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Turbulencedanslesplasmas
spatiaux
GérardBelmont
gerard.belmont@cetp.ipsl.fr
FouadSahraoui
fouad.sahraoui@cetp.ipsl.fr
LaurenceRezeau
laurence.rezeau@cetp.ipsl.fr
CentredÉtude desenvironnements TerrestreetPlataires,UMR 8639,CNRS, UniversitédeVersailles-Saint-Quentin,
UniversitéPierreetMarie Curie,Vélizy
Lerôle de laturbulenceest reconnudepuislongtempsdanslesécoulements hydrodynamiques.Lesexriences
embarquéessur lesmissionsspatialesmontrentqu’il existgalement,danslécoulementduventsolaireautour
de laTerre,une turbulencedeplasmaimportante. Lerôle de celle-ci,pour tous lesphénomènes
magnétosphériques,commenceàêtremieux comprisgrâceaux missionscomme CLUSTER.
Lesystème solaire:ungrand
laboratoiredeplasmasnaturels
Lesplasmasspatiaux,comme ceux dulaboratoireou
de lUnivers lointain,sonttrèssouventturbulents.La
matreyétantconstituée de particuleschargées,cette
turbulenceconcerne non seulementlesfluctuationsde
vitesseoude densitémaisaussicellesduchamp électro-
magnétique. Elle partage néanmoinsavecson équivalent
neutrelesprincipalesproprtésquifontson importance:
accélération desphénomènesde diffusion (transports
«anormaux »telsquemélanges,conduction thermique,
viscosité...) etintroduction dirréversibilité. Son impor-
tanceest même cruciale danslesplasmaschaudsetpeu
densesfréquents danstous cesdomainescarlestrans-
ports «normaux »,liésaux collisions,ysontextrêmement
lents,voiretotalementabsents (voirencadré ). Pour la
magnétosphère,comprendreetmesurerlaturbulencede
plasmaapparaîtde plus en plus comme une condition
incontournable pour comprendrelafon dontlesparti-
culesdorigine solairepénètrentdanslenvironnement
terrestreetcommentellescréentlesdifférents phénomè-
nesvus ouressentisjusqu’ausol,desaurorespolairesaux
perturbationsélectromagnétiques.Connaîtrelaturbu-
lenceplasmaest aussiunenjeufondamentaldansbien
dautresdomaines,quecesoitpour dimensionnerun
tokamakcomme ITER oupour comprendrelaformation
desétoiles.Silamagnétosphèreterrestreconstitueun
laboratoirenaturel irremplaçable pour létudier,cest que
saproximitépermetlesmesuresin situ quifontdéfaut à
lastrophysiquelointaine etqueléchelle desphénomènes
est telle quelessatellitesyconstituentlessondesinfini-
mentpetitesdonttous lesphysiciensde laboratoire
rêvent.
La magnétosphèreterrestre
etle gel duchamp magnétique
Autour de laTerre,oude touteplateentourée d’un
plasmamagnétisé,lexistenced’une magnétosphèrepro-
vientd’une proprtétopologiqueimportantequeces
plasmaspossèdentàgrande échelle :le gel duchamp
magnétique. Àceséchelles,on peut parlerdu«mouve-
mentdeslignesde champ »,aucours duquel celles-cise
déformentsansscouper»,etquiest défini parla
«vitesslectromagnétiquv m=E×B / B 2de chacunde
sespoints.La matresuitàpeuprèsle même mouvement
car,dansle repèresedéplaçantàv m ,le champ électrique
est nul:chaqueparticule chargée suitdoncessentiellement
unpetitmouvementde giration,sansrivemoyenne.
Lorsqueleplasmamagnétiséduventsolairerencontrele
plasmamagnétiséterrestre,leslignesdesdeux champs
magnétiquesne peuventpas,tantquecegel resteinviolé,
sreconnecter»entreelles:chaquechamp est contraint
de resterde son côtéd’une frontrtanche,lamagnéto-
pause,etlécoulementduventsolairedecontournerla
cavitéqu’elle délimite:lamagnétosphère.
