Desplasmassanscollisions?
Beaucoupdeplasmasdilués,lesplasmasspatiaux en particu-
lier,peuventêtrequalifiésde «plasmassanscollisions». Ces
milieux sont-ilsdesensemblesde particulesindépendantes
s’ignorantlesuneslesautres?Non :le comportementdomi-
nant,dansunplasma, est toujours collectif. L’ensemble desélec-
trons,parexemple,n’est évidemmentjamaislibredes’écarterde
l’ensemble desionssansqu’unchamp électriquenes’y oppose.
La notion de collision dansunplasmaest trèsdifférentede
l’image intuitivehabituelle desboulesde billard. Lesinteractions
étantélectromagnétiquesetdoncàlongueportée (en 1 / r2 ),cha-
queparticule ressenten permanencelaprésenced’ungrand
nombred’autres:c’est le contrairedecequisepassedansungaz
neutreoùelle lesignoretoutessauflorsquel’une d’elless’appro-
che àtrèscourtedistance. Quand unplasmaest dit«sans
collisions»,celasignifie quelatrajectoireest complètement
déterminée parlaseule valeur duchamp «collectif »créé par
touteslesautresparticules,quidépend de leur distribution statis-
tiquemaispasde leur position précise. Cequiest négligeable
danscecas,cenesontpaslesinteractionsentreparticules(cha-
cune interagitaucontraireavecbeaucoupd’autres),maisseule-
mentlescorrélationsbinairesentreleurs positions.Quand un
plasmaest dit«collisionnel »,celasignifie quechaqueparticule
s’écartedelatrajectoiredueauseulchamp collectif ;celasefait,
non parde fortesdéviationsépisodiques,maisparune succes-
sion de multiplesdéviationsfaibles,duesau«bruitde grenaille »
duchamp créé pardesparticulesdiscrètesmaislointaines.
Descriptionsfluidesetcinétiques
Lesnotions«fluides»dedensité,vitessed’écoulement,
pression,etc.ont-ellesencoreunsensen l’absencedecolli-
sions?Oui:cesgrandeurs peuventêtredéfiniesde façon
générale comme lespremiers moments de lafonction de dis-
tribution desvitessesf( v )enunpointdonné. Maislesnotions
intuitivesassociéespeuventêtreunpeudifférentesavecou
sanscollisions.Sionraisonne,comme souvent,sur le mouve-
mentde «particulesfluides»,il faut réaliserque,sanscolli-
sions,cesparticulesfluidesne sontpasconstituéesàdeux
instants successifsdesmêmesparticulesindividuelles.La
notion de pression correspond toujours àl’idée de flux
d’impulsion àtravers une surfacemais,alors queletransfert
sefaitindirectement( vialescollisions)dansle cascollision-
nel,il est directdansle cassanscollisions:chaqueparticule
emporteson impulsion en traversantelle-même lasurface.
Dansungazcollisionnel,ladescription fluide est
«complète»:l’évolution destroispremiers moments (densité,
vitessemoyenne,pression),est déterminée de façon uniquevia
unsystème différentiel «fermé ». Lesautresmoments,ouafor-
tiorilaforme complètedelafonction de distribution,peuvent
alors êtreignorés.Cecin’est pasvrai,en général,dansun
plasmasanscollisions.Lesmoments de tous ordressontcou-
plésentreeux parunsystème infini d’équationsfluides–la
densitéàlavitesseparl’équation de continuitéetlavitesseàla
pression parl’équation d’Euler,comme d’habitude –maisil
n’existepasd’équation d’étatpermettantde tronquerlàle sys-
tème fluide :lapression est couplée auflux de chaleur,lui-
même couplé aumomentd’ordre4,etc.Quand lescollisions
sontfréquentes,ellesredistribuentlesvitessesindividuellesà
chaqueinstant,etc’est lastatistiquequifournitl’équation d’état
vialanotion d’équilibrethermodynamiquelocal:entropie
maximum,distribution quasi-Maxwellienne,coefficients de
transports «normaux »… Dansunplasmasanscollisions,rien
de tel :il faut en généralsuivrel’évolution complètedelafonc-
tion de distribution àl’aide d’une équation cinétiqueappelée
«équation de Vlasov»ouàl’aide de simulationsnumériques
«PIC »(Particle InCell). Cesméthodessontnaturellementtrès
lourdesetmême souventinabordablespour lesproblèmes3-D
de grande échelle. Heureusement,il existedessituationsassez
nombreusesoùle système deséquationsfluidespeut êtretron-
quépour desraisonsautresquestatistiques.C’est le caspar
exemple pour lesperturbationstrèsrapidesparrapport àla
vitessethermique,lesvariationsétantalors simplementadiaba-
tiques.Lesthéoriesfluidessimplescomme laMHD (Magnéto-
HydroDynamique) peuventalors s’appliqueravecsuccès,
même dansdesplasmassanscollisions.
Notion de collision dansunplasma:une succession de déviationsfaibles
quifont«diffuser»lesparticulesindividuelleshors de leur trajectoire
«idéale »(i.e. dueauseulchamp collectif cf. laflèche rouge). Leschéma
indiquel’ordredesdifférenteséchellescaractéristiquesdumilieu:
l>
λ
d>d>r o ,avecl=libreparcours moyen ;
λ
d=longueur de Debye
(échelle caractéristiquedevariation duchamp électrostatiquecollectif) ;
d=distanceinter-particulaire;r o=longueur de Landau(« dimension »
desparticulespour lescollisionsélectrostatiquesproches). Icilesrapports
entreceséchellesne sontpasrespectés;on peut rencontrerdesrapports
telsque:l∼10 7
λ
d;λ d∼10 3d;d∼10 9r o .Danslamagnétogaine,ladis-
tanceinter-particulaireest de l’ordreded∼5mm.