LA PROMOTION CHEZ LE DISTRIBUTEUR

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COULIBALY Marie
CRAUSER Claude
IACONA Carole
MONFORT Alice
PENNACCHIA Marc
TELL Nathalie
VANDAIS Brice
LA PROMOTION CHEZ LE
DISTRIBUTEUR
Quelle stratégie préside les choix promotionnels du lieu de
vente ?
Gestion Commerciale – Mme MANOUK
Maîtrise de Sciences Economiques – Mention Gestion de l’Entreprise (groupe 3)
S OMMAIRE
INTRODUCTION.......................................................................................................2
1. OBJECTIFS ET TECHNIQUES PROMOTIONNELLES DU DISTRIBUTEUR
.....................................................................................................................................6
2. L’IMPACT DES OPÉRATIONS PROMOTIONNELLES.................................16
3. L’IMPACT DES PROMOTIONS SUR LES VENTES ET SUR LA
STRUCTURE CONCURRENTIELLE DE LA CATÉGORIE DE PRODUIT .....27
CONCLUSION .........................................................................................................34
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................37
TABLE DES MATIÈRES.........................................................................................38
ÉLÉMENTS DU COURS .....................................ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.
I NTRODUCTION
La fin des années 1980 a placé l’économie sous le signe de l’incertitude et de la
complexité en raison de l’accélération conjointe de plusieurs facteurs tels que le
développement des nouvelles techniques de l’information et de la communication
(NTIC), le remodelage du paysage géopolitique mondial avec par exemple la fin de la
guerre froide, et aussi une démassification de la consommation, c'est-à-dire que les
sociétés de consommation vont s’éclater en une multitude que l’on croise avec des
socio-styles. Dans cet univers mouvant, l’entreprise a fait d’une nécessité la maîtrise de
la fonction marketing. Cette prépondérance du marketing se reflète dans les dépenses
de communication. En effet entre 1992 et 1999, les dépenses de communication en
France ont progressé de 32,7%, passant de 132.822 milliards de francs à 176.231
milliards de francs1.
Toutefois la progression de ces dépenses ne s’est pas faite uniformément. On
constate de fortes disparités suivant le mode d’expression choisi. Alors que les
investissements médias ont crû d’un quart entre 1992 et 1999, ceux hors-médias ont
augmenté d’un peu plus du tiers (25,9% contre 37%). Les médias concernent les grands
moyens de communication tels la presse, la télévision, l’affichage, le cinéma ou la
radio. Quant aux instruments hors-médias, ils incluent le marketing direct, la publicité
par l’évènement, les relations publiques, les annuaires & les guides et la promotion des
ventes. C’est cette dernière forme qui a été la plus dynamique avec une croissance de
62,22% sur la période 1992-19992. Motivé par ce dynamisme, l’étude portera donc sur
ce mode de communication.
La promotion des ventes est une offre temporaire qui doit permettre une
accélération des ventes sur une période, avec des résultats mesurés. La promotion des
ventes étant un ensemble assez hétéroclite de techniques, les praticiens ont cherché à
définir la promotion par ce qui pouvait les rassembler. En voici quelques définitions :
« La promotion des ventes est l’opération qui offre et qui apporte un avantage
effectif au consommateur, dans un temps et un espace géographique limités. Son
objectif est d’augmenter directement les ventes ou d’optimiser l’image de marque du
produit3. »
1
Source : France Pub
LENDREVIE & BROCHAND, Le Publicitor, Dalloz, 2001
3
COHEN, La Politique de Promotions des Ventes, Dunod
2
2
« La promotion des ventes consiste en un ensemble de techniques destinées à
stimuler la demande à court terme, en augmentant le rythme ou le niveau des achats
d’un produit ou d’un service effectué par les consommateurs ou les intermédiaires
commerciaux4. »
« La promotion des ventes regroupe l’ensemble des actions marketing, ponctuelles
et ciblées, caractérisées par une offre et les médias associés (en émission et en
réception) visant à la création de nouveaux comportements ou à la stimulation de
comportements actuels d’agents et intermédiaires au sens large (prescripteur, acheteur,
vendeur) contribuant à l’accroissement de la demande à l’entreprise5.»
Alors que la publicité donne une raison d’acheter, la promotion offre une incitation
à l’acte d’achat. En 1999, les dépenses de promotion des ventes en France représentent
25.958 milliards de francs soit 25,2% des dépenses hors-médias et 15,9% du total des
dépenses publicitaires françaises. Le périmètre pris en compte pour ce calcul intègre
des promotions destinées aux consommateurs (dont les plus courantes sont les bons de
réduction, les offres spéciales, les primes et les échantillons), les promotions
représentants (concours, cadeaux, bonus et primes spéciales), et les promotions réseaux
(remises sur quantité, bonifications produit, défraiements publicitaires). Le nombre
d’actions promotionnelles est passé de 2.300 en 1980 à 9.345 en 1990 et 62.674 en
1999, soit 27 fois plus d’offre. Ce phénomène a été favorisé par le développement de la
distribution moderne en libre service, l’essor de la grande consommation et la nécessité
croissante de différenciation des produits.
La promotion des ventes présente tout un faisceau d’avantages qui ont été mis en
lumière par FARRIS & QUELCH6 :
-
elle permet d’ajuster à court terme la demande à l’offre
-
son impact sur les ventes se fait sentir de façon immédiate et est beaucoup plus
fort que celui de la publicité
-
elle permet de mesurer l’élasticité au prix
-
elle incite les consommateurs à essayer de nouveaux produits et à développer
leur connaissance des prix
4
KOTLER & DUBOIS, Marketing Management, Pearson.
DESMET, Promotion des Ventes : Du 13 à la douzaine au marketing direct, Nathan.
6
FARRIS & QUELCH « In Defense of Price Promotion », Sloan Management Review.
5
3
-
les offres de prix sont très ciblées ce qui permet de faire varier le prix payé par
différents segments de marché avec des limites de lieu et de temps. Ainsi cette
technique permet de ne pas dégrader durablement les prix
-
la promotion permet de gêner la concurrence, en remplissant par exemple les
linéaires d’une promotion avant le lancement d’un produit concurrent
-
de même, pour les consommateurs, elle génère un gain utilitaire, c'est-à-dire
financier mais s’accompagne aussi de bénéfices psychologiques liés à la
découverte de nouvelles marques et au sentiment de faire une bonne affaire7.
A l’inverse, la promotion peut donner aux clients le sentiment que le prix habituel
n’a pas de réel fondement. En outre, on a une dégradation de l’image de marque, par un
recours trop systématique aux promotions, en lui donnant une image trop « bon
marché ». Toutefois, cela dépend des promotions et il importe de distinguer celles qui
reposent sur une baisse de prix de celles qui ajoutent de la valeur (comme les bouteilles
sérigraphiées d’Evian en période de Noël). De même, l’offre promotionnelle peut se
révéler avoir un coût réel pouvant être très important. Ainsi ABRAHAM & LODISH8
démontrent à travers une étude de 360 tests effectués aux Etats-Unis en dix ans que
seules 16% des promotions étudiées étaient véritablement rentables. La promotion des
ventes souffre aussi d’une faible créativité or avec la multiplication de ce type d’offres,
les consommateurs sont plus avertis et les offres doivent être compétitives pour la cible
et pour la marque. Enfin les offres de prix peuvent être facilement contrées par la
concurrence et générer un risque de cercle vicieux vers une guerre des prix.
La promotion des ventes est aujourd’hui utilisée par toutes sortes d’organisations :
fabricants, grossistes, détaillants, syndicats professionnels et même organismes à but
non lucratif, comme en témoignent les concours organisés au profit des œuvres
caritatives. Nonobstant certains secteurs y ont davantage recours que d’autres9.
7
Ce point a été plus particulièrement développé par CHANDON, WANSINK & LAURENT dans « A
benefit congruency framework of sales promotion effectiveness » et CHANDON & WANSINK dans
“ When are stockpiled products consumed faster ? A convenience-salience framework of postpurchase
consumption incidence and quantity”
8
ABRAHAM & LODISH, « Getting the most of advertising and promotion », 1990.
9
Source : BIPP 1999.
4
La distribution est le premier investisseur promotionnel (54% des dépenses), devant
l’alimentaire (25%), le non-alimentaire (16%) et les services (5%). Ainsi la distribution
est le secteur qui dépense le plus en publicité que ce soit médias ou hors-médias, soit
9.514 milliards de francs, en hausse de 19,5% en 1999 par rapport à 1998. Au premier
rang des annonceurs en 1999, on retrouve le Groupe Auchan (1.501 milliards de francs)
à la sixième position et Carrefour en numéro 10 avec 1.184 milliards de francs. La
distribution constituant le premier acteur de la promotion des ventes, l’analyse se
concentrera donc sur ce champ d’étude : la promotion dans le lieu de vente.
