les theories ethiques

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Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
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LES THEORIES ETHIQUES
Introduction
La question de l'éthique est de plus en plus posée en nos jours, dans un monde où les valeurs risquent de se perdre; dans un monde qui souffre violence, injustice,
idéologie… là où la nécessité de redéfinir ce qu'est le bien se présente comme urgente.
Qu’est-ce que l’éthique? Faut-il la distinguer de la morale ?
Paul Ricœur dans son livre "Soi-même comme un autre" publié en l'an 1990, traite cette problématique. Il présente les nuances entre les deux termes :
Morale
Ethique
Mores (latin)
Ethos (grec)
Ce qui s'impose comme obligatoire marqué par des normes,
obligations et interdictions
Ce qui est estimé bon
Exigence d'universalité et effet de contrainte
La visée d'une vie accomplie sous le signe des actions estimées
bonnes
Héritage kantien
Héritage aristotélicien
Point de vue déontologique
Perspective téléologique
Selon Xavier Thevenot, la vie éthique est une quête de sens où le jugement éthique se présente comme un acte herméneutique qui s'efforce de dégager la logique
des relations de l'homme à son monde afin de croître et de faire croître en humanité. Et de conclure que cette quête de sens, loin d'être insulaire dans une
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représentation univoque, est bien intégrée dans un système complexe où la rationalité, surtout subjective, dépend déjà de la manière dont on conçoit le sens de la
vie, le sens de l'existence et du vivre en commun.1
Dans son contexte spatio-temporel, l'homme est représenté comme un être relationnel et social doté de raison et de volonté. Ses actes sont un objet de l'éthique
appelés à être étudié et critiqué tout en tenant compte des éléments qui le constituent.
Il est toujours à la recherche du bonheur; en quête du sens de sa vie et de ses actes. De là, l'éthique avec son axe objectif est considérée comme une référence
dans tout discernement afin que l'homme puisse réanimer sa procédure de réflexion et de discernement dans le but de choisir le bien et d'éviter le mal. Ce
discernement rencontre deux difficultés2:
-
Une difficulté d'ordre instrumental: savoir comment analyser l'acte humain et à partir de quels critères objectifs porter un jugement de moralité
-
Une difficulté d'ordre épistémologique: elle est située à un niveau plus fondamental; c'est le fait de préciser les fondements de toute définition du bien et
de son contraire: une argumentation de la définition du bien et de la justification de sa nécessité.
Pour résoudre la première difficulté, la société humaine a établi des systèmes de références appelés Normes, constitués de trois niveaux: les règles (particulières
et concrètes), les principes (universels et abstraits) et les valeurs. Ces dernières rencontres deux ambiguïtés: la reconnaissance des valeurs par le sujet et le
système dans lequel s'articulent ces valeurs. Y aurait-il des valeurs plus importantes que d'autres? Qui le décident? Comment les discerner?
D’où la présence des convictions comme une structuration du discernement éthique. "C'est dans la reconnaissance de son appartenance à une certaine
communauté conditionnelle que le sujet va reconnaître la précédence d'un système de valeurs dans lequel il accepte librement et consciemment d'être formé et
humanisé"3. Ces différentes communautés sont appelées écoles ou théories éthiques.
Une théorie éthique c’est l’ensemble des convictions et des articulations axiologiques qui fonde et justifie, d’une manière qui se veut cohérente et rigoureuse, des
ensembles de principes et de règles dans un système moral quelconque. On parle de plusieurs systèmes moraux donc de plusieurs théories (ou courants) morales.
Ce travail met en relief deux tableaux:
(1) Le premier tableau mettra en relief les différentes théories éthiques selon trois classements:
-
Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien
1
X. Thevenot, Le discernement éthique. La méthodologie du moraliste, Cours polycopiés édités par l'Association André Robert, 1993-1994, p. 5-22.
2
P. Edgard El Haiby, Pour bien éduquer: Eduquer au "Bien". Ethique et éducation, Article paru dans Revue de l'ILE, USJ, nº2, oct. 2002, p. 4.
3
Idem, p. 6.
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-
Classement selon le lieu de la définition du Bien
-
Classement selon le mode de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte
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Ce classement nous permet de repérer les différents niveaux de l'axe objectif du discernement éthique:
-
Il présente les repères de discernement éthique: ontologique, téléologique (Axiologique: Valeurs) et déontologique (principes et règles).
Nous sommes au 2ème niveau de l'axe objectif du discernement éthique.
-
En plus, ces mêmes théories exposées présentent les fondements de l'éthique. C'est tout ce qui est de l'ordre des convictions, fondements de toute réflexion
éthique, fondements philosophiques, théologiques, culturelles et/ou Idéologiques.
Nous sommes au 1er niveau de l'axe objectif du discernement éthique.
En plus de ce classement, les théories éthiques sont reparties dans des courants différents selon le mode de classement:
-
Ethiques empiristes, Ethiques positives déclenchées par les sciences biologiques, Ethiques rationnelles ou formelles, Ethiques intermédiaires entre
empirisme et rationalisme. (Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien)
-
Ontologique, déontologique, utilitariste, axiologique et personnaliste. (Classement selon le lieu de la définition du Bien)
En dernier lieu, le classement est fait selon deux modes de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte: téléologique et déontologique.
Toutes ces approches sont énumérées pour arriver au discernement éthique: discerner l'acte humain dans la visée de faire le bien et d'éviter le mal.
(2) Le second tableau exposera les différentes définitions des théories éthiques citées ci-dessus, données par plusieurs sources:
-
Les différents dictionnaires: dictionnaire d'Ethique et de Philosophie morale; dictionnaire Larousse en Ligne; Encyclopeadia Universalis
-
Wikipédia
Le fait de recourir à plusieurs sources, permet d'avoir une vue globale sur le concept. Une source complète l'autre. En insistant sur les points de base, chaque
source aborde le sujet à sa façon.
Dans certains cas, on a dû recourir à l'auteur pour définir un concept.
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Tableau nº1
Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien
Courant
Ethiques
empiristes
Egocentriques
Guidées par
l’expérience
Altruistes
Ethiques
positives
Théorie
Etymologie
Principe du
discernement
éthique
Dynamisme
Auteurs clés
Hédonisme
Hédonè = plaisir
Recherche du
plaisir sensible
Consommation
Démocrite
Epicurisme
Epicure
Recherche du
plaisir spirituel
Vertu
Epicure
Utilitarisme de J. Bentham
Utilité
Calcul pondéré
des plaisirs et
désagréments de
la vie
Intérêt
J. Bentham
Utilitarisme de S. Mill
Le plus grand
bien pour le plus
grand nombre
Collectivité
Justice
J. S. Mill
Marxisme
Société
justice
K. Marx
Autoritarisme
Rejet du plaisir
Recherche du pouvoir par la volonté de
puissance et par la force
Déclenchées par
les sciences
biologiques
Ethiques
rationnelles ou
formelles
Nietzsche
Déontologiques
Stoïcisme
Kantisme
Ontologiques
Aristotélisme
Thomisme / Eudémonisme
Deon, deontos =
devoir
Ontos = être
L’intentionnalité du sujet et non la
matérialité de l’acte. L’impératif
catégorique. Universalité
Zénon de
Citium
La matière de l’acte
Aristote
Cicéron/ Kant
St-Thomas
d’Aquin
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Ethiques intermédiaires entre
empirisme et rationalisme
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Morale de la sympathie
Adam Smith
Morale de la pitié
Schopenhauer
Expérience morale et religieuse
H. Bergson
Existentialisme
La liberté est un principe formel de
l’être, de l’ontos
J. P. Sartre
Classement selon le lieu de la définition du Bien
Courant
Ontologique
Etymologie
Ontos = être
Point de départ
Fondement
transcendantal
Dynamisme
Agir par vertui
interne
La fin, la visée
i.e. Bien
Deon – deontos
= Devoir,
obligation
Fondement
transcendantal
La bonne volonté
i.e. l’autonomie
existe dans les
êtres (ontos),
intrinsèque
(nature)
l’homme la
découvre (raison)
i.e. Béatitude,
Bonheur
Déontologique
Moralité
D’où : loi
naturelle
Agir par devoir
dans
l’universalisation
de la maximeii
l’homme l’établit
Facteurs de
moralité
Exemple
Intention
Toujours immoral
parce que contraire
à la vérité du réel
(intrinsèquement
mauvais)
Aristote, Grec,
3è s. av.J.XT
Toujours immoral
parce que son
acceptation
générale rendrait la
société impossible
Kant,
Allemand, fin
18è s.
Nature de l’acte
Circonstances :
temps, lieu,
personnes,
conséquences
prévisibles, etc.
Intention
Nature de l’acte
Circonstances :
temps, lieu,
personnes,
conséquences
prévisibles, etc.
