L`esprit intervient-il dans la guérison du cancer

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L’esprit intervient-il
dans la guérison du cancer ?
Michel ZORGNIOTTI
Jusqu’à quel point corps et esprit sont liés ; plus précisément dans ce cas
comment l’esprit peut influencer sur la guérison de maladies souvent
considérées comme incurables.
Durant le XXème siècle, la médecine a connu de nombreuses et importantes évolutions, qui ont permis de
repousser sans cesse nos limites en matière de guérison. Les maladies ont été diagnostiquées, étudiées et
traitées ; elles sont « tombées » les une après les autres sous les coups de ces nouvelles technologies.
Pourtant certaines résistent, c’est le cas du SIDA, du diabète, des maladies génétiques et du cancer… Ce
dernier est devenu récemment la première cause de mortalité en France. Pourtant, le début de la lutte ne date
pas d’hier ; en effet, le XXème siècle a consacré des milliards d’heures et d’argent à la recherche sur le cancer,
mais celui-ci résiste toujours ; la guerre est loin d’être gagnée constatent les plus grands stratèges
scientifiques. Nous avons fait des progrès c’est certains : chimiothérapie, radiothérapie… ces techniques ont
permis d’améliorer la durée de vie des patients, mais le mot « guérison » reste un rêve encore inaccessible ; ce
n’est pas pour rien que l’ épidémiologiste John Baylor, en faisant le bilan des recherches en cancérologie des
vingt-cinq dernières années, parle même d’échec.
Dans un premier temps nous avons cherché à combattre le cancer uniquement par des méthodes extérieures
au corps ; ce fût une grave erreur constatèrent rapidement les médecins ! En effet, si le cancer, est un signe de
défaillance du système immunitaire, ce dernier n’en reste pas moins le système le plus efficace et le moins
dommageable que nous connaissons actuellement. C’est pour cela que nous nous sommes évertués à stimuler
le système immunitaire, afin qu’il détruise les cellules cancéreuses, par des méthodes plus révolutionnaires les
unes que les autres : nous sommes passés du cartilage de requin, aux anti-corps monoclonaux. Mais rien n’y
fait ; le cancer est toujours bel et bien présent.
Ainsi, plutôt que d’attendre que le miracle vienne uniquement de la science-providence, l’homme ne devrait-il
pas aussi s’en remettre à son corps et tenter de stimuler son système immunitaire également par ses propres
moyens ? L’homme aurait-il trop attendu de l’ in-vitro et pas assez de l’ in-vivo ?
C’est une question qui, sous différentes formes, n’a cessé d’apparaître au cours de la dernière décennie. Très
rapidement la solution est apparue sous le terme de « nouvelle hygiène de vie » ; elle ne touchait tout d’abord
que l’aspect corporel (alimentation, exercice physique…), puis plus récemment, les scientifiques se sont mis à
parler d’hygiène psychique. C’est le sujet qui nous intéresse aujourd’hui ; on peut se demander s’il existe un
véritable lien entre corps et esprit ? Si oui dans quelle mesure peut-il jouer en notre faveur (ou en notre
défaveur) dans la lutte contre le cancer ? Enfin par quels moyens pouvons nous nous en servir ?
L'esprit anti-cancer
Dans son livre Anticancer, David Servan-Schreiber, chercheur en neuroscience, et professeur en psychiatrie à
l’université de Pittsburg, développe la notion de « mental anticancer », selon laquelle l’esprit aussi bien que le
corps intervient dans la guérison contre le cancer.
Cette notion repose sur trois points essentiels :
- la nécessité de soigner le terrain ;
- la conscience au service des défenses naturelles ;
- la synergie qui résulte de l’action combinée de ces défenses. »
Afin de voir si l’esprit a bien un rôle à jouer dans le combat contre le cancer, nous allons examiner les deux
premiers points de cette notion.
La nécessité de soigner le terrain
L’influence du terrain (autrement dit de l’état de l’individu) dans le développement des cancers ou de toute
autre maladie n’est plus à démontrer. Cette notion, a été admise il y a près d’un siècle grâce aux travaux de
Claude Bernard. Selon lui, « les maladies planent constamment au-dessus de nos têtes, leurs graines portées
par le vent, mais elles ne s’installent pas si le terrain n’est pas prêt à les recevoir ».