Si la promotion est multiple quant aux acteurs qui l’utilisent, elle est aussi multi
facette. En effet, une large gamme de méthodes de promotion s’offre aux distributeurs.
Les réductions de prix sont utilisées dans un cas sur deux (57%), puis ce sont les primes
qui suivent avec 23%, les jeux concours (14%) et enfin les offres d’essai et
d’échantillons (5%). Les offres de prix sont prépondérantes de nos jours. Elles incluent
les offres spéciales, la vente groupée, les bons de réduction, les offres de
remboursement, les 3 pour 2 ou treize à la douzaine, la reprise de produit, les bons de
réduction à valoir, la vente jumelée et le « satisfait ou remboursé ». L’étude se
focalisera donc sur ce type d’offres attendu qu’elles sont majoritaires.
Les offres promotionnelles sont donc une constituante essentielle du marketing du
distributeur dont le dispositif de stimulation des ventes passe souvent par les offres de
prix. Le distributeur peut aussi parfois être partenaire de l’opération déclenchée par un
fournisseur ce qui renforce la communication de son enseigne (trade promotion). Mais
qu’est ce qui détermine les choix stratégiques du distributeur dans la promotion du
produit ? Quels sont les objectifs poursuivis par celui-ci et quels moyens sont à sa
disposition ? Et quels impacts attend-il de cette opération ? La présentation portera dans
un premier temps sur les techniques promotionnelles et les objectifs poursuivis par le
distributeur puis dans un second volet sur les impacts des opérations promotionnelles.
5
1. O BJECTIFS ET TECHNIQU ES PROMOTIONNELLES
DU DISTRIBUTEUR
Lors de la mise en place des promotions des ventes, le distributeur poursuit
différents objectifs ou buts. Du choix de l’objectif s’en déduit le choix de la technique à
utiliser. Ainsi il y a certaines techniques qui sont mieux adaptées pour atteindre certains
objectifs que d’autres. Cependant toutes techniques à également ses limites.
1.1. L ES OBJECTIFS DE LA PROMOTION DES VENTES
1.1.1. L E
LANCEMENT D ’ UN PRODUIT NOUVEAU
Il faut différencier s’il s’agit simplement d’un élargissement de gamme ou si on est
dans le cas d’une mise en place d’un produit totalement nouveau.
Selon le cas on peut s’appuyer sur l’image de la marque, ses compétences
reconnues dans un certain domaine afin de promouvoir le produit en question. Ainsi
quand Danone met en rayons les produits « actimel », ils ont déjà l’image de fabricants
de produits laitiers, combinés à une notion de santé et de soin nutritionnel. On a un effet
de synergie qui peut être exploité.
Si par contre on est dans le cas d’une mise en place d’un produit totalement
nouveau, l’image de marque ainsi que les notions qui y sont sous-jacentes, doivent
encore être créées. C’est une phase très difficile à mettre en œuvre car il s’agit d’un
processus subtil qui doit être mis en place.
1.1.2. L’ INCITATION
AU ZAPPING D ’ ENSEIGNE
Il s’agit de détourner les clients d’un magasin concurrent. C’est difficile car les gens
prennent vite des habitudes qui ne sont pas évidentes à changer. En même temps, il ne
faut pas oublier la mise en place d’un système de fidélisation, pour contrecarrer une
telle action lancée par un concurrent.
6
1.1.3. L’ ECOULEMENT
DES STOCKS
Les stocks nécessitent d’être minimisés pour différentes raisons. On a déjà l’aspect
financier. Il est évident que les stocks représentent une immobilisation de cash-flow qui
ne peut être utilisée ailleurs. En plus ils sont coûteux. Souvent on a des conditions
spécifiques de stockage (normes d’hygiène, appareils frigorifiques, …) et on a besoin
d’un certain espace, dont la mise à disposition n’est pas gratuite non plus.
Un autre aspect est que s’il s’agit de produits périssables, il vaut mieux les vendre à
faible marge que de les jeter et de perdre la totalité du coût d’achat et de stockage. C’est
surtout les aliments frais qui doivent connaître une rotation élevée. Mais ce problème
est aussi celui des produits dits de « mode » qui ne peuvent être gardés longtemps. Une
fois leur mode passée, on aura de plus en plus de difficultés à les vendre.
1.1.4. L’ AUGMENTATION
DE LA PART DE MARCHE
En faisant des promotions on essaie de faire acheter au consommateur plus que ce
qu’il ne voulait au départ ou plus que ce dont il avait besoin (ex : dans un paquet de
bouteilles d’eau, une bouteille est gratuite ; on prend deux paquets de six bouteilles au
lieu d’un seul).
1.1.5. L A
DESAISONNALISATION DE LA CONSOMMATION DES
PRODUITS
On essaie d’étaler les ventes d’un produit sur toute l’année au lieu d’avoir une forte
concentration de la demande de façon périodique. Par exemple, la consommation de
saumon fumé, jadis réservée aux jours de fête, est plus annualisée aujourd’hui.
1.1.6. L’ INCITATION
A ESSAYER UNE GAMME DE PRODUITS
Certaines techniques de promotion permettent de coupler l’achat d’un produit avec
une incitation à l’essai d’un autre produit (vente groupée ou bien coupon de réduction
7
croisé). La promotion des ventes permet ainsi de développer les ventes d’une gamme de
produit et d’augmenter sa pénétration du marché.
1.1.7.
LA
STIMULATION
DES
REGIONS
INFRACONSOMMATRICES
La consommation d’un bien sur un territoire ne se fait pas de manière homogène.
On constate de fortes disparités des taux de pénétration des produits en fonction des
zones ou régions géographiques concernées. Par exemple, les taux d’équipement en
sèche linge sont plus élevés dans les régions du nord de la France que dans celles du
sud qui bénéficient de conditions d’ensoleillement (et donc de séchage) plus favorables.
La promotion, pouvant être très ciblée géographiquement, permet de palier à ses
différences de consommation.
1.1.8. L A
LUTTE CONTRE LE FREIN PRIX
L’acte d’achat réalisé par le consommateur est le résultat d’un conflit où
s’affrontent des motivations et des freins. Les freins sont des déplaisirs ou sentiments
désagréables ; au premier rang de ceux-ci se trouve le prix. En effet en fonction du
niveau de prix constaté le consommateur sera plus ou moins incité ou dissuadé à
l’achat. Afin de lutter contre ce frein, les distributeurs vont mettre en place des
promotions pour transformer les non-consommateurs suscités par ce frein en
consommateurs effectifs. Les motivations auxquelles répond l’acte d’achat deviennent
donc plus fortes que les freins existants.
Afin de répondre à ces objectifs, le distributeur a la possibilité d’utiliser différentes
techniques promotionnelles.
1.2. L ES TECHNIQUES PROMOTIONNELLES
La présence de la promotion est l’un des éléments centraux de l’image de la grande
distribution. Les points de vente du grand commerce (hypermarchés, supermarchés,
centres commerciaux) ont de véritables plannings promotionnels établis, tout d’abord en
8
fonction des grands évènements réguliers annuels tels que la fête des mères, la rentrée
des classes…, auxquels viennent s’ajouter par exemple le 10e anniversaire du magasin,
la fête de l’enseigne, la fête des fleurs…
Ces opérations promotionnelles sont organisées par les responsables du magasin qui
mettent tout en œuvre pour que les fabricants participent eux aussi à la promotion. En
effet, lors de ces grandes manifestations annuelles à thème, le distributeur est le maître
de l’opération mais il suscite des fabricants des propositions visant à intégrer les
marques les plus dynamiques. Ces opérations promotionnelles prévues peuvent toucher
tout le magasin ou un rayon particulier.
Mais cette planification n’exclue pas la présence d’autres formes de promotion non
planifiées tout au long de l’année.
On peut distinguer comme promotion concernant le distributeur quatre grands
groupes :
-
Les réductions de prix
-
Les ventes groupées-jumelées
-
Les offres de remboursement
-
Les bons de réduction
En effet, selon une enquête menée en janvier 1983 sur un échantillon de 1.177
personnes, représentatif de la population de la communauté urbaine de Lille.10, nous
pouvons remarquer que pour les consommateurs, la promotion c’est avant tout des
réductions de prix (88% des interrogés les considèrent spontanément comme des
promotions) et des ventes groupées-jumelées.
1.2.1. L A
REDUCTION DE PRIX
C’est une baisse effective et immédiate du prix proposé au consommateur. On vise
en fait plusieurs objectifs :
10
-
attraction des clients occasionnels ;
-
incitation au zapping d’enseigne ;
-
rétention des clients de l’enseigne ;
-
déstockage du distributeur.
J.JALLAIS, T. ORSINI,A. FADY, Marketing de la distribution, Vuibert Gestion, 1987.
