Crassostrea gigas - Lycée de la Mer et du Littoral

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Crassostrea gigas (Thunberg, 1793)
I.
Identification
a.
II.
Profil
a.
b.
c.
III.
Situation et tendances
Problèmes et contraintes majeurs
a.
Contexte historique
Principaux pays producteurs
Habitat et biologie
VII.
Pratiques pour une aquaculture responsable
Références
a.
Liens utiles
Production
a.
b.
c.
IV.
V.
VI.
Caractéristiques biologiques
Cycle de production
Systèmes de production
Maladies et mesures de contrôle
Statistiques
a.
b.
Statistiques de production
Marché et commercialisation
Identification
Crassostrea gigas Thunberg, 1793 [Ostreidae]
FAO Names: En - Pacific cupped oyster, Fr - Huître creuse du Pacifique
Caractéristiques biologiques
Coquille solide, inéquivalve, extrêmement rugueuse, très cannelée, et laminée; valve
(inférieure) gauche profondément creuse, ses côtés parfois presque verticaux, valve
(supérieure) droite plate ou légèrement convexe se reposant à l'intérieur de la gauche;
inéquilatérale, le crochet et l’umbone souvent envahis; tendant à être oblongs dans le contour
mais souvent déformés et très irréguliers. La forme de la coquille change avec
l'environnement. La couleur souvent blanchâtre avec plusieurs raies et taches pourpres
rayonnant loin de l'umbo. L'intérieur de la coquille est blanc, avec un muscle adducteur qui
est parfois sombre, mais jamais pourpre ou noir.
Contexte historique
A cause de sa croissance rapide et sa grande tolérance aux conditions environnementales,
l'huître creuse du Pacifique est devenue l'huître choisie pour la culture dans plusieurs régions
du monde. Tandis que ses origines sont au Japon, où elle a été cultivée pendant des siècles,
elle a fait l'objet de plusieurs introductions ailleurs, le plus souvent au littoral occidental des
Etats-Unis d'Amérique dans les années 20 et en France en 1966. L'huître creuse du Pacifique a
été introduite pour remplacer les stocks des huîtres indigènes épuisés par la surexploitation ou
les maladies, ou pour créer une industrie là où elle n'existait pas auparavant. La liste des
introductions est susceptible d'être incomplète et peut ne pas inclure les introductions
accidentelles, c-à-d. les naissains (graines) portées par l'eau de ballast ou les adultes attachés
aux coques des bateaux. D'autres petites introductions extensives d'un pays à l'autre, non
documentées ont aussi eu lieu. Les méthodes historiques de l’élevage extensif, dépendant des
captures des naissains sauvages et leur reparcage (relais) dans des zones productives, ont
évolué avec le temps pour inclure un éventail de méthodologies en suspension (culture en
suspension) et en surélévation utilisant des naissains sauvages et aussi ceux obtenus en
écloserie. Les développements récents ont permis la production de naissains triploïdes dans
les écloseries et des programmes de sélection des individus à croissance plus rapide, et des
stocks de naissains de meilleure qualité s'adaptant aux conditions particulières.
Principaux pays producteurs
Principaux pays producteurs de Crassostrea gigas (Statistiques de Pêches FAO, 2006)
En plus des pays indiqués sur la carte ci-dessus, des introductions ont été enregistrées dans les
pays suivants:
•
•
•
•
•
Equateur, Belize, Costa Rica, Puerto Rico, Îles Vierges américaines, et Brésil.
Israël, Philippines, et Malaisie.
Roumanie et l'Ukraine.
Seychelles.
Fidji, Polynésie française, Guam, Palau, Samoa et Vanuatu.
