Corrosion des alliages d`aluminium

publicité
Corrosion des alliages d’aluminium
par
Max REBOUL
Ancien Chef de section Corrosion et Expert recherche
Centre de Recherches PECHINEY à Voreppe
Ancien Directeur de Recherche Associé au CNRS
1.
1.1
1.2
Introduction...............................................................................................
Principales utilisations de l’aluminium......................................................
Choix des matériaux....................................................................................
COR 325 — 2
—
2
—
2
2.
2.1
2.2
Rappels de métallurgie de l’aluminium .............................................
Durcissement de l’aluminium.....................................................................
Familles d’alliages d’aluminium.................................................................
—
—
—
4
4
4
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
3.6
Corrosion de l’aluminium ......................................................................
Généralités ...................................................................................................
Passivité........................................................................................................
Corrosion par piqûres .................................................................................
Corrosion caverneuse .................................................................................
Corrosion galvanique ..................................................................................
Courbes de polarisation ..............................................................................
—
—
—
—
—
—
—
5
5
6
7
11
12
13
4.
4.1
4.2
4.3
Corrosions structurales..........................................................................
Corrosion intergranulaire............................................................................
Corrosion feuilletante ou exfoliante...........................................................
Corrosion sous contraintes.........................................................................
—
—
—
—
14
14
15
16
Références bibliographiques .........................................................................
—
18
a production mondiale d’aluminium est de l’ordre de 20 Mt/an ; c’est le
second métal le plus utilisé après l’acier. La production mondiale annuelle
d’acier est de l’ordre de 800 Mt/an, mais il n’est pas très judicieux de comparer
des tonnes d’aluminium avec des tonnes d’acier car les masses volumiques sont
très différentes et parce que les matériaux métalliques sont le plus souvent utilisés sous la forme de produits minces tôles ou profilés plutôt que sous forme
massive. De ce fait, il faudrait comparer des surfaces ou des volumes donc pour
avoir des chiffres comparables plus représentatifs, on peut prendre 100 pour
l’acier et 7,5 ou 10 pour l’aluminium. Ces chiffres confirment que l’acier est le
métal le plus utilisé, cela provient du fait que les caractéristiques mécaniques de
l’acier sont plus élevées que celles de l’aluminium et que l’acier coûte moins
cher. De ce fait l’aluminium n’est préféré que lorsqu’on a besoin des caractéristiques particulières de ce métal :
— la masse volumique de 2,7 g/cm3, l’aluminium est trois fois plus léger que
l’acier. Cette propriété est particulièrement intéressante dans les transports ;
— la conductivité thermique pour la production d’échangeurs thermiques
(radiateurs automobiles, de réfrigérateurs, de climatiseurs...) ;
— la conductivité électrique pour la fabrication de câbles électriques ;
— la facilité de mise en forme pour la production de boîtes de conserve, de
boîtes boissons, de profilés de fenêtres...
L
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 1
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
La bonne résistance à la corrosion de l’aluminium fait aussi partie des propriétés attractives, déterminantes en milieu marin, et appréciée dans de nombreuses
applications [1] [2] [3].
Dans cette présentation nous commencerons par rappeler les principales utilisations actuelles de l’aluminium. Puis les problèmes de corrosion que l’on peut
rencontrer avec l’aluminium en fonction de la composition chimique des alliages, de leur structure métallurgique, des conditions de service et les solutions
recommandées pour les éviter.
1. Introduction
1.1 Principales utilisations
de l’aluminium
Les principales applications actuelles de l’aluminium (tableau 1)
sont résumées ci-après [3] [4].
■ Transports (25 %)
L’aluminium est léger, il peut être obtenu avec des caractéristiques mécaniques élevées ce qui est déterminant pour les matériaux
utilisés dans les transports. De ce fait, les avions actuels sont constitués à 80 % d’aluminium. L’aluminium est aussi utilisé pour les
transports terrestres rapides comme les trains à grande vitesse
(TGV), les bateaux à grandes vitesses (NGV) et, depuis les cinq dernières années, dans la carrosserie automobile (les voitures plus
légères consomment moins d’essence ce qui diminue aussi la pollution atmosphérique). En fait, ce nouveau développement est une
renaissance car l’aluminium était déjà utilisé il y a 50 ans dans la
voiture française Dyna-Panhard (1952-1955), mais il avait disparu de
ce marché parce que la tôle aluminium coûte 20 à 25 % plus cher
que la tôle équivalente en acier. Ce retour en grâce de l’aluminium
provient du changement de réglementations qui oblige maintenant
les fabricants de voitures à recycler leurs voitures en fin de vie. Donc
en fin de vie, les voitures retourneront chez le fabricant où elles
seront démontées en séparant les matériaux constitutifs : acier, aluminium, verre, plastiques, qui seront réutilisés pour la fabrication de
nouvelles voitures. Si le recyclage est pris en compte, l’aluminium
redevient compétitif parce que le recyclage de l’aluminium est plus
rentable que celui de l’acier pour au moins deux raisons :
— les déchets d’aluminium contiennent le tiers de l’énergie
nécessaire à la fabrication d’aluminium à partir de minerais (on économise l’électrolyse) ;
— de plus comme la température de fusion de l’aluminium
(658 ˚C) est plus basse que celle de l’acier (1 538 ˚C), il est plus économique à fondre pour élaborer de nouveaux alliages.
Un tiers de l’aluminium utilisé actuellement est de l’aluminium
recyclé.
■ Emballage (21 %)
Boîtes de conserve, boîtes boisson, feuille mince...
L’aluminium n’est pas toxique, il est facile à mettre en forme, il a
une bonne résistance à la corrosion et peut être recyclé économiquement. Pour ces raisons l’aluminium est très utilisé pour les boîtes boissons (100 % aux États-Unis, 50 % en Europe qui est en retard
pour le recyclage des boîtes), beaucoup de produits sont enveloppés dans de la feuille mince aluminium avec ou sans papier (aluminium ménager, beurre, cigarettes, chocolat...).
Les petites boîtes de conserve et les boîtes boissons sont en aluminium, car il a été le premier à permettre la fabrication de couvercles à ouverture facile (sans outil) ; cela résulte de deux avantages
de l’aluminium :
— possibilité de faire une incision par un coup de presse qui diminue localement l’épaisseur du métal (permettant l’ouverture du couvercle par déchirement) ;
— possibilité de filer un rivet intégré dans le couvercle donnant la
possibilité de fixer un anneau d’ouverture sur le couvercle sans le
perforer donc sans risque de fuite et de contamination extérieure.
Ces deux opérations ont pu être réalisées de façon fiable rapide et
économique dès le milieu des années 1960.
■ Équipements électriques (9 %)
L’aluminium est un bon conducteur de l’électricité, il est léger, si
nécessaire a de bonnes caractéristiques mécaniques. Tous les
câbles électriques de transport et de distribution extérieurs sont en
aluminium, ainsi que la plupart des équipements utilisés dans les
postes de transformation.
■ Équipements mécaniques (7 %)
Rivets, boulons, renforts de portières ou de capots de voitures...
■ Autres applications (17 %)
Il s’agit d’un grand nombre d’applications diverses et variées qui
constituent individuellement de faibles tonnages et qui vont des
meubles de bureau ou d’appartement aux panneaux de chaînes
HiFi, aux panneaux de signalisation routière, etc.
Pour la plupart de ces utilisations, la bonne résistance à la
corrosion de l’aluminium est un avantage apprécié.
■ Bâtiment (21 %)
Cadres de portes et de fenêtres, bardages de façades, toitures...
L’aluminium a une bonne formabilité ce qui donne la possibilité
de produire économiquement des profilés de formes complexes
pour les cadres de portes et de fenêtres. De plus, sa légèreté et sa
bonne résistance à la corrosion (pour la garantie décennale) et son
aspect décoratif (anodisé ou peint) le rendent attractif pour l’industrie du bâtiment.
COR 325 − 2
1.2 Choix des matériaux
Le choix de matériaux résulte habituellement d’un compromis de
propriétés [5] [6], par exemple : tenue mécanique, allongements,
fragilité, soudabilité, formabilité, résistance à la corrosion, esthétique, prix...
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
(0)
Tableau 1 – Exemples d’applications de l’aluminium et de ses alliages
Applications
Principaux critères de choix des utilisateurs
Alliages usuels retenus par
les utilisateurs
Remarques
Chaudronnerie, tôlerie
Mise en forme
Soudage
1200, 1100, 1050A
3105, 3003, 3004
5049, 5052, 5454
5754, 5086, 5083
6082, 6061
Applications mécaniques
Caractéristiques mécaniques
Usinabilité
2618A, 2024, 2017A, 2014,
2214, 2030, 2011
5086, 5083
6005A, 6082, 6061,
6012, 6262,
7075, 7049A, Fortal
Plasturgie
Caractéristiques mécaniques
Usinabilité
Conductivité thermique
2017A
5083
6061
7075
Fortal, Alumold
Construction aéronautique
et spatiale
Légèreté
Caractéristiques mécaniques
Mise en forme
Usinage
Aptitude aux traitements de surface
Tenue à la corrosion
2618A, 2024, 2014
2214, 2219
7020, 7075, 7175,
7475, 7050, 7010
Automobile
Mise en forme
Caractéristiques mécaniques
Aspect après peinture
Tenue à la corrosion
5251, 5754, 5182
5083
6060, 6005A, 6106
6082, 6016
Pour les échangeurs brasés : 3003
et 3005 plaqués
Véhicules industriels
Mise en forme
Assemblage (soudage)
Fonctionnalités des demi-produits
Esthétique
Tenue à la corrosion
3003, 3004
5052, 5454, 5754, 5086,
5083
6005A, 6082
En bandes larges :
3003, 5052, 5754
En tôles relief :
3003, 5052, 5754, 5086
Construction navale
Mise en forme
Soudage
Tenue à la corrosion
5754, 5086, 5383, 5083,
6005A, 6082
Tôles relief en 5086
Bâtiment
Mise en forme
Assemblage
Aptitude à l’anodisation, au laquage
Tenue à la corrosion
1050A
3105, 3003, 3005,
5005, 5052
6060, 6005A, 6106
Bandes prélaquées : 1050A,
3105, 3003, 3005, 5052
Bandes préanodisées : 5005
Luminaires, décoration
Aspect de surface
Aptitude aux traitements de surface
1199, 1198, 1095 1090,
1085, 1080
5005, 5657
Il s’agit de « Qualités spéciales »
Équipement du territoire,
mobilier urbain
Mise en forme
Assemblage (soudage)
Fonctionnalités sur demi-produits
Esthétique
Tenue à la corrosion
3003
5052, 5086, 5083
6005A, 6082,
6060, 6106
En tôles relief :
3003, 5754, 5086
Échangeurs thermiques
Conductivité thermique
Mise en forme
Assemblage (brasage)
Tenue à la corrosion
1050A, 1100,
3003, 3005,
6060, 6063,
8011
Pour les échangeurs brasés :
3003 et 3005 plaqués
Conducteurs électriques
Résistivité électrique
1050A, 1350, 1370
6101
Emballage
Légèreté
Mise en forme
Aptitude à la décoration
Effet barrière
Compatibilité alimentaire
1200
3000
3104, 3004
5052, 5154A, 5182
Articles culinaires
Emboutissabilité
Aptitude aux traitements de surface
1050A, 3003, 3004
4006, 4007,
5052, 5754
Les 4006 et 4007 sont des alliages
pour émaillage
Fil
Caractéristiques mécaniques
Tenue à la corrosion
5051, 5052, 5754, 5056
6101
Fil soudage
4043
5754, 5356, 5183
Les 2030, 2011, 6012 et 6262 sont
des alliages pour le décolletage
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 3
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
La résistance à la corrosion est une propriété importante, mais ce
n’est qu’une des propriétés prises en compte ou non dans ces choix
[5] [6].
■ Création
d’obstacles
comme
intermétalliques
Ils vont piéger les dislocations figure 1.
des
précipités
■ Préambule pour la corrosion de l’aluminium
Contrairement à l’acier non allié, l’aluminium non allié présente
une très bonne résistance à la corrosion en milieux naturels, mais il
a des caractéristiques mécaniques très faibles.
De ce fait, nous devons utiliser des éléments d’alliage non pour
améliorer la résistance à la corrosion, mais pour augmenter les
caractéristiques mécaniques.
