Économie politique

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Economie
politique
Classe de 1G de l’enseignement
secondaire
Commission Nationale des Programmes en
Sciences Economiques et Sociales
septembre 2016
MACROECONOMIE
Etat
Entreprises
Ménages
Monde
L’Etat - rôle économique et social
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et
social
1.1
Les rôles de l’Etat
Le Traité de Maastricht définit le secteur public comme entité renfermant
- l’Administration centrale (Etat),
- les administrations locales (communes) ainsi que
- la Sécurité Sociale
Le secteur public est un acteur qui, par son comportement, influence largement la
vie économique et sociale. L’intervention de l’Etat, telle que nous la connaissons
aujourd’hui, remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
De nos jours, la conception du rôle joué par l’Etat fait l’objet de controverses :
- augmentation du coût des prestations sociales,
- difficultés de financement,
- perte d’efficacité des systèmes de redistribution,
- réglementations excessives,
- découragement de l’initiative personnelle, etc.
La recherche du meilleur équilibre entre secteur privé et secteur public est à
l’origine de discussions passionnées.
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4
Macroéconomie
1.1.1 Un rôle passif: L’Etat ”veilleur de nuit” (Nachtwächterstaat)
Au 19e siècle, le rôle de l’Etat était limité à quelques fonctions clés que l’on
considérait comme faisant fondamentalement partie du secteur public.
Parmi les domaines d’activité, l’on peut citer, entre autres, l’enseignement public
de base, la construction et l’entretien d’infrastructures collectives, le système juridique,
l’organisation de la défense nationale, la sauvegarde de l’ordre intérieur, etc.
L’Etat préférait ne pas intervenir dans les affaires économiques conformément à la
célèbre formule du ”laisser faire, laisser passer” de Gournay1. Sous l’influence de la
doctrine du libéralisme économique, on considérait que les lois du marché étaient plus
aptes à régler le fonctionnement de l’économie que toutes les formes d’intervention
publique. Les économistes de l’école classique 2 (Adam Smith, David Ricardo, Jean
Baptiste Say, etc.) étaient globalement les défenseurs du libéralisme économique.
L’action gouvernementale se limitait à définir le cadre au sein duquel les
entreprises pouvaient exercer leur activité économique et à veiller au respect des lois et
règlements.
Dans le domaine social, l’intervention de l’Etat était également bien circonscrite.
Elle se limitait ”aux enfants abandonnés, aux indigents, aux malades incurables, aux
invalides, aux vieillards qui ne sont plus capables de trouver par leur travail de quoi
subsister”3.
C’est au lendemain de l’indépendance que l’on trouve la première disposition
sociale au Luxembourg. Il s’agit de la loi de 1843 imposant aux communes le devoir
de soutenir les nécessiteux non valides par l’intermédiaire des bureaux de bienfaisance
établis dans chaque commune4.
On peut en conclure que l’intervention des pouvoirs publics dans la vie
économique et sociale était minime. Les dépenses de l’Etat ne représentaient qu’une
fraction infime du P.I.B. dans les pays de l’Europe occidentale et des Etats-Unis (en
moyenne 8,3% du P.I.B. en 1870 5).
1
Vincent de Gournay (1712-1759), administrateur et économiste français
La période de l’école classique s’écchelonne de 1776 (date de la publication de l’ouvrage d’A. Smith ”Recherches
sur la nature et les causes de la richesse des nations”) à 1874, début de la période néo-classique ou marginaliste.
3
F. DEMIER, Sciences Economiques et Sociales Term ES, Bordas, 1999, p.386.
4
STATEC, Histoire quantitative du Luxembourg 1839-1990, p.318
5
Vito TANZI et Ludger SCHUKNECHT, La réforme de l’Etat dans les pays industrialisés, LL , No 39, 27/09/1996,
p. 8.
2
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
1.1.2 Un rôle actif : l’Etat interventionniste
La grande dépression des années 1930, déclenchée par les événements du fameux
Jeudi Noir de Wall Street (krach boursier en octobre 1929), fut à l’origine d’une
nouvelle conception de l’Etat. En effet, la juxtaposition de crises qui ont bouleversé les
économies des pays industrialisés avait déclenché un processus de réflexion dans les
milieux économiques et politiques.
La dépression économique avait montré que la seule initiative privée était
incapable d’assurer l’équilibre économique et social. L’intervention de l’Etat est alors
apparue comme indispensable pour réaliser cet équilibre.
Alors qu’au 19e siècle et même jusqu’à la grande crise de 1929, les responsables
politiques considèrent le ”plus petit budget” de l’Etat comme étant le meilleur, ils
optent systématiquement, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour un Etat
actif et interventionniste.
Les premières expériences interventionnistes pour sortir de la crise économique
datent du début des années 1930 : il s’agit du ”New Deal” du président américain
Roosevelt et du programme de relance de l’économie allemande sous Hitler.
Marqué par l’ampleur du chômage, l’économiste anglais John Maynard Keynes 6,
rompt avec la pensée économique du 19e siècle. Keynes prône l’intervention de l’Etat
au cas où la demande effective des ménages et des entreprises s’avérerait insuffisante.
Puisque la production doit être planifiée, les entrepreneurs doivent décider du
volume d’activité avant que la demande ne s’exprime sur le marché. Pour cela, ils
doivent anticiper la demande des ménages et des autres entre- preneurs ; cette demande
anticipée porte aussi le nom de demande effective. Celle-ci dépend dans une très large
mesure du caractère optimiste ou pessimiste des prévisions des entrepreneurs.
Les keynésiens ne voient pas dans l’action gouvernementale une intervention
permanente dans le déroulement des affaires ; il s’agit tout simplement de donner un
coup de main à un système en difficulté.
6
”Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie” publié en 1936.
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Macroéconomie
Soulignons que l’intervention étatique n’a pas pour objet de supprimer la libre
concurrence, mais d’atténuer les effets négatifs et parfois néfastes d’une concurrence
sauvage et déloyale. Elle n’a pas non plus comme but de se substituer à l’initiative
privée, mais de combler l’absence de celle-ci dans certains domaines (enseignement,
santé, infrastructures collectives, etc.).
Les domaines d’intervention et les instruments correspondants sont très variés. Les
autorités publiques peuvent par exemple :
– adopter, dans certaines branches, le rôle d’entrepreneur (transports collectifs,
production et distribution d’énergie, etc.) ;
– aider certaines entreprises par l’octroi d’aides publiques (subventions,
aménagements de zones industrielles, etc.) ;
– limiter ou réprimer les abus de puissance économique par une législation
appropriée (concernant la protection du consommateur, les ententes abusives entre
entreprises, la fixation de prix maxima pour certains biens de première nécessité, etc.)
Dès l’après-guerre, les pays européens développent des régimes étendus de sécurité
sociale en améliorant ainsi sensiblement le bien-être de la population. L’Etat opère des
transferts sociaux, basés sur le principe de la solidarité.
On parle de redistribution de richesses, que l’on définit comme étant l’ensemble
des opérations par lesquelles une partie des revenus est prélevée sur certains agents
économiques pour être reversée au bénéfice d’autres.
C’est la naissance de l’Etat-providence (Wohlfahrtsstaat, welfare state) qui se
caractérise par un système d’assurances collectives, destiné à couvrir ses citoyens
contre un certain nombre de risques sociaux. A titre d’illustration mentionnons
l’assurance maladie, l’assurance pension, l’assurance invalidité, assurance chômage,
etc.
1.2
Le budget de l’Etat
Le budget de l’Etat se compose des recettes et des dépenses utilisées par l’Etat en
tant que moyen d’intervention tant sur le plan économique que sur le plan social.
Ainsi l’Etat luxembourgeois arrête, tous les ans, dans une loi budgétaire votée à la
Chambre des Députés, avisée par le Conseil d’Etat et appréciée, entre autres, par les
Chambres professionnelles, l’ensemble des recettes et dépenses prévues pour l’année à
venir, c.-à-d. l’exercice budgétaire suivant.
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Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
1.2.1 Les recettes de l’Etat
D’où proviennent les moyens financiers dont l’Etat a besoin pour mener à bien son
intervention dans le domaine économique et social ?
Nous distinguons trois sources de financement :
a) Les recettes courantes : les impôts et taxes
Il existe une grande variété d’impôts. L’art de la fiscalité consiste selon Colbert,
ministre des finances sous Louis XIV, ”à plumer l’oie de façon à obtenir le plus
possible de plumes avec le moins possible de cris”.
L’Etat perçoit des impôts sur les revenus des personnes physiques et sur les
bénéfices des entreprises. Les achats de biens et de services sont soumis à la TVA. Les
droits d’accises portent sur l’essence, le tabac, l’alcool. La vignette est une taxe sur les
véhicules automoteurs, etc. En fait, peu de transactions échappent à l’imposition. Les
différents impôts imaginés par les pouvoirs publics peuvent être regroupés en impôts
directs et impôts indirects (fig. 1.1).
Fig. 1. 1 – Impôts directs et indirects
L’analyse du circuit économique simplifié (fig. 1.2) permet de visualiser la place
des deux catégories d’impôts dans une économie de marché.
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Macroéconomie
La répartition entre impôt direct et indirect constitue un choix politique. En
général, on considère que l’impôt direct est plus équitable que l’impôt indirect.
L’impôt direct tient compte de la capacité contributive du contribuable. Tel n’est pas le
cas pour l’impôt indirect qui frappe le consommateur indépendamment de sa situation
sociale.
Fig. 1. 2 – Circuit économique simplifié
Les impôts : définitions et précisions
– Impôt sur le revenu des personnes physiques.
– Impôt fixé par voie d’assiette. C’est l’impôt qui est prélevé sur base d’une
déclaration d’impôts sur l’ensemble des revenus imposables d’un contribuable. Cet
impôt est progressif et il est fixé suivant un barème publié officiellement.
– Impôt sur le revenu des collectivités. C’est l’impôt que payent les sociétés
commerciales sur leurs bénéfices.
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Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
– Impôt sur les traitements et salaires. C’est l’impôt retenu par les employeurs
sur les salaires et traitements de leurs salariés et versé à l’Administration des
contributions. Cet impôt est progressif et fixé suivant un barème officiel.
– Impôt retenu sur le revenu des capitaux. C’est l’impôt à la source retenu sur
les dividendes payés par les sociétés anonymes et les sociétés à responsabilité limitée.
- L’impôt de solidarité. C’est la majoration d’impôt appliquée tant à l’impôt sur le
revenu des personnes physiques qu’à l’impôt sur le revenu des collectivités. L’impôt
de solidarité sert à alimenter le Fonds pour l’emploi.
- Autres impôts. Il s’agit d’une partie des impôts indirects dont principalement la
taxe sur le loto et le prélèvement sur le produit des jeux de casino ainsi que des taxes,
redevances et remboursement de dépenses de fonctionnement comme p.ex. les
redevances dues par les concessionnaires des pharmacies.
Le taux optimal d’imposition : la courbe de Laffer
L’économiste américain Arthur Laffer a établi une relation entre le taux
d’imposition et les recettes fiscales (fig. 1.3) par laquelle il souhaite montrer qu’audelà d’un taux d’imposition optimal, une hausse supplémentaire du taux d’imposition
entraîne une baisse de l’activité économique et une diminution des recettes fiscales. En
d’autres mots ”trop d’impôt tue l’impôt”.
Son raisonnement est le suivant : Pour un taux d’imposition t = 0%, les recettes
fiscales sont nulles. A fur et à mesure qu’on augmente le taux d’imposition, les recettes
fiscales de l’Etat vont augmenter jusqu’à un point ”I” qui représente l’optimum fiscal.
Au-delà de ce point une augmentation additionnelle du taux d’imposition entraîne une
diminution des recettes fiscales. En effet, les agents économiques sont de plus en plus
incités à substituer des temps de loisir à leur activité professionnelle puisque le coût
d’opportunité du loisir (le manque à gagner) tend à devenir inférieur à l’utilité des
heures de loisir supplémentaires. En outre l’économie souterraine (travail au noir) et la
fraude fiscale auraient tendance à se développer. Ainsi la diminution de la base
imposable réduit les recettes fiscales malgré une hausse des taux d’imposition.
Finalement à un taux d’imposition égal à t = 100%, les recettes fiscales seraient nulles;
plus personne n’accepterait de travailler dans une économie où le revenu est
entièrement versé à l’Etat.
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Macroéconomie
Fig. 1. 3 – La courbe de Laffer
b) Les autres recettes courantes
Les autres recettes ont des origines très diverses. Elles proviennent :
– d’intérêts de fonds publics déposés auprès des banques ;
– de redevances encaissées en contrepartie de concessions accordées à certaines
sociétés privées (Bourse de Luxembourg) ;
– de revenus provenant des sociétés à participation publique, que l’on appelle des
sociétés d’économie mixte (CREOS, ENOVOS, SEO, SES Global, Luxair, etc.) et de
l’exploitation d’entreprises publiques (POST Luxembourg, SNCI, Office Du Ducroire,
Banque Centrale du Luxembourg, etc.) ;
– de taxes sur le produit brut des jeux (Casino 2000) ;
– de recettes, de moindre importance, ayant leur origine dans la location
d’immeubles ou de la vente de biens meubles (vente de bois).
Les impôts et les autres recettes de l’Etat constituent les recettes courantes de l’Etat.
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L’Etat - rôle économique et social
c) Les recettes en capital
Les recettes en capital présentent un caractère non récurrent. Une vente de
participations publiques en constitue un exemple.
Lorsque les recettes de l’Etat sont insuffisantes pour couvrir les dépenses, les
responsables font appel à l’emprunt qui est considéré comme une recette en capital.
Toutefois l’emprunt public représente une ”recette” d’une nature particulière, car
contrairement aux autres recettes de l’Etat, il faudra prévoir son remboursement.
1.2.2 Les dépenses de l’Etat
Au niveau de la nation, les prévisions des différents ministères (départements
ministériels, administrations et services publics, etc.) sont inscrites dans le budget. En
avançant leurs propositions, les responsables des départements ministériels tablent sur
les expériences faites lors des exercices budgétaires écoulés tout en tenant compte des
projets futurs qu’ils désirent réaliser.
a) Les dépenses courantes
Les dépenses publiques courantes ou dépenses de fonctionnement comprennent les
trois postes suivants :
* la consommation publique
– traitements/salaires/pensions des fonctionnaires et employés de la fonction
publique ;
– loyers, frais de fonctionnement des administrations publiques, achats de biens et
services, etc.
* les transferts
– subventions aux entreprises ;
– transferts aux ménages (allocations familiales, bourses pour études, allocation de
rentrée scolaire, primes de naissance, congé parental, allocations de chômage, aides en
faveur du logement, contribution publique au financement de l’assurance maladie,
vieillesse, invalidité, etc.) ;
– transferts au reste du monde (UE, ONU, pays en développement, etc.) ;
* les intérêts de la dette publique.
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Macroéconomie
N.B. Une partie non négligeable de ces dépenses prévues dans le budget de l’Etat
est le résultat d’un ensemble de dépenses récurrentes qui ne peuvent pas être
supprimées d’une année à l’autre. C’est le cas, par exemple, pour les dépenses de
consommation et les dépenses sociales. Plus ces charges sont élevées, plus la marge de
manœuvre en faveur des projets extraordinaires sera faible.
b) Les dépenses en capital
En principe, les dépenses en capital correspondent aux dépenses destinées à
augmenter le patrimoine public. On parle encore de dépenses d’investissement.
Exemples : investissements publics (infrastructures routières, musée, salle de
concert, aérogare du Findel, construction d’écoles, etc.), prises de participation dans
des entreprises privées, financement des entreprises publiques. Le remboursement de
la dette publique fait également partie des dépenses en capital.
1.2.3 Le solde budgétaire
Le solde budgétaire est la différence entre les recettes courantes de l’Etat (T) et ses
dépenses (G) :
SB = T − G
Il y a :
– excédent budgétaire si SB > 0
– déficit budgétaire si SB < 0
– équilibre budgétaire si SB = 0.
D’une façon générale, un déficit budgétaire peut être financé par l’endettement
public et/ou l’utilisation de réserves budgétaires résultant des excédents des années
précédentes. L’endettement public se subdivise en dette intérieure et dette extérieure.
L’endettement public est soit à court terme (émission de bons du Trésor), soit à
long terme (émission d’obligations de l’Etat). L’endettement peut également être
effectué auprès du système bancaire et notamment de la Banque centrale. Dans ce cas
le financement est monétaire, c.-à-d. assuré par création de monnaie. Notons que le
recours au financement du déficit budgétaire par la Banque centrale est interdit dans
l’Union européenne.
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Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
1.3
Les objectifs de la politique économique
Les objectifs d’un Etat et plus particulièrement de son gouvernement sont très
variés et ne sont pas tous de nature économique. Assurer le bien-être social et moral
d’un pays relève de la politique sociale, de la politique de l’enseignement et de la
formation professionnelle, de la politique culturelle et autres. Assurer le bien-être
matériel d’une population relève certainement de la politique économique, tout comme
le but d’atteindre un développement économique soutenu et stable.
1.3.1 Objectifs principaux
L’objectif général est une économie performante et compétitive qui évite au mieux
les déséquilibres macroéconomiques (chômage, inflation, etc.) qui affaiblissent ou
perturbent l’activité économique. Encore faut-il formuler ces objectifs de manière plus
précise. Nous le ferons sur base de trois caractéristiques fondamentales de tout état de
l’économie : le niveau de l’emploi, la variation du niveau général des prix et la
croissance économique. Dans pratiquement tous les pays du monde ces trois objectifs
sont reconnus comme essentiels, même si les programmes gouvernementaux peuvent
diverger fortement entre eux, par le degré d’importance qu’ils accordent à ces trois
composantes ou par les instruments mis en œuvre pour atteindre ces buts.
La recherche du plein-emploi est un objectif fondamental de tout gouvernement,
défini même dans la Charte des Nations Unies et dans les traités européens. Cet
objectif macroéconomique est formulé et mesuré par le taux de chômage, qui exprime
le nombre de chômeurs par rapport à la population active. Le cas idéal et donc
irréaliste serait de fixer ce taux à zéro. En théorie économique on parle souvent du taux
de chômage incompressible, comme limite du possible. Le problème est de quantifier
cette limite : située autour de 1% il y a trente ans, elle serait de 4-5% aujourd’hui. En
réalité les taux de chômage se situent entre 4 et 25% et plus, suivant les époques et les
pays.
L’objectif de stabilité des prix signifie éviter aussi bien l’inflation que la déflation,
phénomènes de hausse respectivement de baisse des prix qui peuvent causer de fortes
perturbations économiques. Cet objectif se formule et se mesure par le taux d’inflation,
exprimé en pourcentage de hausse annuelle de l’indice général des prix. Depuis la
Seconde Guerre mondiale l’inflation cause problème, avec des taux de 5-10% annuels
jusqu’en 1975 et même des pointes de 15-20% pendant les années 1975-1985.
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Macroéconomie
A la suite des politiques anti-inflationnistes menées par les gouvernements
occidentaux, le taux d’inflation a été ramené progressivement à des niveaux situés
entre 2 et 4%. Notons que la Banque centrale européenne fixe son objectif à 2%
d’inflation annuelle à ne pas dépasser.
L’objectif de croissance économique se formule et se mesure par le taux de
croissance du produit national brut (ou du PIB), en valeur réelle (inflation déduite) et
en pourcentage par rapport à l’année précédente. Si la croissance économique ellemême est plutôt une affaire des entreprises et des consommateurs, le rôle reconnu de
l’Etat est celui de stimulateur et d’accompagnateur en favorisant l’esprit d’entreprise,
la recherche scientifique et l’innovation technologique tout comme l’enseignement et
la formation professionnelle. Dans les pays émergents le taux de croissance peut
atteindre jusqu’à 10%, dans les pays occidentaux ce taux est normalement situé entre 1
et 5%. En cas de récession il est négatif. Une croissance inférieure à 2% est
généralement insuffisante pour freiner la hausse du chômage.
Croissance du PIB en volume (en %)
Etats-Unis
Zone euro
Luxembourg
Taux d’inflation (en %)
Etats-Unis
Zone euro
Luxembourg
Taux de chômage (en %)
Etats-Unis
Zone euro
Luxembourg
2007
2009
2011
1,9
3
6,6
-3,5
-4.4
-5,2
1,7
1,5
1,5
2,8
2,1
2,3
-0,3
0.3
0,4
3,1
2,7
3,4
4,6
7.6
4,2
9,3
9,6
5,1
8,9
10,2
5
Fig. 1. 4 – Perspectives économiques mondiales selon l’OCDE
1.3.2 Objectifs secondaires
A côté de ces trois objectifs fondamentaux sont apparus divers autres objectifs que
l’on pourrait qualifier de secondaires, non pas qu’ils soient moins importants, mais
parce que souvent ils découlent ou sont dépendants des premiers.
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Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
L’équilibre extérieur concerne les échanges économiques avec le reste du monde
(importations et exportations de biens, services et capitaux). Il est vrai qu’un pays ne
peut pas financer indéfiniment un grave déficit extérieur, mais certains pays émergents
ont volontairement assumé des déficits importants afin d’importer des technologies
nouvelles et du know-how, stratégie somme toute très bénéficiaire pour leur
développement économique. Certains de ces pays sont devenus aujourd’hui de très
gros exportateurs présentant des balances commerciales fortement excédentaires.