Auteurs clés
Le mensonge
Thomas
d’Aquin,
Italien,
religieux
dominicain,
13è s. J.XT
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Utilitariste
Contre
ontologique
Contre
déontologique
Utilité = pour
maximiser le
bonheur et
minimiser la
misère
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Fondement
immanent et non
transcendantal
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Agir par intérêt,
par utilité
dans les
conséquences
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Conséquences
effectives
l’homme les
prévoit ou les
inventorie
La démocratie
(personnel =
égocentrique)
(socialiii =
altruiste)
Moral selon les
circonstances et les
conséquences
Référence
extrinsèque aux
choses et aux
actes
Théories
hédonistes
Théories
individualistes.
Epicure, 3è s.
av. J .XT ;
David Hume,
GrandeBretagne, 18è
s. ; Jeremy
Bentham,
Gde-Bretagne,
19è s.
John Stuart
Mill, Gde-B.,
19è s.
Axiologique
Axios = valeur,
digne d’être
estimé
Les valeurs : Ce qui
vaut d’être
recherché pour moi
et par moi, mais
aussi, pour tous et
par tous.iv
Agir par
attraction
Personne
Les personnes
concrètes
Agir par projet de
personnalisation
A mis chemin
entre
déontologique et
utilitariste
Personnaliste
Pour éviter
utilitarisme et
déontologisme
déterminée par le
sujet
en lien avec les
choses
déterminée par le
sujet
à partir des
éléments
structurants de la
personne
Appropriation
personnelle des
valeurs
Immoral
Engagement
dans ce
processus
Immoral parce qu’il
implique un mépris
de l’autre
Louis Lavelle,
français, 20è s.
René Le
Senne,
français, 20è s.
Emmanuel
Mounier,
français, 20è s.
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sans revenir à
l’ontologisme
Classement selon le mode de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte
Raisonnement
Théorie
Définition
Auteurs clés
Téléologique
Personnalisme
prudentiel
La fin de l’action humaine est toujours la personne et la
communauté.
Très présent
chez les
penseurs
catholiques
(Télos = fin)
Problème : la nature humaine, la loi naturelle, la loi révélée. La
prudence est le moyen pour viser cette fin
Raisonnement guidé par le but, la fin à
atteindre
Proportionalisme
La raison proportionnée permet de juger si l’acte est proportionné à
la valeur qu’il poursuit (Principe de l’acte à double effet)
P. Knauer
J. Fuchs
R. McCormick
Conséquentialisme
Les conséquences bonnes de l’action déterminent la moralité de
l’acte
Existe chez
quelques
moralistes
catholiques
Utilitarisme
Forme de conséquentialisme où l’action est bonne si elle vise le plus
grand bien pour le plus grand nombre
A. Smith
J. Bentham
J.S. Mill
Situationnisme
(pitié, sympathie,
etc.)
Déontologique
(deontos = devoir)
Volontaristes et
cognitifs
Légalisme religieux
Nominalisme
Positivisme
Une règle morale « agir avec amour dans les circonstances » est le
but de l’action envisagée
J. Fletcher
Déontologisme fondé sur l’ultime autorité de Dieu qui seul peut
déterminer le bien en morale. Agir bien, c’est obéir à la volonté de
Dieu
Occam
Déontologisme séculier qui identifie la moralité avec le légal
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raisonnement guidé par le
devoir à accomplir et
l’obéissance à des lois
Emotivisme
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Autonomisme
Déontologisme kantien opposé à la morale hétéronome ou
théonome
E. Kant, W.
Frankena, J.
Rawls
Existentialisme
Déontologisme qui consiste dans l’acte d’être responsable dans
chaque nouvelle situation et de créer ses propres valeurs face à
l’absurdité de ce monde
J. P . Sartre
Hédonisme,
Epicurisme, etc.
Une sorte de déontologisme qui enseigne que chaque personne a le
devoir de suivre la loi de ses sentiments, instincts et intuitions
comme les meilleures autorités de ce qui est bien
J.O. Urmson
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Tableau nº2 : Classement selon le mode de recherche de la définition du Bien
Les dictionnaires
Wikipédia
Ethiques empiristes
Guidées par l’expérience
Hédonisme
L'hédonisme (du grec ἡδονή hedonê: plaisir) est un terme générique
qui désigne les conceptions et théories du plaisir défendues à
l'origine par Aristippe, Eudoxe et Epicure, et qui ont été renouvelées
à plusieurs reprises jusqu’à nos jours.
L’hédonisme (du grec ancien : ἡδονή / hēdonḗ, "plaisir" et du
suffixe –ισμός / -ismós) est une doctrine philosophique
grecque
selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir
constituent l'objectif de l'existence humaine.
L'hédonisme semble engendrer le
l'indifférence religieuse.
Epicurisme
Selon la proposition la plus générale de l’éthique épicurienne,
toutes nos actions sont conduites en vue d’une fin ultime,
qu’Epicure appelle aussi bonheur. L’épicurisme est donc un
eudémonisme. A ce titre, il se situe, comme toutes les éthiques
hellénistiques-à l’exception notable de la philosophie cyrénaïquedans le cadre défini par Aristote dans l’Ethique à Nicomaque. De
l’analyse aristotélicienne, Epicure retient aussi implicitement que le
bonheur est une notion holistique, en ce qu’elle doit pouvoir
s’appliquer à l’ensemble d’une vie. L’épicurisme est donc un
hédonisme.
La première tâche de l'Epicurisme est de définir un concept de
plaisir tel qu'il puisse faire fonction de fin ultime, et spécifier le
contenu du bonheur dans le sens hérité d'Aristote.
relativisme moral et
L'épicurisme (ou la doctrine d'Épicure) est une école philosophique
fondée à Athènes par Épicure en 306 av. J.-C. Elle entrait en
concurrence avec l'autre grande pensée de l'époque, le stoïcisme,
fondé en 301 av. J-C. L'épicurisme est axé sur la recherche
d'un bonheur et d'une sagesse dont le but est l'atteinte de l'ataraxie,
la tranquillité de l'âme.
C'est une doctrine matérialiste et atomiste.
Le but de l'épicurisme est d'arriver à un état de bonheur constant,
une sérénité de l'esprit, tout en bannissant toute forme de plaisir
non utile
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Utilitarisme de J.
Bentham et de S
Mill
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L’utilitarisme enseigne qu’une action ne peut être jugée L'utilitarisme est une doctrine éthique qui prescrit d'agir (ou ne pas
moralement bonne ou mauvaise qu’en raison de ses conséquences agir) de manière à maximiser le bien-être global de l'ensemble des
bonnes ou mauvaises pour le bonheur des individus concernés.
êtres sensibles. L'utilitarisme est donc une forme de
conséquentialisme, théorie évaluant une action (ou une règle)
L’utilitarisme de Jeremy Bentham et de John Stuart Mill a été
uniquement en fonction des conséquences escomptées, qui se
l’objet de critiques et d’attaques passionnées qui ont dissimulé sa
distingue de la morale rationnelle et notamment kantienne
véritable nature et en ont laissé une image caricaturale.
C'est Jeremy Bentham qui introduisit le vocable en 1781 et qui tira
L’utilitarisme a tenté une entreprise symétrique quoiqu’inverse de
de ce principe les implications théoriques et pratiques les plus
celle de Kant : énoncer, à partir du seul sujet humain et de ses
abouties. Le principe éthique à partir duquel il jugeait les
besoins, un critère universel pour répondre à la question: que doiscomportements individuels ou publics était l'utilité sociale. Pour
je faire? Il a eu des conséquences révolutionnaires en matière de
reprendre la formule bien connue, "le plus grand bonheur du plus
justice.
grand nombre".
L’utilitarisme est une théorie morale qui permet de coordonner de Le postulat de départ de sa théorie utilitariste est que le bien
manière précise l’évaluation et l’action morales. Il possède trois éthique constitue une réalité constatable et démontrable. On peut
dimensions essentielles : un critère du bien et du mal, un impératif le définir à partir des seules motivations élémentaires de la nature
moral : maximiser ce bien, une règle d’évaluation de l’action morale humaine : son penchant " naturel" à rechercher le bonheur, c'est-àgrâce à ce critère.
dire un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Ce
La doctrine utilitarisme possède une forte dimension téléologique principe est formulé ainsi par Bentham "La nature a placé
en raison du lien qu’elle établit entre la recherche naturelle du l'humanité sous l'empire de deux maîtres, la peine et le plaisir. C'est
à eux seuls qu'il appartient de nous indiquer ce que nous devons
plaisir, la répulsion à l’égard de la peine et la moralité.
faire comme de déterminer ce que nous ferons. D'un côté, le critère
La doctrine utilitarisme dite classique trouve son expression la plus
du bien et du mal, de l'autre, la chaîne des causes et des effets sont
pure chez William Godwin. Mais c’est Jeremy Bentham qui est le
attachés à leur trône. "(Principes de la morale et de la
véritable fondateur de l’utilitarisme comme doctrine et comme
législation, 1789).
mouvement politique et social.
John Stuart Mill est le successeur immédiat de l'utilitarisme
La version normative que Bentham propose de l’utilitarisme pose
benthamien. Il s'en écarte toutefois en développant un
un problème : est-il ou non coupable du "sophisme naturaliste"?
utilitarisme indirect.
Bentham n’a jamais confondu l’observation des comportements
humains avec l’élaboration d’un principe d’action. Il a, au contraire, Là où Bentham identifie welfare (= bien être) et plaisir, Mill définit
soigneusement distingué entre "le principe du plus grand bonheur le welfare comme bonheur. Ce faisant il s'écarte de l'utilitarisme
pour le plus grand nombre comme la seule fin universellement hédoniste et propose un utilitarisme indirect. Le plaisir n'y est plus
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désirable" et "le bonheur de chaque homme qui est sa seule fin la fin de la moralité, il ne joue un rôle qu'indirectement, dans la
réelle".
mesure où il contribue au bonheur (du plus grand nombre).
C’est la confusion entre ces deux sens, l’un normatif et collectif, On doit aussi à Mill la reconnaissance de la dimension qualitative
l’autre descriptif et individuel, du principe d’utilité qui est à la source des plaisirs. Contrairement à Bentham, qui ne hiérarchise pas les
des malentendus.
plaisirs et s'intéresse uniquement à la quantité de ceux-ci, John
Stuart Mill défend une différence de qualité entre les plaisirs. On
La véritable critique que l’on peut adresser à la philosophie de
peut ainsi préférer une quantité moindre d'un plaisir de plus grande
Bentham consiste, en réalité, non pas à l’accuser de dériver une
qualité à une quantité supérieure d'un plaisir de qualité plus
norme d’un fait, mais d’avoir mal cerné la manière indirecte dont
médiocre.
fonctionne le principe d’utilité et c’est John Stuart Mill qui corrigera
le simplisme de la psychologie benthamienne sur ce point.
Une des questions les plus débattues par l’utilitarisme
contemporain a été la critique de l’hédonisme et la définition du
principe d’utilité en des termes qui se prêtent à la fois à l’évaluation
quantitative et à la prescriptive universelle. On peut décrire le bienêtre, en suivant Bentham, comme l’état mental que nous
expérimentons lors de la satisfaction de certains choix et qui nous
fait rechercher certains objets.
Marxisme
Le marxisme se distingue de tous les autres systèmes socialistes par
sa tendance anti-éthique. Dans tout le marxisme, il n’y a pas un
gramme d’éthique, et par conséquent, il n’y a pas plus de jugement
éthique que de postulat éthique.
1)
2)
3)
Le marxisme est un courant de pensée politique, sociologique et
économique fondé sur les idées de Karl Marx (et dans une moindre
mesure de Friedrich Engels) et de ses continuateurs. Politiquement,
le marxisme repose sur la participation au mouvement réel de la
lutte des classes, afin d'arriver à une société sans classes en tant
Le marxisme vise le dévoilement des lois de l’histoire ; il exclut
qu'alternative au capitalisme. En effet, Karl Marx considère que
les questions de devoir et les discussions éthiques, au sens où il
"l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs
les tient pour obsolètes.
eux-mêmes"
Le marxisme, comme n’importe quel cadre d’analyse,
"autorise" des discussions éthiques, mais ne permet pas de Dans le cadre éthique, il milite pour le projet révolutionnaire
valider des réponses morales qui lui seraient, spécifiques.
communiste, c'est-à-dire une société débarrassée du salariat, du
Le marxisme a un contenu moral spécifique, qui prescrit capitalisme, des classes sociales, des États, et des frontières.
notamment de combattre pour la révolution et pour le
communisme. Mais à court terme comme à moyen terme, les
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considérations "instrumentales" peuvent l’emporter sur
l’équité et sur la morale: il y a une raison de classe, comme il y
a une raison d’état.
Stoïcisme
Ethiques rationnelles ou formelles
Cette philosophie exhorte à la pratique d'exercices de méditation
conduisant à vivre en accord avec la nature et la raison pour
École philosophique fondée au IIIe s. avant J.-C. par Zénon de Cition,
atteindre la sagesse et le bonheur envisagés comme ataraxie, but
le stoïcisme se prolonge à travers toute l'Antiquité, tant en Grèce
ultime de l'existence de l'homme (absence de troubles qui prend la
que dans l'Empire romain, et reste influent jusqu'à notre époque.
forme d'une absence de souffrance). Epictète résume cette
Pour cette philosophie de l'acceptation et du courage, à la fois
conduite stoïcienne à travers la maxime Sustine et abstine qui
fataliste (pour ce qui ne dépend pas de nous) et volontariste (pour
signifie "Supporte et abstiens-toi".
ce qui en dépend), qui dit oui à tout ce qui arrive et à tout ce que la
situation donnée, la vertu ou la raison exigent de nous, le bonheur La morale stoïcienne peut donc se résumer ainsi :
est le souverain bien et la vertu, le seul bonheur.
chacun agit conformément à sa nature (kathekon), mais le sage agit
On distingue traditionnellement trois périodes: l'ancien stoïcisme toujours de façon parfaite (même, dans des circonstances
(Zénon, Cléanthe et surtout Chrysippe), qui couvre tout le IIIe s. exceptionnelles, en faisant des actes que la moralité ordinaire
avant J.-C. ; le moyen stoïcisme (Panaitios de Rhodes, Posidonios), réprouverait)
qui traverse les IIe et Ier s; enfin le stoïcisme impérial, le mieux
la fin de cette morale, c'est de vivre par des choix conformes à la
connu, qui s'épanouit durant les deux premiers siècles après J.-C.,
raison universelle: vivre en suivant la nature, puisque tout arrive par
grâce aux œuvres de Sénèque, Épictète et Marc Aurèle.
la raison universelle. Cela permet d'atteindre l'aponie (absence de
Contre les épicuriens, leurs contemporains et adversaires, les troubles corporels) et l'ataraxie. Mais la sagesse est un idéal très
stoïciens refusent de considérer que le plaisir soit un bien. "En effet, difficile à atteindre.
disaient-ils, il y a des plaisirs honteux, et rien de ce qui est honteux
n'est un bien". Pour la même raison, la douleur n'est pas un mal,
puisqu'il n'y a "d'autre mal que ce qui est honteux", ce que la
douleur n'est pas. Il en résulte que "le seul bien, c'est ce qui est
moral (honestum); et avoir une vie heureuse, c'est vivre
moralement, c'est-à-dire avec vertu" (Cicéron, De finibus).
Ce qu'on peut appeler le moralisme des stoïciens est indissociable
du naturalisme de ces philosophes. Le souverain bien consiste en
effet à "vivre en accord avec la nature": "en accord", c'est-à-dire
homologoumenôs, "d'une même raison". C'est en quoi la vie
naturelle est aussi une vie raisonnable et, par-là, une vie vertueuse:
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la vertu est "conformité de l'âme avec elle-même", de la raison en
moi avec la raison en tout.
Kantisme
Prenant acte de la révolution intellectuelle accomplie dans les
sciences par Copernic puis par Newton, Emmanuel Kant met en
place une nouvelle philosophie, à laquelle il donne le nom de
"criticisme". Penseur d'un rationalisme renouvelé, grâce à Hume,
qui le réveilla, dit-il, de son sommeil dogmatique, il formule les
conditions a priori de toute connaissance et établit la valeur absolue
de la loi morale: elle constitue pour lui un impératif catégorique qui
fonde la liberté de l'homme.
Kant part d’un constat: ce qu’on tient pour véritablement moral,
c’est une bonne volonté. Les autres dispositions comme les talents
de l’esprit, les qualités de caractère, ne peuvent jamais être
considérées comme bonnes en elles-mêmes, mais dépendent de
l’usage que notre volonté en fait : il est en effet possible de faire
usage de son talent, de son intelligence ou de son courage à des fins
malveillantes. Ainsi, seule une volonté bonne saurait vraiment avoir
une valeur pour elle-même: une volonté bonne, c’est une volonté
qui entraîne une action accomplie simplement par devoir.
A partir des acquis de la Critique de la raison pure, Kant élabore une
philosophie morale profondément nouvelle qui part du concept de
loi morale valable pour tout être raisonnable, universelle et
nécessaire, et de son corrélat, la "liberté transcendantale". Exposée
en particulier dans la Critique de la raison pratique, l'éthique
kantienne a été qualifiée de déontologique, c'est-à-dire qu'elle
considère l'action en elle-même et le devoir ou obligation morale,
indépendamment de toute circonstance empirique de l'action. Elle
s'oppose donc aussi bien à l'éthique conséquentialiste, qui estime la
valeur morale de l'action en fonction des conséquences prévisibles
de celles-ci, qu'à l'eudémonisme, qui considère que l'éthique doit
viser le bonheur. Du fait du caractère absolument impératif de la
notion de devoir, et de la connexion non nécessaire entre le
bonheur et la morale, la position kantienne a souvent été qualifiée
de rigoriste.
