24/09/2008 Chap VII La capsule, le glycocalix Introduction la capsule est un composant superficiel important de la virulence des bactéries (G+ et G-) qui intervient dans la préparation de vaccins (Ag K). Définitions Le glycocalix (capsule au sens large) correspond à toute substance qui entoure la paroi de certaines bactéries et qui n’est jamais délimitée par une membrane. On distingue: -un glycocalix sans signification anatomique qui correspond à un composant extracellulaire (visqueux et plus ou moins diffusible) et éliminable par simple lavage: slime layer ou couche mucoïde -un glycocalix ayant une signification anatomique (couche cohérente visible au microscope) qui correspond à une : *couche muqueuse, qui peut être éliminée par des procédés doux *capsule proprement dite, difficile à éliminer; elle correspond souvent à un gel très hydraté de polysaccharides (liaisons covalentes) *microcapsule muqueuse *microcapsule 1 24/09/2008 Mise en évidence 1- Examen à l’état frais L’examen direct montre un halo réfringent entourant le corps bactérien 2-Examen direct en présence de protéines non spécifiques L’utilisation de sérum à un pH convenablement choisi (acide) augmente l’indice de réfraction 3-Examen direct en présence d’anticorps spécifiques On observe un phénomène de gonflement de la capsule (augmentation de l’indice de réfraction) 4- Examen après coloration Coloration négative (MO) méthode de Burri à l’encre de chine Coloration positive (MO) colorants fluorescents Ultrastructure (ME) couche mal définie, coloration négative et ombrage métallique Disposition, structure et ultrastructure épaisseur: de 0,2 µm (microcapsule) à >1µm (capsule) aspect: plusieurs germes enclos dans une même capsule (Klebsiella, Pneumococcus) ; consistance glaireuse= zooglée Leuconostoc mesenteroïdes) ; gaine rigide; capsule très fine visible en fluorescence (certains Bacillus) organisation: souvent absente, parfois présence de fibrilles perpendiculaires à la paroi (E. coli) ou hétérogénéité biochimique (capsule polypeptidique et polysaccharidique chez B. megaterium) ; variations d’épaisseur 2 24/09/2008 Composition chimique 1-Capsule polysaccharidique Correspond à la structure la plus fréquente et la plus variable Homopolysaccharide Correspond à la polymérisation d’un seul type d’ose (plusieurs millions de daltons) glucose (dextranes ou glucanes): Leuconostoc mesenteroïdes (source industrielle de dextranes) fructose (levanes ou fructosanes): Streptococcus salivarius galactose (galactanes): Mycoplasma mycoïdes (sans paroi) mais aussi fucose , rhamnose… Hétéropolysaccharide: Ces capsules hétéroploysaccharidiques résultent de la polymérisation d’un motif de base (ose + acide uronique) et forment un gel fortement hydraté; elles sont fréquentes en pathologie humaine: polyosides pneumococciques: motif d’acide D-glucuronique et de D-glucose(b 1-4), grande variété antigénique (80 types) polyosides streptococciques(groupes A et C) : motif d’acide D-glucuronique et de DNacétylglucosamine; la capsule est présente au début de la phase exponentielle de croissance, puis elle est hydrolysée par la streptohyaluronidase polyosides K des entérobactéries, motif variés, très acides (80 types chez E. coli) 3 24/09/2008 2- Capsule peptidique surtout chez les bactéries G+ Bacillus anthracis, polypeptide d’acide D-glutamique Capsulogénèse Expression phénotypique du caractère capsule Importance du milieu de culture Streptococcus salivarius (levanes) et Leuconostoc mesenteroïdes (dextranes): saccharose; les halophiles: NaCl; les pneumocoques: source de carbone Importance de la pression de sélection capsule in vivo, perte de la capsule in vitro Importance des conditions physiologiques optimales exemple des Streptocoques (phase exponentielle de croissance) Facteurs génétiques Perte par mutation, récupération par transformation (Streptococcus pneumoniae) Expérience de Griffith et col. Transformation ( Avery, Mc Leod et Mc Carthy) 4 24/09/2008 Streptococcus pneumoniae Expérience Griffith (1928) Transformation des bactéries (Streptococcus