Habitat et biologie
L'huître creuse du Pacifique est une des espèces d'estuaire, préférant les couches inférieures
des substrats solides où elle mène une existence sédentaire attachée aux rochers, aux débris et
aux coquilles à partir de la zone intertidale inférieure à 40 m. Cependant, ces huîtres peuvent
également être trouvées sur les fonds vaseux et sablo-vaseux. Le niveau optimal de salinité
varie entre 20 et 25‰ bien que ces espèces puissent se reproduire dans des salinités en
dessous de 10‰ et survivent dans des salinités au-dessus de 35‰ où elles peuvent très
rarement se reproduire. Elles supportent également une large gamme de températures oscillant
entre 1,8 et 35 °C. Les huîtres du pacifique sont des hermaphrodites protandriques, qui, le
plus souvent, atteignent la maturité d'abord comme mâles. Dans les zones avec un bon apport
en nourriture, le sex-ratio chez les huîtres plus âgées montre une prédominance des femelles,
tandis que l'inverse est vrai dans les zones pauvres. Les femelles peuvent de nouveau
redevenir des mâles si l'apport en nourriture est limité comme, par exemple, quand elles sont
sévèrement entassées. La gamétogenèse commence à environ 10 °C et à des salinités allant de
15 à 32‰ mais rarement à des salinités plus élevées. La ponte se produit généralement à des
températures au-dessus de 20 °C et rarement entre 15 et 18 °C. L'espèce est très féconde avec
des femelles de 8-15 centimètres de longueur produisant entre 50-200 millions d’oeufs
pendant une seule ponte. Les larves sont planctoniques et sont distribuées dans toute la
colonne d'eau. Elles ont une coquille mesurant 70 µm au stade prodissoconque I - suivant un
développement embryonnaire initial - et à 300-340 µm elles se précipitent dans la colonne
d'eau pour ramper, en utilisant le pied larvaire, à la recherche d’un endroit approprié pour se
fixer. Cette opération peut durer deux à trois semaines, selon la température de l'eau, la
salinité et l'apport en nourriture. Durant cette période, elles peuvent être largement dispersées
par les courants d'eau. Comme chez d'autres espèces d'huître, les larves matures de l'huître
creuse du Pacifique se fixent sur un substrat choisi grâce à la sécrétion d’une sorte de ciment
d'une glande qui se trouve au pied. Une fois fixées elles se métamorphosent en juvéniles.
Dans de bonnes conditions, leur croissance est très rapide; la taille commerciale est atteinte
après 18 à 30 mois.
Cycle de production
Cycle de production de Crassostrea gigas
Systèmes de production
Diverses méthodologies sont adoptées dans la production des huîtres creuses du pacifique,
dépendant de la source des larves, des conditions environnementales régnant dans les
différentes régions et du type de produit à commercialiser : si les huîtres sont destinées pour le
commerce du décoquillé ou pour l'extraction de viande. Des différences dans l'approche sont
soulevées ci-dessous avec l'accent mis sur l'offre de naissains provenant des écloseries.
Approvisionnement en juvéniles
Dans les zones où le stock des naissains sauvages est abondant et fiable, les ostréiculteurs
installent des collecteurs dans la mer pour garantir leur propre approvisionnement,
indépendamment des écloseries. Une grande partie de l'approvisionnement mondial provient
des captures de naissains sauvages, en utilisant une grande variété de matériaux de fixation
(collecteur de naissains) en suspension sur des filières et des radeaux. Néanmoins, d'autres
unités commerciales installent des écloseries, comme décrit ci-dessous.
Le stock des géniteurs destiné à la reproduction est souvent obtenu d’une unité commerciale
d'élevage basée en mer et il est issu du stock sélectionné et maintenu dans de bonnes
conditions. Puisque le sexe des adultes n'est pas connu, des groupes d'adultes sont pris à des
intervalles réguliers en hiver. Ils sont maintenus dans des bassins séparés à flux ouverts
approvisionnés en eau de mer et des algues cultivées à 20-22 °C à une salinité variant entre
25-32‰. Pendant l'hiver, quand les adultes ne sont pas encore mûres sexuellement, environ
six semaines de conditionnement en écloserie sont requises pour initier la gamétogenèse et
pour que les gamètes atteignent leur maturité.. Des adultes avec des gamètes matures peuvent
pondre à la suite d’un choc thermique mais le plus souvent ils sont ouverts et les gamètes sont
obtenus par «lacération» des gonades avec des pipettes Pasteur, une procédure qui donne de
bons résultats. Les femelles matures d'un poids vif de 70-100 g pondent plus de 50-80
millions d’oeufs. Les œufs de six femelles ou plus sont fécondés avec de petites quantités de
sperme d'un nombre identique de mâles. Le développement du stade œufs fécondés au stade
prodissoconque I (larve D) entièrement couverte de coquille se passe dans des bassins
volumineux remplis d'eau de mer finement filtrée - et souvent traitée au rayons UV - à 25-28
°C et à une salinité de 25-32‰. Les bassins ne sont pas aérés et aucune nourriture n'est
ajoutée pendant le développement initial, qui dure à peu près 24 heures. De nos jours, la
majorité des écloseries se concentrent sur la production des triploïdes. La manipulation
génétique, souvent par un choc thermique, se produit peu de temps après la fécondation bien
que la tendance la plus récente soit le croisement des tétraploïdes avec des diploïdes, qui
garantit une progéniture 100 pour cent triploïde.
