-Est-ce que des taures présentent un
compte de cellules somatiques élevé
en début de lactation ?
Si les réponses à ces questions sem-
blent suggérer un problème de mammite
chez vos taures, il sera important de discuter
des mesures à prendre avec votre médecin
vétérinaire. L’une des solutions qui vous
seront proposées pourrait être l’utilisation
d’un traitement antibiotique intramammaire
en période prévêlage.
En cas de problème, il faut réviser les
points suivants :
-utilisation de lait en poudre pour vos
sujets de remplacement ;
-environnement le plus propre possible;
-contrôle des mouches ;
-élevage individuel ou en groupes ;
-dispositif pour empêcher les animaux
de se téter ;
-surveillance périodique accrue de
l’intégrité des trayons et du pis des
taures dès le jeune âge.
LE TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE
INTRAMAMMAIRE CHEZ LES
TAURES
Étant donné que les infections intra-
mammaires sont présentes longtemps avant
le vêlage et qu’aucun vaccin n’est efficace
contre Staphylococcus aureus, un traitement
antibiotique intramammaire est envisageable.
Au cours des 15 dernières années, plusieurs
études ont rapporté des résultats très intéres-
sants. Dans toutes les études, on note une
guérison supérieure des quartiers traités par
rapport aux quartiers qui ne l’ont pas été.
Le taux de guérison pour les infections à
Staphylococcus aureus était également très
élevé (souvent plus de 90 %), alors que les
taux de guérison en lactation ou au
tarissement sont habituellement de moins
de 30 %.
QUELS SONT LES AVANTAGES ?
Une fois guéries, les taures ne cons-
tituent plus un réservoir d’infection pour les
autres vaches du troupeau. De plus, leur
compte de cellules somatiques diminue
dans la plupart des cas. Cela se traduit par
une glande mammaire en meilleure santé,
capable de produire plus de lait. Un effet
positif sur la production de lait de l’ordre de
5 % à 10 % est d’ailleurs rapporté dans trois
des quatre études portant sur le sujet. Le
traitement antibiotique intramammaire en
période prévêlage diminue considérablement
la proportion de taures infectées au moment
du vêlage, incluant les taures infectées par
la bactérie Staphylococcus aureus. Il diminue
le compte de cellules somatiques et aug-
mente la production laitière des taures
traitées dans la majorité des cas.
TOUTE BONNE CHOSE
A SES LIMITES !
Trois limites de cette procédure doivent
être prises en considération.
- Premièrement, les informations du
manufacturier concernant l’utilisation
du produit (surtout la période de retrait)
ne s’appliquent pas à l’utilisation chez
les taures avant le vêlage. Il est donc
recommandé aux producteurs de
consulter leur médecin vétérinaire afin
de discuter des avantages et des incon-
vénients ainsi que des informations
concernant la période de retrait. Les pro-
ducteurs devraient avoir en main une
prescription de leur médecin vétéri-
naire qui les informe des mesures à
prendre pour cette procédure.
- Deuxièmement, l’utilisation d’un anti-
biotique intramammaire avant le vêlage
augmente les risques de trouver des
résidus d’antibiotiques dans le lait après
le vêlage. Ce risque varie selon l’anti-
biotique utilisé, selon l’intervalle entre
le traitement et le vêlage ainsi que
selon les individus. Dans le doute, il est
toujours recommandé de tester le lait
d’une taure traitée pour détecter la
présence de résidus afin de ne pas
contaminer le lait du vrac.
- Finalement, l’infusion d’antibiotique doit
s’effectuer selon les règles de l’art après
une désinfection rigoureuse de
l’extrémité des trayons afin d’éviter
l’entrée de bactéries environnemen-
tales pouvant causer des mammites
cliniques aiguës.
En résumé, contrairement à la croyan-
ce populaire, les taures ne sont pas néces-
sairement saines au moment du vêlage et
on devrait apporter une attention particulière
à la santé du pis lors de l’élevage des sujets
de remplacement. Plusieurs questions
doivent être posées afin d’établir clairement
l’état de santé de la glande mammaire des
taures du troupeau et ainsi d’agir de façon
éclairée pour corriger la situation. Le traite-
ment antibiotique intramammaire de taures
infectées est une procédure qui peut donner
des résultats intéressants, tant du côté de
la guérison bactériologique que du côté de
l’amélioration du compte de cellules soma-
tiques et de la production laitière. Cependant,
cette procédure est une utilisation hors
homologation des antibiotiques intramam-
maires et implique un risque de présence
de résidus médicamenteux dans le lait qui
ne doit pas être pris à la légère. Le médecin
vétérinaire devrait donc être consulté avant
de l’adopter.
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE
Le Réseau canadien de recherche sur
la mammite bovine vous invite à visiter son
site Internet à l’adresse suivante : http://
www.medvet.umontreal.ca/reseau_
mammite. ❂
* Jean-Philippe Roy, médecin vétérinaire et chargé
d’enseignement, Émile Bouchard, médecin
vétérinaire et professeur titulaire, et Luc Descôteaux,
médecin vétérinaire et professeur titulaire, Faculté de
médecine vétérinaire, Université de Montréal
Le producteur de lait québécois Mars 2005 33
Plus les sécrétions sont
d’apparence claire, liquide
ou floconneuse, plus on doit
suspecter une infection.