© AFD 2009 Les enjeux géographiques du développement économique
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Préface
Depuis 30 ans, des pans entiers de l’économie paraissent dématérialisés et
déterritorialisés. Pourtant, les difficultés rencontrées par de nombreux pays et régions
nous révèlent une réalité bien différente. Au-delà ce qui est trop souvent une illusion,
on constate en effet que le monde concret, celui des espaces de vie et d’activité, refuse
de se niveler, renouvelant ainsi l’intérêt pour les relations entre vie économique et
territoires.
Ce lien entre territoire et développement économique a toujours été reconnu par
les économistes. Aussi, les questions de localisation des activités humaines et des liens
entre agglomération et croissance, qui sont au cœur de la nouvelle économie
géographique, ne sont-elles pas nouvelles. En témoignent les contributions de Von
Thünen (1833), Hotelling (1929), Lösch (1940) ou encore Perroux (1955), pour ne citer
qu’eux. Mais ce n’est que dans les années 1990, sous l’impulsion des travaux de Paul
Krugman (prix Nobel 2008) que cette facette de l’économie a connu un renouveau
analytique considérable. En s’appuyant sur le rôle des rendements croissants et de la
concurrence imparfaite, l’économie géographique a notamment permis de mettre à jour
les forces sous-jacentes aux effets géographiques d’agglomération et de dispersion,
les avantages et limites de ces effets en termes de croissance et les origines des
inégalités de développement.
Ce lien entre géographie et développement économique est également le thème
choisi en 2009 par la Banque mondiale pour son rapport annuel sur le développement
dans le monde (WDR). Ce rapport manifeste la volonté de tirer des leçons des apports
de l’économie géographique pour la mise en œuvre des politiques publiques de
développement. L’entreprise mérite d’être soulignée car la géographie, en dépit de son
importance dans les mécanismes de croissance est une dimension relativement peu
considérée par les bailleurs de fonds. C’est précisément en raison de l’importance de
ce sujet et afin de susciter le débat que l’Agence Française de Développement (AFD)
a souhaité confier à deux spécialistes du domaine – Jean-Claude Prager et Jacques-