Métallurgiste et spécialiste de la corrosion doivent améliorer les
caractéristiques mécaniques de l’aluminium en diminuant le moins
possible la résistance à la corrosion.
Dans l’aluminium, on n’utilise pas d’éléments d’addition pour
augmenter la résistance à la corrosion. Une exception à cette règle
pourrait être l’addition de magnésium dans les alliages de la série
5xxx pour les applications marines qui donne le meilleur compromis tenue mécanique résistance à la corrosion dans ce milieu.
2. Rappels de métallurgie
de l’aluminium
Le lecteur pourra utilement se reporter à l’article traitant le
« durcissement par précipitation des alliages d’aluminium » dans ce
traité.
2.1 Durcissement de l’aluminium
Pour augmenter les caractéristiques mécaniques d’un métal, il
faut stopper ou ralentir le mouvement des dislocations, deux solutions sont utilisées.
■ Déformation du réseau cristallin
Cela est obtenu par écrouissage à froid, ce procédé est commun à
tous les matériaux métalliques. On peut aussi ajouter des éléments
d’alliage en solution solide (les diamètres atomiques sont différents,
donc la substitution d’atomes étrangers déforme la matrice).
Pour l’aluminium [7], deux éléments d’alliage permettent d’augmenter les caractéristiques de l’aluminium en solution solide sans
dégrader la tenue en corrosion :
— le manganèse dans les alliages de la série 3xxx ;
— le magnésium dans les alliages de la série 5xxx.
a solution solide
b précipité cohérent
Atome d’aluminium
c précipité semi-cohérent
Le durcissement maximal est obtenu avec un maximum de
précipités cohérents répartis de façon homogène et uniforme
dans la matrice aluminium.
2.2 Familles d’alliages d’aluminium
Le lecteur pourra se reporter à la référence [8] et aux normes
NF EN 573 [53] à [56].
Les alliages d’aluminium sont maintenant désignés par des
numéros à 4 chiffres : 1050, 3003, 7075...
Le premier chiffre de 1 à 8 indique la famille d’alliage, il est déterminé par l’élément principal d’alliage :
— 1xxx, sans élément, pour l’aluminium non allié, les alliages
correspondent à différents niveaux de pureté, Fe et Si étant les principales impuretés de l’aluminium ;
— 2xxx Cu, pour les alliages Al-Cu, avec une sous-famille Al-Cu-Mg ;
— 3xxx Mn, pour les alliages Al-Mn ;
— 4xxx Si, pour les alliages Al-Si ;
— 5xxx Mg, pour les alliages Al-Mg ;
— 6xxx Mg + Si, pour les alliages Al-Mg-Si ;
— 7xxx Zn, pour les alliages Al-Zn-Mg, avec une sous-famille
Al-Zn-Mg-Cu ;
— 8xxx divers, pour les autres alliages.
Les deux derniers chiffres indiquent :
— la pureté de l’alliage dans les alliages de la série 1xxx
(1050 = 99,5 % Al, 1070 = 99,7 % Al, 1100 = 99 % Al) ;
— l’alliage de la série dont la composition chimique est précisée
dans les registres de désignation de l’Aluminium Association [8] qui
entérine les nouveaux alliages, pour les autres séries.
Le second chiffre correspond aux variantes de l’alliage de base,
brevetées pour des applications particulières, exemple : 7175, 7475
variantes du 7075.
Dans la série 8xxx sont rassemblés des alliages divers qui ne peuvent pas figurer dans les 7 premières séries.
Les alliages de fonderie n’ont pas encore adopté le système
de désignation numérique à quatre chiffres, chaque pays utilise
sa norme de désignation nationale.
d précipité incohérent
Atome étranger
Figure 1 – Durcissement par précipités
COR 325 − 4
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
Sans
durcissement
structural
Système Série
Phase
principale
Al
1 000 Al-Fe-Si
Al-Mn
3 000 Al6Mn
Al-Mg
5 000 Al3Mg2
0
100
Domaine de résistance mécanique (MPa)
200
300
400
500
600
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
700
Avec
durcissement
structural
Al-Mg-Si 6 000 Mg2Si
Al-Cu
2 000 Al2Cu(Mg)
Al-Zn-Mg 7 000 MgZn2
Al-ZnMg-Cu
7 000 MgZn2
+ Cu
Rp0,2 (limite conventionnelle d'élasticité à 0,2 % d'extension)
Rm (résistance à la traction)
Figure 2 – Principales familles d’alliages
d’aluminium corroyés
La figure 2 rassemble les huit familles d’alliages d’aluminium
regroupées dans deux sous-familles sans et avec durcissement
structural.
Sous forme massive, dans un milieu oxydant un film d’oxyde passif recouvre instantanément la surface du métal et l’isole du milieu
agressif.
Trois composés intermétalliques sont utilisés industriellement
pour obtenir le durcissement structural de l’aluminium [7]. Ils sont
utilisés dans les trois familles d’alliages à hautes caractéristiques
mécaniques : 2xxx, 6xxx, 7xxx. Le durcissement structural résulte
d’une composition chimique et d’un traitement thermique en trois
étapes (mise en solution, trempe et maturation ou revenu). La
figure 2 montre les huit familles d’alliage d’aluminium avec le principal composé intermétallique durcissant présent dans la structure.
Le diagramme de Pourbaix de l’aluminium [10] dans l’eau montre
que la couche d’oxyde est stable dans la gamme de pH comprise
entre 4 et 9. Par contre, elle se dissout en milieu acide (pH < 4) pour
donner des ions Al3+, et en milieux alcalins (pH > 9) pour donner des
ions aluminates AlO2−.
Les caractéristiques mécaniques accessibles, avec les différentes
familles d’alliages d’aluminium sont montrées pour les alliages
avec ou sans durcissement structural.
Un autre élément durcissant a été étudié intensivement par
l’industrie de l’aluminium dans les années 1985 à 1992 ; le
lithium 3 % en masse ajouté à l’aluminium diminue la masse de
10 %, et augmente le module d’élasticité de 10 % ; la combinaison de ces deux avantages permettait d’envisager une diminution de 25 % de la masse des avions. Malheureusement, la
production d’alliages aluminium-lithium nécessite de nouvelles
installations de fonderie avec une protection sous gaz inerte ce
qui conduit au doublement du prix du métal. Finalement l’industrie aéronautique n’a pas accepté cette augmentation de prix, et
le projet n’a pas été développé.
3. Corrosion de l’aluminium
3.1 Généralités
3.1.1 Position thermodynamique
Dans la série thermodynamique des éléments [9], l’aluminium est
classé parmi les métaux très oxydables. Cette oxydabilité est utilisée
avec l’aluminium en poudre :
— dans les feux d’artifice ;
— comme combustible dans les boosters de fusées (Ariane IV).
L’aluminium est un métal passif, sa résistance à la corrosion
est directement liée au pouvoir protecteur de sa couche d’oxyde.
L’oxyde d’aluminium est amphotère, il n’est stable qu’en milieu
neutre (4 < pH < 9), donc l’aluminium ne peut être utilisé qu’en
milieu neutre.
Des essais de corrosion d’échantillons d’aluminium dans différentes solutions de différents pH [1] confirment la bonne résistance à la
corrosion de l’aluminium en milieux neutre de pH 4 à 9 et la faible
résistance en dehors de cette zone avec quelques exceptions
(figure 22 de [1]) :
—
—
—
—
pas de corrosion dans l’acide nitrique concentré ;
pas de corrosion dans le silicate de soude ;
peu de corrosion dans l’ammoniaque ;
peu de corrosion dans l’acide acétique.
De façon générale, l’agressivité des milieux acides et alcalins est
plus fortes pour les produits minéraux que pour les produits organiques.
Pour des informations plus précises sur la résistance à la corrosion de l’aluminium dans des milieux particuliers, consulter
« Aluminium with Food and Chemicals » [11], [57].
L’aluminium est présent en abondance dans la croûte terrestre (le
plus abondant après l’oxygène et le silicium) sous forme d’oxyde
(bauxite) d’où l’on extrait l’aluminium métal par électrolyse ignée
(sels fondus) :
Al2O3 → Al
La production de métal à partir d’oxyde de bauxite par électrolyse
ignée nécessite beaucoup d’énergie (13 000 kWh/t) ce qui s’explique par la grande stabilité de l’oxyde ou la grande oxydabilité de
l’aluminium.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 5
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
Avec les meilleures techniques actuelles (Péchiney est leader
mondial pour ces techniques) 13 kWh sont nécessaires pour
produire 1 kg d’aluminium métal.
Fissures
La tendance naturelle du métal est de retourner à son état stable
d’oxyde, cette réaction inverse est la corrosion dont la réaction
s’écrit :
Al3Fe
Al + 3 H2O → Al(OH)3 + 3/2 H2 ↑
Oxyde amorphe
Al2O3
Ségrégation des
éléments nobles
et/ou volumineux
Cette réaction globale est en fait la somme de deux demi-réactions électrochimiques :
Al → Al3+ + 3 e−
Couche hydratée
Al2O3 , 3H2O
(AlOOH, H2O)
Figure 3 – Passivité des alliages d’aluminium
3 H+ + 3 e− → 3/2 H2 ↑
réduction cathodique. Les métaux redresseurs sont protégés par un
film passif du type barrière, caractérisé par une conductivité uniquement ionique [15].
3.1.2 Corrosion atmosphérique de l’aluminium
L’aluminium est un métal oxydable, ce qui ne veut pas dire que
l’aluminium n’est pas un métal résistant à la corrosion. Durant la fin
des années 1990, l’ISO (International Standard Organisation) a
demandé à un groupe de travail de mesurer la corrosion atmosphérique des métaux usuels [12]. Des échantillons d’aluminium, d’acier,
de zinc et de cuivre de 150 mm × 100 mm × 1 mm ont été testés en
atmosphères naturelles sur les cinq continents (12 pays et 48 sites
d’expositions y ont participés) pour des durées de 1 à 4 ans. Les
résultats de cette étude sont résumés dans le tableau 2 [12].
(0)
Tableau 2 – Résumé des résultats ISOCORRAG [12]
Corrosion (en µm/an)
Métal
Moyenne
Minimale
Maximale
Al
0,5
0,07
1,7
Fe
47,7
0,82
373
Zn
2,26
0,44
17,5
Cu
1,66
0,09
6,16
Ces résultats montrent que la corrosion atmosphérique moyenne
est de 0,5 µm/an pour l’aluminium, 100 fois plus faible que pour
l’acier, avec un minimum de 0,07 µm/an pour une atmosphère sèche
(désertique), et un maximum de 1,7 µm/an pour une atmosphère
marine très humide (type Panama).
3.2 Passivité
Les surfaces d’aluminium nues, sans oxyde, obtenues par usinage, par abrasion de surface ou par découpage ne restent pas nues
plus longtemps qu’un millième de seconde dans un milieu oxydant
[13]. L’aluminium est habituellement recouvert d’une couche d’alumine amorphe Al2O3 de 2 à 4 nm d’épaisseur [14]. L’épaisseur augmente avec la température, par exemple l’épaisseur est doublée
pendant un traitement thermique de recuit à 500 ˚C. Le film d’oxyde
est très compact ( V Al2 O3 ⁄ V Al = 1 ,4 avec V volume ) et très adhérent à la surface du métal (il est stable en solutions de pH neutre
[10] : 4 < pH < 9).
Parmi les métaux passifs, l’aluminium fait partie des métaux
redresseurs [15] avec : Hf, Nb, Ta, Ti et Zr. Entre ces métaux et un
électrolyte, le courant électrique ne passe que dans le sens de la
COR 325 − 6
Sur l’aluminium haute pureté, le film d’oxyde (dont on peut augmenter artificiellement l’épaisseur par anodisation dans l’acide borique) est un isolant parfait qui est utilisé comme couche diélectrique
dans les condensateurs électrolytiques.
Al2O3 est aussi une céramique, c’est-à-dire un matériau dur et fragile. Le film mince qui recouvre l’aluminium contient habituellement un nombre important de défauts mécaniques [16] (104/cm2), le
plus souvent sous forme de microfissures [16] (≈ 10 nm). Le film
d’oxyde s’hydrolyse en milieu humide, de ce fait l’aluminium est
habituellement protégé par une double couche d’oxyde :
— une couche d’oxyde anhydre et amorphe côté métal ;
— une couche d’oxyde hydratée côté environnement.
