Cybergeo : Revue européenne de géographie, N°283, 31 août 2004
land, local farmers could be actively involved in the conservation process, once they have been
made aware of the importance of environmental protection.
Key-words : Chablis, Ecological diagnosis, Perche-Trappe State forest, Conservation
management, Restoration.
Introduction
Des masses d’air très contrastées ont provoqué les violentes tempêtes de l’hiver 1999 dont
les victimes restent encore aujourd’hui largement dans les esprits. Ces tempêtes de fin décembre
1999 ont été exceptionnelles en intensité et en étendue. En France, les 140 millions de m3 de bois
couchés par les vents correspondent à près de 7 % du stock sur pied d’avant la tempête ; ces 140
millions représentent l’équivalent de trois années de récolte commercialisée et autoconsommée.
En Basse-Normandie, environ 2 millions de m3 de bois1 (dont 1/3 pour les forêts gérées par
l’ONF) ont été renversés, principalement dans le département de l’Orne mieux pourvu en forêts
(plus de 500000 m3 uniquement dans les forêts soumises pour ce département [1, 2]). Avec plus
de 60000 m3 de chablis, la forêt de Perche-Trappe n’a pas été épargnée et il faudra de longues
années pour reconstituer le paysage dévasté. C’est dans ce contexte que le Parc naturel régional
du Perche a confié au laboratoire Géophen de l’université de Caen la réalisation d'un programme
de recherche portant sur l’impact des tempêtes sur les paysages arborés percherons et les
stratégies de restauration du milieu [3].
La question de la reconstitution pose le problème du choix des objectifs et des nouvelles
pratiques de gestion. Comment gérer l’après tempête ? Quels sont les nouveaux enjeux ? Que
faut-il préconiser pour répondre à ces enjeux ? Comment réagir face aux nouvelles dynamiques
végétales ? Faut-il se limiter à reconstituer la formation végétale d’origine ou, encore, le système
écologique historique de référence ? Pour tenter de répondre à ces questions, le développement
qui suit comporte d’une part un diagnostic écologique destiné à évaluer la reprise de la végétation
et la qualité des sols, d’autre part une réflexion et des propositions de gestion pour la
reconstitution des paysages dévastés. Les acteurs de cette reconstitution seront évoqués en
particulier les agriculteurs appelés à participer activement à la gestion durable d’un territoire
d’exception.
Présentation du contexte de l’étude et de la zone de prospection
Pour faire face aux dégâts des tempêtes et envisager une restauration du patrimoine
naturel, des crédits d’Etat ont été accordés pour 10 ans (2000-2010) à la Basse-Normandie
(environ 620000 euros). En 2001, une subvention a été versée au Parc naturel régional du Perche
(avenant au IV e contrat de plan Etat-Région 2000-2003) afin que celui-ci soit le maître
d’ouvrage pour la reconstitution de ses massifs. Pour le Parc, la tempête fut un bon prétexte et
même une opportunité pour mener un partenariat intéressant. Le programme de recherche mené
sur 2 ans (septembre 2000-septembre 2002) s’est concentré sur quelques sites peu productifs
présentant un très fort intérêt en matière de biodiversité, du fait notamment d’une hydromorphie
1 Un bilan chiffré des chablis s’avère difficile à établir encore aujourd’hui. Pour dresser ce bilan et corriger certaines
informations statistiques fournies par les forestiers, de nombreuses données d’observation de la Terre ont été
utilisées en association avec les observations de terrain. Le satellite Spot 5 a permis d’affiner certaines évaluations et
de proposer une cartographie des dégâts avec une nouvelle gamme de résolutions spatiales (cf. document sur le site
http://spot5.cnes.fr/applications/forets.htm).
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