HigHligHts 2011 : Radiologie
Forum Med Suisse 2012;12(1–2):25–26 25
Dépistage du cancer du poumon par
tomodensitométrie – avancée récente en radiologie
Hatem Alkadhi, Thomas Frauenfelder, Diethard Schmidt
Institut für Diagnostische und Interventionelle Radiologie, UniversitätsSpital Zürich
L’ édition du mois d’août du New England Journal of
Medicine a publié un essai multicentrique très remarqué
sur le dépistage du cancer du poumon (National Lung
Screening Trial, NLST) aux Etats-Unis [1]. Des personnes
à haut risque de cancer bronchique, âgées de 55 à 74 ans,
ont été soumises à un dépistage soit par radiographie
thoracique conventionnelle, soit par tomodensitométrie
(TDM) faible dose. L’ étude a pu mettre clairement en
évidence que la TDM faible dose entraînait une mortalité
signicativement réduite par rapport à la radiographie
thoracique (réduction relative de 20%).
Cette étude de grande envergure soulève bien entendu
quelques aspects qui méritent discussion (voir à cet
effet le highlight pneumologie de E. Russi, FMS SMF
1–2/2012). Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le nombre
relativement élevé de résultats faux positifs, ainsi que le
problème de surdiagnostic (overdiagnosis) lié à la TDM:
un nombre non négligeable des cancers détectés ne
deviendra jamais symptomatique. L’ étude a également
passé sous silence le problème du rapport coûts/
efcacité entre la TDM et la radiographie thoracique,
moins coûteuse [2].
Les questions de dose d’irradiation
dans le dépistage par TDM
En pratiquant le dépistage d’une population par TDM,
plusieurs raisons nous poussent à prendre en consi déra-
tion la dose d’irradiation cumulée.
D’abord, il y a une certaine interaction entre le risque de
cancer induit par les rayonnements ionisants et le risque
de cancer du fumeur proprement dit. Certains auteurs
attribuent à l’interaction rayonnements/taba gisme un
effet multiplicateur, d’autres un effet inter médiaire situé
entre l’addition et la multiplication. On peut donc partir
du principe que le risque de dévelop pement d’un cancer
dépasse l’effet additif [3].
Ensuite: alors que le risque de cancer induit par rayon-
nement ionisant diminue généralement avec l’âge, le
risque de cancer bronchique induit par rayonnement
ionisant ne semble pas suivre cette diminution [3].
De plus, on admet communément aujourd’hui l’existence
d’un risque non négligeable de cancer dû aux examens
pratiqués à l’aide de rayon nements ionisants, y compris
les rayonnements à faible dose. Lors du dépistage, il s’y
ajoute encore l’aspect des examens répétés – la dose
d’irradiation étant cumulative. Pour exemple, au cours
de l’essai NSLT, chaque participant a été soumis à un
examen TDM faible dose à trois moments différents [1].
Dans cet essai, la description du protocole choisi pour la
TDM est très sommaire. Elle mentionne simplement que
les «paramètres d’examen ont été xés de telle façon
que la dose effective se monte à 1,5 mSv». Et l’article
auquel elle renvoie pour la description plus approfondie
du plan d’étude [4] ne satisfait pas non plus les attentes.
Il n’en reste pas moins que concernant le problème de la
dose d’irradiation en TDM thoracique, les points suivants
méritent attention: la technique de recon struction
d’image classique en TDM, la rétroprojection ltrée ou
ltered back projection, recourt à un compromis entre
niveau de bruit et netteté de l’image. Ce compromis
implique à son tour que la dose de radiation ionisante
reçue par le patient lors d’une TDM ne peut pas
descendre en-dessous d’une certaine limite minimale si
l’on veut que l’image atteigne encore une qualité
diagnostique. Une dose inférieure augmenterait le
niveau de bruit de l’image.
La dose effective moyenne d’une TDM thoracique
standard se situe entre 7 et 9 mSv. On peut l’abaisser à
un niveau situé entre 1 et 2 mSv en faisant appel à la
technique de la rétroprojection ltrée en combinaison
avec de nombreuses méthodes de réduction de la dose
d’irradiation. Ces méthodes comprennent entre autres
la réduction du voltage et la modulation automatique
du courant du tube, ainsi que le déplacement à vitesse
élevée de la table d’examen [5].
Avec la rétroprojection ltrée comme technique de
reconstruction standard, il n’est plus guère possible
d’abaisser sensiblement la dose reçue par un adulte
normo-pondéral (par ex. à moins de 1 mSv) sans faire
de compromis sur le plan de la qualité de l’imagerie. De
plus, le niveau de bruit de l’image augmente propor-
tionnellement au volume du corps irradié.
La reconstruction itérative
La reconstruction itérative est une technique de scano-
graphie mise au point l’an dernier pour s’affranchir de
la limite imposée à la réduction de la dose d’irradiation
par la rétroprojection ltrée [6]. Cette technique consiste
à intégrer dans le processus de formation de l’image de
coupe une boucle de correction qui est parcourue à
plusieurs reprises et au cours de laquelle le sinogramme
mesuré est comparé avec le sinogramme estimé. On
utilise des algorithmes de reconstruction non linéaires
exploitant cette comparaison pour améliorer la résolution
spatiale des objets dans les zones de l’image où le
contraste est élevé et pour la dégrader dans les zones où
il est faible. Cette étape de régularisation est essentielle
pour améliorer le rapport signal sur bruit de la
Hatem Alkadhi
Les auteurs n’ont
pas déclaré des
obligations
nancières ou
personnelles en
rapport avec
l’article soumis.