Culture des larves et post-larves
Les larves sont prégrossies dans de l'eau statique ou dans des systèmes de bassins à flux
ouverts jusqu’au stade de larves pélagiques véligères, qui dure 14 à 18 jours à 25-28 °C. La
salinité optimale varie entre 20 et 25‰. La densité initiale est de l'ordre de 20 000 larves
D/litre et elle est réduite à environ 5 000/litre après les mortalités naturelles et le tri sélectif
par tailles lors des changements de l'eau, qui ont lieu trois ou quatre fois par semaine dans le
cas des systèmes de bassins d'eau stagnante. L'objectif est de garder uniquement les larves
saines, ayant une croissance rapide, quand la fixation et la métamorphose s‘approchent. Les
larves sont alimentées par des algues cultivées. Les larves au stage véligère précoce (longueur
de la coquille <120 µm) sont alimentées quotidiennement par des rations d’Isochrysis galbana
ou Pavlova lutherii, ainsi que des petites diatomées comme Chaetoceros calcitrans ou
Thalassiosira pseudonana.
Le régime alimentaire pendant la phase larvaire finale consiste en les mêmes espèces,
complété par l'une ou l'autre des espèces variées des grandes flagellées rouges Tetraselmis.
Quand la larve est sur le point de se fixer, des taches oculaires foncées pigmentées
apparaissent, elles sont plus visibles à travers les valves de la coquille. De même, le pied se
développe dans ce stade. En ce moment le substrat de fixation est placé dans les réservoirs
pour que les larves s'y attachent. Les matériaux tels que des feuilles en PVC légèrement
rugueuses, noires, des tuyaux en PVC cannelés, des coquilles ou tacs de coquilles sont utilisés
comme surfaces de fixation. Alternativement, les larves atteignant la maturité peuvent être
emballées et transportées aux ostréiculteurs pour leur fixation et grossissement jusqu'à la taille
commerciale dans des sites souvent très loin de l'écloserie. C‘est la méthode choisie sur la
côte pacifique de l'Amérique du nord et le processus est connu sous le nom de télécaptage.
Dans d'autres régions du monde, les écloseries procèdent au captage et au grossissement des
juvéniles (naissains) de quelques millimètres (entre 3-5 millimètres) dans des conditions
totalement contrôlées au sein de l'écloserie. Cette phase de production est généralement
accomplie dans des systèmes de bassins volumineux avec changement quotidien d'une partie
de l'eau, dans lesquels les naissains sont maintenus en couche fluide dans des récipients par un
processus appelé culture dans les zones d'upwelling. Les rations d'algues de haute valeur
nutritionnelle provenant des écloseries d'élevage ou des algues qui poussent dans les bassins
ou étangs externes adjacents sont disponibles sans interruption pour stimuler la croissance
rapide. Une fois atteint la taille requise, les naissains sont transférés vers les systèmes
extérieurs de nurseries de l'écloserie ou ils sont emballés et vendus aux ostréiculteurs.