La figure1adonne laforme moyenne de lamagnétos-
phèreterrestremesurée exrimentalement.Cetteimage
moyennegrande échelle,laminaireetstationnaire,cor-
respond bien auconceptde magnétopaustanche. Mais
elle est insuffisantepour comprendrelaplupart desphéno-
mènesmagnétosphériques.Ilfaut lacorrigerde laturbu-
lenceimportantequilaperturbeàchaqueinstant; nous
allonsprésentericicelle quiest observée dansla
«magnétogaine »,quiest larégion tampon entrelamagné-
topauseetlonde de chocsituée en amont(il existeune
onde de choctachée devantlamagnétosphèrecomme en
Turbulencedanslesplasmasspatiaux
30
amontde tout obstacle dansunflotsuffisammentrapide).
Onsaitparailleurs quelamagnétopausenest parfaite-
mentétanche ni àlamatreniauflux magnétique. La cou-
che limiteobservée en avalconfirme en particulieruntaux
de pénétration faible (maiscrucial) de lamatre. Toutela
dynamiquemagnétosphériqueest une conséquencede
cettenon-étanchéité:instabilitésde lacouche de plasma,
aurorespolaires,etc.
Plasmassanscollisions
Encadré 1
Desplasmassanscollisions?
Beaucoupdeplasmasdilués,lesplasmasspatiaux en particu-
lier,peuventêtrequalifiésde «plasmassanscollisions». Ces
milieux sont-ilsdesensemblesde particulesindépendantes
s’ignorantlesuneslesautres?Non :le comportementdomi-
nant,dansunplasma, est toujours collectif. Lensemble desélec-
trons,parexemple,nest évidemmentjamaislibredes’écarterde
lensemble desionssansqu’unchamp électriquenes’y oppose.
La notion de collision dansunplasmaest trèsdifférentede
limage intuitivehabituelle desboulesde billard. Lesinteractions
étantélectromagnétiquesetdonlongueportée (en 1 / r2 ),cha-
queparticule ressenten permanencelaprésenced’ungrand
nombredautres:cest le contrairedecequisepassedansungaz
neutreoùelle lesignoretoutessauflorsquel’une dellessappro-
che àtrèscourtedistance. Quand unplasmaest dit«sans
collisions»,celasignifie quelatrajectoireest complètement
terminée parlaseule valeur duchamp «collectif »créé par
touteslesautresparticules,quidépend de leur distribution statis-
tiquemaispasde leur position précise. Cequiest négligeable
danscecas,cenesontpaslesinteractionsentreparticules(cha-
cune interagitaucontraireavecbeaucoupdautres),maisseule-
mentlescorrélationsbinairesentreleurs positions.Quand un
plasmaest dit«collisionnel »,celasignifie quechaqueparticule
s’écartedelatrajectoiredueauseulchamp collectif ;celasefait,
non parde fortesviationsépisodiques,maisparune succes-
sion de multiplesviationsfaibles,duesau«bruitde grenaille »
duchamp créé pardesparticulesdiscrètesmaislointaines.
Descriptionsfluidesetcinétiques
Lesnotions«fluides»dedensité,vitessedécoulement,
pression,etc.ont-ellesencoreunsensen labsencedecolli-
sions?Oui:cesgrandeurs peuventêtredéfiniesde fon
générale comme lespremiers moments de lafonction de dis-
tribution desvitessesf( v )enunpointdonné. Maislesnotions
intuitivesassociéespeuventêtreunpeudifférentesavecou
sanscollisions.Sionraisonne,comme souvent,sur le mouve-
mentde «particulesfluides»,il faut réaliserque,sanscolli-
sions,cesparticulesfluidesne sontpasconstituéesàdeux
instants successifsdesmêmesparticulesindividuelles.La
notion de pression correspond toujours àlidée de flux
dimpulsion àtravers une surfacemais,alors queletransfert
sefaitindirectement( vialescollisions)dansle cascollision-
nel,il est directdansle cassanscollisions:chaqueparticule
emporteson impulsion en traversantelle-même lasurface.