Ce que nous allons tenter de déterminer c’est l’influence du terrain psychique de l’individu. La notion de terrain
ne fait pas seulement appel aux prédispositions génétiques dont on connaît déjà les effets sur le
développement du cancer ; cela concerne également un aspect bien plus abstrait et global de la vie : notre
mode de vie.
Il est essentiel de noter que le mode de vie ne recouvre pas seulement les aspects physiques de la vie
(alimentation, exercice physique…) mais également les aspects psychiques (cela va des simples émotions,
jusqu’à l’attitude que l’on adopte dans la vie courante ou face à certaines situation).
Ce premier point, revient à dire que le cancer ou toute autre maladie qui touche le corps pourrait se développer
suite à l’apparition d’un cancer (cancer correspondant ici au mot désordre) de l’esprit, et que l’on ne peut
soigner le premier sur le long terme sans soigner le second.
Cela correspond bien à ce que décrit Kafka en parlant de sa tuberculose : « C’est mon esprit qui est malade,
l’affection de mes poumons n’est rien d’autre que le débordement de ma maladie mentale ».
Un mode de vie inadapté favoriserait-il le développement du
cancer ?
C’est dans cette optique que David Servan-Schreiber parle d’un changement d’attitude qui permettrait de
protéger au mieux contre le cancer ; il parle de « processus de maturation ». Ce processus, il n’est pas le seul
à le prôner ; Aristote en parle également pour décrire l’élan vital : il le nomme entéléchie (besoin d’auto
complétion qui mène de la graine à l’arbre) de même que Jung, ou plus récemment le Docteur Jean Latreille
dans la préface de Guérir sans Guerre, de Johanne Ledoux.
Quoi qu’il en soit, l’idée directrice de ces différents concepts est toujours la même : il va s’agir d’évoluer, de
grandir, certains, tels que Jean Latreille, parleraient même « d’accomplir sa quête personnelle », pour atteindre
au plus prêt les valeurs que l’on porte en soit, « d’harmoniser notre façon de vivre avec nos valeurs ».
Il s’agit en quelque sorte de faire tomber le masque que l’on porte, d’arrêter de jouer ce rôle dont l’on se sert
pour ne pas se dévoiler à la société ! Il faut vivre tel que l’on est afin que nos actes nous correspondent et ne
soient pas ceux d’un étranger.
Cette manière de vivre en harmonie avec soi même, a un aspect moral (le fait d’arrêter de se tromper soi et les
autres) qui se répercute sur notre psychisme : c’est un peu la même chose que lorsque l’on avoue un
mensonge, un sentiment d’apaisement, de légèreté et de mieux-être nous gagne ; cette attitude a également
une influence sur notre biologie, car, comme nous le verrons tout au long de cette réflexion, tout mal qui nous
ronge psychologiquement (par exemple le stress) semblerait affaiblir nos défenses corporelles et favoriser la
mise en place d’un terrain fertile au développement de maladies telles que le cancer.
Pour examiner ce concept de lien entre le développement du cancer et le terrain que l’on conditionne tout au
long de notre existence, on peut s’intéresser à quelques exemples concrets tels que celui de Bill Fair, célèbre
chirurgien américain réputé dans le traitement des cancers du sein et de la prostate, qui a consacré la plus
grande partie de son temps à son travail en ne prenant ni soin de lui au niveau corporel (nourriture, sommeil)
ou mental (calme, méditation), ni soin de ses relations avec son entourage.
Telle était sa vie jusqu’au jour où il apprit qu’il avait un cancer du colon qui ne se stabilisa pas malgré plusieurs
traitements médicaux et chirurgicaux. C’est alors que sa femme le poussa à changer de façon de vivre, à
s’accorde du temps à lui et aux autres.
Ces changements lui demandèrent beaucoup de patience ; il devint ainsi, en quelques années, dépassant de
loin le pronostic qu’on lui avait annoncé, la personne qu’il aurait toujours voulu être.
