits, horrifiés. Ils
ont fait venir des habitants du village voisin
pour ramasser les cadavres qui gisaient et
creuser des fosses. Les survivants les plus
affaiblis ont été évacués dans des hôpitaux
à l’arrière, les plus résistants soignés sur
place. J’ai pu partir vers Paris aux alentours
du 4 mai et retrouver mon épouse, qui n'avait
aucune nouvelle de moi depuis mon départ
en convoi, et mon fils de 2 ans. La joie du
retour sera brève. Peu de temps après, Ray-
mond Soulas tombe gravement malade.
Une maladie du sang contre laquelle il lut-
tera avec la même énergie qui lui a permis
de revenir de l’enfer. Aujourd’hui, à 85 ans,
ce Boulonnais continue à aller se recueillir
chaque année, avec les autres déportés de
toutes les nationalités, devant le mémorial
du camp. Ses enfants, ses petits-enfants
ont fait le voyage avec lui. C’est encore le
moment de raconter ce qu’il s’est passé, de
témoigner, fait- il remarquer. Bientôt il ne res-
tera plus de survivants.
Raymond Soulas à Paris fin mai 1945,
un mois et demi après la libération, il
ne pesait plus que 38 kg.
Fait prisonnier en août 1944 lors d’un accrochage avec l’armée allemande
dans le Cantal, Raymond Soulas, commandant d’une compagnie de
résistants, est déporté en Allemagne, au camp de Langestein-Zwieberge.
Commence alors une lutte pour la survie dans un univers absurde la
mort devient l’ennemie intime.
Raymond Soulas
"La vie comme
un combat"
Pour que l’histoire
résonne au présent
Al'initiative de la ville, et sur l'invitation de
Thierry Solère, maire adjoint chargé de la
Jeunesse et des Sports et de Robert Créange, pré-
sident de la Fédération nationale des déportés et
internés, résistants et patriotes, 109 jeunes Bou-
lonnais, accompagnés de leurs professeurs, de
représentants de parents d'élèves, et d'anciens
déportés, se sont rendu à Auschwitz le 15 mars.
Yvonne Broder, Yvette Lévy et Maurice Cling, tous
trois anciens déportés, Catherine Berest prési-
dente de la FCPE, Sophie Fontaine présidente de
l'AAPEBB, Anne Terlez présidente de la PEEP, Eli-
sabeth Ferrié, directrice de l'école élémentaire
Point-du-Jour, 41 élèves et trois professeurs du
lycée Jacques-Prévert, 26 élèves et trois profes-
seurs du lycée Notre-Dame, 10 élèves et deux pro-
fesseurs du lycée Etienne-Jules-Marey, 26 élèves et
trois professeurs du collège Vieux-Pont, six repré-
sentants du Conseil communal des enfants et des
jeunes (CCEJ), accompagnés de Carolina Lazzari
et d'Alain Beldi ont découvert un camp de la mort.
30 avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information31
avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
Depuis treize ans à l'initiative de
la ville, un groupe de jeunes
Boulonnais se rend dans un
camp d’extermination. Le dépla-
cement est chargé d’une émotion
particulière. Le 15 mars, 109
élèves des écoles publiques et
privées de Boulogne-Billancourt
ont rejoint Auschwitz en Polo-
gne, escortés de Yvette Broder,
Yvonne Lévy et Maurice Cling,
tous trois anciens déportés. Je
fais partie de ce groupe.
Rendez-vous à 4h30 devant l’hô-
tel de ville. Robert Créange, pré-
sident de la FNDIRP, qui est à
l’origine du projet, est déjà venu dans
mon école pour nous expliquer cette
page d’histoire. J’ai encore du mal à réa-
liser. J’appréhende ce voyage, je ne sais
pas trop à quoi m’attendre. Heureusement
le fait d’être avec ma classe me rend plus
forte. Je rejoins mes copains et on parle
musique comme si de rien n’était, pour
cacher notre inquiétude. Autocar, aéro-
port, navette, avion, nouvel aéroport,
nouvel autocar. Mais la radio a changé,
je ne comprends plus la langue. Il est
9h30, dans une heure je serai dans les
camps qui n’appartenaient pour moi
qu’aux livres d’histoire.
