Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016

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Les 10 principaux obstacles
à la compétitivité pour 2016
Février 2016
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
1
2
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
3
Résumé
4
1.
6
Les politiques publiques empêchent les petites entreprises de grandir
2. Le Canada est exposé à la cybercriminalité
8
3. Le programme commercial du Canada – les nouveaux accords
ne sont qu’un départ
10
4. Les ressources canadiennes n’atteignent pas les marchés mondiaux
12
5. Le manque d’aptitudes en lecture, en calcul et en informatique limite
la productivité dans des segments de la main-d’œuvre canadienne
14
6. Le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation plus agressive et efficace
16
7.
19
Le Canada n’est pas prêt pour le changement climatique
8. Les obstacles au commerce intérieur coûtent des milliards aux
Canadiens et restreignent l’investissement
21
9. Le manque de clarté concernant les responsabilités des entreprises
à l’égard des peuples autochtones restreint l’investissement
22
10. La marque du Canada n’appuie pas la compétitivité des entreprises
24
INTRODUCTION
Pour ce qui est devenu une tradition annuelle,
la Chambre de commerce du Canada présente
les 10 obstacles à la compétitivité pour 2016. Le
concept derrière ce rapport est simple : dans un
monde toujours plus compétitif, les entreprises
ont besoin de plus que leurs talents pour réussir –
elles ont besoin de politiques publiques positives
qui supportent leur développement. Notre liste
identifie des obstacles que nous avons créées
nous-mêmes et qui, en dépit de leur raison d’être
originale, limitent la croissance des entreprises
canadiennes.
L’édition de cette année inclut plusieurs
thèmes familiers, en partant des obstacles
interprovinciaux au commerce jusqu’au manque
de clarté concernant l’obligation de consulter
les peuples autochtones, ou encore le fait que
nous soyons incapables d’amener les ressources
naturelles du Canada jusqu’aux marchés
internationaux. Cette année, de nouveaux sujets
font aussi leur apparition dans notre liste. La
vulnérabilité du Canada à la cybercriminalité et
notre manque de préparation pour gérer les effets
du changement climatique sont de bons exemples.
Alors que vous lisez ce rapport, je vous encourage
à garder en tête que nous avons créé ces obstacles
nous-mêmes. Cela veut aussi dire que nous
pouvons les éliminer. Nous devons reconnaître
à quel point il est important que nos politiques
publiques supportent notre objectif d’un niveau
de performance économique élevé.
En travaillant ensemble, nous pourrons donner
à nos entreprises la flexibilité et les outils dont
elles ont besoin pour rivaliser dans un contexte
mondial. Faisons de ceci le point de départ vers
la construction d’un Canada plus compétitif – un
Canada gagnant.
L’hon. Perrin Beatty
Président et chef de la direction
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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RÉSUMÉ
1. Les politiques publiques empêchent les
petites entreprises de grandir
Le Canada a des impôts et des politiques qui
empêchent ses petites entreprises de devenir
des grandes entreprises avec plus de ressources
pour embaucher, investir et innover. Les grandes
entreprises sont plus productives, ce qui est essentiel
à la concurrence du système économique. Pourtant,
seulement 1,4 % des entreprises canadiennes
moyennes deviennent de grandes entreprises.
Afin de développer les entreprises canadiennes, le
gouvernement doit changer les taux d’impôt et les
allégements fiscaux des sociétés qui pénalisent la
croissance.
2. Le Canada est exposé à la
cybercriminalité
Le Canada perd 3,12 milliards de dollars à la
cybercriminalité chaque année et près de la
moitié des petites entreprises ont été victime
d’une cyberattaque parce qu’elles sont moins
bien équipées pour s’occuper d’une attaque. Le
gouvernement a un rôle à jouer pour assurer que
les petites entreprises ont de l’aide avec leur culture
numérique et cyberrésilience.
4
3. Le programme commercial du Canada
– les nouveaux accords ne sont qu’un
départ
Le Canada a cherché énergiquement à conclure
de nouveaux accords commerciaux ces dernières
années, mais ses entreprises restent confrontées à
d’importants obstacles concernant l’expansion à
l’étranger et ses exportateurs prennent du retard sur
des marchés clés comme la Chine. Le Canada doit
aider les entreprises en croissance à augmenter leurs
activités à l’échelle internationale. Il doit également
ratifier le Partenariat transpacifique et les accords
commerciaux de l’Union européenne, conclure
de nouveaux accords avec la Chine et l’Inde, et
coopérer sur la réglementation avec ses partenaires
commerciaux.
4. Les ressources canadiennes
n’atteignent pas les marchés mondiaux
Les flux commerciaux et d’investissements étrangers
au Canada dépendent des ressources naturelles
et la prospérité économique future du Canada
dépend de sa capacité à fournir une infrastructure
fiable pour permettre aux ressources énergétiques
du pays d’éperonner la croissance économique
de l’Asie aux cours mondiaux. Pourtant, les
produits énergétiques canadiens sont exportés
presque exclusivement aux États-Unis parce que
le Canada manque l’infrastructure nécessaire pour
acheminer ces produits aux marchés étrangers.
Le gouvernement doit soutenir les pipelines et
les autres infrastructures qui permettront aux
Canadiens de faire des échanges commerciaux avec
le reste du monde.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
5. Le manque d’aptitudes en lecture,
en calcul et en informatique limite la
productivité dans des segments de la
main-d’œuvre canadienne
Les robots et l’intelligence artificielle transforment
le milieu de travail et augmentent la demande pour
les travailleurs hautement qualifiés. Pourtant, la
moitié des Canadiens ne possèdent pas le niveau de
compétences en lecture, en calcul et en résolution
de problèmes numériques nécessaire pour être
concurrentiels dans l’économie d’aujourd’hui. Le
Canada a besoin d’un plan afin de garantir que les
personnes possèdent les compétences appropriées
pour les emplois de demain.
6. Le Canada a besoin d’une stratégie
d’innovation plus agressive et efficace
Les dépenses en R.D. des secteurs public et privé
sont essentielles pour les exportations, les emplois
et la création de richesses. Pourtant, les dépenses
fédérales en R.D. par rapport au PIB ont chuté
du quart en seulement cinq ans. Le Canada doit
réinvestir dans un écosystème d’innovation pouvant
soutenir les capacités de l’entreprise à répondre
rapidement aux changements.