La couche hydratée est moins protectrice que la couche anhydre,
cette perte de protection sera automatiquement compensée par une
oxydation du métal formant une couche d’oxyde plus épaisse correspondant au nouvel équilibre entre le métal et l’environnement
humide.
La figure 3 montre schématiquement une couche d’oxyde sur un
alliage d’aluminium. En plus de l’aluminium, les alliages contiennent des impuretés et des éléments d’addition en solution solide et
sous forme de composés intermétalliques. Les éléments plus actifs
que l’aluminium, en solution solide, comme le lithium, vont s’oxyder en premier et former une couche peu protectrice en extrême surface. Les éléments plus nobles que l’aluminium comme le cuivre,
mais aussi les éléments plus actifs mais plus volumineux comme le
magnésium (Mg passe dans la couche d’oxyde au cours de traitements haute température type recuit sans dégrader pour autant la
résistance à la corrosion de l’alliage, mais posant des problèmes
d’adhérence pour les revêtements), vont s’accumuler à l’interface
métal/oxyde au cours de l’oxydation. Ils ne passeront dans l’oxyde
qu’au-dessus d’un certain seuil variable avec l’élément considéré
[17].
Les alliages contiennent aussi des composés intermétalliques [7]
et, en particulier, de gros précipités (1 à 10 µm) non cohérents avec
la matrice, qui se forment à haute température pendant la solidification et pendant les traitements thermiques à haute température
comme l’homogénéisation avec les éléments peu solubles dans la
matrice aluminium : Fe, Mn, Cr... Ces composés plus durs que la
matrice aluminium vont être incrustés dans le métal au cours de la
transformation [18] (laminage ou filage) générant des défauts dans
la couche d’oxyde.
L’expérience montre que les essais pour éliminer ces impuretés de surface, par un décapage chimique suivi d’une conversion
pour régénérer le film d’oxyde, n’améliorent pas la résistance à
la corrosion par piqûres comparé au métal brut de laminage. Le
décapage chimique de la surface révèle d’autres composés
intermétalliques et leur effet cathodique néfaste sur la corrosion.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
3.3 Corrosion par piqûres
eau + Cl–
Comme tous les métaux passifs dont la résistance à la corrosion
dépend du pouvoir protecteur d’un film passif (aciers inoxydables,
titane...), l’aluminium est sensible à la corrosion localisée par piqûres dans les milieux corrosifs sévères [19] à [21]. Cela résulte d’une
perte locale de passivité. Pour l’aluminium, la corrosion par piqûres
se produit essentiellement dans des milieux contenant des chlorures. Dans les eaux douces par exemple, le phénomène peut se produire quand l’eau contient plus de 50 ppm (Cl− > 50 ppm) et/ou
quand l’eau est polluée par des métaux lourds (Cu2+, Pb2+...). Une
formule empirique [22] permet de prédire l’agressivité d’une eau
vis-à-vis de l’aluminium d’après sa composition chimique :
6OH–
H2
Cl–
3/2 O2 + 3H2O
Al(OH)3
Al3Fe
AlCl4–
Al(OH)3
Al3+
3e–
log p = 2 ,5 – 0 ,28 log ( SO 42– ) + 0 ,18 log Cl – – 0 ,20 log [ ( pH – 7 ) 2 × 100 ]
– 0 ,42 log ( 3 000 ⁄ R ) – 0 ,06 log ( Cu 2+ × 1 000 )
avec
p
le nombre de semaines nécessaires à la
corrosion par piqûres pour pénétrer de
1 mm dans l’aluminium,
SO 42– , Cl−, Cu2+
les teneurs en ions (en mg/L),
R
la résistivité de l’eau (en ohm/cm).
3.3.1 Mécanismes de corrosion par piqûres
Pour les alliages d’aluminium, la réaction cathodique contrôle le
phénomène de corrosion par piqûres (voir § 3.3.4.1). Dans notre
revue bibliographique [20], nous avons proposé un mécanisme en
plusieurs étapes que nous résumons ci-après.
3.3.1.1 Amorçage des piqûres
La corrosion par piqûres de l’aluminium se produit principalement dans des milieux contenant des chlorures, mais un agent oxydant est également nécessaire (c’est souvent l’oxygène dissous). La
corrosion par piqûres ne se produit pas sur un échantillon isolé dans
une solution de chlorure désaérée. Les principales étapes sont :
— l’absorption de Cl− dans les défauts de la couche d’oxyde ;
— la réduction lente de l’oxygène dissous aux sites cathodiques
(la capacité de double couche se charge jusqu’à la rupture de
passivité) ;
— la rupture de la couche passive aux points faibles ;
— l’oxydation rapide de l’aluminium mis à nu aux points de rupture.
Ces étapes d’amorçage forment un grand nombre (≈ 106/cm2) de
micropiqûres (0,1 à 1 µm).
Contrairement à d’autres métaux passifs, en particulier les
aciers inoxydables, l’amorçage des piqûres n’est pas l’étape
limitante et déterminante pour la corrosion par piqûres des alliages d’aluminium.
3.3.1.2 Propagation des piqûres
Pour les alliages d’aluminium, la réaction cathodique limite et
contrôle (voir § 3.3.4.1) le phénomène de corrosion par piqûres
(amorçage et propagation). Un plus grand nombre de piqûres vont
se former dans les alliages contenant du cuivre et/ou des composés
intermétalliques cathodiques. Moins il y a d’éléments cathodiques
(éléments d’alliages et/ou impuretés), meilleure est la résistance à la
corrosion par piqûres. En l’absence de polarisation, seulement quelques piqûres vont se propager sur des échantillons isolés.
Pendant la propagation, la teneur en chlorures Cl− des piqûres en
cours de propagation augmente (parce que le transport du courant
dans l’électrolyte est principalement assuré par le déplacement des
ions les plus mobiles Cl−) (figure 4).
Figure 4 – Propagation autocatalytique des piqûres
Dans cette solution concentrée en Cl−, une couche de complexe
chlorurée se forme au fond des piqûres à la place de la couche passive. Cette couche de complexe soluble est une condition nécessaire
à la poursuite de la propagation.
Les ions Al3+ générés aux sites anodiques actifs vont s’hydrolyser
dans le milieu neutre, ce qui consomme des ions OH− et acidifie la
solution à l’intérieur de la piqûre, puis précipitent dans le milieu
neutre extérieur en formant un volumineux chapeau d’alumine audessus de la piqûre (figure 4).
Les deux phénomènes, formant une solution agressive (acide et
riche en chlorures) à l’intérieur des piqûres actives, contribuent à
entretenir l’activité des piqûres, pour cette raison on dit que le phénomène de corrosion par piqûres sur l’aluminium est un phénomène autocatalytique.
Par contre, les bulles d’hydrogène, formées par l’autocorrosion de
l’aluminium dans la piqûre au contact de la solution agressive, contribuent, avec la diffusion, à limiter la formation d’une solution
agressive concentrée à l’intérieur des piqûres actives.
La propagation des piqûres s’arrête quand le courant de corrosion
décroît et ne peut plus renouveler assez vite la couche de complexe
chlorurée en fond de piqûres. Le complexe est alors dissous et remplacé par la couche passive ; la solution agressive à l’intérieur de la
piqûre va se diluer, c’est la fin de la propagation, la mort de la
piqûre.
3.3.2 Corrosion par piqûres et microstructure
Les examens MEB (microscopie électronique à balayage)
d’échantillons polis pendant les premières étapes de l’amorçage des
piqûres révèlent la présence de composés intermétalliques dans les
piqûres. Cette observation a récemment été confirmée par T. Warner
[23] avec des alliages de la série 2xxx par des examens AFM
(microscopie à force atomique). Les piqûres s’amorcent aux défauts
de la couche d’oxyde, le plus souvent liés à des composés intermétalliques près de la surface.
Il est généralement accepté que les composés intermétalliques
ont deux influences :
— ils perturbent la formation de la couche d’oxyde (figure 3) et
sont à l’origine de nombreux défauts ;
— ces précipités, le plus souvent plus nobles que la matrice, ont
une influence cathodique négative qui accélère la formation et la
croissance des piqûres.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 7
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
Cale étalon à gradins
Profondeur des piqûres
Cependant, la présence de précipités n’est pas une condition
nécessaire pour la formation de piqûres sur l’aluminium. Une
très bonne étude japonaise sur les mécanismes de formation
des piqûres sur l’aluminium a recherché les facteurs métallurgiques à l’origine des piqûres. Les études de corrélation confirment que les composés intermétalliques superficiels sont à
l’origine des piqûres dans les alliages industriels. Une deuxième
étude avec de l’aluminium de haute pureté (99,99 %) montre
une bonne corrélation entre la localisation des piqûres et les
joints de grains. Une troisième étude avec des monocristaux
d’aluminium de haute pureté montre que la résistance à la corrosion par piqûres est meilleure, mais des piqûres se forment
néanmoins. L’auteur concluait que la corrosion par piqûres sur
l’aluminium s’amorce aux points faibles de la couche d’oxyde
qui sont au voisinage des composés intermétalliques superficiels dans les alliages industriels. La résistance à la corrosion
par piqûres est améliorée avec de l’aluminium de haute pureté,
mais le risque de corrosion par piqûres n’est pas complètement
supprimé et ne permet pas d’éviter tout risque de corrosion par
piqûres et de perforation sur feuilles minces (100 µm).
Densité optique
Tube à rayons X
3.3.3 Étude de la corrosion par piqûres
de l’aluminium
Pour étudier la corrosion par piqûres des alliages d’aluminium, on
mesure les profondeurs de piqûres sur échantillons corrodés. Cela
résulte du comportement particulier de l’aluminium qui est différent
de celui des aciers inoxydables. L’amorçage des piqûres n’est pas
l’étape déterminante, c’est la propagation plutôt que l’amorçage qui
contrôle le phénomène de corrosion par piqûres. De ce fait, le
potentiel de piqûres, qui caractérise la difficulté d’amorçage des
piqûres et qui est utilisé pour étudier et comparer la résistance à la
corrosion par piqûres des aciers inoxydables (plus le potentiel de
piqûres est noble meilleure est la résistance à la corrosion par piqûres de l’alliage), ne s’applique pas aux alliages d’aluminium.
Nous avons vérifié expérimentalement que le potentiel de
piqûres des alliages d’aluminium n’est corrélé ni à leur résistance à la corrosion par piqûres, ni au critère densité de piqûres,
ni au critère du maximum de pénétration des piqûres.
Nous l’avons contrôlé à plusieurs reprises avec différents alliages
d’aluminium au Centre de Recherches Péchiney, mais ceci est évident si l’on compare la résistance à la corrosion par piqûres d’alliages d’aluminium contenant ou non du cuivre. La présence de cuivre
en solution solide dans l’aluminium déplace son potentiel de corrosion et également son potentiel de piqûres vers des valeurs plus
nobles ce qui devrait correspondre à une amélioration de la résistance à la corrosion par piqûres suivant le modèle des aciers inoxydables. Mais tout le monde sait que la présence de cuivre dans
l’aluminium diminue sa résistance à la corrosion par piqûres.
La profondeur de piqûres est habituellement mesurée avec la vis
micrométrique d’un microscope optique en focalisant sur la surface
plane non corrodée, puis sur le fond de la piqûre. Cette méthode
permet une mesure précise, mais elle est pénible pour l’opérateur
ce qui limite le nombre de mesures sur chaque échantillon.
Pour éviter cette limitation, nous avons étudié et mis au point au
centre de Recherches Péchiney une méthode automatique qui utilise
la radiographie des rayons X et l’analyse d’images [24] (figure 5).
L’absorption des rayons X augmente avec l’épaisseur de l’aluminium. La corrosion diminue localement l’épaisseur du métal ce qui
donne des taches sur la radiographie. Les taches sont d’autant plus
foncées que la corrosion est profonde. Dans cette méthode, on calibre la couleur des taches en épaisseurs équivalentes de métal pour
mesurer la profondeur des piqûres. Un calibrage préliminaire de la
couleur des taches est réalisé avec une cale à gradins du même
COR 325 − 8
Courbe d’étalonnage
en niveaux de gris
Cale
étalon
Échantillon
corrodé
Figure 5 – Mesure de la corrosion par radiographie X et analyse
d’images
alliage et de la même épaisseur que l’échantillon corrodé à mesurer.