9
Cependant il faut faire attention à bien respecter les contraintes juridiques, le but du
législateur étant de préserver les règles de la concurrence et de prévenir toute entrave au
bon fonctionnement du marché. Les distributeurs doivent respecter des contraintes de
publicité. Les prix doivent être chiffrés, c'est-à-dire le prix total à payer et la période de
validité sont à indiquer. Les réductions de prix doivent être effectives et non trompées
et le prix de référence doit être indiqué (pratique du prix barré). En même temps le prix
de référence pris en compte doit être le prix le plus bas pratiqué dans les trente derniers
jours. Il en va de même pour le prix des concurrents cités dans les publicités
comparatives. Selon la Loi GALLAND la revente à perte est interdite. Il existe
cependant quelques exceptions pour les cas de cessation ou de changement d’activité,
des produits saisonniers, des produits dépassés et des produits périssables. Enfin, la
pratique des prix abusivement bas est interdite. Cette disposition vise principalement
les offres faites par les distributeurs aux consommateurs sur les produits qu’ils
fabriquent.
Les réductions de prix se décomposent en plusieurs techniques différentes :
La remise est une baisse des prix exprimée en pourcentage par rapport au prix de
vente habituel. Son application concerne toutes les formes de distribution de produit,
surtout quand les prix sont difficiles à évaluer. Elle s’applique aux promotions
ponctuelles sur un ensemble d’articles. Son efficacité dépend des moyens de
communication mis en œuvre pour faire connaître l’existence de l’offre (publicité sur le
lieu de vente, animateur, …) aux consommateurs. Son point fort est que cette technique
est de mise en œuvre simple. L’avantage qu’elle confère est directement perçu par le
client d’où une forte attractivité et de bons résultats de vente constatés. Elle génère par
contre des coûts importants.
Le prix spécial est un prix réduit et chiffré sans formulation du montant de la
réduction. Cette baisse est permise par une remise accordée par le fournisseur au
distributeur (trade marketing). Le point faible est qu’il n’y a pas d’évaluation du gain
économique réalisé par le consommateur en raison d’une absence du prix de référence.
10
Le prix barré est une réduction de prix, mise en évidence par la comparaison du
prix promotionnel et du prix habituel barré. Cette méthode est utilisée par les
distributeurs pratiquant des marges élevées et pouvant donc baisser les prix de façon
significative. Les points forts sont, pour le client, que l’avantage concret est démontré
et, pour le distributeur, qu’il existe la possibilité de moduler le rabais en fonction de la
nature des produits. Les points faibles sont que cette méthode est complexe à mettre en
oeuvre (double affichage) et qu’il existe un risque de confusion dans l’esprit du
consommateur avec les soldes (soupçons sur la qualité par exemple).
Le prix coûtant est un prix spécial proposé par un distributeur au prix d’achat
effectif du produit, c'est-à-dire le prix augmenté de la TVA et déflaté des coûts de
transport. Son application est réservée aux distributeurs ayant une stratégie de
promotion de longue durée. L’efficacité peut être très élevée et dépend de l’attractivité
du prix coûtant et de l’importance de l’économie réalisable. Il existe cependant une
méfiance du consommateur vis-à-vis d’une promesse non crédible économiquement.
La vente flash consiste en une baisse de prix forte, immédiate et de très courte
durée (de quelques minutes à une heure). Elle concerne des rayons spécifiques et des
produits particuliers, notamment des produits frais (poissons, viandes,…). Sa force est
de présenter une forte attractivité car l’avantage est facilement évaluable par le client.
La cible de ce type d’offre par contre se limite aux personnes fréquentant le magasin au
moment de l’offre promotionnelle.
La reprise du produit se spécifie par l’offre d’une somme forfaitaire à valoir sur
l’achat du produit de remplacement. Elle est appliquée aux biens de consommation
durables et d’équipement. Le distributeur jouit d’une accélération du rythme de
remplacement des produits démodés et le consommateur acquiert le sentiment d’éviter
le gaspillage.
Le crédit payant est la prise en charge par le distributeur du coût du crédit lié à
l’achat du produit. Cette technique a la capacité de convaincre d’acheter
immédiatement, mais cet avantage est assez limité par rapport aux opportunités des
rabais traditionnels.
11
1.2.2. L ES
VENTES GROUPEES - JUMELEES
Il s’agit d‘offres conjointes de plusieurs produits à un prix exceptionnel. Les
objectifs visés sont : l’attraction des acheteurs opportunistes, la hausse des quantités
consommées, la rétention des acheteurs, le déstockage du distributeur, l’achat ou
réachat des autres produits de la marque.
Evidemment, on a aussi un certain nombre de contraintes juridiques. Il est interdit
de subordonner à l’égard d’un consommateur la vente d’un produit à l’achat d’un autre
produit ou à l’achat d’une quantité imposée. Une vente jumelée est licite dès lors que le
lot peut être dissocié et que les obligations de publicité sont satisfaites (affichage du
prix du lot). La vente groupée est admise, cependant, si le groupage est réalisé par le
fabricant, le distributeur devra s’assurer qu’il peut rompre le lot et s’approvisionner à
l’unité auprès du fournisseur. Pour le cas des lots « gratuits », il y a la pratique
traditionnelle qualifiée de « treize à la douzaine » qui est licite. Il faut quand même
faire attention que le prix moyen du produit, compte tenu des unités gratuites,
n’aboutisse pas à une revente à perte.
Tout comme pour les remises de prix, les gens du marketing ont créé toute une série
de variétés de la vente groupée-jumelée.
On peut commencer par la vente groupée homogène. C’est une offre groupée de
deux produits très souvent ou plus, de nature et de format identique, liée à une baisse
significative de prix. Son application concerne les produits de grande consommation à
fréquence d’achat élevée. Son efficacité est forte et dépend des moyens de
communication mis en œuvre (mise en avant, dépliant, publicité sur le lieu de
vente,…). Ses points forts sont que cette offre a une visibilité intrinsèque et de plus que
le lot constitue une promotion intéressante dans l’esprit des consommateurs. Le revers
de la médaille est que les coûts liés au surconditionnement ne correspondent pas
toujours aux besoins des consommateurs (produits difficilement stockables, nombre
d’unités excessif…).
Ensuite on a la vente groupée avec gratuit. Cette méthode est une offre de
plusieurs produits identiques dont un ou plusieurs sont gratuits. Cette offre se présente
sous la forme d’un lot. Ces appellations sont diverses : « 3 pour 2 », « 4 pour 3 », « le
12
troisième produit gratuit »,… Cette technique présente une attractivité exceptionnelle
générée par le bénéfice immédiat de la gratuité.
La vente groupée mixte se caractérise par une offre groupée de deux ou plusieurs
produits voisins ou complémentaires, liée à une baisse de prix attractive. Ceci concerne
notamment les produits de grande consommation déclinés en gamme. L’efficacité est
variable et présente des rendements inférieurs aux autres techniques. Ce type de vente
permet de faire émerger des produits à faible pénétration en les associant à des produits
plus installés.
Par lot virtuel on entend la vente groupée de deux ou plusieurs produits non liés
physiquement, et associée à une forte réduction en caisse. Ce lot est cependant moins
attractif qu’un lot physique.
S’y rapproche la vente associée. Dans ce cas on regroupe un ou plusieurs articles
courants et un article exceptionnel non distribué par le vendeur. Son impact est fort en
raison de la valeur élevée du produit accessoire. Néanmoins il se peut que l’achat ne se
fasse pas en fonction de l’intérêt pour le produit principal.
1.2.3. L ES
OFFRES DE REMBOURSEMENT A VALOIR
C’est une réduction de prix différée accordée sur demande avec une preuve d’achat
et adressée à un centre de gestion. Le remboursement est fait sous forme d’un bon de
réduction à valoir sur des produits identiques. L’efficacité est faible car on a une
incidence minime sur les ventes additionnelles. Mais cette technique permet un
assortiment de l’offre sur deux achats.
On vise plusieurs objectifs, suivant lesquels s’effectue également le choix de la
méthode à appliquer au cas par cas. Les objectifs sont :
-
le déclenchement du premier achat ou du réachat ;
-
l’incitation au zapping ;
-
l’attraction des acheteurs opportunistes ;
-
l’augmentation des quantités consommées et achats de nouvelles variétés.
13
Comme pour les cas précédents, ici aussi le législateur impose un certain nombre de
contraintes. A part les règles standards, applicables à toutes les techniques de
promotion, telles que le fait que les modalités de l’offre doivent être clairement
exposées sur le produit, cette technique a des règles plus strictes afin de protéger le
consommateur de bonne foi contre l’arnaque et de lui permettre de faire valoir ses
droits conférés par la promotion. Ainsi les frais d’envoi à la charge de l’acheteur
doivent être remboursés sauf spécification contraire libellée de façon claire. Les
éléments porteurs de l’offre doivent comporter la valeur du remboursement et la date
limite de validité et le remboursement ne doit pas être subordonné à des conditions
telles qu’il est rendu impossible.
