Tirer sur le messager
Drieu Godefridi est membre du collectif climatosceptique « 15 Vérités » avec lequel il cosigne un livre qui
s’auto-proclame « véritable bible du climato-scepticisme ». Cet ouvrage est en outre publié par la maison
d’édition que Godefridi dirige en personne…
Dans une conférence de 2012 disponible en ligne, Drieu Godefridi esquissait une stratégie
climatosceptique : « Il doit y avoir un certain nombre d’initiatives qui soient coordonnées. Mais là où il
faut porter le fer, je le crois prioritairement, c’est sur la nature du GIEC (…) Dans le débat scientifique
proprement dit – indépendamment de moi, il y en a d’autres qui sont des scientifiques avec nous – c’est
beaucoup plus difficile de convaincre les gens, parce que les gens ne comprennent rien. Moi non plus
d’ailleurs ! »
Décrédibiliser le messager est une stratégie de choix pour les climatosceptiques ; elle leur permet, sans
même argumenter sur le danger climatique, de jeter sur lui le doute et d’en détourner l’attention.
« Machination » contre le capitalisme
La motivation de Drieu Godefridi semble idéologique. Il prétend ainsi que la « thèse fondamentale du
GIEC » est que « le capitalisme en dernière analyse doit être supprimé sous peine de mettre en péril la
survie même de l’humanité ». Et de dénoncer dans ses écrits ce qu’il appelle le « réchauffisme » – la
conclusion que l’homme est responsable du réchauffement climatique – comme « la plus grande imposture
intellectuelle de la science moderne ».
Il affirme ne rien comprendre au climat, mais cela ne l’empêche pas, pour défendre un capitalisme qu’il
croit mis en cause, de balayer d’un revers de la main les recherches recoupées de milliers de scientifiques.
L’historienne des sciences Naomi Oreskes a montré que cette posture était courante au sein des
climatosceptiques américains.
Qu’il s’agisse de Drieu Godefridi, de l’auteur de cet article, ou même des scientifiques du GIEC, chacun a
droit à ses opinions politiques, en saine démocratie. Et il faut un débat politique sur les réponses à
apporter aux risques posés par le dérèglement climatique. Cependant, nier les enseignements de la
science relève d’un autre registre que celui de l’opinion politique : celui du déni de réalité. Et l’on ne peut
tenir aucun débat politique sur cette base.
Carte blanche publiée dans le journal l’Echo du 24 avril 2015
Autres textes relatifs au climatoscepticisme publiés sur le site d’Inter-Envrionnement Wallonie :
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