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CHAPITRE 2 LA MONNAIE DANS L’ECHANGE SYNTHESE
Les échanges s’effectuent par l’intermédiaire d’une monnaie qui remplit plusieurs fonctions : intermédiaire dans les
échanges, instrument de mesure de la valeur et de réserve de valeur. Ces fonctions ne peuvent être remplies que si la
monnaie possède certaines qualités : confiance et stabilité (interne et externe).
I. LES FONCTIONS DE LA MONNAIE
A. La monnaie comme intermédiaire dans les échanges
La monnaie est un instrument dans les échanges (ou un instrument d’échange) car tous les produits s’échangent contre de la
monnaie qui permet l’achat de tous les biens et services. De plus, elle rend possibles les échanges de biens hétérogènes
et autorise donc les échanges multilatéraux. La monnaie a ainsi permis de rompre avec le troc et de supprimer la double
coïncidence entre les besoins respectifs des intervenants dans l’échange. Elle facilite les transactions et garantit à chaque
individu la possibilité de choisir le produit, bien ou service, échangé.
B. La monnaie comme instrument de mesure de la valeur
La monnaie est un instrument de mesure de la valeur. Elle est une unité de compte qui est une référence de mesure.
Elle permet de fixer les prix des différents produits. La monnaie détermine une échelle générale des prix entre tous les
biens. Avec la monnaie, on peut mesurer et comparer des biens et services différents. Elle constitue un véritable étalon
de mesure et rend possible la fixation des relations d’échange d’un produit avec tous les autres biens et services.
C. La monnaie comme instrument de réserve de valeur
La monnaie est un instrument de réserve de valeur. Elle autorise l’utilisation différée dans le temps de la valeur
d’échange qu’elle représente et permet donc d’épargner, c’est-à-dire de renoncer à une consommation présente et
d’opter pour une consommation future.
Elle est un « lien entre le présent et l’avenir », comme l’a écrit Keynes.
La monnaie est l’actif liquide par excellence car elle est utilisable immédiatement comme moyen de paiement dans tout
échange. Sa liquidité procure à la monnaie un avantage sur tous les autres actifs en tant que réserve de valeur. Elle
autorise la réalisation à tout moment, sans perte de valeur (à condition qu’il n’y ait pas d’inflation), des achats, au contraire des
autres actifs qui doivent être d’abord convertis en monnaie, ce qui génère un coût.
II. LES QUALITES DE LA MONNAIE
A. La confiance dans la monnaie
Une des premières qualités de la monnaie est la confiance qu’ont ses utilisateurs de sa valeur dans la durée et de sa
capacité à servir d’instrument d’échange. La valeur de la monnaie dépend donc, en grande partie, de la confiance que
l’on a en elle. Une monnaie inspire confiance si l’on pense qu’elle sera acceptée par les autres pour payer un achat.
Lorsqu’il y a défiance vis-à-vis de la monnaie, on assiste alors à une « fuite devant la monnaie ». Les agents économiques
convertissent leur argent dans d’autres devises (souvent le dollar US) ou dans des biens (souvent des métaux précieux comme
l’or). Ils espèrent ainsi que la valeur de leur patrimoine sera mieux conservée. Ce phénomène de « fuite devant la mon-
naie » a souvent été observé dans les périodes d’hyperinflation, cest-à-dire dans le cas d’une très forte hausse des prix
qui a pour effet de dégrader le pouvoir d’achat de la monnaie. C’est ce qui s’est passé dans plusieurs pays d’Amérique
latine dans les années 1980 et dans de nombreuses ex-économies socialistes, d’Europe de l’Est, pendant les années
1990. La fiance vis-à-vis de la monnaie traduit une crise plus profonde, celle de l’État qui lui-même n’inspire plus con-
fiance.
B. La stabilité de la monnaie
Lorsque l’on parle de la stabilité de la monnaie, on distingue la stabilité interne et la stabilité externe.
1. La stabilité interne
La stabilité interne d’une monnaie correspond à celle des prix et du pouvoir d’achat des ménages lors de l’achat de biens
et services nationaux. Elle correspond à l’absence d’inflation ou à une inflation très modérée.
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L’inflation correspond à la hausse du niveau général des prix. Elle a pour conséquence d’entraîner une perte de pouvoir
d’achat pour les salariés lorsque les prix des biens et services augmentent plus vite que la hausse des salaires. Il en est
de même pour tous les titulaires de revenus non indexés sur la hausse des prix.
2. La stabilité externe
La stabilité externe d’une monnaie correspond à celle du taux de change de la monnaie nationale en devises étrangères.
De cette stabilité de la monnaie nationale, par rapport aux monnaies des autres pays, dépend le pouvoir d’achat en biens
et services produits dans le reste du monde.
Les effets de l’inflation se font sentir sur les échanges extérieurs d’un pays. Une inflation plus importante en France va
pénaliser les exportations françaises car les prix des produits importés deviennent moins élevés que ceux des produits
nationaux. Les entreprises nationales deviennent moins compétitives, sont concurrencées par les firmes étrangères, ce qui
va pénaliser les exportateurs, l’emploi et l’équilibre extérieur. Il faut donc prendre en compte le différentiel d’inflation, qui
est l’écart entre les taux d’inflation d’un pays et le taux d’inflation d’un ou de plusieurs autres pays avec qui une nation
échange.