Un acte simplement conforme au devoir, en tant qu’il n’obéit à
aucune loi universelle de la raison, ne peut être considéré comme
bon.
Ainsi, pour Kant, agir par devoir, c’est avoir l’intention désintéressée
de bien faire, avec pour seul motif le respect de la loi morale.
Aristotélisme
Les quatre grands traits de la "philosophie pratique" d’Aristote:
L'aristotélisme est la doctrine d'Aristote (385 env.-322 av. J.-C.), telle
qu'elle résulte de l'ensemble des œuvres conservées d'Aristote,
1) Nous avons affaire à ce qu’on peut appeler une "théorie de
publiées par Andronicos de Rhodes, au premier siècle avant notre
l’action" puisque la vertu ou l’excellence est non seulement une
ère.
habitude, mais encore celle de choisir ceci de préférence à cela.
2) La définition de la vertu morale comme "juste milieu" ou Née, en effet, de la critique de la doctrine platonicienne des Idées,
"médiété".
cette œuvre embrasse toutes les disciplines philosophiques, qui
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3)
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Le caractère relatif de ce juste milieu, relativisme apparemment
redoublé puisqu’il est relatif à nous et déterminé par l’homme
prudent.
Le rôle essentiel du prudent puisque c’est lui qui norme cette
médiété, rôle qui sera réaffirmé quand il s’agira de définir
l’objet du souhait, le bien, ou encore la nature du plaisir.
vont de la dialectique et de la logique à la philosophie morale et
politique et même à l'esthétique, en passant par la physique, la
biologie et la psychologie.
La philosophie platonicienne avait montré une union entre la vie
intellectuelle, morale et politique : la philosophie, par la science,
atteint la vertu et la capacité de gouverner la cité. La philosophie
aristotélicienne va dissocier tout cela. Pour Aristote, le bien moral
ne correspond pas à l’Idée du Bien, cet objet de science que Platon
mettait au sommet des êtres, et dont la contemplation donnait au
philosophe l’opinion droite. "Quand il s’agit de vertu, dit Aristote, il
n’est pas suffisant de savoir ; il faut encore la posséder et la
pratiquer."
Pour lui, ce qui pourrait être juste de faire dans une situation
pourrait ne pas convenir dans d'autres situations. En ce cas, seule la
phronesis (prudence, sagacité ou encore sagesse pratique) peut
permettre de nous aiguiller, en nous conduisant à adapter notre
action à la particularité d'une situation.
4)
Aristote définit la vertu comme disposition acquise volontairement
Aristote croyait que le bonheur, qui s'identifiait avec la vertu, était
la fin (telos) de la vie.
Ainsi, l’homme bon est celui qui réalise bien sa fonction (ergon), son
télos. Il s'agit donc de devenir véritablement un être humain, c’estLa morale n’est donc pas une science exacte, mais un enseignement à-dire de développer ce qui en moi fait qu’on peut me reconnaître
pratique qui vise à rendre les hommes meilleurs.
comme faisant partie de la communauté des êtres humains. Or, la
La première étape de ce programme consiste à déceler la fin qui vertu est ce qui définit l'homme en tant qu'homme (et non en tant
oriente toutes les actions humaines. Or l’observation montre que que charpentier, musicien, etc.).
tous les hommes recherchent le bonheur : plaisir, science, richesse,
ne sont que des moyens pour atteindre cette fin. Plus précisément,
ce bonheur doit être un bonheur humain, c'est-à-dire, un bonheur
qui nous soit durable et accessible par nos actions.
Un être n’atteint sa fin que lorsqu’il accomplit la fonction qui lui est
propre. L’excellence dans l’accomplissement de cette fonction est la
vertu de cet être.
L’éthique est une description concrète de la manière dont la raison
peut diriger toute l’activité humaine. Il n’y a donc pas de règle
générale dans l’éthique aristotélicienne ; il s’agit seulement de
rechercher "quand il faut agir, dans quel cas, à l’égard de qui, en vue
de quoi et de quelle manière". La vertu consiste dans le bon usage
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d’une raison sachant s’adapter aux circonstances particulières que
la vie quotidienne lui présente.
Thomisme
Corps doctrinal à la fois philosophique et théologique que
caractérisent une forte cohérence et des perspectives critiques, le
thomisme s'est rapidement imposé à l'attention. Du vivant même
de son auteur, l'accueil et les oppositions ne lui ont pas manqué. Le
thomisme est pourtant une entreprise irénique par son double souci
de rejeter le dogmatisme hors du domaine où règne la raison et de
présenter sur les problèmes de la philosophie et de la théologie une
vue austère peut-être, mais toujours faite de haute intelligence.
Doctrine de saint Thomas d'Aquin exposée dans la Somme
théologique notamment, dont l'originalité est de concilier les acquis
de la pensée aristotélicienne et les exigences de la foi chrétienne et
qui repose sur l'affirmation fondamentale de l'Être comme réalité
universelle.
La morale thomasienne est une morale de l’agir vertueux spontané
et non pas imposé, et que l’épanouissement humain en est le terme
normal.
Sa morale est également très proche de celle d’Aristote: ses
considérations sur la justice aboutissent à distinguer justice
distributive (celle qui répartit les honneurs, les richesses selon les
qualités de chacun) et justice commutative (celle qui règle les
échanges économiques selon le principe de l’égalité de proportion).
Au sommet de l’éthique thomiste se place la figure du Sage: il
désigne celui dont l’attention est tournée vers la cause suprême de
l’Univers, à savoir Dieu. Ainsi la sagesse représente-t-elle la
connaissance des réalités divines. L’ultime bonheur de l’homme
consiste à contempler le divin et la vérité : la contemplation du vrai
est notre but ultime et nous élève à Dieu.
Eudémonisme
Du grec eudaimonia (eu -signifie "bon" et daimon signifie "génie".
Se dit des systèmes où l'activité morale consiste dans la recherche
du bonheur, tenu pour souverain bien. Les eudémonismes diffèrent
selon la définition qu'ils donnent du bonheur : harmonie de diverses
vertus et dispositions (Platon); activité noétique et éthique
accompagnée d'occurrences favorables (Aristote); constance d'un
L’eudémonisme (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, "béatitude")
est une doctrine posant comme principe que le bonheur est le but
de la vie humaine. Le bonheur n'est pas perçu comme opposé à la
raison, il en est la finalité naturelle.
Pour Aristote "Le bonheur, [eudaimonia] est un principe; c’est pour
l’atteindre que nous accomplissons tous les autres actes ; il est bien
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Morale de la
sympathie
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plaisir consistant essentiellement dans l'absence de douleur
(Épicure); accord volontaire de soi-même avec l'ordre cosmique (les
stoïciens). Kant restreint la définition de l'eudémonisme: il est la
morale du bonheur individuel, blâmable comme fin de l'action
quand il s'agit de soi, puisque c'est la perfection qu'il faut vouloir.
Mais, quand il s'agit des autres, la recherche de leur bonheur est un
devoir, qui s'impose au nom de la raison et implique donc une fin
supérieure au bonheur lui-même.
le génie de nos motivations". L'eudémonisme qualifie les doctrines
éthiques qui font du bonheur la valeur suprême et le critère ultime
de choix des actions humaines: Aristote, Épicure, Montaigne,
Spinoza, Diderot…. L'eudémonisme se fonde sur une confiance
générale en l'homme qui reste la clé irremplaçable de l'humanisme.
La doctrine se concentre sur cette seule chance d'épanouissement
que constitue la vie terrestre et c'est par conséquent à la réussite de
cette vie, au bonheur immédiat ou rationalisé sur un temps long,
tant au sien qu'à celui d'autrui, qu'elle consacre logiquement
l'essentiel de son effort.
Ethique intermédiaire entre empirisme et rationalisme
Le mot est dérivé de la langue grecque συμπάθεια (sympatheia), du
grec ancien σύν (sýn) qui signifie ensemble et de πάθος (pathos)
passion, en l'occurrence la souffrance (de πάσχω - pascho, "être
affecté par, à souffrir), d'où le sens originel de "compassion" ou
"condoléance" que le mot a encore de nos jours en anglais par
exemple.
Il est indéniable que Smith participe de ce sentimentalisme. Lui aussi
pense que le jugement moral est fondé, non sur la raison, mais sur
des émotions et des sentiments. Ce n’est pas à la raison des
hommes que le créateur s’est fie pour leur donner le sens de ce qui
est bien et de ce qui est mal, mais à la nature, aux passions qui
l’animent, aux appétits qui l’enflamment.