1.2.4. L ES
BONS DE REDUCTION
Ce sont des titres donnant droit à une réduction déduite en caisse. On vise plusieurs
objectifs : le déclenchement du premier achat, l’attraction des acheteurs opportunistes,
l’incitation au zapping sur la marque, la hausse de la fréquence d’achat et l’achat
d’autres produits de la marque.
Ici aussi on a un certain nombre de contraintes juridiques. Le coupon doit
comporter diverses mentions relatives à l’identification du fabricant et être honoré dans
tous les points de vente où sont offerts les produits sur lesquels il porte. Les produits
sur lesquels le coupon est proposé doivent être offerts à la vente à la date limite de
validité. Enfin, pour les coupons « on-pack » (à valoir croisé), la présentation doit
clairement indiquer que la réduction s’applique à un autre produit que le produit porteur
et la date limite de validité doit être fixée.
On a différentes composantes des bons de réduction.
Le bon de réduction à valoir est un coupon remis à l’occasion d’un achat et
donnant droit à une réduction sur l’achat ultérieur d’un produit identique. Cette
technique anime deux achats (le premier achat et le réachat) et a des frais fixes faibles.
Par contre il existe une réticence des consommateurs à utiliser un bon de réduction.
14
Le « satisfait ou remboursé » appartient aussi à cette catégorie promotionnelle.
C’est une proposition de remboursement du produit acheté sur simple demande en cas
d’insatisfaction. Sa force est un engagement de la marque et un budget nécessaire à la
réalisation de ce type d’opération limité. Le problème est qu’il n’y a pas d’avantage
pour les consommateurs tolérants.
Le distributeur est donc confronté a des besoins multiples et variés (augmentation
de la part de marché, désaisonnalisation de la consommation,…) auxquels il peut
répondre grâce à tout un ensemble de techniques promotionnelles. Mais ce dernier
devra, suite à la mise en place des promotions, mesurer l’impact obtenu.
15
2. L’ IMPACT DES OPERATION S
PROMOTIONNELLES
La première difficulté pour évaluer l’efficacité des actions promotionnelles vient du
fait qu’elles sont rarement isolées. Aussi vaut-il mieux parler d’évaluation que de
mesure proprement dite. Le contrôle de la promotion, comme celui de toutes les actions
commerciales, doit être effectué avant, pendant et après son déroulement.
-
Avant, l’objectif est de prévoir le succès ou l’échec, de choisir le meilleur type
de promotion et son adéquation à la cible visée, etc…
-
Pendant, l’objectif est d’obtenir un déroulement conforme aux prévisions, de
parer à toute défaillance ou à l’intrusion d’un quelconque facteur exogène,
comme une réaction de la concurrence.
-
Après, l’objectif est justement d’évaluer l’efficacité de l’opération.
La mesure de cette efficacité n’est pas facile. Ce qu’il faut, c’est mettre en évidence
des facteurs stables et permanents, par exemple en constituant un groupe de magasins
témoins en zone neutre hors promotion, afin que l’évolution des ventes puisse être
suivie et comparée à celles de produits en promotion. Toutefois, en l’absence de
magasins témoins, d’autres solutions doivent être envisagées. Par exemple il est
possible de tenir compte des ventes antérieures à la promotion après désaisonnalisation.
De plus, sur le plan stratégique cette analyse conduit à s’interroger sur l’origine des
ventes supplémentaires et sur la rentabilité de l’opération promotionnelle lorsque sont
pris en compte les effets de substitution à l’intérieur de la gamme ou dans le temps.
Ainsi, dans un premier temps seront mis en évidence les effets de la promotion sur des
produits positionnés différemment sur le cycle de vie. Enfin, des effets tant sur les
cibles finales que sur la cible intermédiaire seront analysés individuellement de façon
plus détaillée.
16
2 . 1 . LE S E F F E T S D E L A P R O M O T I O N S U R D E S
PRODUITS A MATURITE DIFFERENTE
L’objectif d’une opération promotionnelle peut être l’augmentation des ventes qui
se traduit par une hausse immédiate du chiffre d’affaire, ici l’opération sera appelée
promotion de soutien mais peut aussi être un accroissement du nombre de nouveaux
consommateurs, l’action sera alors appelée promotion d’attaque.
La promotion d’attaque est une opération promotionnelle ayant surtout lieu
lorsque le produit est en phase de lancement ou de croissance. Elle a pour objectif ici de
rendre la pénétration du produit sur le marché plus rapide, et ce en favorisant le premier
essai par le maximum possible d’acheteurs. L’effort promotionnel est particulièrement
important étant donné que de cet investissement des effets durables sont attendus. Par
conséquent, seront privilégiées, dans ce cas, les techniques de l’échantillonnage et les
réductions de prix sous leurs différentes formes. On recherche avec cette promotion un
gain important de temps en accélérant la pénétration du marché.
Deux techniques sont particulièrement adaptées à la promotion d’attaque et vont
permettre une évaluation succincte de cette action.
Tout d’abord le couponnage à domicile : ces bons de réduction distribués dans les
boites aux lettres occasionnent un coût important à la société qui les émet. En effet, ce
coût comprend des frais fixes dus à l’impression et à la distribution mais aussi des frais
variables dus au coût de la remontée des coupons et aux indemnités versées aux
distributeurs. Le coût global est ensuite rapporté au nombre d’acheteurs avec coupon. Il
faut tenir compte du fait que sur 100 personnes ayant effectivement reçu un coupon à
domicile seules 30 voire même 20 vont être des acheteurs avec coupon. Le taux
d’échange est donc souvent très faible. D’autre part un certain nombre de coupons font
souvent l’objet d’échanges frauduleux (la réduction sert à acheter d’autres produits).
Face à ces difficultés, l’entreprise doit, afin que son action promotionnelle soit efficace,
calculer le nombre d’achats nécessaires pour amortir le coût de celle-ci en tenant
compte de ces différentes contraintes.
17
Enfin l’échantillonnage à domicile : dans ce cas seuls les contacts utiles,
susceptibles d’acheter le produit, et les contacts utiles transformés, ceux qui ont acheté
après un premier essai, sont à prendre en considération. L’évaluation de la promotion se
fait en calculant le nombre d’achats nécessaires pour amortir le coût de celle-ci en
tenant compte de la marge brute à l’unité de produit et du taux de transformation des
contacts utiles en acheteurs.
Il semble que dans ces deux cas la nécessité d’une distribution sélective s’impose
afin de réduire le coût au contact utile.
D’autre part, il y a la promotion d’entretien et de soutien qui intervient lorsque le
produit est en phase de maturité avancée ou lorsqu’il commence à décliner. Elle a pour
objectif d’attirer la clientèle infidèle qui achète en particulier des produits en promotion
en effectuant des réductions de prix ou des primes directes, ou d’augmenter les
quantités achetées par chaque consommateur en procédant à des ventes par lots ou à des
primes différées avec preuves d’achat … Ce type de promotion n’a aucune influence
sur la fidélité des consommateurs et agit par « coups » ponctuels, ainsi il faut que
l’opération ait un rendement immédiat en chiffre d’affaire. Les effets sont ici limités à
la période de la promotion11.
L’évaluation d’une opération promotionnelle dans le cas de primes et de réductions
de prix se fait en calculant le nombre de clients gagnés, l’accroissement des parts de
marché mais aussi la hausse du chiffre d’affaire. Ce résultat sera ensuite comparé au
manque à gagner en l’absence de la promotion étant donné que le but premier de
celle-ci était de faire mieux que si elle n’avait pas lieu (c'est-à-dire la plupart du temps).
Dans le cas des concours, pour évaluer l’efficacité de cette opération, une comparaison
des paramètres disponibles avant et après la promotion, tels que les parts de marché ou
la hausse du chiffre d’affaire sans concours ou le nombre de participants est nécessaire.
Or, il apparaît là une difficulté d’évaluation dans la mesure où les chiffres sont
trompeurs : une forte proportion de personnes touchées par la promotion peut acheter le
produit sans pour autant participer effectivement au concours qui lui est assimilé.
11
J .BON, P. GREGORY, Le contrôle de la promotion, Action commerciale, N) 50, 1987.
18
Cette analyse montre bien que la promotion a un effet sur le cycle de vie du produit.
Toutefois, il semble nécessaire d’analyser aussi les effets qu’une promotion a sur un
produit quelque soit son niveau de maturité.
