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Bibliographie
ECS
2014/2015
La vérité
Le thème de notre réflexion l'an prochain sera "La vérité". Il est nécessaire de préparer cette année par un certain nombre de lectures, en littérature et
en philosophie. Je donne ici quelques indications de livres ou de passages relativement abordables, en philosophie ou en sciences humaines. Il faudra que
vous lisiez au moins quatre de ces références cet été, stylo en main, fiches de lecture rédigées... Choisissez selon vos goûts : des auteurs ont pu déjà retenir
votre attention ; des thématiques peuvent vous intéresser davantage que d'autres (l'élaboration de la vérité scientifique ou la question du mensonge….) Des
astérisques (*, **, ***) soulignent les ouvrages qui paraissent les plus appropriés à ces lectures estivales (3*** valent mieux que 1*…). Parfois, de brèves
présentations vous aideront à choisir. Si vous avez conservé votre manuel de terminale, la relecture du chapitre consacré à la Vérité constituera une bonne
introduction à ces lectures.
- ** Détienne Marcel, Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque. Le livre de poche.
« Les Maîtres de vérité… sont trois types de personnages que leurs fonctions qualifient, dans le contexte social et culturel de la Grèce archaïque,
comme détenteurs d’un privilège inséparable de leur rôle institutionnel. Ces trois personnages sont l’aède, le devin, le roi de justice ; leur commun privilège
est de dispenser la « Vérité ». Du moins traduisons-nous ainsi le mot grec « Aléthéia » dont les valeurs, dans la pensée religieuse ancienne, ne débordent pas
moins le cadre de notre concept du vrai que ne le fait, par exemple, le « Rta » des Indo-Iraniens : cette « vérité » qui n’est séparable ni de l’ordre rituel, ni de
la prière, ni du droit, ni de la puissance cosmique assurant le retour régulier des aurores.
Livre passionnant, que les sociologues de la religion comme les historiens de la philosophie doivent lire. »
- * Héraclite. Fragments, GF. Flammarion.
La vérité est en devenir, ce qui pose dès lors le problème de savoir s'il y en a une ou plusieurs et ouvre la voie au relativisme et au scepticisme.
- * Parménide, Folio Essais, Folio.
Le philosophe présocratique de l'être-un, seule voie possible et viable ; celle du non-être, dépourvue de toute signification, est vouée à l'erreur et à
l'échec.
- ** Benatouïl Thomas, Le scepticisme, GF, Flammarion.
L'école de pensée du scepticisme a mis à mal la notion de vérité tout en contribuant à en renforcer la place dans l'histoire du raisonnement
philosophique.
- * Les Sophistes, GF. Flammarion.
Ceux que le discours rigoureux de Socrate revisité par Platon combattit sans relâche - au nom justement de son absence de vérité - , sans pour autant
parvenir à empêcher leur rayonnement et leur influence.
- *** Platon, Le Théétète, GF. Flammarion Le Ménon, GF. Flammarion
- * Aristote, Organon IV, Les Seconds Analytiques, GF, Flammarion
Dans les Seconds Analytiques, Aristote expose sa conception de ce qu'il appelle la « science démonstrative ». Ce mode éminent de savoir prend la
forme d'un système déductif fondé sur des principes vrais, antérieurs aux conclusions qu'on en tire et causes de ces conclusions, entraînant chez celui qui le
possède une conviction inébranlable. C'est donc dans cet ouvrage qu'Aristote précise les caractéristiques de sa théorie du savoir et qu'il se démarque le
plus nette ment des autres philosophes, notamment de Platon.
Métaphysique, IV, 10; GF, Flammarion
Ethique à Nicomaque, Livre VI, GF, Flammarion
- * Descartes René, Méditations métaphysiques, Garnier-Flammarion, 1992.
Règles pour la direction de l'esprit,
Texte capital de la philosophie moderne qui définit la vérité comme évidence.
- ** Pascal Blaise, fin de la 12e Provinciale (violence et vérité). Folio Classiques.
"C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et
ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rein pour arrêter la violence et ne font que l'irriter encore plus. Quand la
force combat la force, la plus puissante détruit la moindre : quand l'on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent
et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge : mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétend pas de là
néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence, que la violence n'a qu'un cocues borné par l'ordre de Dieu, qui en conduit les
effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque : au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis, parce qu'elle est éternelle et
puissante comme Dieu même."
- * Malebranche Nicolas, De la recherche de la vérité, Les philosophiques, Vrin.
De la philosophie comme quête explicite de la vérité, et méthode pour s'épargner l'ignorance et éviter l'erreur.
- * Spinoza Baruch, Le Court Traité de la réforme de l'entendement, GF.
Une approche révisée de la recherche de la vérité, ou comment il faut corriger son jugement à l'aune d'une connaissance libre de toute règle trop
contraignante à force d'être incomprise.
- * Hume David, Enquête sur l'entendement humain, GF.
Texte qui inaugure l'approche empirique des problèmes de la connaissance, de l'erreur et de la vérité.
- * Kant Emmanuel, Critique de la raison pure, GF.
Texte arc-bouté sur l'empirisme de Hume, qui le transcende et d'une certaine manière le ruine.
, Sur un prétendu droit de mentir, GF.
- ** Friedrich Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral, in Le livre du philosophe.
