Carte d’identité
Cathrin Brisken a fait ses études
de médecine à Göttingen, en Alle-
magne, où elle a obtenu un doctorat
en biophysique. «A la base, je voulais
devenir pédiatre, dit-elle, mais la re-
cherche m’a toujours attirée.» C’est ainsi
qu’elle est partie à Boston, aux Etats-Unis, où
elle a travaillé comme chercheuse au White-
head Institute (MIT) et à Harvard. En 2002,
elle est arrivée à Lausanne avec sa famille
pour travailler à l’Institut suisse de recherche
expérimentale sur le cancer (ISREC).
Mariée à un Italien, Cathrin Brisken a trois
enfants, un garçon de 11 ans et deux filles de
9 et 6 ans.
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Pas de cycle menstruel, pas de grossesse ni de lait maternel:
si les hormones sexuelles féminines n’existaient pas, le
genre humain se serait éteint depuis longtemps. Mais les
hormones n’exercent pas seulement une influence positive
sur le métabolisme; elles peuvent aussi favoriser le dévelop-
pement de tumeurs mammaires.
«Notre connaissance du cancer
du sein et des hormones est
encore lacunaire»
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En Suisse, une femme sur huit est
touchée par un cancer du sein au
cours de sa vie. Compte tenu de la
fréquence de cette pathologie, on
pourrait penser que celle-ci n’a
plus de mystères depuis long-
temps. Or, il n’en est rien: si cer-
tains facteurs de risque comme
l’âge, le sexe ou la prédisposition
génétique sont connus, d’autres
sont moins clairs.
De la souris à l’homme
Les hormones sexuelles – œstro-
gènes et progestérone – jouent
elles aussi un rôle important, mais
encore largement méconnu. Ce
sont elles qui déclenchent le dé-
veloppement sexuel à la puberté,
qui régissent les cycles mens-
truels et qui déterminent la fé-
condité chez la femme. Chez deux
tiers environ des femmes attein-
tes d’un cancer du sein, les cellu-
les tumorales portent des récep-
teurs d’œstrogènes et de proges-
térone. Les tumeurs de ce type peuvent être
traitées avec succès par des médicaments qui
bloquent les récepteurs d’œstrogènes. Mais
quel est le rôle de la progestérone dans le dé-
veloppement de la maladie?
Telle est la question à laquelle Cathrin Brisken
s’intéresse. A la Faculté des sciences de la
vie de l’Ecole polytechnique fédérale de Lau-
sanne, la chercheuse étudie l’influence de la
progestérone sur les cellules mammaires. «Ces
dernières années, nous avons commencé à
comprendre les effets des hormones chez les
souris femelles», explique Cathrin Brisken.
«A présent, nous aimerions savoir si les
mêmes mécanismes sont à l’œuvre dans le
tissu mammaire humain.»
Des recherches possibles grâce aux
patientes
Le groupe de recherche travaille avec du tissu
mammaire frais. Celui-ci provient de femmes
en bonne santé qui procèdent à une réduction
mammaire. Avant l’intervention, on leur
demande si elles seraient d’accord de faire don
de leur tissu à la recherche. La réaction
positive des femmes enthousiasme Cathrin
Brisken: «Jusqu’ici, nous avons adressé une
demande à 150 patientes, et pratiquement
toutes ont accepté. Je trouve cette ouverture
magnifique.»
Nouvelles stratégies en vue
En laboratoire, le tissu est préparé de manière
à obtenir de minuscules fragments cellulaires.
Ceux-ci sont traités avec différentes hormones
ou combinaisons d’hormones. On observe en-
suite comment les cellules réagissent à cette
stimulation. Cette partie du travail doit s’ef-
fectuer rapidement, car lorsque les cellules
sont séparées de l’organisme, elles perdent la
capacité de réagir aux hormones en quelques
jours. L’étude est centrée sur la question sui-
vante: comment la progestérone favorise-t-elle
ou accélère-t-elle le développement d’une tu-
meur? Les résultats obtenus visent à élaborer
de nouvelles stratégies en vue de prévenir ou
de traiter le cancer du sein.
Texte: Dr med.Eva Ebnöther; photos: Peter Schneider