Incidence des cancers de la vessie en France : évolution

Les registres de cancer de population permettent de mesurer l’inci-
dence du cancer. Toutefois comme dans de nombreux pays, en parti-
culier Europe du sud, la France n’a pas d’enregistrement ayant une
couverture nationale. Cette situation impose de passer par une modé-
lisation si l’on veut disposer d’une estimation du nombre de cancer
pour l’ensemble du pays ou pour des zones dépourvues de registre.
Plusieurs estimations de ce type ont été réalisées dans le passé, la der-
nière donnait des chiffres pour l’année 1995 [3]. Elle situait les can-
cers de la vessie au 5ème rang en terme de fréquence avec une inci-
dence brute de 27,7 pour 100.000 chez les hommes et de 7,7 pour
100.000 chez les femmes. L’objectif de cet article est d’actualiser ces
informations jusqu’à l’année 2.000 et de faire un bilan des problèmes
spécifiques à l’enregistrement des tumeurs de la vessie afin de mieux
préciser l’intérêt et les limites de ces estimations.
MATERIEL ET METHODE
Les registres de population recensent de façon active les cas de can-
cer diagnostiqués dans la population d'une zone administrative don-
née (généralement le département) afin d’obtenir un enregistrement
exhaustif et sans double compte des cas de cancer. Le travail d’un
registre est le résultat de deux activités complémentaires, d’une
part, la recherche et la validation active des informations médicales,
démographiques et administratives, et d’autre part, la mise en
forme de cette information pour la constitution d’une base de don-
nées codées et directement analysables :
- La première activité concerne le recensement des cancers inci-
dents, par la compilation des informations concernant les cas. C’est
une activité continue, lourde, coûteuse et longue à mettre en place.
Elle est réalisée par un réseau actif d’enquêteurs se déplaçant sur le
terrain auprès de nombreuses sources d’informations : anatomo-
cyto-pathologistes, cliniciens (hôpitaux publics ou privés et méde-
cins libéraux), DIM (PMSI), caisses d’assurance maladie, médecins
généralistes.
- La deuxième activité correspond à l’enregistrement. Il passe par
un recoupement de l’ensemble des informations collectées et par un
codage répondant à des règles strictes, préalablement définies et
standardisées à un niveau national et international (règles établies
par l’OMS et le Centre International de Recherche sur le Cancer),
permettant de trier les pathologies qui relèvent de l’enregistrement
puis de les classer, de définir les dates d’incidence, de définir les
niveaux de gravité. Cette phase est extrêmement importante car
c’est elle qui rend l’information utilisable mais c’est aussi elle qui
va la figer. Les données disponibles et les résultats qui en découlent
sont donc très dépendants des règles d’enregistrement et de codage
choisies. Celles-ci doivent à la fois être le plus cohérentes possible
et bien adaptées au problème étudié. Cette double contrainte de
cohérence et d’adaptation existe aussi dans le temps. Une évolution
dans les classifications et mode de recensement ne doit pas entraî-
ner une rupture dans les logiques d’enregistrement sous peine
d’empêcher l’étude de l’évolution de l’incidence.
ARTICLE ORIGINAL Progrès en Urologie (2003), 13, 602-607
Incidence des cancers de la vessie en France : évolution entre 1980 et 2000
Tomohiro MATSUDA (1), Laurent REMONTET (2), Pascale GROSCLAUDE (1),
et les membres du réseau Francim et du CépiDC (3)
(1) Registre des cancers du Tarn, Albi, France, (2) Service de Biostatistiques, Centre Hospitalier Lyon-Sud, Lyon, France,
(3) Réseau Francim, Toulouse, France - CépiDC, Le Vésinet, France
RESUME
But : Ce travail a pour objectif de fournirdes chiffres d’incidence actualisés pourle cancer de la vessie en Fran-
ce.
Matériel et Méthode : La méthode utilisée est basée sur la modélisation du rapport mortalité/incidence qui est
observé dans les départements où existe un registre des cancers.