Encore plus
d’incompréhension
Nous commençons par le camp de Bir-
kenau. J’écoute Waldeck, notre guide
et les commentaires d’Yvette, enfermée
dans ce camp lorsqu’elle avait mon âge.
La neige et le froid m’aident à imaginer
ce qu’elle a pu vivre. Mes baskets en
toile semblent dérisoires. J’ai les pieds
gelés. Comment a-t-elle fait pour te-
nir ? Visite des dortoirs, des latrines,
Yvette raconte son quotidien dans cet
enfer de barbelés. Quand c’est trop dur,
je quitte son regard et fixe mes pieds. Il
y a tellement à voir et à comprendre.
/
De jeunes Boulonnais à Auschwitz
Après un départ dès potron-
minet de Boulogne-Billancourt,
direction Auschwitz pour
les 109 Boulonnais, confrontés
brutalement à l'horreur
des camps.
Il y a soixante ans,
la libération des
camps
À l’occasion de la Journée nationale
de la déportation, une série de mani-
festations marqueront le soixantième
anniversaire de la libération des camps
du 7 au 30 avril à Boulogne-Billancourt
33
avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
32 avril 2005
Boulogne~Billancourt supplément au n° 335
Information
De jeunes Boulonnais à Auschwitz
Pour connaître la programmation détaillée
de Il y a soixante ans, la libération des camps,
merci de vous reporter au magazine cultu-
rel BBsortir (avril 2005), déposé avec le BBI
dans vos boîtes à lettres et disponible dans
l’ensemble des sites culturels boulonnais.
Il est également téléchargeable sur le site
de la ville : www.boulognebillancourt.com
Birkenau, Auschwitz...
Les heures défilent,
l'indicible devient réalité.
/
J’écoute mais je ne peux pas comprendre.
Comment des hommes ont-ils pu faire
cela ? Comment d’autres ont-ils pu sur-
vivre dans ces conditions ? Nous nous
recueillons devant le mémorial. Des
élèves du collège du Vieux-Pont lisent
des poèmes et ceux de Notre-Dame
entonnent le chant des Marais, hymne
international des déportés. Je me sens
lourde. J’allume une bougie et partage
l’émotion du groupe. Yvonne est épui-
sée par cette longue marche dans la
neige, des élèves la portent pour l’aider
et tout le monde éclate de rire. Cet élan
de vie me fait du bien.
Au bout de l’horreur
À 14h, nous visitons Auschwitz. Ici tout
est encore debout, organisé, presque
propre. J’ai du mal à imaginer que c’était
un camp d’extermination, et pourtant
les portraits, les explications du guide
ne me préparent pas à la vision des che-
veux conservés dont les nazis faisaient
des couvertures. Et ces montagnes de
chaussures, de lunettes, de valises. Tout
d’un coup l’histoire devient vivante,
réelle, concrète, terrible. C’est trop. Nous
terminons par une chambre à gaz et les
fours crématoires. Je crois que je ne réa-
lise pas. Non vraiment je ne comprends
pas, je ne veux pas comprendre. Le jour
s’achève et le ciel vire au rouge. Le camp
va fermer, nous sommes en retard et
nous accélérons le pas pour rejoindre
les cars et retourner à l’aéroport. Je monte
dans le car n° 2. Et aussi incroyable que
cela puisse paraître, je me mets à chan-
ter avec les autres élèves. Je ris même.
Oui comme si après une journée passée
à côtoyer la douleur et la mort, toute
mon énergie, mon insouciance, ma légè-
reté reprenaient le dessus. J’ai 17 ans,
je suis en vie.
1 / 11 100%