7. Le Canada n’est pas prêt pour le
changement climatique
Le changement climatique affecte toutes les
industries canadiennes, de l’agriculture et des
ressources naturelles jusqu’au tourisme et à la
défense. Les pays mettent en œuvre des politiques et
règlements pour lutter contre les GES et le Canada
doit faire de même pour rester concurrentiel comme
lieu d’investissement et source de produits. Le
Canada a besoin d’une politique fédérale claire sur
la réglementation du carbone et d’une stratégie
d’adaptation au climat.
8. Les obstacles au commerce intérieur
coûtent des milliards aux Canadiens et
restreignent l’investissement
L’économie canadienne reste divisée par des
obstacles artificiels au commerce et à la mobilité
de la main-d’œuvre qui contrecarrent les
investissements des entreprises et coûtent aux
consommateurs des milliards de dollars chaque
année. Pour obtenir le libre-échange à l’intérieur
du Canada, le gouvernement fédéral devrait faire
pression sur les provinces et élargir le droit du
secteur privé à obtenir réparation.
9. Le manque de clarté concernant
les responsabilités des entreprises
à l’égard des peuples autochtones
restreint l’investissement
Dans les aléas de la concurrence économique
mondiale, le Canada ne peu tolérer que les
gouvernements, les entreprises et les peuples
autochtones se fassent obstacle. Le Canada
doit sceller une réconciliation valable avec ses
peuples autochtones; cependant, les entreprises
ne comprennent pas ce qu’on entend par
« réconciliation » et comment elles peuvent faire leur
part pour l’atteindre. Le gouvernement fédéral – en
tant que principal interlocuteur entre les peuples
autochtones et les autres parties prenantes – doit
ouvrir la voie.
10. La marque du Canada n’appuie pas la
compétitivité des entreprises
Le monde voit le Canada comme un bel endroit
pour vivre, mais pas pour y transiger des affaires,
et le Canada ne fait pas un bon travail à changer
ces perceptions. Améliorer la façon de présenter la
Canada encouragerait les investissements directs
étrangers, les exportations et le tourisme.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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LES 10 PRINCIPAUX OBSTACLES À LA
COMPÉTITIVITÉ POUR 2016
1. Les politiques publiques empêchent les
petites entreprises de grandir
Les 1,2 million de petites et moyennes entreprises
du Canada sont les piliers de notre économie;
indispensables à l’innovation et à l’entrepreneuriat,
elles emploient près de 70 % de la main-d’œuvre.
La meilleure chose qui puisse arriver à une petite
entreprise est de devenir une grande entreprise
possédant plus de ressources pour embaucher,
investir et innover. Ainsi, un rapport de Baldwin
et Jarmin démontre que le niveau de productivité
des petites entreprises de fabrication canadiennes
ne représente que 47 % de celui des grandes
entreprises. C’est dans le secteur de la fabrication
que cet écart est le plus grand, mais la productivité
augmente avec la taille dans la plupart des secteurs,
alors que les entreprises profitent d’économies
d’échelle et d’investissements en capitaux accrus.
Ce rapport suggère également qu’environ 19 %
de l’écart de productivité entre le Canada et les
États-Unis est dû au fait que les entreprises
américaines sont beaucoup plus grandes.
Nous considérons comme particulièrement
préoccupantes nos moyennes entreprises qui
représentent 12 % de notre PIB et 18 % des valeurs à
l’exportation1. Une étude de la BDC publiée en 20132
a identifié quelques tendances inquiétantes, y
compris une baisse de 17 % du nombre de moyennes
6
entreprises canadiennes entre 2006 et 2010. Pendant
la même période, en moyenne 14 % des moyennes
entreprises sont devenues de petites entreprises
ou ont cessé leurs opérations chaque année, tandis
que seulement 1,4 % ont pris de l’expansion et sont
devenues de grandes entreprises comptant plus de
500 employés.
Dans un environnement concurrentiel, il importe
que nos petites entreprises grandissent et deviennent
de grandes entreprises. Alors, pourquoi avons-nous
des impôts et des politiques qui empêchent nos
petites entreprises de grandir?
1
Entreprises à impact élevé : accélérer la compétitivité du Canada, Banque de développement du Canada, mai 2015.
2
Qu’advient-il des moyennes entreprises canadiennes? Banque de développement du Canada, 2013.
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Les obstacles fiscaux qui encouragent les entreprises
à rester petites sont les suivants :
1.
Les taux d’imposition des sociétés – Les
sociétés sont punies lorsque leurs revenus
atteignent 500 000 $. Elles doivent passer du
taux d’imposition des petites sociétés (11 %) au
taux d’imposition des sociétés (15 %). Ajouter les
taux d’imposition provinciaux et la hausse passe
de 15 % à 27 %.
2.
Le coût et la complexité de la conformité
aux lois fiscales – C’est une entrave énorme,
coûteuse en temps pour les entreprises. Les
dirigeants de moyennes entreprises répondant
à un sondage mené en 2014 par QuantumShift3
ont souvent mentionné que le processus
d’examen et de vérification de l’Agence du
revenu du Canada (ARC) crée une complexité et
des coûts considérables pour les entreprises à la
fois pour se conformer aux lois fiscales et pour
contester et faire appel des décisions de l’agence.
Pour les PME, traiter avec l’ARC peut être un
processus compliqué et bon nombre d’entre elles
doivent effectuer plus de 30 versements par an
(TPS/TVH, impôts sur les salaires et impôt sur
le revenu). Les PME qui commettent des erreurs
font face à des pénalités impitoyables dont les
proportions sont égales à celles des grandes
entreprises et à un processus d’appel compliqué
et coûteux.
4.
Les impôts sur les héritages nuisent aux
entreprises familiales – Notre régime fiscal
traite le transfert d’entreprises familiales dans
les secteurs de l’agriculture et de la pêche
favorablement, mais pas dans les autres
secteurs où les membres des familles doivent
payer des impôts sur les gains de capital. Cela
peut décourager le transfert des entreprises
familiales à la prochaine génération, où elles
peuvent rester profitables et continuer à créer de
l’emploi.
5.
La déduction des petites entreprises – Le seuil
de capital imposable est resté à 10 millions de
dollars, ce qui désavantage les entreprises plus
grandes, fortement endettées.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :

examiner les politiques et programmes
pertinents qui entravent la croissance des PME;

remanier les lois et règlements afin d’éliminer
ces obstacles.
3.
Certains avantages fiscaux qui profitent
uniquement aux PME – Le programme
fédéral de la recherche scientifique et du
développement expérimental (RS&DE) fournit
un crédit de 35 % pour les premiers 3 millions
de dollars de dépenses des petites entreprises,
mais un crédit de 15 % seulement pour les
dépenses excédant 3 millions de dollars.