Résultat : Le nombre des cancers invasifs, qui représentent en moyenne un peu moins des deux tiers des tumeurs
vésicales diagnostiquées en France, est passé chez les hommes de 5.591 en 1980 à 7.203 en 1990 et 8.986 en 2000.
Chez les femmes, ces chiffres sont respectivement de 1.593, 1.744 et 1.785. Cette augmentation est principale-
ment due à l’évolution de la population car les taux d’incidence évoluent peu (+ 1,14% par an chez l’homme et
- 0,5% chez la femme). Dans le même temps, le risque de décès par cancer de la vessie diminue pour les deux
sexes.
Conclusion : La diversité des classifications qui reflète bien la difficulté à définir les tumeurs vésicales a long-
temps posé problème en épidémiologie descriptive. Il est probable que le consensus apparu entre les anatomo-
pathologistes ces dernières années clarifiera la situation.
Mots clés : Vessie, cancer, incidence, mortalité, registre de population.
602
Manuscrit reçu : juin 2003, accepté : août 2003
Adresse pour correspondance : Dr.T.Matsuda, Registre des Cancers du Tarn, 37, allées
Jules Guesde, 31073 Toulouse.
Ref : MATSUDA T., REMONTET L., GROSCLAUDE P., Prog. Urol., 2003, 13, 602-607
Les données d’incidence proviennent de 9 registres de cancer
recensant systématiquement les tumeurs urologiques. Les périodes
couvertes varient avec l’ancienneté des registres. Elles figurent
pour chaque registre sur la carte de la Figure 1.
Tous les cas de cancers invasifs de la vessie (tumeurs infiltrantes )
quel que soit leur type anatomopathologique ont été utilisés (code
188 de la CIM 9 et C67 de la CIM-10) en revanche les tumeurs non
invasives, en particulier les in-situ et les tumeurs urothéliales super-
ficielles classées pTa. n’ont pas été prises en compte dans cette
modélisation. (les problèmes posés par la difficulté à juger de l’in-
filtration et de la malignité dans le cas des tumeurs urothéliales sont
abordés dans la discussion).
La méthode utilisée est basée sur la modélisation du rapport morta-
lité / incidence qui est observé dans les départements où existe un
registre des cancers. L’application de ce modèle aux zones où seule
la mortalité est connue permet de calculer le nombre de cas incident
dans les régions où il n’existe pas de registre. Cette modélisation est
exposée de façon détaillée dans un article paru récemment [7]. Par
rapport aux méthodes précédemment employées, celle utilisée ici
présente la particularité de tenir compte du sexe, de l’âge et de l’an-
née de naissance des sujets. Ceci permet d’obtenir un calcul de l’in-
cidence par âge pour chaque cohorte de naissance donnant ainsi une
représentation plus exacte de l’évolution du risque pour un même
individu au cours de sa vie.
Les données de mortalité ont été fournies par le service commun de
l’Inserm traitant les certificats de décès (CepiDC). Tous les décès
dont la cause principale était un cancer de la vessie survenus entre
1978 et 1997 ont été pris en compte.
RESULTATS
Incidence et mortalité observées entre départements ayant un
registre
Les figures 2 et 3 présentent les taux comparatifs d’incidence et de
mortalité (standardisés sur la population mondiale) dans les diffé-
rents départements disposant d’un registre. Chez l’homme, le can-
cer de la vessie était marqué par d’assez fortes disparités d’inciden-
ce entre les départements français. L’incidence la plus élevée a tou-
jours été observée dans le département du Bas-Rhin. Cette inciden-
ce élevée dans le Nord-Est de la France a été confirmée par les chif-
fres fournis depuis la fin des années 80 par le registre du Haut-Rhin.
Jusqu’au début des années 1990, une autre zone d’incidence élevée
pouvait s’observer aussi dans le Sud (Tarn et Hérault). Sur l’en-
semble de la période, on a observé une diminution des différences
initiales liée à une augmentation de l’incidence dans les zones où
les taux étaient les plus bas mais aussi à une diminution dans le Tarn
pour la période récente.
Chez la femme, les observations que l’on peut faire en termes
de disparité gionale sont assez proches de ce que l’on vient de
décrire chez l’homme, mais l’incidence est beaucoup plus faible
et l’on n’observe pas de regroupement vers une valeur moyen-
n e .
