I
Résumé
L’étude
En septembre 2012, le Programme cantonal Diabète a confié un mandat à l’Institut de recherches
économiques de l’Université de Neuchâtel pour étudier les coûts indirects et les coûts humains du
diabète. Ce mandat s’inscrit dans le prolongement d’un premier travail, dont les résultats ont été
publiés en mars 2012, sur les coûts médicaux et hospitaliers du diabète dans le canton de Vaud.
Le premier rapport a mis en évidence des coûts médicaux élevés, compris entre 170 et 250 millions.
Deux tiers à trois quarts des coûts sont la conséquence des complications du diabète, un quart à un
tiers résultant de la maladie et de sa prise en charge.
L’incapacité d’exercer une activité qui touche les personnes atteintes de diabète a fait l’objet de
nombreuses recherches à l’étranger. Les travaux sur cette problématique sont en revanche presque
inexistants en Suisse. L’Enquête suisse sur la santé, qui contient toute une série de questions sur
l’emploi, le taux d’occupation, le revenu et les incapacités liées à l’état de santé, constitue pourtant
une excellente source d’information, permettant un examen rigoureux de la relation entre l’état de
santé et la participation à l’activité productive. Nous avons très largement utilisé cette enquête pour
chercher réponse à nos questions.
Coût indirect du diabète
Le coût indirect décrit le fardeau économique d’une maladie. Il est défini par la valeur de la
production non réalisée en raison de l’incapacité et des décès prématurés. C’est en quelque sorte un
manque à gagner pour la société. L’incapacité peut être temporaire, à la suite de complications
métaboliques aiguës, de malaises, d’infections ou de la nécessité de se rendre à l’hôpital ou chez le
médecin. A plus long terme, la récurrence des problèmes et l’apparition de complications chroniques
peuvent contraindre à réduire le taux d’activité ou à prendre une retraite anticipée, d’où incapacité
permanente. L’estimation du coût indirect porte sur le travail rémunéré (production marchande)
ainsi que sur les activités domestiques et bénévoles (production non marchande).
Incapacité d’exercer une activité professionnelle
L’absentéisme au travail est plus élevé chez les diabétiques que dans la population générale, une fois
ajusté le nombre de jours d’absence pour contrôler les autres facteurs (âge, sexe, formation). Le
modèle statistique construit à partir de l’Enquête suisse sur la santé nous indique que les diabétiques
sont absents presque un jour de plus par mois (0,876 jour) soit 11,4 jours de plus par année. Un
écart significatif n’est toutefois observé que pour les personnes recevant un traitement
pharmacologique (antidiabétiques oraux ou insuline). Il n’y a pas de différence significative
d’absentéisme entre les diabétiques sans traitement médicamenteux et les non-diabétiques. La
valeur de la production journalière réalisée par une personne type (mesurée par le coût total du
travail, toutes charges sociales comprises), compte tenu du taux d’occupation moyen différent des
hommes et des femmes, est de 325 francs pour un homme et 230 francs pour une femme. Le surplus
d’absences en raison du diabète coûte chaque année en moyenne 2600 ou 3700 francs par cas, pour
une charge totale annuelle qui s’élève à un peu moins de 20 millions.