3
An Ice Ceiling: Overcoming the Growth Challenges Faced by Canada’s Mid-Sized Companies, QuantumShift™, 2015.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
7
2. Le Canada est exposé à la cybercriminalité
Le marché numérique croît exponentiellement plus
rapidement que les autres secteurs de l’économie.
L’économie Internet mondiale était évaluée à
4,2 billions de dollars en 20154. L’économie Internet
du Canada représente maintenant 3,6 %5 de son
PIB (sans tenir compte de la valeur des données
elles-mêmes). Les données pouvant servir au vol
d’identité ont une valeur sur le marché noir pouvant
varier entre 1 $ pour un numéro de carte de crédit
et 10 $ pour des renseignements médicaux6. La
cybercriminalité peut également aider les voleurs à
obtenir un avantage concurrentiel et compromettre la
sécurité nationale.
Les risques posés par le vol électronique entravent
la capacité concurrentielle du Canada à l’échelle
mondiale. Les attaques par déni de service (botnets
ou réseaux d’ordinateurs zombies) deviennent de
plus en plus fréquentes, car le prix d’achat d’un
logiciel personnalisé est de quelques centaines de
dollars seulement. Et pourtant, les conséquences
peuvent coûter aux entreprises, aux citoyens et aux
gouvernements des millions ou même des milliards
de dollars. La cybercriminalité extrait entre 15 % et
20 % de l’économie Internet mondiale de 3 billions de
dollars. Pour sa part, le Canada perd 0,17 % du PIB
(3,12 milliards de dollars) à la cybercriminalité
chaque année7.
8
Au Canada, le Ponemon Institute a sondé
21 entreprises de tous les secteurs pour IBM et
constaté ce qui suit8 :

Coût moyen d’une fuite de données –
5,12 millions de dollars

Coût moyen d’une notification d’une fuite de
données – 250 $

Nombre moyen de dossiers violés en 2015 –
20 459
Les chiffres pour les petites et moyennes entreprises
(98 % de notre économie privée) sont particulièrement
alarmants. Selon StaySafeOnline.org, 71 % des
atteintes à la sécurité des données frappent les petites
4
Boston Consulting Group, The Internet Economy in the G-20, 2015 www.bcg.com/documents/file100409.pdf
5
Idem.
6
Reuters. http://www.reuters.com/article/2014/09/24/us-cybersecurity-hospitals-idUSKCN0HJ21I20140924
7
Intel Security, Net Losses – Estimating the Global Cost of Cybercrime www.mcafee.com/ca/resources/reports/rp-economicimpact-cybercrime2.pdf
8
Ponemon Institute for IBM, 2015 Cost of Data Breach Study http://public.dhe.ibm.com/common/ssi/ecm/se/en/
sew03065caen/SEW03065CAEN.PDF
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
entreprises et près de la moitié d’entre elles ont été
victimes d’une cyberattaque. Visa Inc. signale que
95 % des fuites de données liées à des cartes de
crédit qu’elle découvre concernent ses plus petits
clients commerciaux9.
Les cybercriminels sont attirés par les petites
entreprises pour trois raisons :
1.
À cause d’un manque de ressources, les petites
entreprises sont moins bien équipées pour
s’occuper d’une attaque.
2.
L’information que les pirates veulent obtenir
– identifiants de cartes de crédit, propriété
intellectuelle, informations permettant une
identification personnelle – est souvent moins
protégée que dans les grandes organisations.
3.
9
Les partenariats entre les petites entreprises et
les grandes entreprises peuvent fournir un accès
détourné aux véritables cibles des pirates (c.-à-d.
ces grandes entreprises).
Les retombées les plus évidentes de la
cybercriminalité sont les coûts directs pour les
entreprises, notamment finance, récupération
des données, confiance des clients, réputation,
infrastructure, formation et surveillance. Il y a
également le coût potentiel d’une conviction pour
manque de conformité à la LPRPDE (jusqu’à
100 000 $ par dossier) ainsi que des coûts sociétaux
plus difficiles à évaluer, notamment des prix plus
élevés, des dommages à l’infrastructure essentielle et
des atteintes à la sécurité nationale.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
•
s’efforcer de promouvoir la culture numérique;
•
prendre l’initiative (en partenariat avec le milieu
des affaires) d’établir des pratiques exemplaires
relatives à la cyberrésilience;
•
contribuer à gagner la confiance du milieu
des affaires en punissant efficacement les
cybercriminels.
Better Business Bureau, Cyber Security Is Important for Small Businesses http://bbbpnw.org/2015/03/20/cyber-security-isimportant-for-small-businesses/
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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3. Le programme commercial du Canada – les
nouveaux accords ne sont qu’un départ
Le Canada a cherché énergiquement à conclure
de nouveaux accords commerciaux ces dernières
années (et le point culminant a été la signature
du Partenariat transpacifique et de l’Accord
économique et commercial global entre le Canada
et l’Union européenne), mais ses entreprises restent
confrontées à d’importants obstacles concernant
l’expansion à l’étranger. Certes, les exportations
canadiennes ont encore baissé de 7 % en 20142015. Bien qu’une grande partie de cette baisse
soit attribuable à la chute des prix du pétrole, elle
survient à la suite d’une décennie morose durant
laquelle la croissance et la diversification du
commerce et de l’investissement ont stagné. Tous
ces facteurs ont entravé la croissance économique et
l’emploi au Canada.
Les accords commerciaux sont importants, mais
ils ne peuvent à eux seuls accroître les échanges
commerciaux et stimuler la croissance économique
au Canada. Les obstacles tarifaires et non tarifaires
au commerce persistent pour les entreprises
canadiennes, tandis que les avantages des accords
commerciaux dont le Canada a besoin pour
libéraliser le commerce et le rendre plus équitable –
notamment le PTP et l’AECG – mettront beaucoup
de temps à avoir un impact.
Entre-temps, le Canada doit appuyer ses activités
commerciales plus stratégiquement dans les marchés
mondiaux hautement complexes et concurrentiels,
particulièrement ceux des nouveaux services à
forte valeur ajoutée. Il doit également aider les
entreprises en croissance à augmenter leurs activités
à l’échelle internationale. Le Canada doit s’efforcer
10
davantage d’influencer les normes internationales et
veiller à ce que les délégués commerciaux et autres
appuis restent hautement concurrentiels, car ils ont
souvent un poids considérable pour les entreprises
canadiennes qui souhaitent pénétrer de nouveaux
marchés.