L’hétérogénéité de la mortalité est moins grande que celle de l’inci-
dence (Figure 3) et les zones de forte incidence ne sont pas les
zones où la mortalité est la plus élevée. On assiste aussi à un regrou-
pement dans la période récente.
Tendances évolutives entre 1978 et 2000 - Tendances par cohor-
te de naissance (Tableau I)
La probabilité pour un homme né en 1913 d’avoir un cancer de la
vessie, entre 15 et 75 ans, était de 1,83% (taux cumulé), elle serait
de 3,31% pour un homme né en 1953. Pour une femme née en 1913
la probabilité n’était que de 0,32% et elle ne serait plus que de
0,21% pour une femme née 40 ans plus tard.
L’évolution du risque de développer un cancer vésical en fonction
de la période où l’on est né semble évoluer de façon différente dans
les deux sexes. Pour un homme, le risque est d’autant plus élevé
qu’il est né à une période récente. Toutefois cette augmentation
nette pour les sujets nés des années 1913 à 1928 s’infléchit légère-
ment pour les cohortes postérieures à 1928.
L’évolution de l’incidence chez les femmes est différente. Elle bais-
se régulièrement lorsque l’on va des cohortes les plus anciennes
vers les plus récentes. Une diminution du risque par cohorte s’ob-
serve aussi pour la mortalité dans les deux sexes. Chez la femme, la
réduction du risque de décès est régulière, elle est un peu plus rapi-
de que celle observée pour l’incidence. Chez l’homme, la diminu-
tion du risque de décès s’est accélérée pour les sujets nés après
1928.
Tendances chronologiques de l’incidence et de la mortalité
(Tableaux II et III)
L’incidence du cancer de la vessie a très légèrement augmenté chez
les hommes au cours des deux dernières décennies comme le mon-
tre l’évolution des taux standardisés (st mondial). Entre 1975 et
2000, l’augmentation annuelle moyenne est de 1,14%, mais elle
était en fait plus importante au début et s’est infléchie après 1990.
Le nombre de nouveaux cas estimé pour la France est passé de 5591
en 1980 à 8986 en 2000. On observe aussi une augmentation du
nombre de cas chez les femmes, il est passé de 1593 en 1980 à 1785
en 2000. Mais cette augmentation ne tient qu’à l’évolution de la
population (augmentation et vieillissement) car l’incidence a globa-
lement diminué durant toute cette période. Cette baisse est en
moyenne de 0,5% par an.
Dans le même temps, le risque de décès a régulièrement diminué,
tant chez les femmes que chez les hommes. Cette baisse correspond
à une diminution annuelle moyenne de 0,18% chez l’homme et de
0,12% chez la femme. Malgré cette baisse, et toujours du fait de l’é-
volution de la population, le nombre de décès a augmenté, il est
passé pour les hommes de 2701 en 1980 à 3451 en 2000 et pour les
femmes de 895 à 1107.
T. Matsuda et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 602-607
603
Figure 1. Registres de cancers ayant fourni des données d’incidence.
604
Figure 2. Evolution des taux d’incidence dans les registres.
Figure 3. Evolution des taux de mortalité dans les registres.
Tableau I. Risques relatifs et taux cumulés selon la cohorte de naissance (référence cohorte 1928)
Cohorte de naissance
1913 1918 1923 1928 1933 1938 1943 1948 1953
Incidence
Homme risque relatif* 0,84 0,91 0,96 11,02 1,04 1,05 1,06 1,06
taux cumulé° 1,83% 1,98% 2,09% 2,18% 2,22% 2,27% 2,29% 2,31% 2,31%
Femme risque relatif* 1,22 1,111,03 10,97 0,92 0,87 0,83 0,82
taux cumulé° 0,32% 0,29% 0,27% 0,26% 0,25% 0,24% 0,23% 0,22% 0,21%
Mortalité
Homme risque relatif* 1,04 1,02 1,01 10,96 0,9 0,85 0,8 0,73
taux cumulé° 0,73% 0,71% 0,71% 0,70% 0,67% 0,63% 0,60% 0,56% 0,51%
Femme risque relatif* 1,27 1,19 1,09 10,92 0,86 0,81 0,77 0,74
taux cumulé° 0,13% 0,12% 0,11% 0,10% 0,09% 0,09% 0,08% 0,08% 0,07%
*Risque relatif par rapport à la cohorte des sujets nés en 1926 ; ° Taux cumulé 15-74 ans en %
Tableau II. Evolution des taux d'incidence et de mortalité en France
de 1980 à 2000 (standardisation mondiale).