2.2. L ES EFFETS PROMOTIONNELS DYNAMIQUES
Les caractéristiques fondamentales de la promotion sont la rapidité de réaction et
l’importance de la hausse des ventes pendant l’opération. Cette hausse est d’autant plus
forte que l’offre promotionnelle est forte et de courte durée. L’analyse directe des
remontées immédiates ne semble pas suffisante pour déterminer l’intérêt de la
promotion. En effet il est nécessaire aussi de prendre en compte la provenance des
volumes gagnés et leur permanence, ou la durabilité des comportements obtenus
pendant l’opération. Les effets de la promotion se font, en effet, sentir avant, pendant,
mais aussi après la période promotionnelle. Il apparaît souvent qu’une partie des gains
n’est en fait qu’un transfert temporel. Afin de bien comprendre ce qu’il se passe dans le
temps, l’analyse qui suit empruntera la même logique que celle dénommée « BumpTrought » qui correspond à la prise en compte de quatre effets :
-
Effet d’anticipation
-
Effet immédiat
-
Effet postérieur
-
Effet rémanent
2.2.1. L’ EFFET D ’ ANTICIPATION
L’effet d’anticipation est visible, en général, seulement à la fin de la période de
l’offre promotionnelle et correspond à un stockage fait tant par le distributeur que par le
client final.
Dans la logique du distributeur, le stockage important se développe afin de pouvoir
couvrir les ventes sur une longue période et d’avoir la capacité de décider du moment
d’achat. Les achats sont donc plus rares, mais se font en plus grosses quantités et
s’effectuent lors des périodes promotionnelles. En France, cela s’est traduit par le fort
développement des capacités de stockage permettant d’acheter des quantités
19
importantes. D’autre part, pour de nombreux produits, de nombreuses enseignes ne les
achètent qu’en promotion et seulement trois à quatre fois par an.
Le client final a, quant à lui, la possibilité de choisir le moment de l’achat et sa
quantité. Il semble donc que juste avant l’opération promotionnelle, les consommateurs
potentiels diminuent leurs achats afin de pouvoir mieux profiter des avantages de la
période suivante. Le volume des ventes reste identique, mais la promotion agit sur le
temps, en différant chez les clients fidèles leurs achats.
Le transfert temporel peut devenir un objectif important dans le cas d’une stratégie
défensive. Si les clients sont peu fidèles et si la concurrence est forte alors il devient
intéressant de jouer sur l’effet d’anticipation pour concrétiser des ventes et contrer les
actions de la concurrence. Ceci fut une des stratégies d’IBM dans les années quatrevingt ; en effet cette stratégie consistait à déstabiliser l’acheteur potentiel en procédant
à des annonces de promotions ou en baissant de façon brutale les prix.
Des recherches ont montré que sur différents produits de grande consommation, tels
que le jus de fruits, les poudres de lavage ou les savons, le phénomène d’accélération
des achats par augmentation des quantités ou diminution du temps entre les achats
existe réellement. L’effet d’accroissement des quantités semble plus significatif que
celui de la réduction de temps inter achat. D’autre part, le comportement d’accélération
est plus important chez les gros acheteurs que chez ceux influencés par la fidélité à la
marque. Les études montrent que cette relation n’est pas générale et dépend des
catégories de produits : si celle-ci a souvent promotionnée, le client fidèle accordera
son comportement d’achat au rythme des promotions. Enfin, les recherches sont
marquées par le fait que les techniques promotionnelles sont susceptibles de faire varier
l’effet d’anticipation. En effet, lorsque sur un coupon la date d’expiration est lointaine,
les quantités achetées seront modifiées mais pas le temps inter achat.
Ainsi, si l’objectif de la promotion est d’accélérer l’achat, le soutien de la
distribution est indispensable et justifie donc l’offre simultanée d’une promotion
distributeur.
D’autres recherches ont toutefois abouti à des conclusions opposées : les
promotions sur certaines catégories de produits telles que le café ou certaines
techniques promotionnelles comme celles des coupons ne modifient en rien le
comportement des clients guidés par leurs habitudes.
20
2.2.2. L’ EFFET
IMMEDIAT
Cet effet est une hausse significative des ventes ; pendant la durée de la promotion,
les ventes explosent. Ceci est dû à trois effets :
-
un accroissement de la demande globale ;
-
un accroissement de la part de marché par transfert des achats des clients
d’autres marques ;
-
un stockage de la part des clients habituels qui profitent de la promotion ;
-
l’accroissement des ventes globales : pour le distributeur ceci constitue l’intérêt
même de la promotion. D’après une étude de Pierre Desmet en 1981, les
réductions de prix montrent la force des effets directs immédiats sur le produit
promotionné. (cf. tableau suivant).
Produits en
promotion
Avant
Pendant
Pâté
Sardines
Thé
Café 1
Café 2
Fromage
Sirop
Soupe
Jus de fruit
100
100
100
100
100
100
100
100
100
588
1.123
323
397
634
1.716
367
475
228
Ventes Totales
Avant
Pendant
100
100
100
100
100
100
100
100
100
138
284
94
156
171
308
120
187
115
Ce tableau montre bien qu’une promotion correspond à un accroissement
significatif de la demande globale. Toutefois d’autres études concluent sur le fait
qu’une promotion n’ait aucun effet sur la taille du marché12. L’effet dépendrait dans ce
cas de la catégorie du produit et de sa position sur son cycle de vie.
La saisonnalité des ventes tient une place très important dans cette analyse. Le
déplacement des ventes dans le temps peut être recherché par les producteurs dont les
ventes sont saisonnières ; ils n’obtiennent peut-être pas d’augmentation globale du
chiffre d’affaire, mais un étalement de la fabrication et des livraisons qui peut améliorer
la rentabilité.
12
GOODWIN, 1972 ; STRANG, 1976.
21
Figure 1 : Etalement de l’activité saisonnière
Ventes
Temps
_ _ _ Sans Promotion
____ Avec promotion
La promotion permet aussi de capter les clients fidèles à un concurrent. En effet,
une marque ou une enseigne peut obtenir les achats de clients fidèles à la concurrence
en réalisant une part minoritaire de leurs achats sur la marque. Ce problème de transfert
est souvent appelé effet de substitution.
Les effets de substitution externes sont plus visibles et sont une des raisons d’être
de la promotion, alors que les effets de substitution internes à une gamme sont moins
pris en compte étant donné qu’ils sont plus difficiles à mesurer.
La carte Carrefour récemment sortie (le 14 avril 2004) semble avoir pour
motivation de parer cet effet de substitution. En effet, jusqu’à ce jour toutes les
enseignes avaient déjà développé ce système de carte de fidélité à primes différées sauf
l’enseigne Carrefour. Les consommateurs potentiels incités par ces primes souvent
matérialisées par des bons d’achat ont été attirés et fidélisés par ces autres enseignes.
Depuis la sortie de la carte Carrefour et malgré le faible recul que l’on a pour évaluer
ses effets, il semble qu’elle soit une réussite, certains centres de taille moyenne en
remettent jusqu’à plus de 500 par jour13. Ceci est en partie dû aux efforts faits par le
groupe avant la sortie de cette carte (campagne de publicité importante) et les gros
moyens mis en œuvre pour son émission (stand, embauche de personnel…).
La structure du marché joue sur l’effet de substitution. S’il n’y a pas de marque
leader, alors on peut dire que les préférences des clients sont diversifiées et/ou que les
offres sont considérées comme peu différenciées. L’efficacité promotionnelle dans ce
cas est donc plus forte14. D’autre part, plusieurs facteurs peuvent expliquer le fait que la
promotion soit moins efficace, en voici une liste non exhaustive :
13
14
Source Carrefour Port de Bouc, le 20 Avril 2004.
CHEVALIER, 1975.
22
-
Les clients actuels sont plus nombreux, les clients potentiels, minoritaires sont
donc plus difficiles à conquérir.
-
La profitabilité d’une promotion non ciblée est plus faible car le leader est
contraint à la proposer à toute sa clientèle, par conséquent, il est amené à
consentir un avantage économique pour obtenir les achats normaux de ses
clients fidèles.
-
Les relations avec la distribution font que l’efficacité de la promotion peut être
plus importante pour les grandes marques. Pour le distributeur, une promotion
en magasin engendre des coûts fixes et l’espace concédé doit atteindre un taux
minimum de rentabilité. La promotion d’une petite marque constitue donc un
risque d’autant plus important que cette marque ne bénéficie pas d’une bonne
notoriété.
Une recherche menée sur le marché de la distribution de carburant, avec un réseau
de distribution franchisé et un produit non différencié, a conduit à retenir l’hypothèse
d’un effet promotionnel croissant puis décroissant en fonction de la part de marché.
L’effet de substitution est obtenu en considérant que l’impact promotionnel dépend de
trois facteurs :
-
du marché restant à conquérir, soit le complément de part de marché actuelle ;
-
du contact actuel avec le marché, dépendant de la part de marché actuelle ;
-
de la force de la promotion, dépendant de l'importance du bénéfice proposé et
d’un effet d’usure temporelle.