Adam Smith, ami de Hume, tient la sympathie (sympathy) pour la
"faculté de partager les passions des autres". Il fait de la sympathie
L’un des traits les plus manifestes du jugement moral est son
le mobile premier des actes et le fondement des jugements moraux
caractère d’immédiateté, de spontanéité. C’est donc, concluent les
bénévolats, que loin de procéder de l’opération de la raison pure
découvrant, sous la forme de relations nécessaires entre les choses,
des normes transcendantes, le jugement moral s’enracine dans les
passions et les sentiments, qui présentent précisément ce caractère
de spontanéité. Le problème, c’est que le jugement moral présente
d’autres caractéristiques qu’il parait plus difficile de concilier avec
les propriétés des sentiments et des passions: l’objectivité,
l’universalité, le caractère d’obligation.
Le principe de sympathie engendre donc le jugement moral, mais il
engendre bien autre chose, y compris la "corruption" de la moralité-
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à vrai dire, tout l’ordre social, y compris le désordre nécessaire à sa
reproduction, résulte de la sympathie.
Morale de la pitié
Par le fondement de la morale Schopenhauer entend, non les Selon Schopenhauer, Kant a eu l'indéniable mérite de "purifier" la
principes suprêmes selon lesquels il faut se conduire, mais la raison morale de l’eudémonisme des Anciens pour la majorité desquels la
pour laquelle ces principes ont de l’autorité.
vertu s’identifie presque toujours à la félicité.
Sur le fondement de la morale commence par écarter toute solution
théologique du problème. On ne peut faire remonter à la volonté de
Dieu l’autorité des principes moraux, insiste Schopenhauer,
puisqu’aucune révélation divine n’est assez certaine ou claire pour
s’imposer par elle-même; au contraire, on établit l’authenticité
d’une révélation supposée en l’examinant à la lumière de nos
convictions morales. Une morale théologique favorise d’ailleurs
l’idée que l’action bonne repose sur le calcul des peines et
récompenses, alors que l’essence de la morale consiste à dépasser
un tel égoïsme.
Cependant, pour Schopenhauer, la philosophie morale de Platon
était déjà une exception notable à cette "morale des anciens" car
son éthique est "désintéressée" et "ascétique" ; c'est d'ailleurs aussi
pourquoi, elle tourne, quelquefois, au "mysticisme".
Selon Schopenhauer, toute morale, basée sur le devoir, envisagé
comme principe, en arrive inévitablement à présupposer un
"principe" transcendant non fondé (au sens de non justifié et, peutêtre même, inévitablement "injustifiable"), car une telle morale
"déontologique" ne peut rien "faire" d'autre que de déplacer la
question du fondement.
Schopenhauer repousse également les théories "eudémonistes"
Selon Schopenhauer, l’hypothèse d’une volonté extérieure et
du fondement de la morale, qui identifient vertu et bonheur de
étrangère et surtout, "transcendant" toute détermination sensible
l’individu ou supposent que son bonheur est la conséquence de la
et empirique (par exemple: "une volonté divine" ou "une volonté
vertu.
autonome") dictant les devoirs ne devrait pas du tout avoir sa place
Schopenhauer n’hésite pas à dénoncer la conception impérative dans une "philosophie morale". De plus, les notions de "devoir
comme une "morale d’esclave".
inconditionnel" ou de "devoir absolu" sont des "contradictions in
adjecto".
Lorsqu’on se réfère à l’expérience, on trouve tout de suite que le
motif principal de la conduite humaine est l’égoïsme. Chacun agit la "Ce que je fais est toujours ce à quoi je consens" : De cette
plupart du temps selon son intérêt tel qu’il l’entend. On trouve aussi affirmation, Schopenhauer conclut qu'il n’y a pas véritablement
que seuls des actions qui échappent à cette motivation sont l’objet d’injustice envers soi-même, ni aussi, de devoir ou d'obligation
de l’approbation morale.
morale de charité envers soi-même parce que celle-ci est
"naturelle" au sens de "spontanée" et même
d'"instinctive" ou
elle n'est pas. Il n’y a donc pas de devoirs envers nous-mêmes. La
morale est donc une conception et surtout, une pratique variable
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qui découle de la culture particulière (et surtout de l'éducation) d'un
individu.
Expérience
morale et
religieuse
Bergson semble pourtant en déplacer profondément les termes:
loin de rapporter une conscience à une loi pure, l’obligation se
ramène d’abord à une habitude ou à un instinct qui lie l’individu
humain à son espèce et à la vie ; elle est ensuite inspirée
invinciblement, comme une émotion, devant l’action de certains
hommes exceptionnels, au-delà de toute loi ; dans chacun des deux
cas, la réponse à la question ne semble donc découler de la
recherche rationnelle du fondement, et aucune des deux "morales"
que va distinguer Bergson ne part même d’une question posée par
un sujet libre, par un "je", sur le sens de sa propre activité.
Les Deux Sources de la morale et de la religion est un ouvrage du
philosophe français Henri Bergson paru en 1932.
Il s'agit du dernier ouvrage du philosophe. Sa réflexion sur la morale
l'amène à discuter les approches sociologiques de son temps (Émile
Durkheim, Lucien Lévy-Bruhl) en insistant particulièrement sur le
concept d'obligation qu'il place au cœur des relations
interindividuelles.
Il pose la distinction restée célèbre entre "société ouverte" et
"société fermée" (qui sera reprise dans une autre perspective par
l'épistémologue Karl R. Popper).
La question à poser n’est pas : que dois-je faire ?, mais: "pourquoi
obéissions-nous?". Le philosophe ne recherche pas un fondement Bergson considère que la première morale, la morale close c'est tout
rationnel, mais un principe ou une force effective, il se livre à une le système d'habitudes qui règlent notre conduite en fonction des
exigences sociales et que l'on appelle ou que l'on rattache à
généalogie qu’à une critique.
l'obligation morale mais une telle obligation morale procède en
L’intelligence ou la raison humaine se manifesteraient d’abord,
réalité de la vie
selon Bergson, dans ce rapport de forces, pour ramener l’individu à
l’obéissance, comme "résistance aux résistances".
Pourtant, non seulement cette force se manifeste toujours dans un
sentiment, mais celui-ci implique la liberté: "un être ne se sent
obligé que s’il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique
la liberté. Mais il est nécessaire qu’il y ait des obligations".
L’unité complexe de la morale de Bergson, qui conjoint la forme
naturelle de l’obligation, la direction métaphasique de l’émotion, et
la méditation de la raison, impose tout d’abord de surmonter ce qui
apparait comme une double limite, et que l’on retrouve dans la
plupart des objections qui lui ont été adressés.
Existentialisme
Le mot "existence" signifie avant tout un arrachement, une rupture L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui
par laquelle une réalité s'exclurait d'un tout auquel elle a appartenu. postule que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres
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Dans ce sens, un sujet accède à l'existence lorsqu'il s'extrait de actions, en opposition à la thèse que ces dernières lui sont
l'unité d'être dont il faisait partie, et se "fragilise" ainsi en une prédéterminées par de quelconques doctrines théologiques,
présence autonome dans le temps.
philosophiques ou morales. L'existentialisme considère donc
chaque personne comme un être unique qui est maître, non
L'existence: tout ce qui est essentiellement réel pour moi ne l'est
seulement de ses actes et de son destin, mais également, pour le
que parce que je suis moi-même. Nous ne sommes pas seulement
meilleur comme pour le pire, des valeurs qu'il décide d'adopter.
là en fait, mais notre vie nous est confiée comme lieu et comme
Selon Sartre, la famille passe avant le rêve de soi-même.
corps pour que nous y réalisions notre liberté originelle.
Sartre déclare que pour la pensée existentialiste toute vérité et
toute action impliquent un milieu humain et une subjectivité
humaine. Cela veut dire que tous les aspects de cette doctrine se
rapportent à l’être humain et à sa faculté de prendre conscience de
sa situation.
Pour Sartre, l'homme est donc cet être chez qui "l'existence précède
l'essence", c'est-à-dire qui est d'abord et qui se définit ensuite, par
ses choix, par ses actes. Ce qui signifie qu'il est libre.
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Tableau n°3 : Classement selon le lieu de la définition du bien
Ontologique
Les dictionnaires
Wikipédia
"Ontologie" veut dire : doctrine ou théorie de l'être. Cette simple
définition, toute nominale d'ailleurs, propose une petite énigme de
lexique : le mot "ontologie" est considérablement plus récent que la
discipline qu'il désigne ; ce sont les Grecs qui ont inventé la question
de l'être, mais ils n'ont pas appelé ontologie la discipline qu'ils
instituaient. Aristote désigne de façon indirecte comme "la science
que nous cherchons" la théorie de l'être en tant qu'être. Ses
successeurs, mettant en ordre ses cours de philosophie, ont appelé
Métaphysiques les traités contenant cette théorie, voulant signifier
à la fois que ces traités succèdent aux traités sur la nature, ou
Physiques, et que leur objet dépasse, transcende celui de la nature.