Année Taux annuel
1980 1985 1990 1995 2000 d'évolution*
Incidence
Homme 15,2 16,3 17,2 17,9 18,3 +1,14
Femme 2,7 2,6 2,5 2,4 2,3 -0,50
Mortalité
Homme 6,7 6,7 6,6 6,5 6,3 -0,18
Femme 1,3 1,3 1,2 1,2 1,1 -0,12
*Taux annuel d'évolution (en %)
Tableau III. Evolution du nombre de cas et de décès en France de
1980 à 2000.
Année
1980 1985 1990 1995 2000
Incidence
Homme 5591 6339 7203 8169 8986
Femme 1593 1677 1744 1781 1785
Mortalité
Homme 2701 2891 3102 3335 3451
Femme 895 877 1056 1112 1107
T. Matsuda et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 602-607
Incidence et mortalité en France en 2000 (Tableaux IV et V,
Figure 4)
Avec 10 771 nouveaux cas estimés en 2000, le cancer de la vessie
se situe au 6ème rang des pathologies cancéreuses pour sa fré-
quence, représentant 3,9% de l’ensemble des nouveaux cas de can-
cers. Le taux d’incidence standardisé à la population mondiale
adulte est de 18,3 pour 100 000 hommes et seulement de 2,3 pour
100 000 femmes. En effet, ce cancer est nettement plus fréquent
chez l’homme que chez la femme (plus de 80% des cas sont dia-
gnostiqués chez l’homme). Les taux de mortalité correspondants
sont de 6,3 pour 100 000 hommes et de 1,1 pour 100 000 femmes.
Avec 4558 décès, soit 3% des causes de décès par cancer, il se situe
au 11ème rang des causes de décès par cancer, après des tumeurs
moins fréquentes mais de beaucoup plus mauvais pronostic comme
les cancers du pancréas, de l’estomac ou les lymphomes et les leu-
cémies.
Comme le montre la distribution par âge, le cancer de la vessie est
un cancer du sujet âgé. Il est rare avant 50 ans ; l’âge médian est de
72 ans chez les hommes et de 77 ans chez les femmes. Incidence et
mortalité sont nettement plus faibles chez l’homme que chez la
femme quel que soit l’âge. Pour les sujets âgés de 85 ans et plus, les
taux d’incidence spécifiques dépassent 200 pour 100 000 chez les
hommes et atteignent 50 pour 100 000 chez les femmes. On obser-
ve pour les hommes une légère diminution de l’incidence dans la
dernière tranche d’âge, qui semble être liée au plus faible risque des
sujets nés avant 1928.
Comparaisons avec les taux européens (Figure 5)
Dans la comparaison de lincidence estimée pour la France en
1995 avec l’incidence observée dans différents pays d’Europe
pour la me année, la France se situe dans une situation inter-
médiaire entre lEurope du nord et celle du sud. Les taux calcu-
lés pour la France sont légèrement plus élevés que ceux obser-
vés dans la plupart des pays d’Europe du nord, hormis le Dane-
mark (pays où on observe aussi une mortalité élevée tant pour
les hommes que pour les femmes). A l’inverse, les taux sont plus
faibles que ceux observés dans les gions du sud de l’Europe.
DISCUSSION
Les résultats présentés ici correspondent aux tumeurs de la vessie
classées comme infiltrantes, et codées en 3 au niveau du code com-
portemental de la seconde édition de la classification internationale
des maladies oncologiques (CIM-O-2 1990, [5]). Il n’a donc pas été
tenu compte dans les calculs des tumeurs in situ et des tumeurs uro-
théliales superficielles classées pTa. Ce choix restrictif qui a été
imposé par la durée de la période étudiée, rend plus difficile l’in-
terprétation de ce travail.
