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grammaticales, et plus spécialement, des classes de mots ou parties du
discours10 ».
1.1.2 De la philosophie à l’art grammatical
La découverte11 des parties du discours, et plus généralement des
catégories grammaticales, est un long processus qui plonge ses racines dans
la philosophie grecque. C’est Platon, qui, le premier, dans Le Sophiste, met
en relief la nécessité de distinguer le nom (onoma) et le verbe (rhêma).
Cette distinction définit le verbe comme « le signe qui s’applique aux
actions », le nom comme « le signe vocal qui s’applique à ceux qui les
font ». Par ailleurs, Platon pose le verbe et le nom comme « deux espèces de
signe » dont l’entrelacement est une condition sine qua non du discours :
« Des noms tout seuls énoncés bout à bout ne font jamais un discours, pas
plus que des verbes énoncés sans l’accompagnement d’aucun nom12 ».
Aristote, insistera à son tour sur la complémentarité du nom et du
verbe, mais approfondira leur définition en faisant de l’absence ou de la
présence de la référence au temps un critère classificatoire : « Le nom
(onoma) est un son vocal possédant une signification conventionnelle, sans
référence au temps, et dont aucune partie ne présente de signification quand
elle est prise séparément (Peri Herm. 2, 16a, 18-20) » ; « Le verbe (rhêma)
est ce qui ajoute à sa propre signification celle du temps : aucune de ses
parties ne signifie rien prise séparément, et il indique toujours quelque chose
d’affirmé de quelque chose (Peri Herm. 3, 16b, 6-8) ».
A la suite d’Aristote, les philosophes stoïciens (Zénon de Cittium,
Cléanthe d’Assos, Chrysippe, Diogène de Babylone) élaborèrent une théorie
des parties du discours en favorisant « de manière décisive le développement
en analyse grammaticale des premières partitions, encore à dominante
logique, de Platon et d’Aristote13 ». Il leur est attribué une partition de la
phrase en cinq classes de mots : nom, appellatif, article, verbe, conjonction
(incluant la préposition appelée « conjonction prépositive»). La diversification
des critères de classification des parties du discours est le signe d’une
grammatisation croissante qui conduira à l’avènement de ce que Jean Lallot
appelle la grammaire « technique» 14 .
10 Sylvain AUROUX, 1994, p. 173.
11 « Les catégories grammaticales, les six cas du latin, le casus agendi du basque, l’élément
zéro, le double rapport de l’imparfait au passé et au présent, l’étendue d’une famille
linguistique, etc., sont des découvertes scientifiques au même titre que celles que nous
pouvons rencontrer dans les sciences de la nature. Elles sont tout aussi importantes pour
l’histoire intellectuelle de l’humanité », Sylvain AUROUX, 1994, p. 32.
12 Le Sophiste 362a, cité par Sylvain AUROUX, 1996, p. 25.
13 Jean Lallot, 1998, p. 124.
14 Jean Lallot, 1998, p. 29.