Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation Problématique : quelles sont les dynamiques de la mondialisation et comment se traduisent-elles sur les territoires ? Chapitre 1 : La mondialisation en fonctionnement Introduction : Aujourd’hui, près de six milliards de téléphones portables circulent dans le monde. Ce produit, apparu dans les années 90, a fait l’objet d’une diffusion rapide et d’innovations technologiques importantes. Apple, une firme transnationale américaine, spécialisée à la base dans l’informatique et non dans la téléphonie mobile, en a fait l’un des fer de lance de sa production industrielle. Commercialisé depuis 2007 sous le nom d’IPhone, ce smartphone (téléphone portable couplé à un accès internet) équipe désormais nombre d’utilisateurs de par le monde (18% des parts de marchés en 2011) I) EDC : l’iPhone, un produit mondialisé II) Processus, acteurs, débats A) La mondialisation, un processus ancien et multiforme 1) Un processus ancien : la diffusion du libre-échange Carte p. 80 : La mondialisation est un processus ancien de développement du capitalisme et du libre-échange. Elle s’est diffusée de l’Europe occidentale au reste du monde dès les Grandes Découvertes qui, à partir du XVIe siècle, met en place d’échanges commerciaux (ex : commerce triangulaire) et culturels (ex : missions chrétiennes) à l’échelle mondiale tandis que de vastes empires coloniaux se créent (Espagne, Portugal) Une 2e mondialisation naît au XIXe s. avec la RI qui assure la domination occidentale sur un commerce international stimulé par la révolution des transports et qui se traduit par la création de nouveaux empires coloniaux (France et GB). La troisième naît avec la mise en place d’une mondialisation libérale et financière dans les années 1970 et s’élargit avec la chute de l’URSS à l’ensemble du monde b) Un processus de financiarisation Capitalisation boursière = ………………………………………………………………………………………………………………………………….. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 1 Le processus de financiarisation de l’économie s’accélère dans les années 1980 et impose le libreéchange comme loi du marché. Les progrès des systèmes informatiques permettent une hypermobilité des flux financiers. La valeur des capitaux sur les marchés boursiers a été multiplié par 6 en 20 ans = 60 000 milliards de dollars en 2015. Certains organismes financiers (assurances, banques…), désireux de profits rapides, utilisent les marchés financiers pour spéculer fragilisant les économies de certains pays. c) Un processus de valorisation sélective des territoires Cette division se complexifie aujourd’hui comme nous l’avons vu avec Apple. Les entreprises décomposent les stades de la production d’un produit dans différents pays tandis que l’assemblage est fait dans un autre pays afin de réduire les coûts de production ou pour faciliter l’accès au marché. On parle de DIPP (Division Internationale du Processus productif). Les territoires productifs sont ainsi mis en réseau en fonction de leurs avantages comparatifs. Le libreéchange et la baisse des barrières douanières offrent ainsi une place grandissante à l’Asie dans l’économie mondiale. 2) Un processus d’intensification des échanges a) La révolution des transports et des télécommunications Vocabulaire : Conteneurisation : Intermodalité : Hub : Les mondialisations se sont appuyés sur la modernisation des moyens de transports depuis les Grandes Découvertes avec les caravelles ou la RI avec les bateaux à vapeur et le chemin de fer. Aujourd’hui c’est la conteneurisation en facilitant l’intermodalité qui permet l’explosion des échanges de marchandises dont la majeure partie se fait grâce au transport maritime. Les navires se sont spécialisés et tendent au gigantisme (supertankers, méthaniers). Les ports sont ainsi des hubs, des plates-formes de correspondance entre réseaux de transport. Le transport aérien participe aussi à l’essor des échanges grâce à des appareils de plus en plus grands (A380, Boeing 747) et rapide grâce au moteur à réaction. Les télécommunications, avec internet et le téléphone, permettent aujourd’hui les échanges immatériels d’informations et de capitaux de manière instantanée. Il y a plus de 3 milliards d’utilisateurs d’internet et plus de 7 milliards d’abonnement téléphoniques mobiles dans le monde. b) Une explosion des flux 2 La mondialisation se caractérise par la croissance des échanges qui dépassent 22 000 milliards de dollars en 2015. Au niveau des marchandises, il s’agit surtout de produits manufacturés (68,5%) et d’hydrocarbures (22,5%) suivis par les produits agricoles (9,5%). Ce commerce reste fortement polarisé entre l’Europe (37 % du commerce mondial), la montée en puissance de l’Asie avec 32 % du commerce mondiale et l’Amérique du Nord (13 %). La mondialisation se caractérise aussi par une intensification des flux financiers qui marquent la prépondérance de l’Amérique du Nord et des bourses de NY qui à elles-seules représentent presque la moitié de la capitalisation boursière mondiale. Ces flux unissent les places boursières des pays riches (Europe, Asie) mais aussi des pays émergents. Les IDE ont beaucoup augmenté et représentent 2 000 milliards de dollars en 2015. Enfin, les flux de services marchands participent aussi à la mise en réseau du monde. L’UE est le 1 er exportateur de services marchands (voyages et services culturels, services aux entreprises, assurances, télécommunication), mais là aussi c’est en Asie que la croissance est la plus forte. 