Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 Février 2016 Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 1 2 Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada TABLE DES MATIÈRES Introduction 3 Résumé 4 1. 6 Les politiques publiques empêchent les petites entreprises de grandir 2. Le Canada est exposé à la cybercriminalité 8 3. Le programme commercial du Canada – les nouveaux accords ne sont qu’un départ 10 4. Les ressources canadiennes n’atteignent pas les marchés mondiaux 12 5. Le manque d’aptitudes en lecture, en calcul et en informatique limite la productivité dans des segments de la main-d’œuvre canadienne 14 6. Le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation plus agressive et efficace 16 7. 19 Le Canada n’est pas prêt pour le changement climatique 8. Les obstacles au commerce intérieur coûtent des milliards aux Canadiens et restreignent l’investissement 21 9. Le manque de clarté concernant les responsabilités des entreprises à l’égard des peuples autochtones restreint l’investissement 22 10. La marque du Canada n’appuie pas la compétitivité des entreprises 24 INTRODUCTION Pour ce qui est devenu une tradition annuelle, la Chambre de commerce du Canada présente les 10 obstacles à la compétitivité pour 2016. Le concept derrière ce rapport est simple : dans un monde toujours plus compétitif, les entreprises ont besoin de plus que leurs talents pour réussir – elles ont besoin de politiques publiques positives qui supportent leur développement. Notre liste identifie des obstacles que nous avons créées nous-mêmes et qui, en dépit de leur raison d’être originale, limitent la croissance des entreprises canadiennes. L’édition de cette année inclut plusieurs thèmes familiers, en partant des obstacles interprovinciaux au commerce jusqu’au manque de clarté concernant l’obligation de consulter les peuples autochtones, ou encore le fait que nous soyons incapables d’amener les ressources naturelles du Canada jusqu’aux marchés internationaux. Cette année, de nouveaux sujets font aussi leur apparition dans notre liste. La vulnérabilité du Canada à la cybercriminalité et notre manque de préparation pour gérer les effets du changement climatique sont de bons exemples. Alors que vous lisez ce rapport, je vous encourage à garder en tête que nous avons créé ces obstacles nous-mêmes. Cela veut aussi dire que nous pouvons les éliminer. Nous devons reconnaître à quel point il est important que nos politiques publiques supportent notre objectif d’un niveau de performance économique élevé. En travaillant ensemble, nous pourrons donner à nos entreprises la flexibilité et les outils dont elles ont besoin pour rivaliser dans un contexte mondial. Faisons de ceci le point de départ vers la construction d’un Canada plus compétitif – un Canada gagnant. L’hon. Perrin Beatty Président et chef de la direction Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 3 RÉSUMÉ 1. Les politiques publiques empêchent les petites entreprises de grandir Le Canada a des impôts et des politiques qui empêchent ses petites entreprises de devenir des grandes entreprises avec plus de ressources pour embaucher, investir et innover. Les grandes entreprises sont plus productives, ce qui est essentiel à la concurrence du système économique. Pourtant, seulement 1,4 % des entreprises canadiennes moyennes deviennent de grandes entreprises. Afin de développer les entreprises canadiennes, le gouvernement doit changer les taux d’impôt et les allégements fiscaux des sociétés qui pénalisent la croissance. 2. Le Canada est exposé à la cybercriminalité Le Canada perd 3,12 milliards de dollars à la cybercriminalité chaque année et près de la moitié des petites entreprises ont été victime d’une cyberattaque parce qu’elles sont moins bien équipées pour s’occuper d’une attaque. Le gouvernement a un rôle à jouer pour assurer que les petites entreprises ont de l’aide avec leur culture numérique et cyberrésilience. 4 3. Le programme commercial du Canada – les nouveaux accords ne sont qu’un départ Le Canada a cherché énergiquement à conclure de nouveaux accords commerciaux ces dernières années, mais ses entreprises restent confrontées à d’importants obstacles concernant l’expansion à l’étranger et ses exportateurs prennent du retard sur des marchés clés comme la Chine. Le Canada doit aider les entreprises en croissance à augmenter leurs activités à l’échelle internationale. Il doit également ratifier le Partenariat transpacifique et les accords commerciaux de l’Union européenne, conclure de nouveaux accords avec la Chine et l’Inde, et coopérer sur la réglementation avec ses partenaires commerciaux. 4. Les ressources canadiennes n’atteignent pas les marchés mondiaux Les flux commerciaux et d’investissements étrangers au Canada dépendent des ressources naturelles et la prospérité économique future du Canada dépend de sa capacité à fournir une infrastructure fiable pour permettre aux ressources énergétiques du pays d’éperonner la croissance économique de l’Asie aux cours mondiaux. Pourtant, les produits énergétiques canadiens sont exportés presque exclusivement aux États-Unis parce que le Canada manque l’infrastructure nécessaire pour acheminer ces produits aux marchés étrangers. Le gouvernement doit soutenir les pipelines et les autres infrastructures qui permettront aux Canadiens de faire des échanges commerciaux avec le reste du monde. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 5. Le manque d’aptitudes en lecture, en calcul et en informatique limite la productivité dans des segments de la main-d’œuvre canadienne Les robots et l’intelligence artificielle transforment le milieu de travail et augmentent la demande pour les travailleurs hautement qualifiés. Pourtant, la moitié des Canadiens ne possèdent pas le niveau de compétences en lecture, en calcul et en résolution de problèmes numériques nécessaire pour être concurrentiels dans l’économie d’aujourd’hui. Le Canada a besoin d’un plan afin de garantir que les personnes possèdent les compétences appropriées pour les emplois de demain. 6. Le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation plus agressive et efficace Les dépenses en R.D. des secteurs public et privé sont essentielles pour les exportations, les emplois et la création de richesses. Pourtant, les dépenses fédérales en R.D. par rapport au PIB ont chuté du quart en seulement cinq ans. Le Canada doit réinvestir dans un écosystème d’innovation pouvant soutenir les capacités de l’entreprise à répondre rapidement aux changements. 