Flash spécial «orage de grêle - La Chambre d`Agriculture de

Grandes Cultures 1 - 21 juin 2013
Un épisode violent de grêle a concerné certains secteurs de la région Poitou-Charentes et Sud Vendée, dans
la nuit du dimanche 16 au lundi 17 juin 2013. Deux couloirs partant l’un de la région de Rochefort, l’autre
du secteur de Charron sont remontés en suivant une direction Nord/Nord-Est.
La chambre d’agriculture travaille actuellement sur la définition des zones et surfaces concernées, mais
l’étendue des dégâts parait exceptionnellement importante.
Les dégâts aux cultures sont très variables selon l’intensité de la grêle mais peuvent aller de dégâts très
modérés se traduisant par une faible perte de production, à la destruction complète de la culture. Le
diagnostic doit être réalisé parcelle par parcelle, mais en tout état de cause et comme souvent face à un
accident climatique, il est généralement préférable d’attendre quelques jours pour porter un diagnostic
pertinent et prendre les décisions adéquates.
Pour toutes les grandes cultures, les impacts de grêle n’augmentent pas le risque d’attaque de parasite et
les parcelles concernées ne nécessitent pas de protection spécifique face à cet accident.
Nous vous proposons quelques éléments d’information pour vous aider dans cette démarche.
Cette note technique a été réalisé suite aux orages de grêle par nos partenaires et instituts
techniques ARVALIS Institut du végétal et le CETIOM
Flash spécial
«orage de grêl
Entreprise certiée ISO 9001
www.charente-maritime.chambagri.fr
Dégâts de grêle sur maïs
Les dégâts foliaires que la grêle peut provoquer aux stades auxquels sont les maïs à l’heure actuelle, ne remettent que rarement
en cause la pérennité de la culture. C’est la perte de pieds qui peut être déterminante sur les pertes potentielles de rendement.
Dans tous les cas, le potentiel d’un maïs ressemé au-delà du 20 juin et surtout les risques de non récolte liés à la tardivité de la
maturité et aux risques de gel pouvant remettre en cause la maturation, n’incite pas à détruire la culture pour la réimplanter pour
une production de maïs grain. Des possibilités de remplacement par des tournesols à cycle très court existent éventuellement (cf.
références CETIOM). Seules les productions de fourrages sont envisageables.
Détermination du niveau de dégâts
Culture estivale, le maïs est assez fréquemment soumis au risque de grêle. Les symptômes d’un accident lié à la grêle sont évidents.
Mais il est plus difficile d’établir un pronostic car de nombreux facteurs sont à prendre en compte :
- stade des plantes,
- grêle plus ou moins accompagnée d’eau, grêle «sèche» par opposition à une grêle «mouillée»,
- présence de vent tourbillonnant ou non,
- orientation des grêlons, orientation des rangs de maïs par rapport à la grêle,
- taille des grêlons
Les symptômes vont de la simple déchirure du limbe de quelques feuilles supérieures, aux «trognons» résiduels des tiges dans
les cas les plus graves. Le charbon commun (Ustilago maydis) profite des blessures provoquées par la grêle pour s’installer sur
les organes jeunes de la plante. Ce parasite n’aura pas de conséquence sur la qualité sanitaire des récoltes (fourrages ou grain). Il
n’existe aucune solution de lutte en végétation.
En cas de dégâts de grêle sur une parcelle, on doit se poser deux questions :
- la densité de plantes viables restantes justifie-t-elle un ressemis ?
- si le ressemis est conseillé, la date calendaire permettra-t-elle à une nouvelle culture d’arriver à maturité ?
Dans tous les cas, le bon pronostic ne peut être fait immédiatement après la grêle : il faut attendre 7-8 jours minimum pour voir
réellement l’impact de la grêle sur le devenir de la culture. Au bout de cette période, si l’apex (bourgeon terminal) est encore vivant
une ou deux nouvelles feuilles seront visibles.
Le tableau des densités minimales ci-dessous indique si un ressemis est souhaitable.
Souvent une culture grêlée est encore capable de développer un potentiel correct. Il ne faut pas hésiter à «soigner» une culture
grêlée, si c’est encore possible :
• par un binage,
• éventuellement par un apport localisé d’une fumure starter (type 18-46)
• et bien sûr, dans les contextes irrigués, par une conduite «normale» de l’irrigation.
• On évitera les interventions herbicides sur une parcelle grêlée, il est préférable d’attendre qu’une nouvelle feuille soit émise
(1 semaine).