Dans une interview au cours de laquelle on le questionne sur les bienfaits de cette approche par le terrain, il
répond «si tout ce que j’ai fait pour m’aider moi-même ne me fait pas vivre plus longtemps, cela m’aura
certainement fait vivre plus profondément ».
Ainsi il est passé d’un mode de vie où réussite, excellence, obligation, performance étaient les maîtres mots à
un mode de vie qui fait passer avant toute chose, le respect de la vie, la douceur et surtout son bien-être et
celui des autres.
Ce n’est pas tant son métier qui lui était néfaste, que la façon de le pratiquer, de le vivre : il avait fait de sa vie
un outil au service de son métier au lieu de l’inverse.
Cette attitude ne concerne pas seulement Bill Fair, mais une grande partie des individus qui sont dominés par
des désirs d’excellence. Et ce qui est marquant, voire même choquant, c’est que ces personnes, changent
rarement de mode de vie si ce n’est dans les situations les plus difficiles.
Si l’on tient facilement compte des désordres physiques, les désordres moraux (dépression, névrose…) sont
loin d’être considérés tels qu’ils devraient l’être ; bien au contraire, la plupart du temps ils sont ignorés voir
dénigrés.
C’est comme si l’on préfère négliger quelque chose que l’on ne cerne pas et dont on n’arrive pas à déterminer
l’influence scientifiquement, et cela jusqu’au jour où l’on se retrouve au pied du mur. A ce moment là, on semble
être prêt à remettre en question son mode de vie et à en changer.
Ce changement d’attitude qui semble permettre de lutter plus efficacement contre le cancer a été étudié par le
Docteur Alastair Cunningham ; pour lui il s’agit de se défaire de la « personnalité de type C ». Cette
personnalité correspond à la personne qui cherche toujours à satisfaire tout le monde, mais jamais elle-même.
Pour le Docteur Cunningham, cette personnalité nuit non seulement à l’authenticité de la personne mais
également à sa santé ; il va s’agir de se « dé-type-C-iser ».
Il est maintenant nécessaire de définir quels sont ces désordres psychiques, qui proviennent d’un mode de vie
inadapté et qui seraient responsable de la formation d’un terreau fertile au développement des maladies.
Le stress, un trouble psychosocial biologiquement néfaste
Lorsque pendant plusieurs années, on vit uniquement selon les autres et les normes de la société, en oubliant
de vivre selon ce que nous sommes, on se détruit mentalement.
On ne peut nier que vivre avec des faux semblants, en faisant et en montrant uniquement ce que les autres
veulent voir, sont à l’origine d’une sensation de malaise que l’on nomme le stress1 et qui est responsable de
souffrances psychiques que l’on n’ose exprimer, que l’on garde par devers soit. Ce phénomène de rétention est
le plus souvent responsable de la dépression, mais bien au-delà de cela, ce désordre psychique, aura
également des répercussions corporelles.
Ainsi, comme le dit Johanne Ledoux dans Guérir sans Guerre :
« La fièvre avertit d’un foyer d’infection dans l’organisme. La dépression avertit d’un foyer d’affliction dans
l’âme. Il faut la soigner avant que le corps ne tombe malade. Avec la même célérité et la même constance que
s’il s’agissait d’un cancer de chair ».
Le stress favoriserait donc l’apparition de maladies graves telles que le cancer ?
David Servan-Schreiber le pense effectivement ; pour lui, le stress est responsable de désordres psychiques
qui pourraient être responsables de troubles physiologiques réduisant nos capacités de défenses contre le
cancer.
Pour comprendre cela, essayons de définir le lien qui existe entre corps et esprit.
Le lien entre corps et esprit
Définition du stress :
Biologiquement parlant le stress correspond aux contraintes et agressions subies par un organisme qui
vont l'empêcher de vivre dans des conditions optimales.
Il est important de différencier le stress vital qui est une réaction physiologique et psychologique
impliquée dans le processus d’adaptation des rythmes biologiques, du stress pathogène qui correspond à une
sur stimulation dépassant les capacités d’adaptation de l’organisme, d’où l’apparition de maladies peuvant être
mortelles.