pneumoniae) C+ = germe capsulé C-= mutant non capsulé 5 24/09/2008 Avery,Mc Leod et Mc Carthy (1944). Gène S (C+) pour la Formation d’une capsule Mutant (C-) pour la Formation d’une capsule Biosynthèse 1- A partir de précurseurs endogènes de sucres chez E.coli (undécaprényle-P) 2- A partir de précurseurs du milieu de culture c’est notamment le cas des capsules homopolysaccharidiques synthétisées à partir du saccharose: Dextrane sucrase chez Leuconostoc mesenteroïdes avec accumulation de fructose dans le milieu; levane sucrase chez Streptococcus salivarius avec consommation du glucose Importance et fonctions de la capsule Rôle protecteur, mais non vital résistance à la dessiccation, réserve nutritive; mais ni altération du métabolisme, ni de la viabilité par l’élimination de la capsule. Facteur de virulence protection contre la phagocytose (Pneumocoque, Bordetella pertussis, N. meningitidis) absence d’activation ou dégradation du complément préparation de vaccins anticapsules 6 24/09/2008 Activation et inactivation de la voie alterne du complément Pour que la voie alterne soit activée, la composante C3b du complément doit se lier de façon non-spécifique à la paroi cellulaire bactérienne. L'attachement du C3b permet la liaison du facteur B. Ce dernier est ensuite clivé par le facteur D pour former la C3 convertase (C3bBb), initiant du même coup la cascade du complément. L’inactivation peut intervenir à différents niveaux : Pas de liaison de C3b, dégradation de C3b, inhibition de la liaison de B. Par ailleurs, la présence de la capsule peut interférer entre la reconnaissance du C3b et son récepteur; malgré l'opsonisation, la bactérie ne sera pas phagocytée car les polysaccharides capsulaires bloquent l'accès des récepteurs au C3b Spécificité antigénique et pouvoir immunogène Les polysaccharides (capsules polysaccharidiques) sont antigéniques les polypeptides (capsules peptidiques) se comportent comme des haptènes Critères d’identification Intérêt diagnostique et épidémiologique incluant les porteurs sains (par exemple : Pneumocoque, Meningocoque) : Sérotypage d’un germe capsulé à partir d’un sérum spécifique ; recherche d’Ac agglutinants dans le sérum du malade à partir de souches connues Propriétés adhésives de certaines capsules bactéries marines (polysaccharide compact) Streptococcus mutans (caries dentaires) 7 24/09/2008 Formation de biofilm Adhésion à des matériaux étrangers (cathéters, drains, …) S. epidermidis Formation d’un biofilm: un mécanisme complexe 8 24/09/2008 Les biofilms jouent de nombreux rôles "positifs" majeurs Géologie transformation des flux de matière aux interfaces, formation/altération des minéraux, hydrobiologie Agronomie colonisation de la surface des racines et des feuilles de plantes… Physiologie colonisation du tractus intestinal, de l'appareil urogénital… Industrie Dépollution/ Réacteurs à biomasses fixées ou floculées Impacts négatifs des biofilms Unités de refroidissement des usines de production électrique, des usines chimiques… Augmentation des énergies de pompage, Colmatages Corrosions imprévues Niches pour l'accumulation de pathogènes Utilisation massive de biocides Transports maritimes, plates-formes off-shore, installations portuaires… biofilm sur la coque des navires peut réduire leur vitesse de 10% Perte de patrimoine culturel Bâtiments, oeuvres, objets archéologiques… Agroalimentaire Contamination des produits alimentaires Dégradation des qualités organoleptiques Production et distribution d'eau Dégradation des qualités organoleptiques (odeurs) Accumulation de pathogènes (Légionelles) 9 24/09/2008 Impacts négatifs des biofilms Dentaire Attaque des alliages, infections Mise en solution (lente) d'ions métalliques Hôpitaux Contamination des locaux et équipements (salles d'intervention, circuits de distribution d'eau…) Ex: Hopital G.Pompidou: filtres pour points d’eau estimé à 3 M€/an 65% des infections nosocomiales impliquent des biofilms : cathéters, implants, 10 24/09/2008 Mise en évidence d’un biofilm bactérien par coloration à l’iode 11