3) Des mobilités : un révélateur de la mondialisation Les migrations concernent toutes les parties du monde et reflètent les hiérarchies économiques et géopolitiques du monde. Si 37 % des migrations ont lieu des Suds vers les Nords, 60 % se font entre pays d’un même niveau de développement. Les motifs de départ sont variés (étude, travail, pauvreté, sécurité…) et concernent plus de 214 millions de personnes dans le monde parmi lesquels les réfugiés sont de plus en plus nombreux (40 M). Les flux migratoires s’accompagnent de flux financiers vers les pays d’origine, les remises. Les diasporas indiennes et chinoises en sont les 1ères émettrices. Ces remises peuvent jouer un rôle majeur dans l’économie de certains pays (ex : Lesotho, Haiti). Les mobilités touristiques ont plus que doublé entre 1990 et 2015 avec 1,2 milliards de personnes. Elles sont permises par des réseaux de transports de plus en plus efficaces et rapides, mais aussi de moins en moins chers. Si l’Europe (51%), l’Asie (23%) et l’Amérique ( 16%) sont les principales destinations, la moitié des touristes est concentrée dans une cinquantaine de sites (grandes villes et parcs d’attractions). Les flux touristiques Nord-Sud se développent néanmoins. Le tourisme contribue à la mondialisation de l’économie en aménageant les territoires pour les rendre accessibles et en les reliant aux grands flux mondiaux (information, financiers, mobilités). Le tourisme représente ainsi 10 % du PIB mondial. 3 B) Les acteurs de la mondialisation On distingue 3 types d’acteurs dans la mondialisation, avec chacun une stratégie propre. 1) Les FTN, actrices au cœur des échanges internationaux Les FTN sont des acteurs puissants et ont parfois des revenus supérieur à celui d’État (ex : 431 milliards de dollars pour Royal Dutch Shell, 1ère Walmart avec 486 milliards en 2014). 11 fois plus nombreuses qu’en 1970, les 103 000 FTN emploient 80 millions de travailleurs. Les FTN sont de plus en plus nombreuses dans les pays émergents (x 4 depuis 2005) Les FTN ont 3 objectifs : s’implanter là où se trouvent les matières premières, produire à moindre coût, et conquérir de nouveaux marchés. Leur stratégie d’implantation est donc mondiale, mais se heurte à deux obstacles : les actionnaires des FTN exigent un retour sur investissement de plus en plus important, et la concurrence exercée par les autres entreprises sur le prix et/ou la qualité. Pour atteindre leurs objectifs, les FTN mettent en œuvre plusieurs solutions : fusions, partenariats (ex dans le secteur automobile avec PSA = Peugeot Citroën ou General Motors = Chevrolet et Opel), restructuration, délocalisation et investissement à l’étranger (ex : Apple en Chine ou en Inde) Les FTN mettent en place une DIT qui spécialise les territoires à toutes les échelles : activités de direction, de conception, de financement dans les PD, activités d’assemblage dans les NPI (leur main d’œuvre bon marché et qualifiée). On les appelle les pays ateliers. 2) Les États Les Etats sont des acteurs de la mondialisation, car ce sont eux qui négocient les traités internationaux et qui intègrent ou non les organisations internationales. La Chine a intégré l’OMC en 2001, l’Ukraine en 2008. Il est souvent dit que la mondialisation diminue l’autorité des Etats. En effet, on observe une remise en cause de leur souveraineté économique par les organisations internationales (l’OMC négocie les tarifs douaniers, et ceux-ci sont défavorables à certains pays), par les FTN (en délocalisant, celles-ci mettent à mal les politiques économiques et sociales des Etats), par des organisations régionales (ex dans les zones de libreéchange comme l’UE ou l’ALENA). Pourtant, les Etats jouent un rôle régulateur comme lors de la crise financière de 2008. Ils assurent la défense et la promotion de leurs intérêts. En cas de crise sanitaire (vache folle, grippe aviaire) l’Etat contrôle ses frontières. C’est aussi l’Etat qui décide de la mise en place de mesures protectionnistes (les E.