Imagerlesinterférencesquantiquesdansles semi-conducteurs
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1993parle groupe de Don Eiglerà IBM en utilisantla
pointe d’un microscope àeffet tunnel (STM pour
Scanning Tunnelling Microscope) à bassetempérature et
sous ultra-vide3 .Cette équipe anotammentassemblé un
corralcirculairede48atomesde feràlasurface ducuivre.
Lesimagesde ladensité électroniqueàl’intérieur de cette
cavité obtenuesen microscopie STM révèlent un ensem-
ble de cerclesconcentriques représentantlesfranges
d’interférencesen symétrie circulaire de lafonction
d’onde desélectrons(voirfigure1 ). Grâceàlarésolution
en énergie duSTM, chaque étatpropreapuêtre imagé
séparémentévitantainsilerecouvrementetle brouillage
desdifférentesfiguresd’interférencecorrespondantàdes
niveaux d’énergie différents.
La microscopie pareffet
de grille local
Les surfacesde métaux décritesprécédemment sont
trèsdélicatesetdoiventêtre préparées sous ultra-vide.
Heureusementil existe des systèmesélectroniquesbidi-
mensionnelsplus robustes,quisontnaturellementproté-
gésdescontaminationsde surface, car situésàl’intérieur
d’une multicouche de semi-conducteurs obtenue parépi-
taxie parjets moléculaires.Unautreavantage de ces systè-
mesest le contrôle de ladensité d’électronsgrâceau
dopage de lastructure. La fabrication pargravure de petits
dispositifsde taille nanométrique permetalors de réaliser
descavitésdanslesquelleslesfonctionsd’onde sontquan-
tifiéesetformentdesfiguresd’interférence qui évoquent
cellesducorralatomiqueréalisé parSTM.Mais une diffé-
rence importantevientde ladensité électroniquesurfa-
cique dansles semi-conducteurs,qui est environ 100 fois
plus faible qu’àlasurface d’un métal. Il en résulteune
plus faible énergie desélectronsde conduction auniveau
de Fermi (l’énergie de Fermi EFest proportionnelle àla
densitéàdeux dimensions),etdoncune plus grande lon-
gueur d’onde quantique (longueur d’onde de DeBroglie),
produisantainsi desfrangesd’interférencesbeaucoup
plus espacées.Ceci permetd’utiliserdescavitésde plu-
sieurs centainesde nanomètres, aulieude seulement
quelquesdizainesde nanomètresdansle casd’un métal.
Cependantil est nécessaire de placerle dispositif semi-
conducteur àune températuresuffisammentbasse pour
que lesélectrons se déplacentde manièrebalistique et
cohérentesur cesgrandesdistances sans subirde colli-
sionsautresquecellesduesaux bordsde la cavité.
La difficulté expérimentale dansl’étude de cesnano-
structuresépitaxiées vientparadoxalementde laposition
enterrée, à plusieurs dizainesde nanomètres sous lasur-
face,dugazd’électronsbidimensionnel. Certes, celales
protège descontaminationsetconfèreaux électrons une
grande mobilité,maiscelaempêche égalementleur obser-
vation parmicroscopie STM.C’est pour tenterde remédier
à ce problème qu’une nouvelle technique de microscopie a
été imaginée, appelée microscopie pareffetde grille local
(SGM pour Scanning GateMicroscopy). Elle consisteà
mesurerles variationsde conductance du système électro-
nique en présence d’une modification locale dupotentiel
appliquée par une pointe métallique nanométrique placée
justeau-dessus de lasurface etpolarisée avecune faible
tension. La pointebalaie àhauteur constantetoute lasur-
face dudispositif,de manièreàenregistrer une image de
ces variationsde conductance et tenterd’obtenirainsiune
cartographie desétats électroniques,en particulierdes
figuresd’interférencescorrespondantaux états propres,
dansle casd’une cavité.
Pouvoirmesurerla conductance implique que la
nanostructuresoitconnectée àdescontacts permettant
d’injecter un faible courantetde mesurerlatension résul-
tante. La cavité ne peut doncpasêtrecomplètementfer-
mée,maiscontientquand même desétats résonnants
discrets dontlesfiguresd’interférencesontbien définies
et ressemblentaux figuresdiscutéesprécédemment.
Notonsque lamicroscopie SGM ne sonde que lesétats à
l’énergie de Fermi car seulslesélectrons situésà cette
énergie participentàla conductance linéaire. La valeur de
latension appliquée sur lapointe permeten faitde contrô-
lerl’amplitude de laperturbation maisne change pas
l’énergie desélectrons.Cependant si l’on tientcompte de
l’influence de latempératureTnon nulle,le transport des
électrons se fait sur un intervalle d’énergie de quelques
k B Tautour duniveaude Fermi. Pour minimiserlasuper-
position de plusieurs figuresd’interférencesdifférentes,il
est doncnécessaire de refroidirle système àtrèsbasse
température. Parailleurs il peut existerplusieurs états
résonnants àlamême énergie,etce d’autantplus que
l’énergie est élevée. Pour une étude détaillée de cesphé-
nomènes,il est doncfavorable de réduire l’énergie de
Fermi en diminuantladensité électronique.
Figure 1 – Densité d’états électroniquesobtenue parSTM sur uncorral
quantiquecirculaire de 48 atomesde ferpositionnésen cercle sur une
surface de cuivre. Lesoscillations représententlafigure d’interférence de la
fonction d’onde d’un électron de surface dansla cavité formée parlesato-
mesde fer. (Image originale créée parIBM Corporation).
3.Confinementof Electrons toQuantumCorralson a MetalSurface,
M.F.Crommie etal., Science262,218 (1993).