L’échantillon corrodé et la cale à gradins sont radiographiés simultanément sur le même film. L’image de la cale à gradin est utilisée
pour faire une courbe d’étalonnage en niveaux de gris et en épaisseurs de métal équivalentes. Les profondeurs de piqûres sont alors
mesurées en utilisant cette courbe d’étalonnage.
Cette technique est toutefois limitée aux mesures sur feuilles minces (≈ 0,3 à 5 mm). Pour les produits plus épais ou d’autres formes
d’échantillons, on utilise toujours la méthode optique.
Les profondeurs de piqûres sont ensuite analysées avec la
méthode statistique des valeurs extrêmes de Gumbel [19] à [22].
Chaque échantillon est virtuellement découpé en N échantillons
identiques (40 sur la figure 6) ; sur chaque échantillon élémentaire,
on mesure les profondeurs de piqûres. Les résultats sont ensuite
reportés sur un diagramme des valeurs extrêmes de Gumbel
(figure 6) :
— en abscisse, sur une échelle linéaire, les profondeurs de piqûres maximales ;
— en ordonnée, sur une échelle log de log, la probabilité cumulée
de piqûration (n/N + 1), avec n le rang de l’échantillon classés par
ordre de profondeurs maximales croissantes, N le nombre total
d’échantillons.
Dans la plupart des milieux, on obtient une droite, ce qui donne la
possibilité de déterminer précisément la profondeur maximale des
piqûres et d’extrapoler les résultats à un plus grand nombre
d’échantillons correspondant à la surface réelle d’une installation
envisagée, par exemple.
La profondeur maximale des piqûres formées sur l’aluminium
dans des atmosphères par exemple, augmente avec le temps
(figure 7 a) (résultats obtenus sur des échantillons 150 mm ×
200 mm) [2]. Si on obtient le maximum de pénétration après différentes durées d’exposition, on peut déterminer la loi de propagation du
maximum de pénétration des piqûres dans le temps (figure 7 b).
Dans de nombreux milieux, on observe une loi de la forme [21] :
d = Kt1/3
avec
d
profondeur maximale de piqûres (en µm sur la
figure 7),
t
temps (en années sur la figure 7).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
1050
050 H
H18
8 ;22ans
ansatmosphere
atmosphèremarine
marine
3
0,95
,9
2
3.3.4.1 Diagramme expérimental potentiel-pH
de l’aluminium dans l’eau de mer
0,8
0,7
0,6
0,5
0
0,2
0,1
1
0
–1
Probabilité
cumulé
–2
0
100
200
300
Profondeurs maximales des piqûres (µm)
Figure 6 – Corrosion par piqûres analyse des résultats : diagramme
de Gumbel
La connaissance de la loi de propagation permet une comparaison plus précise entre alliages pour des conditions corrosives données et d’extrapoler les résultats dans le temps.
Exemple : on peut utiliser cette méthode pour prédire la durée de
vie d’une toiture ou de tubes d’irrigation ou l’épaisseur minimale à utiliser pour une durée de vie donnée.
Profondeurs maximales des piqûres (µm)
Ces résultats (figure 7 b) ont été obtenus avec trois alliages d’aluminium différents : 1050 aluminium non allié (99,5 % Al), 3003 (AlMn 1 %), 5052 (Al-Mg 2,5 %). Il n’y a pas de différence significative
de comportement à la corrosion par piqûres entre ces alliages. Ces
résultats confirment que les alliages d’aluminium peu alliés sont
protégés par une couche d’alumine pratiquement pure ce qui explique une résistance à la corrosion identique à celle de l’aluminium
non allié qui est excellente. Il faut cependant rappeler que ceci n’est
pas vrai pour certains éléments d’addition comme le zinc et surtout
le cuivre qui diminuent rapidement la résistance à la corrosion de
l’aluminium, mais ces éléments ne sont utilisés que dans les alliages à hautes caractéristiques mécaniques dont l’intérêt est d’abord
mécanique.
700
600
500
400
1 050
300
1 050
3 003
200
3 003
100
5 052
5 052
0
0
10
20
Temps (ans)
Le diagramme expérimental potentiel-pH [25] (figure 8) a été
obtenu dans une solution de NaCl à 30 g/L tamponnée à différents
pH. Dans ces solutions, nous avons mesuré :
— le potentiel de corrosion E0 ;
— le potentiel de piqûres Ep ;
— le potentiel de protection Epp ;
— le potentiel de dissolution anodique généralisée Ega que l’on
observe en augmentant la densité de courant anodique (polarisation anodique).
Egc est le potentiel de corrosion généralisée (sous polarisation
cathodique) (signification des différents indices p = piqûres, c =
cathodique, a = anodique, g = généralisée).
Ce diagramme montre que :
— le potentiel de corrosion et le potentiel de piqûres sont identiques ce qui veut dire que, sans polarisation, l’aluminium est sensible à la corrosion par piqûres dans l’eau de mer aérée ;
— la polarisation anodique dans ce milieu augmente la densité
de piqûres et la pénétration des piqûres. Si on augmente suffisamment la densité de courant anodique, on observe une coalescence
des piqûres et une dissolution généralisée plus ou moins uniforme ;
— par contre, si on polarise cathodiquement l’échantillon, on
arrive dans un domaine de passivité ou la corrosion par piqûres ne
se produit pas. Mais si on augmente la polarisation cathodique, des
piqûres se produisent à nouveau sous polarisation cathodique, et si
on augmente encore la densité de courant cathodique les piqûres
coalescent et on observe une attaque généralisée.
Ce diagramme expérimental confirme que la corrosion par
piqûres de l’aluminium est sous contrôle cathodique.
On n’observe pas le domaine d’immunité présent sur le diagramme théorique de Pourbaix [10] ? Quand un échantillon est polarisé cathodiquement dans une solution aqueuse, de l’hydrogène se
dégage sur l’échantillon, cette réaction consomme des ions H+ près
de la cathode entraînant une alcalinisation de la solution. Dans le
cas de l’aluminium, si cette alcalinisation dépasse pH 9, la corrosion
alcaline se produit et se généralise si on augmente la densité de
courant.
Profondeurs maximales des piqûres (µm)
4
n/N + 1 (%)
– ln(– ln(n/N + 1))
3.3.4 Protection
700
600
500
400
1 050
300
1 050
3 003
200
3 003
100
a d = f (t)
5 052
5 052
0
0
1
2
5
10
20
Temps (ans)
b d = f (t 1/3)
Figure 7 – Propagation des piqûres dans l’aluminium en milieux atmosphériques
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 9
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
E (V/ECS)
Attaque généralisée
Ec
Piqûres
0,6
Passivité
imparfaite
Ega
0,8
1
Passivité
1,2
Epa = E0
Piqûres
1,4
Epc
1,6
Attaque
généralisée
1,8
2
Egc
2,2
2,4
2,6
–1 0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10 11 12 13 14
pH
Figure 8 – Diagramme expérimental potentielpH, Al/eau de mer
La protection cathodique de l’aluminium dans un milieu conducteur comme l’eau de mer peut être obtenue par différentes techniques, courant imposé par un générateur extérieur (vs une électrode
insoluble en titane platiné par exemple) ou par couplage avec des
anodes sacrificielles (zinc ou aluminium seulement car les anodes
de magnésium entraînent de la corrosion cathodique).
défauts de la très fine couche d’oxyde naturelle (≈ 3 nm), l’anodisation sulfurique permet d’augmenter artificiellement l’épaisseur de la
couche d’oxyde à 15-20 µm (5 000 fois plus épaisse). Cette couche
d’oxyde anodique est obtenue par anodisation dans l’acide sulfurique. Cet acide dissolvant l’aluminium, la vitesse de formation de la
couche doit être supérieure à celle de sa dissolution. On obtient
alors une couche d’oxyde épaisse mais poreuse. Pour être réellement protectrice, cette couche poreuse doit être colmatée. Le colmatage est généralement (au Japon le colmatage est souvent réalisé
par imprégnation de vernis) obtenu par immersion dans de l’eau
bouillante dé-ionisée [27] qui forme une couche de böhmite [14]. Les
couches anodiques sont très efficaces pour protéger l’aluminium de
la corrosion par piqûres, à condition d’être réalisées dans les règles
de l’art (anodisation dans un acide non pollué, respect des épaisseurs et des conditions de colmatage).
3.3.4.2 Protection par placage
3.3.4.3.2 Protection par peinture
Dans des milieux peu conducteurs comme l’atmosphère, on peut
utiliser une protection rapprochée par plaquage. On utilise pour cela
le fait que certains éléments d’addition en solution solide dans l’aluminium modifient son potentiel [1] [2]. Ainsi le manganèse et le cuivre déplacent le potentiel de l’aluminium vers des valeurs plus
nobles, à l’inverse d’autres éléments comme le magnésium et surtout le zinc déplacent le potentiel de l’aluminium vers des valeurs
plus actives, plus anodiques [1] [2].
Donc si on plaque un alliage 7072 (Al-Zn 1 %) sur un alliage 3003
(Al-Mn 1 %) [26], la différence de potentiel de 150 à 200 mV entre ces
deux alliages empêchera la pénétration des piqûres dans l’âme en
3003, même dans des milieux peu conducteurs comme l’eau douce
ou l’atmosphère.
La protection par peinture est une autre façon de protéger l’aluminium comme tous les autres métaux. Une préparation de surface
[27] avant peinture, spécifique à chaque métal, est nécessaire pour
obtenir une bonne adhésion de la peinture sur le métal, qui garantit
une protection longue durée. On utilise différentes préparations de
surface avant peinture sur l’aluminium, suivant le produit (tôle ou
profilé) et la destination finale du produit (emballage alimentaire,
bâtiment... autres) :
Donc, il est possible d’éviter la corrosion par piqûres des alliages
d’aluminium en utilisant une « protection cathodique », mais il est
nécessaire de contrôler et de limiter la polarisation de 150 à 200 mV
cathodique par rapport au potentiel de corrosion du métal ; au-delà
une corrosion cathodique se produit. Cela ne signifie pas que le diagramme de Pourbaix aluminium-eau est faux, mais qu’il n’est pratiquement pas possible de polariser cathodiquement un métal sans
qu’il y ait simultanément dégagement d’hydrogène qui s’accompagne inévitablement d’une augmentation du pH à la cathode.
3.3.4.3 Traitements de surface
3.3.4.3.1 Anodisation
L’anodisation sulfurique [27] est la protection habituellement utilisée pour protéger les profilés du bâtiment (cadres de portes et de
fenêtres). On sait que les piqûres s’amorcent sur l’aluminium nu aux
COR 325 − 10
— conversion
phospho-chromique
(type
boîtage) :
15 nm < e < 50 nm ;
— conversion chromique (type bâtiment) : 15 nm < e < 200 nm.
À noter qu’un traitement de conversion n’est pas une protection
de surface, seul il ne permet pas de protéger efficacement l’aluminium contre la corrosion.
La conversion chromique tend a être remplacée par une préparation de surface sans chrome.
Exemple : l’anodisation phosphorique utilisée pour le traitement
des bandes d’aluminium pour skis qui permet un assemblage composite multimatériaux très résistant mécaniquement.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
Al3+
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
OH–
H+
Anode acide
Al
Al 3+ + 3e–
Al 3+ + 3H2O
Al (OH) 3 + 3H+
a dissolution anodique sous-cutanée
OH–
Al3+
H+
Essai de laboratoire
Exposition 1 h aux vapeurs d'HCl concentré, suivie d'une exposition de
1 000 à 2 000 h en chambre humide (40 °C et 82 % HR).
Cathode alcaline O2 + 2H2O + 4e–
4OH–
b délaminage cathodique
Figure 9 – Corrosion filiforme de l’aluminium peint
Figure 10 – Corrosion filiforme : mécanismes
Le métal peint peut subir une corrosion spécifique aux métaux
peints : la corrosion filiforme.
■ Corrosion filiforme
La corrosion filiforme (figure 9) s’initie aux défauts du revêtement
(découpe transversale des profilés, rayures...) puis se propage à
l’interface métal peinture formant de fins filaments (≈ 0,1 mm de
large et quelques mm de long). Ce phénomène se produit dans des
atmosphères marines très humides.
