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Parmi les troubles de l’axe 1, il était tout d’abord nécessaire d’éliminer un trouble de l’humeur et
notamment le diagnostic d’épisode dépressif majeur. A l’entretien clinique, Melle M ne présentait pas une
humeur dépressive et on ne retrouvait pas non plus d’anhédonie ou d’aboulie. Il n’y avait pas de troubles
du sommeil et ni de perte de poids malgré une diminution modérée de l’appétit. Ces éléments nous per-
mettent donc d’éliminer le diagnostic d’épisode dépressif majeur , ce que vient confirmer l’echelle de
Beck. Il s’agit d’une échelle d’autoévaluation dont les caractéristiques sont exposées dans l’annexe 1. J’ai
choisi cette échelle car c’est la mesure de dépression la plus utilisée et facile à administrer du fait d’une
passation rapide. Chez notre patiente, on retrouve un score de 7, ce qui correspond à une dépression lé-
gère, probablement secondaire au trouble panique.
A l’interrogatoire, on ne retrouve pas d’antécedent d’épisode maniaque ou hypomaniaque, confir-
mant l’absence d’un trouble bipolaire de l’humeur. Il semblait nécessaire de rechercher une dépendance
aux psychotropes ou une exogénose ainsi qu’une intoxication liée à l’utilisation d’une substance, absentes
chez notre patiente. En effet, Legrand du Saulle, Westphal et Cordes (7) ont remarqué l’effet apaisant de
l’alcool sur les manifestations anxieuses des agoraphobes et ont constaté l’apparition de conduites alcooli-
ques chez certains d’entre eux. L’intoxication au cannabis et/ou à l’ectasy pouvait être exclue car la pa-
tiente ne consomme pas de toxiques. L’interrogatoire a permis d’éliminer un trouble du comportement
alimentaire.
Concernant l’éventualité d’un diagnostic de schizophrénie ou autre trouble psychotique, je n’ai pas
retrouvé de symptômes positifs en faveur de ce diagnostic : j’ai interrogé la patiente qui m’a rapporté une
absence d’hallucinations auditives, visuelles et cenesthésiques. Nos entretiens cliniques m’ont permis de
constater que la patiente n’avait pas un discours ni un comportement inadapté ou désorganisé et ne met-
taient pas en évidence d’idées délirantes. Enfin, je n’ai pas retrouvé de symptômes négatifs tels que
l’émoussement des affects ou l’alogie, renforçant l’élimination du diagnostic de schizophrénie.
Enfin , il s’agissait de confirmer le diagnostic de troubles anxieux et d’éliminer l’association de
plusieurs troubles anxieux. Les symptômes décrits par Melle M correspondent aux critères diagnostiques
de l’attaque de panique du DSM IV (1) : en effet, il s’agit d’une période bien délimitée de crainte ou de
malaise intense dans laquelle au moins 4 à 13 des symptômes (somatiques ou cognitifs) décrits dans le
DSM IV sont survenus de façon brutale et ont atteint leur acmé en moins de 10 minutes (annexe 2). Melle
M présente 6 de ces symptômes : des nausées, des palpitations, des tremblements, la sensation de vertige
ou impression d’évanouissement, la déréalisation ainsi que la peur de la perte du contrôle de soi ou de
devenir fou. L’attaque de panique est souvent accompagnée de sentiments de danger, de catastrophe im-
minente et d’un besoin urgent de s’échapper, sentiment rapporté par Melle M qui a du sortir du restaurant
lors de sa première attaque de panique.
Le trouble panique est défini par la répétition d’attaques de panique, récurrentes et inattendues.
Au moins une des attaques doit être suivie durant au moins un mois de l’un ou plusieurs des symptômes
suivants : La crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique (il s’agit de l’anxiété anticipatoire),