L’équilibre des finances publiques n’est pas non plus un dogme absolu. Là
encore, un Etat ne peut pas voir grossir sa dette publique jusqu’à atteindre des
proportions astronomiques, mais nous verrons dans les chapitres suivants qu’en cas de
crise et de récession économiques, un gouvernement peut assumer un déficit
budgétaire afin de relancer la demande quitte à devoir le combler par des excédents
budgétaires en cas de croissance de l’activité économique et des recettes budgétaires.
Assurer un certain degré d’équité ou de justice sociale grâce à une redistribution
des revenus est un autre objectif de l’Etat, même si le niveau de redistribution est
fortement tributaire de mentalités et de choix politiques. Mais il est certain qu’une
forte croissance économique peut contribuer à mieux corriger les inégalités sociales et
qu’une hausse de l’emploi permet de mieux financer les systèmes de sécurité sociale.
L’équilibre écologique, la réparation et la prévention des dommages causés à
l’environnement ainsi que la protection des ressources naturelles fondamentales sont
en passe de devenir un nouvel objectif de la politique économique. Mais là encore le
changement de mentalités est lent et très souvent la protection de l’environnement est
considérée comme un luxe que seuls les pays riches peuvent se permettre de financer.
Tous les objectifs cités sont interdépendants entre eux et leur compatibilité n’est
pas du tout assurée. Très souvent des conflits d’objectifs apparaissent, par exemple
entre croissance économique et protection de l’environnement, ou entre plein-emploi et
stabilité des prix. En effet on remarque qu’une économie en forte expansion, arrivant
progressivement aux limites de ses capacités de production, connaît des tensions
inflationnistes de plus en plus fortes. Une politique anti-inflationniste rigoureuse risque
par contre d’étrangler la croissance économique et de provoquer une hausse du
chômage. De même, le retour à un équilibre des finances publiques peut provoquer de
graves coupes dans les budgets sociaux. Les gouvernants sont donc constamment
obligés de faire des choix politiques, parfois très douloureux.
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Macroéconomie
Remarquons finalement qu’un gouvernement n’est jamais sûr d’atteindre un
objectif visé, ni de le faire dans les délais et avec l’ampleur souhaités, car le secteur
privé, ménages et entreprises, anticipent certaines mesures et réagissent face aux
interventions publiques, et ces réactions peuvent être fort divergentes de ce à quoi on
s’attendait.
1.4 La politique budgétaire en tant qu’instrument de la
politique économique et sociale
La réalisation des objectifs fixés par le gouvernement se fait moyennant la
politique budgétaire qui peut avoir une vocation conjoncturelle, structurelle, sociale,
écologique et européenne.
1.4.1 Politique conjoncturelle
La conjoncture désigne l’ensemble des variations à court terme de l’activité
économique. Le P.I.B., le chômage, le commerce extérieur, le niveau général des prix
représentent autant d’indicateurs qui permettent d’analyser la situation économique
d’un pays. Les autorités publiques tentent de corriger le niveau de l’activité
économique par une politique anticyclique ou politique budgétaire keynésienne,
destinée à fournir un contrepoids à l’activité privée jugée soit insuffisante soit
excessive (voir fig. 1.5).
Fig. 1. 5 – Politique de rigueur, politique de relance
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
Dans un scénario de basse conjoncture avec une demande insuffisante et un
chômage en hausse, l’Etat peut stimuler la demande des ménages et des entreprises par
une politique de relance de la demande (politique budgétaire expansionniste) en se
servant des instruments suivants :
– une baisse des impôts permet d’accroître le revenu disponible (pouvoir d’achat)
des ménages et le bénéfice des entreprises. Les responsables politiques s’attendent à
une augmentation de la demande privée (consommation et investissement) qui peut
être suivie d’une relance de la production et, par conséquent, d’un recrutement de
travailleurs au chômage ;
– une hausse des dépenses publiques permet de stimuler l’activité des entreprises
(construction d’un lycée, d’une salle de concert, etc.) et d’augmenter la consommation
des ménages (augmentation des allocations familiales, etc.).
Illustrons cette politique de relance de la demande par un accroissement des
dépenses publiques ΔG (politique budgétaire expansionniste, fig. 1.6)
Ogl=Y
Dgl
Dgl’=C+I+G+∆G
E’
E
’
Dgl=C+I+G
A
E’A = écart
déflationniste
E
∆G>0
45°
YE
YPE
Y
∆Y = k∙∆G
Fig. 1.6 – Politique budgétaire expansionniste
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I ère G
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Macroéconomie
Le revenu national YE correspond à un équilibre E de sous-emploi dans lequel de
nombreuses ressources restent inemployées. Par l’accroissement de leurs dépenses
(ΔG > 0) égal à l’écart déflationniste E'A, les pouvoirs publics ont comme objectif
d’atteindre un revenu national de plein-emploi YPE (équilibre E') et ainsi de réduire le
chômage.
Insistons encore sur le fait que les effets initiaux de la variation des dépenses
publiques seront accentués par des effets d’entraînement (le multiplicateur keynésien)
sur le niveau de l’activité économique :
Imaginons que le gouvernement décide de stimuler l’activité du pays et augmente
les investissements publics de 100 millions (construction de routes, d’hôpitaux,
d’écoles, etc.). L’effet immédiat est évident : 100 millions de production intérieure
supplémentaire.
Mais, selon l’approche keynésienne, il existe des effets ultérieurs susceptibles de
stimuler le PIB bien au-delà de l’effet initial. En effet, les 100 millions représentent
100 millions de production supplémentaire répartis entre les différents producteurs qui
vont satisfaire les commandes de l’Etat.
Mais toute production entraîne la distribution d’un revenu équivalent. Les 100
millions de travaux publics impliquent aussi 100 millions de revenus supplémentaires
distribués dans l’économie. Si la propension marginale à consommer est égale à 0, 8
alors 80% de ces 100 millions seront consommés, et 20 millions seront épargnés. La
production de biens de consommation va donc augmenter de 80 millions ; ces 80
millions de production impliquent à leur tour 80 millions de revenus supplémentaires
dont 80% seront consommés ; la consommation va donc encore progresser de 64
millions supplémentaires, et ainsi de suite. Ainsi, les dépenses publiques exercent un
effet multiplicateur sur le PIB. La progression du PIB n’est donc pas équivalente à
celle des dépenses publiques ; elle est un multiple de l’impulsion initiale !
Dans un contexte de haute conjoncture avec une demande trop forte et un risque
d’inflation, l’Etat pratique une politique de rigueur (politique budgétaire restrictive,
fig.1.7) afin d’éviter une surchauffe de l’économie : hausse des taux d’imposition,
réduction des dépenses publiques.
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
Ogl=Y
Dgl
Dgl=C+I+G
E’A = écart
inflationniste
E
E
’
Dgl’=C+I+G+∆G
A
E’
∆G<0
45°
YPE
YE
Y
∆Y = k∙∆G
Fig. 1.7 – Politique budgétaire restrictive
L’activité économique est en surchauffe (Y E correspond à un équilibre E de
suremploi des facteurs de production) et les pouvoirs publics diminuent leurs dépenses
(ΔG < 0) de la valeur de l’écart inflationniste (AE') afin d’atteindre en E' le revenu
national de plein-emploi (YPE).
1.4.2 Politique structurelle
La politique budgétaire est dite structurelle lorsqu’elle vise l’extension ou le
renforcement qualitatif et quantitatif de l’appareil de production. On parle d’une
politique de l’offre qui vise à améliorer, à moyen et long terme, la compétitivité
économique du pays.
L’Etat favorise l’implantation d’entreprises nouvelles en développant les
infrastructures publiques et en leur accordant une aide sous forme de subventions de
capital, de bonifications d’intérêt, de dégrèvement fiscal, etc.
Les politiques structurelles peuvent aussi avoir comme objectif de rendre moins
onéreuse la production de biens et de services. Ainsi, le financement par l’Etat d’une
partie des activités de recherche et de développement des entreprises peut être à
l’origine d’une amélioration qualitative de l’appareil de production.
Economie politique
I ère G
19
20
Macroéconomie
1.4.3 Politique sociale
C’est à l’Etat qu’incombe la tâche d’atténuer les inégalités, voire les injustices
sociales, qui ont pu apparaître dans notre système économique. Ainsi l’Etat est appelé
à organiser la sécurité sociale basée sur le principe de la solidarité. Dans nos sociétés
caractérisées par le vieillissement de la population, par un chômage persistant, par des
inégalités de revenu et de fortune, la solidarité entre les générations ainsi qu’entre les
différentes couches sociales s’avère indispensable.
Rappelons que la redistribution de richesses est l’ensemble des opérations par
lesquelles une partie des revenus est prélevée sur certains agents économiques pour
être reversée au bénéfice d’autres.
A travers les transferts sociaux les pouvoirs publics exercent leur rôle redistributif.
Citons notamment : les allocations familiales ; les allocations d’éducation, de
naissance, de maternité ; les aides aux étudiants ; le revenu minimum garanti (RMG) ;
les aides au logement ; le congé parental et le congé pour raisons familiales.
1.4.4 Politique écologique
Les consommateurs et les producteurs, à la recherche de l’intérêt personnel et du
profit, peuvent se désintéresser des incidences de leur comportement sur
l’environnement naturel. Les dommages éventuels, parfois irréparables, ne sont pas
nécessairement suivis de compensations ou de mesures réparatrices. Cette constatation
vaut, entre autres, pour les productions qui provoquent une pollution de
l’environnement naturel.
La correction des défaillances du marché a malheureusement été trop longtemps
négligée par l’Etat. Le coût des mesures réparatrices, comme par exemple la
construction de stations d’épuration, alourdit le budget des dépenses de l’Etat.
1.4.5 Politique budgétaire et objectifs européens
Le traité de Maastricht (1992) crée l’Union économique et monétaire UEM et fixe
les conditions et le calendrier pour une monnaie européenne unique, l’euro.
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
Il oblige les Etats membres à coordonner leurs politiques économiques : pour
garantir le bon fonctionnement de l’UEM, des critères de stabilité liés notamment aux
prix et aux budgets des pays ont été élaborés. Ces critères de référence prévoient que le
déficit budgétaire (annuel) ne peut pas dépasser 3% du P.I.B. et la dette publique ne
doit pas dépasser 60% du P.I.B.
Le « pacte de stabilité et de croissance » (Dublin 1996) est destiné à surveiller la
gestion saine des finances publiques dans la zone euro. Le but est de prévenir tout
déficit budgétaire excessif, avec comme objectif à moyen terme un retour à l’équilibre
budgétaire. La réforme du pacte de stabilité en 2005 admet sous certaines conditions
(p.ex. efforts importants réalisés en matière de dépenses d’investissement ou de
recherche) un dépassement temporaire des 3% du déficit budgétaire.
Or, face à la crise, certains Etats membres n’ont pas réussi à respecter ces règles
strictes et se sont livrés à des excès de déficit et d’endettement préjudiciables à
l’ensemble de la zone euro. Voilà pourquoi, en 2011, les textes du « six-pack »7 ont
introduit une nouvelle procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques et un
mécanisme renforcé de mise en œuvre.
Finalement le « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de
l’UEM », ratifié le 29 mars 2013 par le Luxembourg, est le dernier instrument en vue
de renforcer la discipline budgétaire. Le « pacte budgétaire » impose aux Etats de
présenter des budgets en équilibre ou en excédent grâce à une règle d’équilibre
structurel. Un mécanisme de correction, déclenché automatiquement, oblige les pays
contractants qui s’écartent de l’objectif à moyen terme, de prendre des mesures
détaillées pour corriger de façon durable leur déficit public excessif. Ainsi le traité
renforce l’encadrement de la politique budgétaire de chaque Etat membre.
1.4.6 Le carré magique de Nicholas Kaldor
Les politiques que nous venons de voir servent à l’Etat comme instruments afin
d’atteindre ses objectifs. L’orientation d’une politique économique dépend donc du
choix des objectifs. Ces objectifs nombreux sont souvent résumés à l’aide de quatre
indicateurs :
– la croissance économique, mesurée par le taux de croissance du PIB ;
– le plein-emploi, mesuré par le taux de chômage ;
– la stabilité des prix, mesurée par le taux d’inflation ;
– l’équilibre des échanges extérieurs, mesuré par le solde de la balance courante
(en % du PIB).
7
constitué par cinq règlements et une directive, textes entrés en vigueur le 13 décembre 2011.
Economie politique
I ère G
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22
Macroéconomie
Le caractère parfois contradictoire de ces objectifs oblige l’Etat à faire des choix
différents selon la situation économique et sociale. L’économiste britannique Nicholas
Kaldor8 a réalisé une représentation synthétique de ces quatre indicateurs sur un même
graphique : le carré magique.
Chacun de ces axes9 est doté d’une échelle autonome :
– Nord (↑) : taux de croissance du PIB (-2 → 8) ;
– Sud (↓) : solde de la Balance courante (-3 → 6) ;
– Ouest (←) : taux de chômage (13 → 0) ;
– Est (→) : taux d’inflation (13 → 0).
Un point proche du centre du graphique (origine des quatre axes) décrit une
mauvaise situation. Un point situé plus éloigné de l’origine des axes décrit une
meilleure situation.
Fig. 1. 7 – Le carré magique
8
Nicholas Kaldor, économiste britannique, né en Hongrie (1908-1986), l’un des principaux animateurs du courant
post-keynésien.
9
”Ce graphique ne doit pas être confondu avec un graphique polaire puisque premièrement, les vecteurs unitaires ne
sont pas tous dirigés vers l’extérieur, et deuxièmement, les unités propres à chaque axe ne sont pas les mêmes.” Yves
Perraudau, Economie générale, Librairie Vuibert 1995, p.78
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
Considérons, à titre d’exemple (voir fig. 1.8), les données suivantes : un taux
d’inflation de 2%, un taux de chômage de 3%, un taux de croissance du PIB de 5% et
un excédent de la balance courante de 2,5% du PIB. En reliant les quatre points
obtenus sur le graphique, nous retrouvons un quadrilatère. Si la croissance économique
est forte et s’accompagne d’une stabilité des prix, d’un taux de chômage faible et d’un
solde de la balance courante positif, alors la surface sera importante et décrit ainsi une
bonne situation économique. L’idéal est d’obtenir un carré décrivant une situation
quasiment magique, puisque fort difficile à atteindre.
Le carré magique peut être utilisé pour juger rapidement de l’évolution dans le
temps des performances d’une économie en réalisant plusieurs carrés magiques sur un
même graphique. Il peut également être utilisé afin de comparer rapidement, pour une
année ou une période donnée, la situation de plusieurs pays.
Rappelons que les autres objectifs de l’Etat, non repris dans le carré magique, sont
d’assurer une certaine qualité de vie à ses citoyens, c.-à-d. d’essayer de réaliser la
justice sociale et de protéger l’environnement naturel.
1.5
Intégration de l’Etat dans le modèle keynésien
1.5.1 Fonctions de comportement des agents économiques
Le modèle macro-économique présenté ci-dessous se base sur le système d’une
économie fermée faisant intervenir les agents économiques suivants :
- les ménages, par leur consommation (C) ;
- les entreprises, par l’investissement (I) ;
- l’Etat, par les dépenses publiques (G) et les recettes publiques (T).
a) les ménages
La fonction de consommation (C) des ménages comprend une partie variable en
fonction de leur revenu disponible (cY d) et une partie autonome (C0), indépendante du
revenu.
D’où : C = cYd + C0 ou bien : C = c(Y − T) + C0
La consommation variable cYd varie dans une proportion constante c avec le
revenu national disponible Yd.
Economie politique
I ère G
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24
Macroéconomie
c = propension marginale à consommer et exprime la part d’un accroissement du
revenu disponible qui est consommé. (P.ex. : c = 0,80 signifie que pour un revenu
disponible supplémentaire de 1 €, 80% sont consommés, le reste est épargné.)
Le revenu national disponible Y d correspond au revenu national diminué des
impôts et taxes prélevés par l’Etat. Donc Y d = Y − T.
b) les entreprises
Pour simplifier le modèle macro-économique nous retenons un investissement
autonome I = I0, c.-à-d. l’investissement reste invariable par rapport au revenu
national.
c) l’Etat
Comme pour les entreprises, nous retenons des dépenses publiques invariables par
rapport au revenu national : G = G0.
Pour financer ses dépenses, l’Etat doit prélever des impôts et des taxes. L’impôt
total (T) varie dans une proportion constante t par rapport au revenu national.
D’où : T = tY.
(P.ex. : t = 0,10 signifie que pour un revenu national de 1 €, l’Etat encaisse 0,10 €
d’impôts.)
1.5.2 Détermination du revenu national d’équilibre YE
La détermination du revenu national d’équilibre Y E passe par la condition
d’équilibre :
Offre globale = Demande globale.
L’offre globale est constituée par le produit national qui est égal au revenu
national.
Ogl = Y
La demande globale se compose de la demande de tous les agents économiques :
Dgl = C + I + G
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
L’Etat - rôle économique et social
A l’équilibre
Ogl = Dgl
D’où
YE = C + I + G
YE = cYd + C0 + I0 + G0
YE = c(YE − T) + C0 + I0 + G0
YE = c(YE − t YE) + C0 + I0 + G0
YE = c(1 − t) YE + C0 + I0 + G0
YE - c(1 − t) YE = C0 + I0 + G0
[1 - c(1 − t)] YE = C0 + I0 + G0
YE =
𝐂𝐨 + 𝐈𝐨 + 𝐆𝐨
𝐤=
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)
𝟏
𝟏 − 𝐜(𝟏 − 𝐭)
Economie politique
=
𝟏
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)
(𝐂𝐨 + 𝐈𝐨 + 𝐆𝐨)
(k = multiplicateur keynésien)
I ère G
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26
Macroéconomie
1.5.3 Applications
1)
Supposons une propension marginale à consommer c = 0,75 ; un taux
d’imposition t = 0,20 ; un investissement autonome I 0 = 40 ; une dépense
publique G0 = 30 et une consommation autonome C 0 = 10.
a) déterminer le revenu national d’équilibre Y E ;
b) représenter graphiquement cet équilibre ;
c) quelle est la valeur du multiplicateur des dépenses publiques ?
d) de combien varie Y si ΔG = +10 ? Quelle conclusion peut-on tirer ?
2)
A partir des données suivantes
c = 0,85 ; T = 20% de Y ; C0 = 130 ; I0 = 300 ; G = 450 + 0, 1Y
a) déterminer la valeur d’équilibre du revenu national ;
b) calculer le multiplicateur des dépenses publiques ;
c) évaluer le solde budgétaire sur base de ce revenu national et
d) indiquer les possibilités de son financement.
3)
On donne les équations de comportement suivantes dans une économie
fermée :
C = 100 + 0, 8(Y − T)
T = 0, 25Y
I0 = 140
G0 = 200
a) déterminer la valeur d’équilibre du revenu national ;
b) déterminer le solde budgétaire ;
c) supposons un revenu national de plein-emploi de 1225. Quelle est la
politique budgétaire appropriée pour atteindre ce revenu national ?
De quel montant doivent varier les dépenses publiques pour combler
l’écart déflationniste/inflationniste ;
d) comment évolue le solde budgétaire ?
I ère G
Economie politique
Chapitre 1
Monnaie et politique monétaire
Chapitre 2
Monnaie et politique
monétaire
La politique budgétaire et la politique monétaire figurent parmi les principaux
instruments de la politique économique d’un pays. La politique budgétaire est mise en
œuvre par le gouvernement, tandis que la politique monétaire est du ressort de la
banque centrale.
2.1
La Banque Centrale
2.1.1 Mission et objectif d’une Banque centrale
La banque centrale a pour mission d’émettre la monnaie fiduciaire sous forme de
billets de banque et de pièces de monnaie.
Dans le système bancaire d’un pays, la banque centrale dispose d’un statut
particulier; elle se trouve au sommet de la hiérarchie. En tant que ”banque de premier
rang”, elle assume le rôle de prêteur à l’égard des banques ordinaires. Ces dernières,
encore appelées ”banques de second rang” 10, s’adressent à la banque centrale pour lui
demander des crédits au cas où les ressources disponibles des déposants (épargnants)
seraient insuffisantes pour faire face aux retraits des épargnants et aux demandes de
crédit des emprunteurs (investisseurs).
Mais l’action de la banque centrale ne se limite pas à ce rôle de pourvoyeur de
fonds aux banques ordinaires.
En général, une banque centrale poursuit les deux objectifs suivants :
10
Par la suite, les ”banques de second rang” seront désignées par ”banques ordinaires” ou ”banques”.
Economie politique
I ère G
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28
Macroéconomie
– maintenir la stabilité des prix, c.-à-d. sauvegarder le pouvoir d’achat de la
monnaie nationale en évitant toute inflation et déflation démesurées;
– soutenir la croissance économique.
2.1.2 La Banque Centrale Européenne (BCE)
La Banque centrale européenne11, créée le 01.06.1998 et installée à Francfort, est
une institution monétaire indépendante par rapport à tout pouvoir politique.
Le Traité de Maastricht (traité instituant l’Union économique et monétaire ”UEM”
et signé à Maastricht le 7 février 1992) retient que la BCE doit poursuivre comme
objectif principal le maintien de la stabilité des prix12, préservant ainsi le pouvoir
d’achat de l’euro.