La corrosion filiforme résulte de la propagation d’une tête active
humide laissant une queue sèche inerte [28] à [31] (figure 10). La
tête active se déplace en permanence (≈ 0,5 mm/jour pour l’aluminium) empêchant la pénétration de la corrosion plus profondément
dans le métal (40 µm maximum pour l’aluminium). Ainsi, la corrosion filiforme est seulement un problème de dégradation d’aspect,
le gonflement des produits de corrosion sous la peinture ressemble
à une minigalerie de taupe sous la peinture, mais ce phénomène
préliminaire va ensuite s’étendre et provoquer la formation et le
décollement de cloques de peintures.
La tête active humide est une microcellule électrochimique avec
deux modes de fonctionnement possibles comme le montre schématiquement la figure 10. Pour l’aluminium, le mécanisme de dissolution anodique sous le revêtement est très largement accepté,
nous avons confirmé ce mécanisme pour les revêtements organiques des profilés de bâtiment par poudrage et cuisson. Par contre,
le mécanisme de délaminage cathodique, habituellement attribué à
la corrosion filiforme de l’acier peint, peut être responsable de la
corrosion filiforme de l’aluminium avec certains traitements de surface avant peinture. Nous avons démontré (résultat non publié) que
c’est le cas avec des traitements de surface utilisés dans l’automobile et mis au point pour l’acier (cataphorèse plus phosphate de
zinc). Donc, le traitement de surface avant peinture plutôt que la
nature du métal revêtu conditionne le mécanisme de propagation
de la corrosion filiforme.
● Prévention
Attention d’abord au choix de l’alliage d’aluminium, qui doit avoir
une faible teneur en cuivre et un bas niveau d’impuretés plus nobles
que Al. La préparation de surface avant peinture est déterminante,
un décapage poussé (> 1 µm) est nécessaire. Pendant la transformation (filage ou laminage), une fine couche recristallisée très écrouie
est formée à la surface du métal. Cette fine couche est très réactive
[32], aussi il est nécessaire de l’éliminer pour éviter le risque de corrosion filiforme [32]. On forme ensuite une couche d’oxyde épaisse
par conversion chromique (> 1 µm), ou anodisation (> 5 µm). L’anodisation chromique (2-3 µm) est employée avec succès dans le cas le
plus difficile avec les alliages au cuivre utilisés dans la construction
aéronautique.
● Essais de contrôle : norme NF EN ISO 4623-2 [58].
3.4 Corrosion caverneuse
Contrairement aux aciers inoxydables, les alliages d’aluminium
(sans cuivre) ne sont pas sensibles à la corrosion caverneuse ou si
peu que ce n’est pas un problème en pratique. Cela peut paraître
surprenant car l’aluminium est très sensible à l’humidité pendant le
transport et le stockage de tôles empilées ou en bobines, l’humidité
va tacher le métal. Mais ce problème ne résulte ni d’un phénomène
de corrosion caverneuse, ni d’une réaction de corrosion électrochimique entre la crevasse et la partie extérieure du métal au
contact d’un électrolyte externe. Il se produit sur les surfaces
simplement en contact avec une fine couche d’humidité entre les
feuilles qui hydrate le film d’oxyde ce qui augmente l’épaisseur et
change la couleur et l’aspect de l’aluminium.
Nota : pour éviter cette corrosion inesthétique, il est nécessaire d’empêcher l’humidité
de mouiller ou de se condenser dans l’empilement en contrôlant l’humidité et la température durant le transport et le stockage. De plus pour les alliages sensibles (alliages à hautes
caractéristiques au cuivre), on recouvre le métal d’un film d’huile. Pour la protection temporaire des produits en aluminium à l’extérieur, on peut utiliser un film plastique pelable.
Une des raisons de la bonne résistance à la corrosion caverneuse
des alliages d’aluminium sans cuivre est que l’aluminium est peu
sensible aux piles d’aération différentielle, donc, après le lent
appauvrissement en oxygène de la solution dans la crevasse, la pile
d’aération différentielle (entre la crevasse et la solution extérieure)
produit une lente réaction d’acidification de la solution à l’intérieur
de la crevasse.
Cela est illustré par le fait que l’immersion partielle de structures
en aluminium dans l’eau de mer ne produit pas de corrosion sous le
niveau de l’eau de mer comme pour l’acier ordinaire, mais augmente seulement très légèrement la corrosion juste au-dessus du
niveau de l’eau dans le ménisque et dans la zone d’éclaboussure
(formation d’une pile de concentration en chlorures résultant de
l’évaporation de l’eau dans le ménisque) comme illustré sur la
figure 11.
Ces expériences de laboratoire effectuées en collaboration avec
l’ENSCP (non publiées) expliquent les résultats observés par
A. Guilhaudis avec un radeau entièrement réalisé en aluminium
soudé (5083 et 6061) utilisé pendant vingt-cinq ans pour des essais
de corrosion en immersion totale et en semi-immersion dans l’eau
de mer [59]
L’aluminium n’est également pas sensible à la corrosion caverneuse parce que, comme pour la corrosion par piqûres, le phénomène est contrôlé par la réaction cathodique (§ 3.3.4.1). De plus
l’acidification et l’augmentation de la teneur en chlorures de la zone
anodique dans la crevasse ou la piqûre sont limitées par l’autocorrosion de la matrice en aluminium au contact de cette solution
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 11
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
Pour les alliages d’aluminium, les éléments d’alliages ne changent pas la résistance de l’alliage à l’acidification et à l’augmentation de la teneur en chlorures qui sont limités par la corrosion de la
matrice aluminium à pH = 3, quelle que soit la composition de
l’alliage. A cette limite, l’aluminium se corrode (limite de résistance
de l’aluminium du diagramme thermodynamique Al-eau), au-delà
l’aluminium se corrode également et le dégagement d’hydrogène,
qui en résulte, aide la diffusion à limiter l’acidification et l’augmentation en chlorures dans la crevasse. La corrosion augmente la surface de l’anode, ce qui empêche la propagation contrôlée par la
réaction cathodique qui ne peut plus générer assez de chlorures à
l’anode pour maintenir la couche de complexe chloruré dans la partie active de l’anode pour poursuivre la propagation.
Niveau de l'eau de mer
Gouttes d'eau de mer
b aluminium
(pile de concentration en chlorures)
Figure 11 – Comparaison de la corrosion à la ligne d’eau dans l’eau
de mer de l’acier ordinaire et de l’aluminium
3.5 Corrosion galvanique
La corrosion galvanique est le point faible de la résistance à la corrosion de l’aluminium en raison de sa position dans la série galvanique [33] [34]. Il faut ajouter à cette liste de matériaux cathodiques, le
graphite utilisé pour stabiliser les caoutchoucs et certains plastiques
qui peuvent devenir dangereux au contact de l’aluminium dans les
milieux agressifs.
agressive, limités en pratique à pH = 3, et AlCl3 3M [19]. La matrice
en aluminium au contact de cette solution va se corroder, cette corrosion additionnelle produit des bulles d’hydrogène dans le site
anodique dont le dégagement (entraînement d’électrolyte par les
bulles vers l’extérieur) limite l’acidification et l’augmentation de la
teneur en chlorures à pH = 3, et AlCl3 3M [20].
Quand deux métaux différents comme l’aluminium et l’acier sont
en contact électrique dans le même milieu électrolytique, ils forment un couple galvanique qui produit du courant en consommant
le métal le plus anodique (figure 12). L’aluminium, qui est anodique
par rapport à la plupart des métaux usuels, est généralement la victime de ces assemblages.
Dans le cas des aciers inoxydables, la première étape de la corrosion caverneuse est l’appauvrissement en oxygène de la solution à
l’intérieur de la crevasse. Elle produit ainsi une pile d’aération différentielle entre la crevasse et le métal extérieur (au contact de la solution extérieure) conduisant à l’acidification et à l’augmentation de la
teneur en chlorures dans la crevasse. La corrosion, dans la crevasse
intervient quand le pH de dépassivation de l’alliage est atteint. Le pH
de dépassivation des aciers inoxydables diminue (s’améliore) avec
la teneur en éléments d’alliages, en chrome puis en nickel. La résistance à la corrosion caverneuse des aciers inoxydables à des pH de
dépassivation encore plus acides peut être encore améliorée par
des additions de molybdène.
La corrosion galvanique nécessite trois conditions :
— deux métaux différents ;
— un contact électrique (courant électronique) ;
— un contact électrolytique (courant ionique).
Contact métallique courant électronique
(en mV/ECS)
+10
Titane ............................................
– 100
Cuivre ...........................................
– 150
Laiton ............................................
– 200
Acier ..............................................
– 600
2024-T4 ........................................
– 610
1050 ...............................................
– 750
7072 ...............................................
– 880
Cadmium .....................................
– 800
Zinc ................................................
– 1 100
3e–
2O
+100
Acier inoxydable 316 ...............
Al3+
H
Carbone ........................................
Fe
Al
2 +
Potentiels de métaux usuels
mesurés dans l'eau de mer
■ Protection
1/
2O
a acier ordinaire
(pile d'aération différentielle)
Donc, la corrosion caverneuse (comme la corrosion par piqûres)
est autolimitée et n’est pratiquement pas un problème pour les alliages d’aluminium excepté pour les alliages au cuivre qui sont moins
résistants à la corrosion et qui nécessitent toujours une protection
dans les environnements agressifs y compris vis-à-vis de la corrosion caverneuse.
3/2H2
2OH–
Cl–
3H+
Contact électrolytique courant ionique
COR 325 − 12
Figure 12 – Corrosion galvanique
de l’aluminium
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
En éliminant l’une de ces trois conditions, on supprime la corrosion galvanique.
Si l’on considère seulement la série galvanique des métaux
usuels (figure 12) on peut penser que la corrosion galvanique d’un
assemblage aluminium/acier inoxydable pourrait être évité avec un
assemblage 2024/acier ordinaire. Malheureusement, l’expérience
montre que, si l’on diminue ainsi le courant galvanique entre l’acier
et l’aluminium, on n’augmente pas pour autant la durée de vie de
l’assemblage. Le nouvel assemblage remplace deux métaux
résistants à la corrosion par deux éléments corrodables, ce qui est
gagné sur la corrosion galvanique est perdu sur l’autocorrosion des
éléments du couple.
L’expérience montre que, dans l’atmosphère, l’assemblage aluminium avec des vis en acier inoxydable se comporte bien (c’est aussi
le cas des mats de voiliers en aluminium au contact d’accastillages
en acier inoxydable ou en acier chromé). Par contre, pour les parties
immergées, il est nécessaire d’isoler l’aluminium de tout autres
métaux.
3.6 Courbes de polarisation
Les courbes de polarisation sur alliages d’aluminium ne sont pas
très utilisées pour les études de corrosion de l’aluminium. En
milieux neutre, la corrosion uniforme est très faible et varie peu
avec la composition de l’alliage (figure 7). Le seul problème de corrosion que l’on rencontre est la corrosion localisée par piqûres et
elle ne peut pas être étudiée par la mesure du potentiel de piqûres
parce que le potentiel de piqûres des alliages d’aluminium n’est pas
corrélé à la résistance à la corrosion par piqûres de ces alliages.
Il est cependant utile de rappeler le comportement électrochimique de l’aluminium par rapport à celui des aciers inoxydables, pour
décourager les utilisations erronées de ces techniques pour l’aluminium, erreurs couramment rencontrée dans la bibliographie.
3.6.1 Courbe de polarisation typique de l’acier
inoxydable en milieu acide H2SO4 1M
Les courbes de polarisation anodique et cathodique de l’acier
inoxydable sont bien connues (figure 13) et peuvent être réalisées
avec des matériaux et des procédures normalisées dans l’acide sulfurique 0,5M (ASTM-G3) [35]. Ces courbes sont intéressantes parce
qu’elles sont données avec des intervalles de confiance (ASTM-G5)
[36] qui offrent ainsi aux laboratoires la possibilité de contrôler leur
technique et leurs équipements électrochimiques.
lg i
Dégagement d’O2
Droite
de Tafel
Passivité 2e
Passivation
–4
Courbe
cathodique
Transpassivité
Passivité
–6
Acier inoxydable
Aluminium
Courbe anodique
–8
–1
– 0,5
0
0,5
1
Potentiel d'électrode (V/ECS)
Figure 13 – Courbes de polarisation types. Acier inoxydable
et aluminium dans H2SO4 0,5M
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
La courbe cathodique ne pose pas de problème, elle possède une
partie linéaire (droite de Tafel) dont l’extension au potentiel de corrosion donne le courant instantané de corrosion. La courbe de polarisation anodique est plus complexe elle passe par un maximum
correspondant au passage du métal de l’état actif à l’état passif.