On n'a songé à donner le nom d'ontologie à la science de l'être en
tant qu'être que lorsqu'il a fallu préciser le statut de cette science
par rapport aux sciences philosophiques qui traitaient, non de l'être
en général, mais de l'être du monde, de l'être de l'âme, de l'être de
Dieu et que l'on appelait cosmologie rationnelle, psychologie
rationnelle, théologie rationnelle.
L'ontologie est une branche de la philosophie concernant l'étude de
l'être, de ses modalités et de ses propriétés. En philosophie,
l'ontologie (de onto-, tiré du grec ὤν, ὄντος "étant", participe
présent du verbe εἰμί "être") est l'étude de l'être en tant qu'être
(définition proposée par Aristote), c'est-à-dire l'étude des
propriétés générales de tout ce qui est.
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Déontologique
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
Le terme « deontology » dérive du grec: « deon » (devoir) et logos
(science). En général, on entend par une éthique déontologique une
éthique qui soutient que certains actes sont moralement
obligatoires ou prohibés, sans égards pour leurs conséquences dans
le monde.
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L'Éthique déontologique ou déontologisme (dérivé d'un mot grec
signifiant "obligation" ou "devoir") est la théorie éthique qui affirme
que chaque action humaine doit être jugée selon sa conformité (ou
sa non-conformité) à certains devoirs.
Le déontologisme s'oppose ainsi au conséquentialisme, qui affirme
Le premier philosophe qui a défendu explicitement une éthique que les actions humaines sont à juger uniquement en fonction de
déontologique est Kant: un acte est moralement bon si et leurs conséquences.
seulement s'il est accompli "par devoir", ou par "respect pour la loi".
Le déontologisme moniste fait dériver toutes nos obligations d'un
Il s'agit d'une véritable rupture opérée par le formalisme kantien par
seul et unique principe, comme l'impératif catégorique dans la
rapport à toute tradition qui cherche à déterminer un "bien"
doctrine de Kant.
extérieur à la volonté.
Le déontologisme pluraliste refuse un tel réductionnisme et affirme
que les actions humaines sont à juger en fonction de plusieurs
principes distincts, comme le devoir de ne pas faire de mal à autrui
inutilement (principe de non-malfaisance), le devoir de se
conformer aux engagements librement donnés (principe de
fidélité), le devoir de remercier ceux et celles qui nous ont aidés
(principe de gratitude), le devoir de compenser les personnes à qui
nous avons fait un tort (principe de justice restaurative), etc.
Conception : P. Edgard El Haiby
Utilitariste
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
Mill établit en ces termes la doctrine utilitariste: "le Bonheur est
désirable; il est, à titre de fin, la seule chose désirable, toutes les
autres choses n'étant désirables que comme des moyens en vue de
cette fin."
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On peut résumer le cœur de la doctrine utilitariste par la phrase :
Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte la plus grande quantité
de bonheur (principe du bonheur maximum). Il s'agit donc d'une
morale eudémoniste, mais qui, à l'opposé de l'égoïsme, insiste sur
le fait qu'il faut considérer le bien-être de tous et non le bien-être
du seul agent acteur.
Tout ce qu'il a à dire au sujet de la relation entre l'hédonisme et le
principe d'utilité est que si "le Bonheur de chacun est un bien pour
chacun", alors "le Bonheur général" doit être "un bien pour L'utilitarisme est donc un conséquentialisme eudémoniste.
l'ensemble des personnes réunies."
Cependant cette définition minimale du principe d'utilité ne doit pas
Mill explique qu'il considère que "la parfait impartialité entre les masquer les nombreuses différences existantes entre les systèmes
personnes" fait partie de la signification même du principe du plus utilitaristes: utilitarisme hédoniste, utilitarisme indirect, utilitarisme
grand Bonheur: "ce principe n'est qu'une suite de mots dépourvus de l'acte contre utilitarisme des préférences, etc.
de sens raisonnable, s'il n'oblige pas à compter exactement pour
Ce sont avant tout Jeremy Bentham (1748-1832) et John Stuart Mill
autant le bonheur d'une personne et celui d'une autre, supposés de
(1806-1873) qui ont donné une forme systématique au principe
même degré, et compte tenu de leur nature dans la mesure
d'utilité et ont entrepris de l'appliquer à des questions concrètes
convenable. Ces conditions étant remplies, la maxime de Bentham:
"chacun doit compter pour un, personne pour plus d'un" pourrait Par principe d'utilité, on entend le principe selon lequel toute
figurer au-dessous du principe d'utilité comme commentaire action, quelle qu'elle soit, doit être approuvée ou désavouée en
fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des
explicatif."
parties affectées par l'action. [...] On désigne par utilité la tendance
Mill comprend que la norme utilitariste de valeur est incapable de
de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou
nous dire par elle-même selon quelles règles, quels buts et idéaux
bonheur.
pratiques nous devons vivre. Il donna la place qui convenait, parmi
les nécessités premières du bien-être humain, à la culture La notion d'utilité n'a pas chez les utilitaristes le sens qu'on lui
personnelle de l'individu. La première tâche qui incombe à chaque attribue couramment. Ce qui est "utile" désigne ce qui contribue à
être humain est de s'atteler à cette culture intime, de développer maximiser le bien-être d'une population. C'est en ce sens particulier
qu'on peut parler du calcul de l'utilité d'un acte, ou qu'on peut
tout ce qu'il y avait de meilleur en lui.
comparer les utilités de différentes actions ou règles. La pensée
utilitariste consiste donc à peser le pour et le contre d'une décision
et comparer cette dernière aux avantages et désavantages de la
décision inverse.
Conception : P. Edgard El Haiby
Axiologie
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
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Étude ou théorie (en grec : logos) de ce qui est digne d'estime (en L’axiologie (du grec: axia ou axios, valeur, qualité) peut définir, soit
grec : axion), de ce qui vaut, de ce qui peut être objet d'un jugement la science des valeurs morales, soit, en philosophie, à la fois une
de valeur.
théorie des valeurs (axios) ou une branche de la philosophie
s'intéressant au domaine des valeurs.
Pratiquement, axiologie est synonyme de "philosophie des valeurs".
Cette philosophie s'est développée, depuis 1892, à la suite des Le Senne élabore une philosophie des valeurs qui subordonne le
travaux de H. Rickert, néo-kantien de l'école badoise. Pour Rickert, devoir à une plus haute instance, l'esprit agissant qui est Valeur, vie
qui reprend une distinction de Kant, puis de Fichte, le devoir-être surabondante. Dès lors, l'ordre des valeurs (l'axiologique)
l'emporte sur l'être, la valeur l'emporte sur la réalité. Ce qui est se transcende l'opposition entre l'ontologique (ce qui est) et le
constate. Mais ce qui est valeur commande et prescrit (un jugement déontologique (ce qui doit être). Le postulat spiritualiste de la
d'existence s'énonce à l'indicatif, un jugement de valeur s'énonce à doctrine axiologique est que "l'absolu est, dans son fond, valeur
l'impératif). L'interrogation se déplaçant de l'être au devoir-être, du infinie". C'est cette valeur qui est source de tout devoir. La Valeur
réel à la valeur, on est passé tout naturellement de l'ontologie à absolue se diffracte en l'homme sous les espèces des quatre valeurs
l'axiologie ; certains axiologues ont même regardé l'ontologie cardinales : Vérité, Bien, Beauté, Amour, qui se combinent les unes
comme périmée (celle-ci ne s'est pas inclinée : l'être est ce qui vaut les autres en des synthèses indéfiniment complexes.
en soi, les valeurs ne sont souvent que ce qui vaut pour nous).
Le Senne conclut que la destinée humaine d'une personne
Le Senne se consacre à la philosophie morale. Il ne s'agit pas de responsable consiste à mettre son caractère au service de la valeur
regretter ce que nous ne pouvons, mais d'aimer ce que nous devons. particulière que sa vocation propre lui désigne. De cette fidélité ou
La morale se prolonge en axiologie. La valeur est ce qui est digne de cette trahison à ses propres valeurs découlera son bonheur ou
d'être recherché par nous. Elle est destinée à combler notre son malheur.
indigence et à conforter notre faiblesse. Les valeurs sont
transcendantes ; pourtant, elles ont besoin de nous pour être
actualisées. Les quatre valeurs cardinales sont la vérité, la beauté, le
bien et l'amour, qui est la valeur de l'intimité. Mais toutes les quatre
émanent de la valeur absolue ou Dieu.
Conception : P. Edgard El Haiby
Personnaliste
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
Mounier n'est pas un moraliste. Il est convaincu que le mal tient
d'abord à une culture qui a fait de l'homme un individu abstrait,
coupé des autres et de la nature. Descartes, en fondant l'esprit
moderne, a consacré la scission.