III. LA MESURE DE LA MASSE MONETAIRE
La mesure de la masse monétaire est importante car ses variations vont affecter l’activité économique par le biais des prix
et exercer une influence sur les décisions des agents économiques.
A. La composition de la masse monétaire
1. Définition
La masse monétaire est la quantité totale de monnaie en circulation dans une économie à un moment donné.
2. L’intérêt de la mesure de la masse monétaire
La mesure de la masse monétaire permet de connaître la capacité de dépense des agents économiques. Le niveau de
cette dépense peut avoir des conséquences sur le niveau général des prix et celui de la croissance.
3. La composition de la masse monétaire
La masse monétaire est composée de différents éléments :
Des actifs monétaires qui sont « liquides », c’est-à-dire des moyens de paiement qui peuvent être utilisés im-
médiatement, sans risque de perte ou de gain en capital, pour régler une dette. Ils se composent des pièces et
des billets de banque (monnaie fiduciaire) et des dépôts à vue (argent disponible qui peut être retiré partiellement ou totale-
ment à tout moment) ;
Des actifs non monétaires, c’est-à-dire de l’épargne, qui peuvent être plus ou moins rapidement transformés en
moyens de paiement sans risques ou avec peu de risques de perte en capital (comptes d’épargne, livret A, compte
épargne-logement, livret de développement durable, titres d’OPCVM monétaires…).
B. Le contenu de la masse monétaire dans la zone euro
1. La mesure statistique de la masse monétaire par les agrégats
Les agrégats monétaires constituent une mesure statistique de la masse monétaire. Ils regroupent les avoirs facilement
transformables en moyens de paiement. Ils sont classés en fonction de leur liquidité, c’est-à-dire de leur aptitude à être
transformés rapidement et sans coût en monnaie. Le classement est effectué selon une logique de degré de liquidité dé-
croissant, du plus liquide, M1, au moins liquide, M3.
2. Les agrégats monétaires dans la zone euro
Depuis l’instauration d’une politique monétaire unique dans la zone euro, la comptabilisation des agrégats M1, M2 et M3,
pour l’ensemble de la zone, est fait par la Banque centrale européenne (BCE), qui distingue les trois agrégats suivants :
M1, agrégat étroit, comprend la monnaie fiduciaire (billets et pièces) ainsi que les dépôts à vue, qui peuvent être
utilisés pour les paiements (monnaie scripturale) ;
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M2, agrégat intermédiaire, formé de M1 auquel s’ajoutent des placements à vue rémunérés (compte sur livret, livret
A, compte épargne-logement…), qui peuvent être transformés instantanément en moyens de paiement mais qui
n’ont pas de pouvoir libératoire immédiat, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas servir directement à régler une
prestation ;
M3, agrégat large, regroupe M2 et des actifs financiers qui comportent peu de risques en capital et sont facile-
ment transformables en monnaie. C’est cet agrégat M3 qui est surtout utilisé par la BCE pour mesurer la masse
monétaire.
IV. LES EFFETS DE L’EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE
A. L’évolution de la masse monétaire et le niveau général des prix
La hausse du niveau général des prix, l’inflation, a plusieurs causes. L’excès de monnaie en circulation dans l’économie
en est une.
Lorsque la progression de la masse monétaire est plus rapide que celle de la création de richesse de l’économie, le pou-
voir d’achat monétaire s’élève trop vite. Les agents économiques vont augmenter leurs achats, la demande globale va
s’accroître. Cette demande globale amplifiée va se trouver, à court terme, face à une offre globale inchangée, d’où une
hausse des prix nominaux.
Pour les tenants de cette explication de l’inflation, c’est la croissance de la quantité de monnaie disponible dans
l’économie qui est la cause première de la hausse du niveau général des prix. Un excès de monnaie peut se traduire
par l’inflation.
B. L’évolution de la masse monétaire et la croissance économique
Il existe une relation entre la quantité de monnaie en circulation dans l’économie et le niveau de la croissance écono-
mique.
Une insuffisance de monnaie peut se traduire par une diminution de la croissance. Cette offre de monnaie insuffisante
affecte deux des principales sources de la croissance que sont la demande de biens de consommation et la demande de
biens d’équipement. Une moindre quantité de monnaie mise à la disposition des agents économiques empêche les mé-
nages d’accroître leur consommation et les entreprises de développer leurs investissements. Le mécanisme de trans-
mission à l’économie est le suivant : une offre insuffisante de monnaie qui se trouve face à une demande soutenue
entraîne une hausse des taux d’intérêt. Cette augmentation élève le coût des emprunts. Ce coût majoré fait baisser la
demande de crédits des entreprises et donc de leurs investissements. Il affecte également la consommation des mé-
nages.
Une stimulation monétaire, qui correspond à une hausse de la quanti de monnaie en circulation dans l’économie, a l’effet
inverse. Elle permet de faire baisser les taux d’intérêt, d’où une distribution plus abondante de crédits et donc une crois-
sance économique plus soutenue.
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