Figure 2 : Effet promotionnel et part de marché
0,09
0,08
0,07
0,06
0,05
PG
0,04
0,03
0,02
0,01
0
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Part de marché (m)
____ A=0.1
__ __ __ A=0.5
23
_ _ _A=2
90
L’effet en pourcentage PG est maximum pour des marques installées, c'est-à-dire
bénéficiant d’un bon soutien au niveau de la distribution, mais pour lesquelles le
marché restant à conquérir est suffisamment important. Le paramètre A détermine la
réaction du marché au contact : plus il est important, plus la promotion bénéficie aux
marques ayant une forte part de marché.
2.2.3. L’ EFFET
POSTERIEUR
Cet effet apparaît à la fin de l’opération promotionnelle et correspond à une baisse
des ventes. Pendant une durée t, les ventes du producteur sont plus faibles et vont
progressivement rejoindre leur niveau normal. Une partie des achats, tant au niveau des
clients finaux que de la distribution, a été anticipée pour bénéficier de l’offre
promotionnelle. L’importance de cet effet dépend de l’attrait de l’arbitrage à réaliser
entre réduction des coûts d’achat et augmentation des coûts de stockage.
Ici encore une fois on remarque que la promotion n’a pas toujours comme effet une
augmentation des ventes globale, mais juste un déplacement des ventes dans le temps.
Les consommateurs achètent plus pendant la période de promotion, puis stockent ; ils
achèteront cette quantité en moins pendant la période suivante.
Figure 3 : Effet postérieur, le stockage
Ventes
Promotion
Stockage
Temps
24
2.2.4. L’ EFFET
DE REMANENCE
Les techniques de réduction de prix sont en effet des moyens pour les clients
potentiels d’apprécier les qualités internes du produit et ce, à moindre frais et à moindre
risque. Certains de ces clients sont convaincus par les vertus du produit dont ils viennent
de faire l’expérience. Celui-ci va peu à peu entrer dans leurs habitudes de
consommation et va donc connaître un accroissement de ses ventes sur le moyen terme.
Ce raisonnement s’applique plus particulièrement aux nouveaux produits ou aux
produits mal connus des consommateurs, ayant la capacité de retenir leurs essayeurs.
Figure 4 : Effet de rémanence
Ventes
Promotion
Rémanence
Temps
Les résultats d’un test intitulé Total acheteurs et nouveaux acheteurs par semaine
suite à des promotions successives de -15% sur la poudre lessive15 montrent que lors de
la première promotion, les nouveaux acheteurs représentent 75% du total des acheteurs,
lors de la deuxième ils sont 75% et lors de la troisième 66%. Il y a donc une baisse
légère de la proportion des nouveaux acheteurs de promotion en promotion. Par
conséquent, elle semble avoir de moins en moins d’efficacité dans la conquête de
nouveaux acheteurs. Toutefois, il apparaît que l’effet de rémanence soit plus fort lors de
la troisième semaine. En effet, sur une échelle de 1 à 5, le niveau total d’acheteurs était
de 0.7, il est légèrement supérieur après la première et la seconde promotion et il
avoisine les 1.4 dès la fin de la troisième. La dernière baisse de prix a été plus efficace,
donc la pénétration du marché a été plus importante.
15
Résultats Scannel, Secodip-consommation.
25
D’après une étude sur données Scannel16 (LAURENT, LITTLE et LE ROY, 1989)
il est possible de constater que :
-
les réductions de prix, couplées d’une mise en avant c'est-à-dire d’un placement
en tête de gondole du produit comptabilisent un taux d’essai de 7,56%
hebdomadaire et un taux de rachat de 1,85% hebdomadaire ;
-
les réductions de prix seules ont un taux d’essai de 0,33% et un taux de rachat
de 2,45% hebdomadaire ;
-
le taux d’essai d’un produit sans incitation est de 0,17% et le taux de rachat de
ce même produit représente 3,34%.
Ces résultats montrent donc l’impact d’une réduction de prix ajoutée à un
emplacement en tête de gondole alors que la seule diminution de prix a un résultat
quasiment nul.
Toutefois le taux de rachat des essayeurs est plus important lorsqu’il s’agit d’une
réduction de prix seule. En revanche ce taux reste inférieur à celui des essayeurs
spontanés, ceci confirme donc les effets psychologiques négatifs de la promotion.
L’effet de rémanence existe à la suite d’une promotion, toutefois celui-ci n’est pas aussi
important si le consommateur essaie le produit sans aucune incitation à le faire.
L’effet de la promotion est ici principalement indirect et correspond à un argument
commercial pour la négociation avec le distributeur.
L’utilisation de techniques promotionnelles diverses comme les réductions de prix,
les bons de réduction, les ventes groupées-jumelées…, couplées ou non à une mise en
avant du produit promu a donc un effet plus ou moins persistant, plus ou moins net sur
le comportement du consommateur. A partir de là, il serait bon d’analyser plus
précisément l’impact qu’ont les promotions sur les ventes et sur la structure
concurrentielle de la catégorie du produit.
16
LAURENT, LITTLE et LE ROY, 1989.
26
3. L’ IMPACT DES PROMOTION S SUR LES VENTES
ET SUR LA STRUCTURE CONCURRENTIELLE DE L A
CATEGORIE DE PRODUIT
Aujourd’hui, les distributeurs gèrent avant tout des catégories de produits
composées de trois grands groupes de marques : les marques nationales, les marques
distributeurs et les marques premiers prix. Le développement des produits « premiers
prix », en réponse à l’implantation des hard discounters, a profondément modifié la
situation concurrentielle. Les marques nationales, menacées de perdre leur légitimité
aux yeux des consommateurs, ont décidé de réduire l’écart de prix qui les séparait des
produits les plus économiques, alors que les marques distributeurs, dépossédées de leur
positionnement initial, entamaient une reconversion vers une plus grande qualité. Ces
actions ont eu pour conséquence d’estomper les écarts aussi bien de prix que de qualité,
qui différenciaient traditionnellement ces marques. Les premiers prix ont donc joué un
rôle de catalyseur dans l’émergence d’une concurrence frontale entre marques
nationales et marques de distributeurs. Cette concurrence est d’autant plus intense que
ces deux groupes de marques font de plus en plus fréquemment appel aux promotions.
En 1995, respectivement 22% et 15% des ventes enregistrées par les marques
nationales et les marques distributeurs ont été réalisées en promotion et parmi ces
ventes promotionnelles, 40% correspondent à la technique de la mise en avant.
Quels sont donc les produits qui, mis en avant, augmentent le plus les ventes de la
catégorie ? Quelles sont, par ailleurs les catégories dont les ventes sont les plus
sensibles aux têtes de gondoles ?
Ce qui intéresse les distributeurs, ce sont les effets que les promotions peuvent avoir
sur les ventes totales de la catégorie et sur la structure concurrentielle, c’est pourquoi
nous étudierons les effets à court terme de la mise en avant sur :
-
les ventes totales de la catégorie de produit, définie par le category management
comme le niveau d’analyse pertinent car intermédiaire entre celui trop fin des
références et celui trop agrégé des rayons17 ;
-
les rapports concurrentiels entre les groupes de marques qui la constituent et,
plus particulièrement, entre les marques nationales et les marques de
distributeurs.
17
Ensemble de catégories liées par la nature de leurs produits, comme l’épicerie ou l’entretien.
27
En effet, les category managers s’intéressent en priorité aux effets que les
promotions peuvent avoir sur les ventes totales de la catégorie, car dans l’avenir ils
pourraient n’accepter que les promotions qui permettent d’augmenter les ventes
globales de la catégorie, surtout si les opérations demandées correspondent à des mises
en avant dont le nombre par point de vente est limité.
3.1. R ESULTATS CONCERNANT LES MISES EN AVANT 1 8
Grâce à l’utilisation d’une méthodologie économétrique reposant sur une série de
modèles de régression multiples estimés sur les données numérisées du panel de
magasins de la société IRI-SECODIP, nous obtenons pour résultats que quelle que soit
la catégorie de produits étudiée, les mises en avant des différents groupes de marques
contribuent effectivement à augmenter dans le court terme les ventes de la catégorie.
Les mises en avant ne se soldent donc pas uniquement par des transferts de ventes entre
produits concurrents, mais permettent au contraire de dynamiser les ventes d’un marché
les semaines où elles ont lieu.
Graphiques 1 et 2 : Ventes additionnelles pour la catégorie engendrées par les
mises en avant et les pourcentages d’augmentation correspondants.
Légende :
1. Niveau moyen hors mises en avant
2. Avec mise en avant de marques de distributeurs
3. Avec mise en avant de marques nationales
4. Avec mise en avant de premiers prix
18
TOURTOULOU A-S (1996), « marques nationales, marques de distributeurs et premiers prix : effets
de leurs mises en avant sur les ventes et la structure concurrentielle de la catégorie de produits » Thèse de
doctorat en Sciences de Gestion, Groupe HEC.