Néanmoins, le Traité de Maastricht précise également que, sans préjudice de
l’objectif principal, la BCE peut apporter son soutien aux politiques économiques
générales de l’Union européenne (par exemple combattre le chômage, favoriser une
croissance économique élevée, etc.).
Ainsi, les missions fondamentales de la BCE consistent à :
– émettre les billets de banque dans la zone euro ;
– définir et mettre en œuvre la politique monétaire de la zone euro ;
– conduire les opérations de change, détenir et gérer les réserves officielles de
change des pays de la zone euro ;
– promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement.
11
En se conformant strictement au Traité de Maastricht de 1992, les missions indiquées ci-dessus reviennent à
l’”Eurosystème” qui est le dispositif regroupant la BCE et les banques centrales nationales (BCN) de la zone euro.
Toutefois, l’actualité économique utilise le plus souvent la notion de BCE au lieu de ”Eurosystème”.
12
”Afin de permettre au public d’évaluer le succès de la politique monétaire unique, la BCE a annoncé une définition
précise de son objectif principal. La stabilité des prix a été définie comme une progression sur un an des prix à la
consommation inférieure à 2%”. BCE, Banque centrale européenne, avril 2000, p. 25.
I ère G
Economie politique
Chapitre 2
Monnaie et politique monétaire
2.1.3 La Banque Centrale du Luxembourg (BCL)
Avant l’introduction de l’euro, le franc luxembourgeois et le franc belge
coexistaient au Luxembourg depuis 1922, en vertu du Traité de l’Union économique et
monétaire avec la Belgique (UEBL). En 1998, année précédant l’introduction de
l’euro, le Luxembourg a créé sa propre banque centrale, la Banque centrale du
Luxembourg (BCL).
Aujourd’hui, le Luxembourg, au même titre que tous les autres pays de la zone
euro, est représenté dans le conseil des gouverneurs, principal organe de décision de la
Banque centrale européenne qui fixe la politique monétaire commune pour la zone
euro.
Comme pour toutes les banques centrales nationales, la Banque centrale du
Luxembourg exécute les décisions de la Banque centrale européenne.
2.2
La politique monétaire de la BCE
Pour éviter tout déséquilibre monétaire, qu’il soit inflationniste ou déflationniste,
un rôle croissant revient aujourd’hui à la politique monétaire poursuivie par la banque
centrale.
2.2.1 Le taux d’intérêt directeur
Pour influencer la masse monétaire en circulation, la banque centrale dispose
d’instruments multiples et complexes. Un des principaux instruments de la politique
monétaire est le taux d’intérêt directeur (Leitzinssatz).
Pour financer leurs dépenses de consommation et d’investissement, les ménages et
les entreprises peuvent demander des crédits auprès des banques ordinaires au prix
d’un taux d’intérêt à payer.
Les banques à leur tour, ayant un besoin de liquidités, s’adressent à la banque
centrale en lui demandant des crédits dont le prix dépend d’un taux d’intérêt appelé
taux d’intérêt directeur.
Economie politique
I ère G
29
30
Macroéconomie
Il va sans dire que si la banque centrale augmente (ou réduit) son taux d’intérêt
directeur, les banques ordinaires vont suivre et procèdent également à une hausse (ou à
une baisse) de leur taux d’intérêt (fig. 2.1).
Fig. 2. 1 – Le taux d’intérêt directeur
2.2.2 La politique monétaire restrictive et expansionniste
La politique monétaire restrictive est mise en œuvre pour garantir la stabilité des
prix.
La politique monétaire expansionniste vise, dans un contexte caractérisé par une
maîtrise de l’inflation, à stimuler la croissance économique et à diminuer le chômage.
a) La politique monétaire restrictive
Lorsque les risques d’inflation s’accentuent, la banque centrale doit réagir et
combattre ces tensions inflationnistes.
Ainsi, la banque centrale augmente son taux d’intérêt directeur et décide, par-là, de
mettre en œuvre une politique dite restrictive visant à restreindre la croissance de la
masse monétaire en circulation. Par la suite, les banques ordinaires, à leur tour,
augmentent leur taux d’intérêt sur les prêts accordés.
Face à ce renchérissement du crédit, les agents économiques demandent moins de
crédits. Les ménages et les entreprises diminuent leurs consommations et
investissements, de sorte que la demande globale de biens et de services se réduit.
I ère G
Economie politique
Chapitre 2
Monnaie et politique monétaire
Ce rétrécissement du volume de la demande globale enlève la pression sur les prix
et l’inflation diminue ou, du moins, augmente moins rapidement.
Il y a toutefois des limites à l’efficacité de la politique monétaire restrictive. Il se
peut qu’une hausse des taux d’intérêt provoque un effet contraire. Si, par exemple, les
ménages et les entreprises s’attendent à de nouvelles hausses futures des taux d’intérêt,
ils accélèrent leurs consommations et investissements en demandant encore plus de
crédits.
b) La politique monétaire expansionniste
En partant d’une situation économique caractérisée par une inflation maîtrisée et
une croissance économique faible, la banque centrale, dans un souci de relancer
l’activité économique, peut réviser son taux d’intérêt directeur à la baisse. Les banques
ordinaires réduisent à leur tour le taux d’intérêt demandé sur leurs prêts accordés.
Incités par un crédit bon marché, les agents économiques demandent plus de
crédits. La demande privée (consommation et investissement) est stimulée, et la
demande globale de biens et de services augmente.
La production nationale est relancée et entraîne généralement une diminution du
chômage.
Notons, une fois de plus, que la politique monétaire expansionniste connait
également des limites. La seule diminution du taux directeur n’est pas forcément
suffisante pour relancer l’activité économique. Beaucoup dépend des attentes des
entreprises et des ménages.
En effet :
– si les firmes estiment que le marché n’offre pas de nouveaux débouchés, elles
n’investiront pas, même si le taux d’intérêt est faible ;
– si les particuliers préfèrent épargner face à un avenir incertain, la baisse des taux
d’intérêt ne contribue guère à une augmentation de la consommation.
2.2.3 Les instruments de la politique monétaire de la BCE
La banque centrale européenne dispose de 3 types d’instruments pour mettre en
œuvre sa politique monétaire : les opérations d’open market, les facilités permanentes
et les réserves obligatoires.
Economie politique
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31
32
Macroéconomie
a) Opérations d’open market
Les opérations d’open market jouent un rôle important dans la politique monétaire
européenne. Nous nous limitons ci-après à la présentation des deux principales
opérations :
- Les ”opérations principales de refinancement” constituent le principal canal de
refinancement du secteur financier. Elles sont destinées à fournir au système bancaire
les liquidités dont il a besoin.
Par ces opérations principales de refinancement, la BCE accorde des prêts aux
banques contre des dépôts de sûretés (obligations d’Etat, etc.). Le taux d’intérêt
minimal appliqué aux opérations principales de refinancement est ce qu’on appelle le
”taux directeur”, plus connu, dans les milieux financiers, sous l’appellation ”Taux
REFI” (Leitzinssatz).
Par une baisse de ce taux directeur, la BCE met en œuvre une politique monétaire
expansionniste, tandis qu’une hausse de ce taux est l’expression d’une politique
monétaire restrictive.
Les opérations principales de refinancement sont effectuées hebdomadairement et
pour une durée d’une semaine.
- Par les ”opérations de refinancement à plus long terme”, la BCE fournit des
liquidités additionnelles au système bancaire. Ces opérations sont réalisées
mensuellement et pour une période de trois mois.
Par le biais de ces deux types d’opérations la BCE peut, soit injecter des liquidités
supplémentaires dans le système financier (politique monétaire expansionniste), soit en
retirer (politique monétaire restrictive).
b) Facilités permanentes
Les facilités permanentes permettent à la BCE de fournir (politique monétaire
expansionniste) ou de retirer (politique monétaire restrictive) des liquidités au jour le
jour (à 24 heures).
Deux facilités permanentes sont à la disposition des établissements de crédits :
- La facilité de prêt marginal - permet aux banques qui ont besoin de liquidités de
fin de journée d’obtenir de leur Banque centrale nationale (BCN) les liquidités
nécessaires (les banques vont emprunter over night) contre des dépôts de sûretés.
- Les banques peuvent aussi utiliser la facilité de dépôt marginal (dépôt over night)
pour effectuer des dépôts au jour le jour auprès de leur BCN.
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Economie politique
Chapitre 2
Monnaie et politique monétaire
c) Réserves obligatoires
La BCE impose aux établissements de crédits de la zone EURO un minimum de
réserves obligatoires à détenir en compte courant rémunéré auprès de la banque
centrale de son pays. Le montant des réserves obligatoires à constituer par chaque
établissement est déterminé en fonction d’éléments de son bilan (dettes à vue, dettes à
préavis ≤ à 2 ans, dettes à terme ayant une échéance initiale ≤ à 2 ans, etc.).
Ces réserves obligatoires ne pourront pas être utilisées par les établissements de
crédits pour les prêter à leurs clients.
Depuis le 1er janvier 1999, le coefficient de réserves imposé par la BCE n’a pas
changé et s’élève à 2%.
Néanmoins, d’autres banques centrales appliquent l’instrument des réserves
obligatoires de façon plus active :
– si une banque centrale augmente le coefficient de réserves, moins de crédits
pourront être accordés par les banques, de sorte que l’augmentation de la masse
monétaire est freinée. Dans pareil cas, la banque centrale pratique une politique
monétaire restrictive ;
– en abaissant le coefficient des réserves obligatoires, la banque centrale favorise
l’octroi de crédits et l’augmentation de la masse monétaire : une politique
expansionniste est mise en œuvre.
2.3
Impact de la monnaie sur l’économie réelle
D’après Keynes, le niveau du revenu national (Y) et de l’emploi (N) sont fonction
de la demande globale (DG).
La demande globale dans une économie fermée, sans intervention de l’Etat, se
décompose en dépenses de consommation (C) et en dépenses d’investissement (I).
La consommation est une fonction du revenu national (C = cY + C 0).
L’investissement dépend du taux d’intérêt (i).
Le taux d’intérêt selon Keynes est établi par la loi de l’offre (M) et de la demande
de monnaie (L).
La nouveauté de Keynes est d’avoir montré que la monnaie n’est pas neutre mais
qu’elle est capable d’influencer le niveau du revenu national ou le niveau général des
prix par l’intermédiaire du taux d’intérêt (fig. 2.2).
Economie politique
I ère G
33
34
Macroéconomie
Graphique A :
L’offre et la demande de monnaie déterminent le taux
d’intérêt. L’offre de monnaie dépend de la décision de la banque centrale.
La demande de monnaie provient des ménages, des entreprises, de l’Etat. Trois
motifs incitent les agents économiques à garder une partie de leurs avoirs sous forme
liquide :
a) un motif de transaction : les agents économiques désirent disposer d’une
encaisse afin de pouvoir effectuer des transactions au moment voulu.
b) un motif de précaution : les agents détiennent généralement un supplément de
monnaie pour faire face aux imprévus.
Fig. 2. 2 – Impact de la monnaie sur l’économie réelle
c) un motif de spéculation : on préfère disposer de liquidités afin de profiter des
mouvements des cours sur les marchés financiers et ainsi réaliser une bonne opération
de placement.
I ère G
Economie politique
Chapitre 2
Monnaie et politique monétaire
Graphique B :
L’entrepreneur qui projette d’utiliser ses liquidités a le choix
entre :
- L’investissement (r= taux de rendement de l’investissement)
- le placement de l’épargne (i= taux d’intérêt du placement)
Comportement de l’entrepreneur :
Si r > i : l’entrepreneur choisit l’investissement
Si i > r : l’entrepreneur se décide en faveur du placement
Supposons qu’on range des projets d’investissements (A ; B ; C ; D ; E) du plus
rentable pour aboutir au moins rentable (fig. 2.3).
Admettons un taux d’intérêt i1. Les entreprises réalisent en principe les projets
d’investissements A, B, C pour lesquels r > i.
Fig. 2. 3 – Rentabilité de l’investissement
A un taux d’intérêt plus bas i2, les projets A, B, C, D sont réalisés. Pour des
perspectives de profit donné, plus les taux d’intérêts sont bas, plus les entrepreneurs
préfèrent investir plutôt que de placer leur épargne.
Les investissements deviennent ainsi relativement plus rentables ; l’investissement
projeté est une fonction décroissante du taux d’intérêt.
Graphique C : Le revenu national d’équilibre Y1 est déterminé par la demande
globale (C+I).
Graphique D : Le rapport N/Y associe à un niveau de revenu national un volume
d’emploi correspondant. Notre revenu national d’équilibre Y1 engendre un niveau
d’emploi N1. Si 𝑁̅ correspond au plein emploi du facteur travail, le segment 𝑁̅ N1
représentera le chômage.
Economie politique
I ère G
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36
Macroéconomie
Conclusion :
Le taux d’intérêt assure le lien entre le marché de la monnaie d’une part, le marché
des biens et services et le marché de l’emploi d’autre part.
Par conséquent toute variation de M modifie le taux d’intérêt et induit des
variations sur l’investissement qui se répercutent sur la demande globale, la production
nationale et l’emploi.
Applications :
1)
Montrer graphiquement les incidences de la variation de M opérée par la
banque centrale dans une situation de sous-emploi.
2)
Quelle serait la réaction de la banque centrale en cas d’inflation ?
I ère G
Economie politique
Chapitre 2
Emploi et chômage
Chapitre 3
Emploi et chômage
3.1
Le marché du travail
D’une part on a l’offre de travail, qui émane des ménages, représentée par la
population active, c.-à-d. l’ensemble des ressources en main-d’œuvre humaine
disponible. Le niveau de la population active est lui-même déterminé par des facteurs
démographiques comme le taux de natalité et le solde migratoire (immigration moins
émigration). Il est également influencé par des comportements sociologiques tels que
l’emploi des femmes, la durée de scolarité des jeunes ou encore l’âge de départ à la
retraite. S’y ajoute le cas échéant l’affluence parfois massive de travailleurs frontaliers.
D’autre part il existe la demande de travail qui émane des entreprises. Les besoins
en main-d’œuvre dépendent du volume de travail nécessaire pour assurer un certain
niveau de production. A court terme une augmentation du volume de production induit
une hausse du volume de travail et entraîne une demande de travail accrue de la part
des entreprises. A moyen et à long terme l’évolution de la productivité joue un rôle très
important. A production constante, une hausse de la productivité fera baisser le volume
de travail nécessaire et donc la demande de travail.
Si le marché du travail fonctionnait comme un marché en concurrence pure et
parfaite, sans entraves et sans intervention étatique, le niveau du salaire (prix du
facteur travail) serait déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande. Un
excès d’offre (de main-d’œuvre) ferait baisser les salaires tandis qu’une pénurie de
main-d’œuvre provoquerait une hausse des salaires. Mais ceci n’est que partiellement
vrai, et pour plusieurs raisons :
Economie politique
I ère G
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38
Macroéconomie
Fig. 3. 1 – Marché du travail
– Le travail est par nature un bien très hétérogène. Les aptitudes et compétences
individuelles varient d’une personne à l’autre et il y a une multitude d’activités
différentes. Il n’y a en fait pas un marché, mais beaucoup de marchés du travail : celui
des ouvriers non qualifiés, celui des employés de bureau, celui des travailleurs
hautement qualifiés, ingénieurs, programmeurs, etc. Il peut y avoir pénurie de maind’œuvre sur un marché et pléthore sur tel autre, ceci expliquant en partie les fortes
disparités de salaires entre professions.
– On constate depuis longtemps une rigidité des salaires à la baisse et même en cas
de chômage, il est rare que les salaires baissent. La méthode la plus efficace pour
empêcher des réductions de salaire, c’est de se regrouper en syndicats de travailleurs
capables de défendre les intérêts communs.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
Le syndicalisme des travailleurs, suivi par le regroupement des entreprises dans des
fédérations patronales, a complètement changé les mécanismes de détermination des
salaires sur les marchés du travail. Du côté de l’offre comme du côté de la demande,
on assiste à une monopolisation bilatérale qui fait que ce n’est plus le travailleur isolé
qui négocie son salaire face à un employeur isolé, mais des délégués syndicaux et
patronaux qui négocient des accords collectifs appelés conventions collectives.
– L’Etat intervient pour sa part sur le marché du travail par des mesures législatives
rassemblées dans le droit du travail : salaire minimum, limitation des heures de travail,
protection contre le licenciement abusif, etc.
3.2
L’emploi au Luxembourg
Au Luxembourg, la croissance continue du PIB au fil des dernières années est à
l’origine de la création de nombreux emplois. En raison de la pénurie de la maind’œuvre luxembourgeoise, cette offre supplémentaire n’a pu être satisfaite que par
l’apport de travailleurs frontaliers et de travailleurs migrants. Mais, malgré cette
progression notable de l’emploi, le chômage, certes largement en dessous de la
moyenne européenne, reste une donnée de la vie économique et sociale au
Luxembourg.
Le marché de l’emploi au Luxembourg se caractérise par des mutations
structurelles que connaissent tous les pays développés tout en présentant des
particularités propres.
3.2.1 Mutations structurelles de l’emploi
a) Le développement du secteur tertiaire
Les profondes mutations structurelles de l’économie luxembourgeoise,
caractérisées par la transition du secteur secondaire vers le secteur tertiaire, ont
également affecté la structure de l’emploi. Le secteur tertiaire est devenu le plus grand
pourvoyeur d’emplois au Luxembourg. L’emploi dans les banques et les entreprises
d’assurances et de transports a particulièrement progressé. Mais il ne faut pas négliger
l’effet d’extension sur d’autres activités connexes : experts comptables, cabinets
d’avocats, réviseurs d’entreprises, etc. L’avènement de la société de l’information, de
la communication et des médias exige de plus en plus une main-d’œuvre disposant
d’un know-how hautement spécialisé. Remarquons que les emplois dans les activités
de services sont majoritairement localisés à Luxembourg-Ville et dans sa périphérie.
Plus on s’éloigne de la capitale, plus la part des actifs dans le tertiaire diminue.
Economie politique
I ère G
39
40
Macroéconomie
b) L’emploi féminin
Autrefois, la société confinait les femmes dans les activités ménagères et
familiales. Au cours des dernières décennies l’emploi féminin a constamment
augmenté au Luxembourg. La part des femmes dans la population active est passée de
26% en 1970, à 38% en 1999 et à 49% en 2010.
Au Luxembourg l’écart entre les femmes et les hommes reste notable : en 2010, le
taux d’emploi des femmes âgées de 20 à 64 ans se chiffrait à 62% contre 79% chez les
hommes. Les pays scandinaves se distinguent par des écarts sensiblement moins
importants (10%). Au niveau de l’Union européenne, le taux d’emploi féminin était en
2010 de 62 %.
L’analyse de l’activité professionnelle féminine relève que 13 :
– les jeunes femmes sont plus représentées que les plus âgées ;
– les étrangères ont un taux d’activité plus élevé que les Luxembourgeoises, quelle
que soit la classe d’âge ;
– le mariage ou la vie en couple font diminuer le taux d’activité ;
– l’activité professionnelle féminine diminue avec le nombre d’enfants à charge et
augmente avec le niveau de scolarité.
L’accroissement de l’emploi féminin est lié au développement de mesures
permettant de concilier vie professionnelle et contraintes familiales.
”L’augmentation de l’emploi féminin nécessite des politiques sociale, familiale et
fiscale cohérentes, ainsi qu’une politique d’aménagement du temps de travail, qui
incitent les jeunes femmes, qui sont souvent bien formées, à ne pas abandonner leur
emploi pour se consacrer uniquement à leur vie familiale et à l’éducation de leurs
enfants. Il en est de même des femmes qui veulent réintégrer le marché du travail.” 14
3.2.2 L’immigration et les frontaliers
a) L’immigration
Au 19e siècle, le Luxembourg était une terre d’émigration. A cette époque
l’activité économique était essentiellement orientée vers l’agriculture. Entre 1841 et
1891, faute de moyens suffisants nécessaires à la survie, plus de 72.000 personnes ont
quitté le pays, notamment pour le Brésil, le Guatemala et surtout les Etats-Unis.
13
M. Milloch, Les femmes au Grand-Duché de Luxembourg : Cycle de vie professionnelle et profil d’activité, dans :
Conférence Nationale des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales, numéro 1, 1999, pp. 15.
14
Conseil Economique et Social, L’évolution économique, financière et sociale du pays 2000, Avis, p.78.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
A partir de 1870, grâce au développement de l’industrie du fer, le Luxembourg a
attiré de forts contingents d’ouvriers étrangers. Toutefois, ce n’est qu’à la fin du 19e
siècle que le courant migratoire s’inverse. Au cours du 20e siècle nous avons connu
des vagues successives d’immigration. A la fin du 19e siècle, les Allemands
représentaient à peu près la moitié de la colonie étrangère. Après la Seconde Guerre
mondiale, les Italiens ont pris la relève. A la fin des années 1970, les Portugais ont ravi
le premier rang aux Italiens.