Actuellement le stress est le seul concept médical, admis par la communauté scientifique, qui fait un
pont entre le psychisme et les maladies somatiques via des réactions neuro-hormonales. Cette découverte a
d’ailleurs permis de démontrer la participation du cerveau dans la genèse des maux du corps.
Sources : Dictionnaire médical : le stress
L’idéogramme pour le mot « pensée » en chinois ancien est composé de deux caractères : « cerveau » et
« c?ur ». Ainsi la philosophie chinoise antique voyait l’activité de l’esprit (= la pensée) comme la confluence de
la raison et des émotions.
Au-delà de son aspect symbolique, cette représentation est en accord avec la physiologie. En effet, le c?ur
possède 40 000 neurones formant un petit cerveau semi-autonome, qui entretient des relations intenses avec
l’ensemble du cerveau situé dans la boite crânienne.
A partir de cela il parait évident que le cerveau communique avec l’ensemble des organes du corps afin de
s’adapter aux variations de l’environnement et de maintenir l’homéostasie.
Cette communication correspond à ce qui se rapproche le plus de la notion d’esprit ; elle n’est ni totalement
explicable physiquement ni totalement abstraite. Il persiste là dedans quelque chose de mystérieux que l’on
n’arrive toujours pas à expliquer.
La découverte de cette communication signifie plus ou moins que la pensée n’est pas limitée au cerveau mais
correspondrait plutôt à l’interaction de celui-ci avec tous les autres organes, comme le dit le Docteur Antonio
Damasio : « il n’y [aurait, de ce fait,] pas d’événement conscient qui ne soit à la fois une manifestation du
cerveau et de l’infinie vibration de tous les organes du corps ».
Si l’on est arrivé à déterminer les principaux acteurs de cette communication et leur mode de fonctionnement,
on n’est pas encore parvenu à déterminer quel(s) mécanisme(s) permet(tent) leur synergie et la compilation de
leurs activités. Or c’est bien cette compilation qui aboutit à la formation de la pensée.
Nous allons donc nous intéresser aux différents acteurs de cette communication pour ensuite tenter d’apprécier
la façon dont ils agissent simultanément et en harmonie pour aboutir à la formation de la pensée, essence
même de l’esprit.
Les acteurs
Les principaux acteurs de cette communication « inter organique » sont :
le système nerveux, le système endocrinien et le système immunitaire.
Le système nerveux, et plus précisément le système nerveux autonome, permet une communication
bidirectionnelle entre le cerveau et le reste du corps. Cela se fait via la transmission de signaux de types
électriques (appelés potentiels) modulés grâce à des neuromédiateurs.
Parallèlement à cela, un autre système intervient également de la communication « inter corporelle » : le
système endocrinien. Ce dernier est responsable de la sécrétion de messagers moléculaires appelés hormones
qui vont circuler (dans le sang, dans le milieu intercellulaire…) et qui vont permettre la transmission d’une
information spécifique à distance.
Enfin le troisième système, est le système immunitaire qui va transmettre des information via des cellules qui
circulent dans l’organisme et qui produisent localement des molécules (cytokines et anticorps).
)
L’action synergique de ces acteurs
Ce qu’il est intéressant de noter c’est le fonctionnement harmonique de ces trois systèmes, possible grâce à la
régulation qu’ils peuvent exercer les uns sur les autres.
On peut remarquer que, tout comme un orchestre est accordé sur le même rythme afin de créer un son
mélodieux, ces trois systèmes vont interagir de manière harmonique. Et c’est de cette interaction que
proviennent l’ensemble des actions conscientes et subconscientes que l’on exécute de même que tout ce que
l’on ressent.
Cependant, il est important de noter que si l’esprit permet la relation entre les organes via ces trois systèmes, il
n’est pas pour autant le fruit du corps, ce sont deux structures différentes mais indissociables.
L’esprit n’habite en soi aucun organe (pas même le cerveau), mais bien tous les organes à la fois ; il forme le
lien qui les unit tous en un système harmonieux et fonctionnel. Sans lui, le corps perdrait toute cohérence.
La santé résulte à chaque instant de cette interaction entre corps et esprit ; il n’y a pas de santé corporelle
isolée de la santé mentale, elles sont liées l’une à l’autre.