Dansungazcollisionnel,ladescription fluide est
«complèt:lévolution destroispremiers moments (densité,
vitessemoyenne,pression),est terminée de fon uniquevia
unsystème différentiel «fermé ». Lesautresmoments,ouafor-
tiorilaforme complètedelafonction de distribution,peuvent
alors êtreignorés.Cecinest pasvrai,en général,dansun
plasmasanscollisions.Lesmoments de tous ordressontcou-
plésentreeux parunsystème infini déquationsfluides–la
densitéàlavitesseparléquation de continuitéetlavitesseàla
pression parléquation dEuler,comme dhabitude –maisil
nexistepasdéquation détatpermettantde tronquerlàle sys-
tème fluide :lapression est couplée auflux de chaleur,lui-
même couplé aumomentdordre4,etc.Quand lescollisions
sontfréquentes,ellesredistribuentlesvitessesindividuellesà
chaqueinstant,etcest lastatistiquequifournitléquation détat
vialanotion déquilibrethermodynamiquelocal:entropie
maximum,distribution quasi-Maxwellienne,coefficients de
transports «normaux »… Dansunplasmasanscollisions,rien
de tel :il faut en généralsuivrelévolution complètedelafonc-
tion de distribution àlaide d’une équation cinétiqueappelée
«équation de Vlasov»ouàlaide de simulationsnuriques
«PIC »(Particle InCell). Cesthodessontnaturellementtrès
lourdesetmême souventinabordablespour lesproblèmes3-D
de grande échelle. Heureusement,il existedessituationsassez
nombreusesoùle système deséquationsfluidespeut êtretron-
quépour desraisonsautresquestatistiques.Cest le caspar
exemple pour lesperturbationstrèsrapidesparrapport àla
vitessethermique,lesvariationsétantalors simplementadiaba-
tiques.Lesthéoriesfluidessimplescomme laMHD (Magnéto-
HydroDynamique) peuventalors s’appliqueravecsuccès,
même dansdesplasmassanscollisions.
Notion de collision dansunplasma:une succession de déviationsfaibles
quifont«diffuser»lesparticulesindividuelleshors de leur trajectoire
«iale »(i.e. dueauseulchamp collectif cf. laflèche rouge). Leschéma
indiquelordredesdifférenteséchellescaractéristiquesdumilieu:
l>
λ
d>d>r o ,avecl=libreparcours moyen ;
λ
d=longueur de Debye
chelle caractéristiquedevariation duchamp électrostatiquecollectif) ;
d=distanceinter-particulaire;r o=longueur de Landau(« dimension »
desparticulespour lescollisionsélectrostatiquesproches). Icilesrapports
entreceséchellesne sontpasrespectés;on peut rencontrerdesrapports
telsque:l10 7
λ
d;λ d10 3d;d10 9r o .Danslamagnétogaine,ladis-
tanceinter-particulaireest de lordreded5mm.
31
Turbulencedanslesplasmasspatiaux
La reconnexion magnétique
Sur lafigure1b,lestroislignesbleuesreprésentent
troispositionssuccessivesde la«même »ligne de
champ,aucours de son mouvement.Silespositions(1)
et(2)correspondentbien àlimage d’unmouvementgelé
sanscoupure,le dessin indiqueensuiteque,aulieude
glisserle long de lamagnétopauseàlextérieur de celle-ci,
laligne scoupe »etsre-connectavecune ligne
duchamp terrestre(cequis’accompagne d’une forteaccé-
ration le long de lafrontre). Auvoisinage dupointde
reconnexion,leslignesde champ formentupointen
X»etsemblentsecroiser:cecisignifie quelechamp
magnétiqueest nulencepoint,ouaumoinssescompo-
santesdansle plandelafigure. Cedessin est cohérent
avecune magnétopauseperable auflux magnétique.
Àquellesconditionslareconnexion,quiviole le mou-
vementgelé,est-elle possible ?Lemouvementd’une ligne
pouvantêtredéfini parceluidenimportelequel de ses
pointsquellesconditionscemouvementest-il uniqueou
dépend-il dupointconsidéré?Ilest clairquelepassage de
(2)à(3)nest possible quesilemouvementdéfini parla
partie hautedelaligne diverge fortementdumouvement
défini parsapartie basse. Oron peut montrerpartirdes
seuleséquationsde Maxwell,quelemouvementàv mest
unique,cest-à-direindépendantdupointchoisi,squeE
est partout perpendiculaireàB:tantquececiest vérifié,
dansle ventsolaireoulamagnétogaine parexemple,on
définiteffectivementle même mouvementde laligne,
qu’on le fasseàpartirde l’une oude lautredesesextrémi-
tés.Àcesgrandeséchelles,cesontlesélectronsquiassu-
rentlacondition E
//
=0:ilssedéplacenttrèsvitelelong de
B ,grâceàleur faible masse,etilsannulentle champ paral-
lèle en tout pointparleur densitédecharge. Dansune
région de reconnexion,il existedonctoujours deséchelles
suffisammentpetites(quelqueskilomètres)pour queles
électronsne puissentplus exercercerôle en raison de leur
inertie finie. Detelleséchellespeuventêtredues,soitàla
géométrie en Xelle-même,soitàune micro-turbulence. Si
ceséchelles«électroniques»sontcessairespour quela
reconnexion puisseexister,cenesontpasellesquifixent
son taux effectif :cest le voisinage plus lointain dupoint
de reconnexion,sur leséchellesdites«ioniques»
( 200 km). Lecalculmontrequelépaisseur moyenne de
lamagnétopause(1000 km) correspond àuntaux de
reconnexion négligeable ;cest doncsur lesfluctuations
aux échellesioniquesquereposeletaux de pénétration du
ventsolaire. Celles-cipeuventêtredues,comme on le sup-
poseleplus souventdesinstabilitésde lasurface(les
mêmesquicréentlespoints en Xparexemple) ;maiselles
peuventégalementprovenirde laturbulenceintensequi
est effectivementobservée en amont,danslamagnéto-
gaine,etquenous présentonsici.