7. Le Canada n’est pas prêt pour le changement climatique Le changement climatique affecte toutes les industries canadiennes, de l’agriculture et des ressources naturelles jusqu’au tourisme et à la défense. Les pays mettent en œuvre des politiques et règlements pour lutter contre les GES et le Canada doit faire de même pour rester concurrentiel comme lieu d’investissement et source de produits. Le Canada a besoin d’une politique fédérale claire sur la réglementation du carbone et d’une stratégie d’adaptation au climat. 8. Les obstacles au commerce intérieur coûtent des milliards aux Canadiens et restreignent l’investissement L’économie canadienne reste divisée par des obstacles artificiels au commerce et à la mobilité de la main-d’œuvre qui contrecarrent les investissements des entreprises et coûtent aux consommateurs des milliards de dollars chaque année. Pour obtenir le libre-échange à l’intérieur du Canada, le gouvernement fédéral devrait faire pression sur les provinces et élargir le droit du secteur privé à obtenir réparation. 9. Le manque de clarté concernant les responsabilités des entreprises à l’égard des peuples autochtones restreint l’investissement Dans les aléas de la concurrence économique mondiale, le Canada ne peu tolérer que les gouvernements, les entreprises et les peuples autochtones se fassent obstacle. Le Canada doit sceller une réconciliation valable avec ses peuples autochtones; cependant, les entreprises ne comprennent pas ce qu’on entend par « réconciliation » et comment elles peuvent faire leur part pour l’atteindre. Le gouvernement fédéral – en tant que principal interlocuteur entre les peuples autochtones et les autres parties prenantes – doit ouvrir la voie. 10. La marque du Canada n’appuie pas la compétitivité des entreprises Le monde voit le Canada comme un bel endroit pour vivre, mais pas pour y transiger des affaires, et le Canada ne fait pas un bon travail à changer ces perceptions. Améliorer la façon de présenter la Canada encouragerait les investissements directs étrangers, les exportations et le tourisme. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 5 LES 10 PRINCIPAUX OBSTACLES À LA COMPÉTITIVITÉ POUR 2016 1. Les politiques publiques empêchent les petites entreprises de grandir Les 1,2 million de petites et moyennes entreprises du Canada sont les piliers de notre économie; indispensables à l’innovation et à l’entrepreneuriat, elles emploient près de 70 % de la main-d’œuvre. La meilleure chose qui puisse arriver à une petite entreprise est de devenir une grande entreprise possédant plus de ressources pour embaucher, investir et innover. Ainsi, un rapport de Baldwin et Jarmin démontre que le niveau de productivité des petites entreprises de fabrication canadiennes ne représente que 47 % de celui des grandes entreprises. C’est dans le secteur de la fabrication que cet écart est le plus grand, mais la productivité augmente avec la taille dans la plupart des secteurs, alors que les entreprises profitent d’économies d’échelle et d’investissements en capitaux accrus. Ce rapport suggère également qu’environ 19 % de l’écart de productivité entre le Canada et les États-Unis est dû au fait que les entreprises américaines sont beaucoup plus grandes. Nous considérons comme particulièrement préoccupantes nos moyennes entreprises qui représentent 12 % de notre PIB et 18 % des valeurs à l’exportation1. Une étude de la BDC publiée en 20132 a identifié quelques tendances inquiétantes, y compris une baisse de 17 % du nombre de moyennes 6 entreprises canadiennes entre 2006 et 2010. Pendant la même période, en moyenne 14 % des moyennes entreprises sont devenues de petites entreprises ou ont cessé leurs opérations chaque année, tandis que seulement 1,4 % ont pris de l’expansion et sont devenues de grandes entreprises comptant plus de 500 employés. Dans un environnement concurrentiel, il importe que nos petites entreprises grandissent et deviennent de grandes entreprises. Alors, pourquoi avons-nous des impôts et des politiques qui empêchent nos petites entreprises de grandir? 1 Entreprises à impact élevé : accélérer la compétitivité du Canada, Banque de développement du Canada, mai 2015. 2 Qu’advient-il des moyennes entreprises canadiennes? Banque de développement du Canada, 2013. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada Les obstacles fiscaux qui encouragent les entreprises à rester petites sont les suivants : 1. Les taux d’imposition des sociétés – Les sociétés sont punies lorsque leurs revenus atteignent 500 000 $. Elles doivent passer du taux d’imposition des petites sociétés (11 %) au taux d’imposition des sociétés (15 %). Ajouter les taux d’imposition provinciaux et la hausse passe de 15 % à 27 %. 2. Le coût et la complexité de la conformité aux lois fiscales – C’est une entrave énorme, coûteuse en temps pour les entreprises. Les dirigeants de moyennes entreprises répondant à un sondage mené en 2014 par QuantumShift3 ont souvent mentionné que le processus d’examen et de vérification de l’Agence du revenu du Canada (ARC) crée une complexité et des coûts considérables pour les entreprises à la fois pour se conformer aux lois fiscales et pour contester et faire appel des décisions de l’agence. Pour les PME, traiter avec l’ARC peut être un processus compliqué et bon nombre d’entre elles doivent effectuer plus de 30 versements par an (TPS/TVH, impôts sur les salaires et impôt sur le revenu). Les PME qui commettent des erreurs font face à des pénalités impitoyables dont les proportions sont égales à celles des grandes entreprises et à un processus d’appel compliqué et coûteux. 4. Les impôts sur les héritages nuisent aux entreprises familiales – Notre régime fiscal traite le transfert d’entreprises familiales dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche favorablement, mais pas dans les autres secteurs où les membres des familles doivent payer des impôts sur les gains de capital. Cela peut décourager le transfert des entreprises familiales à la prochaine génération, où elles peuvent rester profitables et continuer à créer de l’emploi. 5. La déduction des petites entreprises – Le seuil de capital imposable est resté à 10 millions de dollars, ce qui désavantage les entreprises plus grandes, fortement endettées. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : examiner les politiques et programmes pertinents qui entravent la croissance des PME; remanier les lois et règlements afin d’éliminer ces obstacles. 3. Certains avantages fiscaux qui profitent uniquement aux PME – Le programme fédéral de la recherche scientifique et du développement expérimental (RS&DE) fournit un crédit de 35 % pour les premiers 3 millions de dollars de dépenses des petites entreprises, mais un crédit de 15 % seulement pour les dépenses excédant 3 millions de dollars. 3 An Ice Ceiling: Overcoming the Growth Challenges Faced by Canada’s Mid-Sized Companies, QuantumShift™, 2015. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 7 2. Le Canada est exposé à la cybercriminalité Le marché numérique croît exponentiellement plus rapidement que les autres secteurs de l’économie. L’économie Internet mondiale était évaluée à 4,2 billions de dollars en 20154. L’économie Internet du Canada représente maintenant 3,6 %5 de son PIB (sans tenir compte de la valeur des données elles-mêmes). Les données pouvant servir au vol d’identité ont une valeur sur le marché noir pouvant varier entre 1 $ pour un numéro de carte de crédit et 10 $ pour des renseignements médicaux6. La cybercriminalité peut également aider les voleurs à obtenir un avantage concurrentiel et compromettre la sécurité nationale. Les risques posés par le vol électronique entravent la capacité concurrentielle du Canada à l’échelle mondiale. Les attaques par déni de service (botnets ou réseaux d’ordinateurs zombies) deviennent de plus en plus fréquentes, car le prix d’achat d’un logiciel personnalisé est de quelques centaines de dollars seulement. Et pourtant, les conséquences peuvent coûter aux entreprises, aux citoyens et aux gouvernements des millions ou même des milliards de dollars. La cybercriminalité extrait entre 15 % et 20 % de l’économie Internet mondiale de 3 billions de dollars. Pour sa part, le Canada perd 0,17 % du PIB (3,12 milliards de dollars) à la cybercriminalité chaque année7. 8 Au Canada, le Ponemon Institute a sondé 21 entreprises de tous les secteurs pour IBM et constaté ce qui suit8 : Coût moyen d’une fuite de données – 5,12 millions de dollars Coût moyen d’une notification d’une fuite de données – 250 $ Nombre moyen de dossiers violés en 2015 – 20 459 Les chiffres pour les petites et moyennes entreprises (98 % de notre économie privée) sont particulièrement alarmants. Selon StaySafeOnline.org, 71 % des atteintes à la sécurité des données frappent les petites 4 Boston Consulting Group, The Internet Economy in the G-20, 2015 www.bcg.com/documents/file100409.pdf 5 Idem. 6 Reuters. http://www.reuters.com/article/2014/09/24/us-cybersecurity-hospitals-idUSKCN0HJ21I20140924 7 Intel Security, Net Losses – Estimating the Global Cost of Cybercrime www.mcafee.com/ca/resources/reports/rp-economicimpact-cybercrime2.pdf 8 Ponemon Institute for IBM, 2015 Cost of Data Breach Study http://public.dhe.ibm.com/common/ssi/ecm/se/en/ sew03065caen/SEW03065CAEN.PDF Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada entreprises et près de la moitié d’entre elles ont été victimes d’une cyberattaque. Visa Inc. signale que 95 % des fuites de données liées à des cartes de crédit qu’elle découvre concernent ses plus petits clients commerciaux9. Les cybercriminels sont attirés par les petites entreprises pour trois raisons : 1. À cause d’un manque de ressources, les petites entreprises sont moins bien équipées pour s’occuper d’une attaque. 2. L’information que les pirates veulent obtenir – identifiants de cartes de crédit, propriété intellectuelle, informations permettant une identification personnelle – est souvent moins protégée que dans les grandes organisations. 3. 9 Les partenariats entre les petites entreprises et les grandes entreprises peuvent fournir un accès détourné aux véritables cibles des pirates (c.-à-d. ces grandes entreprises). Les retombées les plus évidentes de la cybercriminalité sont les coûts directs pour les entreprises, notamment finance, récupération des données, confiance des clients, réputation, infrastructure, formation et surveillance. Il y a également le coût potentiel d’une conviction pour manque de conformité à la LPRPDE (jusqu’à 100 000 $ par dossier) ainsi que des coûts sociétaux plus difficiles à évaluer, notamment des prix plus élevés, des dommages à l’infrastructure essentielle et des atteintes à la sécurité nationale. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • s’efforcer de promouvoir la culture numérique; • prendre l’initiative (en partenariat avec le milieu des affaires) d’établir des pratiques exemplaires relatives à la cyberrésilience; • contribuer à gagner la confiance du milieu des affaires en punissant efficacement les cybercriminels. Better Business Bureau, Cyber Security Is Important for Small Businesses http://bbbpnw.org/2015/03/20/cyber-security-isimportant-for-small-businesses/ Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 9 3. Le programme commercial du Canada – les nouveaux accords ne sont qu’un départ Le Canada a cherché énergiquement à conclure de nouveaux accords commerciaux ces dernières années (et le point culminant a été la signature du Partenariat transpacifique et de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne), mais ses entreprises restent confrontées à d’importants obstacles concernant l’expansion à l’étranger. Certes, les exportations canadiennes ont encore baissé de 7 % en 20142015. Bien qu’une grande partie de cette baisse soit attribuable à la chute des prix du pétrole, elle survient à la suite d’une décennie morose durant laquelle la croissance et la diversification du commerce et de l’investissement ont stagné. Tous ces facteurs ont entravé la croissance économique et l’emploi au Canada. Les accords commerciaux sont importants, mais ils ne peuvent à eux seuls accroître les échanges commerciaux et stimuler la croissance économique au Canada. Les obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce persistent pour les entreprises canadiennes, tandis que les avantages des accords commerciaux dont le Canada a besoin pour libéraliser le commerce et le rendre plus équitable – notamment le PTP et l’AECG – mettront beaucoup de temps à avoir un impact. Entre-temps, le Canada doit appuyer ses activités commerciales plus stratégiquement dans les marchés mondiaux hautement complexes et concurrentiels, particulièrement ceux des nouveaux services à forte valeur ajoutée. Il doit également aider les entreprises en croissance à augmenter leurs activités à l’échelle internationale. Le Canada doit s’efforcer 10 davantage d’influencer les normes internationales et veiller à ce que les délégués commerciaux et autres appuis restent hautement concurrentiels, car ils ont souvent un poids considérable pour les entreprises canadiennes qui souhaitent pénétrer de nouveaux marchés. En Amérique du Nord, les douanes et l’administration frontalière continuent de mettre l’accent sur la sécurité, et le développement de chaînes d’approvisionnement mondiales ne retient guère l’attention. Les entretiens avec l’Inde ont stagné, et le Canada perd du terrain en Chine, son deuxième marché d’exportation, car l’Australie a obtenu un accord qui lui confère un accès préférentiel. De plus, les exportations canadiennes de produits agroalimentaires, de produits forestiers et de services restent vulnérables aux obstacles réglementaires qui ne sont pas réglés dans ses accords de libre-échange. Et