Après ce maximum, le courant décroît jusqu’à un palier de courant
sur métal passif. Si on poursuit la polarisation vers les potentiels
plus nobles, le courant reste passif jusqu’au domaine de transpassivité où le courant augmente à nouveau ce qui correspond à un dégagement d’oxygène sur le métal passif.
3.6.2 Courbe de polarisation de l’aluminium
en milieu acide
Pour l’aluminium, la courbe de polarisation cathodique
(figure 13) est semblable à celle observée sur les autres métaux,
elle peut aussi être utilisée pour déterminer le courant instantané de
corrosion.
Par contre, la courbe de polarisation anodique est très différente
pour l’aluminium (ASTM-G3) [35] de celle des aciers inoxydables :
— pas de passage actif/passif, ni de maximum correspondant à la
formation d’une couche passive sur le métal. L’aluminium ne peut
pas exister sans couche d’oxyde dans un milieu oxydant comme
l’air ou l’eau (même s’il est acide). Des essais d’abrasion avec une
électrode tournante frottant contre une pointe en carbure (Hagyard
and Williams) [13] ont montré que lorsqu’on stoppe l’abrasion, la
couche d’oxyde se reforme dans le millième de seconde qui suit,
donc l’aluminium n’est jamais nu ;
— on n’observe pas non plus de région transpassive sur l’aluminium (correspondant au dégagement d’oxygène sur l’acier inoxydable), car il n’est pas possible de dégager de l’oxygène sur
l’aluminium parce que la couche d’oxyde n’est pas conductrice électronique. Si on pousse la polarisation anodique dans la solution
d’acide sulfurique, on va oxyder l’aluminium et épaissir la couche
d’oxyde (dans les solutions sans chlorures), on fait de l’anodisation
mais on ne peut pas dégager de l’oxygène sur l’aluminium.
Le courant résiduel dans la région passive est plus élevé sur l’aluminium que sur les aciers inoxydables en particulier en milieu acide,
mais on sait que l’aluminium ne doit pas être utilisé en milieu acide.
3.6.3 Courbes de polarisation typiques en milieux
chlorurés NaCl 0,5M
Dans des solutions neutre chlorurées, les courbes de polarisation
anodique (ASTM-G61) [37] sont différentes pour les aciers inoxydables et pour l’aluminium (figure 14). La courbe de polarisation sur
métal passif (pour les deux métaux en milieux neutres) présente
une rupture de passivité au potentiel de piqûres à partir duquel des
piqûres se forment sur le métal. Si on trace la courbe retour, la
courbe ne passe pas exactement sur le trajet allé, car la courbe de
polarisation est différente sur métal localement dépassivé et piqué.
La courbe retour coupe l’axe des potentiels à Epp le potentiel de
repassivation aussi appelé potentiel de protection. Les piqûres
s’amorcent à partir et au-dessus du potentiel de piqûres Ep. Les
piqûres se repassivent en dessous du potentiel de protection Epp.
Entre Ep et Epp les piqûres amorcées continuent de se propager,
mais il ne s’amorce pas de nouvelle piqûre.
Dans les solutions chlorurées, dans lesquelles l’aluminium se
pique également, on peut tracer sur aluminium une courbe de polarisation anodique et obtenir une courbe analogue à celle obtenue
sur aciers inoxydables, avec potentiel de piqûres et potentiel de protection. La différence est que, pour l’aluminium, la position du
potentiel de piqûres sur l’échelle des potentiels n’est pas corrélée à
la sensibilité à la corrosion par piqûres des alliages.
Ceci est évident si on compare des alliages d’aluminium contenant ou non du cuivre. L’addition de cuivre dans l’aluminium
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 13
lg i (A/cm2)
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
–2
–3
pH = 6
–4
–5
• La corrosion intergranulaire est
une forme de corrosion qui se
propage en consommant
uniquement le joint des grains.
Acier inoxydabl
inoxydable
in xydable
Aluminium
• Cette forme de corrosion résulte de
la présence aux joints des grains
d’une zone anodique par rapport à
la matrice et continue.
–6
–7
• Deux types de zones anodiques
peuvent être rencontrées dans le
cas des alliages d’aluminium.
–8
–9
– 1 Epp
Eo
Ep
– 0,5
0 Epp
Eo
Ep
0,5
E (V/ECS)
Figure 14 – Courbes de polarisation anodique types. Acier
inoxydable et aluminium dans NaCl 0,5M
déplace le potentiel de corrosion et le potentiel de piqûres vers des
valeurs plus nobles ce qui devrait correspondre à une amélioration
de la résistance à la corrosion par piqûres d’après le modèle des
aciers inoxydables, mais tout le monde sait que l’addition de cuivre
dans l’aluminium diminue sa résistance à la corrosion par piqûres.
4. Corrosions structurales
Les problèmes de corrosion que nous avons vus précédemment
résultent de réactions entre le métal et son environnement, quand la
couche d’oxyde ne peut pas éviter cette réaction. Cela concerne tous
les alliages d’aluminium.
Les corrosions structurales sont plus particulièrement concernées
par le mode de pénétration de la corrosion dans le métal qui peut
être particulière dans certains métaux. On les appelle structurales
parce qu’elles sont directement liées à la structure métallurgique du
métal. La distribution hétérogène des éléments d’addition et/ou des
précipités est à l’origine de ces formes particulières de propagation
de la corrosion.
Pour l’aluminium, les corrosions structurales ne concernent
que les alliages d’aluminium à hautes caractéristiques
mécaniques : 2xxx, 6xxx, 7xxx, auxquels il faut ajouter les alliages de la série 5xxx à hautes teneurs en magnésium (Mg >
3,5 %). Elles diffèrent des autres formes de corrosion étudiées
habituellement par le mode de pénétration dans le métal. La
pénétration des corrosions structurales est souvent intergranulaire.
La corrosion intergranulaire par exemple est une forme de corrosion qui consomme uniquement le joint des grains (figure 15). De
ce fait, très peu de métal est réellement dissous, très peu d’eau est
nécessaire à cette corrosion, les protections de surface ne sont pas
un moyen fiable pour éviter les corrosions structurales, car la faible
quantité d’eau nécessaire à leur propagation peut diffuser à travers
les défauts de revêtement inévitables, de plus un revêtement de surface risque toujours d’être endommagé accidentellement.
Il est nécessaire de modifier la structure métallurgique du
métal pour éliminer la cause structurale de la corrosion.
COR 325 − 14
Figure 15 – Corrosion intergranulaire
Pour les alliages d’aluminium trois formes particulières de corrosion structurales peuvent être rencontrées :
— la corrosion intergranulaire ;
— la corrosion feuilletante ou exfoliante ;
— la corrosion sous contrainte.
4.1 Corrosion intergranulaire
La corrosion intergranulaire résulte de la présence aux joints des
grains d’un passage anodique continu (anodique par rapport à la
matrice). Deux types de zones anodiques différentes peuvent être
rencontrées suivant les familles d’alliages d’aluminium considérés.
4.1.1 Corrosion intergranulaire des alliages
de la série 5xxx (structure sensible)
Pour les alliages de la série 5xxx (Al-Mg), la susceptibilité à la corrosion intergranulaire résulte de la formation aux joints des grains
d’un précipité Al3Mg2 (figure 16) ; avec un potentiel de corrosion
de − 1,15 VECS ce précipité est anodique par rapport à l’intérieur des
grains (− 0,8 VECS) et curieusement forme un précipité continu aux
joints des grains. Dans un milieu corrosif, la corrosion se propagera
par dissolution préférentielle et sélective de cette zone anodique
donnant la corrosion intergranulaire de la figure 15.
Al3Mg2
E=-1,15
S.S.
E=-0,8 V
v
S.S.
E= -0,61 v
Al2Cu
E= -0,64 V
E=-0,75V
Figure 16 – CIG des alliages 5XXX (à gauche) et 2XXX (à droite)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
■ Remèdes
La susceptibilité augmente avec :
— la teneur en magnésium de l’alliage (la teneur maximale en
magnésium des alliages industriels est limitée aujourd’hui à 5,5 %) ;
— l’écrouissage, le passage des dislocations facilite ou est à l’origine de la diffusion du magnésium vers les joints de grains (les
gammes de fabrication industrielles des alliages 5xxx doivent prendre en compte ce risque et limiter l’écrouissage) ;
— la température de service. Les alliages de la série 5xxx sont
réputés pour leur bonne résistance à la corrosion particulièrement
en milieux marins. Quand la température de service dépasse 60 ˚C
(chauffe-eau, gaine de cheminée...), il est nécessaire de vérifier que
l’alliage utilisé est dans les limites d’utilisation recommandées
(tableau 3).
(0)
Tableau 3 – Températures maximales limites (en service
continu) recommandées pour les alliages de la série 5xxx
Alliage
Mg
(%)
Écroui
(˚C)
Recuit
(˚C)
5056
5,0 à 5,5
30
40
5083
4,0 à 4,9
60
65
5086
3,5 à 4,5
65
80
5754
2,6 à 3,6
100
120
5454
2,4 à 3,0
120
120
Les structures sensibles à la corrosion intercristalline des alliages
5xxx peuvent être désensibilisées par un traitement de recuit qui
dissous les précipités Al3Mg2, mais il en résulte aussi des pertes de
caractéristiques mécaniques. Une autre solution pour limiter les
pertes mécaniques est de globuliser le précipité par un autre traitement thermique à plus basse température vers 210-250 ˚C (suivant
l’alliage). Cependant, cette structure dite stabilisée ne peut pas être
utilisée à trop haute température car au-dessus d’environ 80 ˚C elle
se sensibilisera de nouveau. Donc, ce traitement de stabilisation
augmente d’une quinzaine de degrés la limite d’utilisation des alliages 5xxx comme le traitement de recuit. Si les températures limites
ne peuvent pas être respectées, il faut choisir un alliage moins
chargé en magnésium ou choisir un alliage d’une autre famille 3xxx
ou 6xxx dont la résistance à la corrosion n’est pas affectée par la
température de service.
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
la matrice produisant le durcissement structural de l’alliage, cette
précipitation ne se produira pas au voisinage des joints de grains
faute de cuivre en solution.
Nous obtenons en définitive trois phases différentes (figure 16) :
des gros précipités Al2Cu aux joints des grains, l’intérieur des grains
avec la fine précipitation cohérente et la zone dénudée en précipités
aux joints des grains. La corrosion intergranulaire résulte, dans ce
cas, de la dissolution préférentielle de la zone dénudée qui est la
phase la plus anodique, donnant la corrosion intergranulaire de la
figure 15.
■ Remèdes
Pour éviter la corrosion intergranulaire dans le cas des 2xxx, il
faut réaliser une trempe rapide. Toutefois, on est limité par l’épaisseur des produits. Pour les produits épais (au-dessus de 6 mm pour
les tôles), il est nécessaire d’utiliser un revenu T6 pour désensibiliser
le métal à la corrosion intergranulaire à cœur.
4.1.3 Cas du 2xxx-T6
Le traitement thermique de revenu T6 précipite le cuivre aux joints
de grains et dans les grains. Cela augmente la taille des précipités et
diminue la teneur en cuivre de la solution solide, ce qui élimine la
différence de potentiel entre zone dénudée en précipités et intérieur
des grains, supprimant ainsi l’origine de la corrosion intergranulaire.
4.2 Corrosion feuilletante ou exfoliante
La corrosion feuilletante (figure 17) est une forme de corrosion
qui se propage dans une multitude de plans parallèles à la surface
de la pièce. Ces plans d’attaque sont séparés par des feuillets de
métal pratiquement intacts, ces feuillets sont repoussés du métal
par le gonflement des produits de corrosion comme les feuillets
d’un livre d’où le nom de corrosion feuilletante.
La corrosion feuilletante peut se produire sur des échantillons
sensibles à la corrosion intergranulaire (2xxx, 5xxx, 7xxx) quand les
grains sont très aplatis et allongés par la transformation (profilés
minces, tôles minces), dans ces cas les remèdes sont les mêmes
que pour la corrosion intergranulaire.
4.1.2 Corrosion intergranulaire cas des 2xxx-T4
Pour les alliages de la série 2xxx (Al-Cu), la sensibilité à la corrosion intergranulaire résulte de la présence aux joints des grains
d’une zone appauvrie en cuivre [38] à [41] (figure 16).