- H. Arendt, *** « Vérité et politique », dans La crise de la culture ; Agora, Pocket.
L'homme se tient sur une brèche, dans l'intervalle entre le passé révolu et l'avenir infigurable. Il ne peut s'y tenir que dans la mesure où il
pense, brisant ainsi, par sa résistance aux forces du passé infini et du futur infini, le flux du temps indifférent.Chaque génération nouvelle, chaque homme
nouveau doit redécouvrir laborieusement l'activité de pensée. Longtemps, pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons, à l'âge moderne,
l'usure de la tradition, la crise de la culture.Il ne s'agit pas de renouer le fil rompu de la tradition, ni d'inventer quelque succédané ultra-moderne, mais de
savoir s'exercer à penser pour se mouvoir dans la brèche. Hannah Arendt, à travers ces essais d'interprétation critique - notamment de la tradition et des
concepts modernes d'histoire, d'autorité et de liberté, des rapports entre vérité et politique, de la crise de l'éducation -, entend nous aider à savoir
comment penser en notre siècle.
Vies politiques, pp. 94-108, Tel Gallimard (examen de la thèse de Jaspers, selon laquelle vérité et communication sont une seule et même
chose : « la vérité, écrit Jaspers, c’est ce qui nous rattache les uns aux autres »).
Les Vies politiques auxquelles ces essais sont consacrés n'ont en commun que l'époque au cours de laquelle elles se sont déroulées. Ainsi,
Martin Heidegger, *** Karl Jaspers, Hermann Broch, Walter Benjamin, Bertoit Brecht, Rosa Luxemburg et Jean XXIII par exemple, ont tous vécu ce que l'un
d'eux, Brecht, appela de "sombres temps". L'objectif principal de ce livre n'est cependant pas de dénoncer un mal d'époque mais de réfléchir un peu de "la
lumière incertaine, vacillante et souvent faible que des hommes et des femmes, dans leur vie et leur oeuvre, font briller dans presque n'importe quelles
circonstances". S'il s'agit bien ici de biographies, c'est donc au sens fort; entendons : des histoires singulières où la suite des "événements" compte moins
que la manière d'être au monde qui s'y manifeste. Ces différents styles d'être que l'auteur parvient à identifier et à restituer dans ce livre inclassable (car
irréductible aux domaines de la philosophie politique ou de la critique littéraire) permettent de reconnaître en ces onze Vies politiques autant de destins
individuels.
- Engel Pascal,
La Norme du vrai, Gallimard, 1989.
Un ouvrage de référence sur la question des fondements épistémologiques de la vérité et du raisonnement.
*** , La Vérité, Hatier, 1999. (Collection Optiques).
Pas plus qu'elle n'est une déesse devant laquelle les scientifiques ou les philosophes s'agenouilleraient, la vérité n'est un impératif moral. Tout
au mieux est-elle une norme régulatrice de l'enquête scientifique, sa principale règle du jeu.
, À quoi bon la vérité ? (avec Richard Rorty) Paris, Grasset, 2005. Traduction anglaise augmentée, What Use is Truth ? New York, Columbia
University Press, 2007.
, La Norme du vrai, philosophie de la logique, Paris, Gallimard, 1989. Trad. anglaise et édition révisée, The Norm of Truth, Hemel Hempstead,
Harvester Wheatsheaf, 1991.
, La Vérité, réflexions sur quelques truismes, Paris, Hatier, 1998.
,« La vérité malgré tout ». Le texte est disponible sur le site de l’université de Genève qui met en ligne de nombreuses
publications d’auteurs. Sur la page consacrée à Pascal Engel (www.unige.ch/), aller dans la rubrique « La vérité ».
,"Comment ne pas croire au Père Noël », publié sous le titre « Pôle Express », dans le Nouvel Observateur, hors-série, 64, janvier 2007
est disponible en ligne (université de Genève, déjà cité) sous la rubrique « La croyance ». www.unige.ch/
- ** Kuhn Thomas Samuel, La Structure des révolutions scientifiques, Revu et augmenté en 1970. Flammarion (Collection Champs).
Thomas Kuhn, dans cet ouvrage célèbre, met l'accent sur les bouleversements de la pensée scientifique (Copernic, Newton, Lavoisier, Einstein...), et
étudie ces moments de crise que traverse la science au cours de son évolution : il y a révolution scientifique lorsqu'une théorie scientifique consacrée par le
temps est rejetée au profit d'une nouvelle théorie.
- Popper Karl, La Logique de la connaissance scientifique, Payot : Bibliothèque scientifique, 1974.
Pour Popper, une théorie n'est scientifique qu'à condition que ses vérités puissent être contestées. C'est le cas, par exemple, des théories en physique
expérimentale dont les lois donnent lieu à des prédictions que certains faits peuvent invalider. Les prévisions astrologiques, en revanche, sont toujours
formulées avec une imprécision telle qu'aucun fait n'est susceptible de les contredire. C'est donc la possibilité de réfuter par l'expérience (ou « falsifiabilité »)
qui fait la valeur de la science. Publiée pour la première fois à Vienne en 1935, parue en France en 1972 seulement, La Logique de la découverte scientifique
est un gros volume en raison des appendices mathématiques ajoutés à sa dernière version.
De très bonnes vacances à vous….
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