BURUNDI
2014
www.africaneconomicoutlook.org
Sibaye Joel Tokindang / j.tokindang@afdb.org
Daniel Gbetnkom / daniel.gbetnkom@undp.org
2Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2014
BURUNDI
• LeBurundiaenregistréen2013unecroissanceestiméeà4.6%,enhaussesur2012
(4.2%),grâceàlaprogressiondel’activitédanslessecteurssecondaireettertiaire.
• Lasituationdesnancespubliquess’estaméliorée,maislepaysestconfrontéàdes
contraintesimportantesenraisondelafaiblemobilisationdesressourcesintérieures
etdelavolatilitédel’aideextérieure,tandisqueleclimatpolitiquesesttendudansla
perspectivedesélectionsde2015.
• Lesprogrèsréalisésdanslamiseœuvredelapolitiquedegratuitédesfraisdescolarité
pourlecycleprimaireetdanslessoinsdestinésauxenfantsdemoinsde5ansetaux
femmesenceintesontpermisauBurundidegagnerseptplacesentre2012et2013sur
l’Indicededéveloppementhumain(IDH).
Vue d’ensemble
Une série de chocs exogènes (hausse des prix mondiaux des hydrocarbures et des produits
alimentaires, baisse des recettes) ont affecté l’activité économique du Burundi. Le produit intérieur
brut (PIB) a connu une légère croissance en 2013 : 4.6 % contre 4.2 % en 2012 ; l’inflation a reculé
en moyenne annuelle de 18.2 % en 2012 à 7.8 % en 2013 ; le déficit budgétaire s’est réduit passant
d’une année à l’autre de 9.1 % à 2 %. Enfin, le franc burundais (BIF) s’est déprécié de 5 % par rapport
au dollar américain (USD) entre janvier et décembre 2013.
Le secteur primaire a reculé de 2 % entre 2012 et 2013 à cause principalement des conditions
pluviométriques qui ont affecté la production de café. Le timide regain d’activité économique
observé au cours des dernières années résulte de l’expansion des services et du secteur secondaire,
ce dernier bénéficiant d’investissements dans l’industrie et dans le bâtiment et les travaux public
(BTP).
Les autorités ont poursuivi la mise en œuvre du programme soutenu par la Facilité élargie de
crédit (FEC) conclue avec le Fonds monétaire international (FMI) en janvier 2012. Ce programme a
pâti de la faible mobilisation des recettes budgétaires consécutive à la loi sur les revenus adoptée
en 2013, qui a réduit sensiblement la base taxable pour les personnes physiques. Les autorités ont
dû procéder en conséquence à un collectif budgétaire en juillet 2013, avec des mesures nouvelles
pour renforcer la mobilisation des recettes fiscales et comprimer les dépenses courantes.
En dépit de cet environnement économique difficile, la politique économique poursuivie vise
à doter le pays des infrastructures nécessaires et à promouvoir une croissance rapide et soutenue
conformément au Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP II) adopté
en février 2012. De grands chantiers dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’eau et de
l’électricité, des télécommunications ont été mis en œuvre en 2013 et de nouveaux programmes
ont été soumis aux partenaires techniques et financiers lors des conférences sectorielles en juillet
et octobre 2013.
Compte tenu des incertitudes pesant sur l’aide extérieure dans les années à venir le
gouvernement entend mettre l’accent sur la mobilisation des recettes intérieures à travers la
poursuite des réformes de l’administration fiscale, notamment la simplification des procédures,
la mise en place d’un régime fiscal souple, lélargissement de l’assiette, la décentralisation et la
modernisation des structures de collecte ainsi que l’harmonisation du système fiscal avec la
réglementation de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE).
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Perspectives économiques en Afrique
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Figure 1. TauxdecroissanceduPIBréel
%
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2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)
Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique (%) Afrique de l'Est (%)
Source : BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; prévisions (p).
Tableau 1. Indicateursmacroéconomiques
2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)
Croissance du PIB 4.2 4.6 5.2 6.7
Taux de croissance du PIB réel par habitant 1.0 1.5 2.1 3.6
Inflation 18.2 7. 8 5.4 7.0
Solde budgétaire (% PIB) -9.1 -2.0 -3.6 -3.9
Compte courant (% PIB) -15.3 -14.6 -15.0 -15.3
Source : Données des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
Développements récents et perspectives
La faible diversification de l’économie burundaise associée à une conjoncture économique
internationale morose a eu pour conséquence un taux de croissance limité à 4.6 %, en deçà
des projections initiales de 5.2 %. Ce résultat traduit la fragilité d’une économie assujettie à de
multiples contraintes dont, notamment, le faible niveau des investissements, les coûts élevés
de production associés à une main d’œuvre faiblement qualifiée et un climat des affaires peu
attractif, en dépit des progrès réalisés en termes de réformes. À ces faiblesses structurelles sont
venues s’ajouter les conséquences du changement climatique, le faible niveau de la production et
la volatilité des cours mondiaux du ca.