En Amérique du Nord, les douanes et
l’administration frontalière continuent de mettre
l’accent sur la sécurité, et le développement de
chaînes d’approvisionnement mondiales ne retient
guère l’attention. Les entretiens avec l’Inde ont
stagné, et le Canada perd du terrain en Chine, son
deuxième marché d’exportation, car l’Australie
a obtenu un accord qui lui confère un accès
préférentiel. De plus, les exportations canadiennes
de produits agroalimentaires, de produits forestiers
et de services restent vulnérables aux obstacles
réglementaires qui ne sont pas réglés dans ses
accords de libre-échange. Et l’augmentation des
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
restrictions aux flux de données à l’échelle du
globe menace les nouvelles formes de commerce
à valeur ajoutée axé sur l’informatique en nuage
et les services de cybercommerce, qui sont
particulièrement importants pour les petites et
moyennes entreprises.
Les défis et risques associés aux activités
internationales augmentent. En effet, les sanctions
commerciales et les mesures de contrôle des
exportations du Canada sont en pleine évolution
à cause des développements géopolitiques et les
efforts en vue de combattre la corruption et la
mauvaise conduite des entreprises ne sont pas
toujours coordonnés ou adaptés aux réalités du
commerce international, ce qui peut désavantager
les entreprises canadiennes.
•
élargir les services de promotion du commerce
et de l’investissement, augmenter l’appui aux
normes internationales et établir une institution
nationale de financement du développement qui
aidera les entreprises canadiennes à déployer
des technologies et des capitaux sur les marchés
émergents;
•
tenir des entretiens exploratoires sur de
nouvelles initiatives commerciales avec la Chine
et les Philippines;
•
mettre en œuvre une stratégie claire pour
conclure les négociations sur la protection des
investissements étrangers et le libre-échange
avec l’Inde;
•
lancer une nouvelle stratégie de coopération
internationale en matière de réglementation
qui fait fond sur le Conseil de coopération
Canada-États-Unis en matière de réglementation
et assure une concordance avec les autres
partenaires commerciaux;
•
assurer que les sanctions économiques du
Canada concordent avec celles de l’Union
européenne et des États-Unis;
•
encourager des pratiques commerciales
transparentes et responsables à l’étranger en
reconnaissant les entreprises qui mettent en
place des contrôles internes et en aidant celles-ci
à adopter des normes volontaires.
Le Canada doit donner suite à ses priorités
commerciales et s’attaquer à la prochaine vague
de défis.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
•
ratifier et mettre en œuvre le Partenariat
transpacifique et l’Accord économique et
commercial global entre le Canada et l’Union
européenne;
•
collaborer avec les entreprises canadiennes
pour élaborer des stratégies de commerce
international plus exhaustives, équitables et
stratégiques visant à accélérer la croissance
économique du Canada;
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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4. Les ressources canadiennes n’atteignent pas les
marchés mondiaux
Les marchés diversifiés sont essentiels au
fonctionnement efficace d’une économie nationale.
Or, le Canada est le pays du G8 dont l’économie
est la plus fortement tributaire du commerce avec
les autres pays, et pourtant, il envoie pratiquement
toutes ses ressources pétrolières à un seul marché
où la demande affiche une baisse très marquée. La
prospérité économique future du Canada dépend
de sa capacité à fournir une infrastructure fiable
pour permettre aux ressources énergétiques du pays
d’éperonner la croissance économique de l’Asie aux
cours mondiaux.
La demande mondiale de ressources énergétiques
canadiennes augmente, particulièrement dans
la région de l’Asie-Pacifique et, pourtant, les
produits énergétiques canadiens ont un accès limité
aux marchés étrangers et sont exportés presque
exclusivement aux États-Unis. Or, les marchés
étrangers seront d’une importance critique pour le
Canada au 21e siècle. En effet, ils représentent non
seulement la principale source de croissance dans
ce secteur, mais également l’actif canadien clé que
recherchent les partenaires commerciaux en Asie et
dans les autres marchés en développement.
Les stratégies énergétiques sont un outil
diplomatique clé pour le Canada lors des
négociations commerciales telles que les
négociations bilatérales avec l’Inde et la Chine.
Les États-Unis resteront un important marché
d’exportation, mais des options d’exportation
diversifiées augmenteraient les prix des ressources
du Canada.
12
L’approvisionnement de ces marchés croissants
exigera de nouvelles infrastructures pour acheminer
les ressources aux marchés.
Depuis la fin de 2010, les nouveaux développements
du gaz de schiste aux États-Unis ont exercé des
pressions à la baisse sur les prix du pétrole brut
nord-américain et créé un écart entre les cours du
pétrole canadien aux États-Unis et le cours mondial
que les acheteurs (y compris les Canadiens de l’Est)
paient pour importer du pétrole d’autres sources.
En 2012, la CIBC estimait que cet écart coûtait à
l’économie canadienne environ 19 milliards de
dollars – soit plus de 50 millions de dollars par jour.
La baisse des cours mondiaux du pétrole due aux
importantes nouvelles sources d’approvisionnement
domestique a créé un écart substantiel entre les
recettes provenant des ventes de pétrole canadien et
les prix des produits raffinés importés au Canada.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
Les provinces canadiennes – et deux des territoires
– détiennent un pouvoir constitutionnel sur les
ressources naturelles qui se trouvent dans leur
territoire. Cette réalité complique le débat national
sur les stratégies d’exportation d’énergie de notre
pays. Au lieu de se disputer à propos de la division
des emplois et des revenus créés par la situation
actuelle, les instances fédérales, provinciales et
territoriales doivent envisager des options pour
diversifier la distribution des actifs énergétiques
du Canada et travailler ensemble pour élaborer et
signer une stratégie énergétique pour permettre au
Canada de renforcer son statut de meneur mondial
de la production et du transport de l’énergie.
Le gouvernement fédéral doit sensibiliser le
public canadien aux flux d’énergie à l’intérieur du
pays et aux retombées économiques plus vastes
de l’exportation des ressources énergétiques
canadiennes à un seul client. En outre, il devrait
tenter d’établir des partenariats pour établir
une base de faits communs sur les options de
diversification des marchés pour que le risque des
projets puisse être évalué adéquatement et avec
transparence.
Pour sa part, l’industrie devra démontrer au public
canadien que la mise en valeur des ressources peut
respecter l’environnement. Les sociétés énergétiques
qui exercent leurs activités au Canada doivent
respecter des normes environnementales plus
strictes que celles des autres pays et sont prêtes à
adopter des contrôles de pointe de leurs activités.