Les tumeurs vésicales urothéliales qui représentent en France plus
de 96% des tumeurs vésicales pose un problème majeur de classifi-
cation et de codification en épidémiologie descriptive du fait de la
nature des tumeurs papillaires non invasives de bas grade. En effet,
l’histoire naturelle de ces tumeurs se caractérise par une phase de
développement intra-épithélial souvent difficile à distinguer de la
phase invasive. De plus, il est assez fréquent que les anatomopa-
thologistes ne disposent que de peu de matériel pour juger de l’in-
filtration ou plus généralement de la malignité. Ces difficultés de
diagnostic ont un retentissement majeur sur les pratiques d’enregis-
trement et de codage des registres. En effet, comme nous l’avons dit
plus haut, les registres de cancers utilisent pour coder les tumeurs
une extension de la Classification Internationale des Maladies
(CIM) dite CIM-Oncologie, ce qui permet une codification de tou-
tes les tumeurs par topographie, histologie, et comportement, (c’est
à dire bénin, in-situ, malin et indéterminé). Les règles de publica-
tion de l’OMS voulaient que ne soient prises en compte par les
registres que les tumeurs malignes, ce qui posait des problèmes
dans le cas des tumeurs de la vessie [4]. Du fait de la difficulté à
classer les tumeurs vésicales, les tumeurs de comportement indéter-
miné peuvent être nombreuses et pour ne pas les voir disparaître de
toutes statistiques certains registres préféraient les assimiler aux
tumeurs malignes. Ce phénomène et son retentissement sur l’inter-
prétation des études d’incidence étaient connus de longue date ; peu
à peu l’idée que les publications concernant les tumeurs vésicales
devaient inclure toutes les tumeurs s’est imposée. Au début des
années 90 ce problème a fait l’objet d’un débat dans le Réseau
605
Figure 4. Incidence et mortalité estimées par âge pour l’année 2000.
Figure 5. Comparaisons européennes.
Tableau IV. Cancer de la vessie : incidence et mortalité en France en
2000.
Sexe Taux brut Taux Taux Nombre
standardisés standardisés de cas
europe monde
Incidence
Hommes 31,5 27,6 18,3 8986
Femmes 5,9 3,6 2,3 1785
Mortalité
Hommes 12,1 10,1 6,3 3451
Femmes 3,7 1,8 1,1 1107
T. Matsuda et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 602-607
Européen de Registres de Cancer qui a abouti à la mise en place de
nouvelles règles [1]. Ces règles peuvent être résumées ainsi :
- toutes les tumeurs doivent être enregistrées,
- les règles d’utilisation des codes de comportement tumoral tien-
nent compte des informations concernant à la fois l’infiltration et le
grade,
- en l’absence d’information sur l’infiltration, le comportement
tumoral est considéré comme indéterminé.
Les conséquences de l’application des nouvelles règles de codage
ont principalement été de deux ordres :
- pour les registres qui n’enregistraient pas les pTa (dont on estime
qu’ils représentent environ 30% des tumeurs) le fait de les prendre
en compte a provoqué une augmentation des tumeurs vésicales
recensées ;
- pour les registres qui estimaient qu’il fallait collecter toutes les
tumeurs vésicales et donc leur affectait un code de comportement
tumoral “invasif”, on a assisté à une augmentation du nombre de
tumeurs de comportement tumoral inconnu et des non invasifs et
une diminution des tumeurs invasives. Evidemment si ensuite seu-
les les tumeurs codées invasives sont prises en compte l’incidence
semble diminuer.