l’augmentation des Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada restrictions aux flux de données à l’échelle du globe menace les nouvelles formes de commerce à valeur ajoutée axé sur l’informatique en nuage et les services de cybercommerce, qui sont particulièrement importants pour les petites et moyennes entreprises. Les défis et risques associés aux activités internationales augmentent. En effet, les sanctions commerciales et les mesures de contrôle des exportations du Canada sont en pleine évolution à cause des développements géopolitiques et les efforts en vue de combattre la corruption et la mauvaise conduite des entreprises ne sont pas toujours coordonnés ou adaptés aux réalités du commerce international, ce qui peut désavantager les entreprises canadiennes. • élargir les services de promotion du commerce et de l’investissement, augmenter l’appui aux normes internationales et établir une institution nationale de financement du développement qui aidera les entreprises canadiennes à déployer des technologies et des capitaux sur les marchés émergents; • tenir des entretiens exploratoires sur de nouvelles initiatives commerciales avec la Chine et les Philippines; • mettre en œuvre une stratégie claire pour conclure les négociations sur la protection des investissements étrangers et le libre-échange avec l’Inde; • lancer une nouvelle stratégie de coopération internationale en matière de réglementation qui fait fond sur le Conseil de coopération Canada-États-Unis en matière de réglementation et assure une concordance avec les autres partenaires commerciaux; • assurer que les sanctions économiques du Canada concordent avec celles de l’Union européenne et des États-Unis; • encourager des pratiques commerciales transparentes et responsables à l’étranger en reconnaissant les entreprises qui mettent en place des contrôles internes et en aidant celles-ci à adopter des normes volontaires. Le Canada doit donner suite à ses priorités commerciales et s’attaquer à la prochaine vague de défis. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • ratifier et mettre en œuvre le Partenariat transpacifique et l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne; • collaborer avec les entreprises canadiennes pour élaborer des stratégies de commerce international plus exhaustives, équitables et stratégiques visant à accélérer la croissance économique du Canada; Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 11 4. Les ressources canadiennes n’atteignent pas les marchés mondiaux Les marchés diversifiés sont essentiels au fonctionnement efficace d’une économie nationale. Or, le Canada est le pays du G8 dont l’économie est la plus fortement tributaire du commerce avec les autres pays, et pourtant, il envoie pratiquement toutes ses ressources pétrolières à un seul marché où la demande affiche une baisse très marquée. La prospérité économique future du Canada dépend de sa capacité à fournir une infrastructure fiable pour permettre aux ressources énergétiques du pays d’éperonner la croissance économique de l’Asie aux cours mondiaux. La demande mondiale de ressources énergétiques canadiennes augmente, particulièrement dans la région de l’Asie-Pacifique et, pourtant, les produits énergétiques canadiens ont un accès limité aux marchés étrangers et sont exportés presque exclusivement aux États-Unis. Or, les marchés étrangers seront d’une importance critique pour le Canada au 21e siècle. En effet, ils représentent non seulement la principale source de croissance dans ce secteur, mais également l’actif canadien clé que recherchent les partenaires commerciaux en Asie et dans les autres marchés en développement. Les stratégies énergétiques sont un outil diplomatique clé pour le Canada lors des négociations commerciales telles que les négociations bilatérales avec l’Inde et la Chine. Les États-Unis resteront un important marché d’exportation, mais des options d’exportation diversifiées augmenteraient les prix des ressources du Canada. 12 L’approvisionnement de ces marchés croissants exigera de nouvelles infrastructures pour acheminer les ressources aux marchés. Depuis la fin de 2010, les nouveaux développements du gaz de schiste aux États-Unis ont exercé des pressions à la baisse sur les prix du pétrole brut nord-américain et créé un écart entre les cours du pétrole canadien aux États-Unis et le cours mondial que les acheteurs (y compris les Canadiens de l’Est) paient pour importer du pétrole d’autres sources. En 2012, la CIBC estimait que cet écart coûtait à l’économie canadienne environ 19 milliards de dollars – soit plus de 50 millions de dollars par jour. La baisse des cours mondiaux du pétrole due aux importantes nouvelles sources d’approvisionnement domestique a créé un écart substantiel entre les recettes provenant des ventes de pétrole canadien et les prix des produits raffinés importés au Canada. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada Les provinces canadiennes – et deux des territoires – détiennent un pouvoir constitutionnel sur les ressources naturelles qui se trouvent dans leur territoire. Cette réalité complique le débat national sur les stratégies d’exportation d’énergie de notre pays. Au lieu de se disputer à propos de la division des emplois et des revenus créés par la situation actuelle, les instances fédérales, provinciales et territoriales doivent envisager des options pour diversifier la distribution des actifs énergétiques du Canada et travailler ensemble pour élaborer et signer une stratégie énergétique pour permettre au Canada de renforcer son statut de meneur mondial de la production et du transport de l’énergie. Le gouvernement fédéral doit sensibiliser le public canadien aux flux d’énergie à l’intérieur du pays et aux retombées économiques plus vastes de l’exportation des ressources énergétiques canadiennes à un seul client. En outre, il devrait tenter d’établir des partenariats pour établir une base de faits communs sur les options de diversification des marchés pour que le risque des projets puisse être évalué adéquatement et avec transparence. Pour sa part, l’industrie devra démontrer au public canadien que la mise en valeur des ressources peut respecter l’environnement. Les sociétés énergétiques qui exercent leurs activités au Canada doivent respecter des normes environnementales plus strictes que celles des autres pays et sont prêtes à adopter des contrôles de pointe de leurs activités. C’est un fait, mais il n’est pas généralement compris au Canada ni à l’étranger. Les préoccupations environnementales sont légitimes et deviennent plus urgentes. L’industrie et le gouvernement doivent continuer de s’en préoccuper et intensifier leurs efforts à cette fin. À défaut de progresser sur cette question de « licence sociale », le Canada pourra difficilement assumer la transition entre fournisseur continental et fournisseur mondial. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • augmenter son engagement avec le public canadien pour traiter des possibilités économiques associées à la diversification du marché de l’énergie; • augmenter son rayonnement pour faire connaître les progrès technologiques et les améliorations à la sécurité dans le secteur des pipelines et le secteur maritime; • investir dans les infrastructures énergétiques clés et l’aménagement de celles-ci, y compris étudier toutes les façons responsables de faciliter l’accès en eau de mer aux ressources énergétiques canadiennes; • utiliser les leviers appropriés pour faciliter les flux d’échanges pétroliers ouest-est du Canada. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 13 5. Le manque d’aptitudes en lecture, en calcul et en informatique limite la productivité dans des segments de la main-d’œuvre canadienne De nombreux travailleurs canadiens n’ont pas suffisamment d’aptitudes en lecture, en calcul et en informatique et, par conséquent, ils sont vulnérables aux changements profonds apportés aux lieux de travail par la robotique et l’intelligence artificielle. Pour les employeurs, les immenses possibilités d’accroître la productivité au moyen de la technologie seront un avantage concurrentiel, mais seulement s’ils peuvent trouver des employés qualifiés. Certes, les investisseurs ne seront pas encouragés à investir dans un pays dont les travailleurs ne peuvent soutenir la concurrence. Environ la moitié de la population canadienne n’atteint pas le niveau minimum souhaité en maîtrise de la langue et du calcul, selon le sondage de 2013 de l’OCDE sur les compétences des adultes. En outre, seulement la moitié de la population canadienne possède des compétences de base en résolution de problèmes dans un environnement numérique. De nombreux Canadiens ne peuvent pas interpréter les graphiques ni comprendre les manuels d’instruction, par exemple. Pire encore, une grande partie des adultes en âge de travailler étaient au bas du classement lors des évaluations des compétences en lecture, en calcul et en informatique, comme l’a récemment noté une étude de 2015 de l’IRPP. Cela diminue la productivité des employés au travail et les laisse mal préparés pour fonctionner dans un environnement de plus en plus riche en technologie. 14 Les employeurs sont confrontés à une arme à double tranchant. D’une part, ils continuent de citer le manque d’accès à une main-d’œuvre qualifiée comme étant le principal obstacle à l’exercice de leurs activités dans des villes du Canada (où les chambres de commerce sondent leurs membres). D’autre part, les travailleurs actuels n’ont pas toujours la possibilité d’améliorer leurs compétences en lecture, en calcul et en informatique ou ne sont pas suffisamment incités à le faire. Comme l’indique l’étude de l’IRPP, « Dans un pays ayant une population aussi instruite que celle du Canada, une proportion supérieure à la moyenne de la maind’œuvre n’a pas suffisamment de compétences, reste sous-qualifiée ou requiert un nouveau parcours professionnel. Il faut mettre fin à cette situation. » Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada Certes, le paysage de l’emploi évolue et la demande de travailleurs hautement qualifiés augmente (hausse de 19 % depuis 1998, selon Statistique Canada), tandis que la demande de travailleurs peu qualifiés diminue (baisse de 11 % pendant la même période). Or, les compétences en informatique et en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), qui sont essentielles à un lieu de travail où il y a plus de robots, de données et d’intelligence artificielle, peuvent être acquises seulement si les compétences de base sont en place. Une alphabétisation et des compétences de base améliorées permettraient sans doute d’augmenter la productivité et la croissance économique. Un investissement dans ces compétences par le biais de la formation en milieu de travail et de l’apprentissage permanent est économiquement et socialement logique et pourrait assurer la réussite des Canadiens dans un milieu de travail changeant et plus numérisé. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada invoquera : • un leadership plus intense de la part du gouvernement fédéral et une augmentation du financement des programmes qui améliorent les compétences en lecture, en calcul et en informatique des Canadiens d’âge actif qui ont des lacunes dans ce genre de compétences. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 15 6. Le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation plus agressive et efficace L’innovation, l’invention, la perturbation et la création de propriété intellectuelle et de produits et services à valeur ajoutée sont les ingrédients essentiels qui éperonneront la prospérité économique des secteurs d’activité du Canada. Et pourtant, en dépit d’innombrables études, rapports et recommandations, les entreprises canadiennes restent confrontées à des défis sur le plan de la productivité, mesure essentielle de la capacité du Canada à concurrencer les marchés avancés et émergents. La recherche du secteur public du Canada est de classe mondiale, mais il ne la commercialise pas. De plus, bien que la capacité du Canada à générer de nouvelles idées soit concurrentielle, par rapport à ses principaux partenaires commerciaux il tire de l’arrière pour ce qui est de transformer la propriété intellectuelle en histoires de réussite financière. Or, la création d’un climat « favorable à l’économie des idées » dans lequel les idées sont protégées et cultivées est essentielle. Le Canada n’a pas encore systématiquement adopté de nouveaux modèles de partenariat efficaces capables d’accélérer le développement de ses entreprises en démarrage en entreprises mondiales concurrentielles et de tirer davantage parti des chaînes d’approvisionnement mondiales pour favoriser l’expansion. Cela doit changer. Le Canada doit se transformer. La plupart des programmes incitatifs du Canada sont des vestiges du passé. En outre, ses programmes d’investissements en R.D. et en technologie (notamment le Programme d’aide à la recherche industrielle, le Programme de la recherche scientifique et du développement expérimental, le 16 Fonds d’innovation pour le secteur de l’automobile et divers fonds pour l’énergie propre de Ressources naturelles Canada) sont fondés sur les résultats des produits. L’achat de nouvel équipement de haute technologie est encouragé (ou du moins facilité) grâce à un élargissement de la déduction pour amortissement accéléré. Et des mesures d’encouragement sont fournies pour contrebalancer les coûts plus compétitifs des autres pays. Cependant, le Canada doit