Introduction
Le vote britannique en faveur du Brexit et le projet de rapprochement entre le
London Stock Exchange Group (LSEG) et Deutsche Börse (DB) constituent deux
événements qui bousculent le paysage financier européen et, en particulier, celui des
infrastructures de marché de la région. Dans ce contexte, la directrice générale du
Trésor m’a demandé « de déterminer quels sont les leviers dont nous disposons pour,
d’une part, assurer un rapatriement en zone euro d’activités de compensation en euro
et, d’autre part, faire de ces activités un atout et un axe de développement fort pour la
place financière de Paris ».
Pour répondre à ces interrogations, il a semblé nécessaire d’élargir le champ
d’étude dans deux directions. D’une part, en plaçant le sujet de la compensation des
instruments financiers au sein de celui, plus vaste, de l’architecture des infrastructures
post-trade, qui permettent l’accomplissement des transactions sur les marchés
financiers, qu’il s’agisse des marchés des sous-jacents (devises, actions, obligations,
crédits) ou de leurs dérivés. D’autre part, avant même de parler de la place financière
de Paris, en analysant la situation de l’Europe et de la zone euro, et en réfléchissant à
ce que pourrait être une nouvelle configuration des infrastructures des marchés
financiers.
La démarche de ce rapport est fondée sur une double réflexion : une réflexion
économique d’abord, qui doit nous permettre de forger une grille de lecture de la
situation actuelle et de déterminer les ingrédients d’une situation idéale ; ensuite, une
réflexion tenant compte des positions des parties prenantes de ces marchés
d’infrastructures, utilisateurs et régulateurs, européens et nord-américains, de leurs
espoirs, leurs peurs et leurs priorités. Bien entendu, lorsque tous les éléments sont mis
bout à bout, le paysage est passablement complexe. Des points essentiels ressortent
pourtant et éclairent les choix retenus dans les propositions de ce rapport.
Le premier chapitre sera donc consacré à l’élaboration de ce cadre de réflexion.
La description et l’analyse de la situation européenne feront l’objet d’un second
chapitre. Il sera alors possible, dans la troisième partie, d’évaluer le projet de fusion
entre DB et LSEG à l’aune des critères dégagés préalablement. Enfin, la dernière partie
rassemble, selon les scenarios envisageables, les recommandations d’actions.