Il faut donc "refaire la Renaissance", c'est-à-dire reconstruire un
humanisme capable d'intégrer à une civilisation nouvelle toutes les
données de l'histoire et des sciences de l'homme. L'axe de cet
humanisme, c'est la personne.
Mounier ne conçoit pas la personne comme une entité juridique
qu'il faudrait défendre contre la collectivité. Au contraire, le
personnalisme tient que la société est dans l'homme, autant que
l'homme est dans la société. Par opposition à l'individu, être isolé,
pure abstraction, la personne est engagée, dès sa naissance, dans
une communauté. Par opposition à l'individu, objet arithmétique,
élément d'une masse, la personne est un sujet autocréateur : "Elle
est la seule réalité que nous connaissions et que nous fassions en
même temps du dedans; elle se conquiert sur l'impersonnel par un
mouvement de personnalisation". Enfin, par opposition à l'individu,
entité close, la personne est ouverte à la transcendance, elle est
réponse à une "vocation". La personne est donc l'homme qui se
fonde, mais par la négation même de son individualité, s'ouvrant
ainsi à la communauté et à l'univers. "L'homme concret, c'est
l'homme qui se donne".
Ce personnalisme rassemble de nombreux apports, les uns venant
du thomisme, les autres de l'existentialisme allemand et de
l'idéalisme russe. C'est que, pour Mounier, le conflit du
matérialisme et de l'idéalisme est artificiel, comme celui de
l'individualisme et du collectivisme; ce sont des abstractions
complémentaires. Le matérialisme exprime une séparation. L'esprit
doit rétablir l'union. À l'intérieur d'une ontologie dynamique dont la
personne ("mouvement d'être vers l'être") est le moteur, l'homme
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Le personnalisme, (ou personnalisme communautaire), est un
courant d'idées fondé par Emmanuel Mounier autour de la revue
Esprit et selon le fondateur, recherchant une troisième voie
humaniste entre le capitalisme libéral et le marxisme.
Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
retrouvera le contact perdu avec autrui et avec la nature, et les
communautés s'ordonneront en une cité orientée, non point vers le
confort, mais vers la justice, l'amour et la création.
Ce personnalisme, qui dessine une figure utopique de la civilisation,
est pourtant une praxis. Exigeant la transformation personnelle, il
pousse à l'engagement: la rencontre avec l'événement viendra
révéler et concrétiser la vocation personnelle. Mais il ne se laisse pas
absorber dans une philosophie de l'histoire. C'est parce qu'elle reste
orientée vers la transcendance que la personne est capable d'agir
dans l'histoire sans s'y perdre.
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Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
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Tableau n°4 : Classement selon le mode de raisonnement dans le discernement de la moralité de l’acte
Personnalisme
prudentiel
Les dictionnaires
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Téléologique
Le personnalisme "post-Mounier" est une philosophie éthique dont
la valeur fondamentale est le respect de la personne. Le principe
moral fondamental du personnalisme peut se formuler ainsi: "Une
action est bonne dans la mesure où elle respecte la personne
humaine et contribue à son épanouissement ; dans le cas contraire,
elle est mauvaise."
Le personnalisme est une vision de l'homme qui souligne sa dignité
comme fils de Dieu. Il voit dans le dynamisme inhérent qui
caractérise l'être humain un appel à une auto-réalisation qui
s'approprie librement les valeurs permanentes et transcendantes.
Quiconque est imprégné d'esprit personnaliste nourrit une
conscience vive de la liberté personnelle, la sienne et celle des
autres. Il a par conséquent une conscience non moins vive de la
responsabilité personnelle.
Le personnalisme entretient une vision aiguë des droits
fondamentaux de la personne et incite à les défendre contre tout
type de violation perpétrée à son égard. Il tient à la fois que celui qui
est conscient de ses propres droits doit avoir également conscience
de ses devoirs. Pour le personnalisme, il n'y a aucune déchéance à
obéir à la vérité, à la loi ou à l'autorité légitime et moins encore à
être fidèle aux exigences d'un engagement librement assumé.
Le personnalisme implique ouverture et attention aux valeurs qui
se trouvent chez les autres. Il représente un ferment prodigieux
pour la construction de la communauté. Dans le véritable
personnalisme il y a une alliance naturelle entre la personne, l'être
humain individuel et particulier, et la communauté. La participation
personnaliste à la communauté n'implique pas une adaptation
d'intérêts mutuels mais un accord de personne à personne fondé
sur la conscience de la dignité et des droits que l'on a en commun.
Conception : P. Edgard El Haiby
Proportionalisme
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
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Enoncée par Thomas d’Aquin au XIIIe siècle, à propos de la légitime Proportionalism is an ethical theory that lies between consequential
défense, cette règle appartient à la tradition de la théologie morale theories and deontological theories. Consequential theories, like
; aujourd’hui, elle est exposée sous la forme suivante :
utilitarianism, say that an action is right or wrong, depending on the
consequences it produces, whereas deontological theories, like The
On peut accomplir un acte ayant à la fois un bon et un mauvais effet
Categorical Imperative, say that actions are either intrinsically right
seulement si le bon effet est supérieur au mauvais et si, de surcroît,
or intrinsically wrong. Proportionalist theories like rule
au moins les conditions suivantes ont été remplies :
utilitarianism, however, say it is never right to go against a principle
1) l'acte en lui-même doit être bon ou moralement neutre, ou tout unless a proportionate reason would justify it.
au moins ne doit pas être interdit ;
1960s Proportionalism is a consequentialist attempt to develop
2) le mauvais effet ne doit pas être un moyen de produire le bon
Natural Moral Law, a Catholic teleological theory by Thomas
effet, mais doit être simultané ou en résulter ;
Aquinas. The moral guidelines set down by the Roman Catholic
3) le mauvais effet prévu ne doit pas être intentionnel ou
teachings of Natural Moral Law are mostly upheld in that
approuvé, mais simplement permis ;
intrinsically evil acts are still classified so. In certain situations where
4) l'effet positif recherché doit être proportionnel à l'effet
there is a balance of ontic goods and ontic evils (ontic evils are those
indésirable et il n’y a pas d’autre moyen pour l’obtenir.
that are not immoral but merely cause pain or suffering, ontic goods
La doctrine du double effet est contestée par les tenants de are those that alieviate pain or suffering). Proportionalism asserts
l'utilitarisme, qui refusent notamment la possibilité que deux that one can determine the right course of action by weighing up
actions identiques dans leurs conséquences ne soient pas d'égale the good and the necessary evil caused by the action. As a result,
valeur.
proportionalism aims to choose the lesser of evils.
Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
Conséquentialisme Le conséquentialisme est la théologie qui pose que, pour
déterminer si un agent a eu raison d'opérer tel choix particulier, il
convient d'examiner les conséquences de cette décision, ses effets
sur le monde. En portant notre attention sur les conséquences,
cette théorie adopte une orientation téléologique- du grec telos
signifiant but ou fin. C'est le contraire d'une perspective
déontologique.
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Le conséquentialisme fait partie des éthiques téléologiques et
constitue l'ensemble des théories morales qui soutiennent que ce
sont les conséquences d'une action donnée qui doivent constituer
la base de tout jugement moral de ladite action. Ainsi, d'un point de
vue conséquentialiste, une action moralement juste est une action
dont les conséquences sont bonnes. Plus formellement, le
conséquentialisme est le point de vue moral qui prend les
conséquences pour seul critère normatif. On oppose généralement
Tandis que le conséquentialisme évalue un choix en examinant ses
le conséquentialisme aux éthiques déontologiques, lesquelles
conséquences, une
méthode
déontologique évaluerait
mettent l'accent sur le type d'action plutôt que sur ses
généralement ce choix en déterminant dans quelle mesure il
conséquences, et à l'éthique de la vertu, laquelle se concentre sur
satisfait aux obligations qui incombent à l'agent.
le caractère et les motivations de l'agent.
Il est présente tantôt comme une théorie portant sur le juste, tantôt
comme une théorie qui porte aussi sur ce qui est bon. Dire qu'une
chose est bonne, c'est affirmer qu'elle a une certaine valeur, en
particulier une certaine valeur positive. Dire qu'une chose est juste,
c'est affirmer que, devant un choix, c'est cette chose qui devait être
choisie. Une théorie du bien, une théorie de la valeur, nous
permettait de déterminer la valeur de différentes entités, y compris
la valeur des options. Une théorie du juste nous permettrait de
déterminer, pour tout ensemble d'options, du moins au sein d'une
certaine catégorie, l'option ou le sous-ensemble d'options qui est
juste.
Conception : P. Edgard El Haiby
Situationnisme
(pitié, sympathie,
etc.)