C’est un fait, mais il n’est pas généralement compris
au Canada ni à l’étranger.
Les préoccupations environnementales sont
légitimes et deviennent plus urgentes. L’industrie
et le gouvernement doivent continuer de s’en
préoccuper et intensifier leurs efforts à cette fin. À
défaut de progresser sur cette question de « licence
sociale », le Canada pourra difficilement assumer
la transition entre fournisseur continental et
fournisseur mondial.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
•
augmenter son engagement avec le public
canadien pour traiter des possibilités
économiques associées à la diversification du
marché de l’énergie;
•
augmenter son rayonnement pour faire
connaître les progrès technologiques et les
améliorations à la sécurité dans le secteur des
pipelines et le secteur maritime;
•
investir dans les infrastructures énergétiques
clés et l’aménagement de celles-ci, y compris
étudier toutes les façons responsables de
faciliter l’accès en eau de mer aux ressources
énergétiques canadiennes;
•
utiliser les leviers appropriés pour faciliter les
flux d’échanges pétroliers ouest-est du Canada.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
13
5. Le manque d’aptitudes en lecture, en calcul et
en informatique limite la productivité dans des
segments de la main-d’œuvre canadienne
De nombreux travailleurs canadiens n’ont pas
suffisamment d’aptitudes en lecture, en calcul
et en informatique et, par conséquent, ils sont
vulnérables aux changements profonds apportés
aux lieux de travail par la robotique et l’intelligence
artificielle. Pour les employeurs, les immenses
possibilités d’accroître la productivité au moyen
de la technologie seront un avantage concurrentiel,
mais seulement s’ils peuvent trouver des employés
qualifiés. Certes, les investisseurs ne seront pas
encouragés à investir dans un pays dont les
travailleurs ne peuvent soutenir la concurrence.
Environ la moitié de la population canadienne
n’atteint pas le niveau minimum souhaité en
maîtrise de la langue et du calcul, selon le sondage
de 2013 de l’OCDE sur les compétences des adultes.
En outre, seulement la moitié de la population
canadienne possède des compétences de base en
résolution de problèmes dans un environnement
numérique. De nombreux Canadiens ne peuvent
pas interpréter les graphiques ni comprendre les
manuels d’instruction, par exemple.
Pire encore, une grande partie des adultes en âge
de travailler étaient au bas du classement lors
des évaluations des compétences en lecture, en
calcul et en informatique, comme l’a récemment
noté une étude de 2015 de l’IRPP. Cela diminue la
productivité des employés au travail et les laisse mal
préparés pour fonctionner dans un environnement
de plus en plus riche en technologie.
14
Les employeurs sont confrontés à une arme à
double tranchant. D’une part, ils continuent de citer
le manque d’accès à une main-d’œuvre qualifiée
comme étant le principal obstacle à l’exercice de
leurs activités dans des villes du Canada (où les
chambres de commerce sondent leurs membres).
D’autre part, les travailleurs actuels n’ont pas
toujours la possibilité d’améliorer leurs compétences
en lecture, en calcul et en informatique ou ne
sont pas suffisamment incités à le faire. Comme
l’indique l’étude de l’IRPP, « Dans un pays ayant
une population aussi instruite que celle du Canada,
une proportion supérieure à la moyenne de la maind’œuvre n’a pas suffisamment de compétences, reste
sous-qualifiée ou requiert un nouveau parcours
professionnel. Il faut mettre fin à cette situation. »
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Certes, le paysage de l’emploi évolue et la demande
de travailleurs hautement qualifiés augmente
(hausse de 19 % depuis 1998, selon Statistique
Canada), tandis que la demande de travailleurs peu
qualifiés diminue (baisse de 11 % pendant la même
période). Or, les compétences en informatique et en
sciences, technologie, ingénierie et mathématiques
(STEM), qui sont essentielles à un lieu de travail où
il y a plus de robots, de données et d’intelligence
artificielle, peuvent être acquises seulement si les
compétences de base sont en place.
Une alphabétisation et des compétences de base
améliorées permettraient sans doute d’augmenter
la productivité et la croissance économique.
Un investissement dans ces compétences par le
biais de la formation en milieu de travail et de
l’apprentissage permanent est économiquement et
socialement logique et pourrait assurer la réussite
des Canadiens dans un milieu de travail changeant
et plus numérisé.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada invoquera :
•
un leadership plus intense de la part du
gouvernement fédéral et une augmentation du
financement des programmes qui améliorent
les compétences en lecture, en calcul et en
informatique des Canadiens d’âge actif qui ont
des lacunes dans ce genre de compétences.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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6. Le Canada a besoin d’une stratégie
d’innovation plus agressive et efficace
L’innovation, l’invention, la perturbation et la
création de propriété intellectuelle et de produits
et services à valeur ajoutée sont les ingrédients
essentiels qui éperonneront la prospérité
économique des secteurs d’activité du Canada. Et
pourtant, en dépit d’innombrables études, rapports
et recommandations, les entreprises canadiennes
restent confrontées à des défis sur le plan de la
productivité, mesure essentielle de la capacité du
Canada à concurrencer les marchés avancés et
émergents.
La recherche du secteur public du Canada est de
classe mondiale, mais il ne la commercialise pas.
De plus, bien que la capacité du Canada à générer
de nouvelles idées soit concurrentielle, par rapport
à ses principaux partenaires commerciaux il tire de
l’arrière pour ce qui est de transformer la propriété
intellectuelle en histoires de réussite financière. Or,
la création d’un climat « favorable à l’économie
des idées » dans lequel les idées sont protégées et
cultivées est essentielle. Le Canada n’a pas encore
systématiquement adopté de nouveaux modèles
de partenariat efficaces capables d’accélérer le
développement de ses entreprises en démarrage en
entreprises mondiales concurrentielles et de tirer
davantage parti des chaînes d’approvisionnement
mondiales pour favoriser l’expansion. Cela doit
changer. Le Canada doit se transformer.
La plupart des programmes incitatifs du
Canada sont des vestiges du passé. En outre,
ses programmes d’investissements en R.D. et en
technologie (notamment le Programme d’aide à la
recherche industrielle, le Programme de la recherche
scientifique et du développement expérimental, le
16
Fonds d’innovation pour le secteur de l’automobile
et divers fonds pour l’énergie propre de Ressources
naturelles Canada) sont fondés sur les résultats
des produits. L’achat de nouvel équipement de
haute technologie est encouragé (ou du moins
facilité) grâce à un élargissement de la déduction
pour amortissement accéléré. Et des mesures
d’encouragement sont fournies pour contrebalancer
les coûts plus compétitifs des autres pays.