Cette immigration plus que centenaire, indispensable au Luxembourg pour assurer
sa croissance économique, a ses raisons particulières :
– la réduction progressive du taux de natalité et l’allongement de la vie des
Luxembourgeois conduisent à un vieillissement de la population ;
– depuis les années 1960, on assiste à une stagnation de la population de nationalité
luxembourgeoise. En fait, la population du Luxembourg n’augmente qu’en raison du
flux migratoire ;
– les modifications intervenues dans la structure sociologique de la population
luxembourgeoise, suite à l’allongement de la scolarité et l’accès à une formation
scolaire plus poussée, dévalorisent certains emplois, notamment manuels, qui sont
moins recherchés par les Luxembourgeois ;
– l’augmentation des départs à la retraite se répercute négativement sur la
population active. Jusque dans les années 1970, l’immigration a fourni la maind’œuvre manquante essentiellement à l’industrie, à la construction et à l’artisanat.
b) Les frontaliers
Les nouveaux emplois créés au Luxembourg (en moyenne une progression
annuelle de 3,5% depuis 1990) n’ont que partiellement pu être occupés par les
Luxembourgeois.
A l’immigration s’est associé le développement de l’emploi frontalier. Un
frontalier est une personne qui travaille au Luxembourg tout en habitant un des trois
pays limitrophes.
Un taux de chômage élevé dans la Grande Région, des différences de rémunération
dans les différents pays, et la proximité des frontières constituent les causes
essentielles du développement de l’emploi frontalier.
A titre de comparaison, relevons qu’en 1974, seulement 11.400 frontaliers étaient
occupés au Luxembourg contre près de 165.000 fin 2014, c.-à-d. plus du tiers de
l’emploi intérieur. Actuellement les frontaliers sont les principaux fournisseurs de la
main-d’œuvre manquante au Luxembourg. Notons encore qu’à côté des frontaliers et
les étrangers vivant au Luxembourg, les Luxembourgeois ne représentent plus que le
tiers de l’emploi intérieur du pays !
Economie politique
I ère G
41
42
Macroéconomie
En 2012, la ventilation par pays de résidence des frontaliers était la suivante :
France (50%), Belgique (25%), Allemagne (25%).
3.2.3 Définitions et statistiques
a) Les différentes notions de l’emploi
L’emploi intérieur est formé de l’ensemble des personnes travaillant sur le
territoire national quel que soit leur lieu de résidence. Il tient donc compte des
frontaliers étrangers travaillant au Luxembourg, mais néglige les frontaliers
luxembourgeois travaillant à l’étranger et les fonctionnaires des institutions
internationales considérées comme extraterritoriales.
L’emploi national représente l’emploi des personnes résidant sur le
territoire du Grand-Duché de Luxembourg. Il englobe donc les frontaliers
luxembourgeois travaillant à l’étranger et les agents des institutions internationales.
La population active s’obtient par l’addition de l’emploi national et des
demandes d’emploi non satisfaites (personnes au chômage).
Le taux de chômage est calculé par le rapport :
𝐧𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐡ô𝐦𝐞𝐮𝐫𝐬
𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞
X 100
Le taux d’activité s’obtient par le rapport :
𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞
𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐭𝐨𝐭𝐚𝐥𝐞 𝐞𝐧 â𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐫
X 100
(Par population en âge de travailler on entend les personnes âgées entre 15 et 64 ans).
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
b) Données statistiques
Année
1995
2000
2005 2009
2010
215,5
263,8
307,8 352,2
358,6
2. Frontaliers nets (a) - (b)
47,3
79,0
108,5 135,9
138,7
a. Frontaliers non résidents
56,1
87,7
118,5 147,2
150,1
Spécification
1. Emploi intérieur
b. Frontaliers résidents
8,8
8,8
168,1
184,8
4,8
4,5
8,5
12,5
13,5
dont: Chômeurs indemnisés
…
…
…
6,3
6,3
5. Population active (3) + (4)
172,9
189,3
207,8 228,7
233,4
2,7
2,4
4,1
5,4
5,8
7. Personnes en mesures pour l'emploi
…
2,1
3,9
3,1
3,8
8. Taux de chômage élargi (y c. personnes
en mesure) en % (4+7) : (5)
…
3,5
6,0
6,8
7,4
3. Emploi national (1) - (2)
4. Demandes d'emploi non satisfaites
6. Taux de chômage en % (4) : (5)
11,3
11,4
199,3 216,3
10,1
219,9
B3100 Vue d'ensemble du marché du travail (en 1 000 personnes) 1995 – 2011 (Statec)
c) Qui est demandeur d’emploi ?
Au Luxembourg, est considérée comme demandeur d’emploi, toute personne résidente:
– sans emploi ;
– disponible pour le marché du travail ;
– à la recherche d’un emploi approprié ;
– non affectée à une mesure pour l’emploi ;
– indemnisée ou non indemnisée ;
– et ayant respecté les obligations de suivi de l’Agence pour le
Développement de l’Emploi (ADEM).
3.3
Le chômage
3.3.1 Le chômage dans une perspective historique
a) L’emploi salarié au 19e siècle
Le chômage est sans doute l’un des fléaux caractéristiques du système capitaliste.
Depuis le 19e siècle l’économie de marché a connu une extension progressive du
nombre de travailleurs salariés, employés dans de grandes unités de production. Le
changement des structures de production et le passage de la société artisanale à la
société industrielle ont été à l’origine de mutations sociales importantes.
Economie politique
I ère G
43
44
Macroéconomie
En cas de crise, la situation des salariés fut très critique. Des licenciements massifs
étaient à l’ordre du jour et la protection sociale n’existait pas. Si le travailleur perdait
son emploi, il ne pouvait s’attendre à aucune allocation de chômage.
b) Le chômage de masse des années 1930
La grande crise des années 1930 était à l’origine d’un chômage de masse jamais vu
auparavant. En Angleterre, le nombre de chômeurs passa en deux ans de 1,1 million à
2,7 millions de personnes. En 1932, les Etats-Unis d’Amérique comptaient 12 millions
de demandeurs d’emploi.
En Allemagne, la situation est la plus dramatique. En 1933, à la veille de
l’avènement au pouvoir d’Hitler, l’Allemagne comptait 6 millions de chômeurs. Inutile
de rappeler que le parti national-socialiste profitait largement de ce scénario social très
critique pour accéder au pouvoir.
Les expériences pénibles des années 1930 révèlent à merveille que le chômage ne
pose pas seulement des questions économiques et sociales. Il constitue également un
problème politique dans la mesure où le nombre croissant de demandes d’emploi non
satisfaites est responsable d’un climat politique instable et propice aux tendances
extrémistes.
c) Le chômage banni
De 1945 à 1973 tous les pays occidentaux enregistrent une période de croissance
économique soutenue. Jamais le monde n’aura connu pendant un laps de temps aussi
long une telle progression des productions nationales. Le plein emploi s’accompagne
d’un taux de chômage très faible. En Europe ce taux tombe en dessous de 2%, aux
Etats-Unis il s’établit à 4,5%.
Aux alentours de l’année 1970, la mécanique semble se détraquer : la croissance
ralentit, les prix commencent à monter et le chômage réapparaît progressivement.
d) La croissance du chômage
En 1973, face à l’accroissement des prix dû notamment à la montée vertigineuse du
prix du pétrole, les gouvernements sont amenés à prendre des mesures restrictives. Il
en résulte un ralentissement de la croissance économique et une montée du nombre de
chômeurs. En 1983 on compte, pour l’ensemble de l’O.C.D.E, jusqu’à 34 millions de
chômeurs. Fin 1988 ce chiffre tombe à 28 millions, pour augmenter de nouveau au
début des années 1990. Toutefois le chômage parait moins tenace aux Etats-Unis qu’en
Europe. Un renversement de tendance n’y est apparu que vers la fin du 20e siècle.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
Il n’est donc pas surprenant que la lutte contre le chômage figure à l’ordre du jour
des politiques économiques. Au vu d’une concurrence internationale des plus sévères
et en raison d’une accélération fabuleuse du progrès technologique, un large éventail
de stratégies et de mesures est indispensable si l’on veut comprimer progressivement le
taux de chômage. Il s’agit donc de favoriser un environnement économique permettant
la création d’emplois supplémentaires et de préparer les citoyens aux mutations
techniques qui, tout au long de leur vie, affecteront leur vie professionnelle. Si les
travailleurs licenciés peuvent aujourd’hui bénéficier d’une allocation de chômage
permettant d’assouplir leur situation précaire, il ne faut pas pour autant perdre de vue
que le sous-emploi du facteur travail est à l’origine d’un coût important pour la
collectivité.
”Le coût économique le plus visible du chômage est celui des sommes
importantes que requiert, par la sécurité sociale, le financement des allocations
versées aux chômeurs. Leur justification évidente sur le plan redistributif n’annule
pas le fait que ces sommes ont un coût d’opportunité : celui de ce que l’on aurait pu
faire d’autre avec elles.
Un coût plus important quoique moins visible est celui de la perte d’activité
productive des chômeurs : leur inactivité forcée prive non seulement eux-mêmes
mais aussi toute la société des biens et services qu’ils pourraient produire. (...)
Mais les problèmes que suscite le chômage se situent aussi à un niveau plus
intangible, où ils s’avèrent encore plus importants. La perte d’un emploi ou
l’impossibilité d’en trouver un signifient d’abord une perte substantielle de revenu,
donc de niveau de vie, pour ceux qui en sont victimes : mais ensuite commencent le
cortège des difficultés de la recherche, les vexations des refus, la somatisation des
angoisses du lendemain, les crises psychologiques d’identité et le sentiment
d’inutilité face à la non-insertion dans une société où le travail est une valeur
essentielle. Statistiquement, on observe que maladies, violences et criminalité
s’accroissent notablement dans les périodes de chômage important…”15.
3.3.2 Chômage et indemnisation du chômage au Luxembourg
A partir de 1990, le nombre de chômeurs ou de demandeurs d’emploi au
Luxembourg a sensiblement augmenté par rapport aux deux décennies précédentes. De
1997 à 2001 ce nombre diminue progressivement mais augmente de nouveau à partir
de 2002. Relevons que notre taux de chômage demeure tout de même de loin parmi les
plus faibles en Europe. L’analyse des demandes d’emploi au Grand-Duché permet de
faire ressortir quelques caractéristiques :
15
A.Jacquemin et H.Tulkens, Fondements d’économie politique, De Boeck, 1986, p.309.
Economie politique
I ère G
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46
Macroéconomie
– le pourcentage des demandeurs d’emploi masculins est légèrement
supérieur à celui des demandeurs d’emploi féminins ;
– la catégorie des chômeurs les plus touchés se situe entre 31 et 50 ans
(60%);
– la formation scolaire a une incidence sur le nombre de chômeurs : plus de
la moitié des demandeurs d’emploi n’ont suivi que la scolarité obligatoire (9 ans) ;
– la durée de chômage : les chômeurs de longue durée sont souvent ceux
dotés d’une formation peu poussée ;
– la durée d’inscription à l’Administration de l’Emploi augmente avec l’âge.
Depuis 1976, le législateur a instauré un fonds de chômage et a prévu l’octroi
d’indemnités de chômage. L’alimentation de ce fonds de chômage est un exemple de
solidarité nationale. En effet, les contribuables doivent participer au financement en
fonction de leur capacité contributive.
3.4
Les types de chômage
La lutte contre le chômage ne peut être efficace que si l’on est en mesure
d’identifier les différentes causes du chômage. En effet, les instruments de lutte varient
d’un type de chômage à l’autre. Nous distinguons :
a) Le chômage conjoncturel
A court terme, le niveau de l’emploi est déterminé par le niveau de la production.
Si la production s’accroît, les entreprises embaucheront plus de main-d’œuvre et
inversement.
La production à son tour est conditionnée par la demande qu’expriment les agents
économiques. Par exemple, une diminution de la demande entraîne une réduction des
dépenses de consommation des ménages et/ou des investissements des entreprises.
Ce type de chômage est donc lié à l’insuffisance de la demande qui s’adresse aux
producteurs. Si la demande se rétrécit, les entreprises seront obligées tôt ou tard de
réviser leurs plans de production à la baisse. La réduction du volume de la production
va généralement de pair avec une diminution du nombre de salariés. Faute de
commandes, les unités de production devront licencier une partie de la main-d’œuvre.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
Ce sous-emploi, conséquence directe d’un ralentissement économique, touche
l’économie dans son ensemble. Quels sont les remèdes pour relancer la demande afin
de combattre le chômage conjoncturel ?
Les pouvoirs publics peuvent notamment :
– stimuler la demande en provenance des ménages et des entreprises en
baissant par exemple les impôts ;
– compenser le rétrécissement de la demande privée par une augmentation
des dépenses publiques (programmes d’infrastructure).
La banque centrale peut diminuer son taux d’intérêt directeur, rendant ainsi le
crédit moins cher afin de relancer la consommation et l’investissement.
b) Le chômage structurel
Ce type de chômage est lié aux structures économiques d’un pays et aux
caractéristiques des personnes cherchant un emploi.
Un chômage peut coexister avec des emplois vacants. Par exemple, on peut avoir
une pénurie de programmeurs et avoir en même temps un excédent d’ingénieurs. Ce
type de chômage s’explique par une inadéquation entre les qualifications demandées et
offertes. Autrement dit, les personnes sans emploi n’ont pas les qualifications que
recherchent les employeurs.
Un développement régional inégal des activités économiques en est une autre
cause. Une pénurie de main-d’œuvre dans des régions à forte croissance économique
peut coexister avec du chômage dans des régions en déclin.
Une poussée démographique forte peut renforcer le chômage structurel. Les jeunes
générations arrivent sur le marché de travail qui, faute de postes supplémentaires, n’est
pas prêt à les accueillir.
Comment remédier au chômage structurel ? Il s’agit notamment :
– de permettre aux chômeurs structurels de se doter de nouvelles qualifications, ce
qui nécessite la mise en place de programmes de formation ;
– de créer de nouveaux emplois en stimulant les investissements privés ;
– d’adapter encore davantage les programmes scolaires aux nouvelles exigences du
monde contemporain.
Economie politique
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Macroéconomie
La résorption du chômage structurel reste un problème délicat. En effet, il est plus
facile de lutter contre le sous-emploi dû à une insuffisance de la demande que de porter
remède au chômage structurel.
c) Le chômage technologique
Le chômage technologique est lié aux innovations entraînant la substitution du
capital au facteur travail.
Deux thèses s’opposent à propos de l’incidence du progrès technologique sur le
chômage.
La thèse pessimiste, affirme que le progrès technique est source de chômage. La
robotisation et l’informatisation constituent des exemples où la machine chasse
l’homme.
La thèse optimiste insiste sur les conséquences positives du progrès technique. La
baisse probable des prix augmente le pouvoir d’achat des consommateurs et par là les
ventes. En plus, le progrès technique donne naissance à de nouveaux produits ;
d’autres activités apparaissent pour répondre à de nouveaux besoins. La hausse de la
consommation et des investissements qui en résulte engendre une augmentation de la
production et par conséquent une demande supplémentaire de main-d’œuvre.
d) Le chômage frictionnel
Le chômage frictionnel apparaît lorsque des salariés cherchent un nouvel emploi,
suite à l’abandon volontaire ou involontaire de l’ancien emploi. Des personnes
renoncent volontairement à un emploi pour en rechercher un autre dont les conditions
sont plus intéressantes (rémunération plus élevée, meilleures perspectives de
promotion, etc.). Dans certains cas, des personnes involontairement au chômage y
demeurent volontairement en attendant de meilleures propositions d’emploi.
Le chômage frictionnel est généralement de courte durée. Le délai d’ajustement
d’un emploi à l’autre dépend notamment :
– de la mobilité géographique et sectorielle de la main-d’œuvre ;
– de la disponibilité d’informations sur les offres d’emploi de la part des
entreprises;
– du montant des allocations de chômage.
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Chapitre 3
Emploi et chômage
e) Le chômage saisonnier
Le chômage saisonnier s’explique par la dépendance de certains emplois à l’égard
des variations saisonnières de la demande. Les salariés de l’agriculture, du bâtiment,
de la restauration et de l’hôtellerie, du tourisme sont régulièrement touchés par ce type
de chômage.
f) Le chômage technique
Ce type de chômage est dû à des événements aléatoires ou accidentels entraînant
une réduction de l’activité économique. Il apparaît dans les situations les plus diverses
: incendie, inondation, tremblement de terre, grand froid, mauvaise récolte, grève des
camionneurs, défaillance d’un fournisseur, etc.
g) Le chômage lié à la délocalisation de la production
La mondialisation de l’économie et la concurrence qui est livrée à l’Europe
occidentale par les nouveaux pays industrialisés de l’Asie (Taiwan, Singapour, Hong
Kong, la Corée du Sud, etc.) ont déclenché un processus de délocalisation de certaines
activités de production qui, jadis, étaient situées en Europe. Comme le coût unitaire de
la main-d’œuvre est sensiblement plus faible dans ces régions, il y a transfert de
certaines productions vers ces pays. Que l’on pense, par exemple, à l’industrie du
textile, de la construction navale, de la sidérurgie, etc.
De même, depuis l’ouverture du ”rideau de fer”, un nouveau mouvement de
délocalisation de la production a été mis en route. Nombre d’entreprises cherchent à
déplacer leurs activités de production en direction des pays l’Europe de l’Est à faible
coût salarial.
3.5
Chômage et inflation : la courbe de Phillips
En 1958, l’auteur néo-zélandais A.W. Phillips avait mis en évidence une relation
inverse entre le taux d’inflation et le taux de chômage observés dans l’économie
britannique sur une période de cent ans. Cette relation est mieux connue sous le nom
de courbe de Phillips (fig. 3.2).
Economie politique
I ère G
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Macroéconomie
Fig. 3. 2 – Courbe de Phillips
Explication de l’allure de la courbe de Phillips : Si on s’approche du plein-emploi
(et que le taux de chômage diminue) et que les employeurs veulent encore augmenter
le niveau de la production, la main-d’œuvre se fait de plus en plus rare sur le marché
du travail et les salariés peuvent revendiquer des salaires plus élevés. A productivité du
travail égale (ce qui est normalement le cas puisque les keynésiens raisonnent surtout à
court terme), cette hausse se répercute sur les prix et le taux d’inflation augmente.
A l’inverse, plus on est loin du plein-emploi, plus la main-d’œuvre devient abondante
et plus les salaires et donc aussi le taux d’inflation ont tendance à baisser. Ce dernier
peut même devenir négatif : en effet, p.ex. au Japon, l’analyse de l’inflation depuis le
début des années 1990 montre un ralentissement de la hausse des prix
(« désinflation ») jusqu’en 1995, avant que les prix ne se mettent significativement à
décliner (« déflation ») à partir de 1998/99, le tout accompagné d’une nette hausse du
taux de chômage.
L’importance de la courbe de Phillips réside maintenant dans le fait que, d’un côté
on ne peut réduire le taux de chômage sans augmenter le taux d’inflation, mais d’un
autre côté elle fait apparaître la possibilité d’un arbitrage entre le chômage et
l’inflation. Ainsi un taux d’inflation un peu plus élevé serait le prix à payer pour
combattre efficacement le chômage.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Emploi et chômage
La courbe de Phillips semble d’abord être vérifiée empiriquement ; elle devient
rapidement la pierre angulaire de la politique conjoncturelle keynésienne des années
1960 et du début des années 1970. Comme les keynésiens donnent la priorité à la lutte
contre le chômage, ils pratiquent de préférence des politiques budgétaires
expansionnistes en acceptant une hausse du niveau général des prix. Ce n’est que
lorsque les effets négatifs de l’inflation (comme la perte de compétitivité-prix au
niveau des exportations) se font trop pressants que les gouvernements font marche
arrière et se mettent à pratiquer des politiques budgétaires restrictives.
Une telle succession de politiques de relance de l’activité économique pour
combattre la récession et de politiques de freinage de l’activité pour combattre les
tendances inflationnistes est mieux connue sous le nom de politique ”stop and go”.
3.6
La lutte contre le chômage
a) Les outils traditionnels
Combattre le chômage doit être un objectif prioritaire de toute politique
économique. En dehors des outils traditionnels mis en œuvre dans le cadre des
politiques budgétaire et monétaire, les pouvoirs publics peuvent favoriser tout un
ensemble d’autres instruments.
b) Le partage du travail
Les partisans d’une réduction de la durée de travail proposent notamment :
– la retraite progressive. Le salarié prend sa retraite par étapes à partir d’un
certain âge. On peut imaginer qu’un salarié âgé de 50 ans, souhaite réduire sa tâche
aux trois-quarts de la durée normale. A partir de 55 ans il décide de prendre sa semiretraite ;
– le travail à temps partiel. La durée de travail hebdomadaire ou mensuelle
est inférieure à la durée légale de travail. Ces postes conviennent aux personnes qui
veulent être disponibles pour la famille, sans renoncer complètement à leur vie
professionnelle ;
– la réduction des heures supplémentaires ;
– la réduction hebdomadaire du travail.
Economie politique
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52
Macroéconomie
c) Autres mesures possibles
Afin d’enrayer le développement persistant du sous-emploi et de réduire les
rigidités du marché du travail, les pouvoirs publics, les organisations patronales et
syndicales sont appelées, entre autres, à :
– favoriser la mobilité géographique et professionnelle de la main-d’œuvre
tout en augmentant sa flexibilité ;
– perfectionner progressivement les systèmes de communication permettant
d’intensifier les contacts entre offreurs et demandeurs d’emploi ;
– lutter, dans le cadre de campagnes de sensibilisation et d’information,
contre la dévalorisation du travail manuel afin de réduire les inadéquations
persistantes entre l’offre et la demande de travail ;
– soutenir plus systématiquement les modules de formation continue et
complémentaire au profit des travailleurs désireux de changer respectivement de
sauvegarder leur emploi ;
– diminuer les coûts salariaux par une réduction des charges sociales et
fiscales ;
– faciliter la réinsertion dans la vie active des femmes au foyer ;
– promouvoir le travail à domicile.