Nurserie
Les écloseries gèrent souvent des nurseries en mer ou à terre dans lesquelles les naissains sont
pré-grossis d'une longueur aussi petite qu'un millimètre pour atteindre 12-15 mm. Les densités
peuvent être très élevées et peuvent atteindre 100 kg/m³ dans les cours d'eaux des zones
fortement productives. Cette méthode est adoptée pour réduire la mortalité chez les petits
naissains, qui peut avoir lieu en cas de transfert direct vers les unités de grossissement basées
en mer. Les nurseries en mer sont souvent des systèmes d'upwelling installés sur des barges
ou radeaux et sont situées dans des environnements d'estuaires chauds plus productifs. Un tel
confinement réduit au minimum les pertes par prédation. La méthode d'upwelling est aussi
largement répandue dans les nurseries à terre, qui peuvent être montées sur des barges dans
des étangs d'eau salée ou dans des systèmes de bassins sur terre alimentés en eau riche en
algues pompée à partir des étangs. Les étangs peuvent être naturellement productifs ou
enrichis avec des engrais artificiels ou naturels. Dans le cas de télécaptage, où les naissains
sont fixés sur un collecteur sous forme de sacs constitués de débris de coquilles, cordes de
coquille ou matériels en plastiques, les bassins utilisés pour la fixation des larves servent
également au grossissement des naissains pendant quelques jours ou plus. Ceci a lieu avant la
fixation sur le collecteur déployé sous une certaine forme de culture protectrice (soit
intertidale vêtue de mailles ou de toiles soit sub-tidale sur des supports ou en suspension) pour
réduire au minimum les pertes par prédation. Les naissains sauvages capturés sont manipulés
de la même manière.
Le rendement des naissains de 10-15 mm destinés à l'élevage peut atteindre 3 tonnes/ha dans
les nurseries d'upwelling approvisionnées à partir des d'étangs fertilisés.
Techniques de grossissement
L'élevage est presque entièrement basé en mer. Une variété de méthodes de culture à plat, en
surélévation et en suspension sont adoptées, selon l'environnement (par exemple l'amplitude
de la marée, l'abri, la profondeur de l'eau dans les concessions, le taux d'échange d'eau dans
les passes des baies et des estuaires, la nature des substrats, etc.) et les traditions. La
croissance est rapide dans une température entre 15-25 °C et une salinité variant entre 25 et
32‰. Elle dépend aussi du taux d'approvisionnement en phytoplancton naturel. Les huîtres
creuses du Pacifique prendront de 18-30 mois pour atteindre la taille commerciale d'un poids
vif de 70-100 g (avec coquille). Les rendements des zones extensives louées (s'étendant sur
des milliers d'hectares), qui sont exploitées dans tous les aspects de la production, allant de la
collecte des naissains, les phases de nurserie, le grossissement et l’endurcissement des huîtres
à la récolte, peuvent atteindre 25 tonnes/ha/an. Des rendements beaucoup plus importants (70
tonnes/ha/an) peuvent être obtenus dans de petites zones de bail bien aménagées.
Les naissains peuvent être semés sur des fonds intertidaux ou subtidaux convenablement
solides, endurcis par la pré-application de coquilles ou de gravier, à des densités de 200400/m² quant le poids vif est de 1 à 2 g, avec une protection contre les prédateurs (barrières ou
fils de clôtures). Ils peuvent aussi, être semés sans protection à ~200/m² quand le poids vif est
de10 g. L'objectif est de semer à des densités qui n'exigeront aucun autre entretien jusqu'à ce
que les huîtres atteignent la taille commercialisable.
Culture en surélévation
Les naissains sont mis dans des filets maillés ou des plateaux en plastique perforés de divers
types attachés par une corde ou des bandes élastiques à une armature en bois ou à des tables
faites de tiges métalliques (rebar) posées sur des fonds convenables dans une zone intertidale
inférieure. De tels systèmes se trouvent aussi dans des zones sub-tidales mais ceci augmente
les coûts de manutention. La culture en surélévation peut être utilisée dans la phase
intermédiaire de nurserie ou comme méthode de grossissement jusqu’à la taille commerciale.
Des naissains mesurant 10-15 mm peuvent être mis en charge à 1 000-2 000 par 0,25 ou
0,5m² dans des civières et nécessitent un entretien régulier, pour les mettre ensuite, à de plus
petites densités pour nettoyer les filets/casiers dont les mailles augmentent durant la
croissance. Le taux de croissance ralentit sensiblement une fois que la biomasse des huîtres
excède la superficie de casier de 5 kg/m² dans les zones très productives.
Des unités de confinement tridimensionnelles sont utilisées dans la culture en suspension: il
s’agit de filières (le plus souvent) ou des radeaux. Les unités peuvent être des cordes ou des
fils de coquilles sur lesquelles les naissains se sont fixés, comme elles peuvent être des séries
de filets, filets maillés ou civières en plastique ficelés ensemble et suspendus verticalement à
des lignes ou des radeaux horizontaux. Cette forme de culture est adoptée dans les eaux plus
profondes et les mêmes densités de stock par filet ou civière s'appliquent quant aux méthodes
de culture en surélévation. Il faut, particulièrement, faire attention lors de l'immersion des
unités à des profondeurs où des organismes de fouling dominent moins et pour éviter qu'elles
ne touchent le fond aux marrées basses. La maintenance et l'entretien réguliers sont
nécessaires, pour transférer les huîtres en élevage à une plus faible densité pour nettoyer les
filets/civières dont les mailles sont augmentées pendant leur culture.
