
- l’introduction d’un nouvel acte : la « coloscopie de dépistage «
En septembre 2002, tous les acteurs ont conclu un accord qui vise à garantir la qualité en
coloscopie : Un nouvel acte a été introduit dans la nomenclature des actes médicaux : la
« coloscopie de dépistage » : Chaque Allemand peut bénéficier tous les 10 ans à partir de l’âge de 55
ans d’une coloscopie de dépistage, entièrement prise en charge par les caisses d’assurance maladie.
Le médecin qui réalise ces coloscopies au cabinet doit être accrédité par les caisses et l’Union
Régionale des Médecins et cette accréditation est liée à des conditions et des contraintes . En
contrepartie, l’acte est valorisé sur le plan financier : Sa valeur en points est presque doublé par
rapport à la coloscopie normale (dite « curative », c.à.d diagnostique ou thérapeutique, et elle
échappe au budget global).
Voici l’essentiel de cet accord :
1. L’accréditation est liée à des critères de formation et de qualification professionnelle, mais
aussi à des critères d’expérience : Le gastroentérologue doit avoir réalisé au minimum 200
coloscopies et 50 polypectomies dans les 2 ans avant sa demande d’accréditation. Chaque
année, il doit réaliser au minimum 200 coloscopies et 10 polypectomies pour garder
l’accréditation.
2. Le cabinet doit être équipé avec du matériel de réanimation de base (O2, ambu, oxymètre de
pouls etc), matériel d’éléctrochirurgie pour réaliser les polypectomies,dispositifs de
désinfection.
3. Le cabinet doit satisfaire aux conditions d’hygiène définies : L’hygiène est contrôlée à la
demande et sous la responsabilité des Unions Régionales des Médecins 2 fois par an : Un
institut d’hygiène indépendant réalise de façon inopinée (seul le mois du contrôle est connu du
médecin) des prélèvements microbiologiques selon une procédure standardisée au niveau de
2 coloscopes (canal à biopsies, canal d’insufflation et de rinçage, bout distal, flacon de
rinçage). Les prélèvements doivent être négatifs pour les E.Coli, entérobacteries,
pseudomonas et autres germes pathogènes et le liquide de rinçage doit contenir moins de 10
CFU. En cas de contrôle positif, un 2e contrôle est réalisé au bout de 3 mois. Si celui-ci est
toujours positif, le cabinet a 6 semaines de délai pour se mettre en conformité, mais pendant
ces 6 semaines, le cabinet n’a plus le droit de réaliser de coloscopies, d’où un préjudice
financier lourd.
4. Le médecin doit remplir pour chaque coloscopie de dépistage un dossier standardisé complet
qui est centralisé et évalué par l’Union Régionale des Médecins qui est aussi l’organisme qui
rémunère le médecin pour cette coloscopie de dépistage.
Aujourd’hui, seulement 3 ans après l’introduction de cette réforme, il y a des réflexions en cours pour
alléger les contrôles in situ, vu la qualité générale de l’hygiène dans les cabinets.
4. Commentaires concernant le système allemand
1. Cette réforme allemande était très astucieuse : Elle a permis d’éliminer les cabinets à
faible activité endoscopique et de canaliser l'activité vers des cabinets qui s'orientent
particulièrement vers la gastroentérologie et l'endoscopie digestive et elle a surtout permis
d’améliorer la qualité de l’équipement et de l’hygiène du plateau technique du cabinet
dans son ensemble, donc de tous les actes endoscopiques qui y sont réalisés !
2. Le fait qu'en Allemagne l’ensemble des acteurs (autorités de tutelle, caisses
d’assurance-maladie, corps médical, assureurs) aient introduit et validé cette coloscopie
de dépistage, qui est réalisée dans 90% des cas au cabinet, implique et signifie qu’ils ont
considéré que cette pratique ( coloscopie avec ou sans sédation iv , avec polypectomie
éventuelle au cabinet ) ne déroge pas aux principes sécuritaires, qu’elle a un profil
bénéfice-risque acceptable pour le patient et un aspect économique avantageux pour la
collectivité !