Poitou - Charentes
N° 13 – 19 juin 2013
ARVALIS – Institut du végétal – Domaine Expérimental du Magneraud – 17700 ST PIERRE D’AMILLY
Jean-Louis MOYNIER : 05 – 46 – 07 – 44 – 68 Crystel L’HERBIER : 05 – 46 – 07 – 34 – 11
Thibaud DESCHAMPS : 05 – 46 – 07 – 44 - 71 Benjamin POINTEREAU : 02 – 40 – 98 – 64 –46
Incidence de la grêle : Estimation des pertes en % du potentiel de rendement en fonction du stade de la culture et
des dégâts observés.
Stade
Dégâts Quelques
feuilles
fendues
Les feuilles
les plus
larges sont
déchirées,
quelques
cornets
sont
lacérés
Les feuilles
sont
lacérées
avec des
lambeaux
de feuilles
au sol, de
nombreux
cornés
sont
déchirés
Le feuillage
est très
déchiqueté ;
les feuilles
les plus
larges sont
presque
totalement
déchiquetées
et il y a
moins de
10% de perte
de densité
Dégâts
identiques
mais avec
une perte
de densité
de 10 à
30%
Il reste très
peu de
feuilles, il y
a présence
de
trognons et
perte de
densité de
30 à 50%
Il ne reste
que des
trognons, la
perte de
densité est
supérieure
à 50%
3 à 5 feuilles 0 0-3 0-6 5-10 5-20
5 à 7 feuilles 0-5 0-5 5-10 5-15 10-25 20-50 40-70
7 à 9 feuilles 0-5 5-10 10-15 10-20 15-25 30-60 40-80
9 à 11 feuilles 0-5 5-15 10-20 15-25 20-35 40-70 50-90
11 à 13 feuilles 5-10 10-15 15-25 20-35 30-55 50-80 100
13 à 15 feuilles 3-8 10-15 10-25 20-40 35-75 70-90 100
Dans beaucoup de situations, les dégâts portent sur les feuilles. Les bourgeons jusqu’au stade 11-12 feuilles
sont encore très bas dans la plante et sont rarement atteint par les grêlons même en cas de dégâts
spectaculaires (photos ci-dessous).
Sur cette plante, à 11-12
feuilles le jour de la
grêle, la plante est
réduite de plus de moitié
de sa hauteur mais
l’apex reste intact
Même chose sur cette
plante à 7-8 feuilles le
jour de la grêle.
Dans beaucoup de situations, les dégâts portent sur les feuilles. Les bourgeons jusqu’au stade 11-12 feuilles sont encore très bas
dans la plante et sont rarement atteint par les grêlons même en cas de dégâts spectaculaires (photos ci-dessous).
Sur cette plante, à 11-12 feuilles
le jour de la grêle, la plante est
réduite de plus de moitié de sa
hauteur mais l’apex reste intact
Même chose sur cette plante à
7-8 feuilles le jour de la grêle.
Flash spécial «orage de grêle» grandes cultures n°1 - p2
Seuils indicatifs des densités de plantes viables minimales en deçà duquel il est conseillé de ressemer
*seuil indicatif, la décision dépend bien évidemment des possibilités de réimplantation.
Compte tenu de la date tardive, seuls les semis de maïs fourrages (ou d’autres espèces fourragères) sont encore envisageables. En
effet, en maïs grain un semis du 1er juillet avec une variété très précoce conduira une année sur deux à une maturité récolte (35 %
d’humidité) au-delà du 10 novembre.
Si l’on doit ressemer, respecter les conditions ci–après :
• Ne jamais ressemer en parallèle des plantes restantes, elles font de l’ombre au nouveau semis,
• Détruire les plantes restant en place, elles ne peuvent que gêner le développement du ressemis,
• Adapter la densité aux nouvelles conditions, surtout si le ressemis est tardif, le potentiel de la culture sera de toute façon plus
faible,
• Changer impérativement de groupe de précocité,
• Il n’est pas nécessaire de retravailler le sol, le travail du soc semeur peut être suffisant : à voir au cas par cas,
• Si la parcelle est sensible aux taupins, protéger le ressemis,
• Le désherbage de prélevée du ressemis n’est pas utile, on pourra toujours intervenir en post levée, le cas échéant,
• Ne pas apporter d’éléments fertilisants si la fumure avait été complète.
Dégâts de grêle sur céréales à paille
Les dégâts varient pour une même intensité de grêle en fonction de la précocité. En tendance les orges et les blés précoces sont
plus touchés que les blés tendres plus tardifs et les blés durs. Dans tous les cas, aucune intervention phytosanitaire n’est néces-
saire, il est au contraire important de limiter les frais sur les parcelles endommagées. Seuls les pucerons seront surveillés dans
les parcelles les plus tardives qui n’ont pas atteint le stade laiteux-pâteux.
Il encore trop tôt pour déterminer réellement l’impact final, une première évaluation grossière peut être réalisée éventuellement.