Toute souffrance de l’esprit (notamment celle du au stress…) sera responsable de troubles corporels plus ou
moins graves et se manifestant à plus ou moins long terme.
La première personne qui a pu démontrer médicalement cette interaction est le Professeur J.L. Dupond, chef
du service de Médecine Interne du CHU de Besançon. Il a, en s’appuyant sur de multiples travaux
internationaux, attiré l’attention du monde médical, sur l’action du stress. Il a montré son influence sur l’équilibre
immunitaire, avec son intervention dans certains processus d’immuno-suppression, expliquant la survenue de
diverses infections, dans les allergies ou dans certaines maladies auto-immunes (maladies de système), voire
dans les cancers.
Maintenant que nous avons montré la nécessité de soigner le terrain, il faut découvrir de quelle manière
l’individu peut agir sur son esprit, et par ce biais sur sa pensée.
Nous allons donc étudier le deuxième point du « mental anticancer » : la conscience au service des défenses
naturelles.
La conscience au service
des défenses naturelles
Dans la première partie, nous avions vu que l’on peut réduire le stress auquel on s’expose quotidiennement, en
changeant de mode de vie. Parallèlement à cela, il est également possible de contre balancer les effets du
stress. Cela se ferait d’après les anciennes médecines orientales, à travers l’application de techniques de
« ressourcement intérieur » telles que le yoga 4, la méditation ou encore le qigong. Ces techniques ont toutes
un but commun, le retour de l’ordre psychique encore appelé bien être. Afin de mieux comprendre les
mécanismes de ces techniques, nous allons étudier où et de quelle manière elles agissent.
Lieux d’action
En faisant quelque recherche, on constate rapidement que toutes ces techniques font intervenir la respiration.
Non pas en référence à un quelconque souffle de vie divin, mais parce que la respiration est la seule fonction à
la fois totalement autonome vis-à-vis de l’esprit conscient et facilement contrôlable par la volonté. Elle est à
l’interface même du corps et de l’esprit, et cela se voit au niveau physiologique.
Les centres de la respiration, localisés au niveau du bulbe, sont hautement sensibles non seulement aux influx
nerveux mais également à un grand nombre de molécules du système endocrine. De plus, au niveau du
parenchyme pulmonaire, on peut retrouver un type particulier de cellules du système immunitaire : les cellules
à poussières (qui appartiennent à la famille des macrophages) ; ces cellules sont non seulement responsables
de la phagocytose des élément étrangers au Soi (cellules cancéreuses comprises) mais également de la
sécrétion de nombreux facteurs immunitaires.
A cause de la coexistence importante de ces trois systèmes au niveau de l’appareil respiratoire, la respiration
pourrait permettre de restaurer le lien harmonique qui existe entre corps et esprit.
Par ailleurs, on peut noter, que ce lien qui existe au niveau respiratoire, existe également au niveau de tous les
autres organes. Et il est d’autant plus marqué si ces organes sont à l’interface entre le milieu intérieur et le
milieu extérieur. Enfin, on peut d’ores et déjà supposer, que vu que tous ces systèmes sont interconnectés, une
action sur la respiration pourra se répercuter sur l’ensemble de l’organisme.
8 Yoga : ensemble de pratiques visant à la fusion du corps et de l’esprit au profit de l’unité et de la paix
intérieure
Modes d’action
Il est essentiel de préciser que malgré le peu de moyens techniques à disposition lors de la création de ces
méthodes de « ressourcement intérieur », ces dernières n’en sont pas moins remarquables !
Grâce à différents appareillages, on a pu observer que toute action sur la respiration va non seulement se
répercuter sur les biorythmes (qui appartiennent à la régulation endocrinienne), mais également sur les
systèmes nerveux et immunitaire. La respiration est non seulement à l’interface corps esprit, mais agit
également sur cette interface.
Action sur les biorythmes
Cette action a été étudiée par le Docteur Bernardi, de l'université de Luciano en Italie ; ce dernier a mesuré
l’évolution des biorythmes au cours d’un effort mental (calcul mental, lecture à voix haute…) ; il a observé dans
chacune des expériences une variation de ces différents flux, correspondant à une sorte de dérèglement
passager permettant l’adaptation à l’effort demandé.
