Le premier rapport10 porte sur le décès d’un enfant de huit mois survenu par arrêt cardiaque,
en salle d’observation à l’urgence d’un centre hospitalier.À son arrivée à l’urgence, l’enfant
est évalué au triage puis codé urgent. L’infirmière du triage avise le médecin de garde et lui
fait rapport de ses observations. Si cette infirmière n’avait pas insisté sur le cas de l’enfant
auprès du médecin, ce dernier aurait couché l’enfant au cube (en attente d’une salle) alors
que les symptômes cliniques observés par l’infirmière démontraient un état de santé précaire
et nécessitaient un suivi rigoureux de l’évolution de l’état de santé de l’enfant en salle
d’observation (salle trauma).
Toutefois, en salle d’observation, l’enfant est décédé par arrêt cardiaque à la suite d’un choc
hypovolémique consécutif à une rupture de la rate. L’infirmière de la salle d’observation et le
médecin de garde ont concentré leurs observations sur les signes neurologiques. L’enquête
faisant ressortir des lacunes dans les notes d’observations en ce qui concerne les signes
vitaux. Dans ses conclusions, le coroner souligne l’importance d’une bonne compréhension
entre les intervenants quant à leurs responsabilités respectives en vue d’assurer la continuité
des soins et traitements, et d’une «confiance mutuelle éprouvée, propre à laisser beaucoup
de place au jugement de l’infirmière»11.
L’autre rapport12 comporte un constat du coroner relativement au rôle que l’infirmière doit
être en mesure d’assumer quant à l’évaluation de l’état de santé (triage) des patients qui se
présentent à l’urgence. Ce rapport a trait au décès d’une personne âgée, à la suite de son
admission à l’urgence, dû à un problème cardiaque sévère et à une insuffisance respiratoire.
Dans ses conclusions, le coroner souligne que, malgré que le triage ait bien fonctionné, la
situation prévalant à l’urgence était dangereuse en raison de la présence d’un seul médecin,
jugée insuffisante pour répondre à l’achalandage et à la gravité des cas référés. Dans les
circonstances, il n’est pas acceptable qu’une évaluation effectuée en quelques minutes par
l’infirmière puisse entraîner des attentes prolongées de l’ordre de 12 heures. Le coroner
recommande qu’à chaque fois qu’il y a attente de plus de 2 ou 3 heures, le système de triage
devrait pouvoir être suffisamment souple pour permettre de disposer du personnel infirmier
supplémentaire afin de faire une évaluation clinique plus complète, incluant la révision du
dossier antérieur et une anamnèse complète. Cela pourrait permettre d’adresser ou de
soumettre plus rapidement aux médecins de garde les cas plus lourds de polypathologies qui
ont davantage de risque de présenter une détérioration rapide, sans se fier uniquement aux
symptômes présentés à l’admission de ces patients.
Deux autres rapports illustrent que, dans certains milieux où il n’y a pas de médecin sur place,
c’est l’infirmière qui est en situation de déceler les cas problématiques nécessitant un suivi
médical. C’est à la suite de ses observations cliniques que le médecin interviendra ou non en
temps utile auprès du patient.
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10. Rapport A-122858, 24 février 1999, coroner Gilles Perron.
11. Ibid., p. 41-42.
12. Rapport A-128256, 21 mars 1999, coroner Raynald Gauthier.