Sur les parcelles les plus précoces (orges, blés très précoces), les grains étaient à
mi-remplissage lors de l’orage. Les dégâts sont directs et assez visibles : la perte de
rendement est liée principalement à la perte de grain (grains, épillets, épis tombés au
sol). Les épis des tiges pliées, si elles sont encore assez solides pour tenir jusqu’à la
récolte se rempliront moins, mais les grains devraient mûrir. Malgré les dégâts sur
feuilles et tiges, celles-ci devraient pouvoir remplir la majorité des grains. Le ren-
dement de la parcelle dépendra donc essentiellement du nombre de grains restant,
le poids de 1000 grains devrait être assez proche du PMG moyen de la variété. Un
comptage d’épis et une estimation du nombre de grains moyen peut donner une idée
du rendement restant.
Sur les parcelles plus tardives (blés normaux ou tardifs), le remplissage des grains est
tout juste amorcé. Dans ces situations les tiges pliées ne permettront probablement pas aux grains de se remplir. L’impact des
dégâts portera sur le nombre de grains et sur le remplissage. L’estimation de la perte est donc plus délicate. Pour une estimation
grossière, retenir une valeur de PMG inférieure de 10 à 15 % aux valeurs habituellement observées.
Pour les parcelles les moins touchées, si les épis et les tiges sont intacts t que seules les feuilles sont endommagées, la perte de
rendement sera minime, l’appareil végétatif pourra continuer à fonctionner et assurer le remplissage des grains.
Flash spécial «orage de grêle» grandes cultures n°1 - p3
Dans le cas de parcelles très endommagées, non récoltable en grain, l’ensilage plante entière
peut être envisagé mais, au-delà du stade laiteux du grain, la valeur alimentaire chute beaucoup et
surtout, avec l’augmentation rapide du taux de matière sèche. Au-delà de ce stade, les difficultés
de conservation deviennent très importantes. Enfin, si une telle solution est envisagée, il faudra
vérifier que la date d’ensilage est compatible avec le Délai Avant Récolte du dernier fongicide
appliqué : le plus souvent ces délais sont d’au moins 35 jours.
Si la tige n’est pas pliée ou cou-
pée, les épillets restant doivent
« aller au bout »
Dégâts de grêle sur pois protéagineux
Dégâts de grêle sur colza
Comme pour les autres cultures, aucune intervention spécifique n’est à prévoir, dans les
parcelles les moins avancées, touchées modérément, la protection doit être conduite à son
terme si les stades limites de protection ne sont pas atteints.
Les dégâts sont de 3 types : verse, gousses éclatées, tiges sectionnées. Les impacts sur
gousses, s’ils n’entraînent pas de dessèchements prématurés visibles dans les 5-6 jours
après la grêle, ont peu de conséquences sur le rendement. Les gousses éclatées perdront
probablement les grains qu’elles contiennent avant la maturité récolte ou lors de la récolte.
Enfin les dégâts les plus graves sont dus aux ruptures de tiges qui se traduiront par un
dessèchement prématuré de la plante entière. Globalement les pertes de rendement sont très difficiles à estimer sur cette espèce.
Dans les parcelles versées intégralement, il sera impératif à la récolte de récolte en sens inverse de la verse pour récupérer un
maximum de gousses malgré le ralentissement des chantiers. Il sera également préférable de récolter en dehors des heures les
plus chaudes de la journée pour limiter l’égrenage favorisé par les impacts de grêle.
Pour les colzas touchés par la grêle, il n’y a aucune intervention spécifique à prévoir.
Différents symptômes peuvent être observés et leur répartition au sein des parcelles peut
permettre d’estimer les pertes de rendement.
- Tiges martelées, meurtries : peu de préjudice réel sur les graines
- Tiges pliées : plus de redressement possible. L’alimentation des siliques va être limitée. A
ce stade, on peut estimer une perte de rendement de 20 à 30 % pour la surface concernée
par ce type de dégât
- Tiges brisées : les siliques portées par ces tiges ne seront que très peu alimentées. Dans
ces situations, les pertes peuvent être estimées de 90 à 100 %
- Siliques touchées : les points d’impact des grêlons peuvent porter préjudice au poids des graines. Les graines touchées à travers
la silique se dessèchent faute d’alimentation. L’ouverture prématurée de la silique avant la récolte est aussi possible
Dégâts de grêle sur tournesol
Plusieurs cas de figure peuvent être identifiés
Feuilles plus ou moins lacérées
avec bouton toujours présent : la
plante peut encore développer des
feuilles permettant une certaine
récupération (parfois totale si les
feuilles ne sont que légèrement
lacérées)
Tige sectionnée (disparition du bou-
ton principal) : la plante peut repartir
mais malheureusement produira
un port buissonnant et portera des
petits capitules. Dans ce cas, l’inci-
dence sur le rendement est forte.
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