Introduction
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en novembre 2008 qui visait à en prolonger et en élargir les problématisations
et qui portait le même intitulé que ce livre 2 . Nous voudrions présenter ici les
bases du cadre d’analyse qui est issu de ce programme et a alimenté tant l’appel
à communications du colloque que le plan de l’ouvrage. Ce cadre d’analyse se
déploie dans trois directions principales, portant respectivement sur la manière
d’articuler structuration et action, sur les formes et types de mobilisation et sur
la problématisation de la dimension spatiale des mobilisations.
LA RELATION DIALECTIQUE ENTRE STRUCTURATION ET ACTION
La démarche d’analyse en sciences sociales suppose d’intégrer ensemble en
permanence la structuration des rapports sociaux et des confi gurations sociospa-
tiales et les dynamiques issues des actions et interactions en situation. À l’encontre
des lectures simplistes et hâtives des rapports entre « individu » et « société »,
s’interrogeant de façon rhétorique ou idéologique sur le primat qu’il convient
d’accorder à l’un ou l’autre des deux termes du dualisme qu’elles ont commencé
par poser, il est possible de penser ces questions de façon pleinement dialectique
en prenant en compte la dimension temporelle constitutive des rapports sociaux
comme des mises en forme de l’espace. En effet, les acteurs agissent et intera-
gissent dans des univers sociaux et des situations qui leur préexistent, et ils sont
eux-mêmes à travers leur socialisation le produit de leur société, de leur milieu,
de leur époque, dont ils intériorisent différentes caractéristiques au cœur même
de leur subjectivité. Mais cela ne signifi e pas qu’ils soient de simples « person-
nages sociaux », dans la mesure où il faut aussi prendre au sérieux, dans l’autre
sens, l’autonomie des acteurs, leur réfl exivité, la pluralité des lignes d’action qui
s’offrent à eux, même dans les situations les plus contraintes, et leur capacité à
transformer la structuration sociale et sociospatiale. Partant de là, l’enjeu de l’ana-
des politiques sociales et sanitaires », École des hautes études en santé publique). Il s’est inscrit
dans une démarche résolument interdisciplinaire, associant des sociologues, des géographes et
des politistes. Trois axes de recherche ont constitué ce programme : « Les pratiques festives
nocturnes dans les espaces urbains centraux » (dir. Y. Bonny), « La gestion de l’eau en région
Bretagne » (dir. S. Ollitrault), « Multiusage des lieux et régulation des tensions dans les espaces
ruraux » (dir. Y. Le Caro).
2. Le colloque a été co-organisé par les laboratoires ESO-Rennes et CRAPE. Cet ouvrage ne retient
qu’une petite partie des soixante-quinze communications présentées lors du colloque. La majorité
d’entre elles sont disponibles sur le CD-rom produit à cette occasion. Le comité scientifi que du
colloque était composé des personnes suivantes : Sophie Allain (sociologie, INRA), Hélène
Bertheleu (sociologie, Tours), Maurice Blanc (sociologie, Strasbourg), Yves Bonny (sociologie,
Rennes 2), co-président, Laurent Cailly (géographie, Tours), Fabrizio Cantelli (science politique,
Bruxelles), Camille Hamidi (science politique, Lyon), Graeme Hayes (French studies, Aston
University, RU), Régis Keerle (géographie, Rennes 2), Christian Le Bart (science politique,
IEP, Rennes 1), Jean-Pierre Le Bourhis (science politique, Amiens), Yvon Le Caro (géogra-
phie, Rennes 2), Patricia Loncle (science politique, EHESP), Sylvie Ollitrault (science politique,
IEP, Rennes 1), co-présidente, Michel Parazelli (géographie, Montréal), Tom Storrie (Colleges of
further and higher education, RU), Tommaso Vitale (sociologie, Milan).
[« Espaces de vie, espaces enjeux », Yves Bonny, Sylvie Ollitrault, Régis Keerle et Yvon Le Caro (dir.)]
[ISBN 978-2-7535-1732-5 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr]