Crassostrea gigas (Thunberg, 1793)
I. Identification
a. Caractéristiques biologiques
II. Profil
a. Contexte historique
b. Principaux pays producteurs
c. Habitat et biologie
III. Production
a. Cycle de production
b. Systèmes de production
c. Maladies et mesures de contrôle
IV. Statistiques
a. Statistiques de production
b. Marché et commercialisation
V. Situation et tendances
VI. Problèmes et contraintes majeurs
a. Pratiques pour une aquaculture responsable
VII.
Références
a. Liens utiles
Identification
Crassostrea gigas Thunberg, 1793 [Ostreidae]
FAO Names: En - Pacific cupped oyster, Fr - Huître creuse du Pacifique
Caractéristiques biologiques
Coquille solide, inéquivalve, extrêmement rugueuse, très cannelée, et laminée; valve
(inférieure) gauche profondément creuse, ses côtés parfois presque verticaux, valve
(supérieure) droite plate ou légèrement convexe se reposant à l'intérieur de la gauche;
inéquilatérale, le crochet et l’umbone souvent envahis; tendant à être oblongs dans le contour
mais souvent déformés et très irréguliers. La forme de la coquille change avec
l'environnement. La couleur souvent blanchâtre avec plusieurs raies et taches pourpres
rayonnant loin de l'umbo. L'intérieur de la coquille est blanc, avec un muscle adducteur qui
est parfois sombre, mais jamais pourpre ou noir.
Contexte historique
A cause de sa croissance rapide et sa grande tolérance aux conditions environnementales,
l'huître creuse du Pacifique est devenue l'huître choisie pour la culture dans plusieurs régions
du monde. Tandis que ses origines sont au Japon, où elle a été cultivée pendant des siècles,
elle a fait l'objet de plusieurs introductions ailleurs, le plus souvent au littoral occidental des
Etats-Unis d'Amérique dans les années 20 et en France en 1966. L'huître creuse du Pacifique a
été introduite pour remplacer les stocks des huîtres indigènes épuisés par la surexploitation ou
les maladies, ou pour créer une industrie là où elle n'existait pas auparavant. La liste des
introductions est susceptible d'être incomplète et peut ne pas inclure les introductions
accidentelles, c-à-d. les naissains (graines) portées par l'eau de ballast ou les adultes attachés
aux coques des bateaux. D'autres petites introductions extensives d'un pays à l'autre, non
documentées ont aussi eu lieu. Les méthodes historiques de l’élevage extensif, dépendant des
captures des naissains sauvages et leur reparcage (relais) dans des zones productives, ont
évolué avec le temps pour inclure un éventail de méthodologies en suspension (culture en
suspension) et en surélévation utilisant des naissains sauvages et aussi ceux obtenus en
écloserie. Les développements récents ont permis la production de naissains triploïdes dans
les écloseries et des programmes de sélection des individus à croissance plus rapide, et des
stocks de naissains de meilleure qualité s'adaptant aux conditions particulières.
Principaux pays producteurs
Principaux pays producteurs de Crassostrea gigas (Statistiques de Pêches FAO, 2006)
En plus des pays indiqués sur la carte ci-dessus, des introductions ont été enregistrées dans les
pays suivants:
Equateur, Belize, Costa Rica, Puerto Rico, Îles Vierges américaines, et Brésil.
Israël, Philippines, et Malaisie.
Roumanie et l'Ukraine.
Seychelles.
Fidji, Polynésie française, Guam, Palau, Samoa et Vanuatu.
Habitat et biologie
L'huître creuse du Pacifique est une des espèces d'estuaire, préférant les couches inférieures
des substrats solides où elle mène une existence sédentaire attachée aux rochers, aux débris et
aux coquilles à partir de la zone intertidale inférieure à 40 m. Cependant, ces huîtres peuvent
également être trouvées sur les fonds vaseux et sablo-vaseux. Le niveau optimal de salinité
varie entre 20 et 25‰ bien que ces espèces puissent se reproduire dans des salinités en
dessous de 10‰ et survivent dans des salinités au-dessus de 35‰ où elles peuvent très
rarement se reproduire. Elles supportent également une large gamme de températures oscillant
entre 1,8 et 35 °C. Les huîtres du pacifique sont des hermaphrodites protandriques, qui, le
plus souvent, atteignent la maturité d'abord comme mâles. Dans les zones avec un bon apport
en nourriture, le sex-ratio chez les huîtres plus âgées montre une prédominance des femelles,
tandis que l'inverse est vrai dans les zones pauvres. Les femelles peuvent de nouveau
redevenir des mâles si l'apport en nourriture est limité comme, par exemple, quand elles sont
sévèrement entassées. La gamétogenèse commence à environ 10 °C et à des salinités allant de
15 à 32‰ mais rarement à des salinités plus élevées. La ponte se produit généralement à des
températures au-dessus de 20 °C et rarement entre 15 et 18 °C. L'espèce est très féconde avec
des femelles de 8-15 centimètres de longueur produisant entre 50-200 millions d’oeufs
pendant une seule ponte. Les larves sont planctoniques et sont distribuées dans toute la
colonne d'eau. Elles ont une coquille mesurant 70 µm au stade prodissoconque I - suivant un
développement embryonnaire initial - et à 300-340 µm elles se précipitent dans la colonne
d'eau pour ramper, en utilisant le pied larvaire, à la recherche d’un endroit approprié pour se
fixer. Cette opération peut durer deux à trois semaines, selon la température de l'eau, la
salinité et l'apport en nourriture. Durant cette période, elles peuvent être largement dispersées
par les courants d'eau. Comme chez d'autres espèces d'huître, les larves matures de l'huître
creuse du Pacifique se fixent sur un substrat choisi grâce à la sécrétion d’une sorte de ciment
d'une glande qui se trouve au pied. Une fois fixées elles se métamorphosent en juvéniles.
Dans de bonnes conditions, leur croissance est très rapide; la taille commerciale est atteinte
après 18 à 30 mois.
Cycle de production
Cycle de production de Crassostrea gigas
Systèmes de production
Diverses méthodologies sont adoptées dans la production des huîtres creuses du pacifique,
dépendant de la source des larves, des conditions environnementales régnant dans les
différentes régions et du type de produit à commercialiser : si les huîtres sont destinées pour le
commerce du décoquillé ou pour l'extraction de viande. Des différences dans l'approche sont
soulevées ci-dessous avec l'accent mis sur l'offre de naissains provenant des écloseries.
Approvisionnement en juvéniles
Dans les zones où le stock des naissains sauvages est abondant et fiable, les ostréiculteurs
installent des collecteurs dans la mer pour garantir leur propre approvisionnement,
indépendamment des écloseries. Une grande partie de l'approvisionnement mondial provient
des captures de naissains sauvages, en utilisant une grande variété de matériaux de fixation
(collecteur de naissains) en suspension sur des filières et des radeaux. Néanmoins, d'autres
unités commerciales installent des écloseries, comme décrit ci-dessous.
Le stock des géniteurs destiné à la reproduction est souvent obtenu d’une unité commerciale
d'élevage basée en mer et il est issu du stock sélectionné et maintenu dans de bonnes
conditions. Puisque le sexe des adultes n'est pas connu, des groupes d'adultes sont pris à des
intervalles réguliers en hiver. Ils sont maintenus dans des bassins séparés à flux ouverts
approvisionnés en eau de mer et des algues cultivées à 20-22 °C à une salinité variant entre
25-32‰. Pendant l'hiver, quand les adultes ne sont pas encore mûres sexuellement, environ
six semaines de conditionnement en écloserie sont requises pour initier la gamétogenèse et
pour que les gamètes atteignent leur maturité.. Des adultes avec des gamètes matures peuvent
pondre à la suite d’un choc thermique mais le plus souvent ils sont ouverts et les gamètes sont
obtenus par «lacération» des gonades avec des pipettes Pasteur, une procédure qui donne de
bons résultats. Les femelles matures d'un poids vif de 70-100 g pondent plus de 50-80
millions d’oeufs. Les œufs de six femelles ou plus sont fécondés avec de petites quantités de
sperme d'un nombre identique de mâles. Le développement du stade œufs fécondés au stade
prodissoconque I (larve D) entièrement couverte de coquille se passe dans des bassins
volumineux remplis d'eau de mer finement filtrée - et souvent traitée au rayons UV - à 25-28
°C et à une salinité de 25-32‰. Les bassins ne sont pas aérés et aucune nourriture n'est
ajoutée pendant le développement initial, qui dure à peu près 24 heures. De nos jours, la
majorité des écloseries se concentrent sur la production des triploïdes. La manipulation
génétique, souvent par un choc thermique, se produit peu de temps après la fécondation bien
que la tendance la plus récente soit le croisement des tétraploïdes avec des diploïdes, qui
garantit une progéniture 100 pour cent triploïde.
Culture des larves et post-larves
Les larves sont prégrossies dans de l'eau statique ou dans des systèmes de bassins à flux
ouverts jusqu’au stade de larves pélagiques véligères, qui dure 14 à 18 jours à 25-28 °C. La
salinité optimale varie entre 20 et 25‰. La densité initiale est de l'ordre de 20 000 larves
D/litre et elle est réduite à environ 5 000/litre après les mortalités naturelles et le tri sélectif
par tailles lors des changements de l'eau, qui ont lieu trois ou quatre fois par semaine dans le
cas des systèmes de bassins d'eau stagnante. L'objectif est de garder uniquement les larves
saines, ayant une croissance rapide, quand la fixation et la métamorphose s‘approchent. Les
larves sont alimentées par des algues cultivées. Les larves au stage véligère précoce (longueur
de la coquille <120 µm) sont alimentées quotidiennement par des rations d’Isochrysis galbana
ou Pavlova lutherii, ainsi que des petites diatomées comme Chaetoceros calcitrans ou
Thalassiosira pseudonana.
Le régime alimentaire pendant la phase larvaire finale consiste en les mêmes espèces,
complété par l'une ou l'autre des espèces variées des grandes flagellées rouges Tetraselmis.
Quand la larve est sur le point de se fixer, des taches oculaires foncées pigmentées
apparaissent, elles sont plus visibles à travers les valves de la coquille. De même, le pied se
développe dans ce stade. En ce moment le substrat de fixation est placé dans les réservoirs
pour que les larves s'y attachent. Les matériaux tels que des feuilles en PVC légèrement
rugueuses, noires, des tuyaux en PVC cannelés, des coquilles ou tacs de coquilles sont utilisés
comme surfaces de fixation. Alternativement, les larves atteignant la maturité peuvent être
emballées et transportées aux ostréiculteurs pour leur fixation et grossissement jusqu'à la taille
commerciale dans des sites souvent très loin de l'écloserie. C‘est la méthode choisie sur la
côte pacifique de l'Amérique du nord et le processus est connu sous le nom de télécaptage.
Dans d'autres régions du monde, les écloseries procèdent au captage et au grossissement des
juvéniles (naissains) de quelques millimètres (entre 3-5 millimètres) dans des conditions
totalement contrôlées au sein de l'écloserie. Cette phase de production est généralement
accomplie dans des systèmes de bassins volumineux avec changement quotidien d'une partie
de l'eau, dans lesquels les naissains sont maintenus en couche fluide dans des récipients par un
processus appelé culture dans les zones d'upwelling. Les rations d'algues de haute valeur
nutritionnelle provenant des écloseries d'élevage ou des algues qui poussent dans les bassins
ou étangs externes adjacents sont disponibles sans interruption pour stimuler la croissance
rapide. Une fois atteint la taille requise, les naissains sont transférés vers les systèmes
extérieurs de nurseries de l'écloserie ou ils sont emballés et vendus aux ostréiculteurs.
Nurserie
Les écloseries gèrent souvent des nurseries en mer ou à terre dans lesquelles les naissains sont
pré-grossis d'une longueur aussi petite qu'un millimètre pour atteindre 12-15 mm. Les densités
peuvent être très élevées et peuvent atteindre 100 kg/m³ dans les cours d'eaux des zones
fortement productives. Cette méthode est adoptée pour réduire la mortalité chez les petits
naissains, qui peut avoir lieu en cas de transfert direct vers les unités de grossissement basées
en mer. Les nurseries en mer sont souvent des systèmes d'upwelling installés sur des barges
ou radeaux et sont situées dans des environnements d'estuaires chauds plus productifs. Un tel
confinement réduit au minimum les pertes par prédation. La méthode d'upwelling est aussi
largement répandue dans les nurseries à terre, qui peuvent être montées sur des barges dans
des étangs d'eau salée ou dans des systèmes de bassins sur terre alimentés en eau riche en
algues pompée à partir des étangs. Les étangs peuvent être naturellement productifs ou
enrichis avec des engrais artificiels ou naturels. Dans le cas de télécaptage, où les naissains
sont fixés sur un collecteur sous forme de sacs constitués de débris de coquilles, cordes de
coquille ou matériels en plastiques, les bassins utilisés pour la fixation des larves servent
également au grossissement des naissains pendant quelques jours ou plus. Ceci a lieu avant la
fixation sur le collecteur déployé sous une certaine forme de culture protectrice (soit
intertidale vêtue de mailles ou de toiles soit sub-tidale sur des supports ou en suspension) pour
réduire au minimum les pertes par prédation. Les naissains sauvages capturés sont manipulés
de la même manière.
Le rendement des naissains de 10-15 mm destinés à l'élevage peut atteindre 3 tonnes/ha dans
les nurseries d'upwelling approvisionnées à partir des d'étangs fertilisés.
Techniques de grossissement
L'élevage est presque entièrement basé en mer. Une variété de méthodes de culture à plat, en
surélévation et en suspension sont adoptées, selon l'environnement (par exemple l'amplitude
de la marée, l'abri, la profondeur de l'eau dans les concessions, le taux d'échange d'eau dans
les passes des baies et des estuaires, la nature des substrats, etc.) et les traditions. La
croissance est rapide dans une température entre 15-25 °C et une salinité variant entre 25 et
32‰. Elle dépend aussi du taux d'approvisionnement en phytoplancton naturel. Les huîtres
creuses du Pacifique prendront de 18-30 mois pour atteindre la taille commerciale d'un poids
vif de 70-100 g (avec coquille). Les rendements des zones extensives louées (s'étendant sur
des milliers d'hectares), qui sont exploitées dans tous les aspects de la production, allant de la
collecte des naissains, les phases de nurserie, le grossissement et l’endurcissement des huîtres
à la récolte, peuvent atteindre 25 tonnes/ha/an. Des rendements beaucoup plus importants (70
tonnes/ha/an) peuvent être obtenus dans de petites zones de bail bien aménagées.
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