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LES THEORIES ETHIQUES
Introduction
La question de l'éthique est de plus en plus posée en nos jours, dans un monde où les valeurs risquent de se perdre; dans un monde qui souffre violence, injustice,
idéologie… là où la nécessité de redéfinir ce qu'est le bien se présente comme urgente.
Qu’est-ce que l’éthique? Faut-il la distinguer de la morale ?
Paul Ricœur dans son livre "Soi-même comme un autre" publié en l'an 1990, traite cette problématique. Il présente les nuances entre les deux termes :
Morale
Ethique
Mores (latin)
Ethos (grec)
Ce qui s'impose comme obligatoire marqué par des normes,
obligations et interdictions
Ce qui est estimé bon
Exigence d'universalité et effet de contrainte
La visée d'une vie accomplie sous le signe des actions estimées
bonnes
Héritage kantien
Héritage aristotélicien
Point de vue déontologique
Perspective téléologique
Selon Xavier Thevenot, la vie éthique est une quête de sens où le jugement éthique se présente comme un acte herméneutique qui s'efforce de dégager la logique
des relations de l'homme à son monde afin de croître et de faire croître en humanité. Et de conclure que cette quête de sens, loin d'être insulaire dans une
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représentation univoque, est bien intégrée dans un système complexe où la rationalité, surtout subjective, dépend déjà de la manière dont on conçoit le sens de la
vie, le sens de l'existence et du vivre en commun.
1
Dans son contexte spatio-temporel, l'homme est représenté comme un être relationnel et social doté de raison et de volonté. Ses actes sont un objet de l'éthique
appelés à être étudié et critiqué tout en tenant compte des éléments qui le constituent.
Il est toujours à la recherche du bonheur; en quête du sens de sa vie et de ses actes. De là, l'éthique avec son axe objectif est considérée comme une référence
dans tout discernement afin que l'homme puisse réanimer sa procédure de réflexion et de discernement dans le but de choisir le bien et d'éviter le mal. Ce
discernement rencontre deux difficultés
2
:
- Une difficulté d'ordre instrumental: savoir comment analyser l'acte humain et à partir de quels critères objectifs porter un jugement de moralité
- Une difficulté d'ordre épistémologique: elle est située à un niveau plus fondamental; c'est le fait de préciser les fondements de toute définition du bien et
de son contraire: une argumentation de la définition du bien et de la justification de sa nécessité.
Pour résoudre la première difficulté, la société humaine a établi des systèmes de références appelés Normes, constitués de trois niveaux: les règles (particulières
et concrètes), les principes (universels et abstraits) et les valeurs. Ces dernières rencontres deux ambiguïtés: la reconnaissance des valeurs par le sujet et le
système dans lequel s'articulent ces valeurs. Y aurait-il des valeurs plus importantes que d'autres? Qui le décident? Comment les discerner?
D’où la présence des convictions comme une structuration du discernement éthique. "C'est dans la reconnaissance de son appartenance à une certaine
communauté conditionnelle que le sujet va reconnaître la précédence d'un système de valeurs dans lequel il accepte librement et consciemment d'être formé et
humanisé"
3
. Ces différentes communautés sont appelées écoles ou théories éthiques.
Une théorie éthique c’est l’ensemble des convictions et des articulations axiologiques qui fonde et justifie, d’une manière qui se veut cohérente et rigoureuse, des
ensembles de principes et de règles dans un système moral quelconque. On parle de plusieurs systèmes moraux donc de plusieurs théories (ou courants) morales.
Ce travail met en relief deux tableaux:
(1) Le premier tableau mettra en relief les différentes théories éthiques selon trois classements:
- Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien
1
X. Thevenot, Le discernement éthique. La méthodologie du moraliste, Cours polycopiés édités par l'Association André Robert, 1993-1994, p. 5-22.
2
P. Edgard El Haiby, Pour bien éduquer: Eduquer au "Bien". Ethique et éducation, Article paru dans Revue de l'ILE, USJ, nº2, oct. 2002, p. 4.
3
Idem, p. 6.
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- Classement selon le lieu de la définition du Bien
- Classement selon le mode de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte
Ce classement nous permet de repérer les différents niveaux de l'axe objectif du discernement éthique:
- Il présente les repères de discernement éthique: ontologique, téléologique (Axiologique: Valeurs) et déontologique (principes et règles).