Afin de pouvoir préciser ces phénomènes il lui a fallu chercher ce qu’il a nommé la condition de « contrôle » ou
condition « neutre », qui correspond à l’état des biorythmes lorsque les sujets parlent sans effort mental, ou
plus précisément sans y prêter attention. C’est le cas notamment lorsque l’on récite à voix haute un texte appris
par c?ur.
En mettant en place cette expérience, il observa quelque chose de tout à fait inattendu : tous les rythmes
biologiques rentrèrent en résonance, s’alignèrent sur la même fréquence et s’amplifièrent les uns les autres,
pour au final s’harmoniser.
Le Docteur Bernardi a distingué une seule cause possible pouvant expliquer ce phénomène : la fréquence
respiratoire induite par le texte qu’il faisait réciter par c?ur (Ave Maria) ; le rythme adopté lors de sa récitation
est de six respirations par minute, ce qui correspond au rythme de fluctuation naturelle des autres fonctions
qu’il avait décidé de mesurer.
Le Docteur Bernardi réitéra cette expérience en faisant réciter à ses patients le mantra le plus connu du
bouddhisme «Om-Mani-Padme-Um » ; les résultats furent identiques. Ces expériences montrent bien la
connexion entre les différents biorythmes et comment à travers la respiration on peut arriver, avec du temps et
de l’entraînement, à les harmoniser tous.
Par ailleurs, Julian Thayer et Ester Sternberg, chercheurs à l’université de l’Ohio et à l’Institut national de la
santé américaine, ont compilé l’ensemble des études sur les biorythmes et sur leur influence sur la santé pour
en conclure que toutes amplifications de ces rythmes (par exemple par l’harmonisation) sont porteuses de
bienfait pour la santé : meilleur fonctionnement du système immunitaire, réduction des phénomènes
inflammatoires, meilleur contrôle du taux de sucre dans le sang…
Or ces trois facteurs agissent dans le développement et la lutte contre le cancer. D’où l’importance potentielle
de la méditation chez les personnes atteintes du cancer.
D’autre part, on peut observer lors du vieillissement un abaissement des biorythmes concomitant à l’apparition
de maladies telles que : l’hypertension artérielle, le diabète, le cancer… preuve encore de leur influence.
Action sur le système nerveux
Nous venons de voir les effets des exercices de méditation sur les biorythmes. Analysons maintenant leur
influence sur l’activité neuronale.
De la même manière que pour les biorythmes, la méditation pourrait entraîner une synchronisation de
l’ensemble des régions cérébrales.
On savait jusque là que n’importe quelle activité est à l’origine de la stimulation d’une région cérébrale
particulière, entraînant de ce fait un effet de potentialisation de cette région : les aveugles, par exemple, ont un
lobe occipital moins développé que le lobe temporal, le premier correspondant aux aires de la vision, le
deuxième à celles de l’audition.
Ce qui se passerait lors de la médiation serait identique, mais à l’échelle du cerveau entier : expérimentalement
on peut observer une synchronisation et une amplification de l’ensemble de l’activité cérébrale. Ainsi, le fait de
se concentrer sur soi-même (sa respiration notamment), aurait pour conséquence de potentialiser et
d’harmoniser corps et cerveau.
Action sur le système immunitaire
Les exercices de respirations, vont également avoir une action sur les systèmes diffus qui ne cessent de
véhiculer à travers les différents flux (sang, lymphe…). On observe suite à ces exercices, une amplification des
capacités d’action du système immunitaire.
Cela a été appliqué à des patients du Professeur Linda Carlson qui souffrent de cancer (sein et prostate). L’on
observe après seulement quelques mois d’entraînement quotidien à la méditation, non seulement un sentiment
de mieux-être, mais également une amélioration de l’activité des cellules NK6 améliorant de ce fait la lutte
contre le cancer.
Parallèlement à cela, on a pu également observer une variation des facteurs endocriniens et notamment de
ceux qui interviennent dans le développement ou la lutte contre le cancer (diminution des cytokines
inflammatoires, TNF alpha, interféron gamma et augmentation de l’interleukine 10 qui lutte contre
l’inflammation).