La croissance observée en 2013 a été tirée par les secteurs secondaire (16 % du PIB) et tertiaire
(45 % du PIB) qui ont respectivement progressé de 9.5 % et de 4.1 %, contre 8.0 % et 3.0 % en 2012.
En revanche, le taux de croissance du secteur primaire (39 % du PIB) a régressé de 5.2 à 3.9 %.
Au plan industriel, l’indice moyen pondéré de la production sest accru de 4.3 % grâce
principalement à lagro-alimentaire (+ 3.8 %), à la chimie (+ 9.3 %) et aux matériaux de construction
(+ 47.7 %). Victime de la cyclicité du caféier, la chute de la production de café est la principale
responsable du recul du secteur primaire. La production estimée de café vert de la campagne
2013/14 est en recul de 42.5 % sur la précédente, passant de 23 775 à 13 677 tonnes. En revanche, la
production estimée du thé sec a progressé de 1.4 %, passant de 9 040 à 9 164 tonnes. La croissance
de l’agriculture vivrière a connu une légère augmentation de 3.5 %.
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Du côté de la demande, la formation brute de capital a augmenté d’environ 8.4 % en 2013. Par
contre, la contribution globale du secteur extérieur à la croissance du PIB a été négative (-0.5 %)
du fait de la faible production de café en 2013.
Le cap des réformes inscrites dans le CSLP II est maintenu par les autorités et les efforts
engagés ont permis d’enregistrer d’importants progrès, notamment dans lamélioration du
climat des affaires. Toutefois, le Burundi est confronté à des défis majeurs, en particulier la
nécessité d’asseoir les bases d’une croissance économique accélérée, apte à créer des emplois et
à améliorer durablement les conditions de vie de la population. À cet effet, les réformes en cours
pour consolider le système de gouvernance, améliorer le climat des affaires et développer les
infrastructures dans les secteurs vitaux de l’économie, en particulier les transports et l’énergie,
vont être amplifiées.
Les perspectives macroéconomiques restent précaires et dépendent largement de
l’environnement économique extérieur, mais les pouvoirs publics tablent sur une augmentation du
taux de croissance de 5.2 % en 2014 (relativement optimiste comparé aux 4.7 % du FMI), entretenue
par la hausse de la production du secteur primaire (6.8 %) et du secteur secondaire (10.5 %) tandis
que le secteur tertiaire connaitrait une décélération (2.8 %). Les hypothèses qui sous-tendent
cette projection se fondent notamment sur la relance de l’agriculture à travers la mise en œuvre
effective du Programme national d’investissement agricole (PNIA), le développement de lagro-
industrie et le démarrage de lexploitation minière, notamment le nickel et le coltan. Un nouvel
élan dans le secteur tertiaire à travers l’exploitation de la fibre optique et les investissements dans
les secteurs des télécommunications et du tourisme devraient également avoir un effet positif
sur la croissance du PIB. De même, les engagements pris par les donneurs en octobre 2012, pour
un montant estimé de 2.6 milliards USD, sont de nature à renforcer ces hypothèses. Par ailleurs,
selon les hypothèses du FMI, l’inflation, qui devrait continuer à reculer pour se situer autour de
6 % grâce à la chute attendue des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers, pourrait
entraîner une stabilisation du taux de change du franc burundais par rapport au dollar américain
et relancer la consommation intérieure.
Les principales menaces pesant sur l’évolution de l’économie à moyen terme sont liées à sa
forte sensibilité aux aléas climatiques. De plus, l’instabilité à lest de la République démocratique
du Congo (RDC) pourrait représenter, à terme, un facteur de déstabilisation. La conjoncture
internationale incertaine risque de ralentir le flux de l’aide extérieure. Enfin, les moindres
rentrées fiscales résultant de la nouvelle loi sur l’impôt sur le revenu et la pression des dépenses
en période préélectorale soumettront la position budgétaire à un regain de tensions et pourraient
accroître le recours au financement de la banque centrale.
Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)
2008 2013
Agriculture, chasse, foresterie et pêche 41.4 39.4
dont pêche 0.6 0.3
Mines 0.7 0.6
dont pétrôle
Manufactures 11.7 11.0
Electricité, gaz et eau 0.9 0.4
Construction 3.5 3.9
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 6.7 8.3
dont hôtels et restaurants
Transports, entreposage et communications 3.5 4.5
Finance, immobilier et services aux entreprises 16.0 15.5
Services des administrations publiques 7.3 8.0
Autres services 8.3 8.4
Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100
Source : Données des administrations nationales.
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Politique macroéconomique
Politiquebudgétaire
Face aux difficultés résultant de la baisse des recettes fiscales les autorités ont pris des
mesures additionnelles qui ont permis l’adoption d’une loi de finances rectificative en juillet 2013
avec des révisions à la baisse par rapport au budget initial de 1 % du total des dépenses et de 2.4 %
des recettes et subventions.
L’Office burundais des recettes (OBR) a poursuivi la mise en œuvre les réformes entreprises
visant à élargir l’assiette fiscale et à accroître lefficacité de la collecte des impôts, notamment
par le rétablissement de la taxe sur les produits alimentaires et pétroliers et l’élimination des
exonérations sur tous les marchés publics. Un nouveau décret instituant un taux intermédiaire
de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a été adopté en 2013. Toutes ces mesures nont pourtant pas
permis denrayer la baisse des recettes intérieures (13.6 % du PIB en 2013 contre 14.9 % en 2011).
Tenant compte de la nature volatile de laide étrangère, la loi de finances pour 2013 a
subordonné l’exécution des dépenses non prioritaires au décaissement des appuis budgétaires
des bailleurs de fonds. Des plafonds d’engagements et des plans de trésorerie annuels glissants
ont servi de tableaux de bord de pilotage. Les dépenses sont passées de 36.0 % du PIB en 2011 à
35.9 % en 2012 puis à 35.2 % en 2013. La masse salariale a atteint 8.7 % du PIB en 2013 contre 8.1 %
en 2012 du fait de la poursuite des recrutements dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Les dépenses d’investissement sur ressources propres ont légèrement diminué pour sétablir à
13.3 % du PIB en 2013 contre 13.7 % en 2012. Quant aux dépenses pro-pauvres (santé, éducation,
transports, agriculture, etc.), elles ont été plus faibles que prévues en 2013 (8.8 % du PIB contre
11.5 % en 2012). La mise en œuvre des mesures convenues avec le FMI dans le cadre de la FEC a
toutefois permis de maintenir le déficit budgétaire à 2 % du PIB en 2013 contre 9.1 % en 2012.
Au plan des réformes, la mise en place des Contrôleurs des engagements des dépenses (CED)
dans les ministères prioritaires a été élargie à dix autres ministères et la politique de suppression
du parc automobile de l’État a été menée avec succès. Une analyse de l’impact des exonérations
sera menée en 2014 et pourrait conduire à proposer des mesures correctives pour une meilleure
gestion de ces exonérations, notamment dans le cadre du code révisé des investissements en
cours d’adoption.
Tableau 3. Opérationsnancièresdel’État(enpourcentageduPIB)
2005 2010 2011 2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)
Recettes totales (avec dons) 19.2 25.4 27.3 26.8 33.8 32.3 31.0
Recettes fiscales 13.1 13.7 14.9 14.1 13.7 13.6 13.5
Dons 4.9 10.9 11.3 11.7 19.1 17.7 16.5
penses totales (et pts nets) (a) 26.2 32.7 36.0 35.9 35.7 35.9 34.9
Dépenses courantes 19.3 22.1 23.7 22.3 22.3 22.5 22.1
Sans les intérêts 16.7 20.9 22.8 21.5 21.4 21.8 21.4
Salaires 6.0 8.6 9.1 8.1 8.8 9.8 10.4
Paiement d'intérêts 2.6 1.2 0.9 0.8 0.9 0.7 0.7
Dépenses en capital 7.0 10.6 12.4 13.7 13.5 13.5 12.8
Solde primaire -4.4 -6.1 -7.8 -8.3 -1.1 -2.9 -3.2
Solde global -7.0 -7.3 -8.7 -9.1 -2.0 -3.6 -3.9
Note : a. Seuls les principaux postes de recettes et de dépenses sont détaillés.
Source : Données des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
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