En fait les deux phénomènes se sont succédés dans le temps pour
les mêmes registres. A la fin des années 80 et au début des
années 90 devant les incertitudes existant quant à la nature des
tumeurs papillaires non invasives, le bat sur les gles de
codage des tumeurs vésicales s’est développé et les registres ont
anticipé une extension de l’enregistrement en affectant de plus
en plus largement un code de comportement “invasif”. Lorsque
les nouvelles gles furent établies, leur application (correspon-
dant aux années d’enregistrement 1992-93) provoqua une dimi-
nution des codes comportement invasifau profit des autres
(indéterminés et in-situ) qui étaient maintenant acceptés. Une
étude ayant pour objet de faire le point sur l’application de ces
gles dans les registres montre que des variations d’interpta-
tion persistent en particulier lorsque les informations sont imp-
cises [8], ce qui selon une étude italienne s’observerait dans
environ 30% des cas [6].
L’étude FRANCIM utilise des données de 1975 à 1997, la première
moitié de la collecte correspond à une période où la plupart des
registres ne recensaient que les tumeurs malignes. Pour obtenir une
cohérence, les calculs ne pouvaient utiliser que les cancers classés
invasifs.
Les évolutions et les différences que nous observons doivent
donc être interprétées avec prudence car elles sont potentielle-
ment biaisées par l’évolution des modalités de recensement par
les registres. Il est probable que l’évolution de la classification
explique en partie la baisse (pour les femmes) ou l’infléchisse-
ment de l’augmentation (pour les hommes) que lon observe sur
la période cente.
Pour la période récente 1992-96 les registres recensent tous les cas
de tumeurs vésicales, on dispose donc des taux d’incidence pour les
tumeurs invasives et non invasives. Comme le montre le Tableau VI
les tumeurs non invasives, lors du diagnostic, représentent en géné-
ral plus d’un tiers de l’ensemble des tumeurs vésicales. On note tou-
tefois qu’il existe encore de grandes disparités dans le rapport cas
invasifs vs cas non invasifs entre les départements. Il est possible
que ces différences reflètent une réelle variabilité dans la précocité
des diagnostics, mais il est encore plus probable qu’une grande part
de ces variations ne soit dues qu’a la difficulté d’un codage stan-
dardisé. Il est évident que ces problèmes de standardisation limitent
encore les possibilités de comparaison de l’incidence entre les dif-
férents registres.
CONCLUSION
Cette estimation nationale fournie donc une valeur moyenne de
l’incidence des tumeurs invasives de la vessie en France à laquelle
il faut ajouter environ 1/3 de tumeurs non invasives si l’on veut
appréhender l’ensemble des tumeurs vésicales. Toutefois, il est
actuellement difficile de disposer de données permettant d’étudier
de façon totalement fiable et comparable l’incidence des tumeurs
vésicales et son évolution. Tant que les règles de codifications ne
606
Tableau V. Nombre estimé de cas et de décès par tranche d'âge et par sexe en France en 2000.
Age 0-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85+ total
Cas incidents estimés
Homme 535919 47 112 256 540 679 995 1438 1636 1581 881 780 8986
Femme 111251117 29 59 63 111 190 255 328 253 459 1785
Décès estimés
Homme 00011515 47 112 157 265 436 604 698 459 651 3451
Femme 0000124717 21 36 68 119 195 180 457 1107
Tableau VI. Taux d'incidence (st mondial) des tumeurs de la vessie en
fonction de leur comportement : Registres français période 1992-96.
Registres Invasifs* Non invasifs ou Ratio
indéterminés* Invasifs/Autres°
Hommes
Calvados 17,32 12,86 1,3
Doubs 15,28 16,31 0,9
Hérault 16,38 4,01 4,1
Isère 14,61 11,68 1,3
Bas-Rhin 22,55 8,21 2,7
Haut-Rhin 18,59 12,06 1,5
Somme 14,28 10,17 1,4
Tarn 14,81 7,68 1,9
Femmes
Calvados 1,90 2,37 0,8
Doubs 2,15 2,77 0,8
Hérault 1,55 0,47 3,3
Isère 2,35 1,73 1,4
Bas-Rhin 3,54 2,13 1,7
Haut-Rhin 2,59 2,43 1,1
Somme 1,44 1,07 1,3
Tarn 2,77 1,90 1,5
* taux pour 100 000 standardisés sur la population mondiale
° rapport des taux standardisés mondiaux
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