INTRODUCTION AUX MONOTHÉISMES
Présentation par Claire Reggio (AMU – ICM) – juin 2015
I. PANORAMA DES RELIGIONS DANS LE MONDE
1) Répartition mondiale
Données issues du World Factbook-CIA, 2014
Les données sont à utiliser avec prudence, parce qu'elles sont souvent basées sur des estimations et
qu'elles varient rapidement. « Un Japonais naît shintô, se marie chrétien (pour la fête) et meurt
bouddhiste (pour le service funéraire) », dit un dicton. Les appartenances religieuses pouvant ainsi
évoluer au gré d'une vie, en fonction des choix personnels, les chiffres sont souvent surestimés ou
sous-estimés (comme en Chine). Quand la religion est inscrite sur la carte d'identité, les données
sont à peine plus fiables. En Indonésie, par exemple, les animistes se déclarent musulmans pour
avoir la paix. Au Liban, autre exemple, le recensement de référence date de 1943...
Par ailleurs, plus que l'appartenance religieuse, la question de l'importance que joue la religion dans
une vie est plus intéressante à étudier. De fait, il conviendrait de distinguer, au sein de chaque
groupe, les pratiquants réguliers des pratiquants occasionnels et des non pratiquants.
Pour une population mondiale de 6 691 484 000 personnes, la répartition des religions est la
suivante :
- 2,2 milliards de chrétiens, dont :
1,1 milliard de catholiques romains
450 millions de protestants (375) et d’anglicans
250 millions d’orthodoxes et d’orientaux
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400 millions d’indépendants
- 1,3 milliards de musulmans, dont :
presque 1 milliard appartenant au courant sunnite
170 millions de chiites
2 millions de kharijites
13 millions appartenant à des courants dissidents
- 910 millions de sans-religion, dont :
760 million d’agnostiques
150 millions d’athées
- 850 millions d’hindous, dont :
570 millions de vishnouites
230 millions de shivaïtes
25 millions d’adeptes de Shakti
22 millions de néo-hindous
- 400 millions d’universalistes chinois (religion populaire et traditionnelle chinoise)
370 millions de bouddhistes, dont:
210 millions pour le Mahâyâna (bouddhisme du grand véhicule)
140 millions pour la voie Theravâda (bouddhisme du petit véhicule)
22 millions pour le Vajrayâna (bouddhisme tantrique)
- 250 millions d’animistes
- 25 millions de sikhs
- 15 millions de juifs, dont :
11 millions de rite ashkénaze
4 millions de rite séfarade
- Autres :
Spiritistes : 12 millions
Baha’is : 7,5 millions
Confucianistes : 6,5 millions
Jaïnistes : 4,5 millions
Shintoïstes : 2,7 millions
Taoïstes : 2,7 millions
Zoroastristes : 2,5 millions
2) Répartition géographique
L'Amérique, l'Europe, l'Océanie et l'Afrique du Sud sont des régions très majoritairement
chrétiennes, divisées entre le catholicisme (Amérique du Sud, Europe de l'Ouest), le protestantisme
(USA et Océanie) et l'orthodoxie (Europe de l'Est).
Les musulmans sont les plus nombreux en Asie et en Afrique. du Nord. L'Asie compte aussi les
chiites (Proche et Moyen-Orient), les hindous (Inde),les bouddhistes et les religions chinoises
traditionnelles (Chine, Japon, Corée et Vietnam).
Les Sikhs sont concentrés surtout en Asie, en Amérique du Nord et en Europe. Et les juifs en Israël,
en Amérique du Nord et en Europe.
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Carte des religions issue du site http://www.atlas-historique.net
II. PANORAMA RELIGIEUX DE LA FRANCE
La France connaît aujourd'hui une diversité religieuse inédite. On observe notamment l’installation
de l’islam comme deuxième religion du pays, même si le catholicisme demeure largement
majoritaire.
Par ailleurs, malgré le déclin annoncé des religions et de leurs pratiques en Occident, le fait
religieux s’est plutôt diversifié et transformé qu’affaibli. Ce que Marcel Gauchet avait appe le
"désenchantement du monde" n’a pas abouti à une disparition des préoccupations spirituelles et des
religions.