Nous sommes au 2ème niveau de l'axe objectif du discernement éthique.
- En plus, ces mêmes théories exposées présentent les fondements de l'éthique. C'est tout ce qui est de l'ordre des convictions, fondements de toute réflexion
éthique, fondements philosophiques, théologiques, culturelles et/ou Idéologiques.
Nous sommes au 1er niveau de l'axe objectif du discernement éthique.
En plus de ce classement, les théories éthiques sont reparties dans des courants différents selon le mode de classement:
- Ethiques empiristes, Ethiques positives déclenchées par les sciences biologiques, Ethiques rationnelles ou formelles, Ethiques intermédiaires entre
empirisme et rationalisme. (Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien)
- Ontologique, déontologique, utilitariste, axiologique et personnaliste. (Classement selon le lieu de la définition du Bien)
En dernier lieu, le classement est fait selon deux modes de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte: téléologique et déontologique.
Toutes ces approches sont énumérées pour arriver au discernement éthique: discerner l'acte humain dans la visée de faire le bien et d'éviter le mal.
(2) Le second tableau exposera les différentes définitions des théories éthiques citées ci-dessus, données par plusieurs sources:
- Les différents dictionnaires: dictionnaire d'Ethique et de Philosophie morale; dictionnaire Larousse en Ligne; Encyclopeadia Universalis
- Wikipédia
Le fait de recourir à plusieurs sources, permet d'avoir une vue globale sur le concept. Une source complète l'autre. En insistant sur les points de base, chaque
source aborde le sujet à sa façon.
Dans certains cas, on a dû recourir à l'auteur pour définir un concept.
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Tableau nº1
Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien
Courant
Théorie
Etymologie
Principe du
discernement
éthique
Dynamisme
Ethiques
empiristes
Guidées par
l’expérience
Egocentriques
Hédonisme
Hédonè = plaisir
Recherche du
plaisir sensible
Consommation
Epicurisme
Epicure
Recherche du
plaisir spirituel
Vertu
Utilitarisme de J. Bentham
Utilité
Calcul pondéré
des plaisirs et
désagréments de
la vie
Intérêt
Altruistes
Utilitarisme de S. Mill
Le plus grand
bien pour le plus
grand nombre
Collectivité
Justice
Marxisme
Société
justice
Ethiques
positives
Déclenchées par
les sciences
biologiques
Autoritarisme
Rejet du plaisir
Recherche du pouvoir par la volonté de
puissance et par la force
Ethiques
rationnelles ou
formelles
Déontologiques
Stoïcisme
Kantisme
Deon, deontos =
devoir
L’intentionnalité du sujet et non la
matérialité de l’acte. L’impératif
catégorique. Universalité
Zénon de
Citium
Cicéron/ Kant
Ontologiques
Aristotélisme
Thomisme / Eudémonisme
Ontos = être
La matière de l’acte
Aristote
St-Thomas
d’Aquin
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Ethiques intermédiaires entre
empirisme et rationalisme
Morale de la sympathie
Morale de la pitié
Expérience morale et religieuse
Existentialisme
La liberté est un principe formel de
l’être, de l’ontos
Classement selon le lieu de la définition du Bien
Courant
Etymologie
Point de départ
Dynamisme
Moralité
Facteurs de
moralité
Exemple
Le mensonge
Ontologique
Ontos = être
Fondement
transcendantal
La fin, la visée
i.e. Bien
i.e. Béatitude,
Bonheur
Agir par vertui
interne
existe dans les
êtres (ontos),
intrinsèque
(nature)
l’homme la
découvre (raison)
D’où : loi
naturelle
Intention
Nature de l’acte
Circonstances :
temps, lieu,
personnes,
conséquences
prévisibles, etc.
Toujours immoral
parce que contraire
à la vérité du réel
(intrinsèquement
mauvais)
Aristote, Grec,
3è s. av.J.XT
Thomas
d’Aquin,
Italien,
religieux
dominicain,
13è s. J.XT
Déontologique
Deon deontos
= Devoir,
obligation
Fondement
transcendantal
La bonne volonté
i.e. l’autonomie
Agir par devoir
dans
l’universalisation
de la maximeii
l’homme l’établit
Intention
Nature de l’acte
Circonstances :
temps, lieu,
personnes,
conséquences
prévisibles, etc.
Toujours immoral
parce que son
acceptation
générale rendrait la
société impossible
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