Les civières d'armature en bois avec des bases en filet ou celles en plastique perforées munies
de colliers flottants (mousse de styrol) sont utilisées dans certains endroits pour les premiers
stades de croissance des naissains. Les dessus de ces unités doivent être couverts de toile ou
de maille étroitement tissée, contre la lumière.
Durcissement
Les huîtres du Pacifique cultivées dans le système en suspension sont généralement «durcies»
pendant une période qui peut durer jusqu'à trois ou quatre mois avant la récolte. Le processus
du durcissement permet des périodes quotidiennes d'exposition à l'air et s'effectue
généralement dans la zone intertidale ou dans de l'eau peu profonde où la l'amplitude de la
marée est suffisante. Les huîtres exposées à l'air contiennent plus de viande et conservent leur
bonne qualité après la récolte.
Techniques de récolte
Les huîtres sont habituellement récoltées à une longueur de coquille > à 75 mm et un poids vif
de 70-100+g. La récolte de la culture à plat se fait par râtelage et ramassage à la main ou par
des dragues quand les parcs intertidaux sont submergés, ou en draguant les parcs (lits)
subtidaux. Les huîtres commercialisables cultivées par le système en surélévation ou en
civières ou filets suspendus sous des filières sont récoltées par des petits bateaux ou des
barges auto-propulsées, qui sont souvent équipées de machines à laver et de trieuses quand le
produit est destiné au marchés du décoquillé. Quand la culture est entreprise dans les zones où
l'intoxication paralytique par les fruits de mer (PSP), l’intoxication diarrhéique par les fruits
de mer (DSP) et d'autres neurotoxines des floraisons d'algues nocives peuvent être présentes à
certaines périodes de l'année, la récolte peut être suspendue. Les huîtres ne sont pas récoltées
pendant une période de deux ou trois mois après la ponte, à cause de la faible qualité de leur
viande.
Manipulation et traitement
Les plus petits individus peuvent être commercialisés sous la spécialité d'huîtres «cocktail».
Elles sont vendues vivantes dans la coquille ou sont écossées et congelées, fumées et
conservées en boîte dans de l'huile, séchées, extraites pour la sauce à huître, ou préparées sous
forme d'autres produits à valeur ajoutée.
Les huîtres cultivées dans les eaux exemptes de bactéries coliformes fécales requièrent un
traitement mineur. Elles sont lavées et triées selon la taille et la forme et, si elles sont issues
de la culture à plat, elles peuvent être tenues dans des bassins exposés à un courant d'eau de
mer pour se débarrasser du sable et de la boue qui se trouvent dans la cavité du manteau. Si le
coliforme fécal est présent, les huîtres auront besoin d'une période de dépuration dans des
systèmes de recyclage équipés de stérilisateurs par rayons UV ou à l'ozone. Les huîtres
destinées au marché du décoquillé sont emballées avec la valve creuse vers le bas afin de
conserver l'eau de la cavité du manteau. La durée de conservation est de sept à dix jours une
fois correctement emballées et entreposées dans de bonnes conditions de fraîcheur. Les
produits décoquillés emballés sous vide et à valeur ajoutée ont été lancés sur le marché en
Europe avec un certain succès, bien que la majeure partie du commerce soit pour le produit
vivant. Dans plusieurs autres pays, les huîtres récoltées sont transportées vers les usines à
écaillage pour l'extraction de la viande, la mise en bouteilles, la mise en boîte ou la
congélation, ou sont utilisées dans la préparation des produits tels que les sauces à huître. La
transformation est strictement contrôlée dans la plupart des pays.