Portées par une quête de sens ou de lien social, des formes de religiosité plus diffuses et
individualisées se développent, en marge des grandes institutions religieuses. Marquée par
l’individualisme, la religion tend à devenir davantage un moyen d’épanouissement personnel, avec
un "bricolage religieux" (Danièle Hervieu-Léger) et des syncrétismes parfois curieux.
Source : La Documentation française www.ladocumentationfrancaise.fr
1) Les transformations du religieux
Dans un numéro sur "Les religions dans la société" (2007), les Cahiers français analysent la place,
les expressions et la situation des religions dans la société. Son éditorial rappelle les grandes
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transformations qui ont affecté le religieux :
« La séparation entre le pouvoir politique et les Églises existe dans tous les États européens et la
quasi-totalité d’entre eux ont enregistré un fort recul des pratiques et des croyances religieuses lors
des dernières décennies, une situation qui distingue l’Europe des autres continents. Mais,
contrairement aux théories de la sécularisation qui, dans les années 50 et 60, annonçaient un
effacement inéluctable du religieux, ce dernier y demeure une réalité sociale évidente.
Les études sociologiques l’attestent en même temps qu’elles montrent de très profondes
transformations concernant l’inscription des Églises dans le tissu collectif et dans leurs rapports
avec l’État. Ces transformations affectent l’enracinement de l’héritage chrétien en France, qu’il
s’agisse des cadres institutionnels et intellectuels qu’il lui a légués ou de la "visibilité" qui y était la
sienne à travers les pratiques, les rites ou les fêtes. À cet égard, la perte des références religieuses
les plus élémentaires chez les élèves a conduit à faire davantage sa place dans l’enseignement à
l’histoire des religions afin notamment que quantité d’œuvres du patrimoine culturel ne deviennent
intransmissibles.
La présence d’une minorité musulmane importante dans l’Hexagone a contribué à reposer la
question de la laïcité, et un siècle après la loi de 1905 on observe la permanence de deux traditions
laïques qui se jugent réciproquement trop intransigeantes ou trop accommodantes. On observe aussi
combien la laïcité reste une passion française, sa traduction dans les autres pays européens revêtant
par ailleurs des formes diverses.
Des enquêtes à l’échelle européenne confirment quant à elles le maintien d’une influence notable
des appartenances religieuses sur les choix politiques et les valeurs des individus. Enfin, dans les
relations entre la foi et la science, l’idée domine maintenant qu’il s’agit de deux univers
radicalement distincts, excluant toute "validation" de l’une par l’autre.
Les expressions du religieux - les pratiques et les croyances se caractérisent désormais par des
"bricolages" étonnants. Ainsi les catholiques déclarés ne sont-ils que 10 % à croire en la
résurrection des corps ; seuls 52 % d’entre eux pensent que Dieu existe. De même sont-ils une très
faible minorité à voir dans le catholicisme l’unique vraie religion. Et sur certaines questions de
société, telles que par exemple la contraception, les fidèles n’hésitent pas à s’affranchir des
positions de leurs Églises.
Un tel relativisme n’a pu être que propice à l’apparition, à partir des années 70, de nouvelles
religiosités hindouisme, bouddhisme, croyances "parallèles" -, un souci de bien-être personnel
et de transformation de soi domine souvent. La recherche de sens loin des institutions établies se
retrouve aussi dans la forte croissance du phénomène sectaire.
Il arrive enfin que l’affirmation de la foi dans l’espace public entre en contradiction avec la
tolérance inhérente aux systèmes démocratiques. Deux sacrés s’opposent alors : celui des religions
avec la transcendance, celui des démocraties avec les droits de l’Homme.
Face à ces transformations de grande ampleur, la situation des religions catholique, protestante,
musulmane et juive n’est évidemment pas identique, leur poids dans la communauté française de
même que leur ancrage dans l’histoire nationale différant considérablement. Mais si les défis de
chacune présentent des spécificités évidentes, toutes les quatre sont travaillées par la tension entre
modernité et tradition, toutes les quatre doivent trouver ou continuer de trouver leur place dans une
société laïque où les interrogations religieuses et spirituelles demeurent très réelles. »
Pour en savoir plus : "Les religions dans la société", Cahiers français 340, septembre-octobre
2007.