Les alliages au cuivre à durcissement structural de la série 2xxx
(Al-Cu 4 à 6 %) sont intéressants pour leurs caractéristiques
mécaniques. Le durcissement structural est obtenu par un traitement thermique en trois étapes [7] :
— mise en solution à haute température (≈ 450 ˚C) ;
— refroidissement rapide par trempe ;
— vieillissement naturel ou artificiel basse température pour
obtenir la précipitation durcissante.
Si le refroidissement n’est pas assez rapide, du cuivre va précipiter au cours du refroidissement. Cette précipitation va se produire
d’abord aux joints de grains, parce que les précipités germent plus
facilement aux défauts de structure et aux lacunes abondants aux
joints de grains. Cette précipitation va diminuer la teneur en cuivre
de la solution solide voisine des précipités. Dans l’étape suivante de
précipitation structurale formant la fine précipitation cohérente avec
Si on soude des tôles en 7020-T6
(désensibilisées à la corrosion
feuilletante), la remise en solution
des éléments d’addition de
la zone affectée thermiquement (ZAT)
va entraîner une sensibilisation
à la corrosion feuilletante des ZAT
qui se retrouvent dans l’état T4.
T4 mise en solution haute température et muri à température ambiante.
T6 = T4 + revenu (150 à 220 °C suivant les alliages)
(voir norme NF EN 515 [60])
Figure 17 – Corrosion feuilletante 7020-T6 soudé
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 15
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
La corrosion exfoliante transgranulaire existe aussi particulièrement pour les alliages 7xxx sans cuivre (soudables), par exemple
le 7020-T4 [42] [43]. Dans ce cas, la susceptibilité à la corrosion
feuilletante résulte de la précipitation pendant le traitement thermique d’homogénéisation d’éléments peu solubles (Fe, Mn et Cr), formant des lits de précipités dans des plans parallèles à la surface
[42]. Les zones anodiques, dans ce cas, résultent des phases appauvries en éléments nobles autour des précipités, mais contenant du
zinc en solution solide à l’état T4.
Al2O3
Cl–
Al3+
Al(OH)3
3H+
Le même type de précipités existe dans d’autres familles
d’alliages : les alliages 5xxx qui ne sont qu’exceptionnellement
sensibles à la corrosion feuilletante (écrouissage exceptionnel).
La susceptibilité des alliages 7xxx sans cuivre, comme le 7020
à l’état T4, résulte de la présence de zinc en solution solide qui
déplace le potentiel de la zone dénudée en précipités (appauvrie
en Cr et Mn), mais contenant du zinc en solution solide, vers les
potentiels anodiques [43].
3H
3/2H2
Figure 18 – Mécanismes de propagation des fissures de CSC
dans les alliages d’aluminium
■ Prévention
Dans le cas du 7020-T4, il faut faire un revenu T6 pour précipiter le
zinc et l’éliminer de la solution solide (figure 17 en dehors de la
ZAT : zone affectée thermiquement).
cuivre) qui sont « légèrement » sensibles à la corrosion intergranulaire sans contrainte, mais jamais à la CSC.
Dans le cas du 7020-T6 soudé, pour éviter la corrosion feuilletante, il est nécessaire de faire un revenu après soudage. Cette solution était utilisée pour les réservoirs de la fusée Ariane IV en 7020T6. Pour des constructions moins sophistiquées, une protection
peut être obtenue par métallisation au chalumeau à plasma (Zn ou
Al) des zones affectées par la chaleur de soudage. Cette solution est
utilisée pour les ponts militaires de franchissement en 7020-T6
soudé.
La contrainte appliquée sur un métal fissuré (figure 18) provoque
une déformation plastique en fond de fissure qui va entraîner la rupture de la couche d’oxyde en fond de fissure. De ce fait, la propagation électrochimique résulte de la dissolution préférentielle de cette
zone anodique par rapport aux parois de la fissure repassivées.
Mais dans ce cas, on ne sait pas expliquer pourquoi la propagation
est intergranulaire ?
■ Autre mécanisme électrochimique
4.3.1.2 Fragilisation par l’hydrogène
4.3 Corrosion sous contraintes
La corrosion sous contrainte (CSC) est un autre type de corrosion
structurale que l’on peut rencontrer avec les alliages d’aluminium.
Quand un alliage sensible à la corrosion sous contrainte est soumis simultanément à l’action d’une contrainte mécanique et d’un
milieu corrosif, des fissures s’amorcent dans la direction perpendiculaire à la contrainte appliquée et se propagent jusqu’à la rupture
de la pièce. Deux mécanismes peuvent intervenir pour la propagation des fissures de CSC, la propagation électrochimique et la fragilisation par l’hydrogène (FPH).
4.3.1 Mécanismes de propagation de la corrosion
sous contrainte dans les alliages
d’aluminium
Pour plus d’informations, le lecteur pourra se reporter aux références [38] [44] à [46].
Les alliages 7xxx (sans cuivre) ne sont pas sensibles à la corrosion
intergranulaire en l’absence de contrainte, mais sont sensibles à la
corrosion sous contrainte qui est intergranulaire. De plus dans ce
dernier cas, la CSC peut se produire dans des milieux qui ne sont
pas conducteurs ioniques comme l’atmosphère humide (donc
excluant les mécanismes électrochimiques). La fragilisation par
l’hydrogène est alors généralement acceptée comme le mécanisme
responsable.
La corrosion d’un métal dans l’eau ou en milieu humide s’accompagne d’un dégagement d’hydrogène (figure 18). Une partie de cet
hydrogène va se dégager dans l’atmosphère, mais une partie va
pénétrer dans le métal sous forme atomique et va diffuser et s’accumuler dans la zone de déformation plastique, en pointe de fissure,
parce que la solubilité de l’hydrogène y est plus forte. Là, il pourra
favoriser une décohésion intergranulaire (comme dans le cas de la
fragilisation par les métaux liquides Ga ou Hg) permettant la propagation de la fissure de CSC par un mécanisme de fragilisation par
l’hydrogène. Le rôle de l’hydrogène a été confirmé indirectement
sur des alliages Al-Zn-Mg (sans Cu) en montrant qu’on pouvait les
sensibiliser en les maintenant en atmosphère humide, et que cette
sensibilisation était réversible et pouvait être supprimée par un
chauffage sous vide [47] [48].
Dans le cas des alliages d’aluminium la propagation est toujours
intergranulaire.
■ Le mécanisme de fragilisation par l’hydrogène a été
confirmé indirectement par Gruhl
4.3.1.1 Propagation électrochimique
La première expérience (une expérience similaire a été réalisée
plus récemment par Ohnishi) a été réalisée par Gruhl [49] avec une
éprouvette de traction creuse entaillée à l’extérieur (figure 19).
L’éprouvette placée sous contrainte de traction sous charge
constante est remplie de solution corrosive (NaCl 3,5 %). Au contact
de cette solution, l’éprouvette en aluminium va se corroder de l’intérieur ce qui s’accompagne d’un dégagement d’hydrogène, une partie de cet hydrogène va pénétrer dans le métal sous forme
atomique, diffuser et s’accumuler dans la zone de déformation plastique en pointe d’entaille, puis fragiliser le métal en conduisant à
La propagation électrochimique intergranulaire est le mécanisme
évident quand le métal est simultanément sensible à la CSC et à la
corrosion intergranulaire (phénomène électrochimique largement
accepté). Dans ce cas, la CSC est considérée comme de la corrosion
intergranulaire accélérée et orientée par la contrainte. Ce
mécanisme est généralement accepté pour les alliages des séries
2xxx et 5xxx [46]. Cependant, il ne permet pas de comprendre pourquoi la CSC ne se produit pas sur les alliages de la série 6xxx (sans
COR 325 − 16
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
7075-T73
7090-MdP
7075-T6
7075-T76
7050-T73
7050-T76
Figure 19 – CSC et fissuration sans contact avec le milieu corrosif
Gruhl [49]
0
7049-T73
Examens fractographiques
100
7050-T651
Rupture CSC fragile
Rupture mécanique ductile
200
7039-T6
Éprouvette creuse
300
7020-T6
σ
400
7010-T76
Solution NaCl
500
7010-T74
Traction
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
600
7010-T651
σ
Limite conventionnelle d'élasticité
ou seuil de contrainte (MPa)
_________________________________________________________________________________________________
Rp0,2 limite conventionnelle d'élasticité à 0,2 % d'extension
une décohésion intergranulaire de l’alliage en pointe d’entaille et
permettre ainsi la propagation de la fissure de CSC (en dehors du
milieu corrosif) jusqu’à la rupture mécanique finale de l’éprouvette.
En testant un grand nombre d’éprouvettes, Gruhl a pu obtenir des
ruptures finales sans qu’il y ait eu contact entre la zone de propagation de la fissure de CSC et l’électrolyte, ainsi la rupture de CSC ne
pouvait résulter d’un phénomène électrochimique, mais pouvait
s’expliquer par un phénomène de fragilisation par l’hydrogène.
4.3.2 Protection
Il est conseillé une protection identique à celle préconisée pour la
corrosion intergranulaire dans le cas d’un métal simultanément sensible à la corrosion intergranulaire et à la CSC.
Lorsque le phénomène de fragilisation par l’hydrogène intervient,
en raison du manque de connaissances sur les interactions entre
hydrogène et la microstructure métallurgique, on utilise des solutions empiriques pour améliorer le comportement en CSC des alliages, notamment en utilisant des surrevenus qui améliorent le
comportement en corrosion sous contrainte, mais qui s’accompagnent malheureusement d’une perte de caractéristiques
mécaniques de l’alliage.
4.3.3 Procédures d’essais de corrosion
sous contrainte
Ces essais de corrosion se font habituellement en mettant sous
contrainte, avec un dispositif mécanique de mise sous contrainte
(ASTM-G47) [52] des éprouvettes cylindriques de traction, que l’on
expose ensuite à un milieu corrosif (atmosphère marine ou immersion alternée dans NaCl 3,5 % au laboratoire (ASTM-G44) [51]). On
mesure la durée de vie d’éprouvettes testées sous différentes contraintes. La durée de vie augmente quand la contrainte diminue, on
obtient habituellement un seuil de contrainte en dessous duquel on
n’observe plus de rupture de CSC. Ce seuil de contrainte admissible
est un paramètre déterminant pour comparer la sensibilité à la CSC
des alliages et faire le bon choix. On peut utiliser une méthode
statistique pour déterminer le seuil de contrainte admissible à partir
des résultats d’essais de CSC. La propagation des fissures de CSC
est toujours intergranulaire pour les alliages d’aluminium et les
grains sont toujours aplatis par les procédés de transformation. De
ce fait, les caractéristiques de comportement en CSC dépendent
beaucoup du sens d’application des contraintes par rapport à
l’orientation des grains. Pour un « alliage et/ou état » donné, le seuil
de contrainte admissible est plus élevé dans le sens long que dans
le sens travers-long, le sens travers-court est toujours le moins
résistant.
CSC-TC : seuil de contrainte admissible dans le sens travers-court
Figure 20 – Alliages d’aluminium 7xxx. Limite élastique et seuil
de contrainte admissible dans le sens travers-court
De ce fait, il est possible d’utiliser un « alliage/état » sensible à
la CSC à condition qu’il n’y ait pas de contrainte de service appliquée dans le sens travers-court, ce qui est généralement le cas
des produits minces comme les tôles de voilure.
4.3.3.1 Seuils de contrainte admissible dans le sens traverscourt des alliages de la série 7xxx
Nous avons rassemblé, sur la figure 20, la limite élastique de chaque « alliage/état » et le seuil de contrainte admissible dans le sens
travers-court, ce qui montre les pertes de caractéristiques
mécaniques utilisables lorsque la CSC peut intervenir pour les alliages de la série 7xxx (à titre d’exemple). À noter que pour les alliages
7050 et 7075 par exemple, il existe des états plus résistants à la CSC,
on pourrait donc penser qu’il ne faut conserver que les états
désensibilisés à la CSC. Malheureusement, cette figure montre
aussi que l’amélioration de la tenue en CSC s’accompagne également d’une diminution des caractéristiques mécaniques. De ce
fait, les choix des « alliages/états » se font en fonction des conditions de service (mécanique et corrosion).