28
Huiles de tournesol
Ventes hebdomadaires totales par magasin (en litres)
2600
2569
2500
2441
2419
2400
+20%
2300
+14%
+13%
2200
2141
2100
2000
1900
1
2
3
4
Yaourts aromatisés
1600
1569
1495
Ventes hebdomadaires totales par magasin (en kg)
1500
1400
+30%
+23%
1291
1300
+7%
1207
1200
1100
1000
1
2
3
4
Les graphiques ci-dessus soulignent que les pourcentages d’augmentation des
ventes varient toutefois avec la catégorie étudiée et le groupe de marques considérées.
Les mises en avant de marques de distributeurs enregistrent ainsi le plus fort
pourcentage d’augmentation des ventes pour la catégorie des huiles de tournesol
29
(20%)19, alors qu’il s’agit des mises en avant des marques nationales pour les yaourts
aromatisés (30%).
L’ampleur des effets promotionnels étudiés est donc fortement dépendante de la
catégorie et de la position concurrentielle du groupe de marques concerné20. Plus la part
de marché d’un groupe est importante, plus il semble que son pourcentage
d’augmentation soit élevé.
Il est par ailleurs intéressant de souligner, au regard de l’exemple ci-après, que
l’ampleur des effets des mises en avant varie également selon les enseignes et leurs
choix stratégiques (tableau 1). La qualité des marques de distributeurs, la signature de
l’enseigne sur leur packaging21, ainsi que leur positionnement en terme de prix face aux
marques nationales contribuent ainsi très souvent à expliquer des variations d’enseigne
à enseigne.
Tableau 1 : Effets des mises en avant des marques distributeurs sur les ventes de
yaourts aromatisés- Résultats par enseigne
Signature de
Ecart de prix
l’enseigne sur le
entre MN et
packaging
MDD
Faible
Non
Fort
Forte
Oui
Faible
Pourcentage
Qualité des
d’augmentation
MDD
Enseigne A
2%
Enseigne B
16%
Enseigne
Types de marques : MDD (marques de distributeurs), MN (marques nationale) et PPP (produits
premiers prix)
Les mises en avant se sont également avérées capables de modifier, en fonction du
groupe promu, le rapport concurrentiel existant entre les marques nationales et les
marques de distributeurs. Le ratio de leurs ventes (ventes totales des marques nationales
divisées par les ventes totales de distributeurs) baissent ainsi de 45% dans les huiles de
19
Ce pourcentage signifie que les mises en avant des marques de distributeurs font augmenter les ventes
totales d’huiles de 20%, en moyenne, dans les magasins et les semaines où elles ont lieu, donc de vendre
428 litres d’huile supplémentaires.
20
Les pourcentages d’augmentation dus aux mises en avant des premiers prix sont à considérer avec
prudence, compte tenu du faible nombre d’observations (66 pour l’huile et 24 pour les yaourts). Dans les
magasins où les observations ont eu lieu, le niveau des ventes par catégories étant faible et la part de
marché des premiers prix plutôt importante, deux raisons qui peuvent expliquer ces forts pourcentages.
21
S.K DHAR. et S.J HOCH. (1996), “Why Store Brain Penetration Varies by Retailer?” Working paper,
The University of Pennsylvania, February.
30
tournesol et de 64% dans les yaourts aromatisés lors de la semaine de la mise en avant
dans les marques de distributeurs. A l’inverse, il augmente de 44% et de 103% lors des
mises en avant des marques nationales (Tableau 2).
Tableau 2 : Effets des mises en avant sur le ratio des ventes entre MN et MDD et
valeur de ce ratio lors des semaines promotionnelles
Huiles de Tournesol
Coefficient
Valeur du
multiplicateur
ratio (niveau
(%)
moyen hors
Yaourts aromatisés
Coefficient
Valeur du ratio
multiplicateur (niveau moyen
(%)
mise en avant
avant mise en
avant = 3.6)
= 1.3)
Mises en avant
des MDD
Mises en avant
des MN
Mises en avant
des PPP
55%
0.7
36%
1.3
144%
1.9
203%
7.3
111%
1.4
105% non
significatif
3.8
L’observation des effets propres et croisés des mises en avant (cf. tableaux 3 et 4)
confirme l’existence de transferts de ventes entre groupes de marques concurrentes
(effets croisés négatifs se traduisant par des coefficients multiplicateurs inférieurs à
100%). La concurrence entre les marques nationales et les marques distributeurs est
bien une réalité. L’utilisation des mises en avant peut contribuer à renforcer leur
position concurrentielle respective.
31
Tableaux 3 et 4 : Coefficients multiplicateurs propres et croisés des mises en avant
des groupes sur leurs propres ventes et sur celles de leurs concurrents.
La catégoriedes huiles de tournesol
Mises en avant
Mises en avant
Mises en avant
des MDD
des MN
des PPP
171%
93%
86%
Les ventes totales de MN
94%
133%
96%
Les ventes totales des PPP
100%
101%
(non significatif)
(non significatif)
Les ventes totales de MDD
160%
La catégorie des yaourts aromatisés
Mises en avant des Mises en avant des
Les ventes totales de
MDD
Les ventes totales de
MN
Les ventes totales de
PPP
Mises en avant
MDD
MN
des PPP
238%
79%
81%
85%
160%
84%
99%
100%
(non significatif)
(non significatif)
566%
3.2. R ESULTATS CONCERNANT D ’ AUTRES VARIABLES
EXPLICATIVES
Bien que non centraux à notre problématique, il est important de souligner plusieurs
éléments :
-
il apparaît que l’importance des réductions de prix qui accompagnent les mises
en avant des marques nationales et des marques de distributeurs contribue à
accroître les effets de ces mises en avant sur les ventes de la catégorie ;
-
les promotions de fond de rayon engendrent des effets de même nature que ceux
des mises en avant : augmentation des ventes des groupes promus,
augmentation des ventes de la catégorie, transferts des ventes entre groupes
32
concurrents. Les effets sont toutefois inférieurs à ceux des mises en avant,
quelle que soit la catégorie de produits ;
-
distributeurs comme fabricants semblent avoir intérêt à ce que les différentiels
de prix entre les marques nationales et les marques de distributeurs, d’une part,
et les marques distributeurs et les premiers prix, d’autre part, soient restreints.
Ces différentiels de prix ont un impact négatif tant sur les ventes de la catégorie
que sur celles des marques nationales. Les réduire peut, semble-t-il, contribuer à
accroître les ventes de la catégorie et les ventes des marques nationales.
3.3. I MPLICATIONS MANAGERIALES
La recherche sur les effets des mises en avant des différents groupes de marques sur
les ventes et sur la structure concurrentielle de la catégorie apporte aux distributeurs,
tout comme aux fabricants, une meilleure connaissance de ces effets dont les
implications managériales sont multiples.
Tout d’abord, les résultats précédemment exposés soulignent que les mises en avant
peuvent être utilisées par les distributeurs pour augmenter dans le court terme les ventes
de leurs catégories. Ce résultat peut constituer pour les fabricants un argument
commercial de poids lors de leurs négociations avec la distribution ; ils sont en effet
alors en mesure de montrer que leurs mises en avant participent à la performance
globale des ventes d’une catégorie.
Par ailleurs, distributeurs et fabricants peuvent également se servir des mises en
avant pour modifier le rapport des ventes de leurs marques respectives. Les mises en
avant semblent ainsi constituer des outils tactiques efficaces, dont distributeurs et
fabricants peuvent user à des fins offensives ou défensives.
Enfin, la capacité qu’ont les marques distributeurs mises en avant à faire baisser les
ventes de leurs concurrentes nationales, devrait inciter les fabricants à élargir la vision
de leur univers concurrentiel ; celui-ci reste trop souvent confiné, pour des raisons
historiques, au cercle fermé des marques nationales.
33
C ONCLUSION
La recherche sur la distribution a souvent été négligée du fait de son aspect très
appliqué. Malgré les études peu nombreuses sur le marketing du distributeur, nous
avons tenté d’approcher la distribution de façon plus théorique. En effet, avec le
développement et la multiplication des magasins de grande consommation depuis les
années ‘80, les distributeurs sont devenus des acteurs incontournables du commerce
français et il est donc important d’étudier la stratégie qui préside les choix
promotionnels mis en place sur le lieu de vente. Pour répondre à cette problématique, il
a fallu en premier lieu identifier les objectifs essentiels du distributeur, puis étudier les
techniques promotionnelles qui peuvent satisfaire ses objectifs.
En effet, la concurrence étant accrue, les grandes surfaces françaises ont dû choisir
un positionnement plutôt discount, dominé par le fait « d’acheter le moins cher possible
pour revendre le moins cher possible ». Cette célèbre définition du rôle de la
distribution par Edouard Leclerc montre tout l’intérêt d’une bonne politique
promotionnelle sur le lieu de vente. En effet, les promotions sont l’un des principaux
outils du marketing local, car elles permettent au détaillant de répondre aux exigences
du marketing d’entrée et de sortie22.