2) Panorama religieux de la France
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Dans son rapport sur «"Les relations des cultes avec les pouvoirs publics" (2006), le professeur
Jean-Pierre Machelon propose un panorama confessionnel de la France contemporaine :
« En un siècle [depuis la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État] s’est
affirmée une diversité religieuse sans précédent. Les quatre cultes reconnus en 1905 (catholicisme,
protestantismes réformé et luthérien, judaïsme) côtoient aujourd’hui des religions
géographiquement ou historiquement nouvelles (ne pas oublier que la France religieuse d’avant
1905 comptait une importante population musulmane notamment dans les départements algériens).
Ainsi l’islam, mais aussi les sagesses d’Asie, à commencer par les bouddhismes, sans oublier ces
autres formes, anciennes ou modernes, de christianisme que sont l’orthodoxie ou les églises
évangéliques, font partie intégrante du paysage religieux français. La France est ainsi le pays
européen qui compte le plus grand nombre de musulmans, de juifs et de bouddhistes. Cette diversité
est encore plus significative Outre-mer, comme l’illustre l’île de la Réunion où coexistent chrétiens,
hindouistes et musulmans.
Complexe, multiple et difficile à saisir, offrant au regard une multitude de groupes, de structures et
d’affiliations de natures, de tailles et de pratiques différentes : tel se présente le tableau
confessionnel de la France contemporaine. En ressortent des problèmes inconnus en 1905, à
commencer par la délimitation du fait religieux, dès lors que des définitions jusque-là normatives ne
suffisent plus à rendre compte de ces réalités nouvelles : ainsi de la notion de "ministre du culte",
indissociable de la paroisse catholique ou protestante, mais peu pertinente, par exemple, dans le
cadre d’une mosquée sunnite ou d’un dojo zen. La présence durable, sur le territoire national, de
nouvelles identités confessionnelles qui, le plus souvent, rassemblent des personnes issues d’autres
continents (Afrique, Asie, Amérique) et représentent des expressions en provenance d’autres aires
de civilisation, montre bien que la mondialisation n’est pas seulement économique, mais aussi
culturelle et religieuse.
Faute de statistiques publiques recensant l’appartenance religieuse des Français (le dernier
recensement officiel date de 1872), il est toutefois difficile de quantifier cette mutation. En croisant
les diverses estimations et projections que donnent habituellement les enquêteurs et experts, qui
s’appuient sur les chiffres avancés par les groupes religieux eux-mêmes, on peut néanmoins
esquisser le tableau suivant :
Le catholicisme demeure largement majoritaire, même s’il connaît, en proportion, une baisse
sensible depuis les années soixante-dix. En 2006, selon un sondage IFOP-La Croix, 65 %
des Français se déclaraient catholiques, alors qu’ils étaient, au début des années soixante-
dix, plus de 80 % à le faire et 90 % en 1905. Si les catholiques pratiquants réguliers sont de
moins en moins nombreux, leur identité s’est affermie, grâce notamment aux "communautés
nouvelles" et aux mouvements charismatiques.
L’agnosticisme progresse. Le nombre des personnes ne s’identifiant à aucune religion (plus de
25 % des Français) augmente, en particulier chez les jeunes. Toutefois, se dire "sans
religion" ne signifie pas nécessairement que l’on se sente athée ou que l’on se désintéresse
des questions dites "spirituelles". Par ailleurs, cette tendance n’empêche pas la progression
parallèle de formes de sacralité diffuses ou sectaires.
L’islam est globalement devenu la deuxième religion de France, non sans présenter une grande
diversité d’expressions. On estime actuellement à environ 4 millions le nombre de personnes
de tradition musulmane, soit 6 % de la population (mais 14 % des 18-24 ans), liées pour
beaucoup au Maghreb, mais aussi à l’Afrique noire ou à la Turquie.
Le protestantisme demeure stable en nombre, mais varie en composition. Représentant environ
2 % de la population (4 % des 18-24 ans), soit 1,2 million de personnes, les protestants ont
vu croître le nombre des évangéliques et des pentecôtistes en leur sein : on estimait, en 2005,
qu’ils étaient 350 000 (395 000 en comptant les églises évangéliques de diasporas
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