CLUSTER etlesmesuresin situ
La mission de lAgenceSpatiale Européenne CLUSTER
est constituée de quatresatellitesidentiquesemportant
chacun42exriencesde plasmaquipermettentde mesu-
rerde fon complèteleschampsélectriqueetmagnétique,
etlesdistributionsde particules,électronsetions.Ces
satellitesontétélancésavecsuccèsen 2000 pardeux fusées
Soyouz etsontencoreenfonctionnement.Ceslancements
ontétéréussisquatreansaprèsléchecdouloureux dupre-
mierlancementdAriane 5quiavaittruitle travail de
20 ansintensifsde préparation. La reconstruction desqua-
tresatellitesen quatreansfut unexploittechniqueetune
belle preuvedemotivation de lacommunautéscientifique
concernée. Lesobjectifsscientifiquesde CLUSTER concer-
nentlexploration 3-Dde lamagnétosphèreterrestreetde
sesfrontres,en même tempsquelaphysiquefondamen-
tale desplasmas:turbulence,reconnexion etaccélération
Figure1–(a)Image moyenne de lamagnétosphèreterrestre,extraited’unmodèle statistique( Tsyganenko,1987 ) .Lesaxessontexprimésen rayonsterrestres
(6400 km). Lesflèchesjaunesindiquentle mouvementduventsolaire. Lintérieur de lamagnétosphèreest trèsstructuré:on ydistinguelaplasmasphère,proche
de laTerre,froide etdense,leslobes,presquevidesetallongésdansladirection anti-solaire,lacouche de plasma, chaude,relativementdenseetinstable,entreles
deux lobes;(b)Troispositionsd’une même ligne de champ duventsolaireaucours de son mouvementvers laTerre. La troisième position présenteune recon-
nexion de cetteligne avecune ligne duchamp magnétiqueterrestre,cequisupposeune «brisurdumouvementgelé àlamagnétopause(«pointen X»).
20
1
1
20
(a) (b)
Turbulencedanslesplasmasspatiaux
32
de particules.Lechoixdesorbitespolairesest
favorable aux étudesdesfrontresexterneset
lastratégie concernantlesdistancesinter-
satellites,entre100 km et20000 km,permet
détudierlesdifférents objectifssuccessive-
mentaucours de lamission. CLUSTER per-
metde répondreàde multiplesquestions
inaccessiblesàpartird’unsatelliteunique,en
particulier:
analysedesfrontres .Déterminerséparé-
mentlépaisseur etlavitessedesfrontres
lors de leur traversée,ainsiqueleurs
déformations;
gradients etautresrivées .Déterminerpar
exemple ladensitédecourantàpartirde la
mesureduchamp magnétique. Lesrivées
sontestiméespardifférenceslorsqueles
échellesmesuréessontgrandesparrapport
àladistanceinter-satellite;
analysedelaturbulence .Leverlambiguïtéspatio-tempo-
relle etterminerlescaractéristiquesdesvariationsspa-
tialesàlaide doutilsadaptésde traitementdusignal.
Quelquesrésultats récents
La turbulencemagnétiquedanslamagnétogaine aété
étudiée grâceàlathode de «filtrage en (voirencadré ).
