
nomme la distinction fondamentale 
eur laquelle repose 
la Logiquz d.e l.a
philosophie (p. 240), la dietinction de l'explication et de la doctrine, 
qui en
fournit la règle 
d'interprétation 
(p. 
161, 
p. 
391).
Pourquoi cejeu, cetbe 
distance entre deux couches 
de sens, 
qui se
réfléchissent  l'une  dans I'autre,  sans jamais  ni "coïncidcr  absolument,  ni
s'absoudre lLnz  de I'outre" (p. 391). A  quoi renvoie cette dualite ? Que
signifie-t-elle ?
A  première  vue, elle semble analogue, voire identique à la
distinction  hégélienne du pour nous et du pour soi : dans les deux cas, il
s'agit de mettre  à jour  une incompréhension, de comprendre un discours
autrement  qu'il  ne se comprend lui-même.  Pourtant  l'incompréhension
weilienne  ne se confond pas avec I'inconscience 
de soi hégélienne. Elle
n'est pas erreur, elle n'appelle nulle Aufhebung, et I'horizon qui permet de
l'apercevoir  n'est pas celui de l'Absolu.  lncompréhension  veut  dire  ici
aveuglement, cécité, méconnaissance 
de soi. Méconnaissance 
qui ne tient
pas à l'inachèvement  du discours, au fait qu'il  ne parviendrait  pas à se
fermer. Mais plutôt  à son achèvemcnt et à sa fermeture. A chacun de ses
pas, le discours prétend avoir atteint la vérité. Dans la cohérence qui
constitue  son contenu doctrinal,  il  aperçoit, ie contenu déIinitif,  absolu,
dont la plénitude  assouvit son désir de vérité el de présence. 
Le rôle de
l'explication  weilienne  n'est pas de réfuter  cette prétention.  Il  est d,e
produire une inversion du regard, dc ramener le discours 
de la fin vers le
commencement, de maintenir  ouvert un horizon qui tend à se fermer, en
rappelant  ce que sa fermeture  lui fait oublier : que le résultat ableint est
seulement  un  résultat,  un point de vue issu d'une décision libre  et
arbitraire,  la réalisalion  d'une possibilité à laquelle s'opposent 
d'autres
possibilités. Bref,  il  s'agit de faire apparaître  ce que toute doctrine
dissimule et se dissimule d'abord à soi-mênre 
: que son contenu n'est pas le
contenu, le fond de la réalité, mais seulement un contenu, une catégorie,
i'actualisation  d'une possibilité du discours, qui ne peut, sous peine de
sombrer  dans l'illusion,  s'ériger en vérité  dernière. En  tout,e doctrine,
i'explication  découvre un autre.  Mais cette altérité  ne désigne pas une
vériLé cachée dont la doctrine n'aurait pas encore 
pris conscience 
; elle ne
renvoie pas à la présence 
d'une réponse 
que le discours serait encore
incapable 
de donner. Elle n'indique 
que I'absence 
d'une 
question 
que tout
discours cesse de poser dès qu'il  croit  pouvoir s'égaler à la  vérité  : la
question de son sens, du sens de cette vérité à laquelle il  pense être
parvenu.  A  chaque étape de son parcours, le discours peut s'achever. Ii
peut se refermer  sur la cohérence d'un  poinl  de vue qui  lui  permet
d'embrasser le tout de la réalité . La Logiquz de Ia philosophie ne conteste
nullement  la possibilitré 
d'une telle compréhension totaie. Elle se 
contente
d'en indiquer  les limites, en nnntrant  comment, en chaque cas, cebte