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
L'éthique de la situation veut travailler sur des situations de fait. Les
éthiciens adoptant cette perspective comprennent en général la
situation dans son sens existentiel. Il en résulte que seule la
personne qui se trouve en situation peut vivre celle-ci dans toute sa
réalité. Conformément à ce principe, la situation ne peut être jamais
analysée indépendamment de l'être propre et du vécu de la
personne. La même situation peut être vécue par différentes
personnes de diverses manières. Ce qui est constitutif d'une
situation n'est donc pas simplement un ensemble de circonstances,
mais aussi, dès le départ, la personne concernée et appelée à
l'action.
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L'éthique de la situation, (connue aussi sous le nom de
situationnisme) se réfère à un point de vue particulier de l'éthique
qui affirme que la moralité d'un acte est fonction de l'état du
système au moment où il est accompli. On la confond souvent avec
le relativisme moral, qui affirme qu'il n'y a pas de vérité morale
universelle, qu'il y a seulement des croyances et des perspectives,
aucune n'étant plus valide qu'une autre. L'éthique de situation en
elle-même ne dit pas s'il y a des vérités universelles ou non. Elle dit
seulement que l'état du système au moment d'un acte doit être
inclus dans la considération de l'acte.
Le terme d'éthique de situation a été étendu pour inclure de
Mais, J. Fletcher souligne que: "l'éthique de situation ne peut pas nombreuses situations dans lesquelles un code d'éthique est conçu
s'en tirer sans axiomes, mais elle les utilise, avec tout le respect pour s'accorder aux besoins de la situation.
voulu, non pas comme lois ou normes, mais comme principes. Pour
La théorie originelle de l'éthique de situation a été développée par
lui, en tant que chrétien et tenant de l'éthique de situation, la norme
Joseph Fletcher, un prêtre épiscopal, dans les années 1960. Basée
de référence suprême, le critère ultime est l'amour au sens d'agapè/
sur le concept que la seule chose qui ait une valeur intrinsèque est
Caritas.
l'Amour (spécifiquement l'agapè chrétien), Fletcher préconise un
certain nombre de cas d'actions à discuter.
Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
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Légalisme religieux Déontologique
Nominalisme
Le nominalisme est une doctrine logique, philosophique et
théologique qui a vu le jour au sein de la scolastique médiévale. Son
Doctrine philosophique selon laquelle les mots ne désignent pas la
fondateur est Roscelin. On utilise aussi le mot occamisme pour
réalité, mais seulement notre représentation de celle-ci.
désigner le nominalisme de Guillaume d'Occam, principal
Au Moyen Âge, le nominalisme de Guillaume d'Occam possède des représentant de cette école dans la scolastique tardive.
implications ontologiques (seuls existent véritablement les
individus), théologiques (l'essence divine est une, et les concepts
des attributs divins, comme ceux de volonté ou de toute-puissance, Le légalisme désigne, au sens large, le souci de respecter la loi. Il est
ne sont que des noms), et même politiques et économiques. Ce parfois utilisé dans un sens plus appuyé afin de désigner ceux qui
dernier aspect ne se révèle toutefois avec netteté que dans les prônent l'obéissance à la loi et au droit en vigueur quel qu'il soit,
écrits, bien postérieurs, de Hobbes, et dans sa défense de c'est-à-dire hors de toute considération morale et politique.
l'"individualisme possessif".
Locke et Condillac ont aussi représenté le courant de pensée
nominaliste, qui a eu des prolongements jusqu'au XXe s, avec W.
Quine, B. Russell et D. Hilbert. Le nominalisme contemporain a
parfois pris la forme de l'"instrumentalisme", conception selon
laquelle la science a pour tâche de décrire de manière adéquate et
systématique l'ensemble de nos expériences de la réalité.
Positivisme
Le positivisme est un courant de pensée né au XIXème siècle autour
des théories d’Auguste Comte, qui ne donne de crédit qu’aux
différents domaines qu’il nomme sciences. Les faits de la vie de tous
les jours sont toujours explicables par la science sous forme
d’expérience et d’observation. Le positivisme est un évolutionnisme
par la science.
Le terme positivisme désigne un ensemble de courants qui
considère que seules l'analyse et la connaissance des faits vérifiés
par l'expérience peuvent expliquer les phénomènes du monde. La
certitude en est fournie exclusivement par l'expérience scientifique.
Il rejette l'introspection, l'intuition et toute approche métaphysique
pour expliquer la connaissance des phénomènes. Le positivisme
influencera l'empirisme logique. Il a fortement marqué la plupart
des domaines de la pensée occidentale du XIXe siècle. Il est associé
à une foi parfois presque religieuse dans le progrès scientifique et la
formalisation mathématique du réel. Le marxisme est fortement
influencé par le positivisme.
Conception : P. Edgard El Haiby
Autonomisme
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
Selon Kant, l'autonomie est définie comme "la propriété qu'a la
volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute
propriété des objets du pouvoir. C'est le principe suprême de la
moralité, en tant que condition de possibilité d'un impératif
catégorique. Selon lui, il est légitime d'attribuer l'autonomie à la
volonté de tous les agents rationnels, y compris, par conséquent, à
la volonté humaine.
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La théorie de l'autonomie de la volonté est une théorie juridique qui
érige la volonté en source créatrice de droit et d'obligation.
Populaire au XIXe siècle chez les juristes, cette théorie, qui s'inspire
librement du principe kantien de l'autonomie de la volonté,
s'oppose au solidarisme contractuel et à la théorie de l'utile et du
juste.
Le respect de la loi doit prévaloir sur toute considération concernant
La théorie de l'autonomie de la volonté trouve sa justification dans
le bien-être ou le Bonheur de l'agent moral ou d'autres personnes.
l'existence de droits naturels de l'Homme, selon lesquels l'Homme
La volonté prend alors la place que "le désir raisonnable" occupait
à l'état de nature est libre.
dans les éthiques d'inspiration aristotélicienne.
Selon ce courant de pensée, les hommes naissent libres et ne sont,
C'est Kant qui a introduit de façon la plus explicite le thème de
à l'origine, soumis à aucun d'entre eux. Raisonnables, ils tombent en
l'universalité: "agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu
accord pour constituer une société qui leur profitera à tous.
puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi
universelle."
Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
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Synthèse:
Bien qu'elles aient le même but: choisir le bien et éviter le mal, les théories éthiques se diffèrent entre elles. Chacune se présente suivant un système de
convictions bien particulières, poussant l'individu à la réalisation de soi-même dans un contexte spatio-temporel bien défini.
Nous pouvons conclure que le discernement concernant un acte, ne peux se faire sans préciser une certaine appartenance à une théorie éthique.
D’où l'importance de nous situer et d'aider chaque individu à se situer dans une école éthique pour pouvoir choisir le bien et éviter le mal.
Au lieu de promouvoir telle ou telle valeur, ces écoles nous poussent à promouvoir telle et telle valeur selon l'école éthique à laquelle l'individu appartient. Ce
passage pousse le sujet à se référer de plus en plus à son système convictionnel, à hiérarchiser les valeurs non selon une échelle unidimensionnelle mais une
échelle multidimensionnelle.
Le fait de comprendre la situation de l'autre, ses convictions et ses valeurs de référence, diminue le conflit, justifie son acte et diminue le nihilisme (indifférence et
nominalisme).
Chaque individu se réalisera dans sa singularité en tant que personne humaine responsable pour soi et pour les autres dans le temps et l'espace de la personne et
de son humanité. C'est le fait de se réaliser avec, par, pour les autres et non pas à leur détriment!
Conception : P. Edgard El Haiby
Réalisation : J. Barouki – M. Douaihy
(version 1)
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Bibliographie
Articles
-
EL HAIBY Edgard, Pour bien éduquer: Eduquer au "Bien". Ethique et éducation, Article paru dans Revue de l'ILE, USJ, nº2, oct. 2002.
-
RICOEUR Paul, Ethique et morale, Revue de l'Institut Catholique de Paris, nº34, avril-juin 1996.
-
Dictionnaires
-
Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, sous la direction de Monique Canto-Sperber, PUF, 1996
-
Dictionnaire Larousse en Ligne
-
Encyclopaedia Universalis
Site Internet
-
Wikipédia
iVertu : Un habitus qui dispose du bien : Une façon d’être qui, sans cesse répétée, finit par devenir comme une seconde nature dans l’être humain. L’homme vertueux est donc celui
qui tend vers le bien comme de l’intérieur, par conviction personnelle (et non par imposition extérieure) et qui le fait de manière facile, agréable et constante. Ce n’est pas une simple
affaire de connaissance (délibération et décision) mais aussi d’habitude et de comportement (action). Vertus fondamentales : foi, espérance, amour. Vertus cardinales : prudence,
force, tempérance, justice.
ii Impératifs catégoriques de Kant : (1) Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. (2) Agis de telle sorte
que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.
Conception : P. Edgard El Haiby
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iiiLe plus grand bien pour le plus grand nombre
ivTentative de concilier subjectivité et objectivité, singularité et universalité
(version 1)
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