Cependant, le Canada doit éviter de se concentrer
uniquement sur les résultats des produits. Il doit
également soutenir la concurrence en créant de la
propriété intellectuelle et en façonnant son avenir.
La capacité des sociétés canadiennes de faire face à
la concurrence mondiale est désormais déterminée
par leur aptitude à innover, à s’adapter ou à
perturber les anciens modèles d’affaires. Misant
sur son leadership dans les secteurs traditionnels,
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
le Canada doit maintenant favoriser la croissance
économique au moyen d’idées, de procédés et de
services innovateurs. Or, pour que les nouvelles
entreprises canadiennes puissent progresser et
réussir sur le nouveau marché international, le
gouvernement, les universités et les établissements
de recherche doivent être des partenaires beaucoup
plus efficaces à cet égard. L’alignement du cadre de
propriété intellectuelle entre les institutions est le
premier pas.
À titre d’exemple, la société allemande Siemens
s’est engagée à utiliser ce qu’elle et le gouvernement
allemand appellent Industrie 4.0, ou la quatrième
révolution industrielle basée sur l’utilisation
des systèmes cyberphysiques. L’objectif est de
développer (de concert avec les fabricants) des
« entreprises numériques » capables de s’adapter
aux conditions du marché et d’utiliser les ressources
efficacement. Cela signifie utiliser la technologie
pour intégrer les procédés du cycle de vie des
produits et de la production. Siemens envisage un
avenir où « les ingénieurs qui planifient un nouveau
produit, tel qu’un nouvel appareillage de connexion,
utiliseront un logiciel spécial pour concevoir
simultanément son procédé de fabrication, y
compris tous les systèmes mécaniques, électroniques
et automatisés connexes ».
Au Canada, bon nombre d’entreprises et
d’institutions publiques n’ont pas investi ni établi
de partenariats en innovation au rythme requis
pour favoriser la réussite. Depuis 2010, les dépenses
fédérales en R.D. ont diminué de 12 % (déduction
faite de l’inflation, la baisse avoisine 18 %). Si
les prévisions économiques se concrétisent, les
dépenses fédérales en R.D. en proportion du PIB
auront chuté de 26 % en cinq ans10. Or, les dépenses
en R.D. des secteurs public et privé sont essentielles
pour les exportations, les emplois et la création de
richesses. Au Canada, 28 entreprises dépensent plus
de 100 millions de dollars par année en R.D. : 12
(cinq des dix premières) sont dans le secteur de la
fabrication.
10
La fabrication reste la principale source
d’innovation commerciale du pays, un élément
clé de la réduction du déficit commercial et un
contributeur disproportionnellement important
à la viabilité environnementale. La fabrication
ajoute près de 170 milliards de dollars au PIB et
fournit 1,7 million d’emplois. Mais, en dépit de la
faible valeur du dollar canadien, ce secteur a de la
difficulté à s’adapter aux tendances mondiales vers
les régions à coûts plus faibles. Certes, le PIB du
secteur manufacturier a diminué de 14 % entre 2000
et 2013, tandis que l’économie a progressé de 37 %
globalement, selon une récente étude du Lawrence
National Centre for Policy and Management.
Le Canada devra rapidement adopter un nouvel
équilibre axé sur une fabrication plus avancée et
l’élargissement de sa capacité et de sa force dans
les services novateurs de conception, d’ingénierie
et de technologie qui créent de la valeur dans la
nouvelle économie. Tout en renforçant sa capacité
en formation et en compétences STEM, le Canada
doit promouvoir un nouvel écosystème d’innovation
qui, non seulement génère des produits de grande
qualité, mais fait concurrence dans les services
comme l’ingénierie, les logiciels, le réseautage et la
distribution.
Ces changements s’appliquent aussi aux secteurs de
ressources plus traditionnels. En effet, l’innovation
stimule également la compétitivité des sociétés
de services financiers mondiales du Canada. Bon
nombre des sociétés les plus innovantes et prospères
du globe créent de la valeur au moyen de services
et de technologies à valeur ajoutée plus intangibles
qui tirent parti de l’informatique et de l’analytique
en nuage. Or, le Canada possède les compétences et
les partenariats des chaînes d’approvisionnement
mondiales nécessaires pour renforcer l’économie
dans ces domaines essentiels. Mais il a besoin de
changements réfléchis pour réussir.
http://ocufa.on.ca/blog-posts/data-check/data-check-federal-commitment-to-rd-continues-to-decline/
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada interviendra
et travaillera avec le gouvernement fédéral pour
promouvoir une économie plus innovatrice à l’aide
de ce qui suit :
18
•
la création d’une stratégie ciblée pour rendre
concurrentielles les entreprises en démarrage
canadiennes innovatrices, axées sur la
technologie;
•
la promotion de modèles de partenariat
améliorés entre les entreprises, le gouvernement,
les universités et les établissements de recherche
publics;
•
l’optimisation des investissements en R.D. grâce
à une meilleure intégration dans l’écosystème de
l’innovation de sociétés et d’institutions centrées
sur l’application commerciale de la propriété
intellectuelle;
•
la rationalisation des cadres de propriété
intellectuelle institutionnels;
•
des stratégies plus efficaces en matière d’impôts
et de subventions pour favoriser la R.D. axée sur
les procédés et les produits;
•
de nouvelles stratégies pour stimuler la
création de brevets canadiens et encourager des
réservoirs de propriété intellectuelle canadienne
concurrentiels à l’échelle internationale.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
7. Le Canada n’est pas prêt pour le changement
climatique
Les stratégies de lutte contre le changement
climatique auront des implications importantes
pour notre environnement, notre société et notre
avenir économique. À mesure que les économies
du globe adopteront des stratégies qui attribuent
une valeur au carbone, il y aura des défis et des
opportunités pour le Canada. Nos gouvernements
doivent s’associer aux entreprises pour optimiser
les possibilités technologiques et économiques
tout en évitant l’incertitude ou les conséquences
inattendues.
Pays nordique qui entretient des liens culturels
et économiques solides avec son environnement
naturel, le Canada sera particulièrement affecté
par les retombées du changement climatique.
