Intermittence : exception culturelle, exception sociale
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La République des Idées – Working paper n° 1
Hyperflexibilité au pays de l’exception culturelle
La production culturelle, dans les spectacles, le cinéma et
l’audiovisuel (télévision, radio, cinéma, production publicitaire,
etc.) a connu une croissance soutenue depuis 20 ans, par le jeu
conjugué des politiques publiques de l’Etat et des collectivités
locales (celles-ci financent désormais près de 70% de la culture
en France) et de l’expansion des industries culturelles. Le
retentissement de ce développement rapide sur le marché du
travail est pourtant paradoxal. Cette croissance s’est exprimée
très majoritairement en emplois intermittents, et elle a nourri
en son sein le principe de son déséquilibre, comme en
témoignent trois indicateurs profondément discordants : 1) le
volume d’emploi exprimé en équivalents jours de travail a
augmenté beaucoup moins vite (+40% en 10 ans) que 2) le
nombre de professionnels et aspirants professionnels auxquels le
travail est alloué (+100%), et 3) le nombre de contrats d’emploi
entre lesquels s’est fragmentée l’offre d’emploi a connu une
croissance encore plus rapide (+150%). D’où ce résultat
surprenant : un nombre sans cesse croissant de professionnels
ou de candidats à la professionnalisation qui se partagent, de
manière très inégalitaire, un volume total de travail en
progression bien moins rapide, et qui travaillent de manière
beaucoup plus fragmentée pour des durées cumulées d’emploi
dont la moyenne n’a cessé de décliner. Comment comprendre
les termes de cette croissance en déséquilibre ?
Une explication peut tenir à l’augmentation de la demande de
culture. Est-ce que la demande de spectacles, de cinéma, de