Nous présentonsiciune étude de casproche de lamagné-
topause. La thode permettout dabord,en lappliquantà
lafréquenceoùlon observelemaximumdénergie des
fluctuationsmagnétiques,de démontrerquecettnergie
est injectée parune instabilitélinéaire,ditmiroir»,due
àlanisotropie de températureT >T // (dansunplasma
sanscollisions,lagitation thermiquelelong duchamp
magnétiqueest en généraldifférentedecelle duplanper-
pendiculaire). Lesrésultats correspondentprécisémentau
seuil théoriquedecetteinstabilité,pour lafréquence
(comptetenude leffetDoppler),lalongueur donde etla
direction de propagation. Une conséquenceimmédiateest
quelaturbulenceobservée ne peut pasêtremodélisée par
laMHD classique,quiexclut une telle anisotropie. En
variantensuitelesfréquencesdanalyse,on trouvecom-
mentlesmaximade ladensitédénergie varientavec
léchelle danslestroisdirections( figure3a ). Onest en pré-
sencedebullesmagnétiques( 2000 km) trèsallongéesle
long duchamp moyen. Cesbullessefragmentent-ellesou
sedéforment-ellespour créerdeséchellesplus petites,
comme une grossevagueengendredesvaguelettesetde
lécume ?Oui,maisde fon trèsanisotrope :seullespec-
treselon ladirection duflot(en k v )possède desailesbien
marquées.Celles-cisontobservéesjusqu’aux plus petites
échellesanalysables(distanceinter-satellite100 km). On
peut étudierfinalementle spectreenk vglobal,intégrésur
touteslesfréquences( figure4b ). Lénergie aux plus petites
échellesest prèsde 3000 foisplus faible quelénergie des
structures«mères»(loi en l 8 / 3 ,oùlcaractériseléchelle),ce
quiest sensiblementplus petitquecequeprévoientlesdif-
rentesthéoriesclassiquesde turbulence:latrèscélèbre
loi de Kolmogorov(en l 5 / 3 )parexemple donneraitune éner-
gie seulement150foisplus petite.
Lanisotropie de laturbulence,sanature(mode miroir)
etlapenteduspectresontautantde résultats nouveaux qui
étaientinaccessiblesavecunsatelliteuniqueetquiappor-
tentaujourdhuidescontraintessérieusespour lesmodèles
théoriquesàconstruireetlescanismesàimaginerpour
créerlespetiteséchellesàpartirdesgrandes.
Conclusion
Lesphénomènesspatiaux sontgénéralementdynami-
ques,avecune géométrie 3-Dcomplexe,quifontqueles
donnéesprovenantd’une sonde spatiale uniquenepeu-
ventjamaisêtreinterprétéessansambiguïté. CLUSTER,
avecsesquatresatellitespermetaujourdhuidedépasser
cettedifficulté. La turbulenceetlareconnexion magnéti-
ques,quisontdesphénomènesuniverselsdesplasmas
magnétisés,sontmaintenantanalyséesdanslamagnéto-
sphèreterrestreavecune acuitéjamaisatteinte. Lesaller-
retour entreobservation,théorie etsimulation reprennent
doncavecvigueur.Lesspectresen kmesurésposentdes
questionsnouvelles:leurs pentespeuvent-ellesse
comprendreparune théorie de turbulencefaible (voir
encadré )quiprendraiten comptelacompressibilitéet
lanisotropie dumilieu?Lexistencedestructurescohé-
rentesest-elle aucontraireuningrédientimportantdansla
naturedecetteturbulenceetpeut-on estimerseseffets ?
Lessimulationsnuriquesaiderontàrépondreàces
questionsquidépassentsouventlespossibilitésducalcul
analytique. Exrimentalement,de nouvellesanalysessont
en cours pour allerau-delàdesseulsspectresdénergie et
étudierlesproprtésde cohérenceetdintermittencedu
signal. Denouvellesmissionsspatiales,parailleurs,sont
déjàprogramméesouàlétude pour répondreaux ques-
tionsqu’on ne peut pasaborderavecCLUSTER, en parti-
culiercellesquiconcernentleséchellesplus petitesque
100 km,oucellesquidemandentdesmesuressimulta-
néesdestrèspetitesetdestrèsgrandeséchelles.
Figure2LesquatrestellitesCLUSTER lors de leurs tests ausol avantle lancement.
33
Turbulencedanslesplasmasspatiaux
«Filtrage en
Figure3a)Spectreenkdesfluctuationsdanslamagnétogaine. Onyvoitune forteanisotropie,leseffets non linéairesélargissantclairementle spectrevers les
petiteséchellesdansseulementl’une destroisdirectionsdespace. Lestroisdirectionsreprésentéessontorthogonalesentreellesetsontchoisiesprochesde B
(champ magnétique),n(normale àlamagnétopause) etv(flot). b)Spectreintégrépour k vetcomparaison aveclespentesdesspectresclassiquesde turbulence
(coordonnéeslogarithmiques).
