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L’AVENIR DES ÉNERGIES
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TDC NO 1076
GÉOLOGIE
Statistiquement, les gisements déjà connus nous
indiquent que les conditions géologiques favo-
rables, associant des bassins propices à la sédi-
mentation à des zones climatiques favorisant une
forte productivité, n’ont été réunies qu’à certaines
périodes, par exemple au carbonifère ou au per-
mien pour le charbon, ou bien au jurassique pour
le pétrole. C’est donc d’abord vers ces terrains datés
que l’on va se tourner.
Mais comment localiser, à des époques loin-
taines, un océan étroit situé sous des latitudes
propices, sachant que la tectonique des plaques
a profondément remanié la répartition des conti-
nents et des océans ? On se fonde sur des recons-
titutions paléogéographiques pour prédire avec le
maximum de précision la localisation actuelle de
ces restes d’océans disparus et de leurs précieuses
bordures continentales. Leur répartition très par-
ticulière conditionne la possibilité pour un pays
d’appartenir ou non au club fermé des pays pro-
ducteurs de pétrole.
Mais cela ne suffit pas. Encore faut-il que le
charbon ou le pétrole se présentent sous une
forme exploitable avec les technologies actuelles.
On connaît des exemples d’affleurements sédi-
mentaires, par exemple en Limagne ou dans les
Alpes, contenant en mélange des hydrocarbures,
mais sous une forme non exploitable. En effet,
les étapes suivant l’accumulation de la matière
première organique sont déterminantes dans la
formation du gisement.
Dans tous les cas, le sédiment initial a dû subir
un enfouissement, dans un bassin subsident, c’est-à-
dire subissant un enfoncement progressif, ce qui
est entre autres le cas des plateaux continentaux.
Ils reçoivent en permanence des sédiments qui
s’accumulent, provoquant une augmentation de
pression. Celle-ci déclenche des modifications
de la matière organique qui mènent à la forma-
tion du kérogène, forme initiale du pétrole, et de
petites molécules, sous forme gazeuse à la pres-
sion atmosphérique (phénomène de cracking).
Dans des contextes diérents, des phénomènes
similaires (subsidence, augmentation de pres-
sion responsable de la houillification) se produisent
pour les roches mères à l’origine du charbon. Au
terme de ces phénomènes, la future source d’éner-
gie est chimiquement prête…
Mais d’autres évolutions se produisent. Pour le
pétrole, la pression lui fait parfois quitter sa roche
mère et migrer, vers la surface, dans une roche
qualifiée de roche réservoir où il se glisse dans les
pores et les interstices. Si cette roche réservoir
est couverte d’une formation imperméable, dans
une géométrie favorable (un pli, un ensemble de
failles), le pétrole reste piégé en profondeur. S’il
est remonté à la surface et partiellement réoxydé,
il devient inutilisable.
Si toutes les conditions précédentes sont réu-
nies, encore faut-il que les techniques appropriées
permettent une extraction économiquement
rentable. Les veines de charbon sont-elles assez
épaisses, définies, faciles à suivre pour que l’on
puisse y faire fonctionner une mine, pendant plu-
sieurs années ? Le pétrole peut-il être chassé de
la roche mère puis récupéré, en quantité conve-
nable, sachant qu’on peut en récupérer au maxi-
mum environ 30 % ? Et puis il faut compter avec
les dicultés d’accessibilité. Ainsi, l’exploitation
offshore du pétrole des plateaux continentaux
nécessite de travailler sous une tranche d’eau de
plusieurs milliers de mètres.
Outre la localisation des gisements, l’exper-
tise des géologues permet, notamment grâce au
traitement informatique de données sismiques,
de constituer des images en trois dimensions des
gisements, améliorant ainsi l’évaluation du poten-
tiel d’exploitation.
Énergie renouvelable ou non
renouvelable ? Quelles alternatives ?
Des matériaux organiques comme la tourbe
peuvent aujourd’hui servir directement de car-
burant, indépendamment de tout processus géo-
logique. Des sédiments riches en matière orga-
nique se forment encore aujourd’hui, mais ils se
présentent sous une forme qui ne permet pas
d’en tirer immédiatement de l’énergie. Peut-être
donneront-ils du pétrole ou du charbon… dans
quelques millions d’années. Autant dire qu’à
l’échelle du temps de l’humanité, ces roches for-
mées ne pourront pas compenser celles que l’on
utilise actuellement. On prélève donc dans un
stock obligatoirement fini, qui ne se reconstitue
pas au fur et à mesure.
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Il faut compter
avec les difficultés
d’accessibilité
Anticlinal
Piège par anticlinal Piège contre
dôme de sel Piège contre faille
Sel
Faille
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Hydrocarbures
pris au piège.
On prélève
dans un
stock fini
© BERNARD SULLEROT