4.3.3.2 Essai de CSC par éprouvettes DCB
Les éprouvettes DCB (Double Cantilever Beam) ont été conçues
pour les études de mécanique de la rupture. Leur utilisation pour les
études de CSC remonte aux études d’alliages pour avions
supersoniques : le Concorde en France et en Angleterre, et le SST
(Super Sonic Transportation) aux États-Unis. Le SST était prévu en
alliage de titane TA6V. Les essais de CSC sur éprouvettes lisses utilisées alors par les avionneurs ne donnaient jamais de rupture avec
le TA6V, par contre sur éprouvettes entaillées les ruptures étaient
nombreuses et rapides. C’est pour étudier ce phénomène que les
chercheurs de Boeing ont étudié et mis au point un test de CSC sur
éprouvettes DCB [50]. Sur cet échantillon de section carré, une fissure est usinée, puis l’échantillon est mis sous contrainte avec deux
boulons qui tendent à ouvrir la fissure. Le module d’élasticité du
métal, la géométrie de l’éprouvette et l’ouverture imposée permettent de calculer le coefficient de contrainte appliquée en pointe de
fissure KI (figure 21). Les échantillons sous contrainte sont ensuite
exposés à un milieu corrosif : atmosphère marine, immersion alternée en solution NaCl 3,5 %, ou quelques gouttes de cette solution
3 fois par jour dans la fissure (figure 21).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 17
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM __________________________________________________________________________________________________
Figure 21 – Essai de CSC sur éprouvette DCB
On mesure la vitesse de propagation de la fissure da/dt en fonction de l’évolution de K en pointe de fissure (figure 21). Les courbes
obtenues présentent habituellement un palier maximal de propagation a vitesse constante partant de KIC (facteur d’intensité de
contrainte pour le métal dans le vide) et présentant une diminution
de vitesse de propagation quand la contrainte diminue dans le
milieu corrosif ; à très faible vitesse, le coefficient de contrainte K
observé est noté KICSC (facteur d’intensité de contrainte minimal
dans le milieu corrosif considéré), on n’observe plus de propagation
de fissure de CSC en dessous de ce seuil. Les améliorations de comportement en CSC des alliages se traduisent sur ces graphes par un
abaissement du palier maximal de propagation de vitesse et par une
augmentation de KICSC. Une comparaison rapide de la sensibilité en
CSC des alliages se fait en examinant les paliers de vitesses maximales et les seuils de coefficient de contrainte KICSC.
4.3.3.3 Corrosion sous contrainte en traction lente
L’essai sous traction lente consiste à faire un essai de traction à
faible vitesse de déformation (∆ / = 10−6 s−1 (≈ 1 µm/s, avec longueur calibrée de l’éprouvette)) et de comparer les courbes de traction obtenues en milieu inerte et en milieu corrosif (NaCl + H2O2
pour aluminium au laboratoire). Lorsque le métal est sensible à la
CSC dans le milieu considéré, la courbe de traction montre une
perte d’allongement révélateur d’une fragilisation produite par la
CSC (ASTM G 129 [62]).
Références bibliographiques
[1]
ASM Metals Handbook. – Corrosion of Aluminium and Aluminium alloys. Vol. 13, 583609, Metals Handbook, 9th edition ASM Intl.
Ohio (1987).
[9]
LATIMER (W.M.). – The Oxidation states of
the Elements and their Potentials in Aqueous
Solutions. Prentice – Hall N.Y. (1952).
[18]
LUNDER (O.) et NISANCIOGLU (K.). – Corrosion 44, 7, 414-422 (1988).
[19]
AZIZ (P.M.). – Corrosion 12, 495t-506t (1956).
[10]
POURBAIX (M.). – Atlas of Electrochemical
Equilibria in Aqueous solution N.A.C.E.
Houston (1974).
[20]
REBOUL (M.C.), WARNER (T.J.), MAYET (H.)
et BAROUX (B.). – Corrosion Reviews 15, 3-4,
471-496 (1997).
[2]
REBOUL (M.). – Mémoires et Études Scientifiques, Revue de Métallurgie, 61-74 (1987).
[3]
PECHINEY RHENALU. – Demi-produits Aluminium (1997).
[11]
Aluminium with Food & Chemicals, The Aluminium Association Inc. N.Y. (1994).
[21]
GODARD (H.P.). – Canadian J. of Chem. Eng.,
167-173 (1960).
[4]
ASM Metals Handbook. – Properties and
selection : Non Ferrous Alloys and Pure
Metals Aluminium and Aluminium alloys.
Vol. 2, Metals Handbook, 9th edition ASM
Intl. Ohio (1987).
[12]
ISOCORRAG. – Program (results of) Answers
and Open Questions in respect to corrosivity
specifications.
ASTM-STP
1239
« Atmospheric Corrosion » (1994).
[22]
PATHAK (B.R.) et GODARD (H.P.). – Nature,
893-894 (1968).
[23]
WARNER (T.J.) et SCHMIDT (M.P.). – Z.
Metalkunde, 86(7), 494-501 (1995).
[24]
REBOUL (M.C.), ODIEVRE (T.) et WARNER
(T.J.). – EUROCORR’97, Trondheim Norway,
sept. 22-25th (1997).
[5]
[6]
[7]
[8]
[13]
ASHBY (M.F.). – Materials selections in
mechanical design. Pergamon Press (1992).
HAGYARD (T.) et WILLIAMS (J.R.). – Trans.
Faraday Soc., 468, 2288-98 (1961).
[14]
BRECHET (Y.). – Choix des matériaux. Conférence CETIM (juin 1994).
ALWITT (R.S.). – from Oxides oxide films.
John W. Dekker, New York, 4, 169-254 (1976).
[25]
[15]
LOHRENGEL (M.M.). – Mater. Sci. and Eng.,
R11, 243-289 (1993).
GIMENEZ (Ph.), RAMEAU (J.J.) et REBOUL
(M.). – Corrosion 37, 12, 673-682 (1981).
[26]
[16]
THOMPSON (G.E.), DOHERTY (P.E.) et WOOD
(G.C.). – J. Electrochem. Soc. 129, 7, 1515-7
(1982).
BROWN (R.H.). – Alclad and clad Aluminium
products Engineering Laminates. Wiley
(1949).
[27]
[17]
PAEZ (M.A.), FOONG (T.M.), THOMPSON
(G.E.), SHIMIZU (K.S.), HABAZAKI (H.), SKELDON (P.) et WOOD (G.C.). – Corros. Sci., 38,
(1), 59-72 (1996).
WERNICK (S.), PINNER (R.) et SHEASBY
(P.G.). – The surface treatment and finishing
of Aluminium and its alloys. Finishing Publications Ltd, Teddington England 5th ed.
(1987).
DEVELAY (R.). – Matériaux et Techniques
avril-mai 1973, juin-juil. 1973, août-sept.
1973.
Registration record of Aluminium Association Alloy Designations and Chemical Composition Limits for Wrought Aluminium
Alloys. The Aluminium Association N.Y. last
edition.
COR 325 − 18
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________
[28]
STEELE (G.D.). – Anti-corrosion Methods &
Materials 41, 1, 8-12 (1994).
[29]
KAESCHE (H.). – Werkstoffe und Korrosion,
11, 668-681 (1959).
[40]
[30]
RUGGERI (R.T.) et BECK (T.R.). – Corrosion 39,
11, 453-465 (1983).
[41]
[31]
GOMEZ-TORRADO (E.) et de MIGUEL-LOPEZ
(I.). – 2d Intl. Congress on Aluminium (1993),
Conf. Proceedings Interall Publications 175187 (1993).
[32]
[39]
[42]
SCAMANS (G.M.) et al. – Intl. Symposium :
Aluminium Surface Science Technology
Antwerp (may 1997).
[43]
[33]
REBOUL (M.) et CANON (R.). – Revue de
l’Aluminium, 403-426 (1977).
[44]
[34]
G82-98(2003) Standard Guide for Development and Use of a Galvanic Series for Predicting Galvanic Corrosion Performance
http://www.astm.org
[45]
[35]
G3-89(2004) Standard Practice for Conventions Applicable to Electrochemical Measurements in Corrosion Testing
http://www.astm.org
[36]
[37]
[38]
G5-94(2004) Standard Reference Test Method
for Making Potentiostatic and Potentiodynamic Anodic Polarization Measurements
http://www.astm.org
G61-86(2003) Standard Test Method for Conducting Cyclic Potentiodynamic Polarization
Measurements for Localized Corrosion Susceptibility of Iron-, Nickel-, or Cobalt-Based
Alloys
http://www.astm.org
SPROWLS (D.O.) et BROWN (R.H.). – from
Fundamental Aspects of Stress Corrosion
Cracking, The Ohio State University, 466-512
(1967).
[46]
[47]
[48]
[49]
[50]
[51]
[52]
LIFKA (B.W.) et SPROWLS (D.O.). – from
Localized Corrosion – Cause of Metals Failures, ASTM-STP, 516, 120-144 (1972).
KETCHAM (S.J.) et HAYNIE (F.H.). – Corrosion, 17, no 7, 242t (1963).
DUBOST (B.), REBOUL (M.) et BOUVAIST
(J.). – The International Conf. On Aluminium
Alloys Charlottesville Va, June 15-20 (1986),
Conf. Proceed., vol. II, 1109-1123.
ADENIS (D.) et GUILHAUDIS (A.). –
Mémoires Sci. Rev. Metallurgie, 10, 877
(1967).
REBOUL (M.) et BOUVAIST (J.). – Revue de
l’Aluminium, 41-55 (janv. 1980).
SPEIDEL (M.O.). – Metal Trans. A. 6A, 631-651
(1975).
HOLROYD (N.J.H.). – from Environment Induced Cracking of Metals, NACE, 315-345
(1989).
REBOUL (M.C.), MAGNlN (T.) et WARNER
(T.J.). – 3rd Intl. Conf. on Aluminium Alloys
ICAA3 Trondheim Norway, june 22-26 (1992).
MONTGRAIN (L.) et SWANN (P.R.). – from
Hydrogen in Metals, ASM Metals Park Ohio,
575-584 (1974).
SCAMANS (G.M.), ALANI (R.) et SWANN
(P.R.). – Corros. Sci., 16, no 7, 443-459 (1976).
GRUHL (W.Z.). – Metallkunde Bd 75, H111,
819-826 (1984).
HYATT (M.V.). – Corrosion 26, no 11, 487-503
(1970).
G44-99 Standard Practice for Exposure of
Metals and Alloys by Alternate Immersion in
Neutral 3,5 % Sodium Chloride Solution
http://www.astm.org
G47-98(2004) Standard Test Method for
Determining Susceptibility to Stress-Corrosion Cracking of 2xxx and 7xxx Aluminium
CORROSION DES ALLIAGES D’ALUMINIUM
Alloy Products
http://www.astm.org
[53]
NF EN 573-1 (février 2005). Aluminium et
alliages d’aluminium - Composition chimique et forme des produits corroyés Partie 1 : système de désignation numérique.
[54]
NF EN 573-2 (octobre 1994). Aluminium et
alliages d’aluminium - Composition chimique et forme des produits corroyés Partie 2 : système de désignation fondé sur
les symboles chimiques.
[55]
NF EN 573-3 (novembre 2003). Aluminium et
alliages d’aluminium - Composition chimique et forme des produits corroyés Partie 3 : composition chimique.
[56]
NF EN 573-4 (mars 2004). Aluminium et alliages d’aluminium - Composition chimique et
forme des produits corroyés - Partie 4 : formes des produits.
[57]
VARGEL (C.). – Le comportement de l’aluminium et ses alliages. Dunod Technique (1979).
[58]
NF EN ISO 4623-2 (juillet 2004). Peintures et
vernis - Détermination de la résistance à la
corrosion filiforme - Partie 2 : subjectiles en
aluminium.
[59]
GUILHAUDIS (A.). – État d’un radeau en
alliage d’aluminium en mer depuis 25 ans.
Revue de l’Aluminium n° 423, 565-574,
oct. 1974.
[60]
NF EN 515 (octobre 1993). Aluminium et
alliages d’aluminium - Produits corroyés Désignation des états métallurgiques.
[61]
LETH OLSEN (H.) et NISANCIOGLU (K.). –
Eurocor 97, Trondheim N., 22-26 sept.1997.
[62]
G129-00 Standard Practice for Slow Strain
Rate Testing to Evaluate the Susceptibility of
Metallic Materials to Environmentally Assisted Cracking.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur
COR 325 − 19
Téléchargement