Les changements météorologiques affecteront les
industries du pays de plus en plus, qu’il s’agisse
de l’agriculture et des ressources naturelles, du
tourisme ou de la défense. Le gouvernement fédéral
doit élaborer et mettre en œuvre des politiques
claires sur les émissions de gaz à effet de serre
(GES), de même que des stratégies d’adaptation
efficaces visant à défendre notre future compétitivité
économique à l’échelle internationale.
Les retombées du changement climatique
soulèveront des enjeux croissants pour les
industries canadiennes. En effet, les changements
météorologiques entraîneront des difficultés
sur le plan des réserves d’eau régionales pour
l’agriculture, les industries de ressources naturelles
et les collectivités locales. En outre, l’infrastructure
sera menacée dans le Nord par la fonte du pergélisol
et sur les côtes par suite de l’élévation du niveau
de la mer. Inversement, le changement climatique
entraînera des possibilités économiques, notamment
l’augmentation de la navigation dans le Nord et
un accès plus rentable aux ressources naturelles de
l’Arctique.
Les pays mettent en œuvre des politiques et
règlements pour lutter contre les GES et le Canada
doit faire de même pour rester concurrentiel comme
lieu d’investissement et source de produits. Le
Canada prend déjà cette question au sérieux –
certaines provinces mettent en œuvre des politiques
de réduction des GES, notamment des systèmes
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
19
de plafonnement et d’échange et des taxes, tandis
que certaines entreprises enchâssent des prix fictifs
du carbone dans leurs plans financiers. De plus,
les principales sociétés énergétiques exhortent
le gouvernement fédéral à formuler un plan de
réglementation des GES pour leur permettre
de prendre des décisions d’investissement avec
davantage de certitude. Le manque de plan
décourage l’investissement dans notre économie et il
entrave notre compétitivité et notre capacité à créer
des emplois.
Une politique fédérale claire sur les émissions de
GES renforcera également la licence sociale au
pays pour nos industries de ressources naturelles
et, notamment, pour les projets d’infrastructure
énergétique d’une importance absolue.
Afin de maintenir la compétitivité de l’industrie,
le gouvernement fédéral doit élaborer et mettre en
œuvre des stratégies d’adaptation et d’atténuation
efficaces dès maintenant ou faire face à des coûts
d’adaptation plus élevés à l’avenir.
La voie de l’avenir
En 2016, la Chambre de commerce du
Canada examinera plus à fond les impacts
environnementaux du changement climatique et
élaborera des recommandations plus précises pour
le gouvernement fédéral.
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
20
•
consulter les entreprises à propos des réponses
technologiques et économiques au changement
climatique;
•
adopter une politique fédérale claire sur la
réglementation du carbone;
•
concevoir des stratégies d’adaptation au
changement climatique qui tiendront compte
des priorités des entreprises.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
8. Les obstacles au commerce intérieur coûtent des
milliards aux Canadiens et restreignent l’investissement
L’économie canadienne reste divisée par des
obstacles artificiels au commerce et à la mobilité
de la main-d’œuvre qui contrecarrent les
investissements des entreprises et coûtent aux
consommateurs des milliards de dollars
chaque année.
Les économies nationales très concurrentielles se
caractérisent par la rapidité et la souplesse. À cet
égard, la libre circulation des personnes, des biens et
des services dans un pays favorise la compétitivité
et des niveaux de service élevés tout en contribuant
à diminuer les pénuries de travailleurs qualifiés.
Malheureusement, le système de règlements
disparates du Canada entrave considérablement la
productivité et la compétitivité de celui-ci.
L’Accord sur le commerce intérieur (ACI) avait
pour but de réduire et d’éliminer les obstacles
au commerce intérieur, à l’investissement et à la
mobilité de la main-d’œuvre au Canada. Il est
censé établir des règles générales pour restreindre
la création de nouveaux obstacles au commerce
interprovincial/interterritorial. Il renferme
également un mécanisme visant à réduire les
obstacles actuels dans les secteurs économiques
précis qu’il régit.
L’ACI a été mis à jour plusieurs fois en vingt ans
d’existence, mais d’importants enjeux perdurent.
En 2014, le Conseil de la fédération s’est engagé
à renégocier l’ACI, mais peu de progrès ont été
réalisés. Pour être efficace, tout nouveau régime
de commerce intérieur doit être aussi ambitieux
et exhaustif que les accords commerciaux
internationaux du Canada. Il importe que le milieu
des affaires maintienne la pression pour assurer que
tous les paliers de gouvernement restent déterminés
à éliminer les derniers obstacles au commerce.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
•
prendre l’initiative d’éliminer cet obstacle
par le truchement d’une libéralisation de
l’approvisionnement, de règlements et de
négociations directes avec les provinces/
territoires;
•
encourager la participation des intervenants lors
des négociations de l’ACI, ce qui est essentiel
pour assurer que des considérations d’ordre
politique n’entravent pas le mouvement de
libéralisation;
•
élargir le droit, pour les parties privées, de saisir
les tribunaux pour obtenir justice. Le marché est
la seule force capable de susciter des réformes.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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9. Le manque de clarté concernant les responsabilités
des entreprises à l’égard des peuples autochtones
restreint l’investissement
La Chambre de commerce du Canada examine
la question du devoir de consulter les peuples
autochtones dont les droits constitutionnels
pourraient être affectés lorsque les gouvernements
approuvent des projets du secteur privé passant
sur ou à proximité de leurs terres/territoires.
Cependant, le devoir de consulter n’est qu’une
des relations entre le gouvernement, les peuples
autochtones et les entreprises qui manquent de
clarté. Parmi les autres, figurent l’engagement/le
respect à l’égard des priorités sociales, économiques
et environnementales d’autrui.
Ce manque de clarté peut ralentir – bloquer
même – les projets du secteur privé qui pourraient
éventuellement fournir des avantages économiques
(redevances pour des améliorations aux collectivités)
et sociaux (y compris formation en compétences
transférables, éducation, emploi) à long terme
non seulement aux peuples autochtones, mais à
l’ensemble du Canada.
Dans les aléas de la concurrence économique
mondiale, le Canada ne peut tolérer que les
gouvernements, les entreprises et les peuples
autochtones se fassent obstacle. Il doit sceller une
réconciliation valable avec ses peuples autochtones
– sa population la plus jeune et dynamique qui
contrôle de vastes superficies de terre au pays – et il
doit le faire rapidement.