Encadré 2
Mesuredune grandeur scalaireenunpoint:
l’ambiguïtéspatio-temporelle
Si,àbordd’unseulsatellite,on mesureune seule grandeur
scalairen ( t )quivarie aucours dutemps,on ne saitpascequi
est dû,danscettevariationlatraversée d’ungradientspatial
stationnaireouàune variation intrinsèquementtemporelle. Sil
s’agitd’une onde,on ne saitpassicelle-ciest rapide etde
grande longueur donde oulenteetde petitelongueur donde et
leffetDopplernest pasanalysable. Cesdifficultés,inhérentesà
toutemesureenunpointuniqued’une grandeur quivarie dans
le tempsetdanslespace,constituentcequelon appelle
«lambiguïtéspatio-temporelle ». Commentlarésoudre?
«LhypotsedeTaylor»,utilisée parfoispour passerduspec-
tretemporel auspectrespatial(en supposantω=k·V ),nest
applicable quesilon est sûr quelavitesseVduflotest très
surieureaux vitessespropresde propagation (vitesseduson,
dAlfvén),cequinest pasle casdanslamagnétogaine. Deplus,
elle ne donne accèsqu’àune composantedek,dansladirection
duflot,cequinepermetpasdétudierlanisotropie desfluctua-
tions.Pour résoudreladifficultédefon générale,il faut ces-
sairementdisposerde plusieurs points de mesureetutiliser
l’une desthodescritesci-dessous.
Mesuredune grandeur scalaireendeux points
Silon mesurelamême grandeur scalairenen deux
points,grâceàdeux satellites,une partie de linformation
manquantepeut êtreextraitedelacomparaison desdeux
variationstemporellesn ( r 1,t )etn ( r 2,t ). Pour celalathode
laplus simple consisteàcalculerlacorrélation entrelesdeux
signaux.La phasedecettecorrélation,danslespacedeFou-
rier,fournitune valeur de k r(composanteduvecteur donde
dansladirection r 12)pour chaqueω lacondition de suppo-
serquecek rest unique,cest-à-direquelespectreenk rest un
picde Dirac.Cetteméthode,diteddifférencedephases»,
présenteplusieurs limitationsdontlaprincipale provientde
lhypotsemono-k quiest souventinvalide quand il existe
plusieurs modesde propagation etdeseffets non linéaires.
Pour lacorriger,il faut faireappel àune méthode plus géné-
rale :le filtrage en k.
Méthode de Capon etfiltrage en k
IntroduiteparCapon en 1969pour lesondessismiques,
cetteméthode aétégénéralisée aucadrespatialparPinçon et
Lefeuvreen1991. Pour présenterson principe,considéronsle
cassimple d’une grandeur scalaire,mesurée en Npoints ali-
gnésrégulièrementsur une direction x .Plutôtquedesuppo-
serqueladensitéspectrale de puissanceP ω( k )est unpicde
Dirac, on veut calculerune estimation de cettefonction. La
valeur P ωpeut êtreconsidérée,pour tout k ,comme lapuis-
sancedesortie d’unfiltrepasse-bande centréenk ,de gain égal
à1aucentreetorthogonalausignalhors de sabande. Àpartir
desNdonnées,le filtreoptimalest terminé en minimisant
sapuissancedesortie (pour annulerlapuissancehors bande).
Ceprincipe mène àune méthode ditàhauterésolution »
cartrèssurieureaux thodestraditionnellespour distin-
guerdespicsproches.Elle demande quelesfluctuations
observées(ensemble de structuresouturbulencedondes)
possèdentdesproprtésstatistiquessuffisammentstation-
nairesethomogènes.
La thode de filtrage en kgénéraliseleprincipe précé-
dentaucasoùlesdifférents points de mesuresontrépartis
danslespaceetoùplusieurs grandeurs scalairessontmesu-
réessimultanément.Sahraouietal. (2006)ontutiliséles
mesuresdestroiscomposantesduchamp Bmesuréesparles
quatresatellitesCLUSTER.La termination duspectreenk
reposedonc, non sur une uniquecorrélation,maissur une
matricedecorrélations12×12.Lalgorithme exploitedefon
optimumlensemble de cescorrélations,en injectantde plus
lacontraintediv( B )=0pour chaquek .
(a)(b)
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