Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 18/04/2017
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Arvo Pärt
Fratres (frères en latin) est l'une des œuvres les plus connues d'Arvo Pärt. Il en commença la composition
peu après la mort de Benjamin Britten survenue en 1976. Il venait juste de découvrir le compositeur anglais
et son œuvre se voulait, avec le Cantus in Memory of Benjamin Britten, comme un trait d'union musical et
spirituel entre eux. Datée de 1977, elle fut créée par un ensemble estonien de musique ancienne. En 1980, à
la suite d'une commande du Festival de Salzbourg, il écrivit des variations sur le thème de Fratres ; variations
créées par Gidon et Elena Kremer auxquels l'œuvre est aujourd'hui dédiée. Pärt est revenu à de nombreuses
reprises sur Fratres et il en existe au moins sept versions différentes. Celles que le quatuor Tanat interprète
ce soir est pour quatuor à cordes et fut arrangée en 1989. Elle repose sur une pédale de quinte (la-mi) qui
est maintenue pendant tout la durée de la composition.
© Universal Edition / E. Marinitsch
Pour arriver à cette « musique pauvre », le parcours de Pärt avait été tout sauf linéaire. On peut même affirmer
que parmi les nombreuses biographies qui jalonnent l'histoire de la musique, celle du compositeur estonien
n'est pas la moins singulière. Né le 11 septembre 1935 en Estonie, il fait partie de ces rares artistes dont la
créativité dut se déployer au milieu des contraintes les plus fortes. Tiraillé entre communisme et capitalisme,
sérialisme et minimalisme, orient et occident, athéisme d'état et foi personnelle, il réussit à se forger une voie
tout à fait personnelle qui généra une nouvelle catégorie stylistique : le tintinabulisme.
Ce voyage entre les mondes et les genres, Arvo Pärt l'entreprend à partir de 1957 lorsqu'il entre au
Conservatoire de Tallin tandis qu'en parallèle, il trouve un emploi à la radio estonienne en tant qu'ingénieur du
son, poste qu'il occupe de 1958 à 1967. Sa première œuvre, Necrology, écrite dans un langage sériel ne récolte
aucun suffrage auprès d'un régime allergique aux courants occidentaux. En 1962, l'une de ses compositions
écrite pour chœur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique et
lui permet de remporter le premier prix des jeunes compositeurs de l'URSS. Mais la lune de miel est de courte
durée. Credo sera par la suite banni parce qu'il comprend la phrase « Je crois en Jésus-Christ ». L'affirmation
explicite de sa foi dans ses compositions d'inspiration religieuse de même que son adoption persistante du
sériel lui attirent d'importantes inimitiés et limitent considérablement le rayonnement de son œuvre.