I ère G
Economie politique
Chapitre 3
Théorie de la croissance
Chapitre 4
Théorie de la croissance
4.1
La croissance économique
La croissance économique est un des sujets les plus controversés des sciences
économiques. Déjà les auteurs classiques comme Smith, Ricardo, Say et Malthus s’y
sont intéressés et depuis le début de la révolution industrielle à la fin du 18e siècle
jusqu’à aujourd’hui, ce phénomène historique d’importance majeure fait l’objet d’une
multitude d’analyses et d’interprétations des plus diverses.
Comment expliquer la croissance, quels sont les facteurs qui la favorisent et les
obstacles qui la freinent, et surtout, pourquoi y a-t-il de tels écarts de croissance entre
les différentes parties du globe et suivant les époques ? La science économique seule
n’est pas capable de répondre à ces questions parce que le phénomène est trop
complexe et déborde largement sur le terrain de l’analyse historique, politique ou
sociologique.
4.1.1 Définition et mesure de la croissance
a) Définition de la croissance
La croissance économique est l’accroissement durable, donc à plus long terme, de
la production globale d’une économie.
Il ne faut pas confondre croissance, expansion et développement. L’expansion est
une augmentation de la production sur une courte période. Croissance et expansion
sont des phénomènes quantitatifs, donc mesurables.
Economie politique
I ère G
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54
Macroéconomie
Le développement par contre est un phénomène qualitatif, il exprime des
changements structurels de nature technique, sociale, démographique et culturelle,
comme par exemple les modifications dans la répartition de la population active
suivant les secteurs. Croissance et développement sont toutefois intimement liés, car la
croissance est une condition nécessaire du développement qui à son tour peut favoriser
la croissance économique.
b) Mesure de la croissance
L’instrument de mesure de la croissance sont le PNB ou le PIB ou encore le revenu
national ou plus précisément leur taux de croissance. Mais la mesure de la croissance
doit se faire en volume ou en termes réels, afin d’éliminer l’impact de l’inflation et de
la déflation. L’évolution nominale ou à prix courants du PIB doit donc être corrigée
par un déflateur du PIB pour obtenir une mesure à prix constants. Le déflatage se
pratique à l’aide de l’indice des prix à la consommation (IPC) en appliquant la formule
suivante :
IPC1
PIB réel n = PIB nominal n x
IPC𝑛
IPC1 étant l’indice des prix à base 100 (époque de référence) et IPC n étant le niveau
des prix à l’époque n.
Si on veut mesurer l’évolution du niveau de vie d’une population, il convient
d’utiliser un autre indicateur économique, à savoir le PIB par habitant. Cet instrument
permet aussi d’effectuer des comparaisons internationales. Mais pour éliminer les
distorsions dues aux différences des niveaux de prix entre pays (le pouvoir d’achat de
1 dollar n’est pas le même à New York qu’à Mumbai), on passe par l’évaluation en
parités de pouvoir d’achat (PPA). Ces PPA sont des taux de conversion monétaire qui
permettent justement d’éliminer les différences de niveaux des prix entre pays.
Notons encore que pour mesurer le niveau de développement, les Nations Unies
ont mis au point l’Indicateur du développement humain (IDH), qui combine le PIB réel
par habitant exprimé en PPA, le niveau de scolarisation de la population adulte et
l’espérance de vie à la naissance.
Remarquons finalement que tous ces indicateurs sont nécessairement incomplets et
partiellement faussés par l’absence de statistiques fiables ou parce qu’ils ne prennent
pas parfaitement en compte l’économie souterraine ou non marchande qui restent très
importantes dans beaucoup de pays. Il convient donc d’utiliser ces indicateurs avec une
certaine prudence.
I ère G
Economie politique
Chapitre 4
Théorie de la croissance
4.1.2 Les facteurs de la croissance
Qu’est-ce qui explique que la croissance a lieu, ou qu’elle n’a pas lieu ? Quels sont
les facteurs qui la déterminent, ou qui l’influencent, dans un sens positif ou négatif ?
Les tentatives d’explication sont nombreuses, très variées et parfois contradictoires.
Nous nous limiterons ici à en présenter quelques-unes, à propos desquelles il semble y
avoir un large consensus parmi les économistes.
-
Le rôle des facteurs naturels (ressources naturelles, population) semble
indéniable.
 L’abondance de ressources naturelles énergétiques, minières et autres est
certainement un avantage et permet un décollage économique plus rapide,
mais à lui seul, ce facteur est insuffisant pour garantir une croissance
durable, comme le montre l’exemple de l’ex-Union soviétique ou encore du
Congo aujourd’hui.
 L’influence des facteurs démographiques est un sujet très controversé.
L’augmentation de la population globale serait un facteur positif conférant à
l’économie plus de dynamisme et plus de créativité, contrairement à une
population vieillissante, en stagnation ou en déclin démographique.
D’autres auteurs mettent l’accent sur la surpopulation, qui caractérise de
nombreux pays en développement. Elle serait un obstacle au progrès
économique dans la mesure où le taux de croissance de la population
dépasse souvent le taux de croissance économique du pays, de sorte que la
pauvreté générale augmente.
-
Le progrès technique est généralement considéré comme un facteur de
croissance important. L’évolution des connaissances scientifiques et leurs
retombées technologiques induisent une hausse constante de la productivité du
travail et du capital technique, permettant ainsi une baisse des prix et une
élévation du niveau de vie des populations. Le progrès technique favorise aussi
l’apparition de nouveaux secteurs d’activité, comme l’informatique, qui a
donné naissance aux nouvelles technologies de l’information, avec des
conséquences favorables pour l’emploi. Mais il est permis de se poser la
question de savoir si le progrès technique est la source ou plutôt le fruit de la
croissance ou les deux à la fois, la croissance permettant de dégager les
ressources nécessaires pour stimuler l’enseignement, la recherche et le
développement.
Economie politique
I ère G
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56
Macroéconomie
-
Les investissements sont également un facteur incontestable de la croissance.
Par investissement on comprend l’investissement net du secteur privé, celui qui
permet un accroissement des biens de capital fixe (bâtiments, équipements,
matériel et outillage). On y inclut également l’investissement du secteur public,
responsable des infrastructures publiques indispensables à l’essor économique
(réseaux de communications, enseignement, santé, sécurité, etc.)
L’investissement en capital humain, c.-à-d. l’acquisition et la diffusion du
savoir et du savoir-faire, comme la connaissance et la maîtrise des processus
industriels, techniques ou scientifiques, occupe une place de plus en plus
importante dans nos sociétés de l’information.
-
En fin de compte le contexte géopolitique international ainsi que le contexte
politique, juridique et réglementaire national ne sont pas négligeables. Les
tensions et conflits internationaux provoquent des vagues de pessimisme et de
prudence qui se traduisent par un ralentissement de la consommation, des
investissements et des échanges constituant ainsi un frein à la croissance. Les
anticipations des agents économiques plus optimistes stimulent par contre la
croissance. La stabilité politique et la paix sociale intérieure d’un pays jouent
un rôle similaire. Par une législation appropriée, les Etats cherchent à
promouvoir le développement de nouveaux secteurs (place financière
luxembourgeoise, aéronautique et recherche spatiale européennes etc.), à
favoriser les investissements transnationaux et l’implantation d’entreprises
étrangères, bref à influencer les déterminants de la croissance.
4.2
Les cycles économiques
On parle de cycle économique lorsque les fluctuations, mouvements de hausse et
de baisse de l’activité économique, se reproduisent avec une certaine régularité. La
théorie économique a essayé d’identifier les différents types de cycles et d’en
expliquer les raisons.
4.2.1 Les phases du cycle économique
On peut décomposer un cycle en quatre phases successives dont les plus
marquantes sont les phases d’expansion et de contraction :
I ère G
Economie politique
Chapitre 4
Théorie de la croissance
- la phase d’expansion ou de prospérité est une période de haute conjoncture
pendant laquelle on assiste à une hausse de la production, des revenus et de l’emploi
avec, à partir d’un certain moment, des tendances inflationnistes ;
- la crise marque le passage de la prospérité à la récession et est parfois précédée
d’une période de surchauffe de l’économie ;
- la phase de contraction, de récession ou de dépression est une période de basse
conjoncture marquée par une baisse de la production et une hausse du chômage, elle
est parfois accompagnée par des tendances déflationnistes ;
- la reprise se caractérise par un retournement de situation lorsque l’économie,
après avoir dépassé le creux de la vague, revient à une phase d’expansion.
Fig. 4. 1 – Les phases d’un cycle économique
4.2.2 Les différents types de cycles
Tous les cycles ont des caractères essentiels communs, mais ils se distinguent par
leur durée et par leur intensité. Ainsi par exemple le crash boursier à Wall Street en
octobre 1929 déclencha une récession qui déboucha sur une dépression profonde du
monde capitaliste.
Economie politique
I ère G
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Macroéconomie
Les cycles conjoncturels sont de courte durée. Le cycle Kitchin (économiste
américain, †1932) est d’une durée approximative de 3 ans. Il est lié aux variations des
stocks. Les entreprises, anticipant une hausse de la demande, accélèrent l’activité de
production et constituent des stocks. Le recul des commandes et de la demande
déclenche ensuite une phase de déstockage et de ralentissement économique. Aux
Etats-Unis ce cycle était considéré comme le mouvement conjoncturel fondamental
alors qu’il est plus difficile à observer dans l’histoire des économies européennes.
Le cycle majeur ou cycle Juglar (économiste français, †1905) durent entre 6 et 11
ans et s’inscrivent à l’intérieur de mouvements de longue durée. Pendant la phase
d’expansion, prix, salaires, profits et emploi augmentent en même temps, tandis que
pendant la phase de contraction, toutes ces variables macroéconomiques sont en baisse.
Le cycle Juglar est bien vérifié par l’histoire européenne du 19e siècle (il y aurait ainsi
15 cycles Juglar entre 1816 et 1938), mais il a plus de mal à être confirmé par
l’évolution économique des trente années d’expansion qui suivirent la Seconde Guerre
mondiale.
Le cycle long ou cycle Kondratieff (économiste russe, †1930, qui a repéré ce
cycle au début des années 1920) est d’une durée de 30 à 50 ans et résulte
principalement du progrès technique. La croissance économique est à chaque fois
déclenchée par des innovations technologiques majeures qui exercent un effet
d’entraînement sur toute l’économie. Après un certain temps, l’impact des innovations
faiblit et déclenche ainsi une phase de ralentissement économique :
1780-1830 : machine à vapeur, charbonnages, textile
1830-1880 : sidérurgie, chemin de fer
1880-1940 : moteur à explosion, chimie, électricité
1940-1980 : automobile, pétrochimie, aéronautique
1980-20** : électronique de masse, informatique, internet, etc.
L’analyse tend à montrer que les cycles viennent se greffer les uns sur les autres.
Un cycle Kondratieff comprend 6 cycles Juglar qui comprend à son tour 3 cycles
Kitchin. Les mouvements courts s’inscrivent dans un mouvement long ou même très
long que certains appellent le trend.
I ère G
Economie politique
Chapitre 4
Théorie de la croissance
niveau d’activité
point de retournement
cycle de Juglar
temps
Fig. 8. 2 – Cycle long
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les fluctuations traditionnelles se sont
atténuées, du moins dans les économies occidentales. Les phases de croissance sont
plus longues, les phases de ralentissement plus courtes et surtout moins brutales. On
peut y voir le résultat de la politique interventionniste des Etats qui cherchent
justement à contrecarrer les mouvements de baisse et à soutenir les mouvements de
hausse.
Economie politique
I ère G
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Macroéconomie
Chapitre 5
Les relations économiques
internationales
5.1
Justification des échanges internationaux
5.1.1 L’objet des échanges
De nos jours, la plupart des pays échangent non seulement des marchandises, mais
encore :
– des services (transports, assurances, tourisme, conseils d’entreprises, etc.) ;
– de la main-d’œuvre (immigration et émigration, frontaliers, etc.) ;
– des capitaux financiers (investissements d’entreprises, actions et obligations,
crédits commerciaux, etc.) ;
– des technologies et des informations (know-how, brevets et licences, contrats
d’ingénierie, etc.).
5.1.2 Les facteurs favorisant les échanges
Une multitude de facteurs permet d’expliquer le développement des relations
économiques entre pays.
* Les pays se spécialisent dans la production des biens pour lesquels leurs coûts de
fabrication sont plus faibles qu’à l’étranger.
Cet avantage peut provenir soit :
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Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
– des conditions naturelles (p.ex. : les pays méditerranéens bénéficient d’un climat
plus favorable à la culture d’oranges, d’olives et de citrons que les pays de l’Europe du
Nord) ;
– de faibles niveaux de salaires (p. ex. : salaires dans l’industrie du textile jusqu’à
dix fois plus bas dans certains pays asiatiques qu’en Europe occidentale) ;
– d’avances technologiques (p. ex. : avance des Etats-Unis dans le secteur des
microprocesseurs).
Les différences dans les coûts de fabrication proviennent ici de l’inégale répartition
des facteurs de production dans les différents pays. Cet argument explique surtout les
échanges entre les pays développés à économie de marché (le ”Nord”) et les pays en
voie de développement (le ”Sud”).
* Les préférences des consommateurs et leur désir de profiter des différences
culturelles expliquent certains échanges.
– Le consommateur luxembourgeois boit les vins de la Moselle luxembourgeoise,
mais aussi des bordeaux ou des vins californiens ;
– la variété des climats, des paysages et des cultures est à l’origine des activités de
tourisme ;
– des consommateurs allemands achètent des Renault Mégane alors que des
Français roulent en VW Golf.
Les différences réelles entre les produits sont souvent renforcées par les stratégies
marketing des entreprises et une différenciation quelque peu artificielle des produits.
Les préférences des consommateurs expliquent une partie des échanges ”croisés”
entre pays industrialisés qui ont une répartition assez égale des facteurs de production
(échanges ”Nord/Nord”, p.ex. : France/Allemagne).
* Un certain nombre d’industries (ex. : aviation, automobile) présentent des
rendements d’échelle croissants (ou économies d’échelle).
Des rendements d’échelle croissants 16 font que le coût moyen du produit diminue si
la quantité produite augmente.
16
Les rendements d’échelle sont dits croissants (économies d’échelle) si une augmentation des facteurs de production
entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la production.
Exemple : Un doublement des quantités de travail et de capital utilisées fait augmenter la production plus que du
double.
Le coût unitaire de la production diminue et la productivité augmente. Ceci peut être dû à une meilleure organisation
du travail, à une meilleure maîtrise du processus de production, à une répartition des coûts fixes sur un volume de
production plus important ou encore à des approvisionnements en gros moins coûteux. Les rendements d’échelle
croissants se retrouvent dans la plupart des industries.
Economie politique
I ère G
61
62
Macroéconomie
Dès lors, les entreprises ont intérêt à rechercher la grande taille et à augmenter leur
volume de production par des exportations. Ceci réduira leurs coûts, les rendra plus
compétitives et leur permettra d’éliminer des concurrents ; à terme il ne restera plus
que quelques entreprises très performantes sur le marché (marché mondial
oligopolistique). Les pays se spécialisent alors sur les productions pour lesquelles les
rendements croissants sont les plus intenses.
Les rendements croissants expliquent également en partie les échanges
”Nord/Nord”.
* Les stratégies des firmes multinationales expliquent les échanges intra firmes.
Une firme multinationale est une grande entreprise qui possède ou contrôle
plusieurs filiales de production dans plusieurs pays
Depuis les années 80, les multinationales poursuivent une stratégie globale (”global
player”) en offrant un produit standardisé pour tous les marchés extérieurs. La
production des différents composants du produit est alors réalisée dans les différentes
filiales de façon à tirer pleinement profit des avantages que chaque pays peut offrir :
faible coût salarial, fiscalité des sociétés avantageuse, savoir-faire technologique, etc.
Souvent la société-mère ne fait plus qu’assembler les composants produits dans les
filiales. Les économies d’échelles sont réalisées au niveau international. Nous sommes
en présence d’une division internationale des processus de production.
Exemple : Le géant mondial de puces pour ordinateurs INTEL pratique la politique
suivante : la conception aux Etats-Unis, la fabrication des composants (activité à
technicité moyenne) aux Etats-Unis, en Irlande et au Proche-Orient, l’assemblage
(activité à technicité faible) en Extrême-Orient et en Amérique Centrale.
Les échanges entre filiales qui s’ensuivent augmentent le volume du commerce
international. Les prix pratiqués lors de ces échanges (appelés prix de transfert) ne sont
plus déterminés par les lois du marché mais en fonction d’objectifs comptables et
fiscaux relatifs à la stratégie globale du groupe.
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Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
5.2
La balance des paiements
La balance des paiements (Zahlungsbilanz) est un tableau qui résume les
transactions économiques d’un pays avec le reste du monde pendant une période
donnée (mois / trimestre / année).
La balance des paiements est un bon indicateur économique qui permet d’apprécier
l’évolution des relations économiques extérieures d’un pays.
5.2.1 Les composantes de la balance
Par transactions économiques, on entend les échanges de biens et de services, les
flux de revenus du travail et du capital, ainsi que les mouvements de capitaux. La
balance des paiements se présente habituellement sous forme d’un tableau qui reprend
:
– du côté gauche, les transactions générant des entrées de fonds (recettes) ;
– du côté droit, les transactions entraînant des sorties de fonds (dépenses).
Afin de mieux pouvoir analyser l’impact économique des différents types
d’échanges, la balance des paiements est subdivisée en plusieurs balances partielles : la
balance des biens, la balance des services, la balance des revenus du travail et du
capital, la balance des transferts courants et la balance des opérations financières (fig.
5.1).
La différence entre les recettes et les dépenses de chaque balance partielle est
exprimée par un solde qui peut être excédentaire ou déficitaire.
RECETTES > DEPENSES ⇒ EXCEDENT
DEPENSES > RECETTES ⇒ DEFICIT
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64
Macroéconomie
Fig. 5. 1 – Balance courante
La somme des recettes et des dépenses de ces quatre balances partielles forme la
balance courante (Leistungsbilanz) qui peut présenter un excédent courant ou un
déficit courant17.
17
Chaque balance partielle permet de dégager un excédent ou un déficit. Si, par exemple, dans la balance
commerciale (Handelsbilanz) les exportations dépassent les importations, il en résulte un excédent commercial ; dans
le cas contraire, on parle d’un déficit commercial.
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Chapitre 5
Les relations économiques internationales
Fig. 5. 2 – Balance des opérations financières
La somme des recettes et des dépenses des cinq balances partielles précédentes
peut aboutir à un déficit ou à un excédent. Dans ce cas on parle d’un déséquilibre
économique.
Fig. 5. 3 – Equilibre formel de la balance des paiements
5.2.2 Commentaires et réflexions
- Formellement, c.-à-d. du point de vue comptable, une balance des paiements est
toujours en équilibre. Les déséquilibres ne peuvent apparaître qu’au niveau des
balances partielles.
- Un solde global nul des 5 premières balances peut correspondre à des situations
économiques très différentes :
Economie politique
I ère G
65
66
Macroéconomie
 Un excédent courant compensé par un déficit des opérations financières. Les
excédents du commerce extérieur ont été replacés à l’étranger sous forme de prêts
ou d’investissements qui donneront lieu à des revenus de capital ultérieurs et
renforceront ainsi l’excédent courant.
 Un déficit courant compensé par un excédent des opérations financières. Le
pays a dû recourir à des afflux de capitaux étrangers (emprunts, crédit commercial,
investissement direct) pour financer le déficit de son commerce extérieur. Ces
capitaux donneront lieu à des paiements ultérieurs de revenus qui aggraveront le
déficit courant. En plus, un excédent des opérations financières risque d’être
temporaire puisque les capitaux empruntés devront être remboursés ultérieurement.
- Un déficit courant n’est pas forcément mauvais. Ainsi une balance courante
déficitaire peut provenir d’importants achats en équipements destinés à augmenter la
compétitivité du pays et par là ses exportations. Ultérieurement, le pays retrouve donc
un excédent courant (p.ex. : le Japon dans les années 1970).
- La présence d’un excédent courant conjoncturel est à interpréter avec prudence. Il
peut tout simplement refléter une situation de basse conjoncture dans laquelle les
importations de biens et services diminuent alors que les exportations de biens et
services restent constants (puisqu’elles dépendent de l’état de la conjoncture dans les
pays partenaires du pays).
- Jadis, le solde commercial était l’indicateur le plus apprécié pour juger de la
performance du commerce extérieur d’un pays. Aujourd’hui on lui préfère le solde
courant. En effet, avec l’avènement de la société des services, les balances partielles
qui composent la balance courante sont de plus en plus interdépendantes. Ainsi un
pays qui veut renforcer ses activités de services doit d’abord investir dans des
équipements (ex. ordinateurs) ce qui rendra déficitaire la balance commerciale mais
finira par dégager un excédent de la balance des services.