éviter de se concentrer uniquement sur les résultats des produits. Il doit également soutenir la concurrence en créant de la propriété intellectuelle et en façonnant son avenir. La capacité des sociétés canadiennes de faire face à la concurrence mondiale est désormais déterminée par leur aptitude à innover, à s’adapter ou à perturber les anciens modèles d’affaires. Misant sur son leadership dans les secteurs traditionnels, Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada le Canada doit maintenant favoriser la croissance économique au moyen d’idées, de procédés et de services innovateurs. Or, pour que les nouvelles entreprises canadiennes puissent progresser et réussir sur le nouveau marché international, le gouvernement, les universités et les établissements de recherche doivent être des partenaires beaucoup plus efficaces à cet égard. L’alignement du cadre de propriété intellectuelle entre les institutions est le premier pas. À titre d’exemple, la société allemande Siemens s’est engagée à utiliser ce qu’elle et le gouvernement allemand appellent Industrie 4.0, ou la quatrième révolution industrielle basée sur l’utilisation des systèmes cyberphysiques. L’objectif est de développer (de concert avec les fabricants) des « entreprises numériques » capables de s’adapter aux conditions du marché et d’utiliser les ressources efficacement. Cela signifie utiliser la technologie pour intégrer les procédés du cycle de vie des produits et de la production. Siemens envisage un avenir où « les ingénieurs qui planifient un nouveau produit, tel qu’un nouvel appareillage de connexion, utiliseront un logiciel spécial pour concevoir simultanément son procédé de fabrication, y compris tous les systèmes mécaniques, électroniques et automatisés connexes ». Au Canada, bon nombre d’entreprises et d’institutions publiques n’ont pas investi ni établi de partenariats en innovation au rythme requis pour favoriser la réussite. Depuis 2010, les dépenses fédérales en R.D. ont diminué de 12 % (déduction faite de l’inflation, la baisse avoisine 18 %). Si les prévisions économiques se concrétisent, les dépenses fédérales en R.D. en proportion du PIB auront chuté de 26 % en cinq ans10. Or, les dépenses en R.D. des secteurs public et privé sont essentielles pour les exportations, les emplois et la création de richesses. Au Canada, 28 entreprises dépensent plus de 100 millions de dollars par année en R.D. : 12 (cinq des dix premières) sont dans le secteur de la fabrication. 10 La fabrication reste la principale source d’innovation commerciale du pays, un élément clé de la réduction du déficit commercial et un contributeur disproportionnellement important à la viabilité environnementale. La fabrication ajoute près de 170 milliards de dollars au PIB et fournit 1,7 million d’emplois. Mais, en dépit de la faible valeur du dollar canadien, ce secteur a de la difficulté à s’adapter aux tendances mondiales vers les régions à coûts plus faibles. Certes, le PIB du secteur manufacturier a diminué de 14 % entre 2000 et 2013, tandis que l’économie a progressé de 37 % globalement, selon une récente étude du Lawrence National Centre for Policy and Management. Le Canada devra rapidement adopter un nouvel équilibre axé sur une fabrication plus avancée et l’élargissement de sa capacité et de sa force dans les services novateurs de conception, d’ingénierie et de technologie qui créent de la valeur dans la nouvelle économie. Tout en renforçant sa capacité en formation et en compétences STEM, le Canada doit promouvoir un nouvel écosystème d’innovation qui, non seulement génère des produits de grande qualité, mais fait concurrence dans les services comme l’ingénierie, les logiciels, le réseautage et la distribution. Ces changements s’appliquent aussi aux secteurs de ressources plus traditionnels. En effet, l’innovation stimule également la compétitivité des sociétés de services financiers mondiales du Canada. Bon nombre des sociétés les plus innovantes et prospères du globe créent de la valeur au moyen de services et de technologies à valeur ajoutée plus intangibles qui tirent parti de l’informatique et de l’analytique en nuage. Or, le Canada possède les compétences et les partenariats des chaînes d’approvisionnement mondiales nécessaires pour renforcer l’économie dans ces domaines essentiels. Mais il a besoin de changements réfléchis pour réussir. http://ocufa.on.ca/blog-posts/data-check/data-check-federal-commitment-to-rd-continues-to-decline/ Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 17 La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada interviendra et travaillera avec le gouvernement fédéral pour promouvoir une économie plus innovatrice à l’aide de ce qui suit : 18 • la création d’une stratégie ciblée pour rendre concurrentielles les entreprises en démarrage canadiennes innovatrices, axées sur la technologie; • la promotion de modèles de partenariat améliorés entre les entreprises, le gouvernement, les universités et les établissements de recherche publics; • l’optimisation des investissements en R.D. grâce à une meilleure intégration dans l’écosystème de l’innovation de sociétés et d’institutions centrées sur l’application commerciale de la propriété intellectuelle; • la rationalisation des cadres de propriété intellectuelle institutionnels; • des stratégies plus efficaces en matière d’impôts et de subventions pour favoriser la R.D. axée sur les procédés et les produits; • de nouvelles stratégies pour stimuler la création de brevets canadiens et encourager des réservoirs de propriété intellectuelle canadienne concurrentiels à l’échelle internationale. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 7. Le Canada n’est pas prêt pour le changement climatique Les stratégies de lutte contre le changement climatique auront des implications importantes pour notre environnement, notre société et notre avenir économique. À mesure que les économies du globe adopteront des stratégies qui attribuent une valeur au carbone, il y aura des défis et des opportunités pour le Canada. Nos gouvernements doivent s’associer aux entreprises pour optimiser les possibilités technologiques et économiques tout en évitant l’incertitude ou les conséquences inattendues. Pays nordique qui entretient des liens culturels et économiques solides avec son environnement naturel, le Canada sera particulièrement affecté par les retombées du changement climatique. Les changements météorologiques affecteront les industries du pays de plus en plus, qu’il s’agisse de l’agriculture et des ressources naturelles, du tourisme ou de la défense. Le gouvernement fédéral doit élaborer et mettre en œuvre des politiques claires sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), de même que des stratégies d’adaptation efficaces visant à défendre notre future compétitivité économique à l’échelle internationale. Les retombées du changement climatique soulèveront des enjeux croissants pour les industries canadiennes. En effet, les changements météorologiques entraîneront des difficultés sur le plan des réserves d’eau régionales pour l’agriculture, les industries de ressources naturelles et les collectivités locales. En outre, l’infrastructure sera menacée dans le Nord par la fonte du pergélisol et sur les côtes par suite de l’élévation du niveau de la mer. Inversement, le changement climatique entraînera des possibilités économiques, notamment l’augmentation de la navigation dans le Nord et un accès plus rentable aux ressources naturelles de l’Arctique. Les pays mettent en œuvre des politiques et règlements pour lutter contre les GES et le Canada doit faire de même pour rester concurrentiel comme lieu d’investissement et source de produits. Le Canada prend déjà cette question au sérieux – certaines provinces mettent en œuvre des politiques de réduction des GES, notamment des systèmes Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 19 de plafonnement et d’échange et des taxes, tandis que certaines entreprises enchâssent des prix fictifs du carbone dans leurs plans financiers. De plus, les principales sociétés énergétiques exhortent le gouvernement fédéral à formuler un plan de réglementation des GES pour leur permettre de prendre des décisions d’investissement avec davantage de certitude. Le manque de plan décourage l’investissement dans notre économie et il entrave notre compétitivité et notre capacité à créer des emplois. Une politique fédérale claire sur les émissions de GES renforcera également la licence sociale au pays pour nos industries de ressources naturelles et, notamment, pour les projets d’infrastructure énergétique d’une importance absolue. Afin de maintenir la compétitivité de l’industrie, le gouvernement fédéral doit élaborer et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation et d’atténuation efficaces dès maintenant ou faire face à des coûts d’adaptation plus élevés à l’avenir. La voie de l’avenir En 2016, la Chambre de commerce du Canada examinera plus à fond les impacts environnementaux du changement climatique et élaborera des recommandations plus précises pour le gouvernement fédéral. La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : 20 • consulter les entreprises à propos des réponses technologiques et économiques au changement climatique; • adopter une politique fédérale claire sur la réglementation du carbone; • concevoir des stratégies d’adaptation au changement climatique qui tiendront compte des priorités des entreprises. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 8. Les obstacles au commerce intérieur coûtent des milliards aux Canadiens et restreignent l’investissement L’économie canadienne reste divisée par des obstacles artificiels au commerce et à la mobilité de la main-d’œuvre qui contrecarrent les investissements des entreprises et coûtent aux consommateurs des milliards de dollars chaque année. Les économies nationales très concurrentielles se caractérisent par la rapidité et la souplesse. À cet égard, la libre circulation des personnes, des biens et des services dans un pays favorise la compétitivité et des niveaux de service élevés tout en contribuant à diminuer les pénuries de travailleurs qualifiés. Malheureusement, le système de règlements disparates du Canada entrave considérablement la productivité et la compétitivité de celui-ci. L’Accord sur le commerce intérieur (ACI) avait pour but de réduire et d’éliminer les obstacles au commerce intérieur, à l’investissement et à la mobilité de la main-d’œuvre au Canada. Il est censé établir des règles générales pour restreindre la création de nouveaux obstacles au commerce interprovincial/interterritorial. Il renferme également un mécanisme visant à réduire les obstacles actuels dans les secteurs économiques précis qu’il régit. L’ACI a été mis à jour plusieurs fois en vingt ans d’existence, mais d’importants enjeux perdurent. En 2014, le Conseil de la fédération s’est engagé à renégocier l’ACI, mais peu de progrès ont été réalisés. Pour être efficace, tout nouveau régime de commerce intérieur doit être aussi ambitieux et exhaustif que les accords commerciaux internationaux du Canada. Il importe que le milieu des affaires maintienne la pression pour assurer que tous les paliers de gouvernement restent déterminés à éliminer les derniers obstacles au commerce. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • prendre l’initiative d’éliminer cet obstacle par le truchement d’une libéralisation de l’approvisionnement, de règlements et de négociations directes avec les provinces/ territoires; • encourager la participation des intervenants lors des négociations de l’ACI, ce qui est essentiel pour assurer que des considérations d’ordre politique n’entravent pas le mouvement de libéralisation; • élargir le droit, pour les parties privées, de saisir les tribunaux pour obtenir justice. Le marché est la seule force capable de susciter des réformes. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 21 9. Le manque de clarté concernant les responsabilités des entreprises à l’égard des peuples autochtones restreint l’investissement La Chambre de commerce du Canada examine la question du devoir de consulter les peuples autochtones dont les droits constitutionnels pourraient être affectés lorsque les gouvernements approuvent des projets du secteur privé passant sur ou à proximité de leurs terres/territoires. Cependant, le devoir de consulter n’est qu’une des relations entre le gouvernement, les peuples autochtones et les entreprises qui manquent de clarté. Parmi les autres, figurent l’engagement/le respect à l’égard des priorités sociales, économiques et environnementales d’autrui. Ce manque de clarté peut ralentir – bloquer même – les projets du secteur privé qui pourraient éventuellement fournir des avantages économiques (redevances pour des améliorations aux collectivités) et sociaux (y compris formation en compétences transférables, éducation, emploi) à long terme non seulement aux peuples autochtones, mais à l’ensemble du Canada. Dans les aléas de la concurrence économique mondiale, le Canada ne peut tolérer que les gouvernements, les entreprises et les peuples autochtones se fassent obstacle. Il doit sceller une réconciliation valable avec ses peuples autochtones – sa population la plus jeune et dynamique qui contrôle de vastes superficies de terre au pays – et il doit le faire rapidement. La lettre de mandat de la ministre des Affaires autochtones et du Nord cite parmi ses priorités : « …donner suite aux recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation, en 22 commençant par la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. » Une des recommandations du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (2015) est un appel à l’action demandant au secteur des entreprises : «… d’adopter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en tant que cadre de réconciliation et d’appliquer les normes et les principes qui s’y rattachent dans le cadre des politiques organisationnelles et des principales activités opérationnelles touchant les peuples autochtones, leurs terres et leurs ressources; les mesures demandées comprennent, mais sans s’y limiter, les suivantes : Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada i. s’engager à tenir des consultations significatives, établir des relations respectueuses et obtenir le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones avant de lancer des projets de développement économique; ii. veiller à ce que les peuples autochtones aient un accès équitable aux emplois, à la formation et aux possibilités de formation dans le secteur des entreprises et à ce que les collectivités autochtones retirent des avantages à long terme des projets de développement économique; iii. donner aux cadres supérieurs et aux employés de l’information sur l’histoire des peuples autochtones, y compris en ce qui touche l’histoire et les séquelles des pensionnats, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, les traités et les droits des autochtones, le droit autochtone et les relations entre l’État et les Autochtones. À cet égard, il faudra, plus particulièrement, offrir une formation axée sur les compétences pour ce qui est de l’aptitude interculturelle, du règlement de différends, des droits de la personne et de la lutte contre le racisme. Il est évident que les peuples autochtones du Canada souhaitent que les entreprises jouent un rôle dans la réconciliation et que les entreprises veulent faire davantage dans l’intérêt de leur propre réussite. Cependant, les entreprises ne comprennent pas ce qu’on entend par « réconciliation » et comment elles peuvent faire leur part pour l’atteindre. Le gouvernement fédéral – en tant que principal interlocuteur entre les peuples autochtones et les autres parties prenantes – doit ouvrir la voie. La voie de l’avenir En 2016, la Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • travailler avec les entreprises et les représentants des peuples autochtones pour identifier des jalons dont tous pourront se servir pour assurer que les projets du secteur privé progressent d’une manière qui répond aux priorités concurrentielles des entreprises tout en respectant les droits, cultures et aspirations des peuples autochtones et en protégeant l’intégrité environnementale de leurs terres et des terres de tous les Canadiens. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 23 10. La marque du Canada n’appuie pas la compétitivité des entreprises Une marque performante raconte une histoire en énonçant clairement les qualités uniques d’un produit, d’un organisme ou d’une nation. Les marques nationales représentent la vision et la mission de la société, reflétant les valeurs et les plus grands accomplissements (ou échecs) de cette société. Le Canada jouit d’une des plus grandes marques d’« habitabilité » du globe. En effet, il est perçu comme étant stable économiquement, prospère et sûr et ses systèmes sociaux et ses systèmes de valeurs obtiennent constamment d’excellentes notes. En outre, les Canadiens sont considérés comme amicaux et ouverts d’esprit et ils ont toutes les raisons d’être fiers de l’image du Canada et de la réalité qui la sous-tend. Mais du point de vue des entreprises, l’image du Canada n’est pas optimale. Évalué par rapport à des normes d’efficacité, de compétitivité et d’innovation, le Canada baisse sensiblement au classement. En outre, les messages constamment négatifs à propos du Canada comme endroit où investir et faire des affaires restent incontestés. Selon Evan H. Potter de l’Université d’Ottawa, « Un pays qui ne raconte pas sa propre histoire verra son image façonnée exclusivement par les perceptions des autres. »11 24 Une marque solide encouragerait l’investissement étranger direct au Canada, ferait mieux connaître les produits d’exportation canadiens et appuierait l’industrie touristique du pays. Mais le Canada « n’est ni vu ni entendu comme il le mérite. »12 Une récente étude effectuée par l’entreprise de stratégie de marque FutureBrand appuie cette notion. Lorsqu’on a demandé aux participants si le Canada était un endroit propice aux affaires, le Canada est arrivé au milieu du peloton – après des pays comme l’Allemagne, Singapour et la Suisse13. Le climat commercial concurrentiel du Canada est affaibli par une méconnaissance au niveau international et notre marque nationale est minée 11 Evan H. Potter, Branding Canada: Projecting Canada’s Soft Power Through Public Diplomacy (Montreal and Kingston: McGill-Queen’s University Press, 2008). 12 Idem p. 10. 13 « Country Brand Index, 2014-15 » (11 novembre 2014). En ligne : FutureBrand <www.futurebrand.com/news/futurebrandlaunches-the-country-brand-index-2014-15>. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada par des messages négatifs qui entraînent des procédures légales ou réglementaires contre nos exportations ou restreignent l’investissement. Un exemple est l’embargo sur les produits du phoque de l’Union européenne. Un autre est la perception selon laquelle le Canada est un pays qui n’agit pas pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en dépit du fait que ses quatre plus grandes provinces (Québec, Ontario, Colombie-Britannique et Alberta), représentant 86 % de sa population, ont mis en place des mécanismes de tarification du carbone, notamment des taxes sur le carbone ou des systèmes de plafonnement et d’échange. La voie de l’avenir La Chambre de commerce du Canada fera valoir que le gouvernement fédéral doit : • s’efforcer d’améliorer la marque du Canada en matière d’investissement/de commerce grâce à la promotion du tourisme et de l’investissement; • mieux communiquer des lois et du bilan du Canada dans le domaine de l’environnement. De plus, le Canada n’est pas le premier pays qui vient à l’esprit des investisseurs internationaux lorsqu’ils envisagent de pénétrer de nouveaux marchés. Il possède le système financier le plus solide du monde et l’un des meilleurs régimes de capital-risque, et pourtant, son climat d’affaires est constamment perçu comme étant médiocre. Pays souvent considéré comme ayant l’une des plus grandes marques d’« habitabilité », le Canada devrait également être perçu comme un pays concurrentiel et un excellent endroit où faire des affaires. Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada 25