Coûts de production
Il est difficile d'obtenir des informations sur les coûts de production, non seulement parce que
l'information est propriété privée mais également en raison des facteurs spécifiques à chaque
site, la diversité des méthodes adoptées et les innombrables différents niveaux de technologies
utilisées. L'approvisionnement en naissains constitue, généralement, environ 20-25 pour cent
des coûts totaux. Dans les pays développés, les larves produites par les écloseries et qui
mesurent 3-4 mm sont vendues à 10-15 USD/1 000, alors que les larves matures destinées au
télécaptage coûteront à peu près 2 USD/million (frais de transport exclus). La culture des
huîtres destinées au commerce d’huîtres écaillées requière moins de main-d'œuvre et de
matériel que la production des huîtres destinées aux marchés du décoquillé, de même la
culture à plat est moins coûteuse que la culture en suspension. L'alimentation ne figure pas
dans l'équation du coût vu qu'elle est gratuite une fois la graine est transférée pour le
grossissement en mer. La main-d'œuvre représente la majeure dépense et elle est
généralement à caractère saisonnier.
Maladies et mesures de contrôle
Contrairement à d'autres huîtres à valeur commerciale, et en dépit de sa large distribution dans
le monde, peu de problèmes liés aux maladies de grande importance ont été signalés chez les
huîtres creuses du Pacifique. L'événement le plus marquant est la «mortalité estivale»
survenue sur la côte pacifique des Etats-Unis et en France, qui semble être liée au stress
physiologique de reproduction dans l'eau chaude quand les huîtres sont massivement serrées.
On a constaté que les introductions des huîtres du Pacifique n'entraînent pas, avec elles, des
microbes pathogènes qui provoquent des maladies catastrophiques chez les bivalves
indigènes. Cependant, leur transport vers certains pays pour leur immersion directe en mer a
été par mégarde accompagné d'un certain nombre d'organismes nuisibles et de parasites
comme le bigorneau perceur japonais, Ceratostoma inornatum, ver plat de l’huître,
Pseudostylochus ostreophagus, et les copépodes parasites, Mytilicola orientalis. Les maladies
liées aux bactéries des larves et des juvéniles précoces ne sont pas rares dans les écloseries et
elles sont fréquemment liées au Vibrio spp. Dans ce contexte, les larves C. gigas sont aussi
sujettes aux mortalités massives que les larves d'autres espèces de bivalves.
Certaines maladies et parasites observés sont cités dans le tableau ci-dessous.
Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés
pour les traitements mais leur inclusion dans cette table n'implique pas une
recommandation FAO.
MALADIES
AGENT
TYPE
SYNDROME
MESURES
Mikrocytos
Protozoaire
Pratiques de culture
Microsytose
–
mackini
parasite
réduites modifiées
Nocardia
Pratiques de culture
Nocardioses
Bactérie
–
crassostreae
modifiées
Infection à virus de type
–
Virus
–
Aucunes
herpès chez les larves C.
gigas
maladie virale du vélum
Aucune mesure
–
Virus
–
des huîtres (OVVD)
n'est connue
Statistiques
Statistiques de production
Production globale d’aquaculture de Crassostrea gigas
(FAO Fishery Statistic)
En 2003, la production globale de ces espèces s'est élevée à 4,38 millions de tonnes, dépassant
toutes les autres espèces de poissons, mollusques ou crustacés. Presque 84 pour cent de la
production mondiale de l'huître creuse du pacifique provenait de la Chine. Trois autres
principaux producteurs ont réalisé une production de plus de 100 000 tonnes: il s’agit du
Japon (261 000 tonnes), de la Corée (238 000 tonnes) et de la France (115 000 tonnes). Les
seuls autres pays produisant plus de 10 000 tonnes, en 2003, étaient les Etats-Unis d'Amérique
(43 000 tonnes) et le Taiwan (23 000 tonnes). La valeur de la production mondiale de ces
espèces, en 2003, était 3,69 milliards d'USD.
Marché et commercialisation
Une grande partie de la production des principaux pays producteurs est absorbée par les
marchés locaux et elle est complétée par des importations des pays limitrophes et des
partenaires commerciaux (par exemple le commerce dans l'UE, où la France procède à
l’importation des autres pays de l'UE tels que le Royaume-Uni et l'Irlande). La durée de
conservation relativement courte de ces espèces constitue un handicape au commerce à
grande échelle pour le produit frais, et la préférence du consommateur est souvent pour les
huîtres vivantes et demi-coquilles ou viandes fraîchement écossées. Les produits
conventionnels et à valeur ajoutée, y compris les huîtres en boîte et les huîtres congelées ou
emballées sous vide préparées avec diverses sauces, apparaissent de temps en temps et ont un
potentiel pour une distribution à l'échelle mondiale. Cependant, ils représentent seulement une
petite proportion de la production totale. Des opportunités de commerce, à l'échelle
internationale, des naissains produits en écloserie restent possibles, en particulier pour les
triploïdes.