La lettre de mandat de la ministre des Affaires
autochtones et du Nord cite parmi ses priorités :
« …donner suite aux recommandations de la
Commission de vérité et de réconciliation, en
22
commençant par la mise en œuvre de la Déclaration
des Nations Unies sur les droits des peuples
autochtones. »
Une des recommandations du rapport de la
Commission de vérité et de réconciliation du
Canada (2015) est un appel à l’action demandant au
secteur des entreprises :
«… d’adopter la Déclaration des Nations Unies sur
les droits des peuples autochtones en tant que cadre
de réconciliation et d’appliquer les normes et
les principes qui s’y rattachent dans le cadre des
politiques organisationnelles et des principales
activités opérationnelles touchant les peuples
autochtones, leurs terres et leurs ressources; les
mesures demandées comprennent, mais sans s’y
limiter, les suivantes :
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
i. s’engager à tenir des consultations
significatives, établir des relations respectueuses
et obtenir le consentement libre, préalable et
éclairé des peuples autochtones avant de lancer
des projets de développement économique;
ii. veiller à ce que les peuples autochtones aient
un accès équitable aux emplois, à la formation
et aux possibilités de formation dans le secteur
des entreprises et à ce que les collectivités
autochtones retirent des avantages à long terme
des projets de développement économique;
iii. donner aux cadres supérieurs et aux
employés de l’information sur l’histoire des
peuples autochtones, y compris en ce qui touche
l’histoire et les séquelles des pensionnats, la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des
peuples autochtones, les traités et les droits des
autochtones, le droit autochtone et les relations
entre l’État et les Autochtones. À cet égard,
il faudra, plus particulièrement, offrir une
formation axée sur les compétences pour ce qui
est de l’aptitude interculturelle, du règlement
de différends, des droits de la personne et de la
lutte contre le racisme.
Il est évident que les peuples autochtones du
Canada souhaitent que les entreprises jouent un
rôle dans la réconciliation et que les entreprises
veulent faire davantage dans l’intérêt de leur propre
réussite. Cependant, les entreprises ne comprennent
pas ce qu’on entend par « réconciliation » et
comment elles peuvent faire leur part pour
l’atteindre.
Le gouvernement fédéral – en tant que principal
interlocuteur entre les peuples autochtones et les
autres parties prenantes – doit ouvrir la voie.
La voie de l’avenir
En 2016, la Chambre de commerce du Canada fera
valoir que le gouvernement fédéral doit :
•
travailler avec les entreprises et les représentants
des peuples autochtones pour identifier des
jalons dont tous pourront se servir pour assurer
que les projets du secteur privé progressent
d’une manière qui répond aux priorités
concurrentielles des entreprises tout en
respectant les droits, cultures et aspirations des
peuples autochtones et en protégeant l’intégrité
environnementale de leurs terres et des terres de
tous les Canadiens.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
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10. La marque du Canada n’appuie pas la compétitivité
des entreprises
Une marque performante raconte une histoire
en énonçant clairement les qualités uniques d’un
produit, d’un organisme ou d’une nation. Les
marques nationales représentent la vision et la
mission de la société, reflétant les valeurs et les
plus grands accomplissements (ou échecs) de
cette société.
Le Canada jouit d’une des plus grandes marques
d’« habitabilité » du globe. En effet, il est perçu
comme étant stable économiquement, prospère
et sûr et ses systèmes sociaux et ses systèmes de
valeurs obtiennent constamment d’excellentes notes.
En outre, les Canadiens sont considérés comme
amicaux et ouverts d’esprit et ils ont toutes les
raisons d’être fiers de l’image du Canada et de la
réalité qui la sous-tend.
Mais du point de vue des entreprises, l’image du
Canada n’est pas optimale. Évalué par rapport à des
normes d’efficacité, de compétitivité et d’innovation,
le Canada baisse sensiblement au classement.
En outre, les messages constamment négatifs à
propos du Canada comme endroit où investir et
faire des affaires restent incontestés.
Selon Evan H. Potter de l’Université d’Ottawa, « Un
pays qui ne raconte pas sa propre histoire verra son
image façonnée exclusivement par les perceptions
des autres. »11
24
Une marque solide encouragerait l’investissement
étranger direct au Canada, ferait mieux connaître
les produits d’exportation canadiens et appuierait
l’industrie touristique du pays. Mais le Canada
« n’est ni vu ni entendu comme il le mérite. »12
Une récente étude effectuée par l’entreprise de
stratégie de marque FutureBrand appuie cette notion.
Lorsqu’on a demandé aux participants si le Canada
était un endroit propice aux affaires, le Canada est
arrivé au milieu du peloton – après des pays comme
l’Allemagne, Singapour et la Suisse13.
Le climat commercial concurrentiel du Canada
est affaibli par une méconnaissance au niveau
international et notre marque nationale est minée
11
Evan H. Potter, Branding Canada: Projecting Canada’s Soft Power Through Public Diplomacy (Montreal and Kingston:
McGill-Queen’s University Press, 2008).
12
Idem p. 10.
13
« Country Brand Index, 2014-15 » (11 novembre 2014). En ligne : FutureBrand <www.futurebrand.com/news/futurebrandlaunches-the-country-brand-index-2014-15>.
Les 10 principaux obstacles à la compétitivité pour 2016 | La Chambre de commerce du Canada
par des messages négatifs qui entraînent des
procédures légales ou réglementaires contre nos
exportations ou restreignent l’investissement. Un
exemple est l’embargo sur les produits du phoque
de l’Union européenne. Un autre est la perception
selon laquelle le Canada est un pays qui n’agit pas
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en
dépit du fait que ses quatre plus grandes provinces
(Québec, Ontario, Colombie-Britannique et Alberta),
représentant 86 % de sa population, ont mis en
place des mécanismes de tarification du carbone,
notamment des taxes sur le carbone ou des systèmes
de plafonnement et d’échange.
La voie de l’avenir
La Chambre de commerce du Canada fera valoir que
le gouvernement fédéral doit :
•
s’efforcer d’améliorer la marque du Canada en
matière d’investissement/de commerce grâce à
la promotion du tourisme et de l’investissement;
•
mieux communiquer des lois et du bilan du
Canada dans le domaine de l’environnement.
De plus, le Canada n’est pas le premier pays qui
vient à l’esprit des investisseurs internationaux
lorsqu’ils envisagent de pénétrer de nouveaux
marchés. Il possède le système financier le plus
solide du monde et l’un des meilleurs régimes de
capital-risque, et pourtant, son climat d’affaires est
constamment perçu comme étant médiocre.
Pays souvent considéré comme ayant l’une des
plus grandes marques d’« habitabilité », le Canada
devrait également être perçu comme un pays
concurrentiel et un excellent endroit où faire
des affaires.
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