-U. protègent ainsi leur production d’acier, malgré les protestations de leurs concurrents auprès de l’OMC). Enfin, ils jouent un rôle important en aménageant les territoires pour les rendre attractifs et compétitifs au sein de la mondialisation (développement d’infrastructures, zones franches, centre de recherche). 4 3) Les acteurs transnationaux Les associations de coopération économique (UE, ASEAN, MERCOSUR, ALENA…) Les organisations internationales et régionales promeuvent le libre-échange, contribuant ainsi à la mondialisation. Les organisations internationales comme le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, le G8, le G20 sont des organisations puissantes, qui peuvent imposer leurs décisions à l’ensemble des pays du monde (ex : contrôle de l’endettement des Etats, libre concurrence). Les organisations régionales développent la libre circulation des marchandises dans leur espace (ALENA, APEC, MERCOSUR, UE...) même si un contrôle des flux demeure (ex dans l’espace Schengen : libre circulation à l’intérieur de l’espace, mais contrôles accrus aux frontières externes) L’ONU ET SES AGENCES L’ONU joue aussi un rôle important dans la mondialisation en encourageant la collaboration et la coopération entre les pays afin de favoriser le développement économique et social mondial. Il joue un rôle de régulateur et de médiateur. Il agit au travers d’agences aux missions variées : UNICEF, FAO, UNESCO… LES ONG ET LES SOCIÉTÉS CIVILES Les ONG (plus de 2000 – MSF, Greenpeace, Amnesty International...) tentent de réguler la mondialisation et d’en dénoncer les excès. De plus en plus nombreuses depuis les années 1930, leurs domaines d’intervention sont très divers (environnement, droits de l’homme, santé, éducation...). Les ONG deviennent de véritables contre-pouvoirs dans la mobilisation d’une « opinion mondiale » sur des grandes causes internationales (environnement, pollution, droits de l’homme...) et notamment pour s’élever contre la mondialisation ou pour réclamer qu’elle soit plus respectueuse des hommes. Toutefois, les ONG ne représentent que leurs adhérents, souvent originaires des pays développés du Nord; elles ne diffusent ainsi qu’une certaine vision du monde pas forcément partagée par tous et ne sont pas présentes sur les lieux de décision. Autre acteur de la société civile, les mouvements et forums altermondialistes apparaissent dans les années 1990. Le mouvement ATTAC (1998) dénonce la domination de la sphère financière ; les altermondialistes cherchent une alternative à la mondialisation ultralibérale. Concrètement, peu existent aujourd’hui (on peut cependant évoquer le commerce équitable – Max Havelaar-, né au Pays-Bas dans les années 1960 qui se développe dans les années 90, qui défend une juste rémunération des petits producteurs). On évoquera également les médias et les simples citoyens (émergence de mouvements spontanés liés au développement des réseaux sociaux comme les indignés en Europe ou Occupy Wall Street aux Etats-Unis), dont l’influence sur les gouvernants est certaine, mais difficile à évaluer concernant la mondialisation. LE CRIME ORGANISÉ Les réseaux criminels et illégaux sont à l’origine d’une mondialisation parallèle marquée par des flux entre les espaces d’approvisionnement et de consommation et les pôles financiers. Ces mafias conservent une base nationale et s’appuient sur une diaspora et les paradis fiscaux pour recycler l’argent sale. Des régions 5 entières vivent de cette économie illégale, sous le contrôle d’organisations criminelles (plateaux andins, rif marocain, Afghanistan, Triangle d'Or = Laos, Birmanie et Thaïlande pour l’opium), tandis que les Etats hésitent entre répression et complicité. LES DIASPORAS Les diasporas contribuent à l’augmentation des échanges et des flux (humain, financier, culturels) entre les différentes régions du monde. 10 % des Philippins vivent ainsi à l’étranger (voir p. 96). La plus importante est la diaspora chinoise dont les communautés les plus importantes se trouvent en Asie et en Amérique du Nord. C) Débats et contestations autour de la mondialisation (voir fiche) Conclusion : La mondialisation, processus incontournable de notre temps, est à l’origine de la mutation de nombreux territoires dans le monde et de l’apparition de nombreuses inégalités. Elle se caractérise par une pluralité d’acteurs aux stratégies et aux intérêts parfois contradictoires. La mondialisation fait l’objet de nombreux débats qui ne la remettent pas en cause en tant que telle, mais qui critiquent ses effets et posent la question de la gouvernance mondiale. Sujets possibles : - « En vous appuyant sur le cas du produit mondialisé étudié dans l’année, présentez les processus, les flux et les acteurs de la mondialisation » - « La mondialisation : processus, acteurs, débats » - « La mondialisation : processus, acteurs, flux, mobilités et réseaux » 6