I. Introduction
L’infection urinaire chez la femme enceinte, malgré son incidence faible, est
une préoccupation majeure pour les médecins et les sages-femmes. La
grossesse fait de cette pathologie, une infection compliquée par rapport à la
population générale. Il est donc essentiel de la diagnostiquer le plus
précocement possible car c’est une urgence thérapeutique.
Cependant le diagnostic n’est pas toujours facile à poser compte tenu des
colonisations bactériennes (bactériurie asymptomatique). C’est pourquoi
l’AFSSAPS en 2008 a rédigé des recommandations de bonne pratique, où il est
notifié que pour l’ensemble des femmes enceintes, le dépistage de colonisation
bactérienne des urines est recommandé tous les mois à partir du 4ème mois de
grossesse. Ce dépistage peut être fait à partir de bandelette urinaire. On y
recherche les nitrites et les leucocytes. Si la bandelette urinaire est positive, il
est recommandé de faire un examen cyto-bactériologique des urines. De plus
chez les femmes à haut risque d’infections urinaires gravidiques tels que des
antécédents de cystite aiguë récidivante, d’infection vaginale, de troubles
mictionnels, d’uropathie sous-jacente, de diabète, le dépistage est recommandé
par un ECBU mensuel.
Ces recommandations ne sont basées que sur des accords professionnels,
faute de niveau de preuve suffisant. En effet, les études chez la femme
enceinte sont peu nombreuses et de qualité méthodologique discutable. De
nombreuses recommandations (en particulier thérapeutiques) ont été
extrapolées des données établies hors grossesse.
Dans ce contexte, j’ai observé de grandes variabilités dans la définition de
positivité de la bandelette urinaire selon les professionnels de santé. Il
semblerait ainsi utile, d’évaluer aujourd’hui la valeur diagnostique de la
bandelette urinaire afin de proposer une démarche diagnostique qui tiendrait
compte des spécificités des femmes enceintes pour n’effectuer d’examen cyto-
bactériologique des urines, que dans des situations à fort risque d’infection
urinaire et ainsi diminuer le nombre d’ECBU. Les économies possibles tant au
niveau financier qu’au niveau de la charge du travail du laboratoire de
microbiologie ne seraient pas négligeables.