- Un pays qui connaît de fréquents déficits de la balance courante peut néanmoins
être un acteur important dans le commerce mondial comme en témoigne l’exemple des
Etats-Unis depuis les années 1960. Dans ce contexte, il faut remarquer que le potentiel
de croissance d’un pays dépend avant tout des forces du marché intérieur et seulement
accessoirement du commerce extérieur. Ainsi, une économie à forte croissance
intérieure comme les Etats-Unis peut supporter des déficits de la balance des
paiements. A l’inverse une faible croissance intérieure peut en partie être corrigée par
un niveau élevé des exportations, comme c’est actuellement le cas pour l’Allemagne.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
5.2.3 Les spécificités des échanges internationaux de services
A partir du milieu des années 1970, une attention plus particulière est accordée à
l’analyse économique des échanges internationaux de services. (...)
Supposons qu’on veuille mesurer le commerce et la spécialisation dans un soussecteur donné, par exemple les programmes de traitement de texte :
- Une société expédie ses logiciels et ses manuels à l’étranger pour qu’ils soient
vendus, cette opération peut être enregistrée comme une exportation de marchandises.
Si elle les vend à une société d’informatique qui les incorporera dans ses machines
avant de les exporter, ils sont inclus dans la valeur de la machine exportée.
- Si elle vend un exemplaire seulement du logiciel à une société étrangère qui lui
verse des redevances afin d’en tirer des copies qu’elle vendra ou incorporera dans des
ordinateurs avant de les vendre, cette opération apparaîtra dans la balance des
paiements comme une exportation de services aux entreprises.
- Enfin, si elle ouvre une succursale à l’étranger, les rentes économiques retirées de
la vente du logiciel seront enregistrées au titre des recettes de la succursale et
constitueront un élément de ses bénéfices, lesquels, une fois rapatriés, s’inscriront dans
la balance des paiements comme revenu des investissements directs. (...)
Guy Schuller dans Bulletin du Statec no 7-00
5.2.4 Les causes de rupture de l’équilibre de la balance des
paiements
Les balances des paiements sont toujours en équilibre comptable, mais elles ne
connaissent rarement un équilibre économique.
On peut distinguer 3 causes de déséquilibre :
Causes conjoncturelles : Une demande intérieure trop forte accompagnée de
tendances inflationnistes provoque un accroissement des importations et une
réduction des exportations, d’où le déficit de la balance commerciale. Cet
accroissement de la demande intérieure trouve son origine dans la politique
monétaire expansionniste, la politique budgétaire, la politique des salaires, etc.
Causes structurelles : Une productivité supérieure due au progrès technique et
à l’innovation peut se traduire par un accroissement des exportations.
Causes financières : Une entrée ou une sortie de capitaux pour des raisons de
sécurité, de spéculation, de rendement, etc.
Economie politique
I ère G
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68
Macroéconomie
5.3
L’économie luxembourgeoise : une ouverture obligée
5.3.1 Les relations extérieures
”L’ouverture est une nécessité incontournable du développement d’une économie
de très petit espace.”18
Dès le début de son développement économique et tout au long des multiples
mutations structurelles, le Luxembourg ne s’est jamais replié dans l’isolement
économique. Les relations économiques extérieures de notre pays ont toujours été
caractérisées par l’intégration dans des espaces économiques plus larges, comme par
exemple le Zollverein, l’UEBL, le BENELUX, la CECA, la CEE et l’actuelle Union
européenne.
Aujourd’hui, l’économie luxembourgeoise est une des plus ouvertes et une des plus
prospères. Dans un monde en phase de mondialisation, la capacité d’adaptation
permanente devra rester l’une des clés de la maîtrise de l’ouverture et de la réussite du
Luxembourg.
5.3.2 Evolution de la balance courante
L’analyse de la balance courante du Luxembourg 19 permet de distinguer trois
phases caractéristiques de la mutation structurelle de notre économie nationale 20.
a) 1960 - 1974 : Prédominance de l’excédent commercial
Jusqu’au milieu des années 1970, la balance commerciale se solde par un excédent,
dont l’importance est étroitement liée aux fluctuations conjoncturelles de l’industrie
dominante, la sidérurgie.
Pendant la même période, la contribution des échanges de services et de revenus au
solde de la balance courante n’est guère significative.
18
Guy SCHULLER, L’économie luxembourgeoise du 20e siècle, 1999, Luxembourg.
La Belgique et le Luxembourg publient une balance des paiements commune : la ”Balance des paiements de
l’UEBL”. Toutefois, depuis 1979, le Statec établit une balance courante séparée pour le Luxembourg.
20
Texte basé sur : Guy SCHULLER, La Balance courante du Luxembourg, Bulletin du Statec N˚ 3/1998, pp. 79-88.
19
I ère G
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Chapitre 5
Les relations économiques internationales
b) 1975 - 1989 : Mutation structurelle vers une société de services
Depuis 1975, la balance commerciale a enregistré sans interruption des déficits
croissants, compensés néanmoins par un excédent croissant de la balance des services
et de la balance des revenus.
Déficit commercial Les effets des deux chocs pétroliers (1973 et 1979)
alourdissent sensiblement la facture énergétique. La crise sidérurgique, ainsi que le
déclin généralisé du secteur secondaire, entraînent une très forte baisse des
exportations de biens.
D’autres facteurs pèsent encore lourdement sur les échanges de marchandises :
– le développement foudroyant du secteur tertiaire (banques, assurances,
transport, loisirs, etc.) exige, au départ, un important investissement en biens
d’équipements (importations d’équipements de bureaux, d’avions, d’autocars, etc.);
– la progression spectaculaire du niveau de vie a entraîné une hausse sensible
des importations de marchandises (denrées alimentaires, vêtements, voitures,
équipements ménagers, etc.).
Excédent croissant des services et du revenu des investissements Au cours des
dernières décennies, le secteur tertiaire et les exportations de services ont connu un
développement très dynamique. Leur poussée est essentiellement à mettre en relation
avec le développement des services financiers et des services de transport (surtout
aérien).
c) depuis 1990 : Accentuation des mutations structurelles et
augmentation du nombre de frontaliers
Le phénomène nouveau est l’accroissement très important du nombre de frontaliers
entraînant une augmentation rapide de la masse salariale versée à l’étranger. En outre,
depuis 2000, les revenus du capital sont déficitaires, de sorte que le solde de la balance
des revenus du travail et du capital est devenu déficitaire.
Malgré cela le solde de la balance courante reste excédentaire. 21
21
En2014 un changement du traitement statistique des transactions de « négoce international » est
intervenu : son résultat net est dorénavant inclus dans la balance commerciale alors qu’auparavant il
figurait dans la balance des services. Il en résulte une amélioration du solde commercial malgré le
déficit constant dans les échanges de biens.
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I ère G
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70
Macroéconomie
5.4
La politique commerciale
La politique commerciale internationale est définie comme étant l’attitude adoptée
par un Etat en matière d’échanges avec les autres pays. Suivant le degré d’ouverture
des frontières d’un pays, on distingue trois types de politiques commerciales : le libreéchange, le protectionnisme et l’autarcie.
5.4.1 Le libre-échange
Le libre-échange trouve ses fondements dans la doctrine économique libérale du
18e siècle. Suivant cette doctrine, l’ouverture des frontières permet un emploi plus
efficace des forces productives et accroît la prospérité des pays. Les défenseurs du
libre-échange refusent toute intervention de l’Etat susceptible de constituer une entrave
à l’échange international et prônent la libre circulation des marchandises, des capitaux
et des personnes.
a) Arguments en faveur du libre-échange
L’ouverture des frontières présente des avantages multiples :
– le libre-échange favorise la division internationale du travail et permet à chaque
pays de se spécialiser selon ses possibilités spécifiques et de contribuer ainsi à
l’augmentation de la production mondiale ;
– les multinationales ont la possibilité d’élargir leur marché et d’accroître leurs
moyens nécessaires à la spécialisation. La production de masse est à l’origine de gains
de productivité et entraîne comme effet positif une amélioration de la qualité des
produits, une réduction des coûts de production et, partant, des prix de vente ;
– le renforcement de la compétition internationale permet au consommateur
d’augmenter son niveau de vie en profitant de l’élargissement de la palette des biens et
des services offerts. Ceci lui permet d’acheter un produit souvent de meilleure qualité
et à prix réduit.
A côté de ces avantages économiques, la liberté des échanges peut favoriser la libre
circulation des personnes, des cultures et des idées.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
b) Critiques à l’adresse du libre-échange
Le libre-échange n’est pas à l’abri de critiques. Retenons-en quelques-unes :
– faute de capitaux financiers ou de main-d’œuvre qualifiée, les pays pauvres
n’arrivent souvent pas à développer leur potentiel économique, mais restent enfermés
dans un rôle de simple pourvoyeur de matières premières et de produits agricoles au
profit des pays industrialisés ;
– suite à la mondialisation du commerce, le libre-échange risque de provoquer des
bouleversements profonds et douloureux dans la structure de production des pays
industrialisés. La concurrence effrénée pousse les entreprises des économies
développées à rationaliser leur production et, le cas échéant, à délocaliser leurs
activités ou même à fermer leurs portes. Dans cette perspective, le libre-échange n’est
certes pas source de prospérité, mais créateur de chômage et de conflits sociaux.
5.4.2 Le protectionnisme
Si les adeptes du libre-échange se prononcent en faveur d’une ouverture des
frontières, les partisans du protectionnisme préconisent l’intervention de l’Etat afin de
pouvoir contrôler le flux des échanges internationaux.
a) Arguments en faveur du protectionnisme
En se référant aux critiques formulées à l’égard du libre-échange, les défenseurs du
régime protectionniste avancent leurs arguments qui sont d’ordre :
– économique.
Il s’agit de protéger les entreprises nationales qui, de par leur taille réduite, ne
disposent pas des moyens financiers et techniques nécessaires pour affronter la
concurrence étrangère. Cet argument est d’autant plus justifié qu’il est invoqué
en faveur d’entreprises naissantes ;
– social.
Une concurrence internationale effrénée, voire déloyale, peut mettre en
danger la survie des entreprises installées sur le territoire national et, partant,
provoquer un accroissement sensible et durable du chômage national ;
Economie politique
I ère G
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72
Macroéconomie
– politique.
Soucieux de préserver au pays son indépendance économique à l’égard de
l’étranger, l’Etat peut prendre les mesures nécessaires pour garantir la survie de
certains secteurs jugés d’intérêt national comme l’agriculture, la viticulture, la
pêche ou encore la défense nationale ;
– fiscal.
Un autre argument plaidant en faveur des thèses protectionnistes est la taxe à
l’importation. Celle-ci constitue une recette supplémentaire pour le Trésor public.
b) Instruments du protectionnisme
En vue de limiter l’échange avec l’extérieur, la politique protectionniste dispose
d’instruments très variés :
– droits de douane.
Ce sont des taxes perçues par l’Etat sur les produits importés. Les droits de
douane ont pour but de renchérir les importations de biens afin de décourager
leur consommation, respectivement de stimuler l’achat de substituts qui sont
produits sur le territoire national. A noter que l’Union européenne interdit, sur le
plan interne, des droits de douane ou autres taxes entre pays membres. En
revanche, sur le plan externe, l’Union européenne a adopté un tarif douanier
commun dans les échanges avec des pays tiers ;
– contingentements.
Ils visent la limitation du volume des importations ;
– barrières techniques.
Elles exigent le respect de certaines normes de fabrication, de
conditionnement ou de qualité, définies par des lois nationales, afin de protéger la
population indigène, l’environnement naturel ou tout simplement les entreprises
nationales ;
– subventions.
Les Etats peuvent protéger la production de certaines branches en accordant des
subventions à des entreprises domestiques afin que celles-ci restent compétitives en
matière de prix sur le marché extérieur.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
c) Critiques à l’égard du protectionnisme
La politique protectionniste entraîne un cloisonnement des marchés et risque
d’atténuer les avantages du libre-échange :
– le protectionnisme augmente le coût de vie des consommateurs qui sont
obligés de payer des prix plus élevés que dans un scénario de libre concurrence.
De plus, la palette de produits est souvent moins variée et de moindre qualité ;
– par ailleurs, le manque de concurrence internationale est souvent à l’origine
du retard technologique des entreprises nationales qui ne sont guère incitées à
adapter leurs techniques de production aux exigences internationales.
5.4.3 L’autarcie
Poussée à l’extrême, la politique protectionniste aboutit à l’autarcie. Un système
économique est dit autarcique dès qu’il ne participe pas aux échanges internationaux.
Dans une telle situation, l’économie du pays concerné est repliée sur elle-même ; on
parle encore d’une économie fermée.
L’autarcie est synonyme d’autosuffisance. Tout ce qui est consommé est produit
par la communauté nationale. Il est évident que dans ces conditions de fermeture des
frontières, l’offre de biens et de services est souvent très restreinte et peut conduire à
une forte baisse du niveau de vie.
L’Allemagne nazie et l’Union soviétique des années 1930, ainsi que la Corée du
Nord vers la fin du 20e siècle, livrent des exemples d’économies autarciques.
5.5
Les échanges dans le monde
Durant la dernière moitié du siècle passé, les échanges commerciaux ont largement
favorisé la croissance économique mondiale, mais les disparités entre pays riches et
pauvres n’ont pas pour autant disparu.
En 2000, les pays industrialisés représentent à eux seuls près des trois quarts des
exportations mondiales, alors que leur population ne fait même pas un quart de la
population du globe. Face à cette disproportion, une grande importance revient à la
politique de coopération et d’action humanitaire des pays économiquement
développés.
Economie politique
I ère G
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74
Macroéconomie
5.5.1 Les inégalités économiques et sociales
La carte géoéconomique du monde nous révèle, entre autres, des inégalités
flagrantes en raison du clivage Nord-Sud, de l’existence de plusieurs blocs
économiques plus ou moins développés dominant le reste du monde et de la
constitution de pôles commerciaux régionaux.
a) Pays développés
L’échange le plus important des pays développés, encore appelés pays
industrialisés, résulte du commerce que ces pays font entre eux. Ils sont les principaux
exportateurs et importateurs de produits manufacturiers, ils dominent une part
importante du marché des produits agricoles et ils sont les leaders dans les échanges de
services. Au cours des dernières années, ce dernier secteur s’est largement développé,
grâce notamment au progrès important des télécommunications et des transports.
Parmi les pays développés, on compte notamment les Etats-Unis, les pays de
l’Union européenne, le Japon, le Canada et l’Australie. Leurs relations commerciales
avec les pays pauvres se limitent souvent à l’importation massive de matières
premières en échange de produits manufacturés.
b) Nouveaux pays industrialisés
Les deux dernières décennies du siècle passé ont été marquées par l’émergence
économique de l’Extrême-Orient venant concurrencer les économies dominantes
traditionnelles. Parmi les économies les plus dynamiques, il faut surtout relever la
Corée du Sud, Taïwan, Hong-Kong et Singapour, appelés parfois les quatre dragons ou
les quatre tigres. A ces nouveaux pays industrialisés s’ajoutent les économies à forte
croissance économique, comme par exemple la Malaisie et la Thaïlande ainsi que les
pays de grande taille, tels que la Chine, l’Inde et le Brésil.
Certains de ces pays peuvent se prévaloir d’une structure économique diversifiée.
Ainsi, la Corée du Sud fabrique aujourd’hui non seulement des produits de base
comme le textile, mais encore des automobiles et des ordinateurs.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
c) Pays en développement
A la fin du 20e siècle, les pays en développement comptent environ 5 milliards
d’habitants, soit 85% de la population mondiale, pour une participation à la production
mondiale qui ne dépasse guère les 20%. Les plus pauvres, environ 3,5 milliards de
personnes, vivent dans des conditions matérielles et sanitaires souvent désastreuses.
Parmi eux, plus de 800 millions de personnes souffrent de malnutrition.
La mortalité infantile est de 8‰ aux Etats-Unis et de 95‰ au Pakistan. Un
Américain fait en moyenne 12 années d’études, tandis qu’un Africain ne reste pas plus
de 5 ans à l’école. L’écart entre le P.I.B. par tête d’habitant de l’Afrique et celui de
l’Europe occidentale était de 1 à 6 en 1900, tandis qu’il est de 1 à 15 en l’an 2000.
A la lecture de ces données statistiques, on voit apparaître un cercle vicieux de la
pauvreté. Ainsi, la malnutrition et le manque d’éducation réduisent la productivité et
donc les revenus de ces peuples. Par la suite, le manque de revenus prive à nouveau
ces populations d’une alimentation et d’une éducation suffisantes.
Les économies des pays en développement présentent certaines spécificités :
– une croissance démographique dépassant la croissance économique ;
– un secteur agricole prédominant et un tissu industriel souvent faible ;
– une dette extérieure élevée et un manque de capitaux financiers.
d) Essor du commerce régional
Depuis quelque temps, on observe que l’essor économique des pays développés et
des nouveaux pays industrialisés est accompagné de la constitution de pôles
commerciaux régionaux, alors même que la tendance est à la mondialisation. Citons
comme exemples : l’Union européenne ; l’Accord de libre-échange nord-américain
(Alena) entre les USA, le Canada et le Mexique ; le marché commun sud-américain
(Mercosur) regroupant notamment le Brésil, l’Argentine et le Chili. Ainsi en Europe,
plus de 60% et en Asie orientale près de 40% des échanges se réalisent entre pays de la
région respective.
Cette régionalisation ne constitue cependant pas une forme de repli protectionniste,
mais reflète avant tout les avantages de la proximité dans un contexte de
mondialisation.
Economie politique
I ère G
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76
Macroéconomie
Les principales organisations régionales
ALENA : L’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, ou NAFTA
- North American Free Trade Area, signé en 1992) débute en 1994 entre les
Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Son succès est net mais elle bute en 1994
sur la crise monétaire du Mexique liée à l’essor de ses importations. Il s’agit
d’une zone de libre-échange (il porte sur les biens, les capitaux et les services,
mais laisse de côté la question des migrations et de l’énergie).
MERCOSUR : Le MERCOSUR (sud de l’Amérique latine) est instauré en
1995 entre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay, et à titre
d’observateur, le Chili. Il a permis une spectaculaire augmentation des échanges
mutuels.
FCEAP : L’FCEAP (Forum de coopération économique en Asie-Pacifique
ou APEC - Asia Pacific Economic Cooperation Council) est initiée en 1989 : il
s’agit d’un forum des 18 pays de la zone Asie Pacifique (40% de la population, et
plus de la moitié de la richesse mondiale). L’objectif est de promouvoir la
libéralisation du commerce et de l’investissement.
EEE : L’EEE (Espace Economique Européen) institue en 1992 une zone de
libre-échange entre la CEE et l’AELE (Association européenne de libre-échange)
qui réunit depuis 1960 les pays européens non membres de la CEE.
ANSEA : l’ANSEA (Association des Nations du Sud-Est Asiatique ou
ASEAN - Association of South-Est Asia Nations)
Aucune organisation n’existait en Asie du Sud-Est alors que les échanges mutuels
sont très élevés et en forte croissance, l’ANSEA (Association des Nations du Sud-Est
Asiatique) (créée en 1967 par 5 Etats, élargie depuis + 4 Etats) étant plus une
organisation politique (faire barrage au communisme) qu’économique. Depuis le début
des années 1990, il devient essentiellement économique : création d’une zone de libreéchange (AFTA : Asia Free Trade Area).
Il existe des dizaines d’accords régionaux en Afrique (Uma, Ceao, Udeac), en
Amérique latine (Pacte andin) et aux Caraïbes (Caricom).
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
5.5.2 La coopération luxembourgeoise au développement
Conscients des disparités croissantes entre riches et pauvres, les pays industrialisés
se sont engagés, au Sommet de Copenhague en 1995, d’affecter 0,7% de leur produit
national à ”l’Assistance publique au développement”.
En plus, les pays industrialisés et les pays en développement se sont fixé l’objectif
suivant : ”la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans les pays en
développement devra être réduite au moins de moitié d’ici 2015” 22
La lutte contre la pauvreté et le développement durable sont les objectifs majeurs
de la politique de coopération du Luxembourg. L’aide publique luxembourgeoise se
chiffre en 2005 à quelque 203 millions d’euros, ce qui représente 0,85% du produit
national.
La majeure partie de l’aide publique permet, avant tout, de financer les projets
d’aide au développement durable du gouvernement et d’apporter une aide d’urgence
aux populations victimes de guerres ou de catastrophes naturelles.
Pays cible Pour l’année 1999, le gouvernement luxembourgeois a concentré sa
coopération bilatérale sur 10 pays cible en leur accordant au total quelque 28 millions
d’euros. Le Luxembourg a pris soin de sélectionner les pays les plus pauvres
d’Afrique, d’Amérique centrale et d’Asie.
Secteurs prioritaires Les secteurs prioritaires de la coopération luxembourgeoise
sont les secteurs sociaux tels que l’éducation de base, la santé primaire, la distribution
et l’assainissement d’eau. La construction d’écoles et d’hôpitaux ou encore la mise en
place de châteaux d’eau sont réalisées par des entreprises locales. Ainsi, le
Luxembourg contribue au développement des activités économiques, au maintien
sinon à la création d’emplois et, par­ tant, à la croissance économique de ses pays
partenaires.