Autre action
Enfin, parallèlement à son action de potentialisation sur ces trois systèmes, la respiration a un rôle tout
particulier que beaucoup de gens négligent.
Afin de permettre un renouvellement cellulaire efficace et non pathogène, le corps a besoin de sang riche en
oxygène. Cette importance de l’oxygénation a été découverte par le Docteur Otto Warburg, lauréat du Prix
Nobel de Médecine pour la recherche sur le cancer. Il a réussi à démontrer que : « Le cancer est une condition
dans le corps où l’oxydation est devenu tellement pauvre que les cellules du corps ont dégénéré en deçà du
contrôle physiologique ».
Cette insuffisance d’oxydation est notamment due au passage d’un métabolisme aérobique (utilisant de
l’oxygène) et qui produit près de trente-huit ATP (molécules énergétiques), à un métabolisme anaérobique (mis
en route en cas d’insuffisance en oxygène) produisant deux ATP et deux acides lactiques, ces dernières étant
responsables d’une diminution du pH cellulaire. Le changement de métabolisme dû au manque d’oxygène
entraîne un stress cellulaire, non seulement à cause de l’insuffisance énergétique, mais également à cause de
la diminution du pH cellulaire.
En conclusion
L’esprit a donc effectivement son rôle à jouer dans la lutte contre le cancer ; son action ne peut nullement être
remplacée par un quelconque remède médical.
Comme nous l’avons vu, seul l’individu peut parvenir à le stimuler ; c’est pour cela qu’il est important que les
patients ne soient pas passifs face à leur maladie, mais au contraire soient des acteurs de leur guérison ;
guérison et non rémission c’est bien cela l’enjeu final de cette approche. Le plus importants n’est pas la
manière dont le patient va s’impliquer dans son combat ; la technique n’a rien de magique, elle n’est qu’un
moyen pour aboutir à une fin, ce moyen étant propre à chacun de nous.
Ainsi, Denis Caspar, pour pouvoir avancer face à la maladie s’est servi d’une image : il s’est comparé à un
navigateur, dont l’objectif était de traverser l’Atlantique sur une planche à voile, la planche représentant l’équipe
médicale, la voile ses amis et sa famille et le mât sa conjointe. Le but de cette image est de parvenir au bout du
voyage, voyage qui n’implique pas uniquement le corps mais également l’esprit. Ni l’un, ni l’autre ne sortent
identiques de cette lutte ; le docteur Nguyen parle de « cheminement spirituel au cours de la maladie et cela
quelle que soit la finalité de la maladie ». La maladie pousse les gens à véritablement aimer la vie, à
s’imprégner de chaque petit détail, à vivre chaque petit bonheur de la journée.
C’est en arrivant à cet état d’esprit que l’on met le plus de chances de son côté, car il faut non seulement croire
qu’il est possible de guérir, mais il faut également en avoir l’envie : « la moitié de la cure réside dans l’envie de
guérir » (Sénéque).
Michel Zorgniotti
[email protected]
Je souhaite remercier les personnes qui ont inspiré ce sujet : l’ensemble de l’équipe soignante du
service d’oncologie de l’hôpital de Hautepierre à Srtasbourg, ainsi que Denis Caspar, atteint d’un cancer
du poumon, qui a partagé avec moi son expérience. Ce dernier, n’a pas abordé son cancer uniquement
comme une maladie physique, mais également comme une altération de son esprit. Si la médecine l’a
aidé à lutter contre la maladie corporelle, il s’est occupé lui de son trouble psychique et cela à travers
tout un cheminement spirituel qu’il a tenté de me faire revivre grâce à son site, ses lectures, ses
impressions et surtout ses réflexions.
Sources
Anticancer de David Servan-Schreiber
Guérir sans Guerre de Johanne Ledoux
(De nombreuses citations d’auteurs proviennent du recueil de Johanne Ledoux)
http://guerirautrement.blogspot.com/ (le blog de Denis Caspar)
http://www.ligue-cancer.net
http://www.bordet.be
http://www.radio-canada.ca/Medianet/CBFT/Enjeux200311060050_m.asx (émission : les 5 parties)
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