Dans une optique de marketing d’entrée, le distributeur se sert des promotions pour
attirer de nouveaux clients en créant un trafic supplémentaire, améliorer l’image du
magasin en offrant un plus aux clients, créer une image prix et répondre à la
concurrence extérieure.
Dans le cadre du marketing de sortie, le distributeur cherche à optimiser les circulations
dans le point de vente, développer des programmes merchandising, favoriser les achats
d’impulsion, accroître les ventes de la catégorie en vendant plus aux clients réguliers,
introduire ou stimuler l’intérêt pour de nouveaux produits et se débarrasser d’un surplus
de stock.
Pour répondre à ces objectifs, le distributeur a à sa disposition une pléthore de
techniques promotionnelles allant des réductions de prix aux jeux et concours.
22
CHETOCHINE (1992) définit le client par deux concepts : le « shopper » et le « buyer ». Le client est
shopper quand il choisit le magasin, il devient buyer quand il est à l’intérieur du magasin et choisit entre
les produits. Le marketing développé par le distributeur prend en compte ces deux facettes du client et il
est ainsi possible de définir un marketing d’entrée est de sortie.
34
Mais dans les faits, l’essentiel du budget promotionnel est consacré aux réductions
de prix, ventes groupées–jumelées, offres de remboursement et bons de réduction.
Cela se justifie par le fait que ce sont les techniques promotionnelles les plus
appréciées du client. Mais l’efficacité des ces promotions peut être accrue par le choix
judicieux d’une bonne PLV. En effet, par exemple l’emplacement d’un produit en tête
de gondole accroît les ventes du produit de 3 à 4 fois sur la période concernée par
rapport au fond de rayon. De plus, on constate à l’issue de la promotion sur certains
produits, une augmentation des ventes de ce produit en fond de rayon.
C’est pourquoi il est intéressant de voir l’impact que la promotion peut avoir dans le
court et moyen terme sur le consommateur. C’est ce point qui justifie la troisième partie
de notre étude sur la stratégie des choix promotionnels du distributeur. En effet, il est
indispensable d’évaluer l’impact qu’ont les techniques de promotion sur le
comportement du consommateur pour que le distributeur puisse prendre les bonnes
décisions.
Ainsi, on constate que l’utilisation des promotions peut avoir plusieurs effets sur le
consommateur, que ce soit avant, pendant ou après la mise en exergue du produit. On a
distingué quatre effets majeurs :
-
L’effet d’anticipation est visible à la fin de la période de promotion. Il se
traduit par un stockage de la part du distributeur et du client final.
-
L’effet immédiat se manifeste par l’explosion des ventes pendant la durée de la
promotion.
-
L’effet postérieur est un effet de fin de période qui montre une baisse des
ventes due au fait que la promotion n’a eu qu’un effet de déplacement des
ventes dans le temps.
-
L’effet de rémanence est un effet de changement des habitudes sur le moyen
terme. L’individu a appris à apprécier le produit et continue à l’acheter sans la
promotion.
Bien que les promotions puissent avoir des effets dans le court et le moyen terme, le
distributeur attend avant tout une augmentation rapide et immédiate des ventes. C’est
pourquoi, généralement il augmente certains produits promus par une mise en avant.
Ainsi, afin de compléter l’analyse des choix promotionnels que le distributeur doit
effectuer, il convient d’étudier l’impact qu’ont les promotions sur les ventes et la
35
structure concurrentielle de la catégorie du produit. Ceci a fait l’objet de notre dernière
partie.
En effet, quelle que soit la catégorie de produits étudiée, la mise en avant des
différents groupes de marques contribue à augmenter à court terme les ventes de la
catégorie. Les mises en avant n’entraînent pas seulement des transferts de ventes entre
produits concurrents, elles permettent au contraire d’augmenter les ventes d’un marché
les semaines où elles ont lieu. L’efficacité des effets promotionnels dépend alors de la
catégorie de produits, mais aussi de la position concurrentielle des marques concernées.
Plus la part de marché d’un groupe est importante, plus il semble que son pourcentage
d’augmentation des ventes soit élevé. On a pu remarquer aussi que l’ampleur des effets
de mise en avant varie également selon les choix stratégiques des enseignes (qualité des
MDD, écart de prix entre les marques nationales et les marques de distributeurs…). On
s’est aperçu entre autre, que les mises en avant peuvent modifier le rapport
concurrentiel existant entre les marques nationales et les marques de distributeurs. De ce
fait, l’utilisation des mises en avant peut contribuer à renforcer leur position
concurrentielle respective. A l’issue de cette étude, les distributeurs ont une meilleure
connaissance des effets promotionnels et des implications managériales en découleront.
Afin d’élargir le champ d’étude, nous pourrions orienter l’analyse sur les facteurs
liés soit à la catégorie de produits, soit aux marques qui peuvent expliquer les variations
dans les pourcentages d’augmentation des ventes. De même, une recherche pourrait être
faite au niveau des enseignes afin de comprendre l’influence de leurs choix stratégiques
sur l’efficacité des mises en avant.
36
B IBLIOGRAPHIE
− CHIROUZE, Le marketing – Etudes et stratégies, Ellipses, 2003.
− CLIQUET, FADY & BASSET, Management de la distribution, Dunod, 2002.
− COHEN, La Politique de Promotions des Ventes, Dunod.
− DESMET, Promotion des Ventes : Du 13 à la douzaine au marketing direct,
Nathan, 1992.
− DUBOIS & JOLIBERT, Le marketing – Fondements et pratiques, Economica,
1998.
− INGOLD, Guide des techniques promotionnelles, Ed. Vuibert, 2000.
− JALLAIS, ORSONI & FADY, Marketing de la distribution, Vuibert Gestion, 1987.
− KOTLER & DUBOIS, Marketing Management, Pearson, 2003.
− LENDREVIE & BROCHAND, Le Publicitor, Dalloz, 2001.
− MACE, La politique marketing du point de vente, Ed. Vuibert, 2000.
− MARTICHOUX, La promotion des ventes en pratiques, Editions d’Organisation,
2004.
− MOSCA, Initiation au merchandising, Editions d’organisation.
− TOURTOULOU, « Marques nationales, marques de distributeurs et premiers prix :
effets de leurs mises en avant sur les ventes et la structure concurrentielle de la
catégorie de produits » Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Groupe HEC.,
1996.
− VAN DERCAMMEUX & JOSPIN-PERNET, La distribution, De Boeck, 2002.
37
T ABLE
DES MATIERES
SOMMAIRE ...............................................................................................................1
INTRODUCTION.......................................................................................................2
1. OBJECTIFS ET TECHNIQUES PROMOTIONNELLES DU DISTRIBUTEUR
.....................................................................................................................................6
1.1. LES OBJECTIFS DE LA PROMOTION DES VENTES .....................................................6
1.1.1. Le lancement d’un produit nouveau .............................................................6
1.1.2. L’incitation au zapping d’enseigne ..............................................................6
1.1.3. L’écoulement des stocks...............................................................................7
1.1.4. L’augmentation de la part de marché...........................................................7
1.1.5. La désaisonnalisation de la consommation des produits ..............................7
1.1.6. L’incitation à essayer une gamme de produits..............................................7
1.1.7. La stimulation des régions infraconsommatrices..........................................8
1.1.8. La lutte contre le frein prix ..........................................................................8
1.2. LES TECHNIQUES PROMOTIONNELLES ...................................................................8
1.2.1. La réduction de prix.....................................................................................9
1.2.2. Les ventes groupées-jumelées ....................................................................12
1.2.3. Les offres de remboursement à valoir.........................................................13
1.2.4. Les bons de réduction ................................................................................14
2. L’IMPACT DES OPÉRATIONS PROMOTIONNELLES.................................16
2.1. LES EFFETS DE LA PROMOTION SUR DES PRODUITS À MATURITÉ DIFFÉRENTE ........17
2.2. LES EFFETS PROMOTIONNELS DYNAMIQUES ........................................................19
2.2.1. L’effet d’anticipation .................................................................................19
2.2.2. L’effet immédiat.........................................................................................21
2.2.3. L’effet postérieur .......................................................................................24
2.2.4. L’effet de rémanence..................................................................................25
3. L’IMPACT DES PROMOTIONS SUR LES VENTES ET SUR LA
STRUCTURE CONCURRENTIELLE DE LA CATÉGORIE DE PRODUIT .....27
3.1. RÉSULTATS CONCERNANT LES MISES EN AVANT ..................................................28
3.2. RÉSULTATS CONCERNANT D’AUTRES VARIABLES EXPLICATIVES ..........................32
38
3.3. IMPLICATIONS MANAGÉRIALES ...........................................................................33
CONCLUSION .........................................................................................................34
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................37
TABLE DES MATIÈRES.........................................................................................38
39
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