Situation et tendances
La production mondiale de l'aquaculture de l'huître creuse du pacifique continue à évoluer de
façon régulière, après une augmentation de 156 000 tonnes en 1950 à 437 000 tonnes en 1970,
et 1,2 million de tonnes en 1990. L'expansion était très rapide dans les années 90, atteignant
3,9 millions de tonnes en 2000. Elle a continué pour atteindre presque 4,4 millions de tonnes
en 2003. La production est susceptible de continuer à augmenter, quoiqu'à un taux plus lent à
cause de l'urbanisation côtière et la nécessité croissante de partager la ressource côtière
commune avec d'autres utilisateurs.
Problèmes et contraintes majeurs
Contrairement à d'autres espèces aquacoles, l'approvisionnement fiable en naissains n'est pas
une contrainte au développement futur. Ils sont aisément disponibles par les captures sauvages
ou peuvent être produits relativement moins cher et en grandes quantités dans les écloseries.
Le problème majeur est lié à la dégradation environnementale, qui existe déjà dans certaines
zones de grande production, ainsi que celui de la concurrence territoriale de l'huître du
pacifique et son invasion des habitats occupés par les bivalves indigènes dans les pays où elle
a été introduite. Les huîtres du pacifique ont une capacité de filtrer de grands volumes d'eau
de mer et de ce fait, dans la culture intensive, elles déposent de grandes quantités de déchets
biologiques. Elles forment des récifs denses dans les zones où elles se reproduisent
naturellement et les récifs agissent en tant que pièges de sédiment en ralentissant l'écoulement
de l'eau des fonds et en même temps en altérant la biodiversité. La culture en suspension
réduit ces impacts sur l'environnement.
Les introductions, intentionnelles ou accidentelles, en Nouvelle Zélande et dans le nouveau
Pays de Gales du sud, en Australie, ont accentué le problème de supplantation des espèces
indigènes. Les huîtres creuses du pacifique étaient au début formellement identifiées dans la
région d'Auckland (île du Nord), la Nouvelle Zélande en 1971. En 1977, Crassostrea gigas
était devenue l'huître dominante mise en culture, ayant délogé l'huître indigène de roche
(Saccostrea glomerata), en raison de la concurrence pour l'espace de captage et en vertu de
leur taux de croissance considérablement supérieur. De même, l'introduction ou le transfert
accidentel des C. gigas dans des baies et estuaires au nouveau Pays de Gales du sud, où il y a
une importante production aquacole de l'huître de roche indigène de Sydney, Saccostrea
commercialis, a suscité une inquiétude chez les producteurs, le gouvernement et les
écologistes.
Pratiques pour une aquaculture responsable
Les questions importantes identifiées ci-dessus ont été abordées dans le cadre du
développement des pratiques plus responsables et durables de la production de ces espèces.
Celles-ci sont infiniment en conformité avec le Code de conduite de la FAO pour une pêche
responsable (CCPR) et incluent la restriction des concessions dans les baies et estuaires en
vue de maintenir le niveau de capacité de charge des eaux. Avec la production triploïde
garantie 100 pour cent, l'amélioration permanente de la connaissance et du contrôle sanitaire
des poissons, et la capacité de transporter les larves oeillées n'importe où dans le monde pour
le télécaptage, le potentiel pour le développement de la production existe dans les régions et
les pays où ces espèces n'ont pas été auparavant cultivées. Les triploïdes ne menaceraient que
légèrement les espèces indigènes par la reproduction et la concurrence si la culture se
conforme aux directives adéquates relatives à l'environnement.
La culture de l'huître du pacifique est bien adaptée aux petites entreprises familiales,
coopératives ou industrie régionale, et la phase de grossissement peut être assurée par de la
main-d'oeuvre relativement non qualifiée avec un investissement mineur en équipement et
infrastructure, en comparaison avec la culture des crevettes ou des poissons.
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