Coopération avec les ONG La politique de coopération du gouvernement
luxembourgeois vise également une collaboration étroite avec les ONG (Organisations
non gouvernementales). Un cinquième des fonds de l’aide publique au développement
sert à cofinancer les projets des ONG et à les assister dans le renforcement de leurs
structures, tant au niveau matériel qu’au niveau des ressources humaines.
22
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES, La coopération luxembourgeoise au développement, Rapport 1999,
p. 9.
Economie politique
I ère G
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78
Macroéconomie
5.5.3 Considérations finales
Au début du 21e siècle, de grandes inégalités se creusent dangereusement entre
pays riches et pays pauvres. Aujourd’hui, plus que jamais, tous les pays développés
doivent coordonner leurs politiques de coopération au développement et faire preuve
de solidarité en partageant une part croissante de leur richesse nationale avec les pays
les plus démunis de la planète. La lutte contre la pauvreté ne doit pas seulement passer
par un partage des richesses, mais elle devrait surtout aboutir à une croissance
économique durable des pays en développement et à une dimension plus sociale de la
mondialisation. Ainsi, il est intéressant de constater que le Prix Nobel d’économie en
1998 a été décerné à Amartya Sen pour ses travaux consacrés à la pauvreté et aux
droits des pauvres.
5.6
Les systèmes de changes des monnaies
Depuis le 1er janvier 2002 la zone euro dispose d’une monnaie fiduciaire commune
et unique qui résout d’un coup le problème de devoir changer constamment de
monnaie lorsqu’on voyage à travers l’Europe. Jusqu’alors, sauf exception, chaque pays
possédait sa propre monnaie nationale qui n’avait cours légal qu’à l’intérieur des
frontières nationales. Le droit de ”battre monnaie”, c.-à-d. d’émettre de la monnaie, a
toujours été un acte relevant du souverain, roi ou prince, ou de la souveraineté d’un
Etat. Il y a donc presque autant de monnaies que d’Etats souverains. Pour que les
échanges internationaux de biens et de services puissent se réaliser, il faut que toutes
les monnaies s’échangent les unes contre les autres, même si certaines d’entre elles, à
savoir les devises des grandes puissances économiques, telles que le dollar américain,
le yen japonais, la livre anglaise ou l’euro jouent un rôle privilégié en tant que moyens
de paiement international.
5.6.1 Les systèmes de cotation
Le marché des changes est le lieu où s’opère la confrontation de l’offre et de la
demande de devises et où se fixe le taux de change (ou cours de change), c.-à-d. le
rapport dans lequel s’échangent deux monnaies.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
Il y a en fait autant de marchés de changes qu’il y a de monnaies (euro/dollar,
dollar/yen, yen/euro, etc.). On distingue généralement deux systèmes de cotation du
change : la cotation à l’incertain (utilisée au Luxembourg avant l’introduction de
l’euro) qui exprime une quantité fixe de monnaie étrangère pour une quantité variable
de monnaie nationale (cotation devise/LUF, par exemple : 1 DEM = 20,75 LUF ou 1
USD = 40,25 LUF) tandis que la cotation au certain, utilisée avec l’euro, exprime une
quantité fixe de monnaie nationale pour une quantité variable de devise étrangère
(cotation EUR/devise, par exemple : 1 EUR = 1,35 CHF ou 1 EUR = 1,02 USD ou 1
EUR = 0,65 GBP).
Le marché des changes est devenu un marché planétaire où règne la concurrence
parfaite. Grâce au développement fulgurant du commerce international et à l’ouverture
progressive des frontières aux flux de capitaux, des sommes impressionnantes y
transitent quotidiennement.
Cours de change des billets de banque
Dernière mise à jour: 17/07/2013 à 13:00 (sans engagement)
Achat
Achat Devise 1
Devise 1
Vente Devise 1
Devise 2
Vente Devise 2
EUR
EUR
EUR
EUR
EUR
EUR
EUR
Vente
USD
GBP
CHF
SEK
NOK
DKK
CAD
Dollar USA
Livre Sterling
Franc Suisse
Couronne Suédoise
Couronne Norvégienne
Couronne Danoise
Dollar Canadien
Achat Devise 2
1,28
0,84
1,20
8,30
7,56
7,15
1,31
1,35
0,89
1,25
9,01
8,21
7,76
1,42
https://www.bcee.lu/cours/change
Fig. 5. 4 – Les cours de change : cotation au certain
Economie politique
I ère G
79
80
Macroéconomie
5.6.2 Le régime de changes flottants
Dans un régime de changes flottants tel qu’il est actuellement pratiqué entre les
grandes puissances économiques, les mécanismes de marché déterminent les cours de
change. En principe les banques centrales n’interviennent qu’en cas de fluctuation trop
importante des cours de change.
a) La fixation des cours dans le régime de changes flottants
Prenons l’exemple du change ”dollar contre euro” et admettons que les deux
devises soient à égalité (1 USD = 1 EUR). Considérons le marché du dollar où le taux
de change du dollar fluctue en fonction de la variation de l’offre et de la demande de
dollars. Ainsi par exemple, le taux de change du dollar en euro exprime la quantité
d’euros qu’il faut débourser pour obtenir 1 dollar.
Deux scénarios peuvent dès lors se présenter :
La demande de dollars peut varier, par exemple à la hausse (l’offre de dollars
étant supposée constante) : sur le graphique la fonction de demande se déplace vers la
droite et le cours du dollar augmente à 1 USD = 1,05 EUR ce qui correspond à une
hausse de 5%. On dira alors que le dollar s’apprécie par rapport à l’euro, car la quantité
d’euros qu’il faut payer pour 1 dollar augmente. Corrélativement l’euro se déprécie par
rapport au dollar car 1 euro ne vaut plus que 1/1,05 = 0,952381 dollar (cotation au
certain). Si on part de l’hypothèse que la demande de dollars diminue, c’est le scénario
inverse qui se produira.
D’autre part l’offre de dollars peut se modifier. Supposons qu’elle augmente (avec
une demande constante) et que la courbe d’offre se déplace vers la droite. Toutes
choses restant égales par ailleurs, le cours du dollar va baisser et passer à 0,98 euro
pour 1 dollar. Le dollar s’est alors déprécié de 2% et l’euro voit son cours augmenter à
1/0,98 = 1,020408 dollars pour 1 euro.
Ces deux cas sont illustrés à l’aide des graphiques suivants :
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
Fig. 5. 5 – Offre et demande de dollars
b) Facteurs principaux déterminant offre et demande d’une devise
Dollar, euro, yen et livre anglaise occupent une place prédominante en tant que
moyens de paiement international, à peu près 80% de toutes les transactions se faisant
par l’intermédiaire de ces monnaies.
Il y a deux facteurs principaux qui expliquent les fluctuations du cours de change
d’une monnaie : les échanges de biens et de services et les mouvements de capitaux
portant sur une devise ou monnaie particulière. Considérons en détail les cas
possibles :
La demande de devises étrangères (p.ex. : dollars dans la zone euro) dépend de :
1) l’importation de biens et services (p.ex. : en provenance des Etats-Unis).
L’importateur européen demande des dollars pour payer ses achats libellés en dollars ;
2) l’exportation de capitaux vers l’étranger. Une firme européenne désirant investir
aux Etats-Unis, par exemple, devra acheter des dollars ; de même un spéculateur
désirant acheter des titres américains ou simplement placer ses capitaux en dollars
devra acheter la devise américaine.
L’offre de devises étrangères dans la zone euro dépend de :
1) l’exportation de biens et services européens vers l’étranger, l’exportateur
européen désirant convertir en euros les dollars obtenus par la vente. Notons que l’effet
est le même si l’importateur étranger paie directement en euro. Dans les deux cas il y a
offre (= vente) de dollars ;
Economie politique
I ère G
81
82
Macroéconomie
2) l’importation de capitaux en provenance de l’étranger. Une firme américaine qui
voudra investir en Europe, acquérir des titres européens ou placer une partie de ses
liquidités en euro devra vendre des dollars pour acheter des euros.
On voit que la valeur d’une monnaie dépend dans une large mesure des capacités
productives d’une nation, de sa présence et de sa compétitivité sur les grands marchés
internationaux ou, en résumé, de la force ou de la faiblesse d’une économie nationale.
c) Autres facteurs pouvant avoir un impact important
L’instabilité politique et sociale ou des conflits armés peuvent très rapidement
miner la confiance dans la monnaie nationale. Le différentiel de taux d’intérêt (écart
entre taux d’intérêt du marché) entre grandes devises peut provoquer, par exemple, une
hausse de l’euro (ou une baisse du dollar) due à une rémunération plus élevée des
capitaux placés en euro (ou à une rémunération plus faible des capitaux placés en
dollar).
Un autre facteur non négligeable est la spéculation à court terme qui peut accentuer
brusquement l’offre ou la demande d’une monnaie particulière. Si les agents
économiques et les investisseurs financiers anticipent la baisse probable d’une
monnaie, ils vont vendre, massivement et en même temps, leurs avoirs libellés dans la
monnaie en question, quitte à la racheter une fois que son cours aura baissé. Ce sont le
plus souvent les monnaies dites faibles, généralement des pays en voie de
développement, qui sont la proie de ces spéculations. Toutefois, dans les années 1990,
même le franc français et la lire italienne durent subir des assauts très véhéments. Ces
crises spéculatives ont montré la nécessité d’une bonne coordination voire coopération
entre banques centrales, car un pays isolé ne dispose pas des réserves financières
nécessaires pour se défendre seul contre ces attaques spéculatives.
Crises militaires, politiques et économiques, combinées aux flambées spéculatives,
peuvent donc provoquer des fluctuations importantes des taux de change.
Généralement imprévisibles, ces fluctuations perturbent l’activité économique dans la
mesure où elles introduisent des incertitudes graves dans le calcul économique des
agents économiques.
Il est donc normal que l’on entende des voix s’élever pour réclamer le
rétablissement d’un régime de changes fixes semblable à celui que nous avons connu
après la Seconde Guerre mondiale.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
5.6.3 Le régime de changes fixes
Le principe consiste à fixer des parités officielles et à en garantir la fixité. Cela
n’est possible que si les banques centrales des pays participants interviennent
activement sur le marché des changes pour empêcher les fluctuations des cours.
Comme une fixité totale des cours est difficile à atteindre, on a vu apparaître des
systèmes moins rigides permettant des marges de fluctuation plus ou moins grandes
autour de la parité officielle, dite cours-pivot. Le système monétaire européen (SME),
entré en vigueur en 1979 et remanié à plusieurs reprises, permettait des marges de
fluctuation allant de ± 2,25% jusqu’à ± 15% autour de la parité officielle.
Supposons, pour illustrer le mécanisme, un taux de change officiel entre (l’ancien)
deutschemark et (l’ancien) franc belge de 1 DEM = 20 BEF (ou 100 BEF = 5 DEM)
avec une marge de fluctuation de 15%. Le cours-pivot du deutschemark est donc de
20, le cours-plancher de 17 et le cours-plafond de 23 francs pour 1 deutschemark. Tant
que le cours de change reste à l’intérieur de ces limites prédéfinies, les banques
centrales n’interviennent pas.
Fig. 5. 6 – Les changes fixes
L’intervention des banques centrales devient nécessaire et obligatoire à partir du
moment où les cours risquent de dépasser les limites fixées. Deux scénarios peuvent
donc se présenter :
Economie politique
I ère G
83
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Macroéconomie
1)
A Bruxelles le cours du deutschemark atteint le cours-plancher de 17 francs
pour 1 deutschemark. La banque centrale belge achète alors des marks
allemands contre des francs belges (tandis que la banque centrale allemande
va vendre des francs contre mark). L’intervention des deux banques
centrales devra avoir le même effet, à savoir une demande accrue de marks
et une offre accrue de francs. De cette manière le taux de change mark/franc
belge est ramené à l’intérieur des marges de fluctuation et l’intervention des
banques centrales cesse.
2)
Si le mark atteint son cours-plafond de 23, c’est l’opération inverse qui se
déclenche : la banque centrale belge vend des marks contre des francs
(tandis que la banque centrale allemande achète des francs contre des
marks). L’offre accrue de marks allemands fait baisser le cours du DEM et
la demande accrue de francs belges fait augmenter le cours du BEF. Encore
une fois, le taux de change rentre dans les limites imposées.
Une telle politique d’intervention sur les marchés des changes n’aura de succès que
si la banque centrale dispose des réserves de devises nécessaires pour soutenir
durablement le cours de sa propre monnaie. Comme la stabilité d’un tel système de
changes fixes est basée sur l’entente et la coopération entre Etats, il n’est pas étonnant
de voir les banques centrales s’accorder des prêts réciproques ; en dernière instance, un
Etat peut s’adresser au Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir des prêts lui
permettant de faire face à des crises monétaires graves.
5.6.4 Les changements de parité officielle
Si, dans un cadre de changes fixes, les fluctuations de change deviennent trop
importantes et persistantes et que les interventions même concertées des banques
centrales n’arrivent pas à freiner la hausse ou la baisse d’une monnaie, l’autorité
monétaire peut procéder à un changement de la parité officielle de sa monnaie
nationale par rapport à toutes les autres monnaies des pays membres du système. On
parle de dévaluation en cas de baisse et de réévaluation en cas de hausse du cours
officiel. Durant la période 1960-1990 le deutschemark a ainsi été réévalué à plusieurs
reprises, tandis que le franc français, la lire italienne et le franc belgo-luxembourgeois
(en 1982) ont été dévalués.
Notons que dans un système de changes flottants, il ne peut pas y avoir,
techniquement parlant, de dévaluation ou de réévaluation, car l’autorité monétaire
renonce à fixer une parité officielle.
I ère G
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
La grande majorité des pays ont adopté un système de changes flottants, mais étant
donné que certaines devises jouent un rôle prépondérant, il y a des pays qui préfèrent
ancrer, c.-à-d. rattacher leur monnaie à l’une ou l’autre de ces devises fortes (le dollar
pour les pays d’Amérique latine et l’euro pour les pays candidats à l’adhésion à
l’Union européenne). Ces pays s’engagent alors à stabiliser le cours de leur monnaie
par rapport à celle de leur principal partenaire commercial.
5.7
Intégration de l’étranger dans le modèle keynésien
5.7.1 Détermination du revenu national d’équilibre YE
Le revenu national Y = C + I, établi dans le cadre d’une économie fermé devient,
avec introduction des dépenses publiques G de l’agent économique Etat :
Y=C+I+G
En introduisant l’agent économique ”Etranger”, les composantes E (Exportations)
et M (Importations) viennent s’ajouter au modèle macro-économique. D’où :
Y=C+I+G+E–M
Définissons les composantes de Y :
La fonction de consommation : C = cYd + C0.
Investissements, dépenses publiques et exportions sont supposés autonomes, c.-à-d.
indépendants du revenu national Y.
D’où :
I = I0, G = G0 et E = E0.
Les impôts sont supposés proportionnels au revenu Y :
T = tY avec t = taux d’imposition (0 < t < 1).
Les importations sont supposées proportionnelles au revenu Y :
M = mY avec m = taux d’importation.
Economie politique
I ère G
85
86
Macroéconomie
Déterminons alors le revenu national d’équilibre Y E :
Dgl = C + I + G+ E – M
A l’équilibre
Ogl = Dgl
YE = C + I + G+ E – M
D’où
YE = cYd + C0 + I0 + G0 + E0 - mYE
YE = c (YE − T) + C0 + I0 + G0 + E0 - mYE
YE = c (YE − tYE) + C0 + I0 + G0 + E0 - mYE
YE = c (1 − t) YE + C0 + I0 + G0 + E0 - mYE
YE – c (1 − t) YE + mYE = C0 + I0 + G0 + E0
[1 – c (1 − t) + m] YE = C0 + I0 + G0 + E0
YE =
𝐂𝐨 + 𝐈𝐨 + 𝐆𝐨+ 𝐄𝐨
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)+𝐦
𝐤=
=
𝟏
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)+𝐦
𝟏
(𝐂𝐨 + 𝐈𝐨 + 𝐆𝐨 + 𝐄𝐨)
(k = multiplicateur keynésien)
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)+𝒎
Evolution du multiplicateur :
𝐤=
I ère G
𝟏
𝟏−𝐜
>
𝟏
𝟏 − 𝐜(𝟏 − 𝐭)
>
𝟏
𝟏 – 𝐜(𝟏 – 𝐭)+𝒎
Economie politique
Chapitre 5
Les relations économiques internationales
5.7.2 Applications
1) Soit une économie ouverte avec intervention de l’Etat. On a les équations de
comportement suivantes :
C = 0, 75(Y − T) + 100 ; M = 0, 1Y ; T = 0, 2Y ; I 0 = 110 ; G0 = 60 ; E0 = 120.
a) déterminer le revenu national d’équilibre et le multiplicateur ;
b) calculer le solde budgétaire ;
c) calculer le solde extérieur.
2) Soit une économie ouverte avec intervention de l’Etat. On a alors :
C = cYd + 200 ; M = mYd + 100 ; T = tY ; Yd = Y − T
avec c = 0, 8 ; m = 0, 4 ; t = 0, 5 ; I0 = 250 ; G0 = 650 ; E0 = 600.
a) déterminer le revenu national d’équilibre ;
b) calculer le solde budgétaire ;
c) calculer le solde extérieur.
3) Supposons une économie ouverte, avec intervention de l’Etat, aux équations de
comportement suivantes :
C0 = 250 ; I0 = 400 ; G0 = 650 ; E0 = 450 ; M = mYd + 100 ;
c = 0, 80 ; m = 0, 20 ; t = 0, 25
a) déterminer le revenu national d’équilibre ;
b) calculez le multiplicateur ;
c) si le revenu national de plein emploi s’élève à 3.300, de combien
devraient varier les exportations pour ramener l’économie au plein emploi ?
Economie politique
I ère G
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Macroéconomie
Chapitre 6
Economie et écologie
Il est communément admis que le P.I.B. par tête d’habitant est un bon indicateur du
niveau de vie général. Depuis les années 1950, les pays occidentaux ont connu des
taux de croissance du P.I.B. jamais atteints auparavant. En Europe, l’activité
productive a quadruplé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’accroissement de la production a permis une plus ample satisfaction de nos
besoins multiples. Cependant, cette croissance économique est-elle toujours synonyme
d’un bien-être accru, d’une meilleure qualité de vie ? Qu’en est-il des conséquences
écologiques ?
6.1
L’impact écologique des activités économiques
6.1.1 Le défi écologique
De nos jours, l’activité économique conditionnée par les révolutions techniques et
technologiques affecte nos ressources rares en :
– les exploitants au-delà de leur potentiel de renouvellement (déforestation
exagérée, surexploitation touristique, chasse et pêche excessives) ;
– les vouant à la disparition pure et simple (épuisement des ressources naturelles,
extinction d’espèces végétales et animales) ;
– les rendant impropres à tout usage (sites gravement pollués comme la région
autour de Tchernobyl).
I ère G
Economie politique
Chapitre 6
Economie et écologie
La destruction et la détérioration progressives de notre environnement constituent
les sous-produits de notre activité économique et en particulier de notre civilisation
d’abondance. L’indicateur P.I.B. ne tient pas compte de ces externalités négatives. On
parle d’externalités négatives (= nuisances) lorsqu’un agent économique entreprend
une action qui affecte directement d’autres agents, sans que le marché ne sanctionne
cette action par un prix à payer.
La détérioration de l’environnement est un exemple d’externalités négatives. Une
entreprise qui pollue l’eau d’une rivière, les avions qui rejettent des gaz toxiques dans
l’atmosphère représentent des actes dont les générations actuelles et futures subiront
les conséquences.
Il faut par conséquent être conscient des limites du P.I.B. comme indicateur de
performance. La création du produit national entraîne des coûts écologiques qui sont
différents des coûts économiques de la production. Ces coûts écologiques sont surtout
qualitatifs et plus difficilement mesurables 23.
Toutefois, l’existence de ces coûts ne peut plus être négligée lorsqu’on veut
apprécier la contribution de l’activité économique au bien-être de la collectivité.
Une étude, réalisée en 1990 par la Banque mondiale au sujet du Mexique, a mis en
évidence que si l’on tenait compte notamment de l’épuisement des réserves de
gisements de pétrole, du déboisement, de la pollution de l’environnement, le P.I.B.
devrait être amputé d’au moins 13%.
Pour assurer un développement durable, c.-à-d. une croissance économique tenant
compte des ressources naturelles disponibles et de la protection de la nature, il est
indispensable que les préoccupations écologiques s’intègrent dans la sphère
économique.
Aujourd’hui on admet que l’économie et l’écologie doivent avoir une ambition
commune : comment gérer à moyen et à long terme les ressources de la planète d’une
façon rationnelle ? Ou, en d’autres termes, comment assurer la croissance économique
présente sans hypothéquer l’avenir des générations futures ?
23
L’Organisation des Nations Unies a mis au point un indicateur spécifique, le P.I.B. vert, qui tient compte des effets
néfastes sur l’environnement et de l’épuisement des ressources naturelles.
Economie politique
I ère G
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90
Macroéconomie
6.1.2 Les conséquences de la croissance
Les effets d’une croissance purement quantitative sont manifestes. Analysons de
plus près deux conséquences particulièrement marquantes.
La diminution progressive des ressources naturelles
La prospérité matérielle de notre société est liée aux richesses naturelles ; leur
épuisement progressif marque les limites de tout développement économique.
L’économiste et sociologue K. E. Boulding compare la terre à un vaisseau spatial,
suggérant ainsi que la terre est un système clos (mis à part l’apport extérieur d’énergie
solaire) muni d’un réservoir de ressources limitées. Le critère du succès économique
ne doit plus être la recherche d’une production et d’une consommation maximales,
mais plutôt le maintien du stock des richesses naturelles nécessaires à la vie 24.
Les pays économiquement développés (comme les Etats-Unis, le Japon, les Etatsmembres de l’UE, etc.) demeurent les grands consommateurs de richesses naturelles :
pétrole, charbon, minerai de fer, aluminium, cuivre, bois, etc. Il en résulte un
épuisement progressif, processus qui devrait conduire à terme à une augmentation
progressive du prix de ces mêmes ressources.
Cette hausse probable des prix devrait constituer une forte incitation en vue :
– d’une utilisation plus rationnelle de l’énergie ;
– d’un meilleur emploi des matières premières en développant le recyclage, en
augmentant la durée de vie des biens de consommation courants, etc. ;
– d’un remplacement progressif des énergies fossiles par des énergies
renouvelables.
La pollution et la destruction de l’environnement
Une forte consommation de matières premières dégage :
– des quantités importantes de rejets divers (monoxyde et dioxyde de carbone,
soufre, métaux lourds, etc.) qui empoisonnent notre environnement naturel ;
– des déchets industriels et domestiques qu’il faut stocker ;
24
Jean-Philippe BARDE, Emilio GERELLI, Economie et politique de l’environnement, PUF, 1977.
I ère G
Economie politique
Chapitre 6
Economie et écologie
– des déchets recyclables (déchets organiques, ferrailles, carrosseries, papier,
verre, matières plastiques, etc.).
Sans entrer dans les détails, retenons qu’il est indéniable que :
– l’utilisation massive de l’énergie d’origine fossile (charbon, gaz naturel,
pétrole) entraîne un effet de serre qui est à l’origine de la hausse de la
température de l’atmosphère terrestre. On peut imaginer de recourir davantage
aux sources d’énergie non fossiles et renouvelables (énergie solaire, éolienne,
hydraulique) ;
– l’utilisation du gaz chlorofluorocarbure (en allemand : FCKW), utilisé
notamment dans les réfrigérateurs et dans les installations climatiques, attaque la
couche d’ozone. Depuis 1987, les pays industrialisés se sont engagés à réduire
progressivement l’utilisation du gaz en question et à le remplacer par d’autres
produits ;
– l’agriculture intensive utilise des produits chimiques (herbicides, pesticides,
engrais chimiques, etc.) qui s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Il faudrait
davantage favoriser les cultures biologiques réconciliant qualité des produits et
préservation de l’environnement ;
– l’activité industrielle dégage des polluants de toutes sortes qui
empoisonnent les sols et l’atmosphère dans un large rayon autour des sites
industriels. Des systèmes performants de filtrage et d’épuration, c.-à-d. des
technologies propres, permettraient de réduire sensiblement ces émissions.
Face aux conséquences souvent néfastes de notre activité économique sur
l’environnement, ne faudrait-il pas remettre en question notre modèle de croissance
économique ?
6.2
La politique de l’environnement
Aujourd’hui, on s’accorde à dire qu’il faut abandonner l’idée du productivisme à
outrance et délaisser la conception purement quantitative de la croissance économique.
Faut-il opter pour une ”croissance zéro”, slogan des écologistes des années 1970,
ou bien favoriser la ”croissance maîtrisée” ou le ”développement durable” afin de
concilier les contraintes écologiques et économiques ?
Economie politique
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Macroéconomie
6.2.1 La ”croissance zéro”
”Croissance zéro” signifie que la production d’une année à l’autre n’augmente pas.
En 1972, le rapport du Massachusetts Institute of Technology rédigé à l’instigation
du Club de Rome a révélé pour la première fois au grand public les limites d’une
croissance mal maîtrisée. Ce rapport a mis en évidence un certain nombre de
problèmes, notamment une croissance démographique inconsidérée dans les pays du
Tiers-Monde, un gaspillage des matières premières et des richesses naturelles, une
accentuation de la pollution, un développement de valeurs essentiellement
matérialistes, etc.
Le rapport conclut : Plus une activité humaine approche de la limite supportable
par le milieu naturel, plus les incompatibilités apparaissent clairement et plus les
problèmes deviennent insolubles (...). Si l’on veut éviter la catastrophe, il convient de
tendre vers un état d’équilibre global caractérisé par une population et un capital
essentiellement stables.
La croissance zéro permettra-t-elle de résoudre nos problèmes écologiques ? Une
croissance ralentie suite à la crise économique de 1973 permet d’en douter.
6.2.2 La ”croissance maîtrisée”
Par ”croissance maîtrisée” on entend un développement économique contrôlé,
harmonieux et équilibré des différents secteurs d’activité et des régions économiques
tout en tenant compte des impératifs écologiques.
La croissance maîtrisée exige une action concertée entre le secteur public (Etat,
communes) et le secteur privé (ménages, entreprises) et elle implique essentiellement :
– l’amélioration qualitative des infrastructures publiques (investir dans les
transports en commun, améliorer le transport par rail, etc.) et de l’appareil
productif d’une économie en généralisant les technologies permettant de limiter
la pollution et les gaspillages ;
– une politique de l’aménagement du territoire favorisant une répartition plus
équilibrée des activités économiques sur le territoire national et limitant le
nombre de sites de production (promouvoir des zones d’activités régionales) ;
– une modification des styles de vie et de consommation (éviter les déchets,
favoriser l’utilisation de produits recyclés et des transports en commun).
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Economie politique
Chapitre 6
Economie et écologie
6.2.3 Le développement durable
Le concept qui semble s’imposer depuis plusieurs années est celui d’un
”développement durable” (sustainable development, nachhaltige Entwicklung). Il
désigne ”une forme de développement économique respectueuse de l’environnement,
du renouvellement des ressources et de leur exploitation rationnelle, de manière à
préserver indéfiniment les matières premières et non à les épuiser ni à les détruire”25.
Un développement n’est donc durable ou supportable que s’il permet de satisfaire aux
besoins des populations actuelles sans compromettre ceux des générations futures.
Ce concept pose le principe de la solidarité entre les générations actuelles et
futures. Ce nouveau concept fut officiellement approuvé par la Conférence mondiale
de Rio de 1992, qui marque une étape importante dans la prise de conscience
internationale des problèmes environnementaux : effet de serre, sauvegarde de la
couche d’ozone, préservation de la biodiversité, protection des forêts et lutte contre la
désertification.
La Déclaration de Rio a également retenu le principe du pollueur-payeur et
l’internalisation des coûts de protection de l’environnement : en d’autres termes, les
coûts écologiques doivent être incorporés au prix de vente payé par le consommateur
final (exemple : le coût de l’épuration des eaux usées doit faire partie intégrante du
prix de vente des eaux potables).
Toutefois, la Conférence de Rio a mis en évidence à quel point les désaccords entre
nations étaient nombreux. La déclaration revenait à mettre en cause les intérêts des
multinationales, les grandes orientations de la recherche, les modes de consommation,
du Nord en particulier.
6.3
Les instruments de la politique de l’environnement
Il appartient aux autorités publiques de définir et de mettre en œuvre les
instruments adéquats pour atteindre les objectifs fixés, notamment dans le cadre
d’accords internationaux. Globalement, on peut classer les instruments de la politique
de l’environnement en trois catégories :
25
Glossaire critique d’Armand FARRACHI, dans Manière de voir 50, LE MONDE diplomatique, mars-avril 2000,
p. 94.
Economie politique
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94
Macroéconomie
6.3.1
La réglementation
Par réglementation, on entend les contraintes légales imposées par les autorités
publiques. La réglementation consiste par exemple à fixer des normes pour limiter les
effets sur l’environnement. On distingue :
– la norme d’émission qui limite la quantité maximale de polluant qu’une
entreprise peut déverser dans l’environnement (exemples : 50 mg de dioxyde de
soufre ou 200 mg de dioxyde d’azote par m3 d’air, etc.) ;
– la norme de procédé qui oblige un agent économique à utiliser certains
procédés de fabrication (utilisation de filtres, dispositifs d’épuration, catalyseur,
etc.) ;
– la norme de produit qui fixe les caractéristiques auxquelles doivent répondre
les produits (exemples : les additifs dans les produits alimentaires, les pesticides ou
dioxines dans les aliments, le plomb dans l’essence, etc.).
La réglementation administrative pénalise les entreprises qui ne respectent pas les
normes. Les producteurs qui s’y tiennent échappent aux amendes. Par contre, ils ne
sont pas incités à changer leur technologie de production afin de réduire la pollution.
La tarification consiste donc à modifier le prix d’un bien en faisant payer à l’agentpollueur les effets externes qu’il fait supporter à d’autres agents.
Il appartient aux pouvoirs publics de forcer progressivement les pollueurs à limiter
les effets liés à leur activité de production en leur imposant de réparer le dommage
causé. C’est l’application du principe du pollueur-payeur. Ce principe est considéré
comme une ”end-of-pipe-strategy”, c.-à-d. comme une mesure de réparation a
posteriori des dégâts causés.
Aujourd’hui, on plaide de plus en plus pour une politique de prévention permettant
justement d’éviter les dommages causés à l’environnement et à la santé des citoyens.
Les taxes écologiques et le système du permis négociable semblent être des
instruments privilégiés pour mettre en œuvre une telle politique de prévention.
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Economie politique
Chapitre 6
Economie et écologie
6.3.2 L’arme fiscale : les écotaxes
Les écotaxes frappent avant tout les énergies non renouvelables et certains produits
de consommation responsables de montagnes de déchets (exemples : matières
plastiques, emballages, bouteilles non consignées, etc.). L’idée est d’utiliser les
mécanismes de marché pour inciter les consommateurs (et indirectement les
producteurs) à adopter des comportements plus écologiques. La taxe écologique
augmente le prix des biens concernés et décourage donc leur consommation. Afin
d’échapper à cette imposition, les consommateurs se tourneront vers des produits de
substitution (énergies renouvelables, bouteilles consignées, produits recyclés, etc.) en
principe exonérés de cette taxe, ce qui va encourager la production de biens et services
plus écologiques.
6.3.3 Le système du ”permis négociable”
Le système du permis négociable a vu le jour aux Etats-Unis. L’Etat fixe une
norme de pollution globale, divisée en dotations individuelles ou ”droits à polluer”
vendus à chaque entreprise et échangeables entre les acteurs économiques. Si
l’entreprise parvient à réduire sa pollution, elle pourra vendre une partie de son permis
à un autre producteur désireux d’augmenter sa production.
L’avantage de cette réglementation s’apparente aux écotaxes. Il s’agit d’inciter les
entreprises à installer des systèmes anti-polluants, plutôt que de les inciter à rester dans
les limites de la norme fixée par voie réglementaire. Toutefois, la mise en œuvre d’un
tel système s’avère difficile et complexe.
6.3.4 La coopération internationale
Le problème du réchauffement climatique est reconnu aujourd’hui comme un
problème majeur à dimension internationale.
En 1992, un premier accord a été conclu à l’instigation des Nations Unies
(Conférence de Rio) et ratifié par plus de 180 Etats. Cet accord prévoit de stabiliser les
émissions responsables de l’effet de serre.
Les dispositions prévues dans cet accord ont été développées et ont abouti au
protocole de Kyoto (1997). Par cet accord, les pays industrialisés prévoient :
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95
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Macroéconomie
– de réduire sensiblement les émissions à effet de serre 26 ;
– d’étudier le développement du commerce des ”permis négociables” ;
– de stimuler les investissements publics et privés dans les technologies
réduisant les émissions nocives ;
– de favoriser le transfert de technologies vers les pays du Tiers-Monde.
Le protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16.02.2005 suite à la ratification par
plus de 55 pays signataires accumulant plus de 55% des émissions à effet de serre.
Les conférences qui ont suivi cet accord et qui ont eu pour but de régler
l’application du protocole de Kyoto, ont toutes mis en évidence la difficulté de
concilier les égoïsmes nationaux d’une part et les contraintes écologiques d’autre part.
26
Réduction entre 2008 et 2012 des émissions générales pour six gaz à effet de serre (CO2 , CH4 , N2O, etc.) d’au
moins 5% par rapport à leurs niveaux de 1990. En 1998, l’Union européenne et ses 15 Etats membres se sont engagés à
réduire leurs émissions de 8%. La contribution du Luxembourg est, avec une réduction de 28% de ses émissions par
rapport à l’année 1990, la plus importante de tous les pays de l’Union européenne.
I ère G
Economie politique
Chapitre 6
Table des matières
Table des matières
MACROECONOMIE ............................................................................ 2
Chapitre 1 .................................................................................................................... 3
L’Etat - rôle économique et social ................................................................. 3
1.1
Les rôles de l’Etat ......................................................................................................... 3
1.1.1 Un rôle passif: L’Etat ”veilleur de nuit” (Nachtwächterstaat) .................................................. 4
1.1.2 Un rôle actif : l’Etat interventionniste ................................................................................. 5
1.2
Le budget de l’Etat ....................................................................................................... 6
1.2.1 Les recettes de l’Etat ........................................................................................................ 7
1.2.2 Les dépenses de l’Etat .................................................................................................... 11
1.2.3 Le solde budgétaire........................................................................................................ 12
1.3
Les objectifs de la politique économique .................................................................. 13
1.3.1 Objectifs principaux ...................................................................................................... 13
1.3.2 Objectifs secondaires ..................................................................................................... 14
1.4
La politique budgétaire en tant qu’instrument de la politique économique et
sociale 16
1.4.1 Politique conjoncturelle .................................................................................................. 16
1.4.2 Politique structurelle ...................................................................................................... 19
1.4.3 Politique sociale ............................................................................................................ 20
1.4.4 Politique écologique ...................................................................................................... 20
1.4.5 Politique budgétaire et objectifs européens......................................................................... 20
1.4.6 Le carré magique de Nicholas Kaldor ............................................................................... 21
1.5
Intégration de l’Etat dans le modèle keynésien........................................................ 23
1.5.1 Fonction de comportement des agents économiques ............................................................ 23
1.5.2 Détermination du revenu national d’équilibre YE ................................................................ 24
1.5.3 Applications ................................................................................................................. 26
Chapitre 2 .................................................................................................................. 27
Monnaie et politique monétaire .................................................................... 27
2.1
La Banque Centrale.................................................................................................... 27
2.1.1 Mission et objectif d’une Banque centrale .......................................................................... 27
2.1.2 La Banque Centrale Européenne (BCE) ............................................................................ 28
2.1.3 La Banque Centrale du Luxembourg (BCL) ....................................................................... 29
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Cours
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Macroéconomie
2.2
La politique monétaire de la BCE ............................................................................. 29
2.2.1 Le taux d’intérêt directeur ............................................................................................... 29
2.2.2 La politique monétaire restrictive et expansionniste ............................................................. 30
2.2.3 Les instruments de la politique monétaire de la BCE ........................................................... 31
2.3
Impact de la monnaie sur l’économie réelle ............................................................. 33
Chapitre 3 .................................................................................................................. 37
Emploi et chômage ............................................................................................... 37
3.1
Le marché du travail .................................................................................................. 37
3.2
L’emploi au Luxembourg .......................................................................................... 39
3.2.1 Mutations structurelles de l’emploi ................................................................................... 39
3.2.2 L’immigration et les frontaliers ........................................................................................ 40
3.2.3 Définitions et statistiques ................................................................................................ 42
3.3
Le chômage .................................................................................................................. 43
3.3.1 Le chômage dans une perspective historique ...................................................................... 43
3.3.2 Chômage et indemnisation du chômage au Luxembourg ...................................................... 45
3.4
Les types de chômage ................................................................................................. 46
3.5
Chômage et inflation : la courbe de Phillips............................................................. 49
3.6
La lutte contre le chômage ......................................................................................... 51
Chapitre 4 .................................................................................................................. 53
Théorie de la croissance .................................................................................... 53
4.1
La croissance économique .......................................................................................... 53
4.1.1 Définition et mesure de la croissance ................................................................................ 53
4.1.2 Les facteurs de la croissance............................................................................................ 54
4.2
Les cycles économiques .............................................................................................. 56
4.2.1 Les phases du cycle économique ...................................................................................... 56
4.2.2 Les différents types de cycles .......................................................................................... 57
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Cours
Table des matières
Chapitre 5 .................................................................................................................. 60
Les relations économiques internationales ............................................. 60
5.1
Justification des échanges internationaux ................................................................ 60
5.1.1 L’objet des échanges ...................................................................................................... 60
5.1.2 Les facteurs favorisant les échanges.................................................................................. 60
5.2
La balance des paiements ........................................................................................... 63
5.2.1 Les composantes de la balance ........................................................................................ 63
5.2.2 Commentaires et réflexions ............................................................................................. 65
5.2.3 Les spécificités des échanges internationaux de services ...................................................... 67
5.2.4 Les causes de rupture de l’équilibre de la balance des paiements ............................................ 67
5.3
L’économie luxembourgeoise : une ouverture obligée ............................................ 68
5.3.1 Les relations extérieures ................................................................................................. 68
5.3.2 Evolution de la balance courante ...................................................................................... 68
5.4
La politique commerciale ........................................................................................... 69
5.4.1 Le libre-échange ........................................................................................................... 70
5.4.2 Le protectionnisme ........................................................................................................ 71
5.4.3 L’autarcie .................................................................................................................... 73
5.5
Les échanges dans le monde....................................................................................... 73
5.5.1 Les inégalités économiques et sociales .............................................................................. 74
5.5.2 La coopération luxembourgeoise au développement ............................................................ 77
5.5.3 Considérations finales .................................................................................................... 78
5.6
Les systèmes de changes des monnaies ..................................................................... 78
5.6.1 Les systèmes de cotation ................................................................................................ 78
5.6.2 Le régime de changes flottants ......................................................................................... 80
5.6.3 Le régime de changes fixes ............................................................................................. 83
5.6.4 Les changements de parité officielle ................................................................................. 84
5.7
Intégration de l’étranger dans le modèle keynésien ................................................ 85
5.7.1 Détermination du revenu national d’équilibre Y E ................................................................ 85
5.7.2 Applications ................................................................................................................. 87
Chapitre 6 .................................................................................................................. 88
Economie et écologie............................................................................................ 88
6.1
L’impact écologique des activités économiques ....................................................... 88
6.1.1 Le défi écologique ......................................................................................................... 88
6.1.2 Les conséquences de la croissance .................................................................................... 90
Cours
Economie politique
I ère G
99
100
Macroéconomie
6.2
La politique de l’environnement ............................................................................... 91
6.2.1 La ”croissance zéro” ...................................................................................................... 92
6.2.2 La ”croissance maîtrisée” ............................................................................................... 92
6.2.3 Le développement durable .............................................................................................. 93
6.3
Les instruments de la politique de l’environnement................................................ 93
6.3.1
La réglementation ......................................................................................................... 94
6.3.2 L’arme fiscale : les écotaxes ............................................................................................ 95
6.3.3 Le système du ”permis négociable” .................................................................................. 95
6.3.4 La coopération internationale .......................................................................................... 95
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Cours
Table des figures
Table des figures
Chapitre 1 : L’Etat - rôle économique et social
Fig. 1. 1 – Impôts directs et indirects ...................................................................................................7
Fig. 1. 2 – Circuit économique simplifié..............................................................................................8
Fig. 1. 3 – La courbe de Laffer .......................................................................................................... 10
Fig. 1. 4 – Perspectives économiques mondiales selon l’OCDE ...................................................... 14
Fig. 1. 5 – Politique de rigueur, politique de relance ........................................................................ 16
Fig. 1. 6 – Politique budgétaire expansionniste ................................ Error! Bookmark not defined.
Fig. 1. 7 – Politique budgétaire restrictive ........................................ Error! Bookmark not defined.
Fig. 1. 8 – Le carré magique .............................................................................................................. 22
Chapitre 2 : Monnaie et politique monétaire
Fig. 2. 1 – Le taux d’intérêt directeur ................................................................................................ 30
Fig. 2. 3 – Impact de la monnaie sur l’économie réelle .................................................................... 34
Fig. 2. 4 – Rentabilité de l’investissement ........................................................................................ 35
Chapitre 3 : Emploi et chômage
Fig. 3. 1 – Marché du travail ............................................................................................................. 38
Fig. 3. 2 – Courbe de Phillips ............................................................................................................ 50
Chapitre 4 : Théorie de la croissance
Fig. 4. 1 – Les phases d’un cycle économique .................................................................................. 57
Fig. 4. 2 – Cycle long ........................................................................ Error! Bookmark not defined.
Chapitre 5 : Les relations économiques internationales
Fig. 5. 1 – Balance courante .............................................................................................................. 64
Fig. 5. 2 – Balance des opérations financières .................................................................................. 65
Fig. 5. 3 – Equilibre formel de la balance des paiements ................................................................. 65
Fig. 5. 4 – Les cours de change : cotation au certain ........................................................................ 79
Fig. 5. 5 – Offre et demande de dollars ............................................................................................. 81
Fig. 5. 6 